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Le Lobby - Radio Campus Paris

Author: Le Lobby

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Écoutez, c'est la voix des concerné•es ! Le Lobby LGBTI+ est enfin sur écoute, un mardi par mois à 20h sur Radio Campus Paris, et en podcast tous les vendredi.
100 Episodes
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Nous recevons Océan, auteur et réalisateur, qui publie "Dans la cage", un récit de sa vie affective et sexuelle qui explore les paradoxes de nos fantasmes. Dans "Dans la cage", Océan se livre intimement sur les événements traumatiques qu'il a traversé dans sa jeunesse et qui ont imposé depuis leur grammaire à sa vie sexuelle d'aujourd'hui. Et il s'intéresse à ce qu'il appelle une double-peine : celle d'être victime de violences sexuelles ET d'être excité.e par des scénarios mettant en scène des violences sexuelles. Pour lui, il est temps de déculpabiliser nos imaginaires érotiques. Côté live, nous recevons Syyler, qui s'apprête à révéler le 3 mai un nouveau single. Son album est attendu le 24 mai prochain. Il nous en offre un premier extrait en live et en exclusivité : I'm OK.
À 65 ans, Christophe Martet prend sa retraite. Celui qui fut président d'Act-Up Paris, rédacteur en chef de Têtu, ou encore fondateur du réseau social Yagg, revient pour nous sur son parcours. Nous recevons aujourd’hui un journaliste, entrepreneur et militant. Christophe Martet a été président de l’association de lutte contre le VIH Act Up France, et il est actuellement président de l'association Paris sans sida depuis 2023. Il a également réalisé des documentaires sur la crise du sida, et publié en 1993 un livre de témoignages sur les militants de la lutte contre le VIH, Les Combattants du sida.  Depuis 2015, il accompagne des demandeuses et demandeurs d’asile LGBT à l’Ardhis, Association pour la reconnaissance des droits des personnes homosexuelles et trans à l’immigration et au séjour.  Il dit que ces engagements ont façonné son activité professionnelle. En parallèle de son militantisme, il a été journaliste, d'abord à France 3 dans les années 1980 puis au sein du magazine d’information et de culture queer Têtu, avant de s’investir dans la création de plusieurs médias LGBT, notamment Komitid, créé en 2018. Il vient tout juste de prendre sa retraite à 65 ans, et à cette occasion nous avions envie de revenir sur son parcours dense et d'échanger avec lui sur l'évolution du militantisme et des médias LGBT ces 40 dernières années. Le Lobby: Vous avez été président d’Act-Up Paris dans les années 1990, qu’est-ce que vous retenez de cet engagement ? Christophe Martet: Dans un premier temps, je n’étais pas investi dans les associations, mais j’ai participé aux premières marches des gays et eds lesbiennes, en particulier celles de 1981 qui a réuni 10 000 gays et lesbiennes dans les rues de Paris. C'était un peu un tournant puisque quelques mois après, la gauche au pouvoir supprime les articles infamants qui avaient été mis en place par le régime de Vichy et qui faisaient une différenciation entre les homos d'un côté et et les hétéros de l'autre.  Donc moi, en 1985, je fais le test du VH dès qu'il est disponible, il est positif, mais pendant quelques années, on en parle pas trop, on ne sait pas trop ce qui se passe, on n'a pas beaucoup d'informations. Et c'est vrai que c'est à la fin des années 1980, quand j’ai commencé à voir autour de moi vraiment beaucoup de gens mourir et que moi même, mon état de santé se dégradait, que je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose.  Je qui parti à New York pendant un congé sabbatique et j’ai découvert Act Up, New York. Je me suis investi alors dans le groupe “Médias” d’Act-Up New York. Et puis en revenant en France, naturellement, j’ai rejoint Act-Up Paris pour m'investir à fond. Parce que j'ai perdu mes meilleurs amis. Parce que je comprends que cette crise du sida, elle est liée aussi à des discriminations et en particulier au fait que le gouvernement ou les pouvoirs publics en général n'ont pas pris en compte cette épidémie parce qu'elle touche des populations discriminées, parfois invisibilisées. Je pense en particulier aux usagers de drogues. Je pense en particulier aux travailleurs et travailleuses du sexe. On parlait aussi bien sûr à l'époque déjà des migrants… Le Lobby: [00:05:37] Et donc, dans une interview de Libération publiée le 20 août 2017, vous dites que parmi vos meilleurs amis, rares sont ceux qui ne sont pas passés à un moment ou à un autre à Act Up et que votre entourage est très relié à cette histoire? Je suppose que c'est toujours le cas aujourd'hui… Christophe Martet : Oui, malgré les divergences qui existaient à Act-Up, on a une espèce de lien peu visible entre nous. Et fréquemment, je croise des personnes, des anciens ou anciennes militantes que je n'avais pas vu depuis très longtemps. Et tout de suite le courant passe, même si on ne s'est pas vus depuis longtemps. On disait souvent à Act Up, qu’on avait créé une communauté. Finalement, c'était un embryon de communauté LGBT. C'était un espace de discussion et de débat, un espace vraiment politique au sens le plus noble du terme, si je puis dire.  L'idée d’Act Up, c'était que chacun venait avec sa colère, avec ses problèmes, avec ses quelque chose qui le bloquait. Quand vous avez perdu beaucoup d'amis, vous êtes dans une forme de désespoir, parfois de solitude aussi, de ne pas pouvoir parler de votre séropositivité par exemple, Act-Up était un espace où les choses étaient possibles, où on était porté.e.s par le groupe. C'est comme ça que moi je voyais les choses.  Vous pouviez exprimer ce que vous aviez à dire et vous vous sentiez finalement dans une forme de souplesse, comme on dirait aujourd'hui, pour pouvoir exprimer les choses.  Le Lobby: Votre carrière militante ne peut pas être totalement séparée de votre carrière journalistique. Vous êtes entré à France 3 en 1983 et c'était un an avant les premiers cas de sida. Est-ce aussi par réaction au traitement médiatique réservé à l'épidémie que vous vous êtes engagée dans la lutte contre le VIH?  Christophe Martet : Clairement, quand on est journaliste, on essaye de bien appréhender le sujet qu'on va traiter. On essaie de voir tous les différents angles. Et c'est vrai qu'au tout début, même moi, sur un plan individuel, ben clairement, j'avais peut-être pas complètement conscience de la gravité de l'épidémie parce qu’en 1985, les chercheurs, les médecins, les pouvoirs publics disaient en substance : “On a déjà identifié le VIH très rapidement, on aura un test très bientôt, d’ici cinq ans, on aura trouvé un vaccin”. Quand j'ai vu que les gens commençaient à mourir autour de moi, j’ai compris que c’était beaucoup plus grave. Je pense que ce n’est pas pour rien qu'effectivement à Act-Up, il y avait pas mal de journalistes. Parce qu’on a eu envie de briser ce silence, de briser cette chape de plomb, et de faire en sorte que les médias qui permettent au public d'être informés, soient alertés par nos actions médiatiques. On montait des actions où il y avait de quoi montrer, si je puis dire, parce que c'est toujours compliqué de parler d'une maladie qui en plus à l'époque, a ses tabous. Avec Act Up, on montrait des choses concrètes sur des personnes malades, infectées par le VH séropositives, des personnes malades qui étaient dans la rue, qui manifestaient, qui hurlaient leur colère. Et donc les médias, ça les a effectivement intéressés tout de suite.  Et moi, je l’ai raconté dans mon livre Les Combattants du Sida, c'est vrai que je voulais mettre à profit mes années de journalisme, mon but c'était de donner la parole à des gens qu'on entendait pas à l'époque, que ce soit des malades, des experts, des personnes concernées ou aussi des personnes qui accompagnaient les personnes malades du sida ou séropositives.  Le Lobby: Et donc, pour briser ce silence, vous avez été à l'origine de la création de plusieurs médias LGBT. Vous avez d'abord rejoint Têtu en 1999, puis vous avez créé Yagg en 2008 avec trois collègues de Têtu et puis il y a eu Komitid en 2018. D'abord, est ce que vous pouvez nous raconter un petit peu vos années Têtu ? Christophe Martet : Alors têtu, ce qui est intéressant, c'est que j'y suis rentré pour au départ remplacer Didier Lestrade, un des fondateurs d'Act Up, et aussi un des fondateurs de Têtu. En 1999, il préparait un livre sur Act-Up : Act-Up, une histoire. Et ce qui est intéressant, c'est que le premier travail pour Têtu, ça a été de traduire un article d'un magazine américain sur le bareback, donc ce phénomène où des personnes séropositives affirmaient qu'elles n'utilisait plus le préservatif dans la mesure où elles considéraient que, en tant que personne séropositive ayant des rapports sexuels avec des personnes séropositives, elles ne risquaient pas de toute façon d'infecter ces personnes.  Suite à cela, on m'a proposé de remplacer Didier Lestrade pour m'occuper des pages Têtu+. À l’époque, Têtu était le seul magazine français qui consacrait tous les mois plusieurs pages à la question du VIH/sida. À travers des témoignages, des articles, des enquêtes, des fiches pratiques…  Ensuite, j'ai lancé l'idée de créer Tétu+, qui était un guide gratuit d'information sur le voyage diffusé à 200 000 exemplaires si je me souviens bien, et avec un financement original puisque c'était à la fois les pouvoirs publics et les labos pharmaceutiques qui nous soutenaient dans la mesure où on proposait aussi, ce qui n'était pas fait à l'époque, des fiches pratiques pour les combinaisons de traitement, puisque c’était l’époque des trithérapies. À cette époque, je pouvais prendre jusqu'à sept ou huit traitements différents par jour pour combattre le VIH. Donc Têtu+, c'était aussi une très grosse partie de mon travail? Ensuite, j’ai créé l'agenda de Têtu. C'était un cahier spécial encarté dans Têtu et qui traitait de l'actualité dans les régions. Et donc j'avais constitué un petit pool de correspondants et de correspondantes en région, dans les grandes villes françaises. Il faut s'imaginer qu'à l'époque de l'an 2000, les correspondants envoyaient leurs papiers par courrier. Ils n'avaient pas tous encore accès à internet ou aux mails et ils m'envoyaient leurs photos et leurs papiers par la Poste. Il fallait ensuite les retranscrire, etc. Parce que voilà, c'était une autre époque.  Donc Têtu, c'était à la fois effectivement un magazine que certains voyaient comme un peu comme ça, sur papier glacé, avec des beaux mecs sexy, etc. Mais si vous regardez le contenu des tenues, c'était quand même très très riche, avec un grand nombre de différentes rubriques et notamment moi, j'étais très très heureux qu'on puisse vous proposer toute cette information sur le soulevé Yoshida. Le Lobby: Ensuite il y a eu Yagg, vous pouvez nous raconter cette histoire ?  Christophe Martet: En fait, c'est parti d'une discussion que j'ai eue avec Xavier Héraud. On avait tous les deux quitté Têtu,et c'était au moment où explosaient les médias comme Rue89, Mediapart, donc des pure players, uniquement sur internet, et des médias qui étaient aussi participatifs, avec
Cap sur le Japon cette semaine, unique pays du G7 où le mariage pour toustes n'est pas encore légal. Mais les lignes sont peut-être en train de bouger timidement. Sommes-nous à un point de bascule au Japon pour les droits LGBT ? Le mariage pour les couples de même genre n'y est toujours pas légal, alors même que 60 à 70% des Japonais·es y seraient favorables. Deux tribunaux de l’archipel viennent de surcroît de juger que l’interdiction du mariage aux couples homosexuels est contraire à la Constitution japonaise, ce qui pourrait bien pousser le Parlement à se saisir de la question. Fin 2023, c’est la Cour suprême japonaise qui avait déjà volé au secours des droits LGBT : la stérilisation forcée à laquelle sont soumises les personnes trans qui veulent changer de genre à l’état civil était jugée inconstitutionnelle. Le débat sur les questions LGBTI+ s'est donc judiciarisé ces dernières années, sans que le gouvernement, classé à droite, ne s'empare encore du sujet. La communauté queer a-t-elle des raisons de garder espoir ? Comment vit-on son identité queer au Japon aujourd'hui ?  On en parle avec Aline Henninger, maîtresse de conférences en langue et civilisation japonaises à l’université d’Orléans, elle travaille sur les questions de socialisation de genre et de sexualité dans le Japon contemporain. La transcription de cet épisode est à venir ! Pour aller plus loin... — Le film L'innocence de Kore Eda L'équipe de l'émission Présentation : Victor Samoth-Panetti Réalisation : Colin Gruel
À l'occasion de la parution de son dernier livre, 10 questions sur la grossophobie (Libertalia), nous recevons cette semaine la militante Daria Marx. L'activiste féministe et anti-grossophobie, fondateur du collectif Gras Politique, auteurice de "Gros n'est pas un gros mot" (Flammarion) et réalisatrice du documentaire "Daria Marx : ma vie en gros" sur France 2 en 2020, est de retour ! Il publie 10 questions sur la grossophobie, un ouvrage qui s'appuie moins sur son témoignage personnel que sur la littérature scientifique pour dézinguer les arguments grossophobes. Elle est notre invitée cette semaine pour fêter la parution de ce nouveau livre, qui sort aujourd'hui. Le Lobby : Le terme “grossophobie” est entré dans le dictionnaire en 2019. À quoi renvoie-t-il ? Daria Marx : La grossophobie est l'ensemble des attitudes discriminatoires qui sont faites aux personnes grosses. Donc ça recouvre à la fois les discriminations d'ordre privé : dans l'intime, dans la famille, les discriminations qu'on peut subir au travail, dans l'accès aux soins, et puis aussi l'organisation grossophobe des politiques publiques, comme par exemple celles de la santé. Par exemple : dans la manière dont on conçoit les transports en commun de demain, est-ce qu’on prend en compte les personnes grosses ou est-ce qu’on les pense de manière grossophobe ? Dans le livre, tu fais un panorama scientifique de la lutte contre la grossophobie. Tu racontes que ce combat commence dans les années 1960, avec notamment le mouvement des droits civiques.Le livre est historique, il retrace les débuts de ce mouvement.  Ça me tenait vraiment à cœur de retracer l'histoire de ce mouvement à la fois aux États-Unis parce que ça part des États-Unis, mais aussi en France, parce que je trouve qu’on ne rend pas assez hommage aux militant.e.s de jadis, de naguère. Si je suis là aujourd'hui, si je peux porter cette lutte, c'est que j'ai eu la chance d'avoir des idées insufflées en moi quand j'avais 18 ans, quand j'étais plus jeune. Et ça me tenait vraiment à cœur de rappeler ça. Et puis, pour ce qui est de l'émergence de la lutte contre la grossophobie en partenariat avec la lutte des droits civiques dans les années 60-70, ça me tenait aussi à cœur parce que il faut rappeler que ce sont des femmes grosses et souvent racisées qui ont commencé à porter cette lutte et on a tendance à l'oublier. On a toute la trend du body positive, qui est devenue très blanche. Je crois qu'il fallait vraiment rendre à ces femmes justice et leur dire merci pour ce qu'elles ont accompli et ce qui nous permet d'être là aujourd'hui.  Tu parles de “vagues de mouvements de lutte” contre la grossophobie, un peu comme le féminisme. Et je trouve que c’est hyper intéressant parce qu’on peut vraiment dater ces vagues aujourd'hui, on serait à une troisième ou quatrième vague de lutte contre la grossophobie?  Oui, je pense qu'on est un peu dans une quatrième vague, un peu comme pour le féminisme où on s'aperçoit que la grossophobie fait partie de l'éventail intersectionnel des luttes qu'il nous faut prendre en compte si on veut s'affirmer comme luttant contre les discriminations aujourd'hui. Et je pense que les personnes qui luttent contre la grossophobie sont elles-mêmes intersectionnelles, en tout cas devraient l'être. Et j'appelle mes consoeurs et mes confrères qui luttent contre la grossophobie à être dans l'intersectionnalité et à penser la grosseur avec les autres discriminations. Parce que c'est comme ça qu'on aborde la réalité des attitudes discriminantes aujourd'hui.  Et d'ailleurs je te cite juste sur un petit passage, tu dis : “Il est impossible de nier qu'un mouvement sérieux est en marche en France, sous l'impulsion de petits collectifs autonomes et de leurs actions de sensibilisation menées dans les écoles, certaines facultés et les associations.” Et je me demandais si on pouvait dire que la sensibilisation à la grossophobie, le fait même qu'on puisse aujourd'hui parler de “grossophobie”, moi à ce micro l’employer, c'est le résultat des luttes directes de petits collectifs autonomes?  Oui, on ne peut pas dire qu'il y ait une vraie vague de mobilisations incroyable. Il n'y a pas eu de Fat Pride dans les rues, les gros n'ont pas dévalé les Champs Élysées. Tout ça n'est pas arrivé. Mais par contre, il y a vraiment eu des tas de petits collectifs qui ont fait beaucoup de bruit. Évidemment Gras Politique c'est le mien, donc je le cite avec plaisir. Mais aujourd'hui il y a la lutte des Gras.ses à Toulouse, Gros Amour à Rennes. Il y a eu le livre de Gabrielle Deydier qui a fait du bruit. Il y a eu Leslie Barbara Butch qui a porté aussi un message. Mais il y a plein d'individus et de collectifs qui ont fait beaucoup, beaucoup de bruit. On est tellement gros qu'on n'a pas besoin d'être beaucoup pour faire du bruit. Donc c'est fantastique. Il faut vraiment penser à eux et les remercier.  Pour parler un peu plus du livre en lui même, en tant qu'objet, j'ai cru comprendre que c'était les éditions Libertalia qui t'ont contacté pour l'écrire dans le cadre d'une collection qui s'appelle “Dix questions sur”, dans laquelle on retrouve par exemple Dix Questions sur l'anarchie. C'est celui dont je me rappelle le plus. Comment le lien avec les éditions s'est fait?  J'ai la chance de travailler avec une agente littéraire qui s'appelle Julie Finidori qui travaille avec plusieurs maisons d'édition, et c'est elle, je crois, qui a proposé ce projet à Libertalia. Et eux ont été tout de suite très intéressés, ce qui n'est pas étonnant parce que c'est une très chouette maison d'édition qui traite beaucoup des discriminations et des luttes sociales. Donc c'était très chouette. J'ai eu carte blanche pour écrire ce livre où j'ai vraiment pu dire ce que je voulais. Ils m'ont vraiment offert la liberté de rentrer dans la profondeur des choses. Le premier livre que j’ai écrit Gros, n'est pas un gros mot, c'est un peu un résumé, un petit panorama de c'est quoi la grossophobie? Comment est ce qu'on la reconnaît? Là, j'ai eu la chance de pouvoir rentrer en profondeur dans les choses, de travailler mes sources, d'avoir le temps de le faire et le nombre de pages nécessaires pour le faire. Donc c'est super.  La seule contrainte formelle, c'était les 10 questions? Voilà, la seule contrainte et “tu nous le rends tel jour”. Tu l'as écrit en combien de temps?  Deux mois et demi environ.  Ça faisait longtemps que tu rassemblais un peu des sources? Comment as-tu rassemblé le matériel?  C'est quelque chose qui me préoccupe au quotidien. Donc il n'y a pas un jour où je ne fais pas une veille sur la grossophobie, où je me note pas des trucs, où je ne lis pas quelque chose. C'est un peu mon obsession n°1. Tout est un peu dans ma tête. J'ai juste fait un plan et le format des questions m'a beaucoup aidé pour ça, pour organiser mes idées. Et puis après, bah on a bossé hein.  Samedi dernier, tu disais que c'était la première fois qu'on te demandait de faire quelque chose qui ne soit pas un témoignage de ta vie de grosse, qui n’incluait pas forcément le récit de ta vie entière. Est ce que tu peux nous parler un peu de ton rapport à ça? Qu'est ce que ça change de faire quelque chose de purement factuel?  Aujourd'hui, je trouve qu'on demande beaucoup aux militant.e.s qui portent un discours sur une discrimination qu'ils subissent eux/elles mêmes, de raconter leur vie pour être crues, pour être entendues. Et ça s'entend vraiment dans les podcasts, dans les livres, y a une espèce d'économie du témoignage qui se fait, qui moi commence à me déranger un peu. Je vais faire un parallèle qui a un peu trigger peut être, mais c'est comme quand on dit il faut dire “je te crois” quand quelqu'un te raconte qu'il a été agressé.e, ok, mais une fois que t'as dit je te crois, il se passe quoi? En fait, j'ai l'impression qu'on parle, on parle, on parle mais il se passe rien derrière. Et je trouve qu'on a ce moment où ok, on sait que tout ça existe, qu'est ce qu'on en fait? Comment bouger les choses? Et vraiment ce livre, il me donne un peu l'espoir de penser que je donne des clés pour changer les choses, que je donne des clés pour comprendre qui ne sont pas que des témoignages. Je ne vais pas chercher sur l'émotionnel, je dis regardez : les faits c'est qu'il y a pas d'ambulances dans ton département en France qui puisse supporter les gens au-dessus de 130 kilos. Qu'est ce qu'on fait de ça ? J'ai l'impression qu'il faut qu'on se confronte aux faits aussi, et pas seulement à des témoignages qui appellent l'émotion. Ah ben oui, c'est triste, mais il se passe rien derrière en fait. Et puis la compassion des gens c'est super. Mais moi, je veux aussi des ambulances, de l'accès aux soins, de l'accès à l'embauche, les mêmes droits pour tout le monde. C'est super si on arrête de me traiter de grosse truie dans la rue, mais ça ne va pas changer toute ma vie quoi.  C'est vraiment de changer le système, en fait… Absolument. Et puis c'était l'occasion, ce livre, de montrer que la grossophobie s'organise dans un système. Et on est tout le temps à parler de lutte systémique, de racisme systémique, de choses systémiques. Mais en fait, la grossophobie est systémique. La grossophobie participe à ce système qui trie les gens selon leur degré de dignité. Si vous êtes mince, vous êtes digne d'accès aux soins, vous êtes digne d'avoir un emploi, vous êtes digne d'avoir un compagnon, d'avoir une compagne. Mais si vous êtes grosse, on décrète les politiques de santé et les politiques d'embauche. Plein de choses décrètent que vous n'êtes pas digne d'exister dans l'espace public. Donc il y a une organisation politique de l'indignité des corps gros.  D'ailleurs, tu dis dès la première page “On parlera aujourd'hui de grossophobie internalisée. Être grosse est une abomination. Il faut donc se prémunir à tout prix de cet état de disgrâce sociale. On devient donc un bourreau pour soi et pour les autres en appliquant des préceptes normatifs inutiles.” Ce qui m'a m
Les sénateurs Les Républicains viennent de publier un rapport sur la "transidentification des mineurs". Un proposition de loi est promise avant l'été, annoncé par les associations comme le texte "le plus transphobe d'Europe". Vous êtes là, vous vibez dans votre vie, le printemps pointe enfin le bout de son nez et clairement vous demandez rien à personne. C'était sans compter sur les sénateurs du groupe Les républicains qui ont déposé la semaine dernière un document de travail mené par Jacqueline Eustache-Brinio pour faire un état des lieux des actions à mener suite à, je cite, “une hausse croissante des demandes de changement de sexe chez les enfants et chez les adolescents”. Sous prétexte de vouloir protéger les mineurs, ce document aboutit à une liste de préconisations à adopter dans les domaines médicaux et administratifs comme interdire l’accès aux hormones, aux bloqueurs de puberté (comme très récemment en Grande-Bretagne) ou même la fin de la prise en compte des questions d’identités de genre à l’école. Le groupe Les Républicains souhaiterait faire aboutir ce document dans une proposition de loi avant l’été. Avant d'aboutir à ce rapport de 400 pages où la transphobie qui s'exprime confinerait presque au complotisme, les sénateurs ont mené plusieurs audiences. Une seule association trans a été reçue : OUTrans, le groupe féministe d'autosupport trans. Nous recevons cette semaine Anaïs Perrin-Prevelle, directrice de l'association. Racontez-nous la genèse de ce rapport… Anaïs Perrin-Prévelle : L'origine de ce document de travail, c'est un groupe qui s'appelle l'Observatoire La Petite Sirène, qui essaye de s'opposer par tous les moyens possibles et imaginables à la prise en charge de l'identité de genre chez les mineurs et qui a un certain écho, et en particulier du côté de certain·e·s sénateurces, en l'espèce la sénatrice qui est à l'origine de ce rapport-là, Jacqueline Eustache-Brinio.  En lisant le rapport, on constate à quel point le travail de cette commission était très orienté. Céline Masson et Caroline Eliacheff, qui sont les deux directrices de l'Observatoire, étaient présentes à toutes les auditions. Sur la portée du rapport, c'est un peu difficile à dire dans le sens où c'est un rapport interne au groupe Les Républicains, c'est pas un rapport d'une commission du Sénat, même s'il y a le tampon Sénat. En réalité, c'est juste un document interne au groupe LR. Et encore… En fait c'est une personne qui dans son coin a fait son truc, mais qui a utilisé un peu les ors de la République pour donner l'impression que c'est quelque chose d'un peu officiel. L'avantage de pouvoir le faire du côté juste au sein du groupe LR, c'est qu’il n'y avait pas d'obligation de faire quelque chose dans les règles de l'art, il n'y avait pas l'obligation de respecter un certain pluralisme, il n'y avait pas l'obligation d'avoir vraiment des gens qui vont retranscrire ce qui s'est dit pendant les débats. Et donc ça donne la liberté de changer, de travestir la réalité, de choisir les termes qui les intéressent.  Ça donne un rapport complètement biaisé. C'est strictement un élément idéologique qui sert de tract à l'Observatoire de la Petite Sirène.  Le rapport débouche sur une proposition de loi visant à restreindre l'accès des aux parcours de transition pour les mineurs. Quelle est la situation aujourd'hui et comment sont elles prises en charge ?  Alors, il y a beaucoup de fantasmes sur la prise en charge des mineurs. Il y a une réalité qui est la difficulté d'accès de façon générale aux soins pour les personnes trans, qu'elles soient mineures ou majeures, et qui est encore plus criante du côté des mineurs, dans le sens où il n'y a pas de règle ou de cadre sur la prise en charge des personnes trans par les professionnels de santé.  Il faut comprendre que, en matière de transidentité, on est dans une période de bascule, une période où, il n'y a pas si longtemps que ça, la transidentité n'était considérée que comme un trouble mental. Ce n’est plus le cas aujourd'hui. C'est assez récent, hein, parce qu'au niveau de l'OMS, la dépsychiatrisation de la transidentité ne date que du 1ᵉʳ janvier 2022 pour sa mise en application.  Pourtant, aujourd’hui, pour les mineurs, la pédopsychiatrie reste le seul point d'accès possible pour un parcours de transition. Et du coup, il y a des sortes de critères de souffrance qui sont positionnés : si un jeune ou une jeune ne souffre pas assez, en gros s’il n'a pas fait de tentative de suicide, ne s'est pas scarifié, s’il n’est pas à un stade où sa santé est en jeu, alors c'est très compliqué d'avoir une prise en charge parce qu'il y a très peu de personnels qui acceptent de prendre en charge dans les hôpitaux qui sont sous dotés en la matière. Donc au final, il y a extrêmement peu de personnes trans qui sont, qui sont accompagnées. L’association OUTrans a été auditionnée, par votre voix, pour ce rapport. Pourquoi avoir proposé un entretien avec quelqu’un qui aura de toute façon un avis contraire à ce que les sénateurs cherchent à prouver ?  En fait, cette audition, et de façon générale ce rapport, c'est un piège. Parce que globalement, ils et elles ont essayé d'interroger des associations, donc ont invité des associations pour se dire “Vous voyez, on est pluralistes, on essaie d'inviter un maximum d'associations, ce n'est pas juste un seul point de vue”. Mais si on y va, on se retrouve dans la situation dans laquelle on est là, avec en fait une reprise extrêmement partiale et partielle de nos propos. Sur une d’audition, il n'y a que quatre lignes qui ont été retenues. Il y a d'autres associations qui ont été approchées, qui avaient donné leur accord pour pouvoir y aller, et qui n’ont pas pu, pour de questions de calendrier. Et au final, je crois qu’on s'est retrouvé·e·s à très peu d'associations à intervenir. Je crois que nous sommes la seule association de personnes trans reconnue en tant qu'association de personnes trans à intervenir sur l'ensemble.  On s'est retrouvé finalement à la fois dans un piège et pas dans un piège. Parce que le fait d'avoir été de l'intérieur permet d'avoir la légitimité de dire réellement ce qui s'est passé et de dénoncer du coup la façon dont les choses se font. Et on a en tête par exemple de publier prochainement peut être l'exhaustivité de notre audition pour montrer la différence entre les trois lignes qui sont retenues et leurs complète d'auditions, je crois. C'est même sur un peu plus d'une heure, l'heure complète d'audition qu'on a pu avoir avec cette commission et montrer à quel point n'ont été retenu que les éléments qui pouvaient les arranger et surtout pas les éléments qui pouvaient les déranger.  Parlons maintenant de ces fameux arguments qu'avancent les Républicains, notamment l'argument qui lance cette fois ce rapport une hausse croissante, voire une explosion des demandes de transition de genre chez les mineurs ces dernières années. Est ce que c'est vrai ?  Je vais vous donner deux chiffres. Pour le Mois des fiertés de juin 2023, l’institut de sondage Ipsos a réalisé une étude sur le nombre de personnes LGBTQ+ et le nombre de personnes dans la diversité de genre dans 30 pays à travers le monde et entre autres la France, avec une étude représentative de la population française et qui dit qu'il y a 10% des personnes en France qui s'identifient comme LGBTQI+, et 4 % des Français·e·s qui se reconnaissent dans la diversité de genre. Et pour les jeunes de 18 à 26, c'est 22 % qui se disent LGBTQI+ 11 % dans la diversité de genre. On peut imaginer que pour les moins de 18 ans, on sera à peu près sur les mêmes ordres de grandeur. Il y a 16 millions de mineurs en France. Donc on peut imaginer qu'il y aurait, à la louche, si on retire les plus jeunes âge, au moins un million de personnes qui pourraient avoir besoin d’accéder à un parcours de transition. Ou a minima d'avoir une écoute, d'être reconnu dans leur genre. Imaginons que sur ce million de personnes, ne serait-ce que 10% voudrait se lancer dans un parcours de transition, ça reste quand même 100 000 personnes.  Pourtant, le rapport le dit lui même : en tout et pour tout, en France, il y a 294 enfants qui ont affection longue durée (ALD), donc une prise en charge à 100 % dans le cadre d’un parcours de transition. Et au sein les équipes dans lesquelles on est nous, parce qu'on fait partie des réunions de concertation pluridisciplinaire à la Pitié-Salpêtrière, sur dix ans, je crois que c'est en tout à peu près 700 gamin·e·s qui ont été suivi·e·s sur dix ans. Et sur ces 700 gamin·e·s, il y en a très peu qui arrivent à la prise d'hormones, ou aux bloqueurs de puberté. Donc en fait on est en train de faire tout un foin autour de rien.  Oui, un problème de la prise en charge des personnes trans, mais c'est pas le fait de les prendre en charge qui est un problème, c'est le fait de ne pas les prendre en charge qui est un problème. Parce que là ça pose un vrai sujet de santé mentale, parce que le fait qu'on n'accompagne pas l'identité de genre des personnes, on les accompagne pas dans leur transition, ça crée des vrais troubles au niveau de la santé mentale des personnes. Ce qui est fondé par contre, c'est qu'il y a effectivement une augmentation de la compréhension de ce qu'est la transidentité. Et les personnes trans sont capables de dire ce qu'elles ressentent aujourd'hui et de mettre un terme sur ce qu'elles ressentent. Ce qui n'était pas le cas avant. Et d'ailleurs on le voit dans les études, il y a effectivement une augmentation sur les dernières années parce qu'il y a une plus grande acceptation du terme. La dépsychiatrisation de la transidentité, ça remonte seulement au 1ᵉʳ janvier 2022. Donc c'est normal qu'à partir du moment où on considère que quelque chose, qui était vu comme étant un délire psychiatrique, est en fait tout à fait normal, les gens se disent “ah bon bah du coup j'ai le droit de l'être”, c'est juste logique.  Et ç'aurait même été anormal qu'on n'ait pas une forte aug
C'est le retour de notre émission mensuelle ! Et ce mois-ci, on passe une heure avec lea dessinateurice Jul Maroh et l'autrice Sabrina Calvo, qui publient "Hacker la peau" aux éditions du Lombard Dans un Lyon pas si dystopique que ça, Prin, Molly et Axl fuient les fascistes qui ont pignon sur rue depuis l'arrivée de l'extrême-droite au pouvoir. Hacker la peau est le récit d'une nuit de violence où l'on suit trois personnages, pris dans une relation amoureuse tumultueuse. Polyamour, transidentité, spiritualité, lutte... La BD aborde de très nombreuses thématiques. On en tire quelques fils avec les deux auteurices : Jul Maroh (Le bleu est une couleur chaude) et Sabrina Calvo. Hacker la peau (Le Lombard) Jul Maroh sera en dédicace tout le mois d'avril dans de nombreuses librairies. Suivez-lea sur son compte Instagram, et abonnez-vous à sa newsletter ! Dans l'actualité queer... Juliette revient sur les 30 ans du Sidaction. C'est en 1994 que la première émission consascrée à la récolte de dons pour la lutte contre le VIH/Sida est diffusée simultanément sur plusieurs chaînes de télévision pendant 6h de direct. 30 ans plus tard, où en sommes-nous ? Éléments de réponse avec Sandrine Fournier, directrice du pôle Financement des associations au Sidaction. Un entretien à écouter et à lire en intégralité ici Les Disques du Lobby Xavier nous partage sa passion du cabaret et reçoit La Mulette. Un artiste à découvrir en live et en interview ! Vous pouvez aller voir La Mulette aux soirées électro de Madame Arthur du 4 au 7 avril ! L'agenda • Le 29 mars, rendez-vous au Titi Palacio pour la première édition du Kessecé Ce Cirque, le show drag cirque mensuel porté par notre compagnon de route Miroslav Toi Les Mains • Le 31 mars, c'est la journée de visibilité trans ! L'équipe de l'émission Présentation : Colin Gruel et Victor Samoth-Panetti Réalisation : Margot Page et Suzanne Saint-Cast Chronique : Zoé Monrozier, Xavier Paufichet et Juliette Mouëllic
Le 7 avril, le Sidaction fête ses 30 ans. L'occasion pour nous de revenir sur son histoire, et sur l'histoire de la lutte contre le VIH/Sida.  L’association “Ensemble contre le sida”, devenue Sidaction en 2005, fête cette année son trentième anniversaire. C’est le 7 avril 1994 que la première émission du Sidaction est diffusée simultanément sur les sept chaînes de télévision de l’époque. Elle permet de collecter plus de 45 millions d’euros pour soutenir la recherche et les associations œuvrant sur le terrain de la prévention et de l’aide aux personnes malades du sida. Depuis, pour lutter contre ce virus et contre les injustices qu’il entraîne, la mobilisation n’a jamais cessé. Penchons-nous alors sur ce virus, avec lequel vivent aujourd’hui en France 200 000 personnes, parmi lesquelles 5000 ayant découvert leur séropositivité en 2023. Comment l’épidémie a-t-elle évolué depuis trente ans ? Comment les personnes touchées vivent-elles avec le virus ? Sommes-nous assez informés ? Quelles sont les nouvelles pistes abordées par la recherche ? Pour en parler, nous recevons Sandrine Fournier, directrice du Pôle Financement des Associations chez Sidaction. Racontez-nous l'histoire du Sidaction et les objectifs de l'association à sa création... Sandrine Fournier : En fait, cette association, elle s'est créée à l'initiative de plusieurs associations qui sont des associations de terrain telles que l'association AIDES, Act-Up, Dessine-moi un mouton, qui suit à ce moment-là plus particulièrement les familles, les enfants atteints du VIH. Et ces associations, elles crient dans le désert à ce moment-là. C'est une époque où on est en 1994, où certes il y a des réponses, mais encore très insuffisantes, à la fois en termes de recherche, les besoins de recherche sont immenses. Vous le savez, en 1994, les trithérapies ne sont pas encore sur le marché, pas encore élaborées, donc les gens meurent. C'est vraiment une période terrible.  Donc c'est dans cette situation d'urgence à accompagner les personnes qui sont en train de mourir du sida, qui sont pour certaines d'entre elles et pour beaucoup d'entre elles, rejetées par leur famille, y compris traitées avec beaucoup de précautions à l'hôpital, victimes de discrimination de mille manières. C'est vraiment une période très noire, une période pendant laquelle, effectivement, on a besoin de recherche : à la fois de la recherche fondamentale, mais aussi de la recherche en sciences sociales pour comprendre quels sont les freins au dépistage, ou pour comprendre quelles sont les représentations dans telle ou telle communauté qui vont conduire les gens à ne pas recourir aux soins, etc. Et la recherche fondamentale est nécessaire en en premier lieu pour essayer de trouver un vaccin, mais plus globalement pour essayer de comprendre comment le système immunitaire réagit face à ce virus qui est extrêmement complexe et qui l'attaque. Le VIH est très particulier. Et donc quelles sont les différentes actions que le Sidaction met en œuvre? C'est notamment du soutien à la recherche ?  Sidaction finance pour un tiers des actions de recherche, pour un tiers des actions associatives en France et pour le dernier tiers des actions associatives à l'international. À l'international, c'est principalement en Afrique subsaharienne. On finance des actions dans 18 pays, dont 15 en Afrique subsaharienne et Afrique du Centre et dans trois pays d'Europe de l'Est. Vous le savez peut-être, aujourd'hui, c'est en Europe de l'Est que l'épidémie flambe à nouveau. En 30 ans, qu'est ce qui a changé pour le Sidaction?  Alors d'abord, ce qui a été incroyable, c'est 1996. C'est l'arrivée des trithérapies, des gens qui allaient mourir et qui savaient qu'ils allaient mourir, se trouvent littéralement sauvés par les trithérapies. Des médicaments qui, notamment pour les premières générations de médicaments, sont quand même des traitements très lourds. Je me souviens des ami.es à l'époque qui prenaient une trentaine de comprimés par jour à heure fixe, avec des effets secondaires vraiment vraiment difficiles, mais néanmoins, qui leur ont sauvé la vie. Donc ça change tout en France et dans les pays qui ont accès à ces traitements, il faudra qu'on se batte pendant des années pour que les pays africains, notamment, où l'épidémie est la plus forte, aient accès aux antirétroviraux.  Mais en tout cas, c'était un premier signal très fort, une première étape très importante. Ensuite, évidemment, on a besoin de continuer à financer la recherche parce que le vaccin, il n’y en a toujours pas, et aujourd'hui encore, toujours pas. Alors je dirais que 30 ans voire 40 ans de recherche vaccinale, ça n'a pas du tout servi à rien. Il faut bien avoir conscience que les équipes qui ont élaboré un vaccin contre le SARS-COV 2 en  un an sont les mêmes qui travaillent sur le VIH depuis 40 ans. C'est-à-dire que c'est aussi parce que ce virus est si complexe et qu'il est si difficile de trouver un vaccin que ça nous a fait beaucoup avancer sur la compréhension du système immunitaire et que toutes ces recherches, elles ont aussi pu bénéficier à d'autres pathologies, au cancer notamment.  Donc on continue à chercher. C'est très très difficile de trouver un vaccin contre le VIH mais aujourd'hui, on a beaucoup avancé sur les traitements. Aujourd'hui, en France, on a accès à 90 lignes de traitements différents puisque comme vous le savez peut-être un virus va s'adapter et petit à petit créer des résistances avec les traitements. Donc on a toujours besoin de créer de nouveaux traitements, de nouvelles molécules. Il faut toujours avoir une longueur d'avance sur le virus. Cette capacité, on l’a en France mais malheureusement pas partout dans le monde. Beaucoup de gens ont accès à une ligne de traitement et c'est tout : que ça marche ou que ça ne marche pas, il n'y a pas autre chose.  C'est aussi pour ça qu'on est présent·e·s dans ces pays là en particulier en Afrique subsaharienne et du Centre où là, la question de l'accès aux traitements est particulièrement prégnante pour les enfants. On estime à 39 millions le nombre de personnes qui aujourd'hui vivent avec le VIH dans le monde. 9 millions, soit à peu près un quart, n'ont pas accès aux traitements. Mais ça fait quand même 30 millions qui y ont accès : c'est déjà un progrès vraiment considérable. En revanche, on voit qu'en Afrique de l'Ouest et du Centre, plus de la moitié des enfants infectés n'ont pas de traitement. Donc il y a encore beaucoup de travail à faire. C'est aussi grâce aux dons qui sont faits pour le Sidaction que cette recherche peut être financée ? J'ai vu que vous organisez le samedi 23 mars 1 soirée événement diffusé sur France deux avec plusieurs artistes. Quel est l'objectif de cette soirée? Je suppose que c'est un moment où vous récoltez beaucoup de dons et peut être même le plus ?  Tout à fait. Ça, c'est un moment phare de notre collecte, qui n'est pas seulement concentrée sur ce prime à la télévision, sachant qu'aujourd'hui beaucoup de gens d'abord ne regardent pas la télévision, sont plutôt sur les réseaux sociaux, ou bien regardent en replay. Mais on sait aussi qu'on a des donateurs et donatrices fidèles, qui pour beaucoup sont des personnes plus âgées et qui regardent la télévision. Donc pour eux et elles, ça fait sens, avec une certaine affection pour Line Renaud et ses comparses qui vont animer la soirée. On va revenir sur ces 30 ans au cours de cette soirée, à la fois avec des témoignages, des images d'archives, puis aussi de la culture pop qui a émaillé ces 30 ans et qui a aussi accompagné la lutte.  Donc si on veut soutenir le Sidaction, comment faire ? J'imagine qu'on peut faire des dons toute l'année. Est-ce possible de participer à des actions un peu plus concrètes ?  Faire des dons toute l'année,oui, tout à fait, en particulier sur Sidaction.org, mais aussi par courrier, on peut tout simplement envoyer un chèque. Pendant cet événement médiatique, cette période du Sidaction Média, on ouvre un numéro de téléphone, le 110, qui est un numéro gratuit que l'on peut appeler pour faire une promesse de dons. Et là, nous mobilisons des bénévoles qui répondent à ces appels qui enregistrent les coordonnées des personnes et ensuite ces personnes sont recontactées pour confirmer leurs dons. On peut aujourd'hui aussi faire un don par SMS, un don de 10 € en envoyant le mot DON au 92 110.  Aujourd'hui, le sida, on en est où ? Et comment l'épidémie a-t-elle évolué ces 30 dernières années ? Sandrine Fournier : Alors je dirais qu'aujourd'hui, on est vraiment sur le dernier kilomètre en France et dans les pays occidentaux. Il y a encore beaucoup de problématiques en Afrique parce que le continent africain et dans d'autres régions du monde, comme en Asie en particulier, là où les systèmes de santé ne sont pas très robustes, le VIH est une problématique, mais ils ont bien d'autres problématiques de santé. Le VIH, pour vous donner un exemple, en Afrique par exemple, nous finançons des programmes que l’on appelle PTME pour Prévention de la Transmission de la Mère à l'Enfant. Typiquement, en France, il n'y a plus de transmission de la mère à l'enfant.  Une mère qui, au cours de la grossesse, au cours de l'accouchement ou de l'allaitement, va transmettre le VIH, ça n’existe plus beaucoup, tout simplement parce que les femmes sont systématiquement dépistées avec leur consentement mais elles le sont vraiment très systématiquement. Dès lors qu'une femme est dépistée positive, elle bénéficie d'un traitement. Le traitement aujourd'hui permet de ne pas transmettre le VIH ni à son enfant ni à son partenaire sexuel. C'est vraiment quelque chose que je trouve important de répéter parce que malheureusement, ça semble difficilement imprimé dans les oreilles du grand public.  Une personne qui vit avec le VIH aujourd'hui, qui prend son traitement, ne transmet pas le VIH. C'est ça aussi la force du traitement. C'est pourquoi le traitement participe de la prévention. C'est pourquoi aussi,
Des amants maudits, des familles qui s’opposent et un gros problème de communication... Cette semaine, on parle d’un show 100% drag kings intitulé Roméo et Julio, l’amour plus fort que l’extrême droite, une pièce de théâtre portée par les kings de la KingsFactory et écrite par Arthur Rainbow. Porté par la King's Factory, le show s’est déjà produit deux fois à Paris, une troisième date, déjà complète, arrive le 21 mars et il parait que d’autres dates sont à venir... Dans un contexte politique où Marine Le Pen devient présidente de la république, l’extrême-droite prospère et l’extrême-gauche prépare sa revanche. Malgré l’opposition de ces deux clans, Julio de Couillard, fils de Bernard Arnaud de Couillard, partisan de Marine Le Pen, tombe éperdument amoureux de Roméo, le fils adoptif d’Islamogauchiste, grand militant d’extrême gauche. Là je sais que vous mourrez d’envie de savoir ce qu’il advient de ce couple iconique alors pour vous faire patienter d’ici les prochaines représentations, nous recevons ce soir le king Arthur Rainbow pour nous parler de la pièce mais aussi de la scène drag king parisienne. La prochaine représentation est déjà complète, mais Roméo et Julio fera son retour à partir du mois de septembre au théâtre Clavel pour de nouvelles représentations ! Présentation : Diego de Cao Réalisation : Colin Gruel
Les 16 et 17 mars prochain, le festival Plancheur.euses met à l'honneur la bande-dessinée LGBT+ aux Arches Citoyennes. Rencontre avec deux des organisateurices de l'événement. En février 2023, le festival d'Angoulême, événement incontournable du monde de la BD, met à l'honneur le dessinateur Bastien Vivès, dont les BD mettent en scène des personnages pédocriminels et des histoires d'inceste. Des auteurices de BD féministes décident alors de monter un contre-festival d'Angoulême. En quelques semaines à peine, le festival d'Angoudou naît : un week-end pour célébrer des auterices queers et féministes au Hasard Ludique. Après le succès surprise de cette première édition, le festival est de retour, sous un nouveau nom : les Plancheur.euses. Ca se passe les 16 et 17 mars aux Arches citoyennes. Rencontre avec Ludine et Mathilde, toutes deux organisatrices de cette événement à ne pas manquer ! La transcription de l'épisode sera bientôt disponible ! Références citées dans l'émission — Page insta du festival Plancheur.euses : https://www.instagram.com/festivalplancheur.euses/  — Page insta de Ludine (ludynamite) : https://www.instagram.com/ludynamite/  — Page insta de Cécile Cée (cecilcee) : https://www.instagram.com/cecilcee/  — Site des Arches Citoyennes : https://lesarchescitoyennes.fr/programmation — Lien de la pétition contre la dénomination de la station de tramway “Serge Gainsbourg” : https://www.change.org/p/pour-que-la-ratp-renomme-la-future-station-de-la-ligne-11-serge-gainsbourg  — La recommandation de Mathilde :  Klou, "Bagarre érotique", éditions Anne Carrière — La recommandation de Ludine : L'auteirice Elie Saurel (@elie.saurel) L'équipe de l'émission Présentation : Zoé Monrozier Réalisation : Colin Gruel
Alors qu'une enquête nationale nous donne une idée de l'ampleur du harcèlement scolaire en France, on s'intéresse cette semaine à la façon dont ce phénomène touche en particulier les jeunes LGBT. Le ministère de l’éducation nationale a publié ce mois-ci les premiers résultats statistiques issus d’une enquête menée en novembre 2023 auprès d’élèves du CE2 à la Terminale à propos du harcèlement scolaire. Cette action s’inscrit dans le programme pHARe, mise en place par le gouvernement il y a 2 ans pour créer des outils visant à réduire le harcèlement dans les établissements. Une question posée dans ce questionnaire demande si l’élève a déjà reçu des insultes et des moqueries à propos de son physique, de ses origines, de ses croyances ou de son orientation sexuelle. Et il se trouve que c’est l’atteinte la plus recensée dans cette enquête avec 11% de victimes au collège et 7% au lycée. On le sait déjà, les eleves LGBTQ+ sont des cibles privilégiées de harcèlement. Les polémiques sur le lycée privé Stanislas, où règne un climat homophobe selon plusieurs témoignages, nous le rappelle. Une enquête nationale comme celle parue ce mois-ci comme celle-ci pourrait permettre d’appuyer la nécessité de mettre en place des actions concrètes pour faire de l’école un espace safe pour les élèves minorisés. Mais le gouvernement met-il assez de choses en place pour cela ? On peut rappeler par exemple le cas du jeune Lucas, collégien de 13 ans, qui s’est donné la mort en janvier 2023 suite à des vagues de harcèlement de la part d’autres élèves de son collège, élèves qui suite à une poursuite judiciaire ont été relaxés faute de preuves sur le lien entre le harcèlement dont Lucas était victime et son suicide. Pour en parler, nous recevons : Cha Tisserand-Burnel, ex-enseignant.e et membre de l'association Queer Education Gabrielle Richard, sociologue du genre, autrice de Hétéro, l'école ? aux éditions du Remue-Ménage Le Lobby : Que pensez-vous de cette enquête nationale ? Est-ce que c’est une preuve que le harcèlement scolaire est une vraie préoccupation gouvernementale ? Gabrielle Richard : Il nous manque des données sur l'ampleur des phénomènes de harcèlement et particulièrement sur la manière dont ces phénomènes-là vont cibler spécifiquement les questions d'identité de genre et d'orientation sexuelle réelle ou présumée.  Par ailleurs, on doit toujours, questionner les méthodologies de ces enquêtes, notamment quand ça vient d'une instance comme l'Education nationale. En l’occurrence, cette enquête fait état d’un phénomène massif. Mais on est encore sur des chiffres qui sont très loin des chiffres qu'on est en mesure de documenter de longue date dans des pays où le système scolaire globalement similaire à celui de la France. Donc, on peut imaginer qu’il y a une sous-déclaration, ce qui laisse entendre que le problème serait encore d'une plus grande ampleur.  Ce qui est à mon sens à mettre en évidence aussi, c'est que l'Éducation nationale va résumer la question à un problème de jeunes entre elleux. C'est-à-dire qu'on va se positionner en tant qu'adulte comme étant un peu extérieur au problème. On se dit que les jeunes sont violent·e·s, et pour peu qu'on soit assez vigilant·e·s, on va y mettre un terme, on va les éduquer et ça va aller mieux. Mais ce constat-là, il est incomplet, il ne prend pas en considération la manière dont ces comportements sont systémiques, sont pleinement en train d’infuser le milieu scolaire dans les contenus scolaires, dans la manière dont on forme les adultes à intervenir ou à ne pas intervenir dans les silences, dans la salle de classe, dans les espaces scolaires, etc.  Cha Tisserand-Burnel : Et puis poser un diagnostic, c'est intéressant, on est toujours d'accord avec ça. Par contre, si ça s'accompagne pas de moyens pour mettre en place des dispositifs ou bien tout simplement appliquer les dispositifs qui existent déjà, ça reste insuffisant. Oui d'accord, on a des données super. Et maintenant quoi ?  Est ce qu'il existe par exemple des formations pour les enseignants à l'heure actuelle ? Gabrielle Richard : La majorité du personnel scolaire peut ne jamais avoir entendu parler de cette thématique de genre et de sexualité ou d'identité, de genre et d'orientation sexuelle. L'essentiel des formations qu'on voit à l'heure actuelle en France, ce sont des formations qui sont complémentaires, qui sont organisées à l'initiative de directions d'établissements ou à l’initiative d’académies. Le problème, c’est que généralement ces formations touchent un public qui est déjà un peu intéressé et formé sur le sujet. On ne va pas toucher la majorité des gens qui trouvent que ce sont des sujets qui n'ont rien à voir avec l'école, qui trouvent qu'il n'y a pas. Il n'y a pas de problème autour de ces questions de LGBT phobie en milieu scolaire, donc on passe à côté du véritable problème finalement. Cha Tisserand-Burnel : À titre personnel, je n'ai pas vraiment l'impression, dans mon parcours dans l'Éducation nationale, qu'il y ait une réelle volonté de vouloir former les enseignants. Il y a un discours qui dit :” c'est pas bien d'être homophobe”. Super… Maintenant qu'est ce qu'on fait des collègues qui sont signalés comme homophobes par leurs collègues, par leurs élèves, par les parents d'élèves ? Il se passe rien.  Nous, on est un peu démuni·e·s. En tant que profs queers, on se retrouve à devoir aussi éduquer nos collègues sur notre temps personnel, sur nos temps de pause. Et on se prend aussi un backlash évidemment, puisqu'on est toujours suspecté·e·s de prosélytisme ou de toujours avoir un positionnement non neutre. Il y a même des collègues syndiqué·e·s qui nous accusent de diviser les luttes… Gabrielle Richard : En l'absence de formalisation de ces efforts de formation dans l'Education nationale, on va demander des informations sur le sujet aux rares collègues qui sont en capacité d'être out ou dont on présume qu'iels sont out en milieu scolaire, ou bien on va obtenir ces informations parfois d'élèves concernés qui ont fait leur coming-out. Je vous laisse imaginer ce que ça génère pour des élèves concernés. Déjà il faut faire un coming-out en milieu scolaire, c'est une prise de risque conséquente de surcroît, quand on est une personne mineure, de surcroît quand on dépend de l'adulte pour nous noter, nous évaluer, etc. Donc c'est une prise de risque considérable. Et si en plus on se retrouve dans une posture de devoir éduquer et expliquer à l'adulte qui on est ou comment aller de l'avant sur ces questions-là, ça précarise d'autant plus ce qu'on essaye de mettre en place.  En fait, on ne cherche pas à regarder le véritable problème. Alors qu’il est absolument nécessaire qu’on s’y attarde. Le travail de pédagogie sur les questions LGBT revient à des associations qui sont sur-sollicités, qui ne sont pas financées, et c'est d'une certaine manière une manière pour l'Éducation nationale de se de se mouiller sans trop se mouiller sur ces questions-là. Cha Tisserand-Burnel Est-ce que la sensibilisation sur le harcèlement peut trouver sa place plus efficacement avec d'autres structures et en dehors de l'école, ou alors par des interventions régulières d'associations dans les établissements ? Cha Tisserand-Burnel : Le problème, c'est que les associations qui interviennent déjà, elles sont triées. Donc n'importe qui ne peut pas venir intervenir dans un établissement scolaire, même si on peut toujours négocier. Si on a une direction qui est un peu plus flexible, ça peut arriver. Mais c'est des mois de négociation sur, encore une fois, du temps personnel bénévole de la part des enseignants. Et puis quand ces associations arrivent à venir jusqu'aux élèves, elles sont rarement rémunérées, ou alors à des tarifs dérisoires, sauf certaines associations suffisamment établies pour avoir pu négocier avec le rectorat. Donc dans tous les cas, en fait, on se retrouve avec un tissu associatif qui fait le travail du gouvernement, travail pour lequel le gouvernement est payé par contre. Donc en fait oui, bien sûr, les associations toujours, mais parce qu'on se repose sur elles.  Gabrielle Richard : On le voit beaucoup à l'heure actuelle avec les questions d'accueil des élèves trans ou non-binaires. L'Éducation nationale s'est dotée d'une circulaire en septembre 2021, qu’on a appelée la “circulaire Blanquer”. Fantastique ! On peut s'en réjouir.  Mais très concrètement, on va souvent s'en remettre à quelques associations qui sont sur -sollicités, qui ne sont pas davantage financées, et c'est d'une certaine manière une manière pour l'Éducation nationale de se de se mouiller sans trop se mouiller sur ces questions-là.  Gabrielle, tu as mentionné la circulaire Blanquer. Est ce que tu pourrais revenir en plus en précision sur certaines mesures présentes dans le texte ? Gabrielle Richard : Alors, la circulaire s'appelle en fait “Pour une meilleure prise en compte de l'identité de genre en milieu scolaire”. Elle écrit noir sur blanc que la transidentité est un sujet qui concerne l'école. Je le cite parce que c'est d'une importance capitale. Jusque-là, dans l'Éducation nationale, il était tout à fait possible pour des adultes de se désinvestir de ces sujets.  La circulaire est volontairement flexible dans son application. Là où elle n'est pas flexible, par contre, c'est dans les conditions permettant la modification des prénoms et pronoms utilisés au sein d'un établissement scolaire et les modalités prévues par la circulaire. C'est-à-dire que quand un élève est mineur et si cet élève n'a pas l'approbation de ses deux parents ou responsables légaux, l'établissement scolaire ne peut pas accéder à sa demande de modifier ses prénoms et pronoms sur tout ce qui est document officiel. Si l'élève est mineur et a l'aval de ses deux responsables légaux, l'institution scolaire est tenue d'accéder à sa demande.  On pourrait se dire que c'es
REDIFFUSION. Cette semaine, notre invité est Lou Trotignon, dont le spectacle "Mérou" se joue en ce moment à guichet fermé à la Nouvelle Seine. "Mérou", étrange nom pour un spetacle de stand-up queer. Mais saviez-vous que le mérou pouvait à loisir changer de sexe pendant sa vie ? C'est l'une des choses que vous apprendrez si vous vous rendez au spectacle de Lou Trotignon, qu'il joue ces jours-ci à La Nouvelle Seine (Paris 5e). Cette semaine, ça fait même un an tout pile que son spectacle a commencé à tourné. En un an, il a changé, et Lou aussi. « Mon spectacle transitionne en même temps que moi », plaisante-t-il. Lou Trotignon sera le 29 novembre au mk2 Quai de Seine pour une projection en avant-première de Orlando, ma biographie politique, le nouveau film de Paul B. Preciado. Son spectacle se joue toujours chaque jeudi à 19h30 à La Nouvelle Seine. Les représentations sont toutes complètes, mais il sera de retour dès le mois de janvier, au même endroit. Et vous pourrez aussi le voir à Bayonne les 1er et 2 décembre, et à Avignon le 16 décembre. Qu'est ce qui te touche le plus dans ton métier d'humoriste?  Lou Trotignon : Ce qui me touche le plus, je pense, c'est quand je vois que mon parcours fait écho à d'autres personnes qui vivent les mêmes choses ou pas forcément. Une fois, un mec hétéro, la cinquantaine, est venu me voir après le spectacle et m’a dit : “moi aussi je doute sur plein de trucs, pas sur mon identité de genre, mais je doute”.  Raconte-nous tes débuts dans le stand-up J'ai commencé il y a deux, trois ans. À l’époque, je pensais que j'étais une meuf hétéro. Donc mes débuts, mes premiers sketchs, je racontais que tout le monde pensait que j'étais lesbienne alors que pas du tout. Donc j'ai dû tout réécrire en fait ! Au début, j'ai commencé dans une scène où il y avait que des meufs, parce qu'à l'époque, pour jouer en tant que meufs, il fallait aller à des plateaux pour les meufs. C'était comme ça que ça se passait. J'ai tout de suite été confronté au sexisme, on m'a fait des retours sur mes blagues en me disant “non, c'est pas comme ça qu'il faut dire” ou “c'est pas bien pour une meuf d'être comme ça”. Et du coup j'ai arrêté. Et plus tard, j’ai assisté à un atelier d’écriture avec Tahnee, une autre humoriste queer. On s'est rencontrés, elle m’a poussé à remonter sur scène, j'ai vu que les gens rigolaient, qu'il y avait un public, et du coup ça m'a touché. Et je me suis dit que j’allais continuer. Est ce que tu as cherché à voir d'autres humoristes queer ? Et ça a été important pour les représentations que t'avais autour de toi ? Moi, ça m'a pris du temps avant de me dire que j'étais queer. Je suis monté sur scène en pensant que j'étais hétéro, mais j'allais principalement à des spectacles queers. J'ai vu le Comedy Love, par exemple. C’est un spectacle créé par Tahnee, Mahaut et Lucie Carbone, avec aussi Noam Simseau maintenant. Et c'est que des queers et/ou féministes sur scène. Et ça m'a fait du bien d'être dans une salle de spectacle sans recevoir des blagues homophobes racistes. Je me suis juste senti bien et je me suis dit que j’avais envie de procurer moi aussi cette joie-là. Dans son spectacle Nanette, l’humoriste Hannah Gadsby parle de sa volonté de quitter le monde du spectacle comique, car il est trop douloureux de passer par l'auto-dérision autour de son expérience en tant que personne queer. Qu'est ce qu’elle représente pour toi, Hannah Gadsby ? C’est un modèle. Quand j’ai vu son spectacle, je n’avais pas enore commencé le stand-up. Et c'est en voyant son spectacle que je me suis dit : “ah oui, il y a la place pour les personnes queers”. Donc elle a une place énorme dans mes inspirations. C’est aussi un modèle en termes de technique d’humour : son dernier spectacle, Something special, et une masterclasse de storytelling. Et en regardant ces sketchs, j'ai appris à écrire des blagues qui moi me faisaient plaisir, où je me moquais pas du fait que j'étais trans, mais je me moquais des trucs qui moi me font rire dans la transidentité, ou dans la transphobie parce que je trouve que la transphobie est très drôle des fois, dans le sens où elle est un peu absurde et tu peux vite la débunker.  Alors comment est ce qu'on peut faire de l'humour sur les expériences queer sans que l'autodérision prenne un sens trop lourd?  Déjà je pense qu'il faut être concerné pour en parler. Moi, ma méthode, c’est que je pars d'une émotion et après j'écris des blagues. Et mon émotion c'est jamais une haine de moi-même que je transformerais en blagues pour soulager la douleur. J’ai plutôt envie de créer un spectacle feel-good.  Il y a 120 personnes dans cette salle où je joue et je veux que tout le monde se sente connecté. Lou Trotignon Après, ça n’empêche pas d’avoir recours à l’autodérision, et ça peut être très drôle. Au début de mon spectacle, je dis que j'utilise tous les pronoms, mais en même temps pas vraiment : j’utilise “il” mais j’aime pas qu’on dise que je suis un homme”, l’idéal ce serait “iel” mais j’arrive pas à m’y faire… Et après les gens sont confus. Mais c'est pas vraiment de l'autodérision, cette blague, dans le sens où je suis pas en train de dire que c'est nul d'avoir plusieurs pronoms, je dis juste c'est marrant ce que ça crée comme confusion à l'intérieur de moi et pour les autres. Si tu pars de ton émotion et que c'est une émotion de détestation de toi-même, ça va se sentir sur scène. Mais l'autodérision peut être drôle aussi.  C'est un spectacle sur et pour la communauté queer, et tu le dis au début : pendant une heure, tout le monde, toute la salle est queer. Qu'est ce que tu cherches à produire en mettant tout ton public dans cette case, y compris le public cishétéro ?  Bah en fait, au début, quand j'ai commencé mon spectacle, je demandais toujours : qui est queer dans la salle et qui est hétéro dans la salle. Et je sentais que ça scindait la salle et j'avais pas envie de ça. J'aurais pu, ça aurait été tout à fait légitime que je veuille scinder la salle en deux et que les personnes hétéros se sentent un peu visées. Mais je veux créer une unité. Moi, ce qui m'intéresse dans mon spectacle, c'est qu'il y ait une connexion. Il y a 120 personnes dans cette salle où je joue et je veux que tout le monde se sente connecté. Je me dis que si une personne hétéro vient voir le spectacle en se demandant un peu à quele sauce elle va être mangée, et que finalement elle se sent acceptée dans le truc, qu’elle joue le jeu pendant une heure, et qu’elle sort en se disant “on s’est sentis connectés”, alors peut-être que le gap entre nous et eux disparaîtra un peu, au moins pendant une heure.  Tu racontes notamment dans ton spectacle un moment de solitude face à un public peu averti. Est ce que t'as déjà été surpris de l'accueil de ton spectacle de la part d'un public pas queer ? Oui, tout à fait ! J'ai fait une tournée avec Le Printemps du rire. Donc le principe de ce festival, c'est qu'on va jouer dans des villages autour de Toulouse, où il y a peu d'accès à la culture. Et à un moment, j'arrive à Pointis-de-Rivières, dans une salle des fêtes, il y a des enfants, ça résonne… Et là, bêtement, je me suis dit que ces gens-là n’allaient jamais comprendre mon propos.  Et en fait, je suis monté sur scène et j'ai souri. Je leur ai parlé et ils étaient à fond. Ça s'est hyper bien passé. Ils sont venus me voir à la fin en me disant que c’était la première fois qu'on leur parlait pas comme à des idiot·e·s sur ce genre de sujet. Et j'ai compris que j'avais des a prioris énormes sur des publics : en fait, c'est pas parce qu'ils sont hétéros qui vont pas capter !  Il faut savoir faire preuve de pédagogie sur ces sujets : moi, ma sœur est trans aussi, et quand elle m'a fait son coming-out j'ai fait plein d'erreurs au début parce que je ne faisais pas partie de la communauté queer, je n'avais pas les outils… Alors j'essaye de me remettre à cette place là pour un peu expliquer. C'est normal, il y a des choses que vous savez pas, on vous les apprend pas. Donc moi je suis là pour ça en gros.  C'est pour ça que dans ton spectacle, il y a des moments un peu didactiques : tu demandes au public si tout le monde sait ce qu’est la testostérone, par exemple. Il y a une vraie volonté de transmission de l’information…  En fait moi ce qui m'intéresse dans le médium de l'humour, c'est que c'est une manière de faire passer des informations et des connaissances avec du rire, en désamorçant les choses. Et le rire, ça met tout le monde d'accord. Quand une salle entière rigole, c'est trop plaisant, quoi ! Après, je pense qu'il y a d'autres manières de militer. Moi, je pourrais pas faire ça si à côté, il n'y avait pas toutes les personnes qui militaient de manière très sérieuse. S'il y avait que l'humour, ça marcherait pas.  Tu partages beaucoup de ton intimité dans ton spectacle et c’est aussi ce qui le rend politique. Notamment un passage où tu mentionnes la période où tu as travaillé dans un club de strip tease. Est ce que ça a été difficile d'articuler un propos aussi politique tout en jouant sur la corde de l'humour?  Ce texte-là, où je raconte que j’ai travaillé dans un club de strip-tease, c'était le texte le plus difficile à écrire de mon spectacle. Je trouvais trop difficile de le tester en Comedy Club.  Le travail du sexe est un sujet très compliqué. J’ai travaillé ce moment avec mon metteur en scène, et on est d'abord passé par un gros travail pour comprendre pourquoi cette expérience était difficile, de quelle manière je veux mettre de l'humour et à quel endroit. Et du coup, ouais, c'était difficile.  En plus, c'est un sujet très peu traité dans l'humour en France, même ailleurs. J'ai vraiment cherché partout. Souvent, c'est des gens qui racontent qu'ils ont eu une expérience et que c'était marrant. Mais personne n'a vraiment été travailleur ou travailleuse du sexe dans ce que j’ai vu.  J’ai hyper envie de parler travail du
La littérature jeunesse ne brille pas par la diversité de ses représentations. Mais ce n'est pas une fatalité. "J'aimerais t'y voir !". C'est le nom d'une nouvelle collection de la maison d'édition "On ne compte pas pour du beurre", en librairie dès le 22 février. À destination des professionnel.le.s des métiers du livre et de toute personne soucieuse d’offrir des lectures riches et variées aux enfants. Où sont les albums jeunesse anti-sexistes ? Où sont les personnages d'enfants non-blancs dans la littérature jeunesse ? Où sont les personnages LGBTQI+ en littérature jeunesse ? Ce sont les questions que posent les ouvrages de cette nouvelle collection qui comporte pour l’instant trois ouvrages, écrits par Sarah Ghelam, Spencer Robinson et Priscille Croce. Avec nous pour en parler, Sarah Ghelam, directrice de la collection "J'aimerais t'y voir", autrice et chercheuse. Le Lobby : Quels livres t'ont marquée dans ta jeunesse ? Sarah Ghelam : La plupart des albums que j'ai lus petite, c'était par l'abonnement à l'École des loisirs. Je ne sais pas si tu vois ce que c'est... Il y a un partenariat que les écoles peuvent avoir avec l'École des loisirs où les élèves reçoivent un abonnement. Ça fonctionne par tranche d'âge. Et je me souviens de la taupe qui avait un caca sur la tête. C'est ce livre qui m'a beaucoup marqué, petite. Tu as fait un master des métiers du livre et de l'édition, ton mémoire portait sur la représentation racisée des personnages non-blancs dans les albums jeunesse publiés en France entre 2010 et 2020. Tu as commencé une thèse récemment, toujours sur les représentations en littérature jeunesse. Sur quoi porte tes recherches désormais ? Dans mon mémoire, je travaillais sur comment étaient représentés les personnages non-blancs quand ils le sont ? Et là, j'agrandis mon sujet puisque je travaille sur la production de ces albums-là et sur la réception des albums par les enfants. C'est-à-dire qu'en France il n’y a pas de travaux sur l'intégration des normes raciales par les enfants. On sait à quel âge les enfants sont capables de faire la différence physique entre filles et garçons, et à quel âge ils commencent à intégrer les normes genrées. Pour les questions raciales, il n'y a rien du tout. En fait, j’avais envie d’aller voir ce qui se passe quand un enfant vient vivre, à quel âge un enfant est capable de faire la différence entre un personnage blanc et un personnage non-blanc. Sur la base de quels critères, de quelle colorisation, à quel âge ils sont capable de se dire “ce personnage est non-blanc comme moi”. Est ce que ça va avoir un impact sur la réception album, sur l'identification ? Quel était le point de départ de tes recherches ? J’ai d’abord voulu travailler sur les structures féministes dans le milieu de l’édition, pour montrer qu’elles étaient peu inclusives pour les personnes racisées. On m’a dit que ce travail n’était pas tellement utile, et on m’a conseillé de travailler plutôt sur les représentations de personnages non-blancs dans les albums jeunesse, là c'est nécessaire. Là, il y a un sujet, là il y a quelque chose. Donc, au départ, j'étais un peu vénère parce que moi, je voulais travailler sur qu'est ce que les féministes avaient produit et je voulais parler du racisme du milieu féministe. Donc j'y ai été un peu à reculons, mais on m'a un peu obligée à changer de sujet. Donc je l'ai fait. Et finalement, ce sujet m’a paru progressivement très nécessaire, et j’ai décidé d’aller jusqu’au bout. Tu travailles en tant que relectrice pour les éditions “On ne compte pas pour du beurre”, créées en 2020, qui proposent donc des albums jeunesse avec des personnages queers et/ou racisées. La semaine prochaine, ces éditions lancent la collection “J’aimerais t’y voir”, dont tu seras la directrice. Les trois premiers titres sortiront le 22 février : “Où sont les personnages LGBTQ+ en littérature jeunesse ?”, “Où sont les albums jeunesse anti-sexistes ?” et “Où sont les personnages d'enfants non-blancs en littérature jeunesse ?”, écrits avec Spencer Robinson et Priscille Croce. Peux-tu nous raconter d’où t’est venu ce titre, “J’aimerais t’y voir” ? Il m'est venu pendant un concert lesbien, c’était Mélodie Lauret. Il y a une chanson qui est passée qui parlait du fait d'exister. C'est venu tout seul. Au départ on avait pensé à “Miroir Miroir” pour parler de représentation, de représentation, miroir. C'est un petit clin d'œil aux contes de fées. Sauf qu'un podcast de Jennifer Padjemi porte déjà ce titre-là. Et puis c'était un peu trop, trop doux, trop gentil. “J’aimerais t’y voir”, c'est une double adresse, comme dans la littérature jeunesse. La “double adresse”, c’est quand un album s'adresse aux petits enfants, mais aussi aux adultes qui achètent des livres. Et là, c'est une double double adresse aussi, c'est une adresse aux professionnels du livre. On leur dit “J'aimerais bien vous y voir à notre place  vous dites que vous ne ressentez pas le besoin d'être représenté.e, j'aimerais bien vous y voir à ne pas être représenté en littérature jeunesse” et aussi une adresse à tous les enfants de nos communautés. On aimerait bien pouvoir les voir dans les albums jeunesse.  À qui cette collection s'adresse-t-elle ?  Alors on l’a pensée pour les professionnels du livre et de l'enfance et de la culture. Par ailleurs, toute personne qui est intéressée par la question des représentations dans les albums jeunesse peut se l'approprier. Il y a deux ans, on avait fait une rencontre au Monte-en-l'Air (Paris 20) pour questionner les normes genrées. Il y avait des professionnels du livre, des professionnels de l'enfance et aussi plein de tontons-tatas qui étaient là, qui nous disaient qu’iels n'y connaissaient rien en littérature jeunesse, qui n’avaient pas d’enfants, mais qui ne voulaient pas offrir n’importe quoi aux neveux et nièces… Donc il y a tout le monde qui peut s'en emparer, mais le public cible, ça reste les professionnels du livre et l'enfance. Pour toi, ce serait quoi, un bon album jeunesse ?  Bon, il y a mes goûts à moi et après il y a les critères qu'on pourrait mettre en place sur une bonne sélection des albums jeunesse. Les professionnels du livre ont tendance à dire qu'un bon album, c'est un album qui est un album vraiment subversif, qui transformerait l'enfant-lecteur. Et c'était d'ailleurs l'une des critiques principales qu'on a faite à mon livre, “Comme un million de Papillons Noirs”, qui serait trop démonstratif et pas vraiment subversif… A la lecture d'un album, j'ai mes coups de cœur bien sûr, qui sont très subjectifs, et j'aurais envie de dire qu'il n'y a pas de bon album dans l'absolu.  C'est un peu ce qu'on va essayer de dire dans cette collection, de dire que chaque album permet certaines choses. Il n'y a pas de bon ou mauvais album. Il y a des albums qui permettent différentes choses, notamment sur les albums antisexistes. Il y a des albums antisexistes qui ne sont pas forcément pertinents dans le sens où c'est quelque chose qu'on retrouve notamment sur les réseaux sociaux quand il s'agit d'épingler des propos sexistes. Épingler des propos sexistes, ça revient quand même à les partager. Donc un enfant lecteur qui serait très jeune, qui n’aurait jamais entendu ces propos sexistes-là, ce ne serait pas forcément pertinent de lui offrir cet album anti-sexiste, parce que peut être que c'est un enfant à qui on n'a jamais dit “ah ben non, les garçons, ça pleure pas, les garçons, ça ne peut pas porter de robes”. Non, un enfant qui n’aurait jamais été confronté à ces injonctions-là, ça ne serait pas forcément pertinent de lui offrir un album qui les remet en cause.  Par contre, un enfant qui aimerait aller à l'école avec une robe, mais c'est vraiment une difficulté, cet album, ça peut être super précieux parce que ça peut être un début de conversation sur ce petit enfant. Il a été à l'école avec une robe. Est ce que toi tu en auras envie ? Pourquoi ? Pourquoi pas ? Donc si il faut donner des coups de cœur, je peux t'en donner. Mais je pense pas qu'il y ait un albums qui soit le bon dans toutes les circonstances, pour toutes les situations.  Par exemple, j'ai fait des ateliers de lecture pour toutes et pour tous, donc j'ai amené des albums avec des représentations marginalisées. Je discute par mail avec les animatrices et je leur dis que je vais débarquer avec des albums avec des personnages non-blancs et/ou LGBTQI+. Elle me disent : “non-blanc, c'est très bien”. Du coup, moi je comprends, il faut que des personnages non-blancs, mais dans mes personnages non-blancs, il y a des personnages LGBTQI+.  Du coup, je commence à lire un conte extrait de “Il était une autre fois”, ce sont des relectures de contes féministes écrits par Anne-Fleur Multon.  Je lis “La Belle et la bête”. À la fin du conte, deux femmes tombent amoureuses. Et du coup, moi, qui suis moi-même lesbienne, je lis ce conte-là à tous les petits enfants et je suis très heureuse. Et là, en cœur, au moment du bisou, il y a un “beuuuurk” collectif dans le groupe d’enfants, et alors je comprends en fait que c'est pas un public où c'est pertinent de débarquer sans qu'il y ait de moments de discussion, de sensibilisation avec un album lesbien.  Donc si on me demande quel est mon recueil de contes préférés, çe sera celui là, mais ça ne va pas forcément être le bon pour tous les enfants et toutes les situations. Là, il aurait fallu que ce soit un moment de discussion, et pas seulement de lecture. Un moment de sensibilisation, un espace d’échange. Là, j'ai juste vu plein d'enfants qui disent “beurk” et qui vont après répéter à leurs parents “On nous a montré des lesbiennes !”  Ca veut dire que pour renverser les normes établies, ça ne suffit pas de juste représenter des familles plus diverses, par exemple ? Ça ne fonctionne pas tant qu’on ne vient pas vraiment interroger la norme hétéro ?  Chaque titre amène une typologie différente. Priscille Croce met en avant trois différents types de stratégies narratives pour questio
Comme bien des téléréalités, la Star Academy n'échappe pas à l'hétérosexualité obligatore. Pourtant, nous les queers, on continue à regarder. Comment expliquer ce paradoxe ? La semaine dernière, Pierre a remporté la Star Academy face à Julien. Un dernier match 100% testostéroné pas passionnant, qui ne fait pourtant pas oublier que le casting a été haut en couleurs cette année. On a bien sûr adoré la benjamine Lénie ou la belge Héléna, mais, soyons honnêtes, on n'avait d'yeux que pour Djebril et Axel, les deux candidats ouvertements gays de la saison. Cette semaine dans Le Lobby, on vous propose donc un débrief queer de cette dernière saison de la Star Academy, pour tenter de comprendre ce qui nous plaît à nous les LGBT dans ce télé-crochet incontournable. Pour en parler, nous recevons Maureen Lepers, docteure en cinéma et audiovisuel, elle donne un cours à l'Université de la Sorbonne-Nouvelle sur la téléréalité, et Chris Da Cunha, experte de la Star Academy Présentation : Colin Gruel Réalisation : Marie Leroy
Le Pape François a annoncé vouloir bénir les couples "irréguliers", déclenchant la fronde de nombreux évêques en France et à travers le monde... Il y a un mois, le dicastère, un organisme qui permet au Pape d’exercer son pouvoir, a publié la déclaration “Fiducia Supplicans". Ce texteouvre la possibilité pour les prêtres ou diacres de bénir les couples homosexuels ou divorcés-remariés. En décembre, le pape François s’est même dit favorable aux unions des couples de même genre. Le Pape François, on le sait, se montre plus progressiste que ses prédecesseurs, notamment sur la question de l'homosexualité. Et c'est bien pour cela qu'il ne fait pas l'unanimité. Ses déclarations ont suscité la fronde de plusieurs épiscopats, notamment en Afrique. Y a-t-il il une crise dans l’église catholique, que les questions LGBT auraient fait émerger ? Pour en parler, nous recevons Cyrille de Compiègne, président et porte-parole de David et Jonathan, une association queer chrétienne fondée en 1972, qui se définit comme l’interface entre le milieu LGBT+, les Églises et espaces de spiritualité, et l’engagement associatif et militant. Le Lobby : Selon de nombreux catholiques, le fait que l'homosexualité est un péché ne respecte pas l'Evangile puisque l’Evangile promeut une sorte d’amour universel. Qu’est-ce que vous en pensez ? Cyrille de Compiègne : Effectivement, on pourrait voir un paradoxe dans le fait qu'il y a une condamnation morale de l'homosexualité. Là où l'Église catholique essaye de s'en sortir, c'est qu'elle dit non, non, moi je ne condamne pas les personnes, je condamne les actes homosexuels et donc essaye de faire une distinction qui à notre sens ne tient pas la route. Il y a même un passage qui dit que ces personnes doivent être traitées sans discrimination, avec délicatesse, etc. Il y a une négation de la violence qui est portée par ce discours là. D'où l'importance de systématiquement rappeler que ce discours est agressif et violent.  Il faut que la doctrine morale en matière de sexualité change dans l'Église catholique. Mais disons qu'elle ne se voulait pas au départ offensive pour les personnes. On n'est plus sur une norme qui est extrêmement rigide et qui du coup ne tient absolument pas compte de certaines réalités de vies. En tout cas, n'est pas capable d'en tenir compte.  Comment a réagi la communauté LGBT catholique à  la déclaration “Fiducia supplicans” ?  Ce discours de condamnation morale de l'homosexualité a été posé par des textes qui sont des textes du Magistère, qui sont issus directement du Vatican et qui ont été très renforcés de manière récente sur les pontificat de Jean-Paul II et Benoît XVI, qui ont donc en fait instauré ce que l'on connaît du conservatisme catholique sur le sujet. Il y avait déjà des pressions pour qu'il y ait des évolutions sur la question de l'homosexualité qui, du coup ont été complètement refermées. Du coup, comparativement, quand le pape François est arrivé et qu'il a notamment dit la petite phrase “Qui suis-je pour juger ?” Il a soulevé un vent d'espoir très important.  Sa démarche à lui, ça a été de dire “je ne vais pas attaquer de manière frontale la doctrine parce que c'est très compliqué à faire évoluer”. C'est tellement entériné et ça suscite tellement de crispations que ce n'est pas possible. Enfin, dans l'idée de sa démarche, c'est pas possible d'aller directement vers le changement officiel du texte moral. Sa démarche plutôt jésuite, parce que c'est un jésuite, ça a été de rencontrer les personnes et donc c'est vrai qu'il a rencontré des personnes LGBT, il a essayé de se mettre à l'écoute et il a dit il faut qu'on accueille de manière plus affirmée les personnes dans nos églises.  Ça a à la fois induit de vraies évolutions, en tout cas dans les églises occidentales. Le problème étant que du coup, ça creuse un peu un écart entre un discours qui continue de condamner et une posture qui se veut une posture d'accueil. Sachant que l'exigence d'accueil dans les églises chrétiennes, c'est quand même important, ce qui suscite quand même aussi beaucoup de malaise en local parfois.  Et je pense qu’il y a pu avoir un espoir, un enthousiasme qui s'est affadi avec le temps, au sens où en fait il a dit une chose et son contraire. Et puis on ne savait plus trop où il allait, voire on avait l'impression qu'il y avait beaucoup de contradictions dans le discours, etc. Et la réaction c'est … que de complexité pour dire pas grand chose. Voilà, au sens où on est obligés de prendre beaucoup de pincettes et de passer par tout un tas de formules et de tournures et et d'y aller très prudemment pour faire accepter quelque chose qui en fait est une avancée relative, puisque certes il y a la possibilité de bénir des couples, mais alors déjà ce qu'il faut savoir, c'est que ça ne se faisait déjà. En fait, c'est juste que ça se faisait sans se dire. En contexte français plutôt de manière exceptionnelle. C'était parce qu'on connaissait un prêtre ou parce qu'il y avait certaines traditions d'ouverture dans certaines paroisses.  Mais malgré tout il y avait déjà des personnes qui s'étaient autorisées à le faire. C'est aussi une réponse à ça. Et puis c'est une bénédiction. Mais alors le texte rappelle quand même beaucoup que attention, pas de confusion avec le mariage, met beaucoup de nuances. Il ne faut pas être un habits de mariage.  C'est aussi assez violent pour les personnes de se voir rappeler quand même que non non, il y a une vraie différence et que vous n'avez pas accès à ce à quoi ont accès les hétéros. Alors que l'aspiration, et notamment encore plus depuis qu'il y a le mariage civil qui est possible, c'est quand même d'avoir une forme de célébration religieuse qui accompagne le mariage civil. Donc je pense qu'il y a à la fois un signal positif qui a été envoyé et en ce sens, cela a été bien reçu par des personnes qui savent d’où on part, et en même temps cette frustration, voire un ressenti de violence très fort de ce rappel que bah non, vous êtes dans le péché et vous ne serez en tout cas pas du tout à égalité avec les couples hétérosexuels.  La prêtrise et les ordres religieux ont été une voie privilégiée pour des hommes qui du coup étaient pas forcément à l'aise avec leur sexualité ou savaient qu'ils ne pouvaient pas accéder au mariage hétérosexuel étant donné qu'ils étaient homosexuels Cyrille de Compiègne Est ce que justement le fait qu'il y ait tout ce discours assez complexe, tu penses que ça révèle un malaise de la part de l'Église catholique vis à vis des homosexuels?  Vaste sujet. En fait, il y a un problème de l'Église autour de la sexualité. En gros, ce qu'on dit, c'est que l'Église catholique a notamment d'autant plus chercher à normer la sexualité depuis le XIXᵉ siècle qu'elle a perdu du pouvoir dans la sphère publique et sociale. Et du coup, elle s'est beaucoup concentrée sur la sphère privée, avec du coup une espèce d'obsession de la sexualité qui n'a pas cessé de monter et qui s'est vraiment accentuée même après, dans les années 60-70, 80, 90. Ce sont des choses assez récentes en fait. Il y a eu une construction de la théologie morale, de la famille, de la sexualité et du couple qui était très normative L'idée c'est qu’il y a un plan de Dieu pour les êtres humains. Il est fondé en nature, il y a une nature de l’homme et une nature de la femme qui peuvent avoir une sexualité ensemble, mais avec une visée procréative, d'ouverture à la vie. Donc un couplé hétérosexuel avec des enfants dans le cadre du mariage, de manière fidèle, etc. Et ça c'est très strict.  Le problème c'est que ça a été posé et défini de manière tellement stricte que c'est devenu quasiment impossible à faire évoluer. Et ce qu'il faut savoir aussi, c'est que quand ça a été défini, il y a eu des théologies féministes dans les années 60, il y a eu des tentatives d'autre chose, mais qui ont été complètement étouffées. Il n'y a pas non plus, à l'heure actuelle, des moyens institutionnels ou une liberté de parole dans l'Église catholique pour faire émerger autre chose. Ce qui fait que dès qu'on essaye de dire qu'on va changer la doctrine, la morale sexuelle, et bien c'est perçu comme une menace. Ça y est, on veut tout déconstruire, tout va s'effondrer et ce serait la grande perte de civilisation si je caricature. Le fait qu'il n’y ait pas non plus une parole alternative, ça renforce aussi cette angoisse d'un certain contexte catholique qui en fait voit tout de suite ça comme une menace si on cherche à faire évoluer les choses. Il y a un autre point aussi qui est assez important qui est un secret de polichinelle, le clergé est très gay. La prêtrise et les ordres religieux ont été une voie privilégiée pour des hommes qui du coup étaient pas forcément à l'aise avec leur sexualité ou savaient qu'ils ne pouvaient pas accéder au mariage hétérosexuel étant donné qu'ils étaient homosexuels. Et il y a énormément de prêtres gay, à priori systématiquement plus de la moitié des prêtres qui sont gays si c'est pas beaucoup plus. Et le problème c'est que il y en a beaucoup qui sont au placard, qui n’est pas serein. Ils peuvent être en difficulté par rapport à ça, voire avoir des doubles vies. Et c'est vrai que ça n'aide sans doute pas en fait à ce qu'il puisse y avoir une évolution de l'Église catholique au sens où ça renforce la crispation parce que les personnes qui ont autorité sont elles mêmes prises dans un rapport qui n'est pas très sain finalement, en fait, souvent à leur propre sexualité.  Est ce que tu dirais que ça aussi à voir avec une sorte de culpabilité judéo-chrétienne et qui s'applique pour la sexualité en général, mais aussi en particulier pour l'homosexualité?  Effectivement, on peut avoir cette vision que l'Église catholique a entretenu un rapport assez culpabilisé à sa sexualité. En fait, quand je disais qu'il y avait une évolution de la morale sexuelle dans les années 70-80, en fait, le pape Jean-Paul II, ce qu
D'Alice Coffin à Gabriel Attal en passant par Florian Philippot, les LGBT sont désormais partout dans le monde politique. Avec des façons d'en parler et des positionnements parfois très éloignés... « Être Français en 2024, c'est, dans un pays qui il y a 10 s'est déchiré sur le mariage pour tous, pouvoir être Premier ministre en assumant ouvertement son homosexualité ». La formule, inattendue de la part du nouveau chef du gouvernement Gabriel Attal, est un peu passée sous les radars lors de son discours de politiqiue générale, qui avait lieu mardi 30 janvier. Pourtant, sa nomination est loin d'être anodine. Avec nos invité·e·s, on s'est demandé quelles places étaient réservées aux LGBT dans le monde politique. Quels point communs entre un Jean-Philippe Tanguy, jeune député RN ouvertement gay, qui souligne le courage des "folles" (que le fondateur de son parti stigmatisait allègrement), et une Alice Coffin qui a fait de son homosexualité le coeur de son engagement politique ? Entre une Marie Cau, première mairesse trans élue en 2020, et un Bertrand Delanoë, qui en novembre 1998 a fait son coming-out sur M6 ? On en parle avec Sonia Tir, ex-journaliste, conseillère politique à la ville de Paris, et autrice de Sortir du placard. LGBT en politique, qui sort ses jours-ci aux éditions Fayard. Dans cet essai, elle a rencontré de très nombreuses personnalités politiques ouvertement LGBT, ainsi que Thomas Ménagé, député RN du Loiret, qui dans les pages du livre révèle son homosexualité. Un fait loin d'être anodin, qu'on commente avec l'historien Mickaël Studnicki, auteur d'une thèse sur le discours des droites nationalistes sur l'homosexualité. Il nous rejoint en seconde partie d'émission, pour analyser la place des personnes queers dans les partis d'extrême-droite, en France et à l'étranger. Côté live, un instant suspendu avec l'artiste vénézuélien YADAM, qui sera en concert à FGO-Barbara le 15 février. On le découvre en guitare-voix et en interview.
La nomination de Gabriel Attal, premier Premier ministre gay de l'histoire de la République, fait débat dans la communauté LGBT+... Depuis le début du mois de janvier, la France a un nouveau gouvernement. Avec à sa tête, pour la première fois, un Premier ministre ouvertement gay : Gabriel Attal, 34 ans. Depuis sa nomination à Matignon, la communauté LGBTI+ est divisée : faut-il se réjouir de la nomination d’un homme gay à la tête du gouvernement ? Faut-il plutôt craindre que son homosexualité puisse être instrumentalisé par un président qui penche de plus en plus à droite ? Ou alors faut-il ne pas parler de son homosexualité, pour éviter qu’elle ne vienne masquer un bilan peu reluisant, on va en reparler… Et puis surtout, Gabriel Attal n’est pas militant. Il le dit lui-même en 2018 au magazine Closer : « Pour ce qui est de l'homosexualité, j'ai toujours considéré qu'on pouvait l'assumer sans la revendiquer ». De quoi faire grincer quelques dents, puisque c’est aussi grâce aux revendications des plus radicaux d’entre nous qu’un jeune homme gay de 34 ans peut être premier ministre aujourd’hui. Pour y voir un peu plus clair dans tout ça, on reçoit Rachel Garrat-Valcarcel, journaliste politique pour 20 minutes, et membre de l’AJL, l’association des journalistes LGBT… Pour commencer, peux-tu nous rappeler le contexte politique dans lequel a eu lieu le remaniement ministériel au début du mois de janvier ? Rachel Garrat-Valcarcel : Emmanuel Macron a été réélu il y a un peu moins de deux ans. Sauf que depuis sa réélection, ça ne va vraiment pas très bien. En fait, il n’a jamais réussi à vraiment commencer ce deuxième mandat. Aux élections Législatives de juin 2022, il a perdu la majorité absolue à l'Assemblée nationale. Et puis même si de fait, il a réussi à faire passer tous ses principaux projets, que ce soient les retraites, la réforme de l'assurance chômage, la loi sur l'immigration dernièrement, il n’arrive jamais vraiment à reprendre la main. Pour autant, le fait qu'il change de gouvernement maintenant, c'est à dire presqu’un an avant la mi-mandat, peut surprendre. Parce qu'à l'horizon, dans six mois, il y a des élections européennes qui s'annoncent très mal pour les macronistes. Dans presque tous les sondages, il sont en dessous de 20 %, à environ dix points derrière le Rassemblement national. Donc ils courent le risque de griller une cartouche dès le mois de juin en changeant de Premier ministre maintenant.  Mais on peut le voir aussi dans un autre sens, c'est à dire qu'il fait le choix d'un peu de panache entre guillemets. Ils refusent de voir ces élections comme perdues d’avance, et tentent de les gagner avec ce que je considère être leur meilleure carte, Gabriel Attal. Justement, qui est ce Gabriel Attal ? Est-ce un proche de Macron de la première heure ? Alors pas exactement. C'est un macroniste. C'est quelqu'un qui a rejoint le macronisme très tôt, dès 2016.  Mais il n'était pas vraiment parmi le premier cercle d'Emmanuel Macron. Il ne fait pas partie de ce qu'on appelle la bande de Poitiers, dont sont Stéphane Séjourné ou Sacha Houlié ou d'autres qui ont fondé les jeunes avec Macron en 2016, et qui ont eu un destin en Macronie ensuite. Non, c'est quelqu'un qui en fait a commencé sa carrière très très jeune en fait, avant même d'être diplômé de Sciences-Po, dans les cabinets du gouvernement socialiste sous François Hollande, il était au cabinet de Marisol Touraine. Je crois qu'il y est resté quasiment les cinq ans avant d'aller vers les macronistes et d'être candidat et élu aux élections législatives en 2017.  Avant d’être nommé Premier ministre, il était Ministre de l’Éducation nationale… En fait, il fait déjà son trou quand il est à l'Assemblée nationale. C'est l'un des plus jeunes à l'époque, en 2017, il a 28 ans. Il fait son trou. Il manque même de devenir président du groupe de la République en Marche à l'époque. Finalement, ça ne se fera pas. Le Premier ministre ne veut pas avoir un macroniste pur sucre à la tête du groupe, donc il préfère l'amener au gouvernement. C'est là qu'il devient Secrétaire d'État à la Jeunesse. Il sera ensuite porte-parole, période où il sera largement remarqué. Puis en 2022, il monte en grade, il devient ministre délégué aux Comptes Publics. Puis l'été dernier, il fait un gros saut. Il arrive au ministère de l'Éducation nationale.  Gabriel Attal est donc ouvertement gay. Précisons tout de même qu'il a été outé par Juan Branco, son ancien camarade à l'école alsacienne, et que c'est l'ancien compagnon de Stéphane Séjourné que tu mentionnais tout à l'heure, notre nouveau ministre des Affaires étrangères et européennes. Séjourné et Attal, c’est un couple au cœur du pouvoir, qui fait partie aussi de la garde rapprochée du président… Pour le coup, Stéphane Séjourné, c'est quelqu'un qui est très proche du président de la République. Il était conseiller à l'Élysée au début du premier mandat, puis il est devenu député européen en 2019 et il a pris du galon au Parlement européen. Il avait des hauts postes au Parlement européen, ce qui est rare pour les Français d'habitude. Et puis, après la réélection d'Emmanuel Macron, il est devenu chef du parti présidentiel. C'est dire la proximité quand même qu'il a avec le président de la République. Effectivement, il a été en couple longtemps avec Gabriel Attal et je crois qu'ils se sont rencontrés au cabinet de Marisol Touraine. Néanmoins, ça fait effectivement deux ans qu'ils ne sont plus ensemble. Ce n’était pas public, même si, disons-le, dans la bulle politico-médiatique, ça se savait depuis longtemps. Mais c'est vrai que ça n'avait jamais été officialisé. Et comme effectivement il a été nommé ministre des Affaires étrangères, il fallait l'officialiser. Jusque là, on ne peut pas dire que Gabriel Attal ait été une aide sur les sujets LGBT. Il ne va pas mener une politique de gauche, il est de droite, c'est comme ça, quoi.  Rachel Garrat-Valcarcel Un premier ministre ouvertement gay en France, c'est donc la première fois pour toi? Rachel C'est un fait politique majeur. C'est ce que tu écrivais sur ton compte X. Pourquoi ?  Statistiquement, c'est le premier. Donc forcément, c'est marquant. Parce que, qu'on le veuille ou non, c'est un premier ministre gay dans un pays où l'homophobie est sinon galpotante, au moins quotidienne. Ça me paraît très clair qu’aujourd'hui, être gay, lesbienne et je ne parle pas même pas des personnes trans, c'est toujours potentiellement problématique pour trouver du travail, pour trouver un logement, par rapport à sa famille, etc. Donc le fait qu'il y ait un gay chef de gouvernement, c'est notable.  Je rappelle que jusqu'en 2012, François Fillon était Premier ministre. C’était il y a douze ans. François Fillon, c'est quelqu'un qui a voté contre la dépénalisation de l'homosexualité au début du mandat de François Mitterrand, en 1982. Donc symboliquement, c'est pas rien.  J'ajoute que si j'ai eu cette réaction sur X en disant c'est un événement politique majeur, c'est aussi pour répondre à tout ce qu'on lit, tout ce qu'on entend, surtout chez les hétéros, pour dire : “oui, bien sûr, très bien, un premier premier ministre gay. Mais bon, ce qui serait bien, c'est qu'on en parle pas”. Et en fait ça me saoule, ça me soule absolument. Bien sûr que si, il faut en parler, bien sûr que si, c'est notable. Moi, je suis parfaitement d'accord avec ce qui a été dit par beaucoup de gens sur le fait que ça ne va pas être une aide pour les droits LGBT+. Et c'est vrai, jusque-là, on ne peut pas dire que Gabriel Attal ait été une aide là-dessus. Il ne va pas mener une politique de gauche, il est de droite, c'est comme ça, quoi.  Dans les colonnes de Têtu, Thomas Vampouille, le rédacteur en chef, écrit : « Quand une personnalité issue d'une minorité accède à une fonction sociale jusqu'ici inaccessible, c'est une bonne nouvelle en soi. » Qu'est ce que tu en penses ? Ce n’est ni une bonne nouvelle ni une mauvaise nouvelle, selon moi, c'est un fait. Voilà. Ne serait-ce que statistiquement, c'est un fait politique et c'est un fait politique important encore une fois dans un pays où, soyons honnêtes, être gay, lesbienne, c'est toujours pas si simple en vérité.  Alors c'est sûr, on peut dire que pour pour Gabriel Untel, ça a peut être été plus simple pour lui. Il a vécu dans un milieu social extrêmement favorisé. Ceci dit, on sait que ce n'est pas parce que vous êtes dans une bonne famille que ça se passe bien pour vous si vous êtes gay, lesbienne ou trans… Tu parlais des hétéros qui ne veulent pas parler de l'orientation sexuelle, qui ne veulent pas que ça soit un sujet… Est ce que toi, en tant que membre de l’AJL, tu es satisfaite du traitement médiatique réservé à cette nomination ?  Moi je trouve quand même que cette information est vite passée au second plan. Bien sûr, l'important c'est le fond de sa politique. Mais ne faisons pas semblant de croire que c'est anodin et ne faisons pas semblant de croire que la communication, ce qu'on est, d'où parlent les gens, ça ne compte pas. En fait, c'est pas la même chose si vous êtes un premier ministre ou si vous êtes un ministre hétéro. Ça, je le crois profondément. Évidemment, avec Gabriel Attal, avec le parcours qu'il a, on est vraiment avec un ministre qui ressemble le plus possible à ce que serait un ministre hétéro. Ça, j'en suis bien consciente et je suis d'accord avec cette analyse-là. Mais il faut constater aussi du coup que d'une certaine manière, c'est c'est un pur produit de l'universalisme républicain, qui au fond veut mettre tout le monde sous une toise. Il ne faut pas qu'il y ait une tête qui dépasse. Résultat : on a toujours les mêmes au pouvoir. Et cet universalisme républicain convient sans doute très bien à Gabriel Attal… Oui ! Peut-être que je me trompe, mais je n’ai pas l'impression que c'est quelqu'un qui a eu un gros militantisme LGBT derrière lui. J'entends celles et c
Racisme, follophobie, grossophobie, transphobie, sérophobie... Discuter sur Grindr, c'est souvent un terrain miné. Et si on laissait quand même sa chance à l'application incontourable de rencontres gaies ? Aujourd'hui, nous parlons de la célèbre application gay Grindr, souvent perçue comme le lieu virtuel de la drague, du sexe mais aussi de la violence. nNous tentons avec nos deux invités de détricoter les bonnes choses et les moins bonnes que nous offre cette application. Et si, au delà de cette vision manichéenne, Grindr était un sujet à part entière, qui dépassait la simple drague ? S'il est aussi présent dans nos vies homosexuelles, c'est sans doute parce qu'il constitue un lieu sans fin d'exploration du désir (et des amitiés?). C'est le pari qu'a fait Friction Magazine en se penchant sur ce que Grindr veut dire, et en organisant la première soirée dédiée au réseau social, intitulée "Folle et Furieuse" qui se tiendra le jeudi 25 janvier au Sample à Bagnolet.  Pour en parler, nous recevons Maxime Lavalle, journaliste chez Friction à l'initiative de la première soirée "Folle et Furieuse" du média, et Paul Alia, jeune chercheur en sociologie, à l’Ecole des Hautes études en sciences sociales à Paris, qui s'est penché sur les spécificités des amitiés gays.  "De même, dès lors que certaines émotions ou sentiments ne cadrent pas avec ce qui est normalement attendu d'une relation amicale ou amoureuse, on peut ne pas parvenir à la saisir et la définir clairement. Toute dénomination d'une relation, excluant ainsi certaines pratiques ne rentrant pas dans son champ, passe à côté de certaines nuances et complexités relationnelles." Extrait des travaux de recherche de Paul Alia, 2023 Et vous, c'est quoi votre rapport à Grindr ? Vous l'aimez un peu, beaucoup, beaucoup trop ?  Pour aller plus loin... > Le site de Friction Magazine : https://friction-magazine.fr  > Vous pouvez également les suivre sur les réseaux sociaux comme sur Instagram par exemple : https://www.instagram.com/frictionmagazinefr/?hl=fr  > L'annonce de la soirée "Folle et Furieuse #1" et les infos pour la soirée du jeudi 24 janvier au Sample à Bagnolet : https://friction-magazine.fr/friction-folle-et-furieuse-pourquoi-organiser-un-evenement-par-et-pour-les-pedes/  > Florian Vörös, Désirer comme un homme — Enquête sur les fantasmes et les masculinités, La Découverte, 2020 L'équipe de l'émission Présentation : Zoé Monrozier Réalisation : Colin Gruel
Aujourd’hui, on se tourne vers la Russie, pour faire un point sur la situation des queers dans ce pays. Fin novembre 2023, la Cour suprême russe a banni le mouvement international LGBT+ et ses filiales pour “extrémisme”, légitimant ainsi une répression envers les communautés concernées et les militants/militantes qui défendent leurs droits.  Cette mesure intervient en plein virage ultraconservateur (et donc anti-LGBT) de Moscou : en juillet, la Douma, la chambre basse du parlement russe, a adopté une loi interdisant aux personnes trans de bénéficier d’opérations de réassignation de genre, de changer de nom à l’État civil, de se marier ou d’adopter. Un tournant anti-LGBT qui n’est sans doute pas étranger à la situation géopolitique. En février 2022, la Russie a envahi l’Ukraine, et la guerre s’est accompagnée en Russie à un tournant encore plus autoritaire de la part du pouvoir en place… Pour en parler, nous recevons Igor Chervinsky, jeune chercheur ukrainien en sociologie, à l’Ecole des Hautes études en sciences sociales à Paris.  Il a fait la majorité de ses années d’étude à Moscou. Il est également membre de Ça va, une association fondée en juillet dernier qui a pour but d’aider les migrants et migrantes LGBT+ en France, plus précisément celleux originaires de pays est-européens, caucasiens, et centre-asiatiques, on en parle tout de suite. Pour aller plus loin... > Le site de l'association Ça va : https://cavalgbt.fr/ Pour contacter l'association : cavalgbt@gmail.com > Pour se tenir au courant de l'invasion russe en Ukraine : https://www.defense.gouv.fr/ukraine-point-situation > Musique diffusée en fin d'émission : Russian woman, par Manizha L'équipe de l'émission Présentation : Zoé Monrozier Réalisation : Colin Gruel
On commence l'année 2024 tout en poésie dans Le Lobby, avec le poète Noah Truong, qui publie un deuxième recueil, Manuel pour changer de corps (Cambourakis) À peine remise (voire pas remis·es du tout pour certain·es d'entre nous) des fêtes de fin d'année, l'équipe du Lobby est de retour pour inaugurer 2024. Avec nous en studio, le poète trans Noah Truong, qui publie un second recueil, Manuel pour changer de corps, aux éditions Cambourakis, dans la collection "Sorcières". Au fil des 6 parties qui composent le livre, Noah Truong chronique son parcours de transition dans des poèmes tantôt courts tantôt longs, et réinvente des formes et des langues poétiques. Noah Truong, Manifeste pour changer de corps, Cambourakis, 2024 Avec lui, on parle de la traductrice Noémie Grunenwald, à qui on doit l'arrivée en France de textes d'autrices comme bell hooks ou Dorothy Alison, de la Prix Nobel de littérature Louise Glück, on parle de joies et d'amour, et puis on lit des poèmes... Les Disques du Lobby De la poésie encore avec Loa Mercury. On la croise sur la scène de Madame Arthur, dans les paroles de la Punanimité, le tube de la drag queen Punani qu'elle a co-écrit, mais aussi là-haut dans les étoiles. Son EP Ellipse est un voyage en apesanteur entre un solstice brûlant et un équinoxe désespéré.  En exclusivité, elle nous offre deux titres en piano-voix ! Également au programme... — L'actualité, c'est la guerre Israël-Hamas, à laquelle forcément on s'intéresse en tant que personnes queers. Ces derniers mois, le soutien de pas mal de groupes LGBT à la cause palestinienne a été raillée par les forces réactionnaires. Avec Jean Stern, cofondateur du Gai pied et auteur de Mirage gay à Tel-Aviv (Libertalia, 2017), on se demande comment ces réactions participent d'une stratégie de pinkwashing intense mené par l'État hébreu depuis plus de 20 ans. Un entretien réalisé par Nathan à retrouver en longueur en podcast ici-même. — On finira bien sûr l'émission en chanson avec Margot, qui en cette nouvelle année fête l'anniversaire de son coming-out lesbien. Présentation : Colin Gruel et Victor Samoth-Panetti / Réalisation : Margot Page et Ugolin Crépin-Leblond
Alors que les personnes intersexes subissent encore mutilations et autres mauvais traitements, alors que les parcours de transition sont toujours des parcours du combattant, Le Lobby pose la question : la médecine serait-elle hostile aux LGBTI ? Pour en parler, nous recevons Martin Winckler, médecin et auteur de nombreux romans et ouvrages théoriques sur la médecine. Cet entretien a été enregistré en juin 2020. Transcription de l'épisode à venir bientôt ! Pour aller plus loin... • Les brutes en blanc, Flammarion, 2016 • Le choeur des femmes, P.O.L, 2009. Une adaptation en bande-dessinée a paru chez Le Lombard en 2021 • L'école des soignantes, P.O.L, 2019 • Le blog de Martin Winckler
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