Ce vendredi 14 février, c'est la Saint-Valentin, considérée dans de nombreux pays comme la fête des amoureux. L'occasion de revenir sur cette situation en Chine : le nombre de mariages dans le pays s'est effondré, moins 20 % en 2024. Si l'amour fait sûrement recette, le mariage, lui, est boudé, alors que Pékin tente de relancer la dynamique. Décryptage. Le désintérêt des Chinois pour le mariage et la famille est bien réel. Cela peut paraître anecdotique, mais ça a un impact économique concret. Qui dit moins d'unions dit moins d'enfants. Dans une logique purement pragmatique, ça implique moins de main-d'œuvre d'ici à vingt ans. Or, la croissance chinoise tient en partie à cette main-d'œuvre importante et bon marché. À cela, ajoutez une population vieillissante, et donc des retraites à financer. L'équation est donc compliquée à résoudre pour les autorités. À lire aussiLa démographie ou l'enjeu économique de ces dix prochaines annéesPour encourager le mariage et donc la natalité, le pouvoir central encourage les collèges et les lycées à dispenser une éducation à l'amour pour promouvoir une vision positive du mariage et in fine de la fécondité et de la famille. Récompense financièreCertaines villes proposent même de l'argent aux couples pour les inciter au mariage. Par exemple, à Lüliang, dans le nord du pays, il est versé 1 500 yuans aux deux tourtereaux qui viennent de signer leur contrat de mariage. L'équivalent de 197 euros. La mesure n'est entrée en vigueur qu'en début d'année 2025 et elle rencontre pour le moment un franc succès.D'autres provinces ont adopté des mesures incitatives d'ordre financier, notamment lors de la naissance d'un deuxième ou d'un troisième enfant. Cela semble porter ses fruits puisque dans les villes où ces aides sont mises en place, le nombre de naissances a été en hausse en 2024. Et puis, par endroits également, le gouvernement organise même des rencontres amoureuses officielles. L'amour est donc un sujet pris très au sérieux. Pékin entend bien faire de Cupidon un de ses partenaires économiques majeurs !
L’Union européenne se montre à la manœuvre pour faire face à l’avalanche de décisions prises par Donald Trump. La présidente de la Commission entend répondre frontalement au président américain. Mais en parallèle, l’exécutif européen s’active pour sceller de nouveaux partenariats. Décryptage. C’est un invité de marque qui est arrivé à Bruxelles ce mercredi 12 février 2025, le Premier ministre canadien Justin Trudeau. Son pays est dans le viseur de Donald Trump, en sursis pour encore trois semaines de droits de douanes de 25% notamment. Une visite dans l'intérêt et des Européens et des Canadiens, avec un objectif : resserrer leurs liens commerciaux déjà bien noués avec le Ceta.Parce qu'on le rappelle, Donald Trump veut s'en prendre à l'UE. L'une des mesures phare qu'il entend imposer, et pas qu'aux Européens d'ailleurs, c'est l'entrée en vigueur de nouveaux droits de douane de 25% sur l'acier et l'aluminium. Et si le président américain en a après l'UE, c'est parce que les États-Unis importent plus qu'ils n'exportent vers le continent européen. Ce déficit commercial au détriment de Washington est d'ailleurs estimé à environ 180 milliards d'euros.À lire aussiLe Canada et l'Union européenne se serrent les coudes face aux droits de douane américainsDes discussions tous azimuts C'est vrai que Bruxelles est déjà signataire de bon nombre d'accords commerciaux, une quarantaine couvrant plus de 70 pays. Mais le bloc européen, malgré les messages de fermeté, s'inquiète des conséquences que pourraient avoir les mesures de Donald Trump. Mi-décembre, la Commission européenne a scellé l'accord de libre-échange avec les pays d'Amérique latine membres du Mercosur. Et à la veille de l'investiture du président américain, c'est avec le Mexique qu'il y a eu entente. Les négociations n'avançaient pratiquement plus, l'actualité nord-américaine a donc eu l'effet d'un électrochoc. À lire aussiDroits de douane contre le Mexique et le Canada : les raisons du renoncement de Donald TrumpLe commissaire européen au Commerce, de son propre aveu, l'affirme, il y a « un énorme intérêt à accélérer les négociations de libre-échange avec l'UE ». L'exécutif européen a justement repris les discussions avec la Malaisie autour d'un accord de ce type alors qu'elles étaient à l'arrêt depuis dix ans. On peut retenir aussi l'intérêt croissant de Bruxelles pour l'Inde. Le pays sera d'ailleurs la destination du premier voyage officiel du second mandat de la présidente de la commission. Et puis en début de semaine, l'Afrique du Sud, cible également de Donald Trump, a émis le souhait de renforcer son partenariat avec les Européens. Encore faut-il s’entendre Si l’on veut conclure, tout pourrait bien se passer pour l'Union européenne. Mais il faut relativiser, tout n'est pas si simple. Déjà parce qu'en concluant des accords à la hâte, il y a de fortes chances qu'ils soient moins ambitieux que s'ils aient été minutieusement négociés. Ils pourraient donc être moins opportuns pour les Européens.Et puis surtout, c'est le grand sujet finalement. Il faut que les pays membres parlent d'une seule et même voix et on le constate, ce n'est pas le cas. Il y a de profondes divergences au sein du continent, notamment entre les deux leaders que sont la France et l'Allemagne. Quoi qu'il en soit, la politique commerciale de Donald Trump tend à faciliter les nouvelles alliances entre l'Union européenne et d'autres pays. L'enjeu maintenant, c'est que les Européens fassent front uni et s'intègrent dans cette dynamique !
Donald Trump prévoit des droits de douane de 25 % sur l’acier et l’aluminium importé, pour tous les pays, sans exception ni exemption. La mesure entrera en vigueur le 12 mars 2025, mais elle - comme toutes les décisions du nouveau président américain - pèse dans le monde des affaires. Décryptage. Dans les Conseils d'administration des grandes entreprises mais aussi dans les salles de marché des Bourses mondiales, c’est l’incertitude qui domine. Moins d'un mois après l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, le monde des affaires semble bien interloqué par ce flou suscité par sa politique économique. Pour comprendre ce qu'il se joue, c'est le directeur général de Snap-On, entreprise américaine d'outillage, qui en parle le mieux. Il compare la situation à un manège à sensation forte. « C'est comme être sur Space Mountain à DisneyWorld. Vous montez dans une voiture, vous êtes dans le noir et le train va à toute vitesse à gauche, puis à droite, le tout en montant et en descendant, avec des virages brusques. Bref, vous ne savez pas où vous allez mais à la fin, vous savez que vous allez arriver au bon endroit ». Voilà ce qu'il explique et ce que ressentent beaucoup d'entreprises américaines. Des transactions à la baisse L'un des indicateurs qui met en lumière la frilosité des entreprises américaines c'est le nombre de transactions effectuées. D'après les données de LSEG, une des institutions financières de référence, le nombre de ces transactions aux États-Unis sur le mois de janvier a été le plus bas depuis dix ans. 900 transactions effectuées contre par exemple 1200 en janvier dernier et plus de 1500 en janvier 2023. Cette dynamique est l'un des symptômes du manque de confiance en l'avenir pour les acteurs économiques américains. À écouter aussiÉco d'ici, éco d'ailleurs: Trump 2.0, l'économie en questionPourtant, l'objectif de Donald Trump, c'est l'inverse. Grâce à ses différentes mesures, il veut doper l'économie américaine. Il le dit lui-même d'ailleurs, il y aura des perturbations sur du court terme mais il est convaincu que l'impact sera positif et se fera ressentir sur le long-terme. Avenir flou Pour le moment et pour ne citer qu'elles, les entreprises qui sont dépendantes des exportations et des importations sont plutôt occupées à gérer les conséquences des décisions du président américain. Leur priorité est donc de régler leurs problèmes d'approvisionnement, de contrôler la situation et de surtout trouver la manière de faire face à ces changements pour rester en bonne santé. Du temps passé pour trouver des solutions qui n'est pas mis à profit pour signer des contrats. La grande interrogation est bien celle-ci : combien de temps cela va durer ? La question est simple mais la réponse l'est beaucoup moins. Il n'y a pas vraiment de règle. Soit les entreprises trouvent des alternatives pour faire face à ces chocs d'offre, soit elles sont accompagnées. Dans tous les cas elles vont devoir s'adapter, si possible pour elles à moindre coût. Car ce qu'il faut retenir, c'est qu'en économie il y a des mots qui font peur. Incertitude, imprévisibilité, attendre et voir en font partie. Le problème c'est qu'ils font aussi partie du vocabulaire de Donald Trump !
Le Sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle s’achève, ce mardi 11 février au soir, à Paris. Si les États-Unis et la Chine sont en pointe sur le domaine, les Européens affirment qu’ils pourraient être une alternative à ces deux pays. Parmi eux, la France. Mais a-t-elle les moyens de devenir une grande nation de l’IA ? Décryptage. Si l'on écoute les responsables politiques français et en premier lieu Emmanuel Macron, oui évidemment, la France peut devenir un pays de référence pour l'intelligence artificielle. Mais ce ne sont pas les seuls à le penser. Dans une tribune publiée dans le journal le Monde ce week-end, Sam Altman, le patron d'Open Ai, entreprise qui développe ChatGPT, estime que la France est un acteur essentiel de l'IA en Europe. Ce ne sont que des avis mais dans les faits, la France est plutôt bien positionnée sur le sujet. D'après le classement Global AI Index, le pays est 5e mondial en la matière, juste derrière le Royaume-Uni. Mais on ne va pas tourner autour du pot, son point fort, c'est l'énergie. La France produit pratiquement 70% de son électricité grâce au nucléaire. Il s'agit là d'une ressource fiable, pilotée, disponible 24h/24, 7 jours sur 7, et surtout, elle est très peu chère. C'est donc l'un des critères pour les géants de l'intelligence artificielle puisque leurs centres de données pour faire travailler les serveurs sont ultra énergivores. De nombreux atouts L’un des autres points forts tricolores, c’est que le pays détient de nombreux pôles d'excellence, de la formation aux infrastructures. Le pays héberge certaines des plus prestigieuses écoles d'ingénieurs au monde comme par exemple, Polytechnique. Concernant les infrastructures, d'une part, la France dispose d'un large réseau en fibre optique et de nombreux terrains pour construire des sites de recherche. D'autre part, le pays s'est doté de trois supercalculateurs dédiés à l'IA, un quatrième sera mis en route fin juin. À lire aussiPourquoi les géants de la tech investissent dans l'intelligence artificielleMais si la France n'est pas au niveau des États-Unis ou de la Chine, c’est parce qu'elle n'a pas eu les moyens de ses ambitions. Pire encore, des ambitions américaines et chinoises. Si Emmanuel Macron table sur 109 milliards d'euros d'investissement pour l'IA durant les prochaines années, Donald Trump, lui, annonce 500 milliards de dollars. Les crédits publics pour la recherche ont diminué d'année en année aussi. Ceci explique ce retard tricolore. En revanche, les États-Unis ont notamment ChatGPT, la Chine DeepSeek, la France a aussi ses champions. On peut citer par exemple Mistral, LightOn ou KyutAI. Mais la France ne pourra pas porter seule cette dynamique. Tous les analystes le disent, c'est via une collaboration européenne qu'il pourrait y avoir une fameuse troisième voie dans l'intelligence artificielle. Encore faut-il que les pays européens parlent du sujet d'une seule et même voix !À lire aussiAu sommet de l'IA, Emmanuel Macron s'emploie totalement pour convaincre le monde de la tech
La France accueille un sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle à Paris. Dans ce contexte, Emmanuel Macron annonce 109 milliards d’euros d’investissements en France dans les prochaines années pour développer cette technologie. Les géants américains de la tech investissent quant à eux depuis bien longtemps sur le sujet, à coût de dizaines de milliards. Décryptage. C’est un record historique. Les Gafam n'ont jamais autant investi dans l'intelligence artificielle. Ces deux dernières semaines, chacun y est allé de sa petite annonce pour 2025. Médaille d'or pour Amazon : le groupe de Jeff Bezos compte investir 100 milliards de dollars cette année. 80 milliards pour Microsoft, 75 pour Google ou encore entre 60 et 65 milliards pour Meta. Bref, c'est beaucoup d'argent. Cette année, les analystes estiment à plus de 320 milliards de dollars d'investissements par ces géants de la tech dans l'intelligence artificielle. Pour vous faire une idée du phénomène, c'est plus du double qu'en 2023. Inquiétude des marchés financiers Devant de telles sommes et de tels projets, les investisseurs ont pris froid. Après l'annonce d'investissement de 100 milliards de dollars par Amazon en fin de semaine dernière, l'action du groupe est passée dans le rouge à la Bourse de New York. Des investisseurs frileux pour la simple et bonne raison qu'ils ont peur de perdre de l'argent dans cette opération. Concrètement, le retour sur investissement va être long à atteindre. En effet, de telles dépenses ne sont pas sans risques d'autant qu'il n'y a aucune certitude sur les revenus futurs. À lire aussiLa course à l’intelligence artificielle, nouvel instrument de domination mondialePourtant, il leur est important de prendre ce risque. L’IA, c’est l'un des progrès de demain dont la révolution se fait aujourd'hui. Et pour mener cette révolution, il faut investir. Deuxième raison : c'est un peu une « course à l'échalote ». Dans un monde concurrentiel et globalisé, il faut être au niveau des concurrents et des autres acteurs du marché sinon on est très vite hors course. Il est donc essentiel pour que les géants de ces vingt dernières années, Amazon, Meta, Microsoft ou Google restent dans le jeu pour garder leurs rangs dans le futur. L’Europe à la traîne L’Europe est en retard en la matière, c’est indéniable. Aux États-Unis, Donald Trump souhaite investir 500 milliards de dollars dans le cadre du projet StarGate qu'il compte mener. L'Union européenne est loin du compte mais ça commence à bouger. Avant d'investir et surtout d'inciter les entreprises à le faire, l'UE s'est surtout consacrée à réguler les pratiques. En tout cas, la France veut être le pays moteur de cette dynamique. Déjà en organisant ce sommet pour l'action sur l'intelligence artificielle et ensuite en investissant 109 milliards sur les prochaines années. Le pays a d'ailleurs ses champions de l'IA par exemple comme Mistral. Et puis la France attire aussi. Elle va bénéficier de 30 à 50 milliards d'euros d'investissements des Emirats Arabes Unis pour la construction d'un centre de données géant. Le fonds canadien Brookfield compte également y investir 20 milliards. Tout n'est donc peut-être pas perdu !
Les chiffres de la croissance pour 2024 sont publiés ce vendredi. L'occasion de nous intéresser à ce qui fait respirer cette économie russe, à savoir les hydrocarbures, puisque le pétrole et le gaz sont les deux poumons du pays. Décryptage. La Russie fait partie des trois principaux producteurs de pétrole au monde avec l'Arabie Saoudite et les Etats-Unis. Les hydrocarbures sont donc essentiels à son économie. En valeur, ils représentent pratiquement la moitié de ses exportations. Preuve de leur importance: en 2021, avant l'invasion de l'Ukraine et les sanctions occidentales donc, ils représentaient 46% du budget russe. C'est donc un apport de devises très important pour Moscou. Pour autant, les sanctions occidentales n’ont pas eu d’impact aussi fort sur l’économie russe que l’auraient espéré les pays occidentaux. Les exportations d'hydrocarbures russes ont tendance à légèrement diminuer mais c'est vraisemblablement lié à la baisse d'achat de charbon. En revanche, le pétrole et le gaz en volume restent stables. Des sanctions pas assez fortes On peut voir deux raisons à la stabilité des exportations de pétrole et de gaz. D’une part, les sanctions occidentales ne sont pas assez fortes pour toucher le cœur du système russe. Et si elles ne sont pas assez mordantes, c'est surtout pour éviter de déstabiliser les marchés occidentaux. D’autre part, la Russie a réorienté ses exportations. Fini l'Ouest et les Occidentaux. Maintenant, direction l'Asie avec surtout l'Inde et la Chine qui sont deux grands clients de Moscou. Petite subtilité, la Russie a augmenté ses taxes sur les exportations pour compenser les pertes occidentales. Pourtant les économies occidentales semblent s'être habituées à vivre avec moins d'hydrocarbures russes et à long terme, ça aura des conséquences sur la Russie. À lire aussiFaible croissance, hausse des prix, la Russie face au risque de stagflationPoint de bascule Ces sanctions commencent à avoir un impact notamment sur le pétrole. S'il y a un prix maximal de 60 dollars imposé par les Occidentaux pour l'achat de barils, les Russes réussissent à contourner la mesure avec leur flotte fantôme. Il s'agit là de vieux cargos clandestins pleins de pétrole qui font le tour du monde pour trouver preneurs. Ça, ça compte, puisque d'après l'école d'économie de Kiev, près de 90 % du brut russe se négocie au-dessus de ce plafond, ce qui représente une marge de 10 milliards de dollars par an.À lire aussiSécurité maritime: pourquoi la «flotte fantôme» russe échappe-t-elle à tout contrôle? Les hydrocarbures russes ont, pour le moment, de beaux jours devant eux. Mais c'est sans compter sur Donald Trump. Le président américain entend bien mettre la pression sur Moscou. Il compte tout simplement utiliser ces hydrocarbures comme arme géopolitique. Sa solution : demander aux pays exportateurs de pétrole comme l'Arabie saoudite de produire plus, ce qui engendrera mécaniquement une baisse des prix. Et donc pour que la Russie continue de vendre, elle devra, elle aussi, baisser ses prix pour être compétitive. L'idée fait son chemin car elle pourrait frapper très fortement Moscou au portefeuille puisque la Russie ne peut pas se passer de ses exportations pour soutenir son économie. Le tout dans un contexte de surchauffe de son économie de guerre. La croissance portée par les dépenses dans l'armement se tarit de plus en plus. Cela veut dire que si cet autre pilier de l'économie russe est vacillant sur le long terme, en plus d'une baisse du prix du pétrole, ça va compliquer les affaires de Moscou. L'industrie militaire deviendrait alors investissement peu rentable. Car finalement, produire un char qui se fera détruire en Ukraine n'a pas la même valeur qu'exporter plusieurs millions de barils de pétrole par jour !
Il y a de la friture sur la ligne entre Nissan et Honda. Les deux constructeurs automobiles japonais avaient fait parler d'eux à la fin décembre en annonçant en grande pompe leur fusion. Depuis, de l'eau a coulé sous les ponts puisque le projet patine et pourrait même ne pas voir le jour. Décryptage. L’ambition était grande: que Nissan et Honda soient des acteurs solides face à la concurrence chinoise sur la voiture électrique. Il était même question que Mitsubishi, détenu à un peu moins de 25 % par Nissan fasse partie de l'accord. Un joli projet puisque sur le papier, cette holding aurait été l'une des plus puissantes du secteur en étant le troisième constructeur mondial de voitures. Mais tout ne s’est pas passé comme prévu. À lire aussiAutomobile: Honda et Nissan ouvrent des négociations en vue d'une éventuelle fusionÀ la fin janvier 2025, Mitsubishi est sorti du jeu. Le constructeur s'est désengagé du projet par peur d'être noyé dans cette gigantesque manœuvre. Un désengagement aussi parce que les négociations entre Honda et Nissan étaient très difficiles. Si les sourires et les poignées de main étaient de rigueur le 23 décembre 2024 lors de l'annonce de la fusion, l'heure est maintenant aux grimaces. Les deux parties ne semblent plus être sur la même longueur d'ondes. De sérieux désaccords Si Honda et Nissan vendent un nombre assez similaire de voitures au Japon, leur capitalisation à la bourse de Tokyo est bien différente. Honda y pèse à peu près 50 milliards de dollars tandis que Nissan seulement 11 milliards. Les deux groupes ne discutent pas vraiment d'égal à égal, l'équilibre des pouvoirs est faussé.Résultat, Honda a très vite pris l'ascendant dans les négociations. Étant donné son poids, on peut le comprendre, d'autant que Nissan rencontre de sérieuses difficultés financières. Mais le week-end dernier, Honda a durci le ton en envisageant d’acquérir les actions de Nissan et le transformer en simple filiale, ce qui signifie en prendre le contrôle. Un projet qui n'est pas passé auprès des négociateurs de Nissan. Rester bons amis Si Nissan devient une filiale d'Honda, cela voudrait dire qu'il serait en quelque sorte invisibilisé derrière sa maison mère. Or, Nissan reste un symbole de l'automobile japonais. Deuxième argument, le plus important, c'est que Nissan est détenu à hauteur de 35,7 % par le groupe Renault. Qu'il s'agisse d'une fusion ou d'une filiation, il aurait gagné des liquidités. Mais d'après plusieurs sources, Honda a fait une proposition au rabais et Renault via Nissan a dit non. Mais toutes les parties l'ont affirmé hier, les négociations se poursuivent, avec promettent-elles des annonces à la mi-février. En tout cas si ce mariage de raison semble mal embarqué, les fiançailles sont un fiasco. Honda et Nissan, bien que concurrents, doivent continuer de discuter et de travailler ensemble. Il y a pratiquement un an d'ailleurs, en mars 2024, ils ont signé un partenariat dans les domaines de la voiture électrique et de l'intelligence artificielle car ils le savent, c'est sur ce créneau qu'ils devront être compétitifs à l'avenir. Quoiqu'il en soit, si la fusion des deux ne se fait pas, ils ont tout intérêt à rester de bons amis cordiaux ! À lire aussiHonda, Nissan et Mitshubishi Motors signent un «partenariat stratégique» dans l'électrique
La guerre commerciale est bien ouverte entre les États-Unis et la Chine. Pékin, visé depuis hier, mardi 4 février, par 10 % de droits de douane supplémentaires par Washington, a immédiatement répliqué, mais pas frontalement. Quelle stratégie compte adopter la Chine ? Décryptage. Nouvelle échéance dans la guerre commerciale sino-américaine, le 10 février, date à partir de laquelle la Chine compte imposer des droits de douane à son tour à l'encontre des États-Unis. Mais pas sur toutes les importations. Il s'agit là de taxer l'équivalent d'environ 14 milliards de dollars de produits américains. En 2023, cela représentait moins de 10 % des biens importés des États-Unis. La raison, notamment, c'est que la Chine exporte trois plus de biens vers le sol américain qu'elle n'en achète, ce qui signifie qu'elle a forcément moins de biens à taxer. On est donc loin des mesures prises par Washington sur l'ensemble des produits chinois. À lire aussiLa lutte contre le fentanyl justifie les taxes américaines contre la ChineUne telle stratégie permet à Pékin de se montrer à la manœuvre, d'être dans le jeu, mais en le faisant subtilement. L'objectif, c'est que sa réaction ne soit pas perçue comme une invitation à de nouvelles représailles ou une escalade supplémentaire dans la guerre commerciale sino-américaine. Voilà pour l'image renvoyée, mais dans les faits, les autorités chinoises marchent sur des œufs. Elles ne peuvent pas répondre aussi frontalement qu'attaque Donald Trump, cela parce que la Chine a besoin des États-Unis pour faire tourner son économie. L'an passé, les exportations à destination du sol américain représentaient 525 milliards de dollars, l'économie chinoise est ainsi vulnérable car dépendante des exportations. Le pays fait aussi face en interne à un ralentissement de la croissance et traverse une crise immobilière. Marge de manœuvre très étroite Si l’on s’en tient aux indicateurs économiques, Pékin ne semble pas en position de force face à Washington. D'ailleurs, ça, Donald Trump doit bien l'avoir en tête lorsqu'il met en place ses différentes mesures. Pourtant, il y a une fenêtre de tir pour négocier. Alors oui, la marge de manœuvre est réduite, mais c'est envisageable. Comme à son habitude, le président américain met la pression sur ses interlocuteurs et les menace pour essayer d'obtenir quelque chose en échange. Xi Jinping joue donc la montre. Il était question d'un échange téléphonique avec Donald Trump cette nuit. Finalement, le combiné n'a pas sonné alors que le locataire de la Maison Blanche affirmait que c'était prévu, preuve que la Chine a encore la capacité de faire face ! Comment faire face ? Il reste cinq jours avant l’entrée en vigueur des mesures chinoises. Cinq jours pour discuter, négocier et arracher un accord. Pékin peut s'appuyer sur ce qu'il vient de se passer avec le Mexique et le Canada, à savoir la suspension de droits de douane quelques heures avant leur application. L'économie chinoise a aussi pris les devants ces dernières années en diversifiant ses partenariats au cas où Washington prendrait des sanctions à son égard. Ça aussi, ça compte. À lire aussiDroits de douane contre le Mexique et le Canada: les raisons du renoncement de Donald TrumpMais face aux États-Unis et malgré une apparence sereine, Pékin est sur un fil. Pour tenir en équilibre, d'un côté, il faut se montrer fort. Mais de l'autre, il faut faire preuve de douceur pour éviter la chute !
Les États-Unis suspendent la mise en place de tarif douanier sur tout produit importé du Canada et du Mexique. Ils devaient être de 25 % et qui auraient dû entrer en vigueur ce mardi 4 février. Un accord a été trouvé et le projet a été suspendu pour au moins un mois. Une pause dans l'intérêt de tout le monde. Décryptage. Le Mexique, le Canada et les États-Unis ont une longue histoire commune et sont liés dans le cadre d'un accord de libre-échange. Le Mexique d’abord, ultra-dépendant des États-Unis puisque plus de 80 % de ses exportations y sont destinées. C'est aussi l'un des principaux partenaires commerciaux des États-Unis, les investissements directs étrangers d'entreprises américaines dans le pays sont estimés à 236 milliards de dollars. Le Canada aussi est très lié à son voisin du sud. Même situation que pour le Mexique, huit exportations sur dix sont à destination du sol américain. À l’inverse, le Mexique et le Canada sont d'ailleurs devenus les deux premiers partenaires commerciaux des États-Unis devant la Chine. Ménager le consommateur américain Pour comprendre pourquoi Donald Trump s'est résolu à ne pas appliquer les fameux droits de douane dont il parle depuis des mois, il faut regarder du côté américain, car ces mesures auraient pu impliquer de nombreuses conséquences dans le quotidien du consommateur américain. Donald Trump lui-même ce week-end affirmait que l'application de ces taxes douanières aurait engendré quelques perturbations économiques mais que « ça en valait la peine ». Un tel scénario aurait provoqué une hausse des prix dans toute la région et des suppressions d'emplois. Les prix des produits importés et du Canada et du Mexique auraient naturellement augmenté. Aujourd'hui donc, le prix d'un kilo de tomates, de concombres ou d'avocats du Mexique ne va pas exploser. Sur ce point-là, les Américains échappent donc à une inflation plus forte. D'après le groupe ING, les mesures du président américain se seraient traduites par une perte de 3 342 dollars pour une famille de quatre personnes. Par ailleurs, il faut aussi préciser que le Mexique et le Canada avaient de leur côté pris des mesures de rétorsion à l'encontre des États-Unis !À lire aussiÀ la Une: la politique du «big deal» de Trump L’intimidation a ses limites Donald Trump a donc bluffé pour parvenir à ses fins. En brandissant ces menaces de hausse des tarifs douaniers, il semblait être en position de force. En les suspendant, il a obtenu en contrepartie un déploiement de 10 000 soldats mexicains à la frontière avec les États-Unis pour enrayer le trafic de fentanyl et limiter le passage de migrants. Le Canada, lui, s'est engagé à lutter contre cet opioïde meurtrier. À la fin, si l’on suit le narratif proposé par Donald Trump, c’est lui qui a gagné. Pourtant, sa marge de manœuvre était très étroite. S'il avait appliqué ses mesures, il y aurait eu une hausse des prix aux États-Unis. Juste un exemple, produire une voiture aurait coûter plus cher, car beaucoup de pièces sont fabriquées au Canada ou au Mexique. La voiture aurait été vendue plus chère, encore faut-il qu'elle soit achetée. Et surtout, Wall Street a tremblé ce lundi soir. La bourse de New York a fini dans le rouge tant les investisseurs étaient inquiets. Il s'agit donc d'un sursis sur ces taxes pour les produits canadiens et mexicains, car si aucun ne semble pour le moment gagnant, personne n'est finalement perdant. Reste maintenant à savoir si ce sursis va se poursuivre pour devenir la norme ou si Donald Trump ira au bout de sa politique d'intimidation qui pourrait connaitre ses limites !
Dans son discours d’adieu à la Maison Blanche, Joe Biden avait averti les Américains du danger qui menaçait de voir se former une « oligarchie » à la tête de l’État. Depuis son retour au pouvoir Donald Trump a confié les clés du gouvernement à une poignée de milliardaires. Qu’ont en commun Howard Lutnick, secrétaire d’État au commerce, Linda McMahon, ministre de l’Éducation, Scott Bessent, secrétaire d’État au Trésor ou encore Warren Stephens, probable futur ambassadeur américain au Royaume-Uni ? Tous sont milliardaires. Si l’on y inclut Elon Musk, l’homme le plus riche du monde, à la tête d’un Département à l’efficacité gouvernementale créé de toute pièce pour lui, l’administration Trump (dont tous les membres n’ont pas encore été confirmés par le Congrès) devrait compter au moins treize milliardaires. Leur fortune cumulée dépasse 450 milliards de dollars, rivalisant avec le PIB de pays de taille moyenne. Le gouvernement Trump s’annonce comme le plus riche de toute l’Histoire.« Une oligarchie est en train de prendre forme aux États-Unis », avait prévenu Joe Biden dans un message d’adieu adressé à ses concitoyens. « Une concentration extrême des richesses et du pouvoir aux mains d'un petit groupe d'ultra riches qui menace notre démocratie tout entière ». Alors reprenons les bases, qu’est-ce qu’une oligarchie ? Le mot vient du grec « oligos » qui veut dire « petit nombre » et « archo » qui veut dire « diriger ». Il désigne une forme de gouvernement où le pouvoir est aux mains d’un petit groupe de personnes, par opposition par exemple à une monarchie où le pouvoir est aux mains d’un seul individu, comme un roi.Le règne des « broligarques »Voilà pour la définition du dictionnaire. Mais dans son acceptation moderne, le mot fait plutôt référence aux hommes d’affaires qui ont fait fortune après la chute de l’Union soviétique, quand l’État qui possédait tout s’est mis à brader son Empire. Un petit groupe d’hommes qui sans être directement aux commandes ont acquis assez de richesses et de pouvoir pour influer directement sur les prises de décision politiques et économiques du Kremlin. Trois décennies plus tard, le paysage russe a changé mais le mot est resté, désignant une nouvelle génération de riches hommes d’affaires proches de Vladimir Poutine. Au moment de l’invasion de l’Ukraine, ces oligarques ont été visés par les sanctions occidentales au même titre que les membres du gouvernement russe.Joe Biden ne faisait pas seulement allusion aux milliardaires ayant directement pris un rôle gouvernemental. Son avertissement pointait surtout les grands patrons de la tech : Jeff Bezos, le patron d’Amazon, Mark Zuckerberg à la tête de Meta, Sam Altman derrière la révolution ChatGPT avec OpenAI. Ceux que le public a commencé à surnommer les « broligarques » et qui se sont empressés de prêter allégeance à Donald Trump, en revenant sur leurs programmes internes de promotion de la diversité, par exemple, ou en contribuant généreusement à la cérémonie d’investiture du président américain. Bezos, Zuckerberg et Altman ont tous les trois versés un million de dollars à la fondation Trump à cette occasion.Plusieurs millions de dollars versés à Donald TrumpPour s’acheter les faveurs du président américain, Mark Zuckerberg est même allé beaucoup plus loin puisque Meta a accepté de verser 25 millions de dollars de dommages et intérêts à Donald Trump pour se faire pardonner de l'avoir banni de Facebook après l'attaque du capitole le 6 janvier 2021. Et il n’est pas le seul. Juste avant l’élection Donald Trump avait aussi porté plainte contre la chaîne CBS après une interview de Kamala Harris qui lui avait déplu. Trump réclamait un montant absurde 10 milliards de dollars.D’après le New York Times, les studios Paramount, propriétaires de la chaîne, ont décidé de ne pas aller jusqu’à un procès qu’ils étaient pourtant sûrs de gagner, préférant verser plusieurs millions de dollars à Donald Trump. Pourquoi ? Parce que Paramount vient de racheter SkyDance Media pour 8 milliards de dollars, un deal qui doit encore être approuvé par le régulateur américain.Le patron de SkyDance Media qui s’avère être le fils du multimilliardaire Larry Ellison, le patron d’Oracle et un proche de Trump. Voici donc un petit groupe d’hommes qui sans être directement aux commandes ont acquis assez de richesses et de pouvoir pour influer directement sur les prises de décision politiques et économiques de la Maison Blanche. Comme quoi il n'y a pas besoin de parler russe.
On s'intéresse ce matin à une thématique qui concerne la planète toute entière : la démographie, à savoir le nombre d'individus qui composent chaque pays, et donc à la fin, le nombre de personnes sur notre planète. Le cabinet de conseils McKinsey a publié un rapport sur cette thématique ces derniers jours car c'est un sujet qu'on pourrait croire de l'ancien monde, mais il ne l'est pas. Il est pris très au sérieux par les responsables politiques du monde entier... Décryptage. Un exemple tout récent : c'est en France, la ministre du Travail et de la Santé entend lancer un « plan démographique pour 2050 ». L'an passé, les naissances ont légèrement diminué. En 2050, il y aura deux fois plus de personnes âgées de plus 80 ans qu'il n'y en a aujourd'hui.Aucun continent n'est épargné par cette dynamique Oui, car les Terriens et les Terriennes font moins d'enfant. Alors qu'on soit clair, au niveau mondial, il y a un ralentissement du nombre de naissances mais le solde est toujours positif. Selon le Fonds des Nations unies pour la population, le nombre de naissances par femme à l’échelle mondiale a progressivement diminué au cours des 75 dernières années. Il était de 5 en 1950. En 2050 il devrait atteindre 2,1. L'enjeu est de taille pour la croissance mondiale !Quel rapport entre démographie et économie ?Si l'on fait moins d'enfants et qu'en parallèle, la population vieillit, ce qui est le cas dans beaucoup de pays développés, cela va avoir des conséquences concrètes. Mécaniquement, ça va entrainer une baisse de la proportion de personnes en âge de travailler. Résultat : la production de richesse et les recettes fiscales vont diminuer. Et comme c'est un vase communicant, qui dit personnes âgées, dit coût lié au vieillissement en raison par exemple des retraites à payer ou des soins de santé à prodiguer. Un coût visible dans les comptes publics des États. D'après l'agence de notation S&P, les déficits budgétaires pourraient exploser d'ici 2060, passant d'une moyenne de 2,4% du PIB mondial aujourd'hui à 9,1%.À lire aussiVieillissement démographique en Europe: la population active pourrait chuter d'un cinquième d'ici 2050Quelles solutions à apporter à cette dynamique ?Le nombre de politiques pro-natalistes un peu partout dans le monde prouve qu'il n'y a pas de solution miracle. Juste un exemple, peu connu : en Finlande, la deuxième plus petite ville du pays offrait 1000 euros par mois à un foyer pendant 10 ans à chaque nouveau-né à condition de rester y vivre. C'est un échec, la population de la ville a diminué de 20%. En fait, faire des enfants, c'est une chose, mais il faut que le reste suive, à savoir les politiques de soutien à la famille, les services de garde d'enfants, d'éveil, d'enseignement... Le tout sans mettre une pression sociale aux couples, mais aussi et surtout aux femmes. Et si d'aventure la dynamique changeait aujourd'hui, on ne verrait ses effets que d'ici 20 ans.À écouter aussiBaisse de la natalité: le monde de demain se fera-t-il sans enfants?
Les sanctions à l'encontre de la Syrie s'allègent peu à peu. Dernière en date, la décision de l'Union européenne d'appliquer une feuille de route en ce sens. Car l'économie de la Syrie est en ruines mais elle a les capacités de se reconstruire. Décryptage. Tous les indicateurs économiques de la Syrie sont dans le rouge. Le principal, le PIB, le produit intérieur brut, est historiquement bas. D'après la Banque mondiale, entre 2010 et 2021, il a chuté de 54%. L'autre marqueur de la situation économique désastreuse, c'est l'inflation. Depuis le début de la guerre, les prix n'ont jamais cessé d'augmenter, de plus de 5500%. Concrètement, ce qui coûtait une livre syrienne en 2011 en valait 5500 en 2022. Cette tendance implique un taux de pauvreté important puisque pratiquement 7 syriens sur 10 vivent sous le seuil de pauvreté. Cette statistique classe la Syrie parmi les pays où l'insécurité alimentaire est la plus élevée au monde d'après l'ONU car tout manque sur place. Et si pour beaucoup de Syriens, l'arrivée d'un nouveau visage à la tête du pays est synonyme de changement, pour l'heure, et ce ne sont que deux exemples, les fonctionnaires ne sont pas payés et l'électricité n'est accessible que quelques heures par jour. Différents leviers L’économie syrienne peut, dans un premier temps, trouver son salut dans les forces de son économie syrienne d'avant-guerre. Le pétrole, d'abord. Dans les années 2000, le pays tirait principalement ses revenus de la production pétrolière. Elle est aujourd'hui en déliquescence totale, puisque selon l'administration américaine de l'information sur l'énergie, le nombre de barils produits par jour est passé de 380 000 en 2010 à 90 000 l'an passé. Dans un second temps, on notera aussi l'agriculture, secteur aussi à la peine puisque le conflit a endommagé les infrastructures et les systèmes d'irrigation. D'ailleurs cela a un impact sur la sécurité alimentaire du pays. Sans être exhaustif on retiendra aussi le textile, mais là aussi, les manufactures de coton ont largement été détruites ces 13 dernières années. Alléger voire supprimer les sanctions occidentales La situation du pays s'explique en partie aussi par les sanctions imposées par les pays occidentaux puisqu'elles limitaient et les importations, et les exportations. Résultat : au moins six millions de personnes ont fui le pays. Reconstruire la Syrie, ça va prendre du temps et ça va coûter beaucoup d'argent, la Ligue arabe parlait en 2021 de 900 milliards de dollars. Mais cette reconstruction passera par un allègement voire par la levée des sanctions avec les ressources naturelles disponibles comme le pétrole qui est une devise forte. Le pays devrait aussi compter sur ses ressources humaines, à savoir les Syriennes et les Syriens. En recréant des emplois pour reconstruire la Syrie, ils pourraient être finalement des pierres angulaires à cette renaissance de l'économie syrienne ! À lire aussiAprès treize années de guerre, les Syriens éprouvés par une crise économique sans précédent
Le secteur du luxe est à la peine. Le groupe LVMH, fleuron tricolore du secteur, a publié ses résultats de 2024 ce mardi et ils sont mauvais. Les bénéfices du géant du luxe ont nettement chuté : -17%. Illustration bien concrète d'un secteur en pleine métamorphose. Décryptage. Pour reprendre le vocabulaire du luxe, la tendance n'est plus au vert, mais plutôt au rouge ces dernières années ! L'an passé, la consommation de produits de luxe a clairement ralenti, à tel point qu'elle s'est contractée de 2%. D'après le cabinet Bain and Company, entre 2022 et 2024, ce sont 50 millions de consommateurs habitués aux articles de luxe qui ont renoncé à ce type d’achat. Baisse de la demande qui se ressent sur le marché, on le constate avec les résultats de LVMH, mais il y a tout de même du positif. Les ventes pour l'année dernière se sont stabilisées à environ 363 milliards de dollars. Des consommateurs absents... Plusieurs raisons pour expliquer cette situation d'un secteur qu'on pourrait imaginer intouchable. D'abord, la clientèle n'a pas répondu autant présente qu'avant, notamment la clientèle chinoise, puisque ce marché représentait l'année dernière 22% des ventes de produits de luxe. Le pays n'est donc plus le moteur de la croissance du secteur et ça se ressent. On notera aussi que le marché américain est suspendu aux décisions sur les droits de douane envisagés par Donald Trump qui, de jour en jour, deviennent de plus en plus concrets. Et puis les clients consomment différemment. Beaucoup préfèreront une croisière, un séjour dans un hôtel de luxe ou vivre une expérience plutôt qu'acheter un sac en cuir, une montre ou un tailleur haute couture. ... aux vendeurs qui font les mauvais choix De l’autre côté de la balance, les grands groupes ont continué à miser sur l'élasticité des prix. Parce qu’ils vendent de la rareté, certains se sont permis d'augmenter leurs prix, peut-être un peu trop : +54 % entre 2019 et 2024 d'après HSBC. Ce qui coûtait, imaginons, 10 000 euros en coûte aujourd'hui 15 400. Une hyperinflation qui est mal passée auprès des consommateurs, le secteur a ainsi atteint la limite d'un effet économique qui s'appelle l'« effet Veblen ». Concrètement, plus un produit est cher et plus il est demandé. Maintenant, il semblerait que ce ne soit plus le cas. À lire aussiLes milliardaires du luxe français ont connu des revers de fortune en 2024Différentes pistes pour le secteur Deux solutions s’offrent aux grands groupes. Soit, se recentrer sur l'ultra luxe avec certains produits iconiques, qui font office de référence, et continuer de s'adresser à une clientèle très fortunée. Soit, parler à une classe moyenne supérieure qui, à travers le monde, prend de plus en plus de place. D'après le cabinet Bain, ce sont plus de 300 millions de nouveaux clients potentiels de cette classe qui vont émerger d'ici à dix ans dans différentes régions du globe comme le Moyen-Orient, l'Inde, l'Asie du Sud-Est ou encore l'Afrique. Le tout évidemment en respectant des critères environnementaux et sociaux, car cet aspect devient un déclencheur d'achat important. Même si, pour le moment, la croissance sera lente, elle restera positive. Le cabinet McKinsey table sur une croissance annuelle estimée entre 1% et 3% jusqu'en 2027. Le temps pour les grands groupes d'ajuster leurs stratégies et de retrouver des couleurs !
Ce week-end, un câble sous-marin a été endommagé en pleine mer Baltique entre la Suède et la Lettonie. Les autorités suédoises ont appréhendé, hier lundi, un bateau bulgare dans le cadre d'une enquête pour « sabotage aggravé » car ces câbles sous-marins sont stratégiques. Décryptage. Comme souvent, quoi de mieux que des chiffres pour vous faire une idée ? Plus de 500 câbles sous-marins sont aujourd'hui déployés tout autour de la planète. Mis bout à bout on arrive à environ 1,5 millions de kilomètres. C'est évidemment beaucoup, à peu près 38 fois le tour de la Terre. Dans ces câbles, il passe tout un tas d’informations. De la télécommunication, des discussions en temps réel, des images, des vidéos, bref, tout ce que l'on peut trouver aujourd'hui sur nos ordinateurs, dans nos téléphones et dans nos télévisions. On y trouve aussi des données, évidemment essentielles et confidentielles, pour les grandes entreprises et les forces militaires.C'est simple, 99 % des communications passent par ces câbles sous-marins d'à peine dix centimètres d'épaisseur. Historiquement, ils appartiennent dans la majeure partie des cas à des consortiums, c'est un peu comme des copropriétés dans les immeubles. On parle ici d'alliance entre plusieurs acteurs comme des États ou des opérateurs de télécommunication. Ils fournissent ensuite l'accès à ces câbles à des clients moyennant rémunération. Mais le secteur a évolué et aujourd'hui il est porté dans l'écrasante majorité des cas par les GAFAM : Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft notamment sont de nouveaux entrants dans le marché. À cela on peut ajouter — et ce n'est pas négligeable – que ces câbles sont toujours plus puissants, que les technologies évoluent très vite. Typiquement, un câble immergé il y a cinq ans est déjà surpassé par celui qui l'a été aujourd'hui. Des autoroutes de l’info Du fait de la quantité de données qui transitent, ces câbles sont devenus des actifs essentiels qu'il faut protéger. Les câbles sous-marins sont ainsi des enjeux majeurs de sécurité, de souveraineté informationnelle, mais aussi économique.De ce fait, ils font l'objet de toutes les attentions, mais pas à l'abri pour autant d'accidents : chaque année, on répertorie entre 150 et 200 incidents ou défaillance. Cela peut être des glissements de terrains sous-marins mais surtout, 80 % de ces incidents sont liés à un facteur humain, en général pas malveillant. On parle là de pêcheurs qui accrochent les câbles avec leurs filets ou des ancres marines qui traînent et qui les arrachent. Mais ces dernières années, on a assisté à une hausse des tensions géopolitiques et . On a vu ressurgir des actes de piraterie ou de malveillance. Des bateaux, y compris de pêche, sont soupçonnés de sabotage volontaire. C'est un épiphénomène certes, mais il est de plus en plus pris au sérieux. À lire aussiWebdoc: un océan de câbles sous-marinsPlusieurs programmes ont été lancés par l'Union européenne ou par l'OTAN pour assurer la surveillance des infrastructures sous-marines. Mais il y aura toujours un risque ou une zone d'ombre car à 1000 mètres et plus de profondeur, difficile de surveiller chaque centimètre de câble !À lire aussiLes câbles sous-marins : une bataille géopolitique à surveiller
L’intelligence artificielle prend de plus en plus de place dans le milieu de la musique. Le sujet mobilise tous les acteurs du secteur, des artistes aux productions en passant par les plateformes de streaming. L'une d'elles, Deezer, estime qu'un titre sur dix importé sur le site est généré en partie ou intégralement par l'IA. Décryptage. C’est désormais d’une simplicité redoutable. Avec quelques mots ou des extraits d'autres morceaux crées par l'humain, il est possible de créer un morceau grâce à l'intelligence artificielle. Une simple recherche internet et une simple demande « créer une chanson en français avec RFI Matin présenté par Andréane Meslard », le site Suno nous a proposé plusieurs versions, en une vingtaine de secondes. Ces créations deviennent monnaie courante dans le secteur. Des bandes originales pour le cinéma aux morceaux de fonds pour des vidéos, voire des chansons entières, le nombre de créations est exponentiel. D'après une étude de la SACEM, la société en France qui défend les intérêts des musiciens, le marché de l'IA générative en matière de musique devrait atteindre plus de 3 milliards de dollars dans le monde d'ici trois ans. Selon cette même étude, un créateur sur trois l'a déjà utilisée dans son travail. À écouter aussiIA : une révolution pour les entreprises ou une bulle qui pourrait se dégonfler ?Sujet fondamental L’enjeu derrière l’intelligence artificielle dans la musique, c’est de mieux rémunérer les artistes. Aujourd'hui, il suffit de mettre en ligne une chanson pour prétendre à une rémunération. La machine se perfectionne d'ailleurs puisqu’il est de plus en plus difficile de savoir si tel ou tel titre est le fruit de l'intelligence artificielle ou de la créativité humaine. La concurrence est donc déloyale entre les vrais artistes, qui composent, écrivent, jouent et chantent avec moi, par exemple, qui ai simplement demandé à l'ordinateur de me créer une chanson. Une chanson sur dix mises en ligne par jour sur Deezer est générée en partie ou intégralement par l'IA, ce qui représente tout de même 10 000 morceaux par jour. Le groupe français entend prendre les devants avec la création d'un logiciel maison repérant ces morceaux pour mieux encadrer leur diffusion et la rémunération qui va avec !
C’est l'une des ambitions de Donald Trump : doper l'extraction de pétrole et de gaz aux États-Unis durant son mandat. Son leitmotiv : « Drill, baby, drill », traduit par « Fore, bébé, fore ! » Mais Donald Trump pourrait vite avoir des difficultés à mettre en pratique ce projet. Décryptage. Le locataire de la Maison Blanche le promet, les États-Unis vont « forer à tout-va ». Le ton de ses quatre années au pouvoir est donc donné. Sa stratégie pour rendre l'Amérique encore plus grande va donc passer par les énergies fossiles. Il est par ailleurs important de le rappeler, la production de gaz et de pétrole pèse très lourd dans l'économie américaine. C'est simple, les États-Unis sont les premiers producteurs de pétrole brut au monde. En 2024, ce sont 13,2 millions de barils qui y ont été produits par jour. C'est un record qui devrait d'ailleurs être dépassé cette année pour atteindre les 13,5 millions. Le pays n'a jamais autant produit de pétrole, mais Donald Trump veut aller encore plus loin. Le milliardaire Scott Bessent, qui a été nommé secrétaire au Trésor, table sur une augmentation de plus de 3 millions de barils par jour d'ici à trois ans. À lire aussiÉtats-Unis: le président élu Donald Trump veut libérer les énergies fossilesInquiétude du marché mondial Les États-Unis produisent déjà beaucoup, mais Donald Trump a de nombreux arguments pour augmenter cette production. Il souhaite tout d’abord remplir les réserves stratégiques du pays. Ensuite, il veut être en position de force pour exporter son pétrole et son gaz dans le monde entier. Le président américain explique aussi que si des sites d'extraction ouvrent, cela va créer de l'emploi et la demande face à l'offre importante de gaz ou de pétrole américain va faire baisser les prix. Mais le cœur du souci, c'est que la production est assez conséquente pour absorber la demande du marché. Les membres de l'Opep+, Organisation des pays exportateurs de pétrole, souffrent du surplus de production. Le risque, c'est que l'offre pourrait être trop abondante. C'est l'une des bases de l'économie, quand l'offre est supérieure à la demande, mécaniquement les prix diminuent. Les majors pétrolières et gazières pourraient donc, tout simplement, refuser d'appuyer sur l'accélérateur. Elles vont agir dans leur intérêt et forer quand ce sera rentable... Des mesures d’incitation À cela, il faut ajouter qu'extraire du gaz et du pétrole, c'est coûteux. L'étude, la création, l'ouverture d'un site d'extraction est un investissement non négligeable, qui pour le moment ne vaut pas le coup. Pour le moment, même s'il va être plus simple administrativement de mener ces opérations, dans les faits rien n'indique que les entreprises vont se positionner. Donald Trump entend convaincre les grands du secteur en supprimant les programmes de subventions aux énergies renouvelables, en mettant fin aussi aux règlementations portant sur la pollution des véhicules ou les aides pour l'achat de voitures électriques. À lire aussiInvestir dans le renouvelable ou pas, le dilemme des compagnies pétrolièresDes mesures qui vont inciter à reconsommer du fossile, du moins, qui pourraient changer la donne. Surtout, certaines entreprises pétrolières vont sûrement aussi jouer la montre et se faire discrètes. Il faudra aussi compter sur le climat géopolitique international, la guerre en Ukraine et la question du fossile russe notamment. Donald Trump n'est président que pour quatre ans, les investissements pour les géants du secteur, eux, sont souvent irréversibles !
Donald Trump a lancé sa cryptomonnaie. Son nom, le Trump Coin. Mise en service quelques heures avant son investiture, cette cryptomonnaie soulève de nombreuses interrogations. Comment analyser cette initiative ? Décryptage. Commençons par le commencement. Le Trump Coin, c'est un jeton virtuel à l'effigie de Donald Trump. C'est un peu comme s'il vendait des tasses ou des t-shirts avec son visage dessus finalement. Attention à ne pas confondre avec le BitCoin qui pour le coup sert à effectuer des paiements. Là, ce Trump Coin n'a pas utilité de paiement. Sa valeur repose uniquement sur la personnalité du président américain et donc aussi sur sa popularité ! Le TrumpCoin n’a pas de valeur fixe. Comme toute cryptomonnaie, elle fluctue de minute en minute, en fonction de la demande. Le seul montant qui a été fixé c'est lorsque les jetons ont été émis c’est 7 dollars l'unité. Immédiatement, ils ont été pris d'assaut pour atteindre les 75 dollars l'unité. Mais la subtilité est là: seulement 200 millions de jetons ont été mis sur le marché sur le milliard qui doit l'être d'ici trois ans. Quel est l’intérêt de cette crypto ? Plusieurs raisons de créer et de posséder du TrumpCoin. Déjà, pour Donald Trump, avoir une source de liquidités supplémentaire. L'occasion aussi pour lui de monnayer et son image et son pouvoir finalement pour augmenter sa fortune. Pour les acheteurs, l'intérêt est d'abord symbolique. Beaucoup d'entre eux sont de simples fans de Donald Trump et donc faire partie de cette aventure c'est renforcer le sentiment de proximité avec lui. Pour d'autres, c'est évidemment et surtout spéculatif, l'occasion de gagner un peu d'argent en revendant ce Trump Coin. À lire aussiCryptomonnaies: Donald Trump lance le «Trump Meme» porté par une envolée des cryptosMais il y a surtout un enjeu politique derrière tout cela. Initialement opposé à ce système, Donald Trump a revu sa copie pour la simple et bonne raison qu'il y a beaucoup d'argent dans le milieu. Durant sa campagne, il a même été soutenu par de grands noms du secteur. Il s'agit là de les rassurer et de faire partie du même monde qu'eux. D'ailleurs, dans sa logique de dérégulation du système, Donald Trump a promis que son administration serait favorable aux cryptomonnaies ! De nombreuses craintes On parle de Donald Trump mais aussi et surtout du président des États-Unis d'Amérique. Ces jetons, ils sont à son effigie. Aucune mention de son statut actuel. C'est subtil mais c'est légal. Dans les faits, il existe un débat sur l'existence de conflits d'intérêts potentiels, même si légalement cela semble compatible et admissible. En revanche, le risque c'est que s'il vend trop vite ses jetons et qu'il cause des pertes importantes aux personnes qui en ont acheté, il pourrait y avoir des actions en justice contre lui de personnes qui considèreraient avoir été trompées. Du côté des défenseurs des cryptomonnaies, on est aussi très dubitatif et beaucoup estiment que ce n'est pas une bonne publicité pour le secteur. Quoi qu'il en soit, comme le veut la formule anglosaxonne, business is business, as usual !
C’est l’une des bêtes noires de Donald Trump: le Mexique. Au sud des États-Unis, à la frontière, le président américain y a déclaré l’état d’urgence. Le Mexique est également la cible de droits de douane importants. La période semble compliquée pour le pays. Décryptage. La tête haute, face caméra, la présidente mexicaine, Claudia Sheinbaum, reste confiante. « Il faut garder la tête froide » a-t-elle expliqué ce mardi 21 janvier face aux premières mesures annoncées par Donald Trump. Pourtant, derrière ce relativisme de la présidente de gauche nationaliste, il y a urgence pour le Mexique, car Donald Trump entend taxer à hauteur de 25% tout produit mexicain importé sur le sol américain, avec une entrée en vigueur dans moins de dix jours, le 1er février. Pour le Mexique, les impacts de cette mesure seront très importants car le pays est ultra dépendant des Etats-Unis. Plus de 80% des exportations mexicaines y sont destinées. Il s'agit là de voitures, de camions et de produits électroniques. On notera aussi que le Mexique est l'un des principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis. Les investissements directs étrangers d'entreprises américaines sont estimés à 236 milliards de dollars. Dernière illustration en date, Amazon a annoncé il y a dix jours y investir cinq milliards pour la construction d'un centre de données ! Le Plan Mexico Pourtant, le Mexique et les États-Unis sont liés dans le cadre d'un accord de libre-échange: l’ACEUM, accord commercial ente les États-Unis, le Canada et le Mexique. Donald Trump entend le mettre à mal, d'autant qu'il doit être renégocié dans un an, en 2026. Cet accord a d'ailleurs vu le jour durant son premier mandat, remplaçant l'ALENA, l'accord de libre-échange nord-américain. Le Républicain le considérait comme le « pire traité commercial jamais signé » par son pays. À lire aussiPourquoi l'immigration va déterminer le sort de l'économie américaine sous Donald TrumpPlusieurs options sont ainsi sur la table de Claudia Sheinbaum. Elle ne s’alarme pas, elle a un plan: le Plan Mexico, présenté la semaine dernière. L'ambition, c'est de faire résister l'économie mexicaine en se recentrant sur ses capacités et ses opportunités, et surtout, en ne comptant pas sur les États-Unis. Deuxième solution, soigner ses relations avec les autres pays. Exemple tout récent avec la signature d'un accord commercial avec l'Union européenne la semaine dernière également. Et puis Claudia Sheinbaum bien que sous pression entend elle aussi la mettre sur les États-Unis. En représailles, elle envisage des tarifs douaniers plus importants, avec cet objectif de mettre en danger des entreprises américaines dépendantes de produits mexicains. Quelle réaction de Donald Trump ? Mais au-delà de l’aspect économique et financier, il y a aussi la question des Mexicains immigrés aux États-Unis. Il ne faut pas l'omettre, cette diaspora est un pilier économique du Mexique. Les travailleurs mexicains installés aux États-Unis ont envoyé l'an dernier près de 66 milliards de dollars à leur pays d'origine. Ces transferts de fonds sont ainsi essentiels au PIB mexicain. De fait, le Mexique et sa présidente Claudia Sheinbaum sont clairement dans un rôle d'équilibriste. Elle le sait, il faut savoir tenir tête à Donald Trump, c'est un businessman, habitué à d'âpres négociations. Encore faut-il qu'il veuille négocier ! À écouter aussiGrand reportage - Trump, le retour : au Mexique sur les rails de la crise migratoire
À peine a-t-il été investi que Donald Trump a signé des décrets qualifiant d'urgence nationale l'immigration illégale à la frontière avec le Mexique. Il a aussi révoqué le droit du sol automatique pour les enfants de migrants clandestins. Pourtant, l'immigration est importante pour l'économie américaine. Décryptage. Pour Donald Trump, c’est l’un des maux de la société américaine : l’immigration. Mais qu'elle soit légale ou illégale, elle participe à la vitalité de l'économie du pays. Elle soutient la croissance tout court, mais aussi la croissance démographique. Peu de chiffres précis ont été publiés sur le nombre de personnes qui travaillent aux États-Unis sans y être nées, mais le bureau du budget au Congrès américain parle de plus de 32 millions d'immigrés actifs sur le marché du travail. Là encore, c'est important de le préciser, ce nombre englobe les travailleurs légaux et illégaux. En 2022, ils étaient un peu plus de 8 millions de migrants illégaux à travailler aux États-Unis. C'est cette catégorie de personnes que visent les mesures anti-immigration de Donald Trump. Ces femmes et ces hommes travaillent généralement dans les secteurs de l'agriculture, du bâtiment, dans l'industrie et le service à la personne, mais aussi dans l'hôtellerie. À lire aussi«Je déclarerai l'état d'urgence à notre frontière sud», a affirmé D. Trump lors de son investitureCréation de valeur Et puisque toutes ces personnes travaillent, elles produisent de la richesse, ce qui peut être synonyme de croissance. Et puis surtout, en travaillant sur le sol américain, toutes ces personnes dépensent leur salaire sur le sol américain. Elles payent des impôts à l'administration fiscale américaine. Pour certaines familles, elles font des enfants, ce qui implique également une source de consommation et sur le long terme, de la main-d'œuvre en devenir. Si Donald Trump s'en prend autant à l'immigration, c’est parce que pendant le mandat de Joe Biden, le marché de l'emploi était particulièrement tendu. L'économie américaine sortait des confinements et de la pandémie de Covid. Pour relancer la production, le pays manquait de main-d'œuvre, généralement d'emplois peu qualifiés. Ce sont ces personnes immigrées qui ont accepté d'occuper ces postes. Durant le mandat de Joe Biden, la population active née à l'étranger a augmenté de 15% ! À lire aussiLe Canada et le Mexique pris de court par les annonces chocs de Donald TrumpDes arguments aux conséquences néfastes Le nouveau président des États-Unis considère que cette main-d'œuvre prend la place des Américains qui sont nés aux États-Unis. Plus encore, qu'il y a une compétition entre migrants et non-migrants pour accéder aux emplois. Autre argument : parce que ce sont les migrants qui acceptent ces emplois non qualifiés, selon Donald Trump, ils contribueraient à la baisse des salaires. Et que par leur présence sur le sol américain, ils participeraient à l'inflation, car ils feraient augmenter la demande. Or, tout cela n'a jamais été vraiment prouvé. Difficile de dire avec précision et certitude ce qu’il se passerait si Donald Trump mettait son plan à exécution, mais déjà, ce serait très coûteux. D'après le groupe de réflexion pro-immigration National Immigration Forum, il coûterait 150 milliards de dollars. À cela, il faut ajouter 15 milliards de dollars par an pour maintenir la sécurité aux frontières. Et puis surtout, cela va frapper de plein de fouet des secteurs d'activité entiers. Cela n'est pas sans conséquences, puisque d'après les économistes de Bloomberg, le principal impact pourrait être la baisse du PIB, voire atteindre une croissance nulle sous le mandat de Donald Trump. Preuve que l'immigration aux États-Unis n'est pas un jeu à somme nulle et qu'elle a un poids très concret dans l'économie du pays !
Ce lundi 20 janvier, Joe Biden va quitter la Maison Blanche. La fin d’un mandat de quatre ans au bilan économique paradoxal. Décryptage. Pour paraphraser une formule célèbre, le bilan est globalement positif. Joe Biden a pris ses fonctions en janvier 2021 avec une priorité : relancer l'économie du pays après la crise du Covid. Quatre ans plus tard, on peut dire que c'est mission réussie, la plupart des indicateurs économiques américains sont au vert. La croissance est repartie aujourd'hui aux alentours de 3%. Plus de 16,5 millions d'emplois ont été créés durant le mandant de Joe Biden. Le taux de chômage au contraire a fortement chuté, estimé à 4,2%, avec une période sous les 4% d'une longévité inédite depuis les années 1960. Pourtant, sa présidence, en termes économiques, était mal embarquée. Lorsque Joe Biden arrive à la Maison Blanche, le pays sort à peine des confinements. L'économie est à genoux, la croissance est négative. Il pense avoir la solution avec ce que les observateurs vont appeler les « Bidenomics », c'est-à-dire ses différentes mesures. Une incontrôlable hausse des prixPour sauver l’économie, le démocrate adopte alors une politique interventionniste avec, dès son arrivée au pouvoir, le vote d’un plan de sauvetage de 2 000 milliards de dollars. La stratégie adoptée fonctionne, mais le pays est vite confronté à un manque de main d'œuvre. La production ne va pas assez vite, la demande explose, la mécanique se grippe. Résultat : ce sont les prix qui ont explosé. L’inflation, c'est la principale préoccupation des électeurs. Et malgré le paysage économique plutôt au beau fixe, c'est l'inflation qui a été au premier plan. Elle a augmenté à toute vitesse et a même dépassé les 10% en milieu de mandat de Joe Biden. Les Américains sont étouffés par cette inflation, d'autant que les salaires n'ont pas augmenté aussi vite. Le revenu réel lui est resté presque stable, on peut tout de même lui noter un léger frémissement aux alentours de 2% durant le mandat de Joe Biden. L’IRA pour sauver les États-Unis Pour sortir de ce marasme, Joe Biden dégaine une de ses « Bidenomics » pour relancer l'économie du pays. Son nom : l’IRA, l’Inflation Reduction Act. Il s’agit là d’un grand paquet législatif de 400 milliards de dollars mis en place à l'été 2022 pour réduire l'inflation. L'ambition est claire : relancer l'économie avec des crédits d'impôts à tout-va pour favoriser les investissements privés, la production d'énergie verte ou encore la baisse des prix des médicaments. À cela aussi, il faut ajouter la guerre en Ukraine, puisque les États-Unis ont très largement contribué à armer le pays. Dépenses de plusieurs dizaines de milliards de dollars qui ont bénéficié à l'industrie militaire américaine. Ce lundi 20 janvier, Donald Trump va donc retrouver le pays dans un bon état. Mais le revers de la médaille de toutes les mesures de Joe Biden, c'est l'explosion de la dette publique, à hauteur de 125% du PIB américain. Pourtant, c'est tout le paradoxe : si Joe Biden a relancé l'économie du pays, les Américains ne le ressentent pas comme tel, bien au contraire. C'est d'ailleurs ça qui a, en partie, coûté l'élection au parti démocrate !