La référence du journalisme, celui que l’on surnomma le prince des reporters, se voyait poète. De fait, le style sera sa marque de fabrique, celle d’un journaliste, poète du réel. Engagé au Matin, l’un des quatre grands quotidiens nationaux parisiens, en 1906, Albert Londres y est devenu reporter de guerre huit ans plus tard. En septembre 1914, les Allemands pilonnent la cathédrale de Reims, et Albert Londres est là. Dans son papier intitulé « Ils bombardent Reims », il fait de tous ses lecteurs, les témoins de l’extrême violence du moment. Huit jours plus tard, il revient sur les lieux. L’article est alors une ode à l’édifice devenu le corps d’un être blessé à mort, une quintessence de la poésie du réel. Présentation : Anne Poiret, sur un texte d'Hervé Brusini. Lecture : André Dussollier Réalisation : Guillaume Girault Production : Isabelle Duriez Une production wave.audio pour le Prix Albert Londres
De l’acuité du regard du grand reporter dépend ce qui fera l’information de demain. Albert Londres choisi de « regarder ce que personne ne veut regarder ». Ce sens de l’observation engagée, Albert Londres l’exerce au bagne à Cayenne, sur les trottoirs de Buenos Aires, « chez les fous »… En 1927, il s’immerge dans Marseille, scrutant chaque détail de cette « ville monde » et de son port. Place de la Joliette, il se fond parmi les dockers et raconte le spectacle d’un prolétariat invisible. Ses 14 articles, publiés dans Le Petit Parisien, deviennent un livre « Marseille, La Porte du Sud ». Présentation : Anne Poiret, sur un texte d'Hervé Brusini. Lecture : Macha Makeïeff Réalisation : Guillaume Girault Production : Isabelle Duriez Une production wave.audio pour le Prix Albert Londres
Dans l’entre-deux guerres, Albert Londres est déjà une légende pour les journalistes de son époque. Mais il n’est pas sans concurrence. Parmi les grands noms publiés dans les cinq quotidiens nationaux, il en est un que l’on a oublié : Andrée Viollis. Pourtant, l’une et l’autre s’admiraient, se croisant sur les terrains les plus difficiles. La reporter Andrée Viollis a traversé la guerre civile irlandaise, les grands procès de son époque, et jusque la Russie bolchévique qu’elle a parcourue de long en large. Elle excellait dans l’art d’être la première. Ce qui agaçait ses confrères. Présentation : Anne Poiret, sur un texte d'Hervé Brusini. Lecture : Annick Cojean et Pierre Deladonchamps Prise de son : Jules Benvéniste Réalisation : Guillaume Girault Production : Isabelle Duriez Une production wave.audio pour le Prix Albert Londres
Le 5 mars 1932, Albert Londres télégraphie son dernier article de Chine, au quotidien Le Journal. Il est à Shanghai, en pleine guerre sino-japonaise, et s’apprête à rentrer en France. Il embarque sur le paquebot Georges Philippar avec 730 passagers. Il ne verra jamais le port de Marseille. Le navire prend feu au large de la corne de l’Afrique, incendie qui suscite toutes les théories les plus délirantes. Albert Londres affirmait avoir réalisé une enquête « explosive ». Attentat politique, règlement de compte mafieux ou simple court-circuit ? Retour sur son dernier article où il dénonce une fake news. Présentation : Anne Poiret, sur un texte d'Hervé Brusini. Lecture : Robin Renucci Réalisation : Guillaume Girault Production : Isabelle Duriez Une production wave.audio pour le Prix Albert Londres
L’écriture d’Albert Londres est truffée de phrases chocs. Ajustés comme jamais, les mots percutent et marquent les esprits. Il met ce sens de la formule au service de son indignation et de sa colère. Certaines phrases sont restées célèbres. Il faut en réécouter d’autres pour mesurer son talent. Présentation : Anne Poiret, sur un texte d'Hervé Brusini. Lecture : Sandrine Bonnaire et Julie Gayet Prise de son : Jules Benvéniste Réalisation : Guillaume Girault Production : Isabelle Duriez Une production wave.audio pour le Prix Albert Londres
Albert Londres est bien plus qu’un « flâneur salarié », selon l’expression de l’un de ses amis. Il va là où il faut, pour témoigner des violences faites aux autres. Cette vérité tordue, humainement insupportable, qu’il est urgent de dénoncer, il s’y confronte, physiquement, sur le terrain. En 1923, il part à Cayenne, pour comprendre le bagne. Il y découvre un système de violence à perpétuité, il le décrit dans toute son absurdité mortelle. Obtenir sa fermeture sera l’un de ses grands combats. Présentation : Anne Poiret, sur un texte d'Hervé Brusini. Lecture : Pierre Arditi Prise de son : Jules Benvéniste Réalisation : Guillaume Girault Production : Isabelle Duriez Une production wave.audio pour le Prix Albert Londres
Il n’était pas fanfaron, tout le contraire d’une tête brulée, plutôt du genre à dire « ouf, on s’en est sorti » une fois le danger passé. Reporter de guerre, durant la première guerre mondiale, et un peu partout sur le globe, il est passé plus d’une fois prêt d’un danger mortel. Si ses émotions trouvaient place dans ses textes, sa peur demeura toujours un sujet. Présentation : Anne Poiret, sur un texte d'Hervé Brusini. Lecture : Nicolas Lormeau, de la Comédie-Française Réalisation : Guillaume Girault Production : Isabelle Duriez Une production wave.audio pour le Prix Albert Londres
Pas de reportage sans voyage. C’est un impératif : être là où l’histoire avec un petit ou grand H se déroule. L’enquête est à ce prix. Au temps des paquebot et du chemin de fer, Albert Londres part au Japon, en Chine, en Argentine, au Congo. Chaque reportage se compte en mois. Mais partir est avant tout un plaisir pour l’envoyé spécial. Au point que les plus grandes joies du quotidien n’ont jamais autant d’attrait à ses yeux qu’un billet de train. Présentation : Anne Poiret, sur un texte d'Hervé Brusini. Lecture : Philippe Torreton Réalisation : Guillaume Girault Production : Isabelle Duriez Une production wave.audio pour le Prix Albert Londres
En 1928, au sommet de sa célébrité, Albert Londres convainc le Petit Parisien de financer un long reportage en Afrique dans les colonies françaises. Après André Gide, il documente la tragédie du Congo-Océan et pointe l’asservissement des travailleurs noirs. Ni carnet d’ethnologue, ni dénonciation du système colonialiste, ses 24 articles relèvent de l’examen clinique, d’une administration indifférente au traitement indigne infligé aux noirs, et des petits blancs sûrs de leur droit d’exploiter impunément les populations locales. Il en tire un livre « Terre d’ébène » où il affirme que le journalisme consiste à porter « la plume dans la plaie ». Présentation : Anne Poiret, sur un texte d'Hervé Brusini. Lecture : Gaël Faye et Hervé Brusini Réalisation : Guillaume Girault Production : Isabelle Duriez Une production wave.audio pour le Prix Albert Londres
Propagande et désinformation étaient l’autre champ de bataille d’Albert Londres. Le reporter persistait à vouloir faire son travail, pendant la « grande guerre », même si personne ne pouvait le lire. La censure du gouvernement Aristide Briand, qui pour « protéger » le moral des Français taillait à coup de ciseau dans les journaux, l’exaspérait. Il en témoigne dans ses lettres à sa famille. Jamais il n’a renié sa liberté de pensée et son indépendance de journaliste. Présentation : Anne Poiret, sur un texte d'Hervé Brusini. Lecture : Lydie Salvayre Réalisation : Guillaume Girault Production : Isabelle Duriez Une production wave.audio pour le Prix Albert Londres