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L'envie de savoir
L'envie de savoir
Author: Institut de France
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Description
Émission de culture générale. Chaque semaine, un nouvel invité (académicien, chercheur, etc) apporte des éclairages approfondis et nuancés sur un sujet tiré de sa spécialité.
306 Episodes
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Dernière favorite de Louis XV, Jeanne du Barry fut l’une des femmes les plus observées - et les plus mal jugées - de son siècle. Longtemps présentée comme l’incarnation frivole du XVIIIᵉ siècle, elle ne cesse pourtant de révéler, à travers son parcours, une réalité plus complexe. Dans sa dernière biographie, l’historien Emmanuel de Waresquiel, membre de l’Académie des sciences morales et politiques, revisite cette figure que la postérité a trop souvent réduite au cliché d’une « bimbo royale ». Son travail éclaire une personnalité singulière et cherche à défaire une légende noire façonnée par les préjugés. Sa réflexion ouvre aussi sur l’art de la biographie : la frontière ténue entre récit de vie et récit historique, et la question de la place que cette forme occupe parmi les écritures de l’histoire.La biographie, un art entre enquête et mise en scèneEmmanuel de Waresquiel décrit la biographie comme une véritable « quadrature du cercle », prise entre l’exigence de rigueur historique et la nécessité d’un récit construit. Le biographe est à la fois enquêteur et écrivain : il doit analyser chaque document, en mesurer le contexte, puis organiser son récit en alternant « travelling avant » et « arrêts sur image » pour donner vie aux voix du passé. Cette articulation entre objectivité et mise en scène fait de la biographie, selon lui, l’une des formes d’écriture historique les plus difficiles à maîtriser.Jeanne du Barry, entre archives fragmentaires et légende noireL’historien revient longuement sur les difficultés spécifiques liées à l’écriture de la biographie de Jeanne du Barry, qui a laissé très peu de traces écrites. La disparition de sa correspondance avec Louis XV - probablement détruite pour des raisons politiques - a été compensée par la découverte d’archives inédites, notamment les papiers de l’historien Charles Vatel. Ces matériaux permettent de corriger une image déformée par les pamphlets du XVIIIᵉ siècle, où l’attaque contre la favorite servait surtout à atteindre le roi et à fragiliser la monarchie.
Figure discrète du XIXᵉ siècle, la comtesse de Caen a pourtant laissé une empreinte profonde sur l’histoire du mécénat artistique. Défenseure déterminée de la liberté des artistes, elle soutint les arts sous toutes leurs formes et choisit, à sa disparition, de léguer une part considérable de sa fortune à l’Académie des Beaux-Arts : un geste d’une rare générosité, fidèle à toute une vie d’engagement. Si son nom subsiste à travers une aile du Palais de l’Institut, quai de Conti à Paris, son parcours reste pourtant largement méconnu. L’exposition que l’Académie des Beaux-Arts lui consacre aujourd’hui, dans le pavillon qui porte son nom, offre enfin l’occasion de redécouvrir cette personnalité singulière.
Le 13 novembre 2015 demeure gravé dans la mémoire collective comme le soir des attentats les plus meurtriers de l’histoire récente de la France. Chacun garde en tête un souvenir précis : un lieu, un son, un message. Dix ans plus tard, ces traces intimes se mêlent à une mémoire partagée. Comment ces souvenirs se construisent-ils ? Comment évoluent-ils ? Que devient la mémoire face à l’usure du temps ? Autant de questions au cœur du Programme 13-Novembre, une étude scientifique inédite menée par le CNRS et l’INSERM, qui recueille la parole des survivants, des témoins, mais aussi de celles et ceux qui ont secouru, soigné, protégé. Dix ans après, il s’agit de comprendre ce que la société retient encore de cette nuit tragique. Pour en parler, Denis Peschanski, historien et directeur de recherche émérite au CNRS, co-responsable du Programme 13-Novembre.
Chaque automne, la rentrée littéraire réveille le même frisson chez les auteurs. En quelques semaines, des centaines de romans paraissent, des plumes espèrent, des jurys délibèrent, et tout un milieu retient son souffle. Né dans les années 1950, ce rituel typiquement français a beaucoup évolué. Les maisons d’édition redoublent aujourd’hui d’attention et les prix littéraires sont devenus des événements médiatiques. Mais derrière les vitrines et les communiqués, se joue une autre histoire : celle des délibérations, des choix et des débats qui consacrent les lauréats. Danièle Sallenave, de l’Académie française, en connaît les coulisses mieux que quiconque. Ancienne jurée du prix Femina, aujourd’hui membre du jury du Grand Prix du roman de l’Académie française, elle raconte cet univers où se décident les grands destins littéraires.
Henri IV l’avait surnommé « la plus belle maison de France ». Quatre siècles plus tard, le compliment reste d'actualité. Élu en 2025 monument préféré des Français, le château de Chantilly continue de fasciner autant qu’il émerveille. Derrière ses façades harmonieuses, ce domaine campé dans l’Oise a traversé les siècles, entre splendeurs, drames et renaissances. Demeure des puissants, refuge d’artistes, lieu d’intrigues et de légendes, Chantilly a vu défiler toute l’histoire du royaume de France. D’où vient son nom ? Quelles grandes familles y ont laissé leur empreinte ? Et que reste-t-il des légendes qui entourent encore ses murs ? L’écrivain et haut fonctionnaire Emmanuel Maury, correspondant de l’Académie des sciences morales et politiques, en retrace les grands jalons historiques.
Et si les plantes envahissantes sauvaient la planète ?Jolis visages d’un fléau silencieux, les plantes envahissantes bouleversent les écosystèmes et menacent la biodiversité. Pourtant, derrière cette nuisance se cache un formidable potentiel. La chimiste Claude Grison, membre de l’Académie des sciences et chercheuse au CNRS, a découvert comment ces espèces indésirables pouvaient dépolluer les sols et les eaux en captant les métaux qu’elles contiennent - des métaux qu’il est ensuite possible de réutiliser. L’académicienne démontre ainsi que la nature, même dans ses excès, peut devenir une alliée précieuse pour une chimie plus verte et un avenir plus durable.
La bande dessinée ne date pas d’hier. Des récits en images circulaient dès le XIXᵉ siècle, avant que les États-Unis ne popularisent les comic strips. 1929 marque un tournant. Cette année-là, en Belgique, un jeune dessinateur du nom de Georges Remi, mieux connu sous le pseudonyme d’Hergé, invente un héros apparemment ordinaire : Tintin. Un reporter sans âge, au visage lisse, que rien ne semblait destiner à la gloire. Et pourtant… Tintin est devenu un phénomène mondial, traduit dans des dizaines de langues et vendu à des centaines de millions d’exemplaires. Quel est le secret de la réussite d'Hergé ?Pourquoi, près d’un siècle plus tard, Tintin et ses compagnons continuent-ils de parler à toutes les générations ? Thierry Groensteen, correspondant de l’Académie des beaux-arts, répond avec son regard d’historien de la bande dessinée.
Les antibiotiques ont longtemps été considérés comme une arme miracle, capable d’éradiquer les maladies causées par les bactéries. Cependant, leur usage massif a fait émerger une menace encore plus redoutable : l’antibiorésistance. L’Organisation mondiale de la santé parle aujourd’hui d’une « pandémie silencieuse ». Chaque année, plus d’un million de personnes en meurent indirectement, et si rien ne change, ce chiffre pourrait grimper à dix millions d’ici 2050. Dix millions, c’est davantage que le cancer. Faut-il se résoudre à perdre cette bataille ? Non ! Pascale Cossart, Secrétaire perpétuelle honoraire de l’Académie des sciences, professeure émérite à l’Institut Pasteur, et spécialiste des micro-organismes, nous fait redécouvrir une piste oubliée, une alternative aux antibiotiques qui mérite toute notre attention : la phagothérapie.
Au Moyen Âge, certaines femmes ont choisi de vivre leur foi sous une forme extrême. Mystiques, visionnaires, réformatrices ou martyres, elles ont, chacune à sa manière, marqué leur époque. Leur relation au divin se distinguait souvent de celle des hommes : plus intime, plus charnelle parfois, et accueillie avec prudence, voire méfiance, par l’institution ecclésiastique. Dans son dernier ouvrage, Les passionnées de Dieu, André Vauchez, membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres et spécialiste de l’histoire religieuse médiévale, met en lumière cette diversité de parcours. À travers ces figures féminines, il explore la place qu’occupèrent les femmes dans la vie religieuse médiévale, alors même que leur parole était rarement reconnue.
Dans l’Antiquité, certains orateurs n’avaient pas pour mission de convaincre ou de juger, mais de célébrer. Ils composaient ce qu’on appelait des discours d’éloge, ou discours épidictique, un art codifié qui exalte un homme, une cité ou une idée. Très répandus, ces textes ne se réduisaient pas à une adulation béate : ils servaient aussi à faire passer des messages subtils, parfois politiques, qu’il fallait savoir décrypter. Un exemple emblématique est le Discours en l’honneur de Rome, prononcé au IIᵉ siècle par le Grec Aelius Aristide, qui met en scène la grandeur de l’Empire romain à son apogée. Ce texte canonique bénéficie aujourd’hui d’une nouvelle édition traduite et commentée par Laurent Pernot, grand spécialiste de la rhétorique antique, aux éditions des Belles Lettres. L’académicien y explique les fonctions méconnues de l’éloge et montre combien, derrière les apparences d’un hommage, ces discours en disent bien plus sur une époque et ses tensions.
Élu à l’Académie des beaux-arts en 2022, Hervé Di Rosa revendique un passé d’ex-punk et une fidélité constante à ses premières influences : bande dessinée, rock, science-fiction. Dans les années 1980, il cofonde à Sète le mouvement de la figuration libre, une peinture vive, graphique, qui aborde sans détour des thèmes comme le sexe, la drogue, le racisme ou la libération des mœurs. Traversées de références populaires, ses œuvres bousculent les frontières entre culture savante et culture ordinaire. Également promoteur de ce qu’il nomme l’« art modeste », Hervé Di Rosa défend une autre manière de regarder les objets, les formes et les mondes souvent relégués à la marge. Comment naît un mouvement artistique ? À quoi résiste-t-il ? Et que fait-il bouger ?
C’est dans un paysage noir de pluie, de défaite et de corps entassés que débute le dernier roman de François Sureau, de l’Académie française. La France vient de perdre la bataille de Sedan. Tandis que les soldats vaincus errent encore, trois crimes sont commis. Dans cette atmosphère suspendue surgit un détective énigmatique : Thomas More, nouveau héros d’une série policière traversant les siècles. Comment façonner un enquêteur aussi insaisissable que les crimes qu’il poursuit ? Comment distiller le suspense, scène après scène ? François Sureau explore les ressorts du récit policier et l’art de maintenir son lecteur en haleine.
Depuis huit ans, son restaurant déploie sa vision de la haute cuisine au cœur de la Monnaie de Paris, dans un écrin chargé d’histoire. Consacré meilleur au monde par La Liste, il incarne l’excellence selon Guy Savoy, dont la signature culinaire résonne bien au-delà des frontières. De la célèbre soupe d’artichaut à la truffe noire au rouget Barbet « en situation », certaines assiettes sont devenues des références, autant pour leur précision que pour l’émotion qu’elles suscitent. Icône dont l’aura a inspiré les studios Pixar pour Ratatouille, le chef a même figuré au programme du baccalauréat d’histoire-géographie en 2023. En 2024, il a marqué une nouvelle étape en devenant le premier cuisinier élu à l’Académie des beaux-arts. Mais derrière cette reconnaissance mondiale, comment naît une assiette signée Guy Savoy ? Que racontent ses saveurs, ses textures, ses émotions ?
Si l’actualité internationale rappelle chaque jour l’importance des diplomates, nous ignorons souvent comment leurs pratiques ont évolué. Au XVIᵉ siècle, un tournant s’opère. Des représentants sont envoyés à l’étranger, non plus pour quelques semaines, mais pour des missions au long cours. Ils observent, négocient, transmettent, incarnent leurs souverains. Et ils inventent un nouveau métier ! L’historien Lucien Bély, membre de l’Académie des sciences morales et politiques, retrace les débuts de la diplomatie moderne. Qui sont ces hommes chargés de faire dialoguer les puissances ? Comment parviennent-ils à négocier dans des cours étrangères parfois hostiles ? Et que révèle cette mutation d’une nouvelle manière de penser les rapports entre États ?
Dans un monde saturé d’images, où l’on scrolle plus qu’on ne regarde, comment réapprendre à voir ? Voir vraiment. Décoder ce que les images nous disent, ce qu’elles nous cachent, ce qu’elles supposent. Distinguer une photographie d’un simple cliché, comprendre sa construction, son intention, sa diffusion. L’Envie de savoir se penche sur les enjeux de l’éducation à l’image, cette grande absente de la formation intellectuelle. Pourquoi l’école initie-t-elle si peu au décryptage visuel, alors que les images façonnent chaque jour les regards et les récits ? Éric Karsenty, ancien rédacteur en chef de Fisheye et correspondant de l’Académie des beaux-arts, met en lumière les nouvelles écritures photographiques, les logiques de diffusion de l’image et l’urgence de former un regard critique, notamment face aux photographies d’actualité.
Il couvre plus de 70 % de la surface de notre planète, régule le climat et abrite une biodiversité aussi riche que fragile… Pourtant, l’océan demeure largement méconnu.Aujourd’hui, il est en première ligne face au réchauffement climatique : montée du niveau des mers, acidification, réchauffement des eaux, désoxygénation…Ces menaces pèsent déjà lourdement sur la biodiversité marine, mais aussi sur les sociétés humaines qui en dépendent. Que se passe-t-il exactement dans les profondeurs marines ? Pour y voir plus clair, le climatologue et océanographe Laurent Bopp, membre de l’Académie des sciences, nous éclaire sur ce basculement silencieux mais décisif.
En 1870, la défaite de Sedan précipite la chute du Second Empire et plonge la France dans une profonde incertitude politique. L’Empereur capitule, le régime s’effondre, et la République est proclamée dans l’urgence. Mais le pays reste divisé : monarchistes et républicains s’affrontent sur l’avenir des institutions. Ce n’est qu’en 1875, après de longues négociations, que trois lois constitutionnelles viennent consacrer la naissance de la Troisième République. Pourquoi avoir attendu cinq ans ? Pourquoi trois lois plutôt qu’une Constitution ? Comment les idées républicaines ont-elles gagné du terrain durant cette décennie fondatrice ? Et quel rôle joue encore cet héritage dans les institutions d’aujourd’hui ? Pierre Allorant, historien du droit et président du Comité d’histoire parlementaire et politique, analyse de cette séquence fondatrice, dont les résonances traversent encore nos institutions.
Utilisé quotidiennement sans qu’on y prête attention, le mètre structure pourtant notre rapport au monde. Né sous la Révolution française, il a mis près d’un siècle à s’imposer comme référence commune. En 2025, la Convention du mètre fête ses 150 ans : un jalon essentiel dans l’histoire de cette unité, désormais incontournable dans les sciences, l’industrie ou les échanges internationaux. Mais qu’est-ce qu’une unité de mesure, au fond ? Et pourquoi avoir choisi le mètre ? Pour éclairer ce parcours à la fois scientifique et politique, le physicien Christophe Salomon, membre de l'Académie des sciences revient sur l’histoire de cette mesure universelle.
Quel peut être le rôle d’un philosophe dans le champ des sciences ? À l’heure où les découvertes et les innovations technologiques s’accélèrent, il ne s’agit pas pour lui de produire des résultats expérimentaux, mais d’interroger les fondements, les méthodes et les implications des savoirs en cours de construction. Claude Debru, philosophe et historien des sciences de la vie, professeur émérite à l’École normale supérieure et membre de l’Académie des sciences, a consacré plus de cinquante ans à cette réflexion. Dans Oser le savoir, il retrace son parcours intellectuel et rend hommage à l’une de ses influences majeures, le philosophe Georges Canguilhem.
Le 11 avril marque la Journée mondiale de la maladie de Parkinson, une occasion d’informer sur cette pathologie neurodégénérative qui touche plus de 200 000 personnes en France, soit près de 2 % des plus de 65 ans. La maladie de Parkinson interroge autant qu’elle inquiète : comment apparaît-elle ? Quelle part revient aux facteurs génétiques ? Et comment les avancées scientifiques récentes permettent-elles d’imaginer de nouvelles pistes thérapeutiques ? Alexis Brice, professeur de génétique médicale, membre de l’Académie des sciences et de l’Académie de médecine, apporte son éclairage. Ancien directeur de l’Institut du Cerveau, il livre son regard sur les progrès de la recherche, tout en soulignant que certaines questions restent sans réponse dans la compréhension de la maladie.



