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Si loin si proche

Author: RFI

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Le rendez-vous des voyages de RFI produit par Céline Develay-Mazurelle et réalisé par Laure Allary. Récits radiophoniques et reportages au long cours, pour se faire la malle et voir le monde avec les oreilles. *** Diffusions le dimanche à 02h10 TU et à 13h10 TU vers toutes cibles.

252 Episodes
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Dix ans après la transformation spectaculaire qu’a connue la capitale de la Macédoine du Nord avec le projet «Skopje 2014», retour dans la ville parmi une statuaire fantomatique et un projet nationaliste qui hante encore le pays… Au cœur des Balkans, la Macédoine du Nord est un petit pays au nom longtemps disputé et au territoire convoité depuis des siècles. Située entre la Grèce, l’Albanie, la Serbie, le Kosovo et la Bulgarie, cette jeune nation issue de l’éclatement de l’ex-Yougoslavie de Tito est encore largement méconnue ; mais sa capitale Skopje a fait, un temps, il y a 10 ans, la Une de la presse internationale.  « Disney des Balkans, capitale du kitsch, Disney nationaliste… » :  les qualificatifs, parfois railleurs, souvent critiques, ne manquaient pas pour désigner le nouveau visage que la ville a offert au monde et aux Skopjiotes, à travers le projet «Skopje 2014». Cette opération ruineuse de rénovation urbanistique du centre-ville était alors portée par la droite nationaliste au pouvoir. Son ambition : redessiner l’identité macédonienne à coups de statues antiques géantes avec, au centre, la figure d’Alexandre Le Grand, de galion amarré le long des rives du Vardar qui traverse la ville ou de monuments néo-classiques ou néo-baroques, aux accents propagandistes. En 2014, une blague courait d’ailleurs les rues de Skopje : «Attention, si tu restes plus de 5 minutes au même endroit sans bouger, tu vas te transformer en statue ». Ce n’est certes pas nouveau que l’urbanisme est une arme pour le pouvoir et les nations boursouflées ; mais à Skopje, dix ans après ce vaste programme, que reste-t-il aujourd’hui de cette vision mégalomaniaque ? Comment les habitants ont-ils appris à vivre parmi ces façades pompeuses et ces places devenues musées d’elles-mêmes ? Comment certains artistes opposés au projet, cherchent-ils, aujourd’hui comme hier, à le déjouer et dire autrement le pays métissé, traversé d’influences qu’ils habitent ? Un reportage de Sibylle d’Orgeval à Skopje.   En savoir plus :   - Sur l’actualité des Balkans et notamment celle de la Macédoine du Nord, allez voir la Revue de presse des Balkans de RFI, préparé par les équipes du «Courrier des Balkans», l’indispensable portail francophone des Balkans - Sur les expressions artistiques et l’humour autour du projet Skopje 2014, un article de 2016 d’Aleksandar Takovski. En anglais - Sur le rapport de Transparency International Macedonia sur le projet Skopje 2014. Publié en 2018. En anglais - Sur l’institut français de Skopje - Sur les deux reportages que nous avions consacrés en 2015 à la Macédoine aujourd’hui dite du Nord.
Dans ses récits de voyage comme dans ses romans, l'autrice naturaliste française a toujours préféré les chemins de traverse et les replis du territoire, pour aller chercher l’âme des lieux et des peuples.  Quand elle était petite, Clara Arnaud raconte avoir longtemps eu sur sa table de chevet un globe lumineux, éclairant ses rêves d’ailleurs comme ses veillées nocturnes à bouquiner en cachette de ses parents. Depuis, à 38 ans, l’écrivaine française a déjà publié plusieurs récits de voyage et trois romans, le dernier «Et vous passerez comme des vents fous» ayant reçu de nombreuses distinctions et rencontré le succès en France.  Rencontrer les lieux et ceux qui les peuplent, en livrer l’esprit, une boussole et un carnet de notes en poche, c’est ce qui semble avoir toujours guidé l’autrice nomade, dans ses écrits à mots pesés, comme dans ses voyages à pas lents, toujours à pied et souvent accompagnée d'un cheval. Après des échappées kirghizes, des itinérances en Chine avec deux chevaux, dans le Caucase aussi, ou après deux ans d'expatriation en République Démocratique du Congo, puis au Honduras, Clara Arnaud a désormais posé ses valises dans le Couserans, dans les Pyrénées ariégeoises, en France. C'est de là qu'elle a puisé l'inspiration pour écrire son dernier roman peuplé d'ours et de bergers qui vient questionner notre rapport au sauvage, dans une écriture à fleur de peau et de territoire. Consciente qu’il n’y a pas qu’un seul monde, Clara Arnaud intercède à sa manière, se plaçant aux coutures des mondes animal, végétal ou humain reliés souvent entre eux sans le savoir. Ce faisant, elle arpente, débusque et interroge nos géographies sensibles, en mettant le corps en mouvement, parfois à l’épreuve, dans des espaces grands et sauvages de préférence.  Une rencontre initialement diffusée en novembre 2024. Bibliographie : - «Au détour du Caucase. Conversation avec un cheval». Clara Arnaud. Éditions Actes Sud. Poche Babe. 2024- «Et vous passerez comme des vents fous». Clara Arnaud. Éditions Actes Sud. 2023- «La verticale du fleuve». Clara Arnaud. Éditions Actes Sud. 2021- «L'orage». Clara Arnaud. Éditions Gaïa. 2015.
L’enfant voyageur

L’enfant voyageur

2025-11-0948:301

Partons à la rencontre d’un enfant du pays bamiléké qui se rêvait Magellan, voyageant tout autour du monde ; un Camerounais d’origine et lyonnais d’adoption, qui a traversé la grande histoire en vivant la sienne. Il s’appelle Boniface Magellan Nguelo. Cet homme, aujourd’hui âgé de plus de 80 ans, aura mené une vie intrépide et férocement curieuse, de ses collines natales de l’Ouest camerounais à l’époque coloniale à l’Andalousie en passant par la Guinée équatoriale et enfin la France où il a posé ses valises depuis plus de quarante ans. Une vie exemplaire aussi à plus d’un titre, de toute une génération, trop longtemps restée dans l’ombre, d’aventuriers africains de la migration qui aurait pu rester anonyme… Sauf qu’un jour, au cœur du vieux Lyon et de l’automne, Boniface, artiste dans l’âme, a croisé le chemin de l’écrivain voyageur et ethnologue français Jean-Yves Loude, qui s’est fait connaître pour ses enquêtes sur les mémoires assassinées des Afriques et ses traversées du monde portugais. Ainsi, après trois décennies d’amitié curieuse, mais pudique, entre les deux hommes, Jean-Yves Loude a entrepris de raconter de sa plume alerte l’histoire de son ami peintre et grand voyageur, dans un livre «L’enfant voyageur» paru en France aux Éditions Magellan. En rédigeant les mémoires de ce passe-frontières, en célébrant l’ouverture et l’altérité qui a présidé à leur rencontre comme à leurs existences respectives, Jean-Yves Loude fait de Boniface un «explorateur des temps modernes», un «nouveau découvreur». Car «combien d’Africains sont-ils admis dans le cercle des voyageurs prestigieux, partis de leur plein gré pour enrichir, à leur retour, la connaissance des communautés humaines?» Rencontre avec Boniface Magellan Nguelo et Jean-Yves Loude, à l’occasion du Festival du Grand Bivouac qui s’est tenu à Albertville en octobre 2025.   À lire : - «L’enfant voyageur, une histoire camerounaise», de Jean-Yves Loude. Éditions Magellan. 2025 - «Le chemin des vierges enceintes», de Jean-Yves Loude, avec Viviane Lièvre. Éditions Chandeigne. 2022 - «Un cargo pour les Açores», de Jean-Yves Loude, avec Viviane Lièvre. Éditions Actes Sud. 2018.
Dans son dernier livre, l’écrivaine voyageuse française Lucie Azéma convoque l’utopie et les ailleurs, réels ou imaginaires, pour dire le besoin que nous avons tous et toutes de rêver à demain et à ailleurs.  Après avoir livré une réjouissante et salutaire analyse féministe du voyage dans son premier livre «Les femmes aussi sont du voyage», après être partie ensuite sur les multiples routes du thé dans son second ouvrage «L’usage du thé. Une histoire sensible du bout du monde», Lucie Azéma a décidé de nous emmener ailleurs.  «Nous avons besoin d’un ailleurs qui n’existe pas» : c’est le titre de son dernier essai, érudit mais très didactique qui vient puiser, comme à chaque fois avec l’écrivaine nomade, dans la littérature de voyage et ses figures imposées pour mieux les questionner, les déconstruire, voire les réenchanter. «Réenchanter le voyage», c’est d’ailleurs le sous-titre de ce livre aux allures de manifeste pour tous les coureurs d’horizons, mangeurs de ciel, brûleurs de route, qui enfants, ont rêvé sur les cartes ou lignes de crête, pour mieux se lancer dans le vaste monde, dans des ailleurs réels ou rêvés.   De l’Atlantide à l’île d’Utopie, de l’Eldorado à Katmandou, de cités idéales en paradis perdus, Lucie Azéma tisse des réflexions personnelles sur sa vie de femme voyageuse et son rapport au monde à une trame plus collective, celle des rêves de ses congénères occidentaux qui n’ont eu de cesse de projeter des ailleurs, de les chercher, de les inventer. L’autrice revient aussi longuement sur les années 60-70, quand toute une jeunesse occidentale, en quête d’idéal et de vie libre sur la route, s’est lancée sur le «Hippie Trail» ou «Route des Indes», d’Istanbul à Katmandou. Ode à l’imaginaire et au rêve, des ferments puissants à tout élan de voyage, son livre invite à partir et à ne jamais renoncer à cette promesse qu’incarne l’ailleurs, où qu’il soit : celle d’un monde différent, renouvelé et qui sait meilleur.  Une émission initialement diffusée le 29/09/2024.   À lire : - «Nous avons besoin d’un ailleurs qui n’existe pas». Lucie Azéma. Éditions Allary. 2024 - «L’usage du thé, une histoire sensible du bout du monde». Lucie Azéma. Éditions Flammarion. 2022 - «Les femmes aussi sont du voyage, l’émancipation par le départ». Lucie Azéma. Éditions Flammarion. 2021 - «L’Utopie» de Thomas More. 1516. Éditions Gallimard  Folio 2012 - «Magic bus, sur la route des hippies d’Istanbul à Katmandou». Rory MacLean. Hoëbeke Éditions. 2011 - «Les villes invisibles» Italo Calvino. Éditions Gallimard. Édition originale 1972. Réédition Folio 2013.  
On fait parler la poudre d’escampette avec la grande écrivaine et voyageuse suisse du siècle passé: Ella Maillart. Voyage dans son pays natal qui, près de 30 ans après sa mort, continue d’honorer sa mémoire et son legs immense. À Si loin si proche, Ella c’est une sorte de marraine, d’aînée que l’on convoque souvent, tant elle a ouvert la voie à d’autres sur les chemins de l’ailleurs, de la liberté et de l’Asie. Née en 1903 sur les bords du Lac Léman, Ella Maillart va très tôt tracer sa route au-delà des frontières et des conventions, voyageant seule le plus souvent et refusant «de remplir un destin tout tracé par son sexe» -on dirait genre aujourd’hui… Tour à tour sportive de haut niveau, marin, reporter, photographe, écrivaine, guide et conférencière jusqu’à l’âge de 80 ans, l’autrice de «La Voie cruelle» ou de «Oasis interdites» a laissé derrière elle une œuvre puissante et singulière : des images et des récits dans lesquels son regard bleu perçant avait à cœur de raconter le monde et de dire aussi sa vérité.  Aujourd’hui encore, on est frappé par la modernité, la cohérence de son existence. On la cite et on la lit encore, certain.e.s voyagent sur ses traces en Asie… Et en Suisse, à travers des lieux, des musées ou des expositions temporaires, on continue de célébrer, partager la géographie complexe d’Ella Maillart, «la femme du globe», comme l’avait surnommé le poète Paul Valéry.  Nouvel épisode de notre série de portraits radiophoniques d’écrivain.e.s voyageurs-voyageuses, dans les yeux d’Ella en Suisse. Entre les rives du Léman de son enfance et son refuge d'altitude à Chandolin où elle s'est installée en 1946, entre les vitrines du Musée Rath de Genève qui lui a consacré une rétrospective au printemps 2024 et celles du Musée Bolle de Morges qui s’est penché sur son passé de navigatrice.  Dans «Ma philosophie du voyage», Ella Maillart faisait sienne les mots d’Antoine de Saint-Exupéry : «Une mauvaise littérature nous a parlé du besoin d’évasion. Bien sûr, on s’enfuit en voyage à la recherche de l’étendue. Mais l’étendue ne se trouve pas, elle se fonde. Et l’évasion n’a jamais conduit nulle part.». Puis terminait ainsi : «Ces mots résument ma vie.» Un voyage sonore de Céline Develay-Mazurelle et Laure Allary, initialement diffusé le 8/09/2024.   Partir en Suisse dans les yeux d’Ella : À Chandolin, dans la quiétude des Alpes valaisannes, on retrouve à près de 2 000 mètres, le chalet Atchala d’Ella Maillart et l’émouvant musée qui lui est dédié. Contacter l’Association des Amis d’Ella Maillart pour le chalet, un lieu particulièrement touchant et intouché. L'espace Ella Maillart est tout aussi passionnant. Un vrai voyage dans le temps et dans la vie d’Ella Le Musée Rath, musée d’art et d’histoire de Genève, a consacré une grande exposition à l’écrivaine voyageuse et convoqué deux artistes plasticiennes pour interroger le sillon profond qu’a laissé Ella Maillart derrière elle Le Musée Bolle de Morges s’est penché sur le passé de navigatrice d’Ella. À partir du travail de l’autrice suisse Carine Bertola, autrice de Ella Maillart Navigatrice. Libre comme l’eau paru aux Éditions Glénat Le Musée photo Élysée de Lausanne concentre la fabuleuse collection d’images d’Ella Maillart Plus d'infos pour organiser votre voyage sur le site de Suisse Tourisme. À lire en voyage : Ella Maillart. Navigatrice. Libre comme l'eau de Carine Bertola. Éditions Glénat 2024  Ella Maillart, l'intrépide femme du globe de Gwenaëlle Abolivier. Éditions Paulsen 2023 Les Éditions Payot publient en poche, en France, les différents ouvrages d’Ella Maillart  Regards sur Chandolin d'Ella Maillart. Éditions Zoé 2021.
Planète mer

Planète mer

2025-10-1948:421

À l'occasion du Festival du Grand Bivouac d'Albertville, on part dans les profondeurs, à l’écoute de voix puissantes, longtemps négligées, méprisées : celles des océans et ceux qui les peuplent… Jules Michelet, le grand historien français du XIXè siècle écrivait que l’Océan parle et que les milliards d’êtres et d’organismes, invisibles souvent, qui les habitent, sont ses paroles… Mais que nous disent-ils aujourd’hui ? Quels messages nous adressent l’étoile de mer ou le plancton et quelles vies insoupçonnées pourraient-ils nous raconter si on leur portait attention, si on les écoutait ?  Écouter, rencontrer l’océan et ceux qui les peuplent… à commencer par les grands mammifères marins, pour mieux les connaître et les protéger, c’est à cela qu’a consacré sa vie l’océanographe et plongeur professionnel français, François Sarano, invité du Festival du documentaire et du livre d’Albertville «Le Grand Bivouac» où l’on a campé nos micros.  Avec lui, au pied des montagnes savoyardes, en compagnie également de l’anthropologue et documentariste français, Fabien Clouette qui interroge ces rencontres entre humains et non humains, également invité du Festival, nous allons donc pendant une heure plonger dans ce monde d’en bas, abyssal et vertigineux, complexe, immense et terriblement vivant, qui ne saurait se limiter aux grands mammifères ou cétacés… même si ces espèces emblématiques, parce qu’elles ont besoin à un moment de remonter à la surface pour respirer, nous parlent, nous interpellent en tout cas. Par leur beauté, leur force, leur endurance, leur extraordinaire capacité d’adaptation et leurs dimensions spectaculaires…   Voyage sur la planète mer avec l'océanographe et plongeur professionnel français François Sarano et l'anthropologue et documentariste français spécialiste des terrains maritimes Fabien Clouette.   En savoir plus : - Sur le Festival du Film documentaire et du livre d'Albertville Le Grand Bivouac - Sur l'association Longitude 181, association de protection de l'océan fondée par François et Véronique Sarano - Sur les livres publiés aux Éditions Actes Sud par François Sarano, dont le dernier «Justice pour l'étoile de mer» coécrit avec la juriste Marine Calmet  - Sur «Des vies océaniques» écrit par Fabien Clouette et publié aux Éditions du Seuil. 
Derrière ce drôle d’acronyme, se trouve un réseau mondial d’échanges qui permet d’apprendre et vivre dans des fermes bio et paysannes partout dans le monde, une autre façon de voyager et partager… Wwoofing signifie en anglais «World Wide Opportunies on Organic Farms», mais à force, l’acronyme est devenu un mot, une pratique à part entière. On dit qu’on wwoofe ou fait du wwoofing en Nouvelle-Zélande ou au Japon… Né au début des années 70 en Angleterre sous la forme de petites annonces, ce réseau compte aujourd’hui 100 000 wwoofeurs à travers le monde et met en relation des candidats à une expérience à la ferme avec des petites exploitations agricoles qui les accueillent, le temps d’un mois maximum.  Le principe est simple : les bénévoles wwoofeurs identifient une ferme membre du réseau dans le pays où ils veulent aller, et peuvent être accueillis, logés, nourris gratuitement contre cinq demi-journées par semaine d’entraide aux activités agricoles. Mais plutôt que de voyage pas cher ou de travail à la ferme, il convient de parler, à propos du wwoofing, d’échanges et de partages autour du vivant, dans l’intérêt et la défense d’une agriculture biologique et d’une paysannerie à taille humaine… En près de 50 ans, le wwoofing s’est développé au point de devenir un phénomène mondial, qui ajoute un vrai supplément d’âme au voyage, déclenche parfois des transformations de vie et répond certainement à une quête de sens et de changement parmi une jeunesse en mal de repères et de liens avec la nature, face à des modèles hyperconsuméristes et hyperconnectés aux écrans.  Aujourd’hui, le wwoofing est l’un des premiers programmes d’échange éducatif et culturel au monde, présent dans plus de 132 pays, dont la France, les États-Unis, le Mexique, le Bénin, la Chine, l’Australie ou encore le Sénégal. Les wwoofeurs sont surtout des jeunes âgés de 18 à 35 ans et celles et ceux qui le pratiquent deviennent souvent des adeptes convaincus, les membres d’une grande famille bottes aux pieds et mains dans la terre… Immersion en France dans une ferme de Saône-et-Loire et à la rencontre de wwoofeurs et de wwoofeuses. Un voyage sonore de Viola Berlanda.   En savoir plus : - Sur le réseau international Wwoofing - Sur l’association Wwoof France - Sur l’histoire du mouvement avec Sue Coppard, la femme à l’origine de ce mouvement devenu mondial. Une conférence TEDx - Sur la loi Duplomb sur l’agriculture promulguée le 11 août 2025 et la pétition sans précédent contre cette loi qui a recueilli plus de 2 millions de signatures.
Au-delà du Cercle arctique, dans les régions septentrionales de Suède, Norvège, Finlande ou de Russie vit le dernier peuple autochtone d’Europe : les Sámis. Voyage en Finlande au cœur du Sápmi, la terre de leurs ancêtres… Répartis sur un vaste territoire, longtemps dénué de frontières, les Sámis sont aujourd’hui 80 000 habitant.e.s environ. Pendant des milliers d’années, les Sámis ont vécu nomades, de la pêche et de la chasse, au gré des transhumances de leurs troupeaux de rennes, cultivant un mode de vie pacifique, en harmonie avec le monde vivant, à la source de leur cosmogonie. Dans les langues sámies, il n’y a aucun mot pour dire « haine » mais il en existe plus de 300 pour décrire la neige…  Oubliez le terme « Laponie » ou « Lapons », des exonymes coloniaux péjoratifs, qui en suédois, les désignent comme des « porteurs de haillons ». Des siècles de colonisation et d’assimilation ont certes mis à mal l’identité culturelle, artistique et linguistique du peuple sámi; mais depuis 1986, il bénéficie d’une reconnaissance officielle ; il a son drapeau, un Parlement sámi en Norvège, en Suède, et en Finlande depuis 1996. Et c’est justement en Finlande, qu’est partie Jeanne Lacaille, à la rencontre de celles et ceux qui œuvrent pour faire entendre la voix des Sámis, aujourd’hui encore confrontés à de nombreuses menaces : prédations foncières liées à l’extension de l’agriculture ou le développement de projets miniers ou éoliens sur leurs terres, racisme, surtourisme et bien sûr, changement climatique, la zone arctique se réchauffant quatre fois plus vite que le reste de la planète.  Longtemps écartés des réflexions stratégiques et des décisions politiques concernant leur territoire, les Sámis luttent depuis plus de cinquante ans pour une reconnaissance politique, reconquérir leurs droits, leur identité et leur dignité, et surtout préserver leur terre. Aujourd’hui, toute une jeune génération d’activistes sámis prend le relais des aînés, sur fond de joik, cette tradition chantée sámie parmi les plus anciennes d’Europe, qui résonne particulièrement dans les immensités de la toundra.  Un voyage sonore en deux épisodes de Jeanne Lacaille initialement diffusé en avril 2025. À écouter aussiEn Finlande, les gardiens du Sápmi #1 Avec : Teija Kaartokallio, présidente de l'association Suoma Sámi Nuorat Taija Aikio, conservatrice de Siida, le musée sámi d'Inari Mikkâl Antti Morottaja alias Amoc, journaliste à Yle Sami Radio et rappeur Anna Näkkäläjärvi-Länsman alias Ánnámáret, musicienne, chanteuse de joiks et éleveuse de rennes Asko Länsman, éleveur de rennes et mari d’Anna Niila-Juhán Valkeapää, secrétaire de l'association Suoma Sámi Nuorat et président du comité des jeunes sámis du Parlement Sámi de Finlande  Tuomas Aslak Juuso, second vice-président du Parlement Sámi de Finlande et éleveur de rennes Áslak Holmberg, membre actif de la communauté et ancien président du Conseil Sámi En savoir plus : sur le Musée Siida, musée sámi et centre pour la nature d’Inari sur le Conseil Sámi ou Saami Council, une ONG créée en 1956 pour la défense du peuple sámi et composée de membres de Finlande, Suède, Norvège et Russie sur le Parlement Sámi en Finlande qui se réunit au Centre culturel sámi Sajos à Inari sur Suoma Sámi Nuorat, l’association des jeunes Sámis de Finlande  sur la musique d’Ánnámáret, musicienne et joikeuse sámie sur le rappeur sámi Amoc, son instagram : @amocofficial sur Yle Sámi Radio, la radio des Sámis en Finlande sur le Festival Ijahis Idja organisé par Ánnámáret, qui se tient chaque année, en août, à Inari Programmation musicale : Mari Boine, Béaïvi Nieïda 1998 Hildá Länsmann & Lávre, Jodi 2021
Au-delà du cercle Arctique, dans les régions septentrionales de Suède, Norvège, Finlande ou de Russie vit le dernier peuple autochtone d’Europe : les Sámis. Voyage en Finlande au cœur du Sápmi, la terre de leurs ancêtres… Répartis sur un vaste territoire, longtemps dénué de frontières, les Sámis sont aujourd’hui 80 000 habitants environ. Pendant des milliers d’années, les Sámis ont vécu nomades, de la pêche et de la chasse, au gré des transhumances de leurs troupeaux de rennes, cultivant un mode de vie pacifique, en harmonie avec le monde vivant, à la source de leur cosmogonie. Dans les langues sámies, il n’y a aucun mot pour dire « haine » mais il en existe plus de 300 pour décrire la neige. Oubliez le terme « Laponie » ou « Lapons », des exonymes coloniaux péjoratifs, qui en suédois les désignent comme des « porteurs de haillons ». Des siècles de colonisation et d’assimilation ont certes mis à mal l’identité culturelle, artistique et linguistique du peuple sámi; mais depuis 1986, il bénéficie d’une reconnaissance officielle ; il a son drapeau, un Parlement sámi en Norvège, en Suède, et en Finlande depuis 1996. Et c’est justement en Finlande, qu’est partie Jeanne Lacaille, à la rencontre de celles et ceux qui œuvrent pour faire entendre la voix des Sámis, aujourd’hui encore confrontés à de nombreuses menaces : prédations foncières liées à l’extension de l’agriculture ou le développement de projets miniers ou éoliens sur leurs terres, racisme, surtourisme et bien sûr, changement climatique, la zone arctique se réchauffant quatre fois plus vite que le reste de la planète.  Longtemps écartés des réflexions stratégiques et des décisions politiques concernant leur territoire, les Sámis luttent depuis plus de cinquante ans pour une reconnaissance politique, reconquérir leurs droits, leur identité et leur dignité, et surtout préserver leur terre. Aujourd’hui, toute une jeune génération d’activistes sámis prend le relais des aînés, sur fond de joik, cette tradition chantée sámie parmi les plus anciennes d’Europe, qui résonne particulièrement dans les immensités de la toundra.  Un voyage sonore en deux épisodes de Jeanne Lacaille, initialement diffusé en avril 2025. Avec : Teija Kaartokallio, présidente de l'association Suoma Sámi Nuorat Taija Aikio, conservatrice de Siida, le musée sámi d'Inari Mikkâl Antti Morottaja alias Amoc, journaliste à Yle Sami Radio et rappeur Anna Näkkäläjärvi-Länsman alias Ánnámáret, musicienne, chanteuse de joiks et éleveuse de rennes Asko Länsman, éleveur de rennes et mari d’Anna Niila-Juhán Valkeapää, secrétaire de l'association Suoma Sámi Nuorat et président du comité des jeunes sámis du Parlement Sámi de Finlande  Tuomas Aslak Juuso, second vice-président du Parlement Sámi de Finlande et éleveur de rennes Áslak Holmberg, membre actif de la communauté et ancien président du Conseil Sámi. En savoir plus : sur le Musée Siida, musée sámi et centre pour la nature d’Inari sur le Conseil Sámi ou Saami Council, une ONG créée en 1956 pour la défense du peuple sámi et composée de membres de Finlande, Suède, Norvège et Russie sur le Parlement Sámi en Finlande qui se réunit au Centre culturel sámi Sajos à Inari sur Suoma Sámi Nuorat, l’association des jeunes Sámis de Finlande  sur la musique d’Ánnámáret, musicienne et joikeuse sámie sur le rappeur sámi Amoc, son instagram : @amocofficial sur Yle Sámi Radio, la radio des Sámis en Finlande sur le Festival Ijahis Idja organisé par Ánnámáret, qui se tient chaque année, en août, à Inari. Programmation musicale : Amoc & Ailu Valle, Suola ja nuaidi 2025 Ánnámáret, Heaikka Iŋger Ánná 2025
Suivons le rythme du troupeau et le calendrier des montagnes, dans les hauts plateaux bulgares, avec une écrivaine de l’expérience et du grand dehors.  Il y a quatre ans déjà, à l’occasion du Prix Nicolas Bouvier que lui avait décerné, en 2020, le Festival Étonnants Voyageurs de Saint-Malo en France, on avait reçu la poétesse et écrivaine de non fiction, d’origine bulgare, installée en Ecosse: Kapka Kassabova. Autour de ses deux premiers ouvrages : «Lisières» et «L'écho du Lac», mêlant voyage et érudition, poésie et immersion, sillonnant ses terres natales à chaque fois, dans les Balkans. Et après «Elixir», son troisième opus placé dans la vallée reculée de la Mesta, voilà Kapka partie à la rencontre des derniers éleveurs nomades des Monts du Pirin, en Bulgarie, situés non loin de la Mesta… Dans «Anima», ce quatrième récit entre éloge et élégie du monde pastoral, on croise un peuple nomade millénaire «les Karakachans», Kamen, l’homme au nom de pierre, Sasho, «le berger aux yeux décolorés par la tristesse et l’alcool», Marina, la biologiste qui appelle les loups, les plus vieux moutons du monde, des chiens de garde nobles et résistants et des paysages de montagne qui vous étreignent et vous retiennent.  Anima, c’est l’âme en latin. La racine du mot « animal » aussi, soit tout être qui respire, doué d’une âme, de vie. Ce qui renvoie à l’animisme bien sûr. Les nomades karakachans l’appelaient « psyché ». Elle leur apparaissait sous forme de souffle, de brume ou de vent. Et c’est ce souffle du vivant, la force du lien entre humains et non-humains, que vient capter Kapka sur près de cinq cents pages, au moyen d’un récit puissant, à l’occasion d’une estive parmi six cents moutons, en immersion ; car comme le dit Kapka «ce ne sont pas les grandes idées qui changent le monde mais l’expérience et le vécu des lieux et des gens…». Ainsi, après pas mal de temps passé là-haut, Kapka Kassabova est finalement redescendue pour se faire l’émissaire, à sa manière, de ce monde âpre et en sursis, au bord de la disparition, qui vit encore en harmonie dans ce grand cycle de la nature…  Transhumance sonore et littéraire avec une grande écrivaine de la nature qui nous invite à repenser notre rapport au vivant et au monde finalement.   À lire :  - «Anima», de Kapka Kassabova. Éditions Marchialy. 2025. Traduit de l’anglais par Morgane Saysana. - «Elixir», de Kapka Kassabova. Éditions Marchialy. 2024. Traduit de l’anglais par Morgane Saysana. - «L’écho du lac», de Kapka Kassabova. Éditions Marchialy. 2021. Traduit de l’anglais par Morgane Saysana. - «Lisières», de Kapka Kassabova. Éditions Marchialy. 2020. Traduit de l’anglais par Morgane Saysana. Prix Nicolas Bouvier 2020.
Cabotage de fjords en fjords dans l’océan Arctique, autour de l’archipel norvégien situé tout au nord du monde. À bord d’un vieux bateau emblématique qui vient d’achever sa dernière saison dans les eaux glacées du Spitzberg. (Rediffusion) Pendant des décennies, le Nordstjernen ou « Étoile polaire » a promené son élégante silhouette dans l’archipel du Svalbard, un territoire émaillé d’îles et de fjords recouverts de glaciers. Construit en 1956 et désormais classé au patrimoine historique norvégien, ce bateau pouvant accueillir une centaine de passagers, a d’abord servi d’express-côtier le long du littoral enclavé de la Norvège, pour ensuite transporter chaque été, des voyageurs en croisière vers le Nord. Or, après une vaste entreprise de rénovation et du fait de son classement, ce vieux navire exploité par la compagnie Hurtigruten, ne correspond plus aux normes en vigueur qui permettent la navigation dans les eaux polaires, selon le Polar Code. Une retraite à l'issue de l'été 2024, qui suscite beaucoup d’émotion chez les guides, les touristes de passage ou les locaux qui l’ont toujours connu.     L’occasion de dire adieu à cette «grande et vieille dame» qui a marqué les esprits dans l’archipel, d’aller chercher la banquise jusqu’au 80ème degré de latitude nord, de découvrir les joyaux de l’Arctique, mais aussi d’interroger ce type de voyage dans des terres malmenées par les bouleversements climatiques. Au Svalbard qui compte 3 000 habitants, plus de 130 000 touristes s’y rendent chaque année. Parmi eux, près de la moitié découvrent l’archipel en été et en bateau de croisière.  Un voyage sonore d'Oriane Laromiguière initialement diffusé en novembre 2024.    En savoir plus : - Sur les croisières au Svalbard par la Compagnie Hurtigruten - Sur le navire historique le Nordstjernen. En anglais - Sur le Svalbard, l’une des terres habitées les plus au nord du monde.   À lire :  - Un polar : «Personne ne meurt à Longyearbyen», de Morgan Audic, Albin Michel, 2023  - Une biographie : «La femme au renard bleu», de Robyn Mundy, Paulsen, 2024  - Un symbole : «L'ours polaire, vagabond des glaces», de Rémy Marion, Actes Sud, 2024.    Diaporama  
Pourquoi voyager ?

Pourquoi voyager ?

2025-09-0748:42

Cette question quasi philosophique sous-tend chaque départ et oriente aussi chaque retour. Interroger les motifs du voyage dit beaucoup de nos désirs et représentations de l’ailleurs, de l’autre comme de nous-même. Il éclaire notre époque et nos héritages. Introspection historique… Dans L’usage du monde, l’écrivain voyageur suisse du XXe siècle Nicolas Bouvier écrivait que « le voyage se passe de motifs ». « Il ne tarde pas à prouver qu’il se suffit à lui-même. On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt, c'est le voyage qui vous fait ou vous défait » ajoute-t-il. Au-delà de cette si belle formule depuis devenue célèbre, cette citation porte en elle un romantisme certain du voyage et des lettres en voyage, tout droit venu du XIXe siècle.  Cet héritage, pour le meilleur et le pire, l’historien français Sylvain Venayre a décidé de l’interroger dans son dernier livre Pourquoi voyager ? 17 leçons du XIXe siècle, car ce siècle a laissé des traces dans les imaginaires européens et notre rapport au voyage, ses modalités comme son récit, encore aujourd’hui…  Ce spécialiste de l’histoire culturelle du voyage et des représentations plonge alors dans les récits des grandes plumes nomades de ce siècle (Verne, Chateaubriand, Flaubert, Gautier, Baudelaire…) et vient détailler les fondements d’une certaine culture du voyage qu’il soit pèlerinage, savant, d’étude ou d’agrément. Des fondements posés donc au XIXe siècle, siècle de progrès et de mouvements, de révolutions industrielles, de trains et de bateaux à vapeur, d’exploration coloniale, de récits de voyage à la première personne et de romans d’aventures.  Ce faisant, il nous invite à regarder ce siècle en face pour mieux en tirer les leçons et qui sait réinventer le voyage, mieux le libérer… Avec Sylvain Venayre, historien français, spécialiste de l’histoire culturelle du voyage et des représentations. À lire Pourquoi voyager ? 17 leçons du XIXe siècle de Sylvain Venayre. Éditions CNRS. 2025 L'Épicerie du monde. La mondialisation par les produits alimentaires du XVIIIe siècle à nos jours sous la direction de Pierre Singaravélou et Sylvain Venayre. Éditions Fayard, 2022. Écrire le voyage de Sylvain Venayre. Éditions Citadelles & Mazenod, 2014 Panorama du voyage : 1780-1920 : mots, figures, pratiques de Sylvain Venayre. Éditions Les belles lettres, 2012
Róise Mhic Ghrianna est une figure irlandaise qui a bercé les gens de son île, passionné les collecteurs de chansons traditionnelles pour inspirer aujourd’hui la jeune génération de musiciens irlandais. Flânerie sonore entre la capitale et son île située au large de la côte ouest de l’Irlande. (Rediffusion du 7 juillet 2024) On la surnommait la femme aux chansons : « Róise na Amhran » ou Rose la Rousse « Róise Rua ». D’elle, il subsiste une voix gravée sur des enregistrements faits dans les années 50, des chansons traditionnelles irlandaises et une image restée célèbre en Irlande.  Sur cette photo de 1953, Róise Mhic Ghrianna se plie à l’exercice de la pose, devant sa maison ; un cliché pris à l’occasion d’une collecte de la National Folklore Commission, une organisation commissionnée par l'État irlandais pour recueillir le patrimoine oral, soit des dizaines de chants en gaélique et en anglais ici interprétés par Róise.  Née en 1879 et décédée en 1964, cette figure féminine a su résister au temps, à la disparition de la société rurale et d’une certaine tradition orale chantée là-bas. Aujourd’hui sur l’île d’Árainn Mhór, petit bout de terre aux falaises aussi abruptes que sauvages, on célèbre la mémoire de la femme aux chansons. Et dans les « Sessions » du pub de Dublin The Cobblestone, on perpétue et revisite l’héritage de ces récits intimes et collectifs chantés.  Un voyage sonore d’Anne Girard Esposito, avec à la prise de son Guillaume Beauron.    En savoir plus :  - Le Festival Róise Rua sur l’île d’Árainn Mhór dans le Donegal  - La National Folklore Commission - Le groupe de Brian Mac Gloinn « Ye Vagabonds », fer de lance du renouveau folk en Irlande  - Les sessions du pub de Dublin The Cobbelstone.
À 7 000 km de l’archipel des Comores*, loin de l'océan Indien et de la côte sud-est du continent africain, voyage dans la cité portuaire surnommée « la cinquième île des Comores ».  On connaît d’abord Marseille la Phocéenne fondée il y a 2 600 ans, Marseille la Méditerranéenne, la Corse, l’Italienne, l’Arménienne ou encore l’Algérienne, mais beaucoup moins la Comorienne ! Pourtant, selon une légende tenace, Marseille serait la plus grande ville comorienne au monde, devant même Moroni, la capitale de l’archipel ! Aujourd'hui, on estime que la population comorienne -d'origine ou de nationalité- atteint les 100 000 personnes et représente donc 10% des habitants de Marseille. En arrivant Gare Saint-Charles ou sur le Vieux-Port, dans les rues de la deuxième ville de France, si le métissage ne fait pas l’ombre d’un doute, pour ce qui est de la présence comorienne, il faut aller vers les quartiers Nord pour en saisir vraiment l'importance. C'est là que se concentre la communauté comorienne de Marseille, une communauté récente à l’échelle de la longue histoire de la ville, ouverte quoique réputée discrète, mais surtout fière de partager sa culture et son identité à la fois comorienne et marseillaise. Un reportage de Benoît Godin initialement diffusé en septembre 2024. * : « L’archipel des Comores, situé dans l’océan Indien, est composé de quatre îles. Trois d’entre elles font partie de l’État indépendant de l’Union des Comores. Mayotte est un département français. »   À lire : Les Comoriens à Marseille : d'une mémoire à l'autre, de Karima Direche-Slimani et Fabienne Le Houérou. Éditions Autrement, 2002. Bien peu de choses à lire sur la vaste communauté marseillo-comorienne en dehors de cet ouvrage datant de 2002. Forcément daté, il reste malgré tout le livre le plus complet à ce jour sur ce sujet.  La cinquième île : les Comoriens de Marseille, de Luc Saïd Mohamed Cheikh. Éditions Pragmatic, 2019. Un livre de photographies qui donne à voir quelques aspects de la vie des Comoriens de la cité phocéenne – prière du vendredi, figures politiques, cuisine... À voir : Le documentaire Planète Marseille, enfants des Comores, de Charlotte Penchenier, 2016. Le parcours de trois Marseillais d'origine comorienne (dont Fatima Ahmed, que l’on entend dans notre reportage) qui tentent de concilier leurs différentes parts d’identité. Sur Marseille, n'hésitez pas à vous rendre chez Marie-Rose Said, « présidente » et cuisinière des « Terrasses de Moroni Mamoudzou », une bonne table comorienne. À écouter : La série en deux épisodes de Vladimir Cagnolari pour Si loin si proche en 2018 : Je viens de Marseille et je vais à Ouellah, suivi de Je viens de Ouellah et je vais à Marseille. On y suit Chebli Msaïdié, chanteur et producteur de musique de retour au pays. Et on y découvre une tradition comorienne essentielle : le Anda, ou « grand mariage ».
À l’été 2024, le Garma festival, plus grand rassemblement autochtone d’Australie, s’est tenu en Terre d’Arnhem. Une occasion rare de s’immerger dans le monde aborigène Yolngu. Au nord du pays, depuis Darwin, pour accéder au Festival Garma, il faut soit faire 1 200 km de routes sur des pistes en terre rouge, muni de permis spécifiques, soit survoler les 700 km qui séparent la capitale du Territoire du Nord et Nhulunbuy, une ville construite dans les années 70 pour desservir une mine de Bauxite. Dans les deux cas, en arrivant, vous êtes dans l’un des coins les plus reculés d’Australie, mais surtout dans des terres de réserves très réglementées, soumises à autorisation spéciale pour les non-autochtones. Le Garma, lui, permet cet accès, au cœur d’un rassemblement unique en son genre, initié par le peuple Yolngu et placé dans une vaste clairière cernée de forêts tropicales truffées d’eucalyptus, située sur une falaise surplombant la mer et des rivages escarpés et sauvages. Ici, c’est donc la terre ancestrale des Yolngu, un groupe aborigène qui, jusqu’au début du XXè siècle, vivait de manière relativement autonome, à l’écart de la brutale colonisation britannique. On parle d’une présence des Yolngu depuis plus de 60 000 ans. Contrairement à d’autres groupes aborigènes, les Yolngu n’ont pas été déplacés, arrachés à ce lien si puissant qui les relie à la terre et au fait de la parcourir. Ce qui fait la force de leur culture, de leur langue et dialectes, de leurs chants et de leurs danses qu’ils ont su maintenir à travers les millénaires et qui s’expriment pendant quatre jours au Garma. Véritables pionniers de la lutte pour les droits fonciers autochtones aborigènes, les Yolngu ont également su faire de cet évènement une tribune où se pressent désormais les hommes politiques australiens de tous bords.   En 2024, près de 3 000 visiteurs, dont la moitié non-aborigènes, se sont immergés dans ce monde peuplé de rêves, d’ancêtres créateurs, d’abeilles, de grues brolga ou de serpents arc-en-ciel ; au son du Yidaki ou Didjeridoo qui est né au nord-est de la Terre d’Arnhem. Un festival pour dire la fierté noire et autochtone, celle d’un peuple debout et maître chez lui. Un voyage sonore de Sophie Ansel initialement diffusé en octobre 2024.   En savoir plus : - Sur le Garma Festival et la Yothu Hindi Foundation - Sur les Yolngu en images et en sons: le projet visuel Twelve canoes - Sur les Yolngu, le site du Musée National Australien.  
Décoloniser le voyage

Décoloniser le voyage

2025-08-1048:42

Fait social total, le tourisme n’échappe pas, dans son passé comme son présent, aux stigmates coloniaux. Parce qu’un autre voyage est possible, il faut le décoloniser… Depuis de nombreuses années, les études postcoloniales ont démontré à quel point analyser, étudier le fait colonial permettait de comprendre le temps présent et son propre désordre ; avec au centre, la survivance de ce legs hérité de la colonisation dans les imaginaires, les savoirs ou les pratiques… Aujourd’hui, on parle ainsi de décoloniser les arts, les musées, l’architecture, l’école, les esprits ou l’histoire... Et le voyage, forcément, en tant que fabrique de l’Autre et de l’ailleurs, n'échappe pas à cette analyse décoloniale, complexe mais fertile.  Des «découvreurs» aux explorateurs en casque colonial assoiffés de conquêtes, des aventuriers en terre inconnue aux touristes avides d’exotisme et d’entre-soi, la galerie de portraits fleure bon, parfois… souvent, ce temps des colonies où l’Europe se vivait en maître naturel de la planète.  Tourisme et colonisation ont d’ailleurs fait bon ménage par le passé. Ainsi, dès la constitution des empires coloniaux, français ou autres, une mise en tourisme des colonies se met en place, comme une manière d’occuper -on disait « pacifier »- le territoire ; mais aussi de s’approprier les paysages et les cultures, de préférence sans les populations locales. Dans les expositions coloniales, on exhibait ces populations à grand renfort de clichés racistes, tout en les reléguant au rang de subalternes ou d’obligés, forcément exotiques. À noter que certains disent encore «j’ai fait la Thaïlande» pour parler de leurs voyages, comme jadis on disait dans le jargon militaire colonial «j’ai fait l’Indochine».  Décoloniser le voyage, c’est savoir se décentrer pour un Occidental et se départir des stéréotypes sur la culture de l’Autre qui essentialisent et se perpétuent. C’est aussi dire et partager l’histoire coloniale dans l’espace public, interroger ses continuités et faire émerger d’autres récits. C’est enfin décoloniser les musées, notamment à travers la restitution des objets et biens culturels pillés pendant la colonisation.  Avec : - Saskia Cousin Kouton, anthropologue française, spécialiste du tourisme et de la restitution des biens culturels à l’Université Paris Nanterre  - Souroure Najai à l’origine du compte Instagram @decolonial.voyage, bientôt disponible en podcast. Une rencontre initialement diffusée en juin 2024. À lire : - « Ogun et les matrimoines. Histoires des Porto-Novo, Xọ̀gbónù, Àjàṣẹ », de Saskia Cousin Kouton. 2024. Éditions Presses Universitaires de Paris Nanterre - « Sociologie du tourisme », de Saskia Cousin et Bertrand Réau. 2009. Éditions La Découverte - « Les femmes aussi sont du voyage », de Lucie Azéma. 2021. Éditions Flammarion. Un chapitre est consacré à la décolonisation du voyage - « Programme de désordre absolu : décoloniser les musées », de Françoise Verges. 2023. Éditions La Fabrique - « L’Orientalisme : L'Orient créé par l'Occident », d’Edward Saïd. 1980. Éditions Seuil. L’ouvrage de référence par un des pionniers du postcolonialisme - « Les damnés de la terre », de Frantz Fanon. 1961. Éditions Maspero. L’essai de référence par le célèbre militant anticolonialiste.
Voyage en images avec le plus célèbre des photographes malgaches. Un maître du noir et blanc qui a toujours eu à cœur de partager son regard lumineux, poétique, au-delà des archétypes, sur la Grande Île.  Depuis près de 50 ans et sa base arrière de Fianarantsoa où il a installé son studio et une de ses galeries, Pierrot Men balade son regard, appareil en bandoulière, dans les coins les plus reculés de Madagascar. Connu comme le loup blanc là-bas, celui qui se destinait au départ à la peinture, est aujourd’hui une référence qui inspire toute la jeune génération de photographes malgaches, pour un regard de l’intérieur...  Né en 1954, Chan Hong Men Pierrot dit Pierrot Men voit sa carrière d’artiste photographe décoller après une première distinction à l’international, en 1994 avec le Prix Leica du Concours « Mother Jones » de San Francisco. Depuis, les honneurs et les expositions se succèdent sur le continent africain, comme dans le reste du monde : du Quai Branly à Paris, à la Chine en passant par la Biennale de Bamako ou les États-Unis.  Pour ce disciple revendiqué des grands portraitistes de studio africains comme Seydou Keita ou Malick Sidibé, cette carrière internationale est une occasion en or de donner à voir son pays mais surtout son peuple, dont il illustre avec patience la réalité sociale et culturelle. Car dans l’œil de Pierrot Men, les travailleurs de l’ombre, charbonniers, briquetiers ou pêcheurs sont dans la lumière, parfois plongés dans une brume matinale ou crépusculaire, frêles silhouettes dans un décor de collines, de baobabs ou de rivages à couper le souffle. Le rêve, l’enfance, l’immense dignité d’un peuple debout, affairé à travailler et à vivre, dans un pays miné par la pauvreté, c’est ce que l’on retrouve dans les images de Pierrot Men. Des images qui ont donné envie à beaucoup d’aller dans l’île de l’océan Indien et qui offrent surtout une autre perspective sur les habitants des campagnes de Madagascar.  Depuis les Hautes-Terres, au centre-sud du pays, suivons le regard de cet enfant de Madagascar, devenu à sa manière un ambassadeur, un archiviste sensible de l’île. Un reportage à Madagascar de Raphaëlle Constant, initialement diffusé en novembre 2024.   En savoir plus : - Sur le travail de Pierrot Men - Pierrot Men a une galerie à Fianarantsoa et une autre à Antananarivo (Tana water Front, Module N°2) - Sur les nombreuses publications de Pierrot Men, parmi lesquelles «Des hommes et des arbres», éditions Carambole 2015 ou «Portraits d'Insurgés, Madagascar 1947», texte de Jean-Luc Raharimanana, éditions Vents d'ailleurs, 2011.   Diaporama
Transhumance sonore en Soule, la plus sauvage des sept provinces du Pays basque. En quête d’un chant qui célèbre le sauvage et que seuls quelques bergers continuent de faire résonner dans les montagnes. (Rediffusion) Dans les hauteurs des Pyrénées Atlantiques, sur le côté français du Pays basque, la province de la Soule ou Xiberoa est connue pour abriter un chant aussi fascinant que confidentiel : le basa ahaide. Ce chant ancestral, sans paroles, s’est transmis oralement et il traduit l’émotion du berger-chanteur face à la splendeur, la grandeur des éléments en altitude, quand il se retrouve seul, là-haut dans sa cabane ou cayolar après avoir transhumé à pied avec ses bêtes. Ce chant célèbre alors ces retrouvailles mais aussi une relation intime entre l’homme et son environnement, vivant, avec lequel il fait corps. Traditionnellement, il se dit que le basa ahaide se chante seul, en extérieur ; car la montagne, avec son écho puissant, chante le reste.  Intriguée par ces chants du sauvage, Jeanne Lacaille est partie à la rencontre de bergers et de bergères qui continuent de partir avec des troupeaux en estive à la belle saison ; mais aussi des artistes souletins qui entretiennent, partagent ce répertoire du basa ahaide. Dans une terre de forêts, de gorges vertigineuses et de montagnes, où la vivacité de la culture pastorale fait la fierté de ses 13 000 habitant.e.s qui ne manquent jamais de célébrer en chansons leur langue, leur identité et leurs montagnes. Un voyage sonore de Jeanne Lacaille initialement diffusé en juillet 2024 En savoir plus : - Sur La Soule, l’une des provinces les plus sauvages du Pays basque - Sur Julen Achiary, artiste de basa ahaide et membre du quartet Haratago - Sur le festival Errobiko Festibala qui se tient chaque année en juillet.
Dans la cité italienne accrochée aux flancs des collines de Ligurie, entre mer et montagnes, les chansons des poètes disparus courent encore les rues, les carruggis. Dans les ruelles étroites et sinueuses du centre historique, il faut lever le nez pour entrapercevoir un morceau de ciel. Ouvrir grand ses oreilles aussi pour en saisir la mélodie si singulière, encore populaire et métissée, entre ses minuscules échoppes de tripes ou de foccacias, ses venelles qui dévalent vers la mer et le port ou ses demeures patriciennes qui rappellent le passé glorieux de la République maritime de Gênes. Jadis rivale de Venise, « la Dame de la mer », comme l’a surnommée le poète florentin Pétrarque, a vu bien des départs et des arrivées, des explorateurs à commencer par le Génois Christophe Colomb, des négociants, des marins, des travailleurs, des immigrés, des émigrés pour les Amériques, l’aristocratie du Grand Tour au XVIIIème siècle jusqu’aux touristes, en croisière aujourd’hui, sans parler des artistes... Façonnée au gré de ces mouvements, Gênes s’est alors beaucoup racontée en musique, celle des ailleurs débarquant plus tôt -dit-on- sur les ports ; Gênes serait ainsi la ville par laquelle le jazz est « arrivé » en Italie.  Déjà, une solide tradition polyphonique venue des montagnes, le « trallalero », s’était enraciné à Gênes, parmi les dockers. Puis, dès les années 60, des auteurs interprètes génois, les « cantautori » ont fait école ici, portés notamment par le grand chanteur italien Fabrizio De André qui, comme personne, a chanté l’âme de ce port tourné vers la mer et le monde. Ainsi, la chanson, cette littérature du peuple, dit beaucoup de Gênes, qui elle est réellement mais aussi poétiquement ; car à Gênes, la chanson est au coin de la rue… Un voyage sonore d’Anne Girard Esposito.   À découvrir / écouter : - Le Museo Via de Campo 29 Rosso, consacré à Fabrizio de André et l’École génoise des «cantautori » - Le site du musicien Max Manfredi, cantautore génois - Le disque Crêuza de mä, de Fabrizio De André, Ricordi.   À lire (en italien) : - Genova. Canzoni in salita, Guida alla città e alle sue canzoni, Marzio Angiolani, Zona - Fabrizio De André. La storia dietro ogni canzone. Guido Michelone, Barbera Editore - Amorazzi, Max Manfredi, Zona.
Et si le plus grand des voyages se trouvait en bas de chez soi, au coin de la rue, derrière les portes de nos maisons ou appartements qu’il suffirait de franchir pour partir… en voyage ?  «Si proche, Si loin», on serait tenté ici de rebaptiser et inverser le nom de l’émission après avoir refermé le dernier ouvrage de Rémy Oudghiri : « Microvoyage, le paradis à deux pas » ; tant ce livre fait l’éloge du voyage de proximité, de la flânerie, urbaine ou buissonnière, souvent sans destination et sans but, sinon celui de s’émerveiller et renouveler notre regard sur le quotidien, le banal, l’infime… Rémy Oudghiri est un sociologue français, passionné de marche, urbaine et solitaire, déjà auteur de «l’Échappée belle, l’art de s’évader un peu chaque jour» et «Le club très fermé des marcheurs solitaires» parus en France aux Éditions PUF. Et dans son dernier livre truffé de références poétiques, littéraires et de réflexions vivifiantes sur le sens du dépaysement et du lointain, il nous invite à repenser le voyage et à larguer les amarres autrement. Un sac à dos, une gourde et une certaine disposition à l’imprévu suffisent pour partir. Un voyage à faible empreinte carbone, à la portée de tous et de toutes, où que vous soyez.    À lire : - «Microvoyage, le paradis à deux pas». Rémy Oudghiri. 2023. Éditions PUF - «L’Echappée belle, l’art de s’évader un peu chaque jour». Rémy Oudghiri. 2025. Éditions PUF - «Le club très fermé des marcheurs solitaires». Rémy Oudghiri. 2022. Éditions PUF.
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