Aujourd'hui l'économie

<p>Aujourd'hui l'économie, présenté par Stéphane Geneste, vous propose un rendez-vous quotidien pour décrypter un fait marquant de l'actualité économique, du lundi au vendredi à 06h16 TU, toutes cibles.</p>

En Asie centrale, Vladimir Poutine cherche à sauver l’influence économique russe face à la Chine

En visite à partir de ce jeudi en Asie centrale, Vladimir Poutine participe à un sommet avec les cinq dirigeants de cette région riche en ressources naturelles. Un déplacement à forte portée économique pour une Russie sous sanctions, qui cherche à préserver son influence face à la montée en puissance de la Chine et d’autres partenaires. Le président russe est au Tadjikistan à l’occasion d’un sommet réunissant les cinq pays d’Asie centrale: le Kazakhstan, le Kirghizistan, l’Ouzbékistan, le Turkménistan et le Tadjikistan. Longtemps considérée comme le cœur de l’influence soviétique, puis russe, cette région stratégique tente depuis la chute de l’URSS de diversifier ses partenariats. Désormais, ces États multiplient les liens économiques avec la Chine, la Turquie et plusieurs pays occidentaux, notamment la France. Une évolution que Moscou observe avec attention. Sous le coup de lourdes sanctions depuis l’invasion de l’Ukraine, la Russie cherche dans cette région un moyen de compenser ses pertes économiques et d’affirmer qu’elle reste un acteur incontournable. L’énergie, au cœur de la stratégie économique russe Le principal levier de cette visite est énergétique. Le sous-sol de ces pays regorge de ressources naturelles — pétrole, gaz et uranium — qui attirent les convoitises. Le Kazakhstan, par exemple, est l’un des plus grands producteurs d’hydrocarbures de la région, mais son pétrole transite à 80 % par les oléoducs russes. L’uranium, essentiel au fonctionnement des centrales nucléaires, constitue un autre enjeu majeur. Plusieurs puissances se positionnent sur ce marché, dont la France. Emmanuel Macron s’est rendu en Ouzbékistan au printemps dernier pour signer de nouveaux partenariats. Moscou, de son côté, veut consolider sa place en proposant sa technologie nucléaire et en négociant de nouveaux contrats énergétiques. Mais Vladimir Poutine avance désormais sur un terrain où la Chine a pris une longueur d’avance. Pékin, Paris, Ankara… la Russie n’est plus seule à la table Derrière ce déplacement, c’est aussi une bataille d’influence qui se joue. Avec son vaste projet des « Nouvelles routes de la soie », Pékin a transformé l’Asie centrale en un couloir commercial entre la Chine et l’Europe, y investissant massivement dans les infrastructures et les technologies. Cette présence chinoise offre aux États centrasiatiques une alternative crédible à Moscou, qui voit son influence se réduire. Dans ce contexte, la visite de Vladimir Poutine apparaît comme une tentative de démontrer que la Russie peut encore peser économiquement malgré la guerre et l’isolement international. Mais le centre de gravité économique de la région s’est déplacé. Les capitaux viennent désormais de Pékin, d’Ankara, parfois même de Paris. Si Moscou demeure un acteur historique et symbolique, elle doit désormais composer avec d’autres puissances bien installées. L’Asie centrale, forte de cette rivalité, tient un rôle d’arbitre, profitant de cette compétition pour renforcer sa souveraineté sans sacrifier son autonomie.

10-09
03:23

Croissance, épargne, investissements: les effets concrets de la crise politique en France

Alors que la France reste sans Premier ministre depuis plusieurs jours, l’incertitude politique s’installe. Derrière les jeux de pouvoir, les conséquences économiques sont déjà visibles : croissance en berne, entreprises prudentes, ménages inquiets. La France n’a plus de Premier ministre depuis lundi matin. Le dernier gouvernement n’aura tenu que treize heures, un record de brièveté qui illustre le degré d’instabilité politique dans lequel le pays est plongé. Et cette situation, loin de rester cantonnée aux cercles du pouvoir, a des effets bien réels sur l’économie. Selon plusieurs économistes, notamment ceux de BNP Paribas, la crise politique aurait déjà coûté près de 0,3 point de croissance à la France en 2025. Cela peut sembler marginal, mais cela représente plus de 8 milliards d’euros de richesse nationale en moins. En clair, une économie qui aurait pu croître de 1% cette année devra se contenter de 0,7 %. La raison de ce ralentissement est simple : la peur de l’avenir. Les ménages épargnent davantage, les entreprises reportent leurs investissements. Autrement dit, tout le monde garde son argent dans l’attente d’un signal politique plus clair. Ce climat d’incertitude agit comme un frein collectif qui ralentit la machine économique. Des ménages inquiets et des entreprises prudentes Les Français, déjà éprouvés par l’inflation et la perte de pouvoir d’achat, redoutent désormais une hausse des impôts ou une baisse des aides publiques. Ils épargnent davantage. Avant la crise du Covid, le taux d’épargne moyen tournait autour de 15 % du revenu disponible. En 2025, il frôle les 19 %, l’un des plus élevés d’Europe. Ce réflexe de précaution a des effets directs sur la croissance. Quand les ménages dépensent moins, la consommation ralentit. Or, la consommation représente la moitié du PIB français. Quand ce moteur s’essouffle, c’est toute l’économie qui cale. Le même phénomène touche les entreprises. Moins de commandes, plus d’incertitudes, et une fiscalité jugée instable. Les dirigeants d’entreprise préfèrent attendre des jours meilleurs avant de se lancer. Depuis la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024, les investissements ont chuté de 1,5 %. Les entrepreneurs redoutent qu’un futur gouvernement — quel qu’il soit — change encore de cap. On leur avait promis que la surtaxe exceptionnelle sur les sociétés serait temporaire ; elle pourrait finalement être prolongée. Résultat, un climat d’expectative et de méfiance, où chaque décision politique suspendue devient un frein économique concret. À lire aussiDéficit et dette publique: la France face à l’impasse budgétaire après la chute de François Bayrou Une économie ralentie, mais encore solide Malgré ce climat tendu, tout n’est pas noir. L’économie française montre une certaine résistance. Les investisseurs étrangers continuent de miser sur la France. La balance courante – la différence entre ce que le pays vend et ce qu’il achète – reste globalement équilibrée. Et, selon le baromètre EY 2025, la France demeure le pays le plus attractif d’Europe pour les investissements étrangers. Certains secteurs connaissent même un rebond : l’aéronautique retrouve des carnets de commandes solides, la production agricole s’améliore après un printemps favorable, et la production industrielle dans son ensemble regagne du terrain depuis l’après-Covid. Le taux d’emploi, lui, atteint 69,6 %, un record. Autrement dit, l’économie française ralentit, mais ne s’effondre pas. Pour repartir, les acteurs économiques attendent un budget voté et des orientations claires. Mais c’est là que le bât blesse : sans gouvernement stable, impossible de trancher sur la fiscalité, les aides ou les investissements publics. Un cercle vicieux s’installe. L’incertitude politique freine l’économie, et une économie affaiblie nourrit la défiance politique. La conclusion s’impose d’elle-même : pour que la France retrouve sa croissance, il faudra d’abord qu’elle retrouve un gouvernement.

10-08
03:22

L'économie israélienne de plus en plus fragilisée par son isolement international

Longtemps présentée comme la « start-up nation », Israël traverse aujourd’hui une période de turbulences économiques. Guerre à Gaza, tensions régionales et désengagement de partenaires historiques plongent l’économie israélienne dans l’incertitude. Croissance en recul, fuite des cerveaux et isolement diplomatique redessinent les contours d’un modèle longtemps considéré comme exemplaire. Pendant des années, Israël s’est imposé comme un acteur majeur de l’innovation technologique. L’État hébreu abrite de grandes entreprises du secteur, exporte massivement des logiciels, des dispositifs médicaux et des technologies de cybersécurité. Mais depuis le début de la guerre contre le Hamas et la montée des tensions avec l’Iran, le pays est entré dans une nouvelle ère. Et les chiffres parlent d’eux-mêmes. Au dernier trimestre, le PIB israélien s’est fortement contracté. La consommation des ménages recule, les investissements privés décrochent et l’appareil productif tourne au ralenti. Les perspectives ne sont guère encourageantes. La croissance prévue pour 2025 ne dépasserait pas 1%, après seulement 0,9% l’an passé. Un contraste saisissant avec 2022, où l’économie israélienne progressait encore de 6,5%. L’inflation s’établit autour de 3% et le déficit budgétaire explose. Pour soutenir le shekel, la Banque centrale a dû injecter plus de 30 milliards de dollars sur les marchés des changes. Sur le plan humain, près de 170 000 personnes ont quitté le pays depuis 2023, souvent des jeunes diplômés, représentant une main-d’œuvre hautement qualifiée. Cette fuite des cerveaux accentue un sentiment d’instabilité économique et financière. À lire aussiIsraël: comment le pays en guerre bat des records sur les marchés financiers Fuite des investisseurs et isolement diplomatique La fragilité économique s’accompagne d’une perte de confiance des partenaires étrangers. L’investissement direct étranger chute, les financements internationaux se figent et plusieurs grands contrats sont remis en cause. L’Union européenne, premier partenaire commercial d’Israël, envisage de réduire certaines collaborations, un signal préoccupant pour une économie dont une part importante dépend des échanges avec les 27. Le fonds souverain norvégien s’est, lui, retiré cet été de plusieurs entreprises israéliennes de défense. Du côté des États-Unis, certains géants technologiques comme Microsoft révisent leurs engagements en Israël sous la pression de l’opinion publique. Et même des pays alliés de longue date, comme la Colombie, cherchent à se passer d’équipements israéliens. Bogota vient en effet de présenter son premier fusil d’assaut produit localement, après la fin de ses commandes à Tel-Aviv. Ces désengagements successifs créent un effet domino : la perte de ces soutiens, de ces capitaux et de ces marchés affaiblit la croissance israélienne et menace sa position sur la scène internationale. Un impact direct sur le quotidien des Israéliens Au-delà des chiffres, cet isolement se ressent dans la vie quotidienne. Le coût de la vie reste élevé, et la fiscalité risque de s’alourdir pour financer les dépenses militaires et combler le déficit budgétaire. Sur le moyen et le long terme, la perte d’attractivité et de talents pourrait entraîner des fermetures d’entreprises et une montée du chômage. Pour Israël, l’enjeu est désormais clair : retrouver la confiance de ses partenaires et enrayer cette spirale d’isolement avant qu’elle ne fragilise durablement son modèle économique. L’État hébreu conserve d’indéniables atouts – un savoir-faire technologique reconnu et une économie diversifiée –, mais son avenir dépend plus que jamais des choix politiques et diplomatiques de ses dirigeants.

10-06
03:39

Europe: le train de nuit peut-il survivre sans subventions?

À partir du 14 décembre prochain, la France sera privée de ses dernières liaisons internationales en train de nuit. Les lignes Paris-Berlin et Paris-Vienne vont disparaître, faute de subventions. Un coup d’arrêt pour ce mode de transport pourtant plébiscité par les voyageurs et présenté comme une alternative écologique à l’avion. L’annonce est tombée cette semaine: ÖBB, la compagnie autrichienne, et ses partenaires – la SNCF et la Deutsche Bahn – mettent fin aux trains de nuit reliant Paris à Vienne et à Berlin. La raison est simple : la subvention de l’État français, comprise entre 5 et 10 millions d’euros par an, ne sera pas reconduite. Sans ce soutien, le déficit est trop lourd à absorber pour les opérateurs. Pourtant, la demande était bien là : 66 000 passagers en 2024 et un taux de remplissage de 70 %, un chiffre jugé très satisfaisant. Mais pas suffisant pour couvrir les coûts. Ces deux liaisons, relancées il y a seulement deux à quatre ans, devaient incarner une Europe ferroviaire plus verte et moins dépendante de l’avion. À écouter aussiGrand reportage: Le charme des trains de nuit Un modèle économique sous tension Sur le papier, le train de nuit coche toutes les cases. Il évite l’avion sur des trajets de plus de 1 000 km, permet de voyager en dormant et répond à la demande d’alternatives bas carbone. Mais l’équation économique est redoutable. Contrairement à un TGV qui peut effectuer plusieurs allers-retours quotidiens, un train de nuit ne circule qu’une fois par 24 heures. Une place y est vendue une seule fois, quand la même place en TGV peut être occupée par plusieurs passagers dans la journée. À cela s’ajoutent des coûts spécifiques : plus de personnel à bord, changement d’équipage et de locomotive aux frontières. Résultat, les charges explosent. Et face à un billet Paris-Berlin en avion à 60 euros, difficile de justifier une couchette à 130 euros et un trajet six fois plus long. Un avenir suspendu à la volonté politique Aujourd’hui, aucune ligne de nuit en Europe n’est rentable sans subvention. Certaines s’en sortent mieux que d’autres, comme l’Autriche avec son réseau Nightjet, mais partout, l’équilibre repose sur l’argent public. Le handicap du train face à l’avion est aussi fiscal. Les compagnies ferroviaires paient des péages d’infrastructure élevés, tandis que le kérosène reste exempt de taxes. Dès lors, l’avenir du train de nuit ne dépend pas seulement des voyageurs – qui répondent présents – mais bien de choix politiques. États et Union européenne sont à la manœuvre pour fixer les règles du jeu et décider si ce mode de transport doit rester une niche symbolique ou devenir une vraie alternative dans la transition écologique.

10-03
02:58

Comment la Commission européenne veut pousser les citoyens à investir en Bourse

Près de 10 000 milliards d’euros « dorment » aujourd’hui sur les comptes bancaires du continent. La Commission européenne veut inciter les ménages à placer cet argent en Bourse, via une nouvelle stratégie qui mêle incitations fiscales, produits accessibles et éducation financière. Les Européens adorent épargner. L’Union européenne est l’une des régions du monde où l’on met le plus d’argent de côté. Mais ce capital reste souvent sur des livrets ou comptes bancaires qui rapportent peu, voire rien. En période d’inflation, il perd même de sa valeur : un euro mis de côté reste un euro, mais si le prix d’un produit passe de 1 euro à 1,05 euro en un an, le pouvoir d’achat diminue. Pour mesurer l’ampleur de la situation, Bruxelles rappelle que les 10 000 milliards d’euros qui « dorment » représentent l’équivalent du PIB cumulé de l’Allemagne, de la France, de l’Italie et de l’Espagne sur une année. À lire aussiPour relancer l'investissement en Europe, Bruxelles mise sur la titrisation Une Union de l’épargne et de l’investissement Pour canaliser cette montagne d’argent vers l’économie réelle, la Commission européenne propose de créer une Union de l’épargne et de l’investissement. Objectif : financer les petites et moyennes entreprises, soutenir l’innovation, accélérer la transition écologique et stimuler les grands projets du continent. Selon ses calculs, cette stratégie pourrait générer jusqu’à 470 milliards d’euros d’investissements supplémentaires par an. Pour attirer les épargnants, Bruxelles imagine des placements accessibles dès 10 euros, investis dans des actions, obligations ou fonds, tout en excluant les produits jugés trop risqués. Incitations fiscales et éducation financière Pour convaincre les ménages les plus prudents, l’exécutif européen mise aussi sur des avantages fiscaux appliqués aux revenus générés par ces comptes. Mais la fiscalité n’est pas le seul levier : Bruxelles veut également lancer une vaste campagne d’éducation financière. Il s’agit de sensibiliser les citoyens aux opportunités d’investissement, mais aussi aux risques. Contrairement aux livrets classiques, les actions et obligations peuvent perdre de la valeur. D’où l’importance de la diversification, comme le rappelle l'adage populaire, de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier. Mais attention, le succès du projet dépendra aussi de la confiance : pour l’instant, chaque État garde la main sur la fiscalité et la mise en œuvre. Sans harmonisation ni pédagogie suffisante, il sera difficile de convaincre les Européens de franchir le pas. Mais Bruxelles veut y croire : car réorienter l’épargne vers l’investissement pourrait être l’une des clés pour rivaliser avec les États-Unis, où plus d’un ménage sur deux détient des actions et contribue ainsi à dynamiser le financement des entreprises.

10-02
03:43

«Shutdown» aux États-Unis: quelles conséquences économiques pour les Américains et les marchés?

À compter de ce mercredi, les services fédéraux américains sont en partie à l’arrêt. Faute d’accord au Congrès pour voter le budget 2026, le pays traverse un nouveau « shutdown ». Si la cause est politique, les effets, eux, sont bel et bien économiques, et pourraient fragiliser encore davantage une économie déjà sous tension. Les administrations fédérales sont mises sur pause : des centaines de milliers de fonctionnaires se retrouvent au chômage technique. Seuls les personnels jugés « essentiels » – militaires, contrôleurs aériens, personnel hospitalier – continuent de travailler, mais sans être rémunérés. Pour les Américains, les conséquences sont visibles dans la vie de tous les jours : files d’attente rallongées dans les aéroports, démarches administratives au ralenti, parcs et musées fermés, et même des retards dans la distribution du courrier. Un coût élevé pour l’économie américaine Chaque semaine de paralysie pourrait réduire la croissance de 0,2 point de pourcentage, soit plusieurs milliards de dollars perdus, selon la compagnie d’assurance Nation Wide. En 2018-2019, le « shutdown » le plus long de l’histoire – 35 jours – avait coûté 0,4 % de croissance. Cette fois, le contexte est plus fragile : l’inflation reste élevée, le chômage ne baisse pas et les prévisions de croissance sont modérées. Un arrêt prolongé pourrait donc avoir un effet amplifié sur l’économie. Marchés financiers dans le brouillard et confiance ébranlée Autre conséquence : l’arrêt des publications économiques officielles. Le Bureau du travail et des statistiques, qui fournit des données essentielles sur le chômage, la croissance et l’inflation, ne peut plus publier ses indicateurs. Pour les investisseurs, c’est comme un pilote de ligne en pleine tempête sans instruments de bord. L’incertitude alimente la nervosité des marchés financiers et fragilise le dollar. À moyen terme, les effets pourraient se multiplier : fonctionnaires impayés contraints de réduire leur consommation, projets d’investissement suspendus, recrutements gelés… autant de signaux négatifs pour la confiance des entreprises et des partenaires étrangers. Ce nouvel épisode budgétaire donne une image d’instabilité aux États-Unis et risque d’entamer encore un peu plus la crédibilité de la première puissance économique mondiale.

10-01
03:29

États-Unis-Afrique: la politique commerciale de Donald Trump va-t-elle signer la fin de l'Agoa?

Adopté il y a 25 ans, l’Agoa permet à 32 pays africains d’exporter des milliers de produits vers les États-Unis sans droits de douane. Mais il expire ce 30 septembre à minuit, sauf prolongation de dernière minute. Un bilan contrasté pour un accord crucial à la fois économique et géopolitique. En 2000, sous Bill Clinton, l’Agoa (African Growth and Opportunity Act) voit le jour avec un objectif clair : renforcer les relations commerciales entre les États-Unis et l’Afrique subsaharienne. Aujourd’hui, cet accord permet à 32 pays africains d’exporter plus de 6 000 produits sans droits de douane : biens manufacturés, textile, voitures sud-africaines, produits agricoles ou encore ressources minières. En contrepartie, ces pays doivent respecter certains critères : économie de marché, progrès en matière de gouvernance, de démocratie et de droits humains. C’est pourquoi la liste des membres évolue régulièrement. En 2023, les exportations africaines vers les États-Unis dans ce cadre ont atteint 10 milliards de dollars. Des résultats visibles, mais concentrés dans quelques pays Depuis son entrée en vigueur, l’Agoa a permis aux exportations africaines vers les États-Unis de progresser de 37% entre 2001 et 2021. Mais les bénéfices sont très inégalement répartis. L’Afrique du Sud en tire le plus grand profit avec ses voitures, ses agrumes et son vin. Viennent ensuite le Kenya et le Lesotho grâce au textile, ainsi que Madagascar dans une moindre mesure. Pour la majorité des autres pays, l’impact reste marginal. Pourtant, une fin brutale de l’Agoa aurait des conséquences lourdes, comme une perte de compétitivité, un recul des investissements et menaces sur des centaines de milliers d’emplois. Un avenir incertain face au retour du protectionnisme américain Au Kenya, 300 000 emplois du secteur textile sont menacés. Au Lesotho, l’Agoa a permis de bâtir la première industrie du pays, le vêtement, où se fournissent encore de grandes marques américaines. En Afrique du Sud, déjà frappée par un chômage supérieur à 30%, des dizaines de milliers d’emplois pourraient disparaître. Pour ces pays, l’Agoa est indéniablement une réussite, mais ses bénéfices restent concentrés. De leur côté, les investisseurs américains ont aussi profité de cette dynamique. Reste que Washington, à l’heure du protectionnisme et des droits de douane, revoit sa politique commerciale. Et si les États-Unis se retiraient un peu plus du terrain africain, un vide se créerait. Un vide que ne manquerait pas de combler la Chine, devenue paradoxalement l'ennemi numéro 1 de Donald Trump et le premier partenaire commercial de la majorité des pays du continent.

09-30
03:47

Pourquoi le gouvernement français refuse le retour de l'impôt sur la fortune

Alors que 8 Français sur 10 réclament davantage de justice fiscale, le Premier ministre Sébastien Lecornu a confirmé qu’il n’y aurait pas de rétablissement de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF). Une décision saluée par le patronat mais vivement critiquée par l’opposition. L’ISF, créé pour taxer les patrimoines supérieurs à 1,3 million d’euros, était calculé sur le patrimoine net: biens immobiliers, valeurs mobilières, liquidités, bijoux… moins certaines dettes. Plus le patrimoine était élevé, plus le taux progressif d’imposition augmentait. En 2017, cet impôt a été remplacé par l’IFI, l’impôt sur la fortune immobilière, beaucoup plus restreint dans son assiette puisqu’il ne concerne que le patrimoine immobilier. Le gouvernement de l’époque justifiait ce choix par la volonté de favoriser l’investissement productif et d’attirer les capitaux en France, plutôt que de les voir s’exiler. Depuis, le Medef n’a cessé de défendre cette réforme, voyant dans l’ISF une « ligne rouge » à ne pas franchir. Pour l’organisation patronale, rétablir cet impôt serait synonyme de fuite des fortunes et de frein à la croissance. Un symbole fort de justice fiscale Dans les faits, l’ISF concernait à peine 1 % des Français. Mais au-delà de son rendement, relativement limité, il représentait un symbole puissant de justice fiscale et de redistribution. Sa suppression, selon plusieurs rapports parlementaires et études économiques, a permis aux contribuables les plus riches d’économiser plus de dix milliards d’euros en moins de dix ans. Or, malgré cet allègement fiscal, les effets sur l’investissement productif se sont révélés faibles, voire quasi inexistants. Pour une grande partie de l’opinion publique, l’ISF était donc perçu comme un outil permettant de faire contribuer davantage ceux qui possèdent le plus. Sa disparition a accentué le sentiment d’injustice sociale, particulièrement dans un contexte où les inégalités restent très marquées. C’est ce décalage entre perception symbolique et arguments économiques qui alimente encore aujourd’hui la polémique autour de l’ISF. Une équation politique délicate pour le gouvernement En annonçant qu’il n’y aurait pas de retour de l’ISF dans le budget 2026, Sébastien Lecornu a envoyé un signal clair au monde patronal. Le Premier ministre cherche ainsi à préserver la confiance des investisseurs et à éviter de braquer les grandes fortunes. Mais cette position n’est pas sans risque. Les syndicats de salariés, mobilisés dès le début du mois d’octobre, réclament davantage de justice fiscale et une meilleure redistribution des richesses. Dans le même temps, les organisations patronales prévoient leurs propres mobilisations contre d’autres mesures économiques. L’exécutif évolue donc sur une ligne de crête: il doit composer avec la pression du patronat tout en tentant de calmer la colère sociale. Le danger pour le gouvernement serait de voir ces deux mécontentements converger. Car, lorsque chefs d’entreprises et salariés se retrouvent côte à côte dans la rue, c’est l’ensemble du pays qui entre en crise.

09-29
03:32

Stellantis, symbole d’une Europe automobile fragilisée par la Chine et la transition énergétique

Le quatrième constructeur mondial annonce l’arrêt temporaire de plusieurs sites européens, alors même que ses ventes repartent légèrement à la hausse. Une décision qui illustre les difficultés profondes de l’automobile européenne, confrontée à la concurrence chinoise, aux coûts élevés et aux incertitudes réglementaires. Stellantis, qui réunit Peugeot, Citroën, Fiat et Opel, a décidé de suspendre la production dans plusieurs de ses usines européennes pendant trois semaines cet automne. Une annonce paradoxale, intervenue quelques jours avant la publication de chiffres de vente encourageants : en août, le groupe a enregistré une hausse, la première depuis plus d’un an. Mais sur un an, les ventes restent en recul de 10 %. Les stocks s’accumulent, et leur maintien coûte cher. D’où cette suspension temporaire, symbole des turbulences qui frappent toute l’industrie automobile européenne. À lire aussiComment l'UE peut relancer son économie face à la Chine et les États-Unis Un marché européen fragilisé et incertain Les constructeurs souffrent d’un marché en perte de vitesse. Les consommateurs conservent plus longtemps leurs véhicules et hésitent au moment d’acheter : faut-il choisir l’électrique, l’hybride ou rester au thermique ? L’interdiction programmée des moteurs essence et diesel en 2035, que Bruxelles vient de décider de réexaminer, entretient ce flou. À cela s’ajoutent des coûts de production élevés en Europe – énergie, charges sociales, réglementation stricte – et un retard considérable sur les batteries. Selon un rapport des équipementiers, l’industrie européenne accuse un désavantage de 15 % à 35 % face à ses concurrents chinois. À lire aussiComment expliquer les difficultés de l'industrie européenne? La percée chinoise et le risque social Ce handicap se traduit directement dans les ventes : le constructeur chinois BYD a vu ses immatriculations bondir de 200 % en un an sur le continent. Moins chères, mieux équipées et intégrées dans un écosystème efficace, les voitures chinoises séduisent de plus en plus de consommateurs. Un contraste amer pour l’Europe, pourtant riche en brevets et en savoir-faire. Si rien ne change, 350 000 emplois seraient menacés, selon une étude du cabinet Roland Berger. Faute de champion unique à l’échelle européenne, chaque pays défendant ses marques nationales, l’industrie automobile se retrouve à un carrefour. Comme le résume Antonio Filosa, patron de Stellantis : c’est désormais « une bataille pour la survie » et pour la place de l’Europe dans le secteur.

09-26
03:25

Argentine: à l'heure où la tronçonneuse de Javier Milei cale, Washington part à la rescousse

Washington a annoncé un soutien financier massif à Buenos Aires. Une aide de 20 milliards de dollars pour stabiliser le peso et donner un peu d’air à un président argentin en pleine tourmente. À son arrivée au pouvoir, il y a un an et demi, le président argentin Javier Milei avait promis un traitement de choc. Sa « tronçonneuse » contre les dépenses publiques et son austérité radicale avaient rapidement porté leurs fruits: l’inflation mensuelle, qui dépassait 20 %, a été divisée par trois en quelques mois. De quoi lui valoir les félicitations du FMI et de la Banque mondiale. Mais derrière ces chiffres encourageants, la réalité sociale s’est vite assombrie. La consommation s’est effondrée, le chômage a augmenté et les salaires réels ont reculé. Les classes moyennes, déjà fragilisées, se disent sacrifiées, tandis que l’investissement privé tarde à repartir. À lire aussiArgentine: un an après son arrivée au pouvoir, quel bilan économique pour Javier Milei Pression sur le peso et fuite vers le dollar À ces difficultés s’ajoute une politique monétaire ultra-restrictive, avec des taux d’intérêt exorbitants qui paralysent le crédit. Les revers électoraux du gouvernement ont, en outre, sapé la confiance des investisseurs. Résultat : les Argentins se sont précipités sur le dollar, accentuant la crise du peso. Pour contenir cette spirale, la Banque centrale a dû puiser dans ses réserves de devises, au risque de compromettre le remboursement de la dette. Affolés, les marchés ont exigé des garanties, poussant Buenos Aires à chercher de l’aide extérieure. Trois défis pour Javier Milei La Banque mondiale a accéléré un programme de soutien de 4 milliards de dollars, et les États-Unis ont mis 20 milliards sur la table. De quoi redonner un peu de souffle à l’économie et rassurer, temporairement, les investisseurs. Mais ce répit reste fragile. Trois épreuves attendent désormais le président argentin : politique, avec la nécessité de trouver des alliés sans majorité parlementaire ; sociale, face au risque d’une contestation grandissante des classes moyennes appauvries ; et financière, avec l’urgence de reconstituer les réserves en dollars, notamment grâce aux exportations. Pour Javier Milei, l’heure est peut-être venue de ranger la tronçonneuse et de montrer qu’il peut bâtir, pas seulement couper.

09-25
03:30

La guerre commerciale de Donald Trump redessine les exportations chinoises

Sous l’effet de la guerre commerciale menée par Donald Trump, Pékin réoriente ses exportations. Si les flux vers les États-Unis s’effondrent, l’Europe, l’Asie et même l’Afrique deviennent des débouchés privilégiés. Les chiffres d’août 2025 confirment un tournant pour la deuxième économie mondiale. Si les exportations chinoises progressent encore par rapport à l’été 2024, leur croissance ralentit fortement. Surtout, les ventes vers les États-Unis se contractent brutalement : -12% en un mois, soit environ 5 milliards de dollars en moins. En cause, les surtaxes de 30% imposées par Washington sur l’ensemble des produits chinois. Mais Pékin ne se contente pas d’encaisser le choc. La Chine redéploie sa production vers d’autres marchés. L’Europe en première ligne du redéploiement Le continent européen s’impose comme la principale alternative pour les exportateurs chinois. Au premier semestre 2025, il a absorbé 16% des exportations chinoises, une proportion en hausse constante. Tous les secteurs sont concernés : électronique, chimie, textile, jouets, pharmaceutique, acier et surtout automobile électrique. Si certains y voient une opportunité — prix plus compétitifs et accès à des innovations technologiques — d’autres redoutent un « nouveau choc chinois » entraînant une désindustrialisation accélérée. L’Asie et l’Afrique, nouveaux relais de croissance La stratégie dite du « China+1 » illustre cette diversification. Pékin maintient sa base industrielle tout en s’appuyant sur ses voisins de l’Asean (+22% d’exportations vers la région) pour la production et la réexportation, du Vietnam à la Thaïlande. L’Asie centrale bénéficie également des Nouvelles Routes de la Soie, tandis que l’Inde et l’Afrique voient affluer des produits chinois. Pour accompagner ce basculement, la Chine a ouvert 117 nouvelles lignes de fret aérien au premier semestre. Derrière cette intensification logistique, une stratégie claire : compenser le recul du marché américain, renforcer son influence régionale et rappeler qu’elle reste un acteur incontournable du commerce mondial.

09-24
03:38

Pourquoi la France menace d'empêcher certaines plateformes de cryptomonnaies d'opérer sur son sol?

La France envisage d'empêcher certaines sociétés de cryptomonnaies d'opérer sur son sol. À moins que leur supervision soit confiée au régulateur européen des marchés financiers. Le gendarme boursier français craint que ces plateformes ne cherchent un pays membre qui leur accorderait une autorisation plus facilement que les autres pour opérer en Europe. Une inquiétude basée sur les différences de position entre différents États-membres. Certains pays membres de l'UE sont pointés du doigt pour la facilité supposée avec laquelle ils octroient des licences. L'inquiétude du gendarme français est d'ailleurs partagée par les régulateurs autrichien et italien. Dans un document conjoint, ils attirent l'attention des législateurs européens sur les différences qui existent dans la manière dont les marchés des cryptomonnaies sont supervisées par les autorités nationales de chaque pays au sein de l'UE. Le règlement européen MiCA Les marchés des cryptomonnaies en Europe sont soumis à un règlement européen. Depuis son entrée en vigueur le 30 décembre 2024, ce règlement appelé MiCA (Markets in Crypto-Assets) permet aux entreprises du secteur de solliciter une licence auprès des États-membres de l'UE. Une sorte de « passeport européen » qui leur permet d'opérer sur tout le territoire européen. Cinquante-huit licences ont été attribuées à ce jour à ces prestataires des services, délivrées notamment par l'Allemagne, les Pays-Bas, l'Irlande ou encore le Luxembourg. Malte en a accordé six. Un problème dans l'attribution des licences Le doute existe quant aux méthodes d'évaluation utilisées par Malte. Le régulateur financier maltais a fait l'objet d'un examen. Le gendarme boursier européen Esma a découvert que Malte n'avait pas suffisamment évalué les cyber risques de la part de certaines plateformes. Ce qui doit être scruté, c'est notamment : le cadre réglementaire auquel la plateforme en question est soumise, si son siège se situe dans des juridictions reconnues, comme l'UE ou les États-Unis ou pas. Le régulateur est particulièrement attentif au niveau de garantie offert aux investisseurs. Certaines plateformes opèrent déjà en Europe Il y a des géants américains, comme Kraken, Coinbase, Gemini ou Crypto.com, mais aussi de plus petits, comme Okayeg. Étendre leur activité sur l'Europe est un enjeu de taille : le marché des crypto actifs pèse aujourd'hui plusieurs milliers de milliards de dollars dans le monde. L'Europe veut en profiter, mais non pas à n'importe quel prix. La France, l'Autriche et l'Italie réclament plus de pouvoirs à l'Esma, régulateur européen pour superviser la délivrance des licences au niveau de l'UE. Une sorte de MiCA 2, selon Bertrand Godin, co-fondateur de Fipto, entreprise de facilitation de paiements internationaux des entreprises par crypto. Cela permettrait, selon lui, de mieux protéger les investisseurs européens. À lire aussiMiCA, ce que va changer avec l'entrée en vigueur du règlement européen des crypto-actifs

09-19
03:18

L'Afrique doublement pénalisée par le protectionnisme de Donald Trump

Les négociations commerciales entre les États-Unis et la Chine se sont « très bien passées » lundi 15 septembre estime le président américain Donald Trump, après de nouvelles discussions tenues à Madrid, en Espagne. Mais avant un éventuel apaisement, la hausse des droits de douane entre les États-Unis et la Chine a des conséquences négatives pour d'autres régions, y compris l'Afrique. Les droits de douane américains (fixés pour l'instant à 30 % sur les produits chinois entrant aux États-Unis), tendent à ralentir l'activité en Chine. La production industrielle y a baissé le mois dernier. Si la guerre commerciale persiste, Pékin pourrait moins acheter que prévu en Afrique, estime Julien Marcilly, économiste en chef du cabinet Global Sovereign Advisory (GSA). « Si la Chine exporte moins vers les États-Unis, il est probable qu'elle importe moins de matières premières et de biens intermédiaires depuis le reste du monde, et donc en particulier de l'Afrique, explique-t-il. Un certain nombre d'économies africaines devraient ainsi être touchées négativement. » Les pays les plus exposés à cela sont plutôt des pays à faible revenu exportant des matières premières, comme le Niger, la République Démocratique du Congo, la Guinée ou la Sierra Leone. Ces perspectives négatives se présentent alors que l'Afrique est aussi déjà confrontée directement au protectionnisme de Donald Trump. Expiration de l'Agoa  Avec le retour de Donald Trump à la Maison blanche, les pays africains font face à une hausse des droits de douane américains et l'expiration à la fin du mois de l'Agoa. Cet accord permettait depuis près de 25 ans à des pays africains d'être exemptés de droits de douane pour leurs exportations vers les États-Unis, sous certaines conditions. Commerce Chine-Afrique : qui gagne ? De nombreux pays pâtissent du protectionnisme états-unien et la Chine cherche à saisir cette opportunité pour approfondir ses liens avec le continent, dans le cadre d'une stratégie de diversification de ses partenariats. En juin, Pékin a ainsi annoncé supprimer les droits de douane pour vingt pays africains supplémentaires contre seulement une trentaine auparavant. La date d'entrée en vigueur de la mesure n'a pas été confirmée. D'après Julien Marcilly, qui vient de co-signer une étude sur le sujet, « le Zimbabwe, la Côte d'Ivoire, la Namibie, et dans une moindre mesure l'Afrique du Sud » pourraient en profiter plus que d'autres. « Cela peut atténuer les effets négatifs de la nouvelle politique commerciale américaine, mais ça ne les compense pas », nuance-t-il. À lire aussiLa suspension des droits de douane par la Chine peut-elle profiter aux pays africains? Éviter une nouvelle dépendance L'un des risques est aussi de faire naitre ou d'approfondir de nouvelles dépendances. Si le volume des échanges vers l'Afrique est minime pour la Chine, par rapport à d'autres régions du monde, le commerce avec Pékin peut être localement très important pour certains pays du continent. Beaucoup en ont conscience et cherchent de nouveaux partenaires, en particulier depuis le début de la guerre en Ukraine. Le Maroc, lui, s'est lancé depuis près de 20 ans et a investi par exemple pour développer son industrie locale. Le pays fabrique ainsi des voitures du groupe Renault, pour son marché national et principalement pour l'Europe. Se diversifier prend donc du temps. Pour l'instant, la situation profite plutôt à la Chine, devenue première partenaire commerciale de tous les pays du continent sauf le Lesotho et l'Eswatini. La balance est favorable à Pékin. Les exportations chinoises vers l'Afrique ont encore augmenté cette année.

09-16
03:16

Pourquoi la musique devient un placement financier très rentable

Près de trente ans après David Bowie et ses célèbres « Bowie Bonds », le mariage entre musique et finance bat des records. En 2025, les catalogues d’artistes comme Justin Bieber ou Lady Gaga deviennent de véritables actifs financiers, attirant de plus en plus d’investisseurs en quête de rendements stables et prévisibles. En 1997, David Bowie surprenait le monde en lançant les premiers « Bowie Bonds » : des obligations adossées aux revenus de son catalogue musical. L’idée est simple, transformer ses chansons en titres financiers, permettant à l’artiste de toucher immédiatement un capital, et aux investisseurs de percevoir, pendant une durée déterminée, les royalties générées par sa musique. Près de trois décennies plus tard, le concept est devenu un marché florissant. En 2025, il pèse déjà 4,4 milliards de dollars et attire toujours plus d’acteurs, séduits par un modèle rentable et résilient. Quand la musique devient un actif financier Le principe est avantageux : au lieu d’attendre des années pour récolter leurs droits d’auteur, les artistes monétisent leur catalogue en le transformant en obligations. Les investisseurs, eux, reçoivent les revenus issus du streaming, de la radio, des concerts ou encore de la publicité. Dans un contexte où les obligations classiques rapportent peu, ces produits financiers séduisent : certains offrent jusqu’à 10 % de rendement. Un levier puissant pour les artistes La musique a un avantage décisif. Elle génère des flux réguliers, même en période de crise. Le streaming et la protection juridique des droits d’auteur rassurent les investisseurs. En 2023, une opération sur les catalogues de Shakira et Justin Bieber a par exemple offert 5,6 % de rendement, soit plus qu’une obligation traditionnelle. Côté artistes, l’intérêt est tout aussi clair. Ce système permet d’obtenir rapidement plusieurs dizaines de millions de dollars, de sécuriser leur avenir financier, de racheter leurs droits ou de financer de nouveaux projets. En France, certains dispositifs de financement participatif ont d’ailleurs repris ce principe à plus petite échelle, en permettant aux fans d’investir directement dans un album.

09-12
03:27

Royaume-Uni: le gouvernement face au défi d’un budget sous pression de la dette

La chancelière de l’Échiquier, Rachel Reeves, présentera le budget britannique fin novembre 2025. Endettement record, croissance atone et pressions sociales : le gouvernement cherche l’équilibre entre rigueur et relance. Depuis plusieurs trimestres, l’économie britannique piétine, avec une croissance autour de 1%. Dans le même temps, les taux d’intérêt restent très élevés, ce qui renchérit fortement le coût de la dette. Lorsqu’il emprunte sur trente ans, l’État doit désormais payer 5,7% d’intérêts, un niveau inédit depuis la fin des années 1990. Résultat : la charge de la dette dépasse les 100 milliards de livres par an, soit l’équivalent de deux fois le budget militaire du pays. Des engagements budgétaires difficiles à tenir Rachel Reeves s’est fixée deux règles : financer les dépenses courantes grâce aux recettes fiscales et réduire la dette publique en proportion du PIB d’ici 2029-2030. Mais la faiblesse de la croissance, une inflation persistante et la hausse des dépenses sociales creusent le déficit. Les instituts indépendants estiment qu’un « trou noir » budgétaire de 40 à 50 milliards de livres par an pourrait apparaître. Pour y faire face, la ministre exclut toute hausse des grands impôts pesant sur les ménages, ce qui alimente le scepticisme des investisseurs. Entre rigueur et relance, une équation politique délicate Le gouvernement explore plusieurs pistes : hausse ciblée de certaines taxes (propriété, capitaux, secteur bancaire, jeux), lutte contre l’évasion fiscale, adaptation des barèmes et surtout réformes structurelles pour stimuler la productivité. Mais le défi est immense: vieillissement de la population, hausse des dépenses de santé et de retraites, pouvoir d’achat en berne et consommation en recul. En attendant, Rachel Reeves retarde la présentation du budget pour éviter un faux pas, et l’ombre de l’échec de Liz Truss en 2022 plane toujours sur Downing Street.

09-11
03:33

Affaire Murdoch: les enjeux économiques derrière une succession à 3,3 milliards

À 94 ans, le magnat australo-américain des médias Rupert Murdoch a finalement mis un terme à la bataille qui opposait ses héritiers autour de son empire médiatique. Une affaire d’argent, d’idéologie et de confiance des marchés. Le magnat des médias Rupert Murdoch, propriétaire de Fox News et du quotidien américain Wall Street Journal, a enfin trouvé une issue au conflit qui divisait sa famille. Père de six enfants, il avait désigné son fils aîné Lachlan comme héritier unique de son empire, déclenchant l’ire de ses frères et sœurs. Après plusieurs années de procédures judiciaires, un accord a été trouvé : trois des enfants recevront chacun une part des 3,3 milliards de dollars légués par Rupert Murdoch, en échange de l’abandon de toute prétention sur l’héritage. Lachlan, garant de la ligne conservatrice Derrière les chiffres, c’est la ligne idéologique de l’empire Murdoch qui était en jeu. Lachlan Murdoch, proche de Donald Trump, défend une vision conservatrice dans la continuité de celle de son père. Ses frères et sœurs, plus modérés, auraient pu orienter différemment Fox News et les autres médias du groupe. Or cette orientation éditoriale n’est pas seulement politique : elle rapporte des milliards. En 2023, Fox Corporation a généré 16,3 milliards de dollars de chiffre d’affaires pour 2,26 milliards de bénéfices nets. News Corp, sa société sœur, a affiché 1,2 milliard de bénéfices. Les marchés rassurés par la stabilité La guerre de succession inquiétait sérieusement les marchés financiers. Fox et News Corp sont cotées en bourse, et toute incertitude sur la gouvernance pouvait faire chuter la confiance des investisseurs. En consolidant la position de Lachlan, Rupert Murdoch envoie un signal clair : l’empire reste stable et puissant. Les marchés ne s’y sont pas trompés : les actions des deux sociétés ont atteint des niveaux historiques cette année. Plus qu’une histoire familiale, c’est donc une démonstration de la manière dont une dynastie peut continuer à influencer l’économie et la démocratie.

09-10
03:36

Déficit et dette publique: la France face à l’impasse budgétaire après la chute de François Bayrou

Après la démission du Premier ministre François Bayrou, la situation politique en France se double d’une crise économique. Avec un déficit public à 5,5 % du PIB et une dette qui dépasse les 3 300 milliards d’euros, plusieurs pistes sont envisagées pour tenter de sortir de l’ornière. Mais chacune traduit une vision différente de la société. Durant son passage à Matignon, François Bayrou n’a cessé d’alerter sur la fragilité de la situation économique française. Son credo : réduire les dépenses publiques, limiter le recours au crédit et relancer la production par le travail. Mais cette ligne d’austérité modérée n’a pas convaincu, contribuant à son renversement politique. La gauche mise sur une fiscalité plus juste À gauche, la solution passe moins par la baisse des dépenses que par leur réorientation. L’idée : réduire certaines niches fiscales jugées inefficaces, qui pèsent près de 80 milliards d’euros par an, et faire davantage contribuer les hauts revenus et les détenteurs de capitaux. L’objectif affiché : protéger l’école, accélérer la transition écologique et rétablir plus d’équité dans l’effort collectif. La droite prône l’austérité radicale De l’autre côté de l’échiquier, la droite propose une cure sévère : suppression de certaines fonctions non régaliennes, privatisations, réduction du nombre de fonctionnaires et durcissement de l’accès aux aides sociales. Cette ligne vise à rétablir les comptes publics en serrant fortement la ceinture de l’État, quitte à risquer un frein à la croissance et des tensions sociales accrues. Finalement, une troisième voie semble émerger : celle d’un équilibre entre économies et hausse ciblée des impôts, défendue notamment par la Cour des comptes. Mais derrière les chiffres, c’est avant tout un choix politique et de société qui se profile pour l’avenir du pays. À lire aussiDéficit public: Italie, Espagne… que peut retenir la France de leurs politiques d’austérité?

09-09
03:30

Déficit public: Italie, Espagne… que peut retenir la France de leurs politiques d’austérité?

François Bayrou présente lundi 8 septembre sa déclaration de politique générale, mais le Premier ministre français sait déjà qu’il ne recueillera pas la confiance des députés. Dans un contexte où la France doit trouver 44 milliards d’euros d’économies, l’austérité s’impose dans les débats. Que nous apprennent les expériences espagnole et italienne? Avec une dette colossale équivalente à 138 % de son PIB, l’Italie a dû agir. Rome a choisi une approche hybride : réduction de certaines dépenses, lutte accrue contre la fraude fiscale, mais surtout un recours massif aux fonds européens post-Covid, à hauteur de 190 milliards d’euros. Résultat, un déficit public ramené de plus de 8 % pendant la pandémie à 3,4 % aujourd’hui, proche des normes européennes. Cependant, la dette reste abyssale. Si l’emploi résiste et que la croissance est présente, l’inflation pèse lourdement sur le pouvoir d’achat des Italiens. À lire aussiPourquoi l'Italie devient la nouvelle destination des riches Européens ? L’Espagne, le traumatisme de l’austérité De son côté, l’Espagne avait choisi dès 2010 une austérité brutale. Au programme, des coupes massives, une hausse des impôts et des réformes du marché du travail. Les conséquences sociales ont été désastreuses, avec un chômage dépassant 25 % de la population active. Ces dernières années, Madrid a changé de stratégie. Aidée, elle aussi, par les fonds européens, l’Espagne a renoué avec une croissance solide. Avec plus de 3 % en 2023 et 2024, elle se place parmi les meilleures performances de la zone euro. Le chômage recule, la consommation repart, mais les inégalités demeurent, et certains services publics restent fragilisés. À lire aussiHausse d'impôts: y a-t-il un risque de fuite des grandes fortunes? La France en quête de sa voix Entre ces deux modèles, la France doit trouver sa voie. Son déficit atteint 5,5 % du PIB et sa dette pèse lourdement sur ses finances publiques. L’expérience européenne montre que si l’austérité peut redresser les comptes, elle peut aussi freiner la croissance et accentuer les fractures sociales. Tout dépendra donc du rythme et de la nature des mesures mises en place. Car sans croissance, l’austérité n’est pas une solution, mais bien une impasse.

09-08
03:23

Pétrole aux États-Unis: malgré une production record, les géants suppriment des milliers d’emplois

Aux États-Unis, la production pétrolière bat des records, dépassant les 13 millions de barils par jour en 2024. Pourtant, les grandes compagnies annoncent des suppressions massives d’emplois et un recentrage stratégique. Un paradoxe qui illustre les tensions économiques, sociales et politiques du secteur. ConocoPhillips a récemment annoncé la suppression d’environ 3 000 postes, soit un quart de ses effectifs. Une décision qui n’est pas isolée. Chevron prévoit également de réduire de 15 à 20 % ses emplois d’ici 2026. Du côté des services parapétroliers, le leader SLB est lui aussi engagé dans une vaste réorganisation. Ces annonces interviennent alors même que les États-Unis confortent leur position de premier producteur mondial, devant l’Arabie saoudite et la Russie. À lire aussiPétrole: Chevron rachète Hess, un méga deal qui change la donne mondiale Produire plus, mais gagner moins Ce paradoxe s’explique d’abord par la baisse continue du prix du baril. Les volumes produits augmentent, mais si le prix unitaire chute, les marges s’effondrent mécaniquement. Dans ce contexte, les majors revoient leurs investissements à la baisse, d’autant que les coûts d’exploitation grimpent. Autre facteur: la vague de fusions-acquisitions qui a marqué le secteur. ExxonMobil a absorbé Pioneer, Chevron a repris Hess et ConocoPhillips a racheté Marathon. Ces opérations entraînent des synergies mais aussi des doublons, synonymes de suppressions d’emplois. Un secteur sous pression et à haut risque La stratégie de rigueur n’est pas sans conséquences. Sur le plan opérationnel, les coupes dans les effectifs pourraient faire perdre des compétences clés aux entreprises. Sur le plan social, certaines régions comme Houston, très dépendantes du pétrole, redoutent des tensions liées aux licenciements. Le secteur doit aussi composer avec les enjeux politiques et climatiques: produire plus tout en réduisant les émissions, un équilibre complexe et dépendant du pouvoir en place. Enfin, le risque financier reste majeur. L’OPEP+, qui régule l’offre mondiale, demeure l’arbitre du marché. Si l’organisation décide d’augmenter sa production, les marges américaines pourraient être encore plus fragilisées. À lire aussiPourquoi les géants pétroliers pourraient nuire aux ambitions de Donald Trump

09-05
03:31

Face à Donald Trump, l’Inde de Narendra Modi joue la carte du pouvoir d’achat

Confrontée à des droits de douane punitifs de 50% imposés par les États-Unis sous l’impulsion de Donald Trump, l’Inde a choisi de ne pas riposter frontalement. Le gouvernement de Narendra Modi déploie une stratégie intérieure : alléger la fiscalité pour soutenir la consommation et amortir le choc sur la croissance. Les nouvelles taxes américaines résonnent comme une onde de choc pour les industriels indiens. 50% sur chaque produit importé d'Inde. Ces surtaxes douanières menacent les exportations, avec à la clé des risques de baisse de la production, de suppressions d’emplois et, en bout de chaîne, d’un ralentissement de la croissance. Déjà en repli par rapport à 6,5% l’an dernier, celle-ci pourrait s’affaiblir encore. Face à cette pression, New Delhi cherche à rassurer à la fois les entreprises et les consommateurs. Une réforme fiscale pour redonner du pouvoir d’achat La réponse de Narendra Modi passe par une refonte de la taxe sur les biens et services (GST). Actuellement structurée en quatre tranches – 5%, 12%, 18% et 28% – et jugée lourde administrativement, elle serait simplifiée en deux paliers : 5% pour les biens essentiels et 18% pour la majorité des autres produits. Avec moins de paperasse pour les entreprises et des prix allégés pour les ménages, le gouvernement espère un effet de relance rapide. Les économistes estiment que cette réforme pourrait ajouter 0,6% au PIB, soit plusieurs dizaines de milliards de dollars. Mais elle priverait l’État d’au moins 16 milliards de dollars de recettes fiscales annuelles, selon HSBC. Un pari fiscal et diplomatique risqué Ce manque à gagner inquiète particulièrement les États indiens, qui en supporteraient plus de 70% et réclament des compensations. Pour équilibrer la réforme, le gouvernement prévoit un taux de 40% sur les produits de luxe et de « péché » tels que le tabac ou les voitures haut de gamme. Au-delà de la relance interne, cette politique vise aussi à attirer des investissements étrangers indispensables au développement du pays. Reste que ce pari fiscal est risqué : il engage l’équilibre budgétaire, institutionnel et diplomatique de l’Inde, et pourrait influencer sa place sur la scène mondiale dans les années à venir. À lire aussiDroits de douane: les produits indiens désormais taxés à 50% à leur entrée aux États-Unis

09-04
03:15

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