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Le choix musical de RFI
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Le choix musical de RFI

Author: RFI

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Description

Du lundi au vendredi, chaque matin, un journaliste vous parle des artistes qui font l’actualité des musiques de l’espace francophone, de l’Afrique et de ses diasporas. Vous pourrez y entendre plus largement des musiques du monde et du Sud, des musiques actuelles et urbaines qui sont au cœur de l’identité de RFI.

Diffusion 8h50, heure de Paris, 7h50 TU.

503 Episodes
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Dans son deuxième album, sorti le 14 novembre dernier, l'artiste italien Davide Ambrogio explore la déconnexion de l'homme et de la nature. Inspiré par sa Calabre natale et par les 14 étapes du chemin de croix, il propose dans Mater Nullius à la fois un voyage intérieur, une réactualisation des rites traditionnels, et une réflexion sur la puissance du son. Quatre ans après son précédent projet, Evocazioni e Invocazioni, Davide Ambrogio propose un nouvel album, avec une recherche toujours aussi poussée sur le son et le sens. À la fois musicien et savant fou de la musique, l'artiste calabrais est, sur ce projet, chanteur, compositeur, multi-instrumentiste et même inventeur puisqu'il a fait concevoir, spécifiquement pour ce disque, les instruments de musique qui lui convenaient. « J'ai demandé à deux artisans de construire deux instruments, explique Davide Ambrogio pour RFI, qui sont les instruments principaux de l'album : un gros tambour de la Semaine Sainte, fait en Calabre, dans le sud de l'Italie ; et un instrument électronique fait en Sardaigne. Ce sont deux outils très différents, mais qui transcrivent bien le dialogue intérieur au cœur de l'album. »  Une lettre d'excuses à la nature  Mater Nullius met en scène un protagoniste – « un homme occidental » précise Davide Ambrogio – déconnecté de la nature et en plein conflit intérieur. Cette dualité habite tout le projet : les traditions ancestrales et la modernité se rencontrent dans l'utilisation d'instruments d'époques différentes, mais aussi grâce à la réinterprétation d'anciens rites dévotionnels toujours bien vivants en Italie. À commencer par la Semaine Sainte qui retrace les 14 étapes du chemin de croix, représentées ici par les 14 titres de l'album, comme 14 enjeux « très importants dans la vie moderne : la spiritualité, l'individualité ou l'argent par exemple ». Pour franchir ces obstacles et parvenir au bout de son voyage intérieur, le protagoniste de Davide Ambrogio n'a pas d'autre option que de « dialoguer avec sa part primitive ». Il en ressort un album profond et hypnotique, comme une invitation à la danse et même à la transe, à laquelle il est difficile de résister.  Davide Ambrogio Mater Nullius (ViaVox Productions) 2025Facebook / Instagram
C'est un album dans lequel la flûte est reine. Après Western et Fantômes, Jî Drû revient avec Poems for Dance – 15 poèmes pour danser qui mêlent jazz, funk, soul, électro et afrobeat. Le flûtiste, chanteur et producteur français y convoque le pouvoir de la danse pour signer un disque aussi poétique qu'engagé.
Le rappeur français Lujipeka dévoile son nouvel album, Brûler Paris. Il poursuit ainsi sa route en solo après des années de concerts, de festivals et de succès au sein du collectif de rap Columbine. Mais après des centaines de dates menées dans un rythme effréné et sous pression, l’artiste finit par atteindre un point de rupture.  Au début de l’année 2024, Lujipeka coupe tout : carrière, musique, réseaux sociaux. Il s’offre un aller simple, part seul se ressourcer, dans un silence radical. À son retour à Paris, il a changé, mais se heurte à un monde resté exactement le même. Désorienté, il ressent une fracture profonde, se retrouve face à lui-même et, après deux ans de silence, commence à écrire son nouvel album. Sur ce disque, Lujipeka raconte une année de chaos, entre fêtes, voyages, excès et questionnements profonds. De cette période naît une nouvelle direction artistique : un rap parfois proche de la pop, plus intime et plus organique, porté par des instrumentales acoustiques. « Je n’avais jamais vraiment fait de projet hyper cohérent musicalement. J’allais un peu dans tous les sens, je testais plein de trucs. Là, je me suis plus trouvé dans ce que je voulais faire, et pour avoir un album homogène, il faut aussi que la musicalité soit homogène. Là, tu vois, on a tout enregistré avec les mêmes guitares, les mêmes synthés ; on bossait avec un Prophet. J’avais besoin de ce fil conducteur pour accompagner l’histoire », explique-t-il. « L'Auto-tune, c'est l'outil de ma génération » Même si les instruments acoustiques occupent désormais une place plus importante, les machines restent essentielles, notamment pour travailler sa voix. Lujipeka revendique pleinement son usage de l’Auto-tune : « Déjà, pour le côté pratique, ça me permet d’atteindre des notes que je ne saurais pas chanter. Et puis, j’adore ce que ça apporte esthétiquement. Je suis vraiment de cette école-là, c’est l’outil de ma génération. Beaucoup de mes références l’utilisent, des artistes que je kiffe comme Rosalía ou Kanye [West]. Ça me permet de chanter, d’expérimenter d’autres choses. » À lire aussiLujipeka, nouvel album: «Brûler Paris» ou l'envie de révolte S’il a l’impression d’être arrivé au bout des influences qui lui ont donné envie de faire de la musique et qui l’ont construit adolescent, comme Tyler, The Creator et Yung Lean, Lujipeka continue de s’inspirer des artistes qui l’ont précédé. C’est notamment le cas sur le morceau « Super Riche Kid ». Il confie : « C’est une référence au morceau de Frank Ocean qui porte le même nom, mais on a un peu francisé le titre. Lui, parlait de la jeunesse dorée californienne à Los Angeles, et moi, je voulais aussi évoquer la jeunesse dorée mais parisienne, que j’ai découverte en arrivant dans cette ville. Je viens de Rennes. Donc, il y avait un décalage social entre les gens qui ont de l’argent et qui viennent de Paris, et ceux qui arrivent de Rennes comme moi. Même en étant dans la musique, le fait de découvrir ces soirées mondaines, ça m’a créé une certaine frustration, et j’ai voulu leur faire une petite pichenette dans l’album. » Entre vulnérabilité et envie de revanche Brûler Paris est un album assez mélancolique, dans lequel Lujipeka explore sa relation complexe à la capitale française, mais aussi la nécessité de brûler les illusions et une certaine vision de la réussite. Un disque sincère, où il se montre vulnérable, écrit avec l’énergie du désespoir pour ensuite mieux tout réinventer. Lujipeka sera en tournée dans toute la France à partir de février 2026. Lujipeka Brûler Paris (Columbia) 2025 Facebook / Instagram / YouTube
Le onzième album du jazzman canado-haïtien intitulé sMiles est un hommage au grand trompettiste Miles Davis. Jowee Omicil l'emmène en voyage pour un tour du monde musical et se plait à l'imaginer tantôt au cap-vert, tantôt au Ghana ou encore au Mali, sans oublier un petit détour par Haïti. Jowee Omicil déploie ici toute sa palette artistique ainsi que talent de multi-instrumentiste.
C'est un record pour une artiste hispanophone avec 42 millions d'écoutes en 24 heures. Cela témoigne de l'enthousiasme qui entourait la sortie du quatrième projet de la chanteuse catalane Rosalía. Avec Lux, l'artiste espagnole dévoile un disque ambitieux, audacieux et imprévisible qui n'a pas peur de mélanger les genres ni les thèmes. Rosalía s’est imposée en quelques années comme l’une des artistes les plus innovantes de la scène pop internationale. Originaire de Catalogne, elle fascine par sa capacité à conjuguer tradition et modernité. Son quatrième album, Lux, était très attendu. Sorti il y a une semaine, il marque un nouveau tournant dans sa carrière. Dès l’introduction de l’album, Rosalía pose une question universelle : qu’est-ce que le beau ? Là où beaucoup s’interrogent toute une vie, l’artiste catalane relève le défi en 18 titres, condensés sur une heure d’écoute. L’émotion est immédiate, le retour aux racines flamenco palpable, et la démesure assumée. Un projet ambitieux, pensé dans les moindres détails À l’heure où la plupart des albums pop se contentent de 40 minutes, Lux s’étire sur près d’une heure. Trois années de travail, dont une entière dédiée à l’écriture, ont été nécessaires. Les textes sont chantés en treize langues – espagnol, catalan, ukrainien, arabe, pour ne citer qu’elles. Rosalía s’est également entourée de l’Orchestre symphonique de Londres, qui accompagne chaque morceau et confère à l’ensemble une dimension orchestrale rare dans la pop contemporaine. Impossible de prévoir la direction de chaque morceau. Sur Lux, la pop flirte avec l’opéra, la trap rencontre le flamenco, la rumba croise des expérimentations sonores, le tout ponctué d’un hommage à Björk (qui fait une apparition remarquée sur l’album). Ce foisonnement d’influences donne naissance à des titres inclassables, comme « Porcelana ». Malgré cette grande diversité, l’album conserve une cohérence grâce à la voix de Rosalía. Maîtrisée, singulière, elle navigue entre puissance et fragilité, guidant l’auditeur dans cet univers foisonnant sans jamais perdre le fil. Un album contre la facilité La religion s’affiche comme un thème central. Sur la pochette, Rosalía porte une coiffe de nonne et une camisole de force, annonçant la couleur. Dans ses textes, elle explore la spiritualité, son rapport à Dieu, mais aussi les contradictions de l’existence. La chanson « Divinize » illustre parfaitement cette dualité, mêlant questionnements religieux et références à la sexualité ou aux relations passées. Lux est un album dense, exigeant, qui refuse la facilité et les refrains calibrés pour les algorithmes. Rosalía l’assume pleinement, elle préfère explorer de nouveaux territoires musicaux plutôt que de céder à la paresse créative. « Il y a des chansons qui vous hantent comme un fantôme, confie-t-elle au New York Times dans une de ses rares interviews. Dès l'instant où vous les entendez, elles vous restent en tête comme un virus et il y a d'autres chansons qui vous aident à libérer quelque chose. Dans le premier cas, vous allez vous souvenir de la mélodie dès le début. Mais dans le second type de chanson, vous n'oublierez jamais ce qu'elles vous ont fait ressentir. C'est ça que je veux. » Difficile de résumer en quelques lignes un album aussi riche et complexe. Plus qu’un simple projet musical, Lux est une expérience sensorielle, à vivre sans a priori et à écouter sans modération. Facebook / Instagram / YouTube
Na Tondi Oa, je t'aime en langue douala. Le premier album du rappeur parisien d'origine camerounaise, Sidney, est une déclaration d'amour. Les amours qui passent et celles qui durent toute la vie, comme celui qu'il voue à sa grand-mère à qui est dédié cet album. Après deux EP marqués par un rap égo-trip, Sidney explore désormais sa vie et celles des trentenaires de sa génération.
Après l'Argentine, les Îles Féroé ou encore le Transsibérien, le Français Thylacine a composé son nouvel album ethno- électronique en Namibie dans son studio mobile caravane. Il est parti pendant plusieurs mois. Son nouvel album s'intitule Roads Vol.3.  Thylacine, de son vrai nom William Rezé, connu pour ses compositions de musique électronique, est reparti trois mois et demi l'hiver dernier. Il a voyagé dans sa caravane Airstream aux allures de vaisseau spatial, tout en aluminium, (12 m2) qu’il a transformée en un véritable studio nomade et en lieu de vie. Avec le troisième volet de sa série Roads, Thylacine, nous plonge au cœur des paysages et de l'histoire de la Namibie.  Un voyage sonore où chaque note raconte un paysage, une émotion, une rencontre, une expérience Sa complice, Cécile Chabert, photographe et vidéaste, a réalisé les clips et le documentaire qui accompagnent cet album sur les plateformes et pendant la tournée. Cet album est autant un carnet musical de voyage, qu'un récit de rencontres comme avec la communauté Himba qui participe à l'album. Thylacine enregistre micro à la main dans le désert les sons des animaux du bush, oiseaux, insectes, crissement du sable, vent, atmosphère... Tout cet indicible dont il nourrit ensuite ses compositions comme dans « Dokido » enregistré au cœur du village Ozohere. « On est resté une dizaine de jours avec la communauté, raconte Thylacine. Une relation s'est nouée, j'aime découvrir comment on vit la musique partout dans le monde. Beaucoup de musiques peuvent se rencontrer, mais c'est mieux quand il y a un vrai échange, une rétribution, certains musiciens vont sampler des choses sur internet sans savoir de quoi il s'agit. Ma démarche est différente. » Thylacine compose autour de l'itinérance.  Il intéresse aux instruments traditionnels locaux comme les percussions avec l'objectif dʼenregistrer dʼéventuels artistes, afin de leur donner une place dans cette nouvelle production musicale. Le musicien est en tournée pour ce troisième album enregistré sur la route en Namibie avec une cinquantaine de dates en France et en Europe, dont un Zénith à Paris, le 19 mars 2026. Thylacine Roads Vol.3 (Intuitive Records) 2025 Facebook / Instagram / YouTube
Quatre ans après Civilisation, Orelsan fait son grand retour avec un cinquième album très attendu : La fuite en avant. À la fin du mois d’octobre, le rappeur français dévoilait Yoroï, un film fantastique dont il est à la fois co-scénariste et acteur principal. Moins de dix jours plus tard, il surprend avec un nouveau disque : ce n’est pas la bande originale du film, mais il en prolonge clairement l’univers. Plusieurs des 17 titres dialoguent avec les thématiques de Yoroï : le changement, les fantômes intérieurs, la maturité et la paternité. L’amour et la vie de couple occupent aussi une place centrale, notamment dans le morceau « Boss ». Orelsan en parlait dans l’émission Légendes Urbaines, sur RFI et France 24. « Ce qui est important, c'est de trouver le bon angle. Par exemple pour "Boss", je voulais faire un morceau à la Alicia Keys, genre "Girl on fire". Un morceau où une femme monte sur scène et elle est forte, combattante. J'ai fait une première version très premier degré, qui ne m’a pas totalement convaincu. Donc j'ai fait une autre version, sur les différences entre l’homme et sa femme. Après, j'ai fait une troisième version sur la manière dont ils se sont rencontrés… J'ai fait neuf versions en tout. Et au final, dans une des versions, il disait "c'est elle la boss". Et je me suis dit, mais c'est ça l'angle ! » explique le rappeur. Un album aux mille influences Musicalement, La fuite en avant se distingue par sa grande diversité. Orelsan poursuit l’ouverture amorcée dès Le Chant des sirènes (2011), avec ses refrains chantés et ses influences pop, et la pousse encore plus loin. Après avoir exploré la trap et les musiques électroniques sur La fête est finie (2017) et Civilisation (2021), il s’aventure cette fois vers des sonorités rock, dance et même k-pop sur « Oulalalala » un morceau en collaboration avec les chanteuses sud-coréennes Fifty-Fifty. Parmi les invités, on retrouve aussi Yamê, rappeur franco-camerounais, qui incarne la petite voix tentatrice d’Orelsan dans « Encore une fois ». À lire aussi«La fuite en avant» d'Orelsan, entre apaisement et lassitude Entre ironie et sincérité Orelsan oscille entre egotrip et confessions à cœur ouvert avec son ton habituel : ironique, parfois désabusé, souvent tendre. Quinze ans après « Suicide social », il conserve ce goût du second degré et des punchlines, mais raconte aussi son quotidien plus apaisé, sa lassitude des réseaux sociaux, ses doutes et ses peurs face à la paternité. Avec La fuite en avant, Orelsan, fidèle à lui-même, livre un album dense et sincère, où la dérision côtoie la mélancolie. Un album inégal et dont certaines mélodies sonnent comme du déjà-entendu, mais aux textes marquants, comme toujours. Orelsan La fuite en avant (7th Magnitude / Strong Ninja) 2025Facebook / Instagram / YouTube
De la scène des Transmusicales de Rennes à la sortie de leur premier album, Nusantara Beat, collectif indonésien basé à Amsterdam, fait souffler un vent nouveau sur le funk psychédélique. Retour sur le parcours et l’univers de ce groupe qui célèbre les traditions de l’archipel, tout en les réinventant. Basé aux Pays-Bas, mais composé exclusivement de musiciens d’origine indonésienne, Nusantara Beat est né d’une volonté commune : rendre hommage à la musique de leurs aînés. Leur nom, « Nusantara », évoque d’ailleurs l’ensemble des îles indonésiennes, symbole d’unité et de diversité culturelle. C’est à la fin de l’année 2023, lors du festival des Transmusicales de Rennes, que le groupe se fait remarquer par une prestation aussi énergique qu’originale. Ce tremplin les conduit à signer trois titres sur l’excellent label suisse Bongo Joe, dont le très réussi « Djanger ». Avec leur premier album, Nusantara Beat propose une relecture moderne du psyché-folk indonésien des années 1960, époque où les musiciens locaux s’inspiraient de la surf music et du mouvement psychédélique américain. Le groupe, lui, opère le mouvement inverse : grandis en Europe, ses membres revisitent les sonorités de leurs racines, mêlant instruments traditionnels comme le tambour kendang ou les gongs balinais à des textures modernes. « Nous voulons rendre hommage à nos grands frères indonésiens tout en modernisant leur héritage, sans jamais oublier la richesse de la musique traditionnelle », expliquent-ils. Nusantara : un projet à l’image de l’archipel L’Indonésie, c’est 17 000 îles, 285 millions d’habitants et plus de 600 langues. Le nom du groupe, « Nusantara », souligne cette volonté d’unité à travers la diversité. Aujourd’hui encore, le terme incarne le rassemblement de toutes les cultures de l’archipel, un message que les membres du groupe souhaitent porter à travers leur musique. Leur premier album, qui sort le 14 novembre, est particulièrement attendu, tant les premiers singles avaient séduit les critiques et le public. Nusantara Beat y poursuit son exploration des frontières entre modernité et tradition, à travers des titres comme « Kalangkang », qui promettent déjà de faire voyager les amateurs de groove et de découvertes musicales. Nusantara Beat Nusantara Beat (Glitterbeat Records) 2025 Facebook / Instagram / YouTube
C’est un album coup de poing. Hasta Cuándo (« Jusqu’à quand ? ») résonne comme un cri musical contre la misogynie et le racisme. Porté par deux musiciennes afro-cubaines, ce projet mêle reggae militant et héritage Black Panther aux sonorités funk, rap et électro en dix titres féroces et sensuels.
Quelques notes de Ségui Sô suffisent pour plonger dans l’univers du percussionniste et batteur ivoirien Donald Dogbo. Dans ce nouvel album, le jazz contemporain fusionne tout naturellement avec les rythmes africains. En bambara, Ségui Sô signifie « retour aux racines » : un titre qui résume parfaitement la démarche de l’artiste, héritier d’une longue lignée de tambourinaires. Donald Dogbo a grandi au son du ngoma, tambour d’Afrique centrale – notamment du Congo – et du tam-tam parleur, venu d’Afrique de l’Ouest. Deux traditions qu’il réunit naturellement dans cet album. « Sur ce disque, on peut entendre les ngomas, qui sont des tambours typiques de l'Afrique centrale et qu'on n’entend pas souvent parce que le plus souvent, les gens ont l'habitude d'entendre le djembé, les bongos, les congas. Mais j'utilise les ngomas, parce que je rends hommage aussi aux bantous. Dans tout ce que je fais, je parle de l'origine du jazz, je parle de la déportation, de la traite négrière, du jazz qui a quitté l'Afrique et qui s'est retrouvé à la Nouvelle-Orléans, je parle de cette origine-là. Je parle du tam-tam parleur, de l'origine même, de la base du jazz : donc les ngomas. Ségui Sô me permet de ne pas oublier d'où je viens. Donc mes racines n'ont pas changé. Elles restent la Mère Africa », sourit Donald Dogbo. Rester fidèle à ses origines  Comme le jazz, Donald Dogbo a, lui aussi, quitté l’Afrique pour l’Amérique du Nord. Sauf qu’au lieu de s’arrêter à la Nouvelle-Orléans, il s’est installé à Montréal, il y a plus de dix ans. Son parcours d’immigration nourrit profondément son travail. Ce déracinement et ce besoin de fidélité à ses origines sont au cœur de Ségui Sô, notamment dans le morceau éponyme. Sur ce titre, on entend la voix de son fils, Ziya Dogbo, captée par hasard en studio et intégrée au morceau au dernier moment. Ce clin d’œil familial incarne bien la transmission qui traverse tout l’album. Parmi les autres invités, on retrouve le chanteur congolais Hendry Massamba, cousin de la voix afro-soul Fredy Massamba. Et si les voix sont peu nombreuses dans le disque, elles en demeurent pourtant la source d’inspiration première. « En Afrique, il n'y a pas que la rythmique. En Afrique, c'est d'abord la mélodie. C'est d'abord le chant, les voix, c'est d'abord la parole. Donc les voix du pays, les chants du pays m'ont inspiré. Les mamans qui pleurent au pays m'ont aussi inspiré à trouver des notes, des mélodies », raconte le batteur. À lire aussiLa chanteuse malienne Djely Tapa, nouvelle voix de la musique mandingue Avec Ségui Sô, Donald Dogbo ne se limite pas à la Côte d’Ivoire : il fait dialoguer les rythmes du Sénégal, du Cameroun, du Mali… Ce dernier est d’ailleurs représenté par la griotte Djely Tapa, invitée sur le morceau « Siguî ». Après son premier disque Coubli – qui signifie « partir à l’aventure » en bété, Ségui Sô approfondit encore cette exploration de la richesse des musiques traditionnelles ouest-africaines, où polyphonie et polyrythmie ont une place centrale. Donald Dogbo y ajoute ses connaissances en jazz contemporain et aboutit à ce beau dialogue sonore, passerelle entre passé et présent. Donald Dogbo Ségui Sô (Donald Dogbo) 2025 Facebook / Instagram / YouTube
Trois ans après Saint Clair, Benjamin Biolay revient avec un onzième album studio, et même plutôt deux fois qu'une. Ce double album, Le disque bleu, comprend 24 titres aux tonalités différentes. Enfant de la pop-rock britannique et de la chanson française, Benjamin Biolay reprend le concept du double album, comme cela se faisait dans les années 1960 / 1970 : 24 chansons au total. Ce Disque bleu comprend deux opus aux tonalités différentes : Résidents, le premier CD, à dominante pop et électrique, avec des titres enregistrés en Europe. Le second opus, intitulé Visiteurs, comprend des chansons sous influence sud-américaine, Argentine et Brésil et une ambiance plus légère et mélodique. À lire aussi«Le Disque bleu», l’émotion transatlantique de Benjamin Biolay Le chanteur français de 52 ans réside en effet une partie de l'année à Buenos Aires où vit sa fille. Sinon, Benjamin Biolay qui a donc un Paris pluvieux (comme il le chante dans « Adieu Paris »), célèbre la ville de Sète, dans le sud de la France, au bord de la Méditerranée. Sète, la ville natale de Georges Brassens, auquel on pense à plusieurs reprises en écoutant ce double album. Benjamin Biolay reprend même l'une de ses chansons connues, « Les passantes ». Dans ce disque aux 24 nuances de bleu, bleu de la méditerranée à Sète (que l'on voit dans le clip du « Penseur ») ou bleu de l'Océan Atlantique vers l'Amérique du Sud, Benjamin Biolay rend un hommage musical à tous ceux qui l'ont influencé, guidé. On vient de parler de Georges Brassens. Il faudrait aussi citer Serge Gainsbourg, époque Melodie Nelson, ou L'homme à la tête de chou auquel les titres « Résidents voyageurs » ou « Morpheus Tequila », font penser. Engagement à gauche Celui qui a le visage de Che Guevara tatoué sur l'épaule droite renouvelle son attachement à gauche. Il faisait partie du comité de soutien à François Hollande en 2012, même s'il l'a ensuite regretté. Et il a toujours combattu l'extrême droite. Il témoigne des ravages démocratiques et économiques de la présidence de Javier Milei en Argentine. Et dans le titre « Mon pays », s'inquiète de la montée des périls : « La fièvre embrase le bitume et les fruits rêvent de la pluie, Tiens-toi sage, mon vieux pays, avant la nuit des algues brunes ». Voilà une métaphore de la vague d'extrême droite que Benjamin Biolay craint de voir déferler en France. Benjamin Biolay Le disque bleu (Virgin Records) 2025 Facebook / Instagram / YouTube
Reconnaissable par sa voix grave et intense, Imany revient à 46 ans avec un cinquième album. Entre soul, folk et fureur, la chanteuse et auteure-compositrice franco-comorienne signe un manifeste puissant pour les femmes, porté par un titre qui interpelle : Women Deserve Rage.   Imany Women Deserve Rage (Visa Rejected) 2025 Facebook / Instagram / YouTube
Le label allemand Analog Africa exhume une perle des années 80-90, le groupe de chigiyo Zig Zag Band. Une compilation de treize titres s'étalant sur les années 1987 à 1998 pour redécouvrir une musique inspirée par le reggae et les rythmes de mbira.  Le temps dévore la mémoire, estompe les échos et les bruits de la fête. Heureusement, les diggers d'Analog Africa, label allemand fondé par Samy Ben Redjeb, font bien leur travail, et dans les archives de la Zimbabwe Broadcasting Corporation, ils ont retrouvé les succès du groupe du guitariste Gilbert Zvamaida, le Zig Zag Band. Un ensemble patronné par l'homme d'affaires Robson Kadenhe qui, au début des années 1980, va sponsoriser la formation, lui trouvant même son nom de scène après plusieurs ébauches. Zig Zag, comme les tenues et les styles disparates de ces jeunes musiciens venus du centre du pays, de la région des Midlands plus précisément.   Des jeunes musiciens influencés par le reggae qui déferle alors sur l'Afrique, mais auquel ils vont ajouter leur note personnelle en incorporant les rythmiques de la mbira, le piano à pouces placé dans une calebasse qui sert notamment à rappeler les âmes des disparus dans leur foyer après un enterrement. Le mbira, intercesseur mystique, crée un pont entre la musique des Rastas et celle des Shonas. Et ce pont engendre un nouveau style que Gilbert Zvamaida baptise le chigiyo.  Le Zig Zag Band va connaitre un fort succès entre 1987 et 1998 avant de disparaitre, avalé par les vicissitudes de l'histoire. 
C’est un premier album puissant que signe la chanteuse palestino-jordanienne Zeyne avec Awda, (« retour », en arabe). Un retour symbolique, personnel et collectif, porté par une musique à la croisée des mondes. Dans Awda, la darbouka et les flûtes en roseau côtoient l'autotune et les sonorités r'n'b des années 2000, dans une fusion toute naturelle. À 27 ans, l’artiste originaire d’Amman, en Jordanie, revendique cette double appartenance musicale : celle de la modernité urbaine et celle, intemporelle, des traditions du Levant.  « Ma mère était la manageuse d’un groupe folklorique de dabkeh, une troupe de danse que j’ai rejointe dès mes cinq ans. J’ai grandi avec ces musiques pendant plus de quinze ans. Donc ça a un peu reprogrammé mon cerveau, c’est ancré en moi. Alors au moment de créer cet album, quand j’ai voulu écrire sur mon identité, ma culture et mon héritage, revenir à ces sons de dabkeh et aux mélodies traditionnelles s’est imposé naturellement. C’était la manière la plus authentique d’exprimer qui je suis », raconte Zeyne. Fruit de deux années de travail, Awda réunit une équipe de producteurs venus d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. À travers ses 13 titres, Zeyne explore des thèmes universels : la nostalgie, la transmission, le chagrin, mais surtout la résilience et la force intérieure qui en découle. Le morceau « Asli Ana » aborde la difficulté, pour les Palestiniens et les Arabes, d’assumer pleinement leur identité face aux stéréotypes projetés sur eux. « Hilwa », lui, célèbre la beauté qui naît de la connaissance de soi et de la fierté de ses origines. Un album pensé comme un livre Chaque chanson d’Awda est un chapitre, et l’ensemble s’écoute comme un récit continu. Les transitions s’enchaînent avec fluidité, sans véritable fin, à l’image des cycles de la vie. Le seul featuring du disque, « 6 Il Sobh », réunit Zeyne et le chanteur égyptien Bayou pour une parenthèse plus calme, placée au cœur de l’album. Une respiration nécessaire avant la remontée, car Awda se déploie comme un cercle. Les premiers morceaux évoquent la communauté, le milieu marque la perte et la chute, puis vient le retour à soi, symbolisé par le dernier titre, « Kollo Lena ». Ce morceau lumineux célèbre la joie et la résistance du peuple palestinien, porté par un rythme traditionnel de dabkeh enrichi des vibrations « chobi » venues d’Irak : un mélange à la fois festif et combatif. À lire aussiAvec «Awda», Zeyne incarne la résistance mélodieuse du r'n'b arabe « C’était logique de terminer avec Kollo Lena, parce que la chanson parle de puiser de la force et de la résilience auprès de la communauté qui t’entoure quand tu ne te sens pas bien. Ces personnes te relèvent, et à la fin, tu comprends que ton identité te porte, sans même que tu t’en rendes compte. La chanson célèbre aussi l’esprit incassable des Palestiniens, des Jordaniens. Même quand nous avons peu, nous trouvons le moyen de créer de la joie, et je trouve ça magnifique. On l’a beaucoup vu ces deux dernières années : des gens qui trouvent la joie même dans les moments les plus dévastateurs. Et c’est très inspirant, car quand tu vois ça, tu te dis que toi aussi, tu peux tout affronter », explique la chanteuse. Avec Awda, Zeyne signe un premier album puissant, sincère et ancré, où le retour aux racines devient un acte de création et de résistance. Zeyne Awda (Mdlbeast Records) 2025 Facebook / Instagram / YouTube
Plus qu'un disque de jazz, African Rhapsody est un voyage au cœur de la poésie de la négritude, un pont entre des formes d'arts aux racines communes. Le septième album de Leïla Olivesi est la suite d'un projet entamé avec l'Unesco. C'est aussi le troisième album qu'elle enregistre avec son octet de jazz auquel s'ajoute une formation de douze choristes, les Poetic Birds. Née d'une mère poétesse et d'un père érudit, Leïla Olivesi a croisé dès son enfance les poètes de la négritude. Léopold Sédar Senghor, Léon-Gontran Damas, Aimé Césaire, entre autres. Par ailleurs, la pianiste et compositrice a toujours aimé mettre la poésie en musique. « Je fais cela depuis des années, explique-t-elle. J'ai commencé avec les poèmes de ma mère. Et quand je mets un poème en musique, j'essaie de suivre la forme du poème, et ensuite d'imaginer une forme musicale qui mette le poème en valeur. » Il était écrit qu'un jour, elle mettrait en musique ses poèmes préférés. Une première occasion lui fut donnée par l'Unesco qui lui a proposé de composer une pièce en hommage aux peuples ayant été victimes de l'esclavage. Elle a donc écrit Rhapsody In Black, dont l'album African Rhapsody est en quelque sorte la continuité. Une formation de douze choristes venus du lyrique, les Poetic Birds, chante des poèmes de Léopold Sédar Senghor et David Diop, tandis que la chanteuse Camille Bertault interprète un poème de Djamila Olivesi, la mère de Leïla. Cette rencontre avec la poésie repose sur un socle solide, celui que Leïla Olivesi construit de plus de vingt ans avec ses musiciens. La formation en octet qui l'accompagne depuis trois albums déploie avec énergie et grâce les compositions sophistiquées de la pianiste et cheffe d'orchestre. On trouve notamment le batteur Donald Kontomanou, le guitariste Manu Godjia, les saxophonistes Baptiste Herbin et Adrien Sanchez, et le trompettiste Quentin Ghomari.  African Rhapsody est un projet musical qui s'écoute en haute résolution, grâce au choix de Leïla Olivesi qui privilégie l'achat et le téléchargement de l'album au format Flac à partir de son site web. Une partie seulement de l'album est disponible sur les plateformes de streaming.  
La chanteuse et autrice-compositrice française Coline Rio signe son deuxième album, Maison. Un disque lumineux sur la construction de soi et la quête d’un ancrage intérieur, où elle explore la recherche de ses fondations, de sa propre solidité. Depuis la sortie de son premier album (Ce qu’il restera de nous) en 2023 puis de celle de son EP (Ce qui nous lie) en 2024, Coline Rio s’est installée profondément et durablement dans le paysage de la chanson française. Dans la Maison de Coline Rio, les valeurs d'amitié, d'amour et de gentillesse sont reines. La chanteuse nous prouve une fois de plus son talent pour l'écriture de textes intimes, qui résonnent pourtant en chacun d'entre nous. Dans le morceau « Ma maison », la chanteuse bientôt trentenaire évoque les choix personnels que l’on fait à un âge où l’on commence à savoir vraiment qui l’on est. La musique soutient la montée émotionnelle du texte : l'arrangement et les voix s’emballent, comme une pulsion vers l’avant. La même énergie traverse « La nouvelle lune », titre dédié à la résistance et à la lutte des peuples opprimés. « Ce que j’imaginais sur ce titre, c’était d’avoir envie de danser. Et pourtant, pour le gimmick du refrain – normalement le moment d’explosion d’une chanson – on a pris le contrepied en studio : on l’a écrit comme une méditation, comme un mantra calme auquel penser chaque jour », raconte Coline Rio. Un disque où la chanson française tend vers la folk Si MAISON s’inscrit dans une esthétique chanson française, l’artiste puise pourtant son inspiration chez des musiciens anglophones : Radiohead pour la voix et la liberté créative, Phoebe Bridgers pour les textures folk, Jordan Rakei pour le travail du son. Contrairement à son premier album, enregistré seule dans sa chambre, Coline Rio s’est ici entourée de musiciens et d’un orchestre à cordes. Notamment dans le titre cinématographique « Les louves », inspiré de l’essai Femmes qui courent avec les loups de Clarissa Pinkola Estés, célébrant la force instinctive et sauvage des femmes. « Ce livre m’a inspirée, nourrie, fait rêver. C’est un recueil de contes, plein d’histoires qui nous ramènent aux ancêtres, aux mythes de la femme libre, de la femme liée à la Terre. J’ai écrit la chanson la nuit, dans une atmosphère presque magique. J’avais l’impression d’être dans le livre, d’imaginer une marche nocturne en forêt, une femme qui se transforme en louve et avance sur le monde », confie-t-elle. Chanter l'amour avec les tripes Tout l’album baigne dans une grande douceur : des arrangements mélodiques, des chœurs en harmonie avec les parties instrumentales, une écriture simple et sincère. Coline Rio y prône la tolérance et la liberté d’aimer, notamment dans « Ami-amant », morceau sur le droit à l’amour sous toutes ses formes : « Ça reste très doux, très câlin. Mais sur le refrain, je lâche ma voix d’une manière assez inédite. Pour dire qu’on en a marre qu’on nous empêche, qu’on pose des questions de genre, qu’on enferme l’amour, qu’il y ait encore des luttes et des retours en arrière. C’est chanter l’amour avec les tripes. » Avec Maison, Coline Rio se livre sans fard. En douze titres d’émotion brute, elle nous ouvre la porte de son univers intérieur et nous invite à entrer. Coline Rio sera en concert le 4 novembre 2025 au Stéréolux à Nantes, puis en tournée en France. Coline Rio Maison (Baronesa) 2025 Facebook / Instagram / YouTube
Una Lunghissima Ombra («Une ombre très longue », en français), c'est le titre qui donne son nom au troisième album du musicien italien plébiscité en ce moment. Un artiste très aimé en France, presque plus qu'en Italie. Il se fait connaître en 2019 avec son disque Immensita. Il obtient d'ailleurs un César en 2024 pour sa bande son du film Le Règne animal.   Andrea Laszlo De Simone Una Lunghissima Ombra (Ekler and Hamburger Records) 2025 Facebook / Instagram / YouTube
Sa voix éraillée et androgyne est reconnaissable entre mille. Celle d’Asaf Avidan, chanteur et musicien israélien, revient pour nous émerveiller avec un nouvel album intitulé Unfurl, littéralement « se déployer ». Présent sur la scène rock-folk depuis 2006, l’ancien leader de The Mojos continue de repousser les frontières de son art. Avec Unfurl, Asaf Avidan signe sans doute son projet le plus ambitieux et le plus complexe musicalement. On y retrouve des influences multiples (pop, jazz, soul, blues) traversées par l’intensité du duende espagnol et par l'héritage poétique des chanteurs français Edith Piaf et Jacques Brel. Ce qui frappe avant tout, c’est la dimension orchestrale et cinématographique du disque : un entrelacement de mélodies et d’harmonies porté par un orchestre de 45 musiciens. Une approche maximaliste de la musique, véritable foisonnement sonore à la fois spectaculaire et profondément intime. Mais Unfurl ne se contente pas d’en mettre plein les oreilles : c’est aussi un voyage intérieur, une quête de soi poussée jusqu’à la dissolution. Inspiré par le philosophe et psychologue suisse Carl Jung, Asaf Avidan explore la frontière entre le conscient et l’inconscient. Il confie même avoir traversé une expérience presque mystique pendant la création de l’album : à force de méditer, il a eu le sentiment de rompre avec l’existence ordinaire, de plonger dans le néant et de se connecter à un tout. Un vertige existentiel qui a débloqué son processus créatif. Plongée dans l’inconscient artistique « Cette expérience a été de la torture, un enfer. Au final, j’ai abouti à une sorte de dialogue entre le conscient et l’inconscient. Ce n’est pas vraiment du rêve lucide, ni de la méditation, mais un état étrange où l’on échange avec son inconscient, en essayant de lui donner une forme. C’était comme ce que certains décrivent lors de bad trips qui ne s’estompent jamais, où l’on reste coincé entre deux mondes. C’est ce que je vivais, ce que je tentais de traduire en musique. J’ai longtemps cherché le son de cet album », raconte-t-il. Cette dimension philosophique et existentielle irrigue tout l’album. La peur de la mort est omniprésente, le temps se brouille, les rêves se confondent avec la réalité. Dans le titre « Unfurling Dream », le chanteur évoque cette frontière floue entre deux états de conscience, ce glissement permanent entre le tangible et l’imaginaire. S’il ne lit pas la musique et ne maîtrise pas l’orchestration, Asaf Avidan compense par une intuition mélodique certaine et une grande culture cinéphile. Ce nouveau disque rend hommage aux compositeurs de cinéma des années 1940 et 1950 – Bernard Herrmann, compositeurs des films d'Hitchcock ou John Barry qui a signé ceux de la série James Bond notamment –, dont il convoque les paysages sonores riches et évocateurs. Avec Unfurl, Asaf Avidan nous fournit une bande-originale, à nous d’en inventer les images.  Asaf Avidan sera à retrouver en concert à Lyon le 30 octobre, le 31 octobre à Metz, puis au Grand Rex à Paris les 4 et 5 novembre. Asaf Avidan Unfurl (Telmavar Records) 2025 Facebook / Instagram / YouTube
Avec La hauteur de la lune, Oxmo Puccino signe son neuvième et dernier album. Le rappeur franco-malien abandonne un format musical qu'il estime dépassé par les habitudes actuelles engendrées par les plateformes d'écoute. Un « au-revoir » vibrant où la nostalgie se conjugue avec le plaisir des mots et de la plume. Oxmo Puccino prend de la hauteur et s'envole vers une nouvelle vie, sur une lune où il pourra écrire des romans, jouer au théâtre et s'occuper de sa famille, autant d'activités qu'il affectionne ces temps-ci. Car le rappeur ne se reconnait plus dans le monde actuel. « Je suis un homme du 20e siècle », répète-t-il à longueur d'interviews. Comprenez : le rythme de confection d'un album bien écrit ne correspond plus, selon lui, à ce que réclame le Léviathan des plateformes. Il n'y a pourtant aucun pathos dans ses choix. On peut être d'un autre temps et avoir encore des choses à dire, ainsi qu'un brin d'amour-propre pour faire briller son étoile. Comme sur le titre, en mode ego-trip, « Les meilleurs ».  Le sens de la rime, la plume alerte qui ont fait sa réputation sont toujours présents trois décennies après le début de sa carrière. Oxmo Puccino a mûri, et regarde le temps qui passe avec une certaine tendresse, ce temps qui transforme tout, et « estompe les colères », rappe-t-il sur le titre « Fête des Pères ». Le daron du rap, comme le surnomme la profession, passe avec élégance le flambeau à une nouvelle génération, en particulier aux trentenaires Josman et Tuerie, invités sur l'album. Mais il garde pour lui son cousinage d'éloquence avec son ainé et ami Mc Solaar avec qui il partage le micro sur le titre « Ne pas m'aimer », débordant d'autodérision. Oxmo Puccino La hauteur de la lune (Derrières les planches) 2025 Facebook / Instagram / YouTube
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