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Petites histoires de science
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Petites histoires de science

Author: Institut de France

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Description

L’Académie des sciences lance sa première série de podcasts en partenariat avec Canal Académies. Au micro, Étienne Ghys, l’un de ses deux secrétaires perpétuels : « J’aime parler de science et donner la parole à ceux qui la font, en France ou ailleurs, mais aussi à ceux qui s’y intéressent, qui l’utilisent ou qui travaillent avec des scientifiques. Les thèmes seront choisis au gré de mes rencontres, de l’actualité, des questions que l’on me pose, des échanges et des conférences auxquelles j’assiste, de ce qui pique ma curiosité. »

La musique du générique est une création du compositeur Laurent Petitgirard, secrétaire perpétuel de l’Académie des beaux-arts.
150 Episodes
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Un rapport contrarié à l'écritureMichel Zink commence par évoquer son lien personnel aux lettres, un lien paradoxal fait d’admiration et de maladresse. Lui qui se dit piètre scripteur raconte comment, adolescent, il a volontairement modifié son écriture pour correspondre à l’idéal qu’il voulait donner de lui-même. Une décision qui l’a finalement conduit à écrire de plus en plus mal et de plus en plus lentement.Les écritures médiévalesMichel Zink présente ensuite l’univers des écritures médiévales et leur diversité graphique. Il décrit notamment la transition de l’écriture caroline, ronde et lisible, aux écritures gothiques plus aiguës, parfois plus difficiles, et montre comment la lisibilité, les abréviations et les qualités des manuscrits varient selon les régions ou les publics. Il montre aussi que l’apparition de l’imprimerie a eu un effet inattendu : à partir du XVe siècle, l’écriture manuscrite devenant moins lisible puisque les beaux textes sortaient désormais des ateliers d’imprimeurs. Michel Zink raconte enfin comment l’intelligence artificielle, aujourd’hui, transforme profondément le travail des médiévistes en reconnaissant les écritures de copistes et en déchiffrant des manuscrits jusque-là difficiles d’accès.
L’apprentissage fondateur des lettresLe souvenir des lettres précède pour Xavier Darcos, Chancelier de l’Institut de France, celui de la langue elle-même : les abécédaires illustrés, les lignes de calligraphie tracées sous l’œil vigilant du maître. Ces images fondatrices ont façonné son rapport à l’écriture, où le geste, la forme et la précision primaient - parfois au détriment des enfants dyslexiques ou maladroits, injustement jugés sur leur seule maîtrise graphique.La lettre comme pouvoir et comme culture visuelleAu fil de l’entretien, Xavier Darcos montre combien la lettre dépasse son usage pratique pour devenir un outil politique, esthétique ou identitaire. Des polices associées aux régimes autoritaires aux choix typographiques des institutions, l’écriture se révèle vecteur de sens et d’idéologie. La lecture attentive, lettre à lettre, demeure quant à elle un exercice essentiel pour structurer la pensée, loin des flux rapides et fragmentés de la communication numérique.
Ré-apprendre à lire lentementQuand Tania Mouraud parle de ses lettres allongées, on l’écoute comme on regarde ses murs: lentement. Dans cet épisode, elle raconte comment, chez elle, l’art naît d’un rapport à l’espace et de l’idée qu’une phrase peut devenir architecture, qu’un texte peut se lire comme un paysage.Le rythme du noir et du blancElle évoque une commande du musée d’art contemporain de Nice, réalisée juste après les attentats de 2016 : une fresque monumentale de cinq mètres de haut, sur laquelle court une phrase en italien tirée de l’Opéra La Tosca : « Et maintenant l’heure s’est envolée et je meurs désespérée alors que j’aime tant la vie. » Cette œuvre, explique-t-elle, devait « joindre le musée à la douleur de la ville ». Pour en trouver la juste mesure, Tania Mouraud a compté les barres noires et blanches, travaillant selon la proportion du nombre d’or qu’elle utilise souvent dans son travail. Chez elle, la géométrie n’est jamais froide : c’est une manière de tenir debout face au chaos.Des alphabets contre la guerrePlus loin dans la conversation, elle parle du yiddish, cette langue « des femmes et des voleurs » qui n’appartient à aucun État. Elle y trouve un espace où l’art se dérobe à la guerre et au pouvoir.
Membre de l’Académie française, Danièle Sallenave ne parle pas ici de littérature, mais du livre comme objet : sa présence physique, ce qui en fait un véritable compagnon de vie. Elle évoque son attachement à l’imprimé, son goût pour les typographies, et avoue ne jamais oser corner une page. Au micro d’Étienne Ghys, elle se souvient de la magie de ses premières lectures, des traces laissées par les écritures anciennes, et rend hommage à sa mère institutrice, qui lui a transmis la conviction que lire et écrire s’apprennent ensemble.La matérialité du livre Pour Danièle Sallenave, le livre n’est pas seulement un support de texte mais un objet porteur de gestes, de matières et de traces. Elle parle du papier, des caractères d’imprimerie, des pages qu’on tourne avec soin. Chaque détail compte : la typographie, la texture. L’écrivaine dit son plaisir de manipuler les livres anciens, d’y deviner la main du lecteur ou du copiste, et voit dans ces marques minuscules une manière de faire revivre le passé.Lire, écrire, transmettreIssue d’une famille d’instituteurs, Danièle Sallenave rappelle combien l’apprentissage de la lecture et de l’écriture forme un tout indissociable. Elle rend hommage à sa mère, qui lui a transmis cette conviction simple : on apprend à lire en écrivant, et à écrire en lisant. Dans un monde dominé par le numérique, elle s’interroge sur ce que devient le geste d’écrire à la main, sur la place du corps, de la posture et du mouvement dans la formation de la pensée.
De l’alphabet arabe à l’alphabet latin Et si l’écriture commençait avant les mots, dans la forme même des lettres ? Étienne Ghys s’entretient avec Amin Maalouf, Secrétaire perpétuel de l’Académie française et grand écrivain des langues et des civilisations. Ensemble, ils évoquent la beauté du Garamond, les secrets des alphabets, et la manière dont chaque langue (arabe, française et anglaise) façonne une manière singulière de penser le monde. Garamond, la beauté discrète de la lettreAvant même les mots, Amin Maalouf choisit la forme qu’ils prendront. La police Garamond, avec ses courbes harmonieuses et ses ligatures raffinées, est pour lui une compagne d’écriture. L’écrivain révèle combien la typographie participe à la naissance de ses textes.Les alphabets comme miroirs des civilisationsDe l’arabe au latin, Amin Maalouf raconte également son lien intime avec les alphabets qui ont façonné son imaginaire. Il évoque la complexité de la lecture en arabe, où certaines voyelles se devinent plus qu’elles ne se lisent, et la multiplicité des langues dans lesquelles il a grandi : arabe, français, anglais.
Étienne Ghys reçoit Nicole Bériou, médiéviste et membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, pour une plongée dans l’univers de l’écriture au Moyen Âge. Qui écrit, et pour quoi faire ? Des moines copistes aux chancelleries royales, des notaires aux écoles, l’écriture se diffuse dans toute la société médiévale. Elle transmet le savoir, fonde l’autorité, organise la mémoire. Nicole Bériou raconte cette histoire concrète des lettres, entre instruments, langues et pratiques, où s’invente peu à peu notre culture de l’écrit.
Étienne Ghys reçoit Jean-Pierre Mahé, philologue et membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, pour raconter la naissance d’un alphabet pas comme les autres. Au Vᵉ siècle, en Arménie, un moine nommé Mesrop Machtots décide d’inventer une écriture pour son peuple, afin que chacun puisse lire les textes sacrés dans sa propre langue. Ce geste, à la fois spirituel et politique, va changer le destin du pays. L’épisode nous fait revivre cette aventure, de la formation des premières lettres à leur transmission. Une histoire de savoir, de foi et de liberté, qui montre comment un alphabet peut devenir le cœur battant d’une nation.
Avant les mots, il y a la lettre, cette forme qui façonne nos idées. Dans cet épisode, Étienne Ghys reçoit Yann Sordet, Directeur des bibliothèques de l’Institut et de la Mazarine, pour une traversée savante et vivante de l’histoire des formes typographiques, de Gutenberg à la police Marianne (utilisée aujourd’hui à l’Élysée). Derrière chaque typographie se dessine un paysage d’idées, de pouvoirs et de révolutions : la Réforme, l’humanisme de François Iᵉʳ, le Romain du Roi de Louis XIV, les Didot de la Révolution… jusqu’aux campagnes graphiques d’Obama ! Comment une simple lettre devient-elle l’empreinte d’une civilisation ? La typographie, loin d’être neutre, écrit depuis cinq siècles une histoire intellectuelle et esthétique.
Les ondes font peur. Invisibles, multiples, insaisissables, elles cristallisent les fantasmes et les malentendus. Tout le monde en parle, presque personne ne les comprend. Ondes sonores, électromagnétiques, lumineuses… les définitions se brouillent et la méfiance enfle. Pourtant, la lumière du soleil est une onde électromagnétique, et personne ne songe à la bannir. Le vrai problème n’est pas leur présence, elles sont partout, mais la confusion qui les entoure. Dans cet épisode, Étienne Ghys démonte les idées reçues liées aux ondes et élargit la réflexion aux peurs et malentendus qui entourent la santé.
Réchauffement climatique : on sait, on comprend, mais on n’agit pas. Dans cet épisode, Étienne Ghys revient d'abord aux fondamentaux et éclaire le mécanisme de l’effet de serre, qu’il préfère nommer effet « couverture ». Il dénonce le décalage entre la connaissance scientifique et l’inaction politique. Alors, où agir ? Pour Étienne Ghys, la réponse est simple : pas dans les palais gouvernementaux, mais chez chacun de nous. Le sursaut citoyen précédera le mouvement collectif.
Dans cette troisième Foire aux Questions, Étienne Ghys démonte les illusions autour de l’intelligence artificielle. Mémoire prodigieuse, rapidité fulgurante : oui. Intelligence ? Non. Utile pour épauler les radiologues, certes, mais trompeuse dès qu’on la prend pour ce qu’elle n’est pas. Entre justifications parfois hasardeuses, références inventées et usages démesurés chez les étudiants, le Secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences invite à la prudence : ChatGPT ne pense pas, et les espoirs de régulation restent fragiles.
La science doit-elle forcément servir à quelque chose, tout de suite, dans nos vies ? Et faut-il l’enseigner à ceux qui ne seront jamais chercheurs ? Pour sa deuxième série de questions-réponses, Étienne Ghys, Secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences, s’attaque sans détour à ces débats : la liberté des scientifiques de transmettre (ou pas), l’illusion d’une science toujours “utile”, et le fossé grandissant entre les horizons longs de la recherche et le court-termisme des politiques.
Dans cette nouvelle saison, Étienne Ghys, Secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences, entrouvre les portes de son académie. Que signifie « être académicien » au quotidien ? Quelles traditions, quelles règles, quels secrets se cachent derrière les ors de l’Académie ? Avec simplicité et franchise, il répond à toutes les questions que vous vous posez : son parcours, ses missions, ses étonnements… Au programme de ce premier épisode : que fait un académicien, concrètement ? Aime-t-il ce rôle ? Et comment se joue une élection à l’Académie ?
Si le premier épisode nous a permis de comprendre la définition du mot « hasard », ce deuxième épisode s’attache à comprendre les lois auxquelles il obéit. Le hasard a-t-il une objectivité propre ? Quel rôle joue-t-il dans les sciences morales et politiques ? Autant de questions que Pointcarré aborde en explicitant les exemples déjà cités dans le premier épisode. Extrait lu par Étienne Ghys, Secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences, tiré du livre Science et Méthode, par Henri Poincaré (1908).
À partir d’exemples concrets, de la météo au jeu de roulette, Poincaré explore ce que nous appelons « hasard » et en identifie trois grandes formes : l’ignorance d’une cause minuscule à effets immenses (la météorologie), la complexité des causes qui impose une approche statistique (la physique des gaz), et l’intervention de facteurs imprévus, absents du modèle. Dans la lignée de Laplace, Poincaré semble voir dans le hasard un masque de notre ignorance. Mais il va plus loin : il interroge la nature même des lois et leur stabilité. Sa posture conventionnaliste l’aide à clarifier ces enjeux, sans pour autant esquiver la complexité du problème. Extrait lu par Étienne Ghys, Secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences, tiré du livre Science et Méthode, par Henri Poincaré (1908).
Dans cet épisode, Étienne Ghys poursuit la lecture du chapitre sur l’invention mathématique extrait de Science et méthode (1908). Henri Poincaré y revient sur la genèse d’une de ses découvertes majeures : les fonctions fuchsiennes. Il raconte en détail le fameux épisode de "l’omnibus de Coutances", moment d’illumination survenu alors qu’il ne pensait plus à son problème. Cette scène, devenue célèbre chez les mathématiciens, illustre avec force son intuition d’un inconscient mathématicien, capable d’associer librement des idées pour faire émerger une solution. Extrait lu par Étienne Ghys, Secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences, tiré du livre Science et Méthode, par Henri Poincaré (1908).
Au début du XXe siècle, Henri Poincaré publie quatre ouvrages majeurs de philosophie des sciences. Dans cet épisode, Étienne Ghys lit un extrait du troisième chapitre de Science et méthode (1908), consacré à l’invention mathématique. Poincaré y décrit la création en mathématiques comme un processus profondément psychologique, mêlant travail conscient et intuition inconsciente. Il insiste sur le rôle de cette activité souterraine, capable de faire émerger, souvent par surprise, des solutions préparées dans l’ombre. L’invention n’est donc pas un simple fruit du calcul ou de la logique, mais un phénomène psychologique complexe, fait d’essais, d’échecs, de maturation silencieuse et d’émergence soudaine. Extrait lu par Étienne Ghys, Secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences, tiré du livre Science et Méthode, par Henri Poincaré (1908).
Pour clore cette série consacrée à la vérité, Étienne Ghys lit des extraits du blog de Terence Tao, médaille Fields et figure majeure des mathématiques contemporaines. Depuis l’élection de Donald Trump en 2016, Terence Tao partage ses réflexions sur un phénomène préoccupant : l’instrumentalisation de la vérité à des fins politiques. À partir d’outils logiques et de références culturelles comme 1984, il analyse l’émergence des « faits alternatifs » et la fragilisation du socle commun qui permettait de définir ce qui est vrai. Un glissement qui, selon lui, menace même les disciplines fondées sur la démonstration rigoureuse.
Dans cet épisode, le mathématicien Étienne Ghys lit un extrait de l’introduction de La Valeur de la science, publié en 1911, où Henri Poincaré s’interroge sur la portée de la science et le rôle du langage mathématique. Loin d’être un artifice, ce langage révèle les analogies profondes entre les phénomènes et donne accès à l’harmonie du monde, seule réalité véritablement objective. La recherche de la vérité, écrit-il, doit guider notre activité, même si elle est parfois cruelle ou décevante, car seule la vérité, et non l’illusion, est belle. Les lois scientifiques, en exprimant cette harmonie du monde, donnent sens au progrès : elles n’effacent pas les théories anciennes, elles les intègrent et les dépassent.
Cette semaine, Étienne Ghys dialogue avec Olivier Pironneau, mathématicien et membre de l’Académie des sciences, qui a longtemps vécu en Inde. Là-bas, la vérité ne s’impose pas, elle s’écoute, se construit à deux voix, dans une dialectique douce. Ni absolue, ni figée, elle est un état intérieur, une expérience de pensée qui mène parfois au silence, quand il n’y a plus ni doute, ni besoin d’avoir raison. Olivier Pironneau évoque les textes anciens, qui sont des recueils philosophiques et spirituels, parfois millénaires. Écrits sous forme poétique comme les Védas, ils incarnent cette conception de la vérité : insaisissable, non démontrable, et réservée aux sages. Une vérité qui ne se conquiert pas, mais se contemple.
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