Cʹest lʹeuphorie du départ. Un départ qui clôt plus dʹune année de préparation, enfin surtout pour Elisabeth. Après deux jours de temps calme, le vent forcit. Nous voguons vers le Cap-Vert, seule étape de cette transat. Nous apprenons à nous connaître. Nos histoires ont beau être différentes, nous nous souvenons toutes de ce moment si particulier de lʹannonce de la mauvaise nouvelle. Une de nos voiles lâche, nous allons la faire réparer au Cap-Vert. Francesca
Sur le bateau, on barre, on veille, mais on a besoin surtout de manger et dormir. Certaines dʹentre nous ont le mal de mer. Dʹautres non. Cʹest comme la maladie. Nous nʹavons pas toutes eu le même cancer, ni les mêmes traitements après lʹablation de la tumeur. Radiothérapie, chimiothérapie, hormonothérapie, cʹest selon. Et les traitements ne nous ont pas tous fait le même effet. Nausée, vomissements, cʹest souvent le lot de la chimio. Francesca
Quatre dʹentre nous se sont fait ôter un sein (voire les deux). Nous sommes à mi-traversée et nous nous baignons au milieu de lʹAtlantique. Nous nous racontons, nous nous mettons à nu, mais la pudeur reste. La reconstruction des seins est souvent assez longue, pas toujours réussie. Apprivoiser un nouveau corps, cela prend du temps. Francesca
Après un cancer, il y a souvent la peur de la récidive. Et jusquʹà ce que tous les traitements soient terminés, la maladie se rappelle à notre bon souvenir. Celles qui prennent lʹhormonothérapie le savent. Le bateau nous aide à maîtriser nos peurs, la navigation à vivre lʹinstant présent. Poussées par les alizés, nous arrivons à bon port en Martinique. Nous lʹavons fait ! Francesca
Comment raconter sa propre maladie, quand on recueille les confidences à bord ? Je me livre, dans ce dernier épisode, à propos de mon cancer, de ma traversée de la maladie et de ma difficulté dʹêtre à la fois actrice et témoin, dedans et dehors. Francesca
Ce qui nous lie avant ce départ, cʹest lʹangoisse de lʹinconnu de cette transatlantique mais aussi lʹenvie de larguer les amarres, de vivre autre chose que la maladie. Francesca