DiscoverMichelle
Michelle
Claim Ownership

Michelle

Author: Michelle Podcast

Subscribed: 24Played: 510
Share

Description

Michelle, le podcast qui raconte des histoires de femmes libres. Des femmes qui n'ont peur ni de leur ombre ni de leur ambition. 
Le sexisme, c'était avant. Âmes patriarcales, s'abstenir !
66 Episodes
Reverse
Agathe Bousquet est une femme qui vous dit, les yeux dans les yeux : « le sujet, ce n’est pas le statut, le sujet, ce n’est pas l’argent. Le sujet, c’est d’avoir envie ». Le sujet, avec elle, c’est qu’elle vous a déjà embarqué.e. Jeune dirigeante de l’une des plus grosses agences de communication et de publicité, elle relève le gant des critiques, on entend Bernays, on entend peut-être même Pilhan : « c'est compliqué, la communication, nos dirigeants en savent quelque chose. Ce n'est pas très facile de réconcilier un pays, ce n'est pas très facile de réconcilier des entreprises, ce n'est pas très facile d'éviter des crises diplomatiques. Ce n’est pas facile d'être compris, c'est cela, la communication ». Vous ne pouvez pas la quitter, vous ne pouvez pas vous lever de votre chaise : « j’aimerais apprendre à mes enfants à ne pas avoir peur des autres, à ne pas avoir peur non plus de ce qui va se passer si on perd un peu tout demain parce qu’au fond il y aucette idée qu’on va rebondir ,qu’on va trouver son chemin ». Agathe Bousquet est une femme au contact évident, comme palpable, une femme qui se met à votre contact, son regard, sa parole, ses réflexions. Quelque chose en elle vous offre sa présence, sans compter les minutes, sans compter les heures. Agathe Bousquet, c’est le risque et la chance d’une vraie rencontre.
Amélie Nothomb tells you: "I belong to a family where literature is sacred. God, it was less important than a writer. " She was God, then reduced to adolescence. She was all, then almost broken down. But at this precise moment, she is there. She holds the French book industry at the end of her Belgian arms. But for an hour, the quality of her presence is overwhelming, and frankly unexpected. She doesn't want to distract herself, she wants to get to know each other and she wants to understand. She shines with a long tirade about her childhood and her vocation. She already knows the questions. They have been asked to her hundreds of times. And then she comes back, she gives you some space. Then, she speaks about her femininity, about ugliness as an original condemnation. About how lucky it is to be a woman, despite constant calls to order, intimidation. Amélie Nothomb is a small, frail woman. She is direct and capricious. She's a ghost and she's a singer. Admirable language, irreproachable spirit and carnal presence. Star and sister. For her, "Being a woman is harder than being a man and that's why it's so good. Everything that is more difficult is more interesting ”. At her desk, between meticulous piles of letters from her readers, she says she never wanted a child. She gently challenges you to judge her. All women are women. For you, this is a basic axiom, an achievement of the sisterhood relationship. All women are women. Those who can't, those who don't want to. All women. Amélie Nothomb, with her character, no less than the others, and even more, much more. Still, writing about a writer is a big deal.
Béatrice Barbusse est une femme qui lâche tout de suite : « on vous dit que le sport est apolitique, qu’il y a des valeurs de partage, de solidarité, on est tous frères et sœurs. Toutes ces valeurs sont plus qu’incantatoires, elles sont totalement illusoires. Derrière on découvre de nombreux sujets tabous ». Le ton est donné. Des années de lutte pour faire prévaloir son talent sur le terrain et son intelligence sur les bancs de l’école, sur les déterminismes sociaux, sur le sexisme, sur la violence des plafonds de verre. Elle a réussi. Normalienne et première femme en France  à avoir été présidente d'un club sportif professionnel masculin : « à un jeune homme qui se moque d’une sportive parce qu’elle n’est pas féminine, je demanderais qu'est-ce que c'est qu'être féminine ? Qu'est-ce qu'une femme ? Je lui poserais des questions pour qu'il se rende compte que derrière son jugement, il y a beaucoup plus de questions que de réponses et qu’il n’y a surtout pas de certitude ». Il y a chez Béatrice Barbusse l’alliance d’une grande force, d’une détermination en acier trempé et d’une empathie qui se retient, qui déborde, qui n’y peut rien. Et à la fin, il vous reste la tendresse. Cet épisode a été réalisé en collaboration avec ABlock! – le média dédié au sport féminin
ORLAN is an extraordinary woman who says to you "like everyone else, I tried to be a woman, a real woman. I tried to be the whole woman, to poison myself. But the poison was so virulent, that I started to vomit it ”. And you ? Will you take a little more? There is her hairstyle, there are her implants. But there is especially this woman who does not lie, this woman who is not afraid. At the beginning, she tests you a little, she wants to see who we put her in front of. So you stand like a loner in strong winds. One question drives the other away and you see her smile, her eyes. ORLAN is a very beautiful woman. But you don’t have time to tell her. In front of you, there is a powerful, creative woman. She tells you as with caution "my life has been for nothing, all my work has been for nothing, women often prefer to be decorations". There, in the middle of her workshop, what a shock. And then its silences which hatch everywhere, but never flee. She translates to you what her whole work only screams: "Beauty is a question of dominant ideology". For her, being a woman means taking all possible means to have a point of view and express yourself in the world. And then, microphones closed, the fire of discussion still rolling. she offers you to stay a little longer. You politely refuse, like a child. Wrong answer.
Charlotte Girard-Fabre vous dit « Ce qui a changé ma vie, c’est un discours d'éducation que j’entends depuis que je suis toute petite : tu as le droit de dire non sans donner de raison ». On adore. La simplicité, la puissance, l’évidence. Mais on n’ose plus trop poser de questions, du coup… Arbitre internationale olympique de Hockey, elle a brûlé ses vaisseaux le jour où elle a dénoncé les agressions sexistes dont elle a été victime : « les femmes deviennent toujours des cibles du sexisme, dès qu’elles font de l'ombre aux personnages masculins. C’est avec l’accroissement de mon palmarès d’arbitre internationale que j’ai progressivement vu arriver les réactions sexistes ». Elle a subi un gros retour de bâton, et elle s’est remise debout : « ce que les opposants ne peuvent pas savoir, c’est combien nos forces sont décuplées pendant le temps de résilience, pendant le temps de la colère puis de la dépression. Je suis cent fois plus forte aujourd'hui que je ne l’étais au moment où j’ai dénoncé le sexisme ». Avec Charlotte Girard-Fabre, avec sa force qui remplit l’espace, qui crève les yeux, vous attendez le grondement de la colère, vous attendez des détails, des éruptions, vous vous attendez à des mots qui font mal. Mais elle est venue vous guérir. Elle est venue « dénoncer fermement et fortement des situations d’injustice criante tout en restant modérée et calme ». Elle ne se taira plus. Et elle veut agir en fédérant, elle veut s’appuyer sur les hommes qui croient en l’égalité. Oubliez tout ce qu’on vous a raconté sur le féminisme, écoutez-la. Elle sourit, elle rayonne. Ça vous fait penser à Gloria Steinem ? Moi aussi. Cet épisode a été réalisé en collaboration avec ABlock! - le média dédié au sport féminin
Nathalie Palladitcheff est une femme qui vous dit :“Je ne vois pas de contradiction entre le grand capital et les soucis du monde. Je pense qu'il y a un chemin qui est en cours. Plus on sera dans une construction économique et sociale durable, et en accord avec les besoins du monde, plus la rentabilité long terme sera assurée. Quand on est riche et bien portant, si on ne fait pas quelque chose pour le reste du monde, qui va le faire ? ”. Gentle reminder. Ancienne directrice financière d’Icade, elle est devenue québécoise d’adoption. Elle en est à sa cinquième année de learning expedition, en tant que CEO. Pour elle, un bon leader, c’est “une bonne personne. C‘est un espace possible : être soi-même, être authentique, assumer ses faiblesses et à la fois être quelqu'un qui inspire les équipes. Cela résonne presque physiquement pour moi. Je fais beaucoup de danse et ce sont deux sensations proches : faire des choses difficiles, assumer que c’est difficile mais toujours avec élégance.” Il y a Nathalie Palladitcheff, sa vivacité d'esprit, sa sophistication, sa profondeur. Et puis il y a un naturel vibrant et une joyeuse vitalité qui remportent la mise. Soudain, il n’y a plus de questions. Elle vous dit qu’elle est toujours la même personne partout dans sa vie, qu'elle regarde tout avec les mêmes yeux, qu’elle n’a jamais compartimenté. Elle n’a jamais voulu choisir. De toute façon, c’est trop tard, elle vous a déjà embarqué.e.
Carmen Munoz Dormoy qui vous dit « l’image qu’on projette sur les femmes historiquement, ce sont les stéréotypes de la maternité : la tendresse, la douceur, l’amour, l’écoute. Quand une femme porte des attributs du leadership considérés comme masculins, on pointe l’écart par rapport à l’idéal stéréotypé de la femme maternelle comme quelque chose de négatif ». On n’y retirerait rien, pas un mot. Il y a chez elle une chaleur, une facilité de contact que l’on impute spontanément à ses origines espagnoles. Mais c’est un peu court. Carmen Munoz Dormoy est une synthèse inimaginable entre la rationalité d’une ingénieure, l’engagement d’une militante pour l’égalité et le climat et une joyeuse propension à accepter de prendre des risques : « très souvent dans ma carrière, j’ai pris des postes qui n’étaient pas simples et pour lesquels il n’y avait pas énormément de candidats. C’est un conseil que je donne aux jeunes femmes : n’ayez pas peur ! Vous progresserez ! » Dans son bureau, elle parle des stéréotypes, elle parle de l’importance de bien choisir son conjoint. Et puis elle vous glisse « chaque femme est un monde, chaque femme a ses circonstances et ce qui est très important, c’est qu’elle puisse choisir ». Chaque. Femme. Est. Un. Monde. Chaque homme aussi. Et c’est le tout qui est si beau.
Emmanuelle Quilès est une femme qui vous dit sans détours : « petite, je n’aimais pas que les autres femmes soient silencieuses, je ne veux pas être une femme qui se tait ». Ça ne pourrait pas mieux commencer. Elle met les mots sur ces trajectoires de grandes dirigeantes. Elles n’ont pas vu le sexisme, elles n’ont pas regardé, elles n’ont pas voulu s’y arrêter, elles ont forcé le positivisme. Et puis, un jour, elles relient les points. Emmanuelle Quilès s’est attaquée au sujet comme à un plan stratégique de mise sur le marché d’un nouveau médicament. Elle dit simplement qu’elle refuse que d’autres femmes subissent ce qu’elle a subi. Peut-être parce qu’elle est une très belle femme, qui s’est définie au-delà de son apparence. Peut-être parce qu’elle a décidé de ne pas se taire, sans être agressive ou péremptoire. Emmanuelle Quilès porte en elle la trace des combats. Elle voudrait être cette femme libre, la femme qui a le courage de déplaire, comme la décrit Leïla Slimani. On sent qu’Emmanuelle Quilès cherche encore quelque chose, entre vulnérabilité et détermination. Emmanuelle Quilès est, à elle seule, un chemin.
Yseulys Costes is a leader who says to you, eyes in eyes, “obviously I'm a feminist. In Europe, it is in our interest to be feminist. It’s not a moral problem, it’s an efficiency problem, diversity brings efficiency. ” She created 1000Mercis, when no one saw where this story of digital marketing could lead. One step after another, she wears something of 21st century leadership. She agrees without facetiousness. She formulates convictions without fuss: "For me, having social impact today means creating jobs. If you really want to have an impact, you have to start a business and make it grow, you have to have ambition. " What strikes you, about Yseulys Costes, is her calm speech, her gaze planted in yours, her intellectual articulation. She does not shy away from any questions. We feel the thrill of the alliance of pleasure, daily, determined, well-chosen and of an open, deep, healthy intelligence. There are meetings that soothe and reconcile you. You have the stubborn impression to have met a real woman, a natural woman. Still, you know it doesn't make sense in and of itself.
Karima Silvent est une femme qui insiste : « je sais d’expérience que certaines quiet voices ne s’expriment pas en réunion si on ne les sollicite pas et pourtant, ce sont celles qui font parfois basculer le cours d'une conversation et d’une histoire ». Quelle délicatesse. Il y a quelque chose chez Karima Silvent qui vous dépasse, quelque chose de trop grand pour la pièce. Une très grande intelligence qui se maîtrise, un regard posé qui ne se détourne jamais, un rire généreux. Surtout il y a une vitalité irrésistible, inaltérable, une puissance profonde, presque mate, et joyeuse. Sur la parité dans les grands groupes, elle appelle à contraindre « les entreprises à rendre publics leurs engagements parce qu'on ne change jamais qu’une réalité explicite et qu’on peut mesurer. Je crois beaucoup aux chiffres et à la forme d'obligation sociale qu’on se fixe ». Il y a le parcours incroyable de Karima Silvent, les statistiques déjouées, le succès. Mais surtout il y a chez elle une force qui ne craint personne et qui, à la fois, ne veut dominer personne. L'ADN de la liberté.
Yaël Braun-Pivet est une femme qui vous dit : « ma mère m’a appris qu’il ne fallait pas suivre la voie que l’on avait tracée pour vous, qu’il faut trouver son propre chemin ». On prend des notes pour nos filles. Dans son grand bureau de l’Assemblée, vous rencontrez une femme qui vous regarde, une femme qui vous parle vraiment, une femme qui ne joue pas de jeu. Vous pourriez l’avoir croisée en vacances. Elle pourrait être une maman de l’école, une amie d’amie ou votre médecin. Vous allumez le micro, et elle garde cette intelligence de la délicatesse et de l’engagement : « aux Restos du cœur, j’ai compris que certaines personnes ne sont plus capables d'aller frapper à la porte pour demander de l'aide, elles sont trop abîmées par la vie, il faut aller vers elles. J’ai vu les limites du Y a qu’à… Faut qu’on… ». À ce moment précis, elle a l’air d'être le contraire d’une politique. Elle rit, elle pose ses limites, elle dit le fond de sa pensée, parfois elle hésite avant de répondre, elle cherche, elle sourit. Yaël Braun-Pivet aimerait donner aux autres l’envie de s’engager. À vous, elle vous donne furieusement envie de rester. 
ORLAN est une femme hors du commun qui vous dit « comme tout le monde, j’ai essayé d'être une femme, une vraie femme. J'ai essayé d'être toute la femme, de m'empoisonner. Mais le poison était tellement virulent, que je me suis mis à le vomir ». Et vous, vous en reprendrez un peu ? Il y a sa coiffure, il y a ses implants. Mais il y a surtout cette femme qui ne ment pas, cette femme qui n’a pas peur. Au début, elle vous teste un peu, elle veut voir qui on lui a mis en face. Alors vous tenez comme sur un solitaire par gros vent. Une question chasse l’autre et vous apercevez son sourire, ses yeux. ORLAN est une très belle femme. Mais vous n’avez pas le temps de le lui dire. Face à une vous, il y a une femme puissante, créatrice. Elle vous dit comme avec précaution « ma vie n’a servi à rien, toute mon œuvre, tout mon travail n’a servi à rien, les femmes préfèrent souvent être des décorations ». Là, au milieu de son atelier, quel choc. Et puis ses silences qui éclosent partout, mais ne fuient jamais. Elle vous traduit ce que toute son œuvre ne fait que hurler : « la beauté, c’est une question d’idéologie dominante ». Pour elle, être une femme, c’est se saisir de tous les moyens possibles pour avoir un point de vue et s’exprimer dans le monde. Et puis, micros fermés, le feu de la discussion toujours roulant. elle vous propose de rester un peu plus longtemps. Vous refusez poliment, comme une enfant. Mauvaise réponse.
Marie-Sophie Ferdane est une femme qui sort tout de suite des sentiers balisés : « j’aimerais bien passer une heure avec Marie, la mère du Christ. J'aimerais bien avoir sa version de l'histoire. On lui a fait dire beaucoup de choses… ou pas grand-chose justement. » Elle commence l’entretien un peu méfiante, vous ne savez pas trop. Vous savez qu’il y a quelqu’un en face, elle vous regarde, elle attend. Au sujet du film Je ne suis pas un homme facile où elle incarne une femme de pouvoir dans un monde où les hommes sont dominés, elle révèle : « j’ai expérimenté combien c’était libérateur, combien ça fait un bien fou de pouvoir être ample, large et de ne pas être obsédée par ce que l'autre pense de nous. Après, c’est difficile de reprendre le harnais ». Vous aimerez ses agacements parce qu’ils sont sains, intègres : « c’est aux hommes qu’il faut demander, sans rire et sans perdre son sérieux, au nom de quoi on pourrait interdire quoi que ce soit à une femme ? Je voudrais juste que quelqu'un de très intelligent vienne nous expliquer pourquoi, et si son argument est merveilleux et très construit, moi j'abdique, je dirai “ah pardon je n’avais pas compris”. Il y a chez Marie-Sophie Ferdane une élégance puissante. Son intelligence, profonde, alerte, brute et puis ces questions où elle répond en rentrant en elle-même, en hésitant, en poussant un mot après l’autre, dans des accidents de silence. Des silences mystiques.
Elisabeth Guigou est une femme que vous avez toujours connue. Son regard, sa posture élégante, les images de l’hémicycle et les années qui s’égrènent. Une jeunesse politique française dans les années 1990 et 2000. Elle vous dit : « dès que je suis devenue ministre, je savais que je devais descendre dans l’arène électorale. Ça n’avait pas de sens de n’être ministre que grâce à la volonté d’un Président ». Vous êtes face à une femme pleine de solennité et de malice. Les femmes blondes sont froides ? Elle ne s’en soucie pas outre mesure, c’est comme ça depuis Hitchcock ! Et puis elle revient sur sa passion européenne : « l’Union Européenne est le seul espace politique au monde où la peine de mort est strictement interdite. Dans les valeurs de l’Europe, on retrouve l’égalité entre les femmes et les hommes, la non- discrimination quelle qu’elle soit. Dans quel autre espace au monde trouvez-vous ça ? Nulle part ». On n’y avait jamais pensé comme ça. Soudain, c’est simple, non ? Une icône ? Bien sûr, mais vous ne la prendrez pas en plein délit de passéisme ni d’amertume. Combattante : « il ne faut pas se laisser intimider. Nous, les femmes, sommes la moitié de l’humanité ». Le sens tactique vissé au corps, elle veut désormais parler aux jeunes hommes : « intéressez-vous au sort des femmes parce que c’est votre sort à vous qui est en jeu ». On revoterait bien Guigou.
Namita Shah est une femme qui ne tourne pas autour du pot : « si l’image que je renvoie n’est pas l’image que l’on souhaite pour une femme à mon niveau, c’est qu’il faut changer de femme ! ». Message de service. Vous la trouvez d’abord très élégante dans son bureau, le regard sombre, de la douceur, de la précision. Tout ça. Elle vous raconte, sans éviter les questions, les décalages avec la culture française, sa compréhension des codes. Sans drame, sans complaisance, elle met patiemment des mots sur les mécanismes des inégalités : « Par nature, on ne voit que les gens qui sont « comme nous », et comme la plupart des dirigeants sont des hommes blancs ingénieurs… ils ne voient pas les femmes ! ». Derrière le sérieux, la netteté du propos, les émotions font leur chemin, moins timides, moins retenues. Quand elle vous dit qu’elle n’a pas pu micro-manager la vie de ses enfants – mais merci, ils vont bien – on respire. Quand elle confirme qu’on cherche la femme parfaite, mais moins souvent l’homme parfait, on sourit. Quand elle finit par nous dire que le plus simple quand on nous propose une opportunité, c’est quand même de prendre le risque de dire oui, elle nous a eu.es, on ne veut plus partir, ce qu’on veut, c’est regarder le monde par sa fenêtre, et qu’elle ne reste pas trop loin.
Sophie Grégoire est une femme qui vous dit « être une bonne dirigeante ? Pour moi, c’est assez simple, c’est payer ses collaborateurs et ses fournisseurs. Les payer en temps et en heure » et elle ajoute « trouver un bon fournisseur, ce n’est jamais une question d’argent, c’est une question de confiance ». Vous vouliez du bullshit de leadership ? Reprenez plutôt votre Harvard Business Review. Elle a été élue femme business de l’année. C’est une héritière, la 3ème génération de femmes. C’est une bâtisseuse, elle a monté un atelier aux Philippines. La femme, derrière cette marque de gant dont parlait votre maman avec délicatesse en se frottant les doigts pour mimer la finesse du cuir, c’est elle. Elle est là, avec vous, et elle inonde l’espace, pas seulement de ses boucles châtain, de son sourire irrésistible. Dire que Sophie Grégoire est une femme solaire… Le plus beau naturel de l’Ouest ! La relève se prépare déjà, avec une fille qui veut écrire son chapitre dans l’histoire des femmes de la famille. Ce qu’elle lui dira ? « Ne pas faire comme moi, ne pas faire comme sa grand-mère, qu’elle apporte son propre ADN ». C’est presque agaçant, cette sérénité et cette justesse.
Florence Guillaume est une femme limpide qui vous dit très vite : « j’ai compris que si je voulais être pleinement libre, il fallait que je sois pleinement autonome ». Comme un fil à plomb. Bien sûr, l’espace d’un instant, son statut de jolie femme, blonde aux yeux bleus, vous cueille dans un soupçon de stéréotype. Et puis vous reviennent les 900 gendarmes, le grade de colonnelle, l’école de guerre. Alors on l’écoute. Pas parce qu’elle va devenir l’une des plus jeunes générales de gendarmerie, non. Mais parce qu’elle vous lâche : « un chef, ça n’a pas de genre. Un bon chef c’est celui qui réalise la mission avec le souci de ses hommes et de ses femmes », parce qu’elle vous parle d’elle-même, et qu’elle sonne formidablement juste. Paisiblement, elle revient sur son chemin : « avant je précisais “je ne suis pas féministe, je ne suis pas MLF”, mais j’ai fini par me demander pourquoi je mettais toutes ces précautions d’usage. Il n’y a pas de précautions d’usage à mettre, je suis féministe, je suis humaniste, et ce n’est pas un gros mot ». Et à la fin, quand elle ajoute « si une femme a envie d’être masculine, qu’elle le soit, on n’est pas là pour plaire aux hommes, une femme a bien le droit d’être ce qu’elle a envie d’être », il était vraiment temps qu’elle parte. Vous êtes passée à deux doigts de vous engager dans la gendarmerie.
Anne-Claire Legendre est une femme qui vous dit : « c’est très excitant aujourd’hui d’être une femme. Ça fait 200 ans que les femmes réfléchissent à leur place dans la société, à ce que représente le genre, à la façon dont elles peuvent exprimer leurs aspirations individuelles et je crois que les hommes commencent tout juste à se poser la question ». Très jeune consule, très blonde consule, Anne-Claire Legendre vous emmène au rythme élégant de sa parole ultra-structurée. Une parole maîtrisée mais frontale, une parole qui ne cache ni ses engagements ni les méandres de sa trajectoire. Elle vous parle de force de femme, de ressources à trouver en soi, et puis elle vous parle de diplomatie féministe et féminine. Pour elle, « le féminisme, c’est la nécessité de l’égalité entre les femmes et les hommes, c’est l’accomplissement du programme des Lumières ». Elle ne comprend même pas qu’on se pose la question d’être féministe ou pas. Elle vous rappelle que les femmes n’ont pas d’autres choix que d’entrer dans un jeu de négociation avec la réalité, avec la société, avec les contraintes qu’elle leur impose. De cette réalité socio-historique elle tire une grande force. Une femme en diplomatie, ce n’est pas une révolution culturelle, c’est une tautologie.
Caroline Robert est une professeure de médecine qui vous dit « il faut dire aux filles et aux garçons qu’ils peuvent tout faire et insister auprès des garçons sur le fait que les filles peuvent tout faire ». Elle-même n’avait pas planifié cette ascension et cette reconnaissance. Mais elle a décidé de ne rien s’interdire. Caroline Robert est une femme qui est allée au-delà. Au-delà des limites statutaires entre le patient et le médecin, au-delà de ce qui se fait, de ce qu’il est de bon ton de faire dans l’institution. Au-delà de la peur, de sa peur. Elle est forte de toute cela. Elle est forte de son naturel, de ces prises de risques qu’elle voit comme l’essence de son métier. Former à l’empathie et à l’annonce des nouvelles, donner son numéro à certains patients : « je suis une seule personne, je ne peux pas être différente avec mes filles, avec mon compagnons, avec mes patients ». Bien sûr, vous ne pourrez pas vous empêcher de vous dire : « si j’ai un mélanome, je veux que ce soit elle ». Sa chaleur, son intelligence, son naturel qui pétille, même quand c’est si grave, même quand on a si peur. Et puis finalement… pourquoi attendre un mélanome ?...
Anne Cullerre est une femme que vous ne savez pas comment appeler, madame, amirale… La première amirale française, ça vous intimide un peu. Elle vous détend tout de suite. Elle, son sourire, son regard pétillant. « Je suis vice-amirale. J’ai mis un “e” à vice-amiral parce que j’ai été marin, militaire et femme, tout en même temps et quelque part cet intitulé résume ce que j’ai été ». Aussi simple que cela. Devant vous, une femme vive, sportive, pleine d’humour. Les remarques sexistes ? Elle les a balayées en riant « je lui ai dit que j’avais couché avec tout le jury ». Le sentiment de sa propre légitimité, elle l’a construit patiemment, en regardant la succession des postes de commandement derrière elle, et l’étendue de la mer devant elle. « Jamais je ne me suis dit « je suis une femme, comment je vais faire? » J’étais cheffe, avec mes tripes, avec mon envie, avec ma motivation et mon énergie, et je pense que ça se sentait tout simplement ». Soudain l’armée a un visage. Et c’est un visage de femme. Ce marin qui se tient droit avec des jumelles et des gallons, entre les dauphins qui filent, c’est une femme. Ce combattant qui raccompagne gentiment des pirates somaliens qui ont piteusement confondu un pétrolier civil avec un bâtiment militaire français, c’est une femme. Des milliers de marins sous ses ordres. Anne Cullerre est un antidote parfait aux niaiseries sur le leadership au féminin.
loading
Comments 
Download from Google Play
Download from App Store