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La Maison de la Poésie
La Maison de la Poésie
Author: Maison de la Poésie Paris
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Description
La Maison de la Poésie de Paris est une scène de lectures, de rencontres et de création dédiée à la voix des poètes et des écrivains. Elle s'adresse aussi bien à ceux qui ont toujours un livre en poche qu'à ceux qui découvriront le texte porté autrement, par la scène, la voix, la musique, l'image...
708 Episodes
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« Je viens d’avoir 83 ans. Le 19 janvier 2026 j’aurai 1000 mois ! Il devrait être temps d’en finir avec mes interventions publiques : performances, lectures, concerts, déclarations et autres. Pour mes dernières apparitions je voulais être en bonne compagnie…
Ce soir c’est avec Chloé Delaume, C’est un honneur de partager cette soirée avec elle. Un b’honneur aussi (écrit avec une apostrophe après le “b”) !
Pour ma propre lecture, je reviens à ce long aveu sur les origines de notre poésie – en tout cas de la mienne – “Je suis un aurignacien contemporain”. Je change de corne à chaque lecture, ce soir je sonnerai dans une belle corne de vache ramenée de Belo Horizonte au Brésil, achetée sur le marché de la grande avenue centrale un dimanche où je les ai toutes essayées avant de choisir la mienne : un concert sous les huées et les clameurs de joie, venue de là-bas, elle est ici. »
Julien Blaine
À lire – Julien Blaine, Biennale-Bouquin, vol.VII, Les presses du réel, 2025 – Chloé Delaume, Par 64 fois j’y ai cru, éditions de l’Ogre, 2025.
Festival Paris en toutes lettres 2025
Et si le monstre n’était pas forcément là où l’on pense ?
Un matin, « au sortir de rêves agités », Gregor Samsa se réveille transformé en « une énorme bestiole immonde ». Jamais nommée mais décrite précisément – carapace dure et bombée, multitude de pattes lamentablement fluettes et grouillantes – son corps dégoûte quiconque l’aperçoit, à commencer par Gregor. Rapidement incarcéré dans sa chambre dont il ne sortira plus, exclu du « cercle de l’espèce humaine ».
Autour de Micha Lescot, qui prête sa voix à ce récit de Kafka où tout est perçu par le prisme d’un être que personne ne veut ni voir ni entendre, Syd Matters mélange les sonorités de la musique électronique aux instruments acoustiques pour délivrer, une interprétation très personnelle de La Métamorphose.
Lecture : Micha Lescot – Musique : Syd Matters – Guitare et clavier : Jonathan Morali et Olivier Marguerit
Création France Culture – Festival Avignon 2021
À lire – Franz Kafka, La Métamorphose, trad. de l’allemand par Jean-Pierre Lefebvre, Gallimard, 1991.
Montage de texte : Sylvie Ballul
Festival Paris en toutes lettres 2025
Compositeur, poète, calligraphe, dessinateur, Erik Satie (1866-1925) était un antihéros visionnaire qui a passé plus de temps, hélas, dans l’oubli que dans la lumière. Alors que Wagner domine le monde musical, Satie révolutionne la musique. Ses œuvres minimalistes, dont les plus connues sont les « Gymnopédies » ou les « Gnossiennes », annoncent l’arrivée du jazz, de la musique dodécaphonique et sont pour les musiciens une source d’inspiration d’une richesse infinie, aujourd’hui encore.
Sa correspondance qui réunit environ un millier de lettres reflète sa personnalité décalée et excentrique et son sens de l’humour d’une rare sagacité. On découvre un personnage éminemment complexe et attachant.
La lecture de cette « correspondance presque complète » est confiée à Micha Lescot dont l’immense créativité s’harmonise à merveille avec la fantaisie d’Erik Satie.
Lecture créée aux Correspondances de Manosque 2025
À lire – Erik Satie, Correspondance presque complète, réunie et présentée par Ornella Volta, Fayard, 2000.
Avec le soutien de la Fondation d’entreprise La Poste
Par Kaouther Adimi & Leili Anvar
Entretien mené par Sofiane Hadjadj
« Ne pas prétendre “ parler pour ”, ou pis, “ parler sur ”, à peine parler près de, et si possible tout contre » confie Assia Djebar au seuil de son recueil de nouvelles Femmes d’Alger dans leur appartement.
Dix ans après la disparition de l’écrivaine algérienne, cet art poétique de la sororité se dévoilera au cours d’une causerie intimiste entre Kaouther Adimi, voix majeure de la nouvelle génération d’auteur-e-s algérien-ne-s, et Leili Anvar, traductrice et spécialiste reconnue de poésie et mystique persanes.
Toutes deux révéleront leur lecture personnelle d’une œuvre majeure du paysage littéraire franco-algérien et mondial. Elles livreront à Sofiane Hadjadj, auteur et éditeur des œuvres d’Assia Djebar en Algérie, leur réflexion sur cette œuvre complexe et féconde qui nourrit leur imaginaire et inspire la création contemporaine.
À lire – Assia Djebar, La Beauté de Joseph, éd. Barzakh, 2025 – Kaouther Adimi, La joie ennemie, Stock, collection « Ma nuit au musée », 2025.
Entretien mené par Michèle Cléach
Festival Paris en toutes lettres 2025
« En retraçant la vie de mes ancêtres, j’ai trouvé mon pays d’écriture. »
C’est en écrivant, avec sa sœur Claire, l’histoire de leur arrière-grand-mère, Gabriële, qu’Anne Berest a vécu cette épiphanie, qu’elle a su que son grand projet littéraire serait de faire œuvre à partir de son arbre généalogique.
Après Gabriële et La carte postale, des « romans vrais » sur sa branche maternelle, elle publie Finistère, le roman de sa branche paternelle, une lignée de trois hommes fidèles à leurs origines mais adeptes de la bifurcation. Une lignée d’hommes engagés dans l’action, qui s’inscrivent dans l’Histoire de la Bretagne et dans celle de la France.
Fresque historique, sociologique et géographique, Finistère est aussi l’histoire de la relation d’un père taiseux et de sa fille qui aimerait tant que les mots soient dits.
Romancière du réel, de l’Histoire et de l’histoire familiale, Anne Berest dit que lorsqu’elle écrit, elle n’écrit pas seule. Qui sont ces « autres » qui l’accompagnent ? Que met-elle dans son laboratoire d’écriture qui lui permette de raconter simplement des vies complexes ? Quels sont ses « outils » d’écrivaine ?
Une masterclass par Aleph-Écriture
À lire – Anne Berest, Finistère, Albin Michel, 2025 – La carte Postale, Grasset, 2021 (Le Livre de Poche, 2022) – Gabriële, Stock, 2017 (Le Livre de Poche, 2018).
Entretien mené par Raphaëlle Leyris
Festival Paris en toutes lettres 2025
« Philip Roth est mort le 22 mai 2018. J’avais fait sa connaissance presque vingt ans plus tôt, en 1999 – vingt années qui de Jérusalem à New York et Paris, avaient vu le monde global exploser, la haine et le populisme tout submerger et ma propre vie basculer, mais durant lesquelles nous étions devenus amis. Il avait tenu dans ma vie comme dans celle de ses lecteurs le rôle de refuge mental et de boussole. Et maintenant qu’il était en train de mourir, le pays qui lui avait fourni la matière première de ses livres était détricoté par Donald Trump.
Le choc intime de sa mort a alors pris un autre sens : celui de la fin d’un monde au profit de la violence, de la montée de l’antisémitisme, du retour en force des idéologies.
Depuis l’Amérique telle qu’elle aurait pu être, ce livre révèle les États-Unis tels qu’ils sont. »
Marc Weitzmann
À lire – Marc Weitzmann, La part sauvage, Prix Femina Essai, Grasset, 2025.
Avec Darina Al Joundi, Anne Alvaro, Bénedicte Mbemba, Yvette Caldas, Samuel Charle, Agnès Château, Philippe Duclos, India Hair, Clotilde Hesme, Mata Gabin, Isabelle Lafon, Barbara Lamballais, Emmanuel Lemire, Toufan Manoutcheri, Estelle Meyer, Maëlys Ricordeau, Kelly Rivière, Françoise Gillard
Et avec la présence d’Annie Ernaux
Soirée à l’initiative de Mariana Otero
Musique par Maëlle Desbrosses
L’association « Aux avortées inconnues », formée à l’initiative de Mariana Otero, appelle à ériger à Paris un monument à la mémoire des milliers de femmes décédées suite à des avortements clandestins avant l’adoption de la loi Veil de 1975.
Dans le cadre de la Journée mondiale pour le droit à l’avortement, l’association présentera ce projet de monument, sa portée mémorielle ainsi que son rôle dans le présent pour défendre le droit à l’avortement en France et dans le monde.
L’association donnera aussi à entendre la parole de femmes ayant voulu avorter au début des années 1970, avec la lecture par des comédien.ne.s de lettres extraites de l’ouvrage à paraître Lettres pour un avortement illégal (1971/1974). Cet ouvrage constitué à partir des archives de l’association Choisir la cause des femmes, rassemble des courriers de femmes demandant un avortement illégal à un Professeur de médecine militant pro-choix.
Émouvantes par leur contenu et leur style, ces lettres témoignent de la vie des femmes dans les années 1970 et plus généralement, du désespoir qui s’empare des femmes quand elles ne peuvent avorter légalement.
Interventions de la cinéaste Mariana Otero, des universitaires Stéphanie Hennette Vauchez et Bibia Pavard, spécialistes de l’avortement, de la Directrice de l’association Choisir la Cause des femmes, Violaine Lucas, de Floriane Volt Directrice des affaires économiques et juridiques de la Fondation des femmes et de Sarah Durocher, Présidente du Planning familial.
En partenariat avec l’association Choisir la cause des femmes, le Planning familial et la Fondation des Femmes.
À lire – Collectif, Lettres pour un avortement illégal de 1970 à 1974, Libertalia, 2025.
Par Axelle Jah Njiké
Lecture par Marie-Sohna Condé
Entretien mené par Eva Sauphie
Imaginé par Axelle Jah Njiké, autrice afropéenne et militante féministe païenne, (OUiiii) invite à découvrir des textes de la littérature érotique écrite par des femmes autrices d’hier et d’aujourd’hui.
Invitant le temps d’une soirée une autrice, à une discussion sur le désir et le plaisir féminin, la sexualité, et l’intimité, ce cycle littéraire féministe et érotique convie le public à découvrir des œuvres pornographiques et érotiques que toute lectrice (jeune ou moins jeune, féministe ou pas) devrait avoir lu.
À chaque édition, une sélection renouvelée subjective et non-exhaustive de textes cultivant la multiplicité des voix et des expériences sera proposée, afin de mettre en lumière l’agentivité des femmes dans ce domaine et en quoi les récits qu’elles ont produits peuvent contribuer à forger l’imaginaire érotique de toute une chacune.
Wendy Delorme n’étant malheureusement plus disponible pour cette première édition comme annoncé, cette soirée sera assurée par Axelle Jah Njiké – en conversation avec la journaliste Eva Sauphie autour de textes de sa sélection, avant-propos aux autres rendez-vous du cycle et à ses invitées.
Cette rencontre a lieu dans le cadre de LA B.A.S.E, cycle de rendez-vous intergénérationnel culturels féministes – créé, produit et présenté par Axelle Jah Njiké.
À lire – Axelle Jah Njiké, Journal intime d’une féministe (noire), Au Diable Vauvert, 2022 – Collectif, sous la dir. de Léonora Miano, Volcaniques : une anthologie du plaisir, Mémoire d’Encrier, 2015.
En dialogue avec Johanne Rigoulot
Entretien mené par Marguerite Demoëte
En vue d’un voyage à Venise après une séparation, Nine Antico s’interroge sur son obsession pour les garçons et l’amour. Elle remonte le fil de son désir, sonde son besoin impérieux de séduire et exhume un souvenir d’enfance, clé de voûte de son rapport au sexe, aux hommes et à elle-même. Figure de la bande dessinée féminine et féministe, Nine Antico poursuit les thématiques abordées dans ses précédentes BD, Le Goût du paradis, Coney Island Baby et Madones et putains, en questionnant la part de déterminisme et de libre arbitre dans notre sexualité.
À lire – Nine Antico, Une obsession, Dargaud, 2025 – Johanne Rigoulot, La Vie continuée de Nelly Arcan, Les Avrils, 2025.
Entretien mené par Laurent Evrard
« Violenté jusqu’à ce que je m’aligne sur la vibration nouvelle. »
Henri Michaux
Muriel Pic propose un texte inédit sur les expérimentations de drogues par Henri Michaux à l’époque où l’on inventait les médicaments psychotropes.
Henri Michaux (1899-1984), écrivain et peintre, participe à partir de 1955 aux recherches sur les hallucinogènes conduites à l’échelle mondiale. Pendant des années, il va expérimenter diverses substances – haschich, mescaline, champignons, LSD – sous le contrôle et en collaboration avec l’hôpital Sainte-Anne, le Muséum d’histoire naturelle de Paris ou encore avec les laboratoires pharmaceutiques suisses Sandoz, qui produisent les molécules utilisées à des fins cliniques et thérapeutiques.
La révolution psychopharmacologique aboutit à l’invention de la médication psychotrope et au contrôle chimique du comportement. Cet événement majeur dans l’histoire des sciences est raconté ici du point de vue d’un artiste qui en fut à la fois le témoin et l’acteur.
Muriel Pic se fonde sur les archives inédites des expérimentations sous drogue de Michaux : des notes d’auto-observation d’un incomparable éclat poétique. À partir de ce matériau fascinant, l’ouvrage replace pour la première fois l’œuvre de Michaux dans son contexte en rappelant que ses textes et dessins nés de la folie volontaire ont d’abord été considérés par les médecins comme des documents scientifiques sur l’hallucination.
Cet ouvrage est richement illustré des dessins de Michaux créés sous influence et de nombreux documents issus de ses « archives de la drogue ».
Avec le soutien de Pro Helvetia.
À lire – Muriel Pic, Leçons de possession. Les archives de la drogue d’Henri Michaux, éditions Macula, 2025.
Lecture par Raphaëlle Saudinos
Entretien mené par Marie-Madeleine Rigopoulos
Interprète : Manuela Corigliano
Des voix magnétiques, pour la plupart féminines, racontent le mal qui rôde et les monstres qui surgissent au beau milieu de l’ordinaire. L’une semble tant bien que mal tenir à distance les esprits errant dans son quartier bordé de bidonvilles. L’autre voit son visage s’effacer inexorablement, comme celui de sa mère avant elle. Certaines, assassinées, reviennent hanter les lieux et les personnes qui les ont torturées. D’autres, maudites, se métamorphosent en oiseaux.
Les légendes urbaines côtoient le folklore local et la superstition dans ces douze nouvelles bouleversantes et brillamment composées, qui, de cauchemars en apparitions, nous surprennent par leur lyrisme nostalgique et leur beauté noire, selon un art savant qui permet à Mariana Enriquez de porter, une fois de plus, l’horreur aux plus hauts niveaux littéraires.
À lire – Mariana Enriquez, Un lieu ensoleillé pour personnes sombres, trad. de l’espagnol par Anne Plantagenet, éd. du sous-sol, 2025.
"Petit éloge de la jouissance féminine"
Avec Axelle Jah Njiké & Adeline Fleury
Lecture par Marie-Sohna Condé
Entretien mené par Eva Sauphie
Imaginé par Axelle Jah Njiké, autrice afropéenne et militante féministe païenne, (OUiiii) propsoe de découvrir des textes de la littérature érotique écrits par des femmes autrices d’hier et d’aujourd’hui.
Invitant le temps d’une soirée une autrice à une discussion sur le désir et le plaisir féminin, la sexualité et l’intimité, ce cycle littéraire féministe et érotique convie le public à découvrir des œuvres pornographiques et érotiques que toute lectrice (jeune ou moins jeune, féministe ou pas) devrait avoir lu.
À chaque édition, une sélection renouvelée subjective et non-exhaustive de textes cultivant la multiplicité des voix et des expériences sera proposée, afin de mettre en lumière l’agentivité des femmes dans ce domaine et en quoi les récits qu’elles ont produits peuvent contribuer à forger l’imaginaire érotique de toute une chacune.
Pour cette deuxième édition du cycle autour de textes de sa sélection, Axelle Jah Njiké sera en conversation avec la romancière, essayiste et journaliste, Adeline Fleury, autrice de Petit éloge de la jouissance féminine.
Cette rencontre a lieu dans le cadre de LA B.A.S.E, cycle de rendez-vous intergénérationnel culturels féministes – créé, produit et présenté par Axelle Jah Njiké.
À lire – Axelle Jah Njiké, Journal intime d’une féministe (noire), Au Diable Vauvert, 2022 – Collectif, sous la dir. de Léonora Miano, Volcaniques : une anthologie du plaisir, Mémoire d’Encrier, 2015 – Adeline Fleury, Petit éloge de la jouissance féminine, éd. Les Pérégrines, 2022 – La Musardine, (édition poche), 2025.
Lecture par l'autrice
Entretien mené par Sophie Joubert
« De ces nuits et de ces vies, de ces femmes qui courent, de ces cœurs qui luttent, de ces instants qui sont si accablants qu’ils ne rentrent pas dans la mesure du temps, il a fallu faire quelque chose. Il y a l’impossibilité de la vérité entière à chaque page mais la quête désespérée d’une justesse au plus près de la vie, de la nuit, du cœur, du corps, de l’esprit.
De ces trois femmes, il a fallu commencer par la première, celle qui vient d’avoir vingt-cinq ans quand elle court et qui est la seule à être encore en vie aujourd’hui.
Cette femme, c’est moi. »
La nuit au cœur tisse les destins de trois femmes confrontées à la violence de leur compagnon. L’autrice y scrute l’énigme insupportable du féminicide conjugal, quand la nuit noire prend la place de l’amour.
À lire – Nathacha Appanah, La nuit au cœur, Gallimard, 2025.
Lecture par Laurent Poitrenaux
Entretien mené par Sophie Joubert
« En 1976, mon père a rouvert la maison qu’il avait reçue de sa mère, restée fermée pendant vingt ans.
À l’intérieur : un piano, une commode au marbre ébréché, une Légion d’honneur, des photographies sur lesquelles un visage a été découpé aux ciseaux.
Une maison peuplée de récits, où se croisent deux guerres mondiales, la vie rurale de la première moitié du vingtième siècle, mais aussi Marguerite, ma grand-mère, sa mère Marie-Ernestine, la mère de celle-ci, et tous les hommes qui ont gravité autour d’elles.
Toutes et tous ont marqué la maison et ont été progressivement effacés. J’ai tenté de les ramener à la lumière pour comprendre ce qui a pu être leur histoire, et son ombre portée sur la nôtre. »
L. M.
À lire – Laurent Mauvignier, La maison vide, éd. de Minuit, 2025.
Lecture par l'autrice & Sandrine Kiberlain
« Est-ce que tu me vois, maman ? J’ai deux crédits à la banque, deux enfants que j’étouffe, quatre chats dont deux débiles et une estropiée, des rides en pattes d’araignée autour des yeux et des oignons aux pieds, le même amoureux qui me supporte et tient bon depuis vingt ans, quelle dinguerie, je ne suis ni parfaitement féministe, ni tout à fait écologiste, ni vraiment révoltée, pas encore alcoolique, plus du tout droguée, j’ai un abonnement à la gym, une carte de métro et une autre du Carrefour Market, je ne me fais pas les ongles, je ne me coiffe ni ne me teins les cheveux, je mets du rouge à lèvres une fois par an et surtout sur les dents, je suis toujours aussi raisonnable, aussi peu fantaisiste : je mets beaucoup d’énergie à essayer de ne pas te ressembler, maman. Je n’ai pas pu être une enfant et je ne sais pas être une adulte. »
Une drôle de peine est à la fois une adresse et une enquête. C’est aussi une magnifique déclaration d’amour.
À lire – Justine Lévy, Une drôle de peine, Stock, 2025.
Accompagnée par Antoine Fleury au piano
Entretien mené par Sophie Joubert
« On grandit autant dans un pays, dans un foyer, que dans certaines histoires. Mais ces histoires ne sont pas toutes égales. Il y en a une qui prend le dessus. Ce peut être la plus douloureuse. Ce peut être la plus séduisante. Une chose est sûre : ce n’est pas toujours la plus vraie. »
Tout en échos et replis secrets, Au grand jamais est un grand livre sur les non-dits familiaux, sur ce qui se transmet derrière les silences et sur les histoires qui nous aident à vivre.
À lire – Jakuta Alikavazovic, Au grand jamais, Gallimard, 2025.
Entretien mené par Sonia Déchamps
L’année du Bac, la meilleure période de la vie en même temps que la pire.
« Je m’étais façonné un faux moi intégralement taillé pour lui plaire. Elle avait adoré Le cercle des poètes disparus ? C’est dingue, c’était mon film culte. Elle aimait Sting et surtout son dernier album en date… Nothing Like the Sun ? Je vénérais cet album, de manière inconditionnelle. Elle admirait le chanteur pour son implication dans la défense de la forêt amazonienne aux côtés du chef Raoni ? J’étais à deux doigts de venir au lycée le lendemain avec un plateau de terre cuite coincé dans la lèvre inférieure… »
Jonglant avec l’euphorie et la fébrilité de nos dix-huit ans, Fabrice Caro livre la chronique drolatique d’une année de terminale à la fin des années 80.
À lire – Fabcaro, Les derniers jours de l’apesanteur, Gallimard, coll. « Sygne », 2025.
Lecture par Florence Le Corre
Entretien mené par Raphaëlle Leyris
Une femme est partie. Elle a quitté la maison, défait sa vie. Elle pensait découvrir une liberté neuve mais elle éprouve, prostrée dans une chambre d’hôtel, l’élémentaire supplice de l’arrachement. Et si rompre n’était pas à sa portée ? Si la seule issue au chagrin, c’était revenir ? Car sans un homme à ses côtés, cette femme a peur. Depuis toujours sur le qui-vive, elle a peur. Mais au fond, de quoi ?
Dans ce texte Maria Pourchet entreprend une archéologie des terreurs d’enfant qui hantent les adultes, au cœur des forêts du Grand Est, sur les traces de drames intimes et collectifs.
À lire – Maria Pourchet, Tressaillir, Stock, 2025.
Dialogue avec Mohamed Mbougar Sarr
Entretien mené par Alexandra Schwartzbrod
Années 2010. Wafa et Adel habitent Alger. Ces deux adolescents s’aiment d’un amour farouche et ardent. Chaque jour, ils tentent d’inventer leur vie, tiraillés entre désir d’émancipation et loyautés familiales. En eux remue confusément le même sentiment de révolte : ils étouffent sous le conformisme ambiant.
Un jour, ils rencontrent Slim, en révolte lui aussi, « inadapté » comme eux, ancien prof de fac, quarantenaire misanthrope. Érudit, généreux, il devient leur pygmalion, les initie à la philosophie, au cinéma, à la littérature. C’est un homme blessé pourtant, lui-même égaré, qui s’est fixé une mission, celle de sauver ces « enfants ».
Ces trois-là vont nouer une relation fusionnelle, presque mystique. Entre révolution intime et révolution politique, et si se traçait là leur chemin vers la rédemption ?
À lire – Hajar Bali, Partout le même ciel, Belfond, 2025 – Mohamed Mbougar Sarr, La plus secrète mémoire des hommes, (Prix Goncourt 2021), éd. Philippe Rey, 2021.
Lecture par Constance Dollé
Entretien mené par Marie-Madeleine Rigopoulos
Que sait-on de Yann Andréa ? On sait qu’il a vécu seize ans avec Marguerite Duras, chez qui il s’était présenté à l’été 1980. Il avait vingt-huit ans et elle soixante-six. Cet amour-là, il l’a lui-même écrit dans un livre. Mais de sa vie d’avant et de sa vie d’après, on connaît peu de choses. Julie Brafman est partie sur les traces de ce personnage énigmatique, jusqu’à trouver, dans une chambre rose, des photos, des journaux, des carnets qu’il a laissés avant de disparaître dans la nuit. Avec une écriture élégante et envoûtante, l’autrice fait revivre cet homme aussi singulier qu’émouvant et, en entrelaçant le récit intime, l’enquête et des archives inédites, elle raconte une histoire d’amour et de littérature.
À lire – Julie Brafman, Yann dans la nuit, Flammarion, 2025.
























Ce texte est carrément l'antithèse de Faim !