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Religion, histoire et société dans le monde grec antique - Vinciane Pirenne-Delforge
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Religion, histoire et société dans le monde grec antique - Vinciane Pirenne-Delforge

Author: Collège de France

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Depuis 2017, Vinciane Pirenne-Delforge est titulaire de la chaire Religion, histoire et société dans le monde grec antique. Les différents termes de cet intitulé désignent les éléments constitutifs de l'enseignement de la chaire et des recherches qui le fondent. Ainsi, le recours aux méthodes éprouvées de la démarche historico-philologique et la mise à profit des apports de l'anthropologie historique permettent d'appréhender l'étroite imbrication de ce que nous appelons « religion » dans les différents aspects de la vie sociale, politique, culturelle, voire économique, du monde grec. Ce dernier est envisagé au sens large de tous les lieux où les Grecs se sont établis, par la fondation de cités.

La religion grecque est un polythéisme, ce qui évoque d'emblée une multiplicité de figures divines. Mais la pluralité qu'exprime le terme ne concerne pas seulement les entités suprahumaines auxquelles les Grecs ont rendu hommage pendant presque un millénaire. Toutes les composantes de leur religion, des représentations aux pratiques, relèvent d'un large éventail de possibles, non pas fondés sur des dogmes ou sur une révélation, mais sur des normes culturellement déterminées et des traditions narratives. Afin de comprendre un tel foisonnement de dieux et de rituels, il convient d'en restituer soigneusement les contextes et de faire droit à la complexité d'une culture dont l'apparente familiarité est un héritage trompeur. L'objectif des recherches menées au sein de la présente chaire est précisément de rendre compte des lignes de force qui structurent l'imaginaire des Grecs, ainsi que des pratiques qu'il induit et qui le constituent.

87 Episodes
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Vinciane Pirenne-DelforgeCollège de FranceReligion, histoire et société dans le monde grec antiqueAnnée 2024-2025La part des dieux : la Grèce comme culture sacrifiante11 - Sacrifices tragiques (2)RésuméAprès une incursion dans les tragédies qui évoquent des sacrifices humains, ce sont les sacrifices animaux qui sont analysés dans trois tragédies : l'Agamemnon d'Eschyle, l'Électre d'Euripide et l'Antigone de Sophocle. L'Agamemnon, où était décrit le sacrifice humain d'Iphigénie jusqu'au moment de la porter au-dessus de l'autel, évoque également des sacrifices d'animaux qui sont autant de dispositifs sociaux aisément reconnaissables sous la forme d'actions de grâce aux dieux de la cité ou de la maisonnée. Mais là encore, la perversion du processus est la clé de leur place dans l'intrigue et ces opérations sont analysées, que ce soient les offrandes de Clytemnestre à tous les dieux de la cité à l'annonce du retour d'Agamemnon, ou le sacrifice de bienvenue au roi et d'intégration de Cassandre à l'autel de Zeus Ktèsios, qui se transforme en double meurtre. Dans l'Électre d'Euripide, deux sacrifices aboutissent également à des meurtres : celui d'Égisthe aux Nymphes est interrompu quand Oreste le met à mort au-dessus du jeune bovin immolé pour les déesses, et celui de Clytemnestre s'inscrit dans le cadre trompeur d'un sacrifice de bonne naissance qui se solde par la chute du corps de la reine sur le cadavre de son amant. Enfin, dans l'Antigone, le devin Tirésias, très inquiet des mauvais présages qui lui arrivent par le biais des oiseaux, entame un sacrifice divinatoire qui tourne très mal : la part des dieux refuse de brûler et c'est la traduction concrète, effrayante, de la rupture de communication entre la cité et ses divinités.
Vinciane Pirenne-DelforgeCollège de FranceReligion, histoire et société dans le monde grec antiqueAnnée 2024-2025La part des dieux : la Grèce comme culture sacrifiante10 - Sacrifices tragiques (1)RésuméDans le cadre de l'exploration du matériau poétique grec pour étudier la part des dieux en contexte sacrificiel, la tragédie est une pièce de choix. En effet, l'association entre tragédie et sacrifice est l'une des plus historiographiquement chargées qui soient, pour deux raisons au moins. Tout d'abord, la question des origines du sacrifice, qui a hanté la recherche sur le rituel depuis le milieu du XIXe siècle, a puisé à la tragédie grecque une partie de ses arguments. Puisque le mot tragédie signifie en grec « le chant du bouc », le genre tout entier a pu être articulé au cadre rituel de la mise à mort d'un animal. Ensuite, la perversion et le détournement des sacrifices tragiques qui conduit à mettre des humains à mort ont nourri l'intérêt, voire la fascination, des chercheurs modernes pour le sacrifice humain. S'il est bien une perversion de l'offrande sacrificielle, c'est celle-là, dont la présente leçon se saisit. La mise à mort rituelle d'Iphigénie, rappelée par le chœur de l'Agamemnon d'Eschyle, est l'exemple le plus célèbre de ce que nous avons pris l'habitude d'appeler un sacrifice humain. Au supplice d'Iphigénie requis par Artémis vient s'ajouter celui de Polyxène, réclamée par l'ombre d'Achille, dans l'Hécube d'Euripide. Ce ne sont pas les seules figures tragiques à s'inscrire dans un tel cadre, mais il faut reconnaître qu'elles sont paradigmatiques dans toute la tradition grecque elle-même, et dans l'historiographie ensuite. La pertinence de les considérer comme des « sacrifices humains » est analysée. Quant à la jeune fille anonyme mise à mort dans les Héraclides d'Euripide et le fils de Créon, Ménécée, qui se suicide dans les Phéniciennes, leur sort est scellé par d'antiques prophéties qui font respectivement de Perséphone et de la Terre les destinataires de leur sang pour sauver Athènes, dans le premier cas, et Thèbes, dans le second. Le lexique de ces différentes mises à mort, plus ou moins ritualisées selon les contextes, est analysé.
Vinciane Pirenne-DelforgeCollège de FranceReligion, histoire et société dans le monde grec antiqueAnnée 2024-2025La part des dieux : la Grèce comme culture sacrifiante09 - Tuer un bœuf : étiologie des BouphoniesRésuméLe terme de Bouphonia désigne un sacrifice qu'accomplissaient les Athéniens lors des Dipolia ou Dipoleia, à savoir la fête de Zeus Polieus célébrée sur l'Acropole d'Athènes au début du mois de juillet. Sur le plan lexical, le nom du rituel associe un bovin (bous) et une mise à mort progressivement conçue comme un 'meurtre' (phonos). Le verbe bouphonein est attesté une fois dans l'Iliade (VII, 466) sans qu'une telle connotation morale ne soit perceptible, pas plus qu'elle ne l'est dans les quelques emplois de l'adjectif bouphonos dans la poésie archaïque et classique. Un mois Bouphoniōn apparaît dans le calendrier de certaines îles ioniennes, ce qui implique la célébration de Bouphonies en ces lieux à des périodes anciennes, mais indéterminées. Par ailleurs, le mois Boukatios et la fête des Boukatia sont documentés en Grèce centrale et renvoient également au fait de tuer (kainein) un bovin. Il est intéressant de constater que le bovin est le seul animal sacrificiel dont le nom entre en composition avec le lexique de la mise à mort, alors que d'autres espèces sont bien plus souvent impliquées dans ce type d'abattage rituel. Il faut dire que le sacrifice d'un bovin est prestigieux, coûteux, voire spectaculaire. Mais ce n'est pas la seule raison de cette mise en évidence lexicale. Pour approfondir ce point, on se penche sur le sacrifice athénien pour Zeus Polieus. Il présentait en effet des traits remarquables qui en ont fait un objet de curiosité et d'interprétation dès l'Antiquité. Le dossier complexe qui en résulte mêle des évocations du rituel lui-même, avec un procès condamnant l'outil de la mise à mort, et une étiologie qui traduit les liens étroits entre labour et sacrifice. Car le bœuf, au-delà de son coût, n'est pas un animal sacrificiel comme les autres : il est l'auxiliaire potentiel de l'homme dans ses travaux des champs ou de transport de charges. C'est la construction rituelle de cette contradiction dont témoigne l'étiologie des Bouphonies, au sein des Dipolies qui rappellent aussi les principes constitutifs de la vie civilisée : les communautés humaines travaillent la terre pour se nourrir, honorent les dieux, font société au sein de l'entité que les Grecs appellent polis et dont, à Athènes en tout cas, Zeus Polieus assure la souveraineté aux côtés de sa fille divine sur l'Acropole.
Vinciane Pirenne-DelforgeCollège de FranceReligion, histoire et société dans le monde grec antiqueAnnée 2024-2025La part des dieux : la Grèce comme culture sacrifiante08 - La colère de Déméter et les orges du sacrificeRésuméL'Hymne homérique à Déméter met en scène la colère de la déesse face à l'enlèvement de sa fille par Hadès, avec le consentement de Zeus. Le poème s'inscrit de plain-pied dans le thème de la culture sacrifiante : la grève qu'entame Déméter retirée dans son temple à Éleusis menace les humains de disparition puisque les céréales ne poussent plus, mais aussi les dieux qui seront alors privés 'du glorieux privilège des offrandes et des sacrifices'. C'est sur cet arrière-plan qu'il convient d'interpréter l'épithète Timaochos dont se pare Déméter quand elle révèle sa divinité à la reine d'Éleusis. L'attribut onomastique, que l'on retrouve pour Hestia dans l'Hymne homérique à Aphrodite, désigne la déesse qui le porte comme 'gardienne de la timē (des dieux)', à savoir la protectrice du sacrifice en tant qu'honneur divin : avec Déméter, par la croissance des céréales qui soutiennent la chaîne alimentaire sur terre et permet que les humains immolent des animaux pour les dieux ; avec Hestia, par le feu du foyer qui permet à la graisse de la part des dieux de s'élever vers ses destinataires. L'orge pâle qui ne croît plus quand Déméter arrête d'exercer sa puissance est un élément central de l'alimentation dans le monde grec antique, tant des hommes que de leur bétail. Cette évidence que l'hymne rappelle avec force pourrait constituer l'arrière-plan du lancer de grains d'orge qui ouvre les sacrifices de l'épopée sous le terme d'oulochutai. Le bios des humains, à savoir les ressources qui les font vivre, et le dispositif sacrificiel sont indissolublement liés et c'est une telle articulation, selon des modalités spécifiques qui échappaient déjà aux acteurs eux-mêmes, que met en œuvre l'ouverture par le rite des orges. Les grains lancés – partiellement sur l'autel, partiellement sur l'animal – installent le dispositif rituel qu'est l'opération sacrificielle dans la culture céréalière, c'est-à-dire celle des hommes mangeurs de pain qui élèvent des animaux domestiques mangeurs de grain.
Vinciane Pirenne-DelforgeCollège de FranceReligion, histoire et société dans le monde grec antiqueAnnée 2024-2025Sacrifices en comparaisonSéminaire - Emmanual Dupraz & Gunnel Ekroth : 1/ Déplacements à différentes échelles dans les rituels des Tables Eugubines ombriennes. 2/ A table for two? Food consumption, the use of space and divine-human interaction in the temenosEmmanual Dupraz : « Déplacements à différentes échelles dans les rituels des Tables Eugubines ombriennes »Gunnel Ekroth : « A table for two? Food consumption, the use of space and divine-human interaction in the temenos »
Vinciane Pirenne-DelforgeCollège de FranceReligion, histoire et société dans le monde grec antiqueAnnée 2024-2025La part des dieux : la Grèce comme culture sacrifiante07 - La colère de Déméter et les orges du sacrificeRésuméL'Hymne homérique à Déméter met en scène la colère de la déesse face à l'enlèvement de sa fille par Hadès, avec le consentement de Zeus. Le poème s'inscrit de plain-pied dans le thème de la culture sacrifiante : la grève qu'entame Déméter retirée dans son temple à Éleusis menace les humains de disparition puisque les céréales ne poussent plus, mais aussi les dieux qui seront alors privés 'du glorieux privilège des offrandes et des sacrifices'. C'est sur cet arrière-plan qu'il convient d'interpréter l'épithète Timaochos dont se pare Déméter quand elle révèle sa divinité à la reine d'Éleusis. L'attribut onomastique, que l'on retrouve pour Hestia dans l'Hymne homérique à Aphrodite, désigne la déesse qui le porte comme 'gardienne de la timē (des dieux)', à savoir la protectrice du sacrifice en tant qu'honneur divin : avec Déméter, par la croissance des céréales qui soutiennent la chaîne alimentaire sur terre et permet que les humains immolent des animaux pour les dieux ; avec Hestia, par le feu du foyer qui permet à la graisse de la part des dieux de s'élever vers ses destinataires. L'orge pâle qui ne croît plus quand Déméter arrête d'exercer sa puissance est un élément central de l'alimentation dans le monde grec antique, tant des hommes que de leur bétail. Cette évidence que l'hymne rappelle avec force pourrait constituer l'arrière-plan du lancer de grains d'orge qui ouvre les sacrifices de l'épopée sous le terme d'oulochutai. Le bios des humains, à savoir les ressources qui les font vivre, et le dispositif sacrificiel sont indissolublement liés et c'est une telle articulation, selon des modalités spécifiques qui échappaient déjà aux acteurs eux-mêmes, que met en œuvre l'ouverture par le rite des orges. Les grains lancés – partiellement sur l'autel, partiellement sur l'animal – installent le dispositif rituel qu'est l'opération sacrificielle dans la culture céréalière, c'est-à-dire celle des hommes mangeurs de pain qui élèvent des animaux domestiques mangeurs de grain.
Vinciane Pirenne-DelforgeCollège de FranceReligion, histoire et société dans le monde grec antiqueAnnée 2024-2025Sacrifices en comparaisonSéminaire - Alice Mouton & Francesca Prescendi : Gestes sacrificiels et parts des dieux en Anatolie hittite et dans le monde romainAlice MoutonDirectrice de recherche au CNRSFrancesca PrescendiDirectrice d'études à l'EPHE
Vinciane Pirenne-DelforgeCollège de FranceReligion, histoire et société dans le monde grec antiqueAnnée 2024-2025La part des dieux : la Grèce comme culture sacrifiante06 - La part des dieux : la Grèce comme culture sacrifiante - La ruse de Prométhée : ceci n'est pas un sacrificeRésuméLe partage inégal du grand bœuf découpé par Prométhée a ouvert une crise en trois temps qui forment autant d'étapes vers la définition de la condition humaine. La première se rapporte directement à la répartition des parts animales puisque cette dernière forme explicitement l'étiologie des sacrifices que les humains auront à accomplir pour les dieux dont ils seront désormais séparés. Les autels odorants et la combustion des os blancs que dessine l'étiologie est une transition adéquate vers la référence au feu ardent que Zeus décide de soustraire aux humains pour compenser l'inégale répartition du bœuf. Dès lors, en dérobant le feu et en le donnant aux humains, Prométhée réintroduit un déséquilibre que Zeus compense en faisant fabriquer un prototype féminin par Héphaïstos. Conçu comme « un beau mal en contrepartie d'un bien », cette « semblance de fille à marier respectable » est un modèle qui crée les conditions de la distinction sexuée au sein de l'humanité, mais aussi d'une société fondée sur les règles matrimoniales et le renouvellement des générations. Replaçant ensuite l'un en face de l'autre l'hymne à Hécate et le récit de la crise prométhéenne, situés symétriquement autour de la naissance de Zeus et de son combat contre son père, on perçoit de multiples résonances entre les passages, qui sont systématiquement analysées. Une incursion dans le poème hésiodique des Travaux referme la leçon puisqu'il fait également droit au récit de la fabrication du prototype féminin qui porte cette fois le nom de Pandora. Les formules récurrentes d'un poème à l'autre sont mises en évidence en tant que points saillants et particulièrement signifiants de cette « fabrication ».
Vinciane Pirenne-DelforgeCollège de FranceReligion, histoire et société dans le monde grec antiqueAnnée 2024-2025Sacrifices en comparaisonSéminaire - Laurent Coulon & Stéphan Dugast : 1/ Le procès du sacrifice en Égypte ancienne. 2/ Le parcours d'un devin chez les Bwaba du Burkina Faso : métamorphose de l'autel et transformation initiatique de son détenteurLaurent CoulonProfesseur du Collège de FranceStéphan DugastChargé de recherche à l'Institut de recherche pour le développementLaurent Coulon : « Le procès du sacrifice en Égypte ancienne »Stephan Dugast : « Le parcours d'un devin chez les Bwaba du Burkina Faso : métamorphose de l'autel et transformation initiatique de son détenteur »
Vinciane Pirenne-DelforgeCollège de FranceReligion, histoire et société dans le monde grec antiqueAnnée 2024-2025La part des dieux : la Grèce comme culture sacrifiante05 - La part des dieux : la Grèce comme culture sacrifiante - Le bon vouloir d'Hécate et la ruse de ProméthéeRésuméDans la Théogonie d'Hésiode, l'expression « hiera erdein », « faire des parts sacrées », apparaît une seule fois, dans l'introduction du long passage que les modernes ont pris l'habitude d'appeler l'« hymne à Hécate ». Les quelque quarante vers (411-452) consacrés à cette déesse interrompent le déroulé de la généalogie des enfants d'Ouranos et de Gaia, et de leur progéniture. La longue digression sur les honneurs accordés à Hécate par Zeus – qui n'est pas encore né à ce stade de la théogonie – forme dès lors une anticipation où toute une série d'activités humaines sont décrites, sous le regard des dieux et d'Hécate en particulier. Le passage est saturé par deux types de champs lexicaux : celui des honneurs que Zeus et les dieux de toutes les sphères du cosmos confèrent à la déesse, et celui de son bon vouloir à elle dans l'attention divine aux activités humaines. Ces deux dimensions sont étudiées et attestent que c'est décidément parmi les hommes que la timē des dieux trouve à s'activer, au travers du contact sacrificiel. Ledit « hymne à Hécate » souligne aussi fortement le coefficient d'incertitude qui grève la vie des humains, suspendue à ce que les dieux leur réservent. Juste après cet « hymne » s'ouvre l'évocation de la descendance de Kronos et Rhéa, avec la naissance de Zeus et ses péripéties, suivies de la victoire du fils sur le père qui anticipe l'épisode de la Titanomachie et sa conquête de la souveraineté sur le cosmos. Mais avant d'aborder le combat contre les Titans, le poète referme l'énumération des enfants nés de cette génération par la descendance de Japet et Klyménè qui compte notamment la figure Prométhée. Intervient à nouveau un long passage qui suspend le fil généalogique de l'intrigue pour décrire le conflit des volontés respectives de Prométhée et de Zeus qui aboutira à la définition du statut des humains. Réunis à Mékonè autour d'un grand bœuf mis à la découpe, hommes et dieux vont se séparer. La présente analyse s'empare des premiers éléments de la « crise prométhéenne » dont l'une des composantes est l'instauration du sacrifice.
Vinciane Pirenne-DelforgeCollège de FranceReligion, histoire et société dans le monde grec antiqueAnnée 2024-2025La part des dieux : la Grèce comme culture sacrifiante04 - La part des dieux : la Grèce comme culture sacrifiante - Variations épiques sur l'abattage rituel (2)RésuméOutre les sacrifices offerts à Pylos par Nestor et les ripailles des prétendants, l'Odyssée fait également droit à des repas plus modestes, dont celui que le porcher Eumée offre à son maître qu'il n'a pas encore reconnu (chant XIV). Ici encore, c'est le verbe hiereuein qui est utilisé pour désigner ce qui est fait du porc gras prélevé du troupeau pour la circonstance. Son abattage et le traitement de sa carcasse jusqu'à la distribution des parts aux commensaux font apparaître toute une série de gestes rituels qui ne correspondent pas à ce que l'on identifie lors des sacrifices explicitement destinés à entrer en contact avec une divinité. Est-ce l'espèce animale qui justifie ces écarts ? Est-ce la portée prioritairement alimentaire de l'opération ? Ou encore les besoins d'une intrigue qui crée ainsi un contraste saisissant entre la piété de l'humble porcher et la démesure arrogante de la jeunesse dorée d'Ithaque ? La réponse à ces questions reste incertaine, mais l'usage du verbe hiereuein pointe vers la notion d'« immolation » qui permet, quand l'alimentation est mise en exergue au terme de l'abattage, de conserver la tonalité rituelle que l'origine latine du mot continue de lui associer. Hiereuein pointe alors vers un abattage ritualisé, fût-ce minimalement. Mais le vocabulaire homérique du sacrifice et de l'immolation qui met l'accent sur les hiera, les « parts sacrées », est progressivement remplacé par le champ lexical de la thusia, qui signifie la combustion et la fumigation. Quelques occurrences de termes de cette famille de mots – sauf thusia – sont déjà attestés dans l'épopée homérique et étudiés ici.
Vinciane Pirenne-DelforgeCollège de FranceReligion, histoire et société dans le monde grec antiqueAnnée 2024-2025Sacrifices en comparaisonSéminaire - Lionel Marti & Christophe Nihan : Pouvoir royal et sacrifice dans la Syrie du 2e millénaire av.n.è. : Mari et OugaritChristophe NihanProfesseur à l'université de MünsterLionel MartiChargé de recherche au CNRS
Vinciane Pirenne-DelforgeCollège de FranceReligion, histoire et société dans le monde grec antiqueAnnée 2024-2025La part des dieux : la Grèce comme culture sacrifiante03 - La part des dieux : la Grèce comme culture sacrifiante - Variations épiques sur l'abattage rituel (1)RésuméDans les vers homériques, la part des dieux est génériquement désignée par le neutre pluriel hiera, « parts sacrées ». Sur cet arrière-plan, le hiereus, que l'on traduit généralement par « prêtre », désigne littéralement « celui qui fait les hiera » et donc celui qui prend en charge la part des dieux. Quant au verbe hiereuein, il devrait signifier « agir en tant que hiereus ». Mais le fait qu'il soit toujours utilisé de façon transitive, avec l'accusatif du nom d'un animal, invalide cette interprétation. Une analyse attentive des usages du verbe doit permettre de mieux saisir l'articulation entre égorgement d'un animal, démarche sacrificielle et alimentation. Cette analyse est donc le premier volet d'une interrogation sur l'abattage rituel en contexte homérique.Si la traduction par « sacrifier » s'impose pour un certain nombre d'occurrences du verbe hiereuein, notamment dans l'Iliade, l'intrigue de l'Odyssée et les banquets dysfonctionnels des prétendants qu'elle met en scène permettent d'affiner cette interprétation. Car, en dépit d'une référence partagée à l'adjectif hieros, le verbe hiereuein n'est pas simplement synonyme de l'expression générique du sacrifice homérique qu'est hiera rhezein/erdein, « faire des hiera ». C'est ce point dont la leçon suivante prolongera l'analyse.
Vinciane Pirenne-DelforgeCollège de FranceReligion, histoire et société dans le monde grec antiqueAnnée 2024-2025Pour l'éternité : les fondations de l'antiquité grecque entre histoire individuelle et collectiveConférence - Sophia Aneziri : La fondation dans la communauté : mémoire du fondateur dans la vie collective et la sphère publiqueSophia AneziriProfesseure, docteure, département d'histoire et d'archéologie, université d'Athènes
Vinciane Pirenne-DelforgeCollège de FranceReligion, histoire et société dans le monde grec antiqueAnnée 2024-2025La part des dieux : la Grèce comme culture sacrifiante02 - La part des dieux : la Grèce comme culture sacrifiante : La part des dieux en contexte homériqueRésuméL'épopée homérique est riche de rituels sacrificiels accomplis par les protagonistes des intrigues qu'elle déploie. La question du statut de l'évocation poétique de gestes rituels est complexe. En effet, les intentions du poète ne sont pas documentaires et, quand bien même l'interprète choisit une lecture partiellement référentielle des données, leur ancrage chronologique est incertain. Toutefois, le monde de l'épopée n'est pas celui, désincarné, du conte (« il était une fois »). La poésie homérique – et surtout l'Iliade – mêle les représentations d'un passé fantasmé, mais concevable pour son public, et les représentations du monde dans lequel vit ce public. Les évocations sacrificielles devaient faire sens, au moins partiellement, pour les auditeurs du poème tout au long de sa transmission. À l'instar des figures divines en action dans l'Iliade, dont le nom résonne avec les dieux des cultes, les pratiques rituelles poétisées devaient entrer en résonance avec les gestes effectués dans le cadre des sanctuaires fréquentés par les auditeurs du poème. C'est pourquoi il est intéressant d'analyser les différents aspects de l'offrande sacrificielle mise en scène par l'épopée, et notamment l'identité, concrète (des cuisses animales entourées de graisse) et symbolique (des hiera, « parts sacrées »), de ce qui est mis à la flamme de l'autel en l'honneur d'une divinité destinataire de l'opération.
Vinciane Pirenne-DelforgeCollège de FranceReligion, histoire et société dans le monde grec antiqueAnnée 2024-2025Pour l'éternité : les fondations de l'antiquité grecque entre histoire individuelle et collectiveConférence - Sophia Aneziri : Les fondateurs face aux communautés : une histoire réciproque de besoins et d'évergétismeSophia AneziriProfesseure, docteure, département d'histoire et d'archéologie, université d'Athènes
Vinciane Pirenne-DelforgeCollège de FranceReligion, histoire et société dans le monde grec antiqueAnnée 2024-2025Sacrifices en comparaisonSéminaire - Renaud Gagné & Philippe Swennen : Le vers comme offrande sacrificielle en Grèce et en Inde védique : approches comparéesRenaud GagnéProfesseur à l'université de CambridgePhilippe SwennenProfesseur à l'université de Liège
Vinciane Pirenne-DelforgeCollège de FranceReligion, histoire et société dans le monde grec antiqueAnnée 2024-2025 La part des dieux : la Grèce comme culture sacrifiante01 - La part des dieux : la Grèce comme culture sacrifiante : Dieux et cité : commencer avec EschyleRésuméComme l'affirmait l'helléniste Jean-Louis Durand (1939-2016), la Grèce antique est une « culture sacrifiante », au sens où y sont accomplis de manière régulière des rituels que nous appelons « sacrifices ». En introduction générale à l'enseignement de cette année, on a proposé un embryon de définition du terme en tant que « rituel mettant en contact des humains et des puissances suprahumaines par la mise à mort d'un animal domestique ». Par rituel, on désigne à la fois un dispositif social et un artéfact culturel. En tant que pratique sociale, le sacrifice a des effets au sein des communautés qui l'accomplissent : c'est la dimension horizontale de l'opération. En tant qu'élaboration culturelle, le sacrifice inscrit ses acteurs humains dans la perspective verticale d'un contact avec des divinités partenaires. Cette double perspective est essentielle à la compréhension du rituel sacrificiel dans le monde grec antique. Après avoir refermé cette introduction générale sur un bref aperçu historiographique, c'est le statut de « divinités partenaires » de la cité qui a été analysé dans la tragédie d'Eschyle Les Sept contre Thèbes où ce thème est omniprésent et chevillé à celui des sacrifices.
Vinciane Pirenne-DelforgeCollège de FranceReligion, histoire et société dans le monde grec antiqueAnnée 2024-2025Conférence - Sophia Aneziri : Gérer l'« éternité » : gestion et protection des fondationsSophia AneziriProfesseure, docteure, département d'histoire et d'archéologie, université d'Athènes
Vinciane Pirenne-DelforgeCollège de FranceReligion, histoire et société dans le monde grec antiqueAnnée 2024-2025Pour l'éternité : les fondations de l'antiquité grecque entre histoire individuelle et collectiveConférence - Sophia Aneziri : Les fondations dans le monde grec antique : une institution hybrideSophia AneziriProfesseure, docteure, département d'histoire et d'archéologie, université d'Athènes
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