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Author: lundimatin

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Chaque lundi soir, sur lundimatin, une discussion, une rencontre, un débat...
94 Episodes
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À rebours des aventuriers pompeux arpentant de supposés déserts naturels, mais aussi du monde ultra quadrillé de la Big Carto, que nous racontent nos imaginaires du bout du monde et du nulle part ? Les Pétaouchnoks sur lesquels enquête Ricardo Ciavolella sont des vrais lieux, mais flous. Des lieux au nom expressif sur lesquels s’est collé tout un imaginaire de l’ailleurs indéterminé, des noms qui désignent un bout du monde qui riment souvent avec fin du monde. Si ces fins du monde et milieu du nulle part sont souvent méprisés, s’ils portent la marque du regard colonial ou des différentes dominations spatiales qui les ont érigés en repoussoir, approcher leur réalité permet de décentrer notre regard et d’éclairer par l’envers, le petit enfer métropolitain. Et puisqu’il reste tant de cartes à tracer : Pétaouchnoks de tous les pays, unissez-vous !
Norman Ajari est venu nous présenter son Manifeste afro-décolonial, paru il y a quelques jours. Œuvre dont le sous-titre, Le rêve oublié de la politique radicale noir, annonce quelque chose comme un projet politique de refondation. Il y a un déjà-là de l’autonomie noire, qu’il s’agirait de ranimer. Quelle forme a-t-elle pris, quel visage nouveau pourrait-elle se donner ?En 2019, le philosophe annonçait dans l’introduction de La dignité ou la mort. Ethique et politique de la race : « Ce livre fait l’hypothèse qu’il existe – transcendant le partage entre les Afriques et leurs diasporas – une condition noire et une histoire noire essentiellement modernes, définies par une surexposition structurelle à la violence sociale et politique, et par une constante invention contrainte de stratégies de survie. » Dans le Manifeste, il s’agit de « poser les bases d’une nouvelle idéologie panafricaine, sociale et révolutionnaire », destinée à fédérer ces « stratégies de survie » – pour les changer en une politique de l’autonomie noire qui serait à même d’en finir avec l’esclavage, la colonisation, la ségrégation raciale, ces passés qui ne passent pas.D’abord, il faut poser un diagnostic à propos de cette violence négrophobe, analysée à partir de trois concepts : aliénation, expropriation, génocide. Puis il faut critiquer les options politiques antiracistes les plus en vue actuellement, qui nourrissent une forme de « libéralisme identitaire ». Et il reste enfin à annoncer les perspectives concrètes d’une politique d’autonomie noire. Celle-ci pourrait-elle véritablement prendre la forme d’un « Etat fédéral panafricain et communiste » ? Le concept de souveraineté peut-il encore connaître un horizon révolutionnaire ? Les politiques de l’identité méritent-elles d’être taxées de libéralisme ? Voilà les questions que nous soumettent la politique radicale noire.
L’ouvrage Pas de Transition sans transe. Essai d’écologie politique des savoirs de Jean-Louis Tornatore est une contribution majeure pour affronter les violences de la modernité, qui même dans son déclin, nous laisse en héritage un monde fondé sur des représentations qui ont asséché l’expérience de la communauté.Avec ses traversées dans les corpus de l’anthropologie et de la philosophie, mais aussi du théâtre, il nous invite à renouveler une pensée décoloniale. Or celle-ci ne se laisse pas réduire pas à la convocation d’identités mais se situe résolument dans un pluralisme ontologique qui ouvre des perspectives vers une multiplicité de mondes. Partir de la transe c’est alors convoquer la différence comme raison ultime de tout travail d’enquête. Ou des manières de multiplier les autres en nous. C’est à cette condition qu’il nous sera possible de pluraliser le temps à venir. Et ceci ne peut pas être dissocié d’un passé qu’il nous faut rendre multiple à son tour. C’est en cela que la question des résurgences est au cœur de ce livre. Jean-Louis Tornatore nous propose de reconsidérer les fabriques des savoirs en prenant le risque de passages entre des mondes pour sortir de la monoculture du temps linéaire avec ses catastrophes annoncées.
Après avoir travaillé sur les armes et la militarisation de la police dans L’arme à l’oeil et Nous sommes en guerre , Pierre Douillard-Lefevre revient avec un nouveau livre : Dissoudre (Grevis). Il y est évidemment question de cette pratique policière et administrative remise à la mode par le gouvernement : la dissolution des associations et groupements de fait jugés subversifs ou contraire au bonnes mœurs républicaines. Mais pas que... Pierre Douillard-Lefèvre tisse un lien entre ces pratiques répressives ouvertement extra-judiciaires et le projet politique plus global qui vise à atomiser et neutraliser tous les corps collectifs qui pourraient échapper au contrôle et à l’économie. Un lundisoir qui sera exceptionnellement diffusé... mardi soir. En attendant, les bonnes feuilles sont accessibles sur lundimatin par ici.
Ce lundisoir, nous essayons de déterminer ce que l’on nous vole. À partir du texte ultra-connu de Proudhon Qu’est-ce que la propriété ? Catherine Malabou nous découvre en quoi nos héritages ne sont précédés d’aucun testaments. En quoi la propriété, c’est le vol. Mais le vol d’abord de la mémoire du fait que nous sommes restés, pour la plupart, des serfs, des aubains, des esclaves.Pour cela, il faut partir ou repartir de Proudhon :« La propriété est le droit d’aubaine : cet axiome sera pour nous comme le nom de la bête de l’Apocalypse, nom dans lequel est enfermé tout le mystère de cette bête. On sait que celui qui pénétrerait le mystère de ce nom obtiendrait l’intelligence de toute la prophétie, et vaincrait la bête. Eh bien ! Ce sera par l’interprétation approfondie de notre axiome que nous tuerons le sphinx de la propriété. Partant de ce fait si éminemment caractéristique, le droit d’aubaine, nous allons suivre dans ses replis le vieux serpent, nous compterons les entortillements homicides de cet épouvantable ténia, dont la tête, avec les mille suçoirs s’est toujours dérobée au glaive de ses plus ardents ennemis, leur abandonnant d’immenses tronçons de son cadavre. » (Proudhon)La Révolution a-t-elle vraiment eu lieu ? La féodalité a-t-elle été, d’un seul coup d’un seul, abolie ? N’y a-t-il pas eu, pendant des siècles, des rémanences, des permanences, des persistances d’Ancien Régime dans un monde moderne, dans un monde nouveau, qui dissimulait, par le déni et l’oubli, tout ce qu’il avait, en réalité, par cette ruse, par ce stratagème, conservé des servitudes des temps passés. Doit-on dire que : « La Révolution a réinstauré à nouveaux frais tout ce qu’elle avait combattu. » (106) ? Alors que, généralement, l’oubli, l’amnésie historique porte sur les grands changements, les grandes ruptures, le fait que l’histoire varie, n’est pas éternelle, est faite de mutations, le fait que ce qui est n’a pas toujours déjà été ; il nous semble que tu nous dis, Catherine Malabou, l’inverse : ce que nous avons oublié, aujourd’hui, c’est que les choses n’ont pas changé. C’est là le stratagème de l’amnésie des persistances. On va voir avec Catherine Malabou quelles sont ces persistances.
Alberto Prunetti, l’auteur d’Odyssée lumpen (Lux éditeur), est originaire de Toscane et plus précisément de Piombino où son père, son babbo, était ouvrier métallurgiste. L’amiante a eu sa peau et Alberto a raconté son histoire dans Amiante (Agone), premier volume d’une trilogie dont Odyssée est le deuxième. Dans le haut-fourneau de Piombino les hommes fabriquaient des rails de 108 mètres d’un seul tenant. Ils en étaient fiers mais cela ne les empêchait pas de se montrer offensifs envers les patrons en appliquant « Les dix commandements ouvriers » transmis de génération en génération. Alberto, boulimique de lecture, a choisi d’aller à l’université. Il lui a fallu pour cela convaincre son babbo, rompre avec la tradition ouvrière. Après ses études, Alberto ne trouve pas de travail en Italie. Alors, comme tant d’autres jeunes Italiens, il part à l’étranger pour en trouver. Il choisit l’Angleterre où l’ombre de Thatcher plane toujours. Du travail, au Royaume-Uni, Alberto en trouve à la pelle : il est tour à tour pizzaiolo, nettoyeur de chiottes, cantinier, ramasseur de framboises. D’un boulot de merde à l’autre, il se fait un tas d’amis tout aussi exploités que lui par le néolibéralisme. Des amis pour la vie. Sans pathos, pas larmoyant pour un penny, mêlant récit d’aventure, comédie, fantastique, critique sociale, Prunetti raconte son odyssée. On se marre, on s’émeut, et c’est fucking bien.Dans ce lundisoir, Alberto parle de son livre mais aussi de littérature working class et de la lutte des GKN, les ouvriers qui occupent depuis deux ans leur usine menacée de fermeture, et du festival de littérature ouvrière qui s’y tiendra pour la deuxième fois cette année.
Un marxiste occidental dit que la philosophie est, en dernière instance, la lutte des classes dans la théorie. Ce même marxiste ajoute que la définition du matérialisme, c’est de « ne pas se raconter d’histoires ». Pacôme Thiellement, lui, nous raconte des histoires (anecdotes des bas-fonds d’internet, de cinéma, de popculture, ou de théologie gnostique), et grâce à elles, porte, pourrait-on dire en pastichant, la lutte des classes, non dans la théorie, mais dans la théoria, θεωρία, c’est-à-dire, en grec, dans le spectacle – dans la sphère spectaculaire. Il porte, avec ses histoires, pourrait-on dire, la lutte des classes dans le spectacle.Or, depuis quelques temps, renouant avec le sens originaire du mot propaganda – « propaganda fide », propagation de la foi –, le camp des bolloréens, les bolloroserviles, les laquais et vassaux de Bolloré mènent une offensive théologico-politique, c’est-à-dire nationale-catholique, grâce à CNews, à travers ce même spectacle. Ce camp est en train de théologiser et de christianiser la sphère spectaculaire et, face à cela, Pacôme mène une contre-offensive plutôt maline, très fine, qui, au lieu de vociférer en anticlérical athée d’arrière-garde contre les chrétiens, vient délicatement diviser la division, confronter le christianisme avec lui-même, réveiller ses courants les plus insurrectionnels, les plus hérétiques et les plus anarchistes – les manichéens, les cathares, les gnostiques, qui s’appelaient entre eux, les Bons Hommes, les Sans Roi – et qui se dressent, dans leurs traditions et leurs pratiques, autant contre l’Église catholique que contre l’Empire romain, autant contre la puissance sacrée que la puissance profane. Contre l’hypothèse catho-capitaliste bolloréenne, contre l’Empire qui n’a jamais pris fin, Pacôme Thiellement propose l’hypothèse des Sans Roi. C’est cette hypothèse que nous allons explorer dans ce lundisoir.
Alors que la vocable de la guerre est désormais sur toutes les lèvres gouvernementales, que nous sommes submergés et bouleversés par ses images provenant d’Ukraine ou de Gaza, nous recevons ce lundi Romain Huët, autour de son dernier livre La guerre en tête (PUF).  De 2012 à 2023, de la Syrie à l’Ukraine, le chercheur Romain Huët a mené une enquête ethnographique au cœur de ce que l’on appelle communément « la guerre ». Sur les front et à ses abords, il est allé à la rencontre de celles et ceux, hommes et femmes ordinaires, qui du jour au lendemain décident de prendre les armes. Pour appuyer un soulèvement populaire comme au début de la révolution syrienne, pour se défendre de l’anéantissement par le régime là encore en Syrie ou pour repousser une invasion comme dans l’est de l’Ukraine. En s’attachant à la vie quotidienne des combattants et des volontaires, en la racontant depuis le ras du réel, Romain Huët nous parle de la guerre depuis cette dimension toujours négligée : le vécu intime, ses déterminations, ses tiraillements, ses joies et ses écrasements.Nous avions interviewé Romain Huët autour de son premier livre Le Vertige de l’émeute, de la ZAD aux Gilets Jaunes, une enquête passionnante et participative au coeur des évènements émeutiers de ces dernières années. Cette interview est disponible ici. Nous l’avions aussi invité à l’occasion d’un lundisoir pour son second livre : De si violentes fatigues, Les devenirs politiques de l’épuisement quotidien une enquête ethnographique et sociologique au long cours au sein d’une association de prévention contre le suicide. La vidéo est peut être vue là.
Faut-il en avoir quelque chose à cirer de Sylvain Tesson et du Printemps de la poésie ? Est-il encore imaginable qu’un poème déclenche une émeute ? Est-ce que l’extrême-droite peut tout écrabouiller par sa simple mais puissante bêtise ? Faut-il casser les phrases et les mots comme on casse des vitrines ? Si vous aussi vous vous posez ces questions, rendez-vous lundi 26 février à 19h dans lundisoir.
La littérature peut-elle casser des vitres ou crâmer des voitures de police ? C’est tout ce que lui souhaite Mačko Dràgàn qui vient de publier un « Abrégé de littérature-molotov » aux jeunes édtions Terres de feu. Punk à chat prolétaire, journaliste vagabond, colérique et libertaire, Dràgàn s’immisce dans le grand débat sur « ce que la littérature peut » en partant de ce qu’elle ne devrait pas être : ennuyeuse. Il nous ouvre sur des lectures qui ont creusé le monde, dans ces livres « molotov » qui bouleversent intérieurement, désincarcèrent l’avenir, foutent le feu aux imaginaires. On ne pouvait que l’inviter à en discuter.
Imaginons un monde où tout conspirerait à produire du néant. Dans ce monde-là, le front du vivant serait le premier menacé, virtuellement, de mise à mort. Bien sûr, on ne le verrait pas tout de suite. Il s'agirait d'une guerre d'attrition. D'un long long siège. On passerait discrètement, en quarante ans, d'un millions six à quatre cent mille travailleur·es de la terre. Appelons cette drôle de guerre : le grand déclin des géorgiques. Car dans ce drôle de monde, les paysans - cultivant les vivants - deviendraient peu à peu des ouvriers agricoles, puis des employés de l'Agroindustrie, puis, ironie du sort, de drôles d'hybrides, à la fois salariés du capital et fonctionnaires payés par les aides de la PAC. Le capital, avare vorace, substituant à son principe minimal de reproduction de la force de travail, l'aide généreuse venue des impôts de l'Europe, ne se soucierait même plus, au fond, de sa propre reproduction - le parasite se suicidant en suicidant son hôte. Dans ce monde-là, heureusement fort loin du nôtre, la logique de production des vivants qui servent à nous nourrir serait, intimement, réellement, à terme, une logique de destruction des producteurs, des vivants mêmes et de la terre. Heureusement, dans ce monde-là, un petit village, exalté, naïf, bourgeonnant depuis les bourgs vers les labours néo-ruraux, se propose de résister encore et toujours aux abstractions de la valeur Agroindustrielle : le village de la confédération paysanne, de l'Atelier Paysan, et de mille autres micro-tentatives d'inverser le procès par lequel le labour général, la dette, l'exploitation deviennent la guillotine du paysan. Réussira-t-il à inverser le cours des géorgiques ? Nous essayons de le savoir, ce Lundisoir.
Nous poursuivons notre série de Lundisoirs sur la fascisation d’atmosphère qui, jour après jour, pulvérise la prétendue évidence du jamais plus. Après le portrait des droites radicales magistralement exécuté par Pablo Stéfanoni et Marc Saint Upéry, l’examen des linéaments de l’hypothèse écofasciste par Pierre Madelin et plusieurs heures de débats publics intitulés Fascisme ou révolution nous accueillons aujourd’hui l’historien Johann Chapoutot. Le problème que nous essayons de suivre avec lui, c’est celui qui pourrait être résumé par la question suivante : les années 30 sont-elles derrières ou devant nous ? Soit : Que faire du sentiment viscéral que nous vivons une « récidive » de l’entre-deux-guerres ? Gérard Granel prophétisait, avant de s’éteindre en 2000 : « Les années 30 sont devant nous. » Cette drôle de familiarité avec les spectres du siècle arrière, qui s’insinue partout au moment même où les archives audiovisuelles de ces années-là se voient désormais colorisées, rafraîchies et rajeunies, au moment même où la fin du noir et blanc abolit l’ancienne distance des temps entre eux et nous, cette familiarité exige que l’on y fasse, analytiquement, retour. Même si, en 2017, Johann Chapoutot disait lui-même que : « la comparaison est permanente sans être pertinente », la permanence même de la question fasciste n’est pas, en elle-même, anodine.L’approfondissement impertinent de sa permanence nous pose question. Le néo-kantien de la revue Esprit, Michaël Foessel, dans son livre Récidive (2018), disait que le « spectre » de l’année 1938 hantait la France de 2018 : même « société qui, sans rien savoir de ce qui [l’attend], [a] déjà abdiqué sur l’essentiel », même « antiparlementarisme par le haut », même multiplication des décrets-lois ou des 49.3, des lois pénalisant l’entraide (décrets-lois de Daladier du 2 mai 1938 sur « la police des étrangers »), même accoutumance à la xénophonie, même contemption de la LDH, même sentiment général « que la fête est finie ». Et ce n’était qu’en 2018.Six ans plus tard, en 2024, Macron a bien failli promulguer la préférence ethnoraciste du RN avec sa loi immigration (« Rassemblement national » tire bizarrement sa nouvelle appellation du parti de Marcel Déat, le Rassemblement national populaire de 1941). Début 2024, on apprend qu’en Allemagne, le parti d’extrême droite AfD planifie, en secret, en cas de victoire électorale, les premiers dispositifs de remigration d’une partie des citoyens allemands dits « non-assimilés ». Or, si l’on ne fait pas de l’histoire téléologique, pour les nazis, au départ, il ne s’agissait jamais « que » de cela : faire remigrer les juifs à Madagascar. Comme l’écrit James Q. Whitman : « L’extermination est venue plus tard. Dans la période qui nous intéresse ici, la priorité des nazis était l’émigration forcée. »Alors on pourrait se dire que 2024, ce n’est rien.Pourtant, c’est exactement aussi ce que pensaient les contemporains du nazisme : Léon Blum n’écrivait-il pas, en 1932 : « Les nazis sont exclus du pouvoir, ils sont même exclus de l’hypothèse même du pouvoir. » ? Ou encore, 29 jours avant la nomination d’Hitler à la Chancellerie, le 1er Janvier 1933, le quotidien social-démocrate Vorwärts ne saluait-il pas la nouvelle année en titrant : « Ascension et chute de Hitler » ? Jacques Madaule, de la revue Esprit, ne disait-il pas, en 1938, un an avant Vichy : « Un parti fasciste en France, pour le moment nous ne le voyons pas. ». Madaule ne pouvant pas imaginer que le parti fasciste qu’il cherchait autour de lui allait venir de l’intérieur même des organes de l’État, au moment de la défaite et de l’avènement de Pétain ?Après tout, aujourd’hui, dans une drôle de symét
Le 9 Juillet 2022, le monde entier assistait à un spectacle plutôt rare : des dizaines de milliers de manifestants Sri Lankais, agriculteurs, étudiants, jeunes, travailleurs, mettaient en fuite le président Gotabaya Rajapaksa et prenait d’assaut son palais. Parvenus à l’intérieur du bâtiment, soit au cœur symbolique du pouvoir, les occupants décident alors de se réapproprier son luxe et sa démesure en poussant de la fonte dans la salle de sport présidentielle ou en organisant des concours de plongeons dans la piscine personnelle du chef de l’État. Si les images de cette mise en commun spontanée et populaire ont réjoui et amusé la planète entière, nous nous sommes entretenu avec une activiste Sri Lankaise active dans le mouvement afin qu’elle nous raconte les différentes étapes du soulèvement [1].Au vu de la situation française, nous la mettons en ligne dans la précipitation, c’est-à-dire en anglais.
Comment expliquer l'actuel « retour du monde magique » et de quoi est-il l’indice ? Résurgence de temps anciens, de croyances oubliées, lutte contre le désenchantement du monde ? A l’aide une boîte à outils conceptuelle nourrie entre autres d’Ernesto de Martino - à l’œuvre duquel le titre est un hommage -, de la démarche symétrique latourienne, des ontologies plurielles de Philippe Descola, et surtout d’une enquête de terrain de plusieurs années auprès de magnétiseurs et de leur patients, Fanny Charasse montre au contraire comment, loin de faire signe vers une anti-modernité ces pratiques et croyances participent au contraire activement à la modernité elle-même : « la remise en cause contemporaine des fondements de la société industrielle constitue moins un ‘retour en arrière’ qu’un pas supplémentaire dans l’accomplissement du projet moderne. » - en témoignent d’une part le discours que les magnétiseurs eux-mêmes tiennent sur leur propre pratique, mais également l’intégration au sein même des institutions de soin de certaines pratiques magico-traditionnelles. Moins qu’une opposition entre modernité et non-modernité, ce qui se joue là serait alors proprement un conflit de modernités, un conflit entre des manières différentes de faire modernité. Audacieuse hypothèse qui tout à la fois ôte peut-être à ces pratiques le caractère subversif dont elles se parent parfois, et qui exige en même temps de la part de qui en fait un objet de science de suspendre précisément son jugement immédiat quant à ce qui est réel et ce qui ne l’est pas.
En ce début d’année, les mots « politique » et « littérature » semblent accolés sur la couverture de plusieurs ouvrages importants , avec quelques variations, Les liens entre poésie et révolution sont de nouveau l’objet de voeux fervents, la littérature l’objet d’une demande de plus en plus explicite de puissances et de lumières pour soutenir nos aspirations politiques Que dit cet espoir, semble-t-il renouvelé, dans les pouvoirs de la littérature ? Et qu’attend on d’elle au juste ? la littérature qu’on disait engagée, pour dire claire dans ses thèses et ses affiliations a fait long feu. On admet que ce que la littérature a à dire du politique est plus indirect, plus sensible, plus pluriel. Mais les rêves d’action directe des fictions et du jeu qui consiste à laisser l’initiative aux mots n’ont pas pour autant disparu et c’est dans cet écart que se situe toute son exploration. C’est en tout cas ces lieux que nous avons arpenté avec Leslie Kaplan et Nathalie Quintane, autour du recueil Contre la littérature politique et de sa collection de textes auquel elles ont participé. Défaire la fausse évidence des liens entre littérature et politique pour raviver la tension qui les noue, l’électricité qui peut en surgir, c’est vital.
L’histoire d’Internet est connue et largement documentée, de la création du réseau par l’armée américaine jusqu’à Tiktok en passant par le minitel et les modems 56K qui font « ding dong ». Ce que propose Félix Tréguer, membre fondateur de La Quadrature du Net et chercheur au CNRS, c’est peut-être tout l’inverse : une Contre-histoire d’internet, du Xve siècle à nos jours (Éditions Agone), soit une archéologie du réseau, de la logique algorithmique et de l’exploitation des métadonnées en tant que dispositifs de pouvoir et de contrôle, incorporés en nous, malgré nous. Une recherche historico-politique à contre-temps ou à contre-jour qui révèle les stratégies de pouvoir et de capture de l’espace public et cherche un chemin pour sortir de cette dichotomie qui nous enferme dès que nous tentons de penser la technique : le fantasme néo-luddite ou la croyance béate en un capitalisme cognitif. Entre une fuite en arrière et un enfoncement virtuel dans le présent, tracer une fuite en avant, comme on échappe à un piège.
T̶h̶a̶n̶o̶s̶ ̶w̶a̶s̶ ̶r̶i̶g̶h̶t̶En ce qui concerne l’écologie, il y a deux camps : les pruneaux et les pastèques. Les écologistes radicaux sont les pastèques : verts dehors, rouges dedans, émaillé de pépins noirs – bon pour la soif, désaltérant. Les écofascistes sont les pruneaux : bleues dehors, tout frippés, vert-brun dedans – mauvais pour l’hydratation, laxatifs. Si la conscience pastèque est en passe de s’hégémoniser ; elle rencontre l’obstacle de la conscience des pruneaux.La conscience des pruneaux nous est représentée sous les traits d’un personnage de fiction mainstream. Dans la saga des Avengers, il y a un supervilain très puissant, appelé Thanos, qui n’a qu’une ambition : sauver l’univers de son effondrement écologique, en se dotant du pouvoir de faire disparaître instantanément la moitié de sa population. Tout le but de Thanos sera de rassembler les gemmes lui permettant de faire disparaître 50% du monde en un claquement de doigt. Dans la saga, il y parviendra. Les pruneaux fripés, les écofascistes, ne sont rien d’autre que les laquais de Thanos.Ce Lundisoir, nous invitons Pierre Madelin pour son livre La tentation écofasciste, Écologie et extrême droite, paru en 2023 chez Écosociété. C’est le deuxième épisode de notre série ouverte sur le « fascisme qui vient ». Il y a deux mois, nous avions invité Pablo Stefanoni pour son livre La rébellion est-elle passée à droite ? Il y saisissait très finement les mutations des mouvements réactionnaires. Le dernier chapitre de son livre, intitulé Heil pachamama  !, repérait l’émergence d’un fascisme vert – différent du fascisme fossile ou carbofascisme. Un écofascisme à l’état naissant faisait se rencontrer ethno-nationalisme et écologie ; soit : une écologie conçue comme la défense d’un biotope contre les migrants – sentant fort les relents du lebensraum. Leur slogan pourrait être : « sauvez les arbres, pas les réfugiés », et, dans notre cas, « sauvez les arbres, pas les arabes ».Pour situer l’ethno-différentialisme chauvin pseudo-écologiste de ces laquais de Thanos, on peut citer deux déclarations absolument délirantes. La première est de Rudolf Bahro, marxiste dissident, passé à l’écologie radicale, prônant un pessimisme fort, au point de fleurter avec la réaction :« Des profondeurs du peuple s’élève une clameur en faveur de l’avènement d’un Adolf vert. »La seconde est de Pentti Linkola, un écofasciste finlandais, paradoxalement très respecté, mort en 2020, qui recommandait de laisser mourir les migrants en Méditerranée (après tout, dit-il, beaucoup d’oiseaux migrateurs meurent en route), de créer des « goulags verts », d’instaurer la peine de mort pour maltraitance animale et dégradation de la nature, de remplacer la démocratie par une dictature susceptible de ramener l’humanité à des capacités de production et de consommation équivalentes à celles du Moyen Âge. La citation du petit Pentti Linkola est la suivante :« Lorsque le canot de sauvetage sera plein, ceux qui détestent la vie essaieront d’y faire monter encore plus de passagers au risque de le faire couler. Ceux qui aiment et respectent la vie se saisiront d’une hache sur le pont et trancheront les mains des candidats trop nombreux qui s’agrippent au plat-bord » (Linkola, 2009, p. 130). »Il se trouve qu’à la sortie du film Infinity War en 2018, une tempête de tweets et de mèmes associait Thanos à Pentti Linkola, qui affichaient le slogan « Thanos Was Right ».
Pour ce lundisoir, nous accueillons oXni synthèse parfaite entre le rappeur Booba et la chanteuse Barbara. Pas de questions, d'interview ou de surplomb mais un live improvisé dans nos bureaux.
Samedi 2 décembre, nous organisions une après-midi et une soirée de discussion sur le thème Fascisme ou révolution (Voir le programme ici). Nous remercions les très nombreuses personnes présentes et nous excusons pour le froid ! Malheureusement, seule la première table ronde a pu être enregistrée, avec un son qui laisse grandement à désirer. Nous la rendons néanmoins accessible pour celles et ceux qui auront le courage de passer outre la qualité audio.
Selim Derkaoui vient de publier Rendre les coups. Boxe et lutte des classes aux éditions Le passager clandestin. Dans cette enquête, le journaliste nous emmène à la rencontre de boxeurs et de boxeuses en France pour essayer de comprendre le rapport de classe à la fois complexe et évident qui traverse ce sport, ceux qui le pratiquent, ceux qui se passionnent pour lui devant leur écran. Dans cet entretien, Selim Derkaoui raconte l'expérience charnelle et la douleur de la rencontre entre deux corps, ce que cette pratique dit des rapports de domination et comment les politiques publiques tentent de la récupérer afin de calmer les nerfs et canaliser les rages. Le ring comme lieu d'inscription de classe et de résistances, la boxe comme pratique politique.
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