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Aujourd'hui l'économie

Author: RFI

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Pour mieux comprendre notre environnement, Aujourd'hui l'économie vous propose un rendez-vous quotidien pour décrypter un fait marquant de l'actualité économique. 

Heures de diffusion : du lundi au vendredi à 06h16 TU, toutes cibles.

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C'est devenu un rendez-vous annuel incontournable, le « Black Friday ». Journée « logiquement » de grandes promotions dans les magasins et sur internet. Cette année, l'événement se tient le vendredi 29 novembre, mais d'ores et déjà, les promotions sont appliquées. Décryptage. En 4 par 3 sur les devantures des magasins, en gros et en gras avec des couleurs criardes sur les sites internet, difficile de passer à côté de ces promotions. On les voit partout ces derniers jours, mais le Black Friday en tant que tel, c'est le vendredi 29 novembre. Pourtant, si on en parle, c'est que ces offres ont déjà commencé, la campagne commerciale débute de plus en plus tôt ! Du Black Friday, le vendredi au lendemain de Thanksgiving, est apparue la Black Friday Week, à savoir la semaine qui précède ce vendredi. Certains parlent même du Black Month, ce qui signifie des promotions tout le mois de novembre. Bref, il s'agit là de la grand-messe du commerce et cela un mois avant Noël !À lire aussiBlack Friday: quand intérêts économiques et enjeux écologiques se bousculentFaire des affaires avant les fêtes, vraiment ?L'année dernière, sur le week-end du Black Friday aux États-Unis, un peu plus de 60 milliards de dollars de vente ont été enregistrées par la fédération américaine du commerce de détail. À l'heure où l'inflation a amputé le pouvoir d'achat des ménages, chaque promotion affichée suscite un véritable intérêt. Mais d'après l'association française de consommateurs UFC Que Choisir, les promotions en moyenne sont dérisoires. Ces étiquettes à - 30%, - 40%, - 50% cachent finalement des réductions moindres. Et de beaucoup, puisque la moyenne par exemple pour l'électroménager ou les téléphones portables est de -2%. Une des raisons notamment, ce n'est pas la seule, c'est que certaines enseignes augmentent artificiellement leurs prix avant le jour J, pour ensuite mieux les dégonfler de manière toute aussi artificielle !Des alternatives au Black FridayContrairement aux périodes de soldes, les commerçants ne sont pas autorisés à vendre à perte durant le Black Friday. Il faut donc garder en tête qu'ils le font pour gagner de l'argent et pas juste pour vider les stocks comme pendant les soldes. Il y a aussi un enjeu écologique, parce que ces promotions alléchantes favorisent la surconsommation et la surproduction. Donc, on achète des produits dont on n'a pas vraiment besoin uniquement parce qu'on pense faire une bonne affaire. Produits qui viennent de loin, qui polluent tant par leur production que par leur livraison. À quelques heures de la clôture de la COP29 à Bakou, cela fait mauvais genre.À lire aussiFaut-il supprimer le Black Friday ?Des voix s'élèvent d'ailleurs pour sortir de ce système de surconsommation qu'est le Black Friday. Les autorités, par exemple, dans des clips diffusés à la télévision en ce moment, les pouvoirs publics français alertent sur ce type de consommation et le gaspillage qui en découle. Des initiatives sont aussi mises en place par des associations comme le Green Friday... pour sensibiliser à la réparation plutôt qu'à racheter du neuf, ou encore le White Fair Friday pour favoriser une consommation plus durable et plus responsable.
Les cheminots français sont en grève ce jeudi 21 novembre. Le secteur est en colère en raison notamment de l'ouverture à la concurrence du rail à l'échelle européenne. De quoi s'agit-il ? Quels enjeux ? Décryptage. L'ouverture à la concurrence du rail n'est pas un sujet franco-français mais européen puisqu'elle découle d'une réglementation de 2016 appliquée dans tous les membres de l'UE. Quiconque veut faire rouler des trains sur les rails des pays membres a le droit de le faire, qu'il s'agisse de voyageurs ou de marchandises !La théorie est simple, la pratique un peu moins. Déjà parce que le marché du ferroviaire est très étroit, très difficile d'accès. Il faut avoir l'autorisation de rouler sur telle ou telle ligne. Ensuite, il faut avoir des trains et des personnes formées pour les conduire, ce qui est très coûteux. Par exemple, un train à grande vitesse coûte aujourd'hui en moyenne entre 25 et 30 millions d'euros. Et comme vous vous en doutez il faut plusieurs trains pour exister sur un marché, donc l'addition grimpe très vite !Des trains italiens et espagnols sur des lignes françaisesDepuis près de dix ans, l'Italie a pris le pli et n'a pas attendu les règles européennes pour être pionnière en la matière. Dans le pays, deux acteurs se partagent la grande vitesse... D'un côté, la compagnie nationale, Trenitalia de l'autre, une entreprise privée, Italo. Toutes les deux font la même promesse : partir d'un point A pour arriver à un point B à l'heure. C'est le service et les prix qui font la différence, prix d'ailleurs qui ont baissé de 30 % depuis l'arrivée de ce nouvel acteur privé.En France, depuis trois ans maintenant, la SNCF n'a plus le monopole du rail. D'autres opérateurs y font circuler leurs trains, opérateurs un peu particulier puisqu'il s'agit des homologues européens de la SNCF : Trenitalia pour l'Italie et la Renfe pour l'Espagne.À lire aussiTransport ferroviaire: Trenitalia arrive sur les lignes françaisesC'est cette situation qui inquiète les syndicats de cheminots de tous les pays européens. Les concurrents aux compagnies nationales n'ont pas d'obligation de service public, ils sont là pour faire du résultat. Donc pour y arriver, ils privilégient les lignes rentables. Celles-ci, exploitées à 100 % par les opérateurs historiques, perdent en rentabilité pour ces derniers, qui perdent ainsi des parts de marché. Une marge perdue qui se sera pas investie dans l'entretien des petites lignes ou même dans l'embauche de cheminots, ce qui a un coût social.Trouver un compromisAu Royaume-Uni, on a choisi une ouverture totale à la concurrence dès les années 90 avant de retrouver une régulation par les pouvoirs publics en raison des limites du système : prix élevés, infrastructures mal entretenues et qualité de service dégradée.Une idée fait donc son chemin parmi les différents régulateurs, c'est de ne plus autoriser l'exploitation par lignes, mais par lots de lignes. Concrètement une société peut rouler sur une ligne rentable mais elle devra aussi opérer sur d'autres qui ne le sont pas ou peu.En ce qui concerne le rail européen, tout le monde marche donc sur des œufs, qu'il s'agisse des États ou les opérateurs. L'objectif de long terme est de trouver un équilibre entre cette ouverture à la concurrence et la régulation, le tout afin de rester efficace pour maintenir une qualité de service et la sécurité.À lire aussiLes voies contrariées du ferroviaire en Europe
Les discounters sont partout en Europe et rencontrent un franc succès. Action, Normal, Hema, ces magasins qui vendent des produits de toutes sortes à petits prix investissent nos villes. En France, un foyer français sur trois fréquente au moins une fois par an ce type d'enseigne. Et malgré cette demande, le pionnier du secteur, Gifi, est en difficulté. État des lieux d'un secteur porteur qui doit se réinventer. Pour comprendre la situation du secteur, il suffit d'une étude de cas classique, le cas de Gifi, entreprise française créée en 1981. Dans ces magasins que l'on appelle aussi des « bazars », on trouve à peu près tout pour à peu près rien, qu'il s'agisse d'accessoires du quotidien, de la décoration ou des produits pour la maison et le jardin. La marque est devenue une référence et s'est développée. Elle compte 700 magasins, emploie 6 500 personnes dans dix-sept pays, principalement en Europe, mais aussi en Côte d'Ivoire et dégage aujourd'hui un chiffre d'affaires de 1,3 milliard d'euros.C'est le développement de Gifi qui explique ses difficultés actuelles. D'abord, dans les années 2010, Gifi s'est positionnée dans la gamme supérieure du discount avec des prix donc un tout petit peu plus élevés que ses concurrents et, en 2017, c'est le rachat de l'entreprise Tati en grande difficulté qui a plombé les comptes de Gifi. Franck Rosenthal, expert en marketing du commerce« Le secteur du hard discount se développe beaucoup mais il y a tellement d’acteurs que les parts de marché diminuent et seulement certains y gagnent » Bug informatique et spirale infernaleLe coup de grâce pour Gifi, c'est au début de l'année 2024 avec un énorme bug informatique qui a mis en lumière les difficultés de l'entreprise à cause d'un changement de logiciel de gestion des stocks. Cette spirale infernale a entraîné une perte de chiffre d'affaires et donc de marges nettes, la maison mère a dû s'endetter à hauteur de 100 millions d'euros pour faire face.Gifi est aujourd'hui en très grande difficulté et cherche un repreneur, mais la concurrence est là, féroce, et ne fait pas de cadeaux. Concurrence physique, avec le géant néerlandais Action, groupe ultra-développé en France avec 800 magasins. Il y en a des dizaines qui ouvrent chaque mois et qui se positionnent sur du discount brut avec des produits à très bas prix négociés avec une faible marge. C'est important, Action dépense peu en marketing tant le bouche-à-oreille est efficace. D'autres enseignes ont d'ailleurs fait leur apparition comme Normal, Hema, Noz ou encore BM.La concurrence est aussi sur internetEt ce n'est pas qu'en magasins que les grands du secteur se mènent une guerre des prix, internet est aussi un terrain de jeu idéal pour le secteur. Ça, le chinois Temu l'a parfaitement compris, à tel point que le site internet est devenu le quatrième site marchand visité en France. Sur cette plate-forme de e-commerce, on trouve de tout à très bas prix.Cette situation n'est pas que franco-française. Les discounters européens vont devoir s'adapter, le marché grandit peu mais les acteurs, eux, sont de plus en plus nombreux. C'est comme pour un gâteau : sa taille ne change pas, mais les parts sont de plus en plus petites. C'est donc tout un secteur qui doit se réinventer, même s'il est très porteur, à l'heure où l'inflation a amputé le pouvoir d'achat des ménages et où les plaisirs, eux, se font à petit prix.
Le sommet Ambition Africa s'ouvre ce mardi 19 novembre 2024 à Paris. Cet événement annuel important dans les relations économiques et commerciales franco-africaines a une ambition : soutenir les entreprises françaises sur le continent africain. Investir en Afrique est un véritable enjeu pour les entreprises françaises. Aujourd'hui, ce sont 5000 d'entre elles qui sont installées sur le continent et l'an passé, elles y ont dégagé un chiffre d'affaires de 100 milliards d'euros. La France y est le deuxième investisseur après le Royaume-Uni. Les États-Unis complètent le podium, la Chine, elle, est cinquième. Pourtant, la France voit sa présence économique réduire sur le sol africain. Ses positions commerciales s'effritent. Entre 2000 et 2020, la France a vu ses parts de marché sur le continent réduire de moitié. Pour autant, les investissements directs à l'étranger des entreprises françaises a doublé sur cette même période.À lire aussiEn Afrique, vers un regain d'intérêt des investisseurs?La demande africaine a exploséAlors comment expliquer ce paradoxe ? Le marché africain s'est agrandi et est pleinement entré dans la mondialisation économique. La concurrence mondiale s'y exerce à plein. Cela est dû à l'explosion de la demande des Africains mais aussi à l'émergence de nouveaux concurrents qui répondent à cette demande. Mais il y a une particularité, les entreprises françaises dans leur grande majorité investissent en Afrique et elles opèrent sur place. En valeur, ce sont entre 60 et 65 milliards d'euros qui y sont investis chaque année.À lire aussiLe Kenya attire de plus en plus d'entreprises françaisesOù les entreprises investissent ?Il est facile de penser que les investissements majoritaires sont principalement dans ce qu'on appelait le pré-carré de l'Afrique francophone. Mais d'après le Cian, le Conseil français des investisseurs en Afrique, les trois premiers pays où les entreprises tricolores investissent sont l'Afrique du Sud, l'Égypte et le Nigeria. Mais Paris reste encore attentif à ses relations historiques. Dernier exemple en date, au Maroc il y a même pas trois semaines, avec la signature d'un partenariat d'exception renforcé pour un montant global allant jusqu'à 10 milliards d'euros.Certaines entreprises boudent le marché africainIllustration d'une difficulté réelle : les banques françaises se retirent petit à petit. La dernière encore très présente sur le continent c'est la Société Générale. La SG comme on l'appelle désormais se désengage. Cette décision est motivée par la faible rentabilité de ses filiales africaines ou encore des risques très élevés. Concrètement, les banques sont beaucoup plus frileuses et ne veulent donc plus prendre ces risques précisément.Il y a donc une nouvelle interrogation pour les entreprises françaises. Est-ce qu'elles doivent continuer à investir sur le continent avec autant d'ambition alors que les banques françaises qui sont leurs partenaires privilégiés se retirent ? Et puis il y a aussi un élément non négligeable qu'est la dégradation de la situation économique tout simplement. Les entreprises françaises souffrent d'une compétitivité exacerbée. Résultat : leurs dirigeants n'ont pas toujours l'intention d'investir en Afrique, préférant se concentrer sur des marchés qu'ils connaissent et qui leur semblent plus prioritaires. C'est d'ailleurs pour cela que les pouvoirs publics organisent des rencontres entre patrons français et africains pour renforcer ces liens économiques ! 
Le sommet du G20 qui s'ouvre ce lundi à Rio au Brésil. Il s'agit là d'un rendez-vous qui réunit les plus grandes économies de la planète avec cette ambition : organiser la coopération économique mondiale. Est-ce toujours le cas ? Décryptage. Le G20 représente 85% du PIB mondial et les trois quarts des échanges commerciaux internationaux. Pourtant, il fait face à de nombreuses crises et tensions. D'ailleurs, ce forum économique est né de crises. Sans entrer dans le détail, il voit le jour en 1999 avec la crise financière asiatique deux ans plus tôt mais ce n'est qu'en 2008 qu'on le connait tel qu'il est aujourd'hui après la crise des subprimes.Entre-temps, la donne mondiale a changé. Certains membres du G20 ont intégré un autre groupe, lui aussi très influent : Le groupe des Brics, devenu aujourd’hui les Brics + après avoir été élargi. Y figurent l'Afrique du Sud, la Chine, l'Inde, le Brésil, la Russie. La subtilité, c'est que ces puissances pèsent aujourd'hui très lourd dans la communauté du G20.Être membre des Brics et du G20Les États qui sont membres de ces deux groupes ont beaucoup à gagner. D'abord, faire partie d'un tel groupe, avec l'ensemble des économies occidentales, c'est faire entendre sa voix. Avec en filigrane cette ambition, faire preuve de solidarité entre toutes ces économies qui n'ont pas toutes les mêmes priorités, des États-Unis à la Chine en passant par la Russie.Pourtant, certaines revendications font leur chemin dans les agendas des puissances occidentales, avec un certain pragmatisme il faut tout de même le dire. Parce que les Occidentaux ne veulent pas voir le fossé se creuser avec les représentants du « Sud global », pays qui refusent la domination occidentale. La raison ? Le contexte de tensions, pour des raisons différentes, avec leurs têtes d’affiche : la Russie et la Chine.Deux enjeux essentiels pour ce sommet du G20Le président brésilien Lula, qui occupe la présidence tournante du G20 cette année l'affiche : il veut consacrer la force du groupe à la lutte contre la pauvreté et le renforcement de la fiscalité internationale. Cela passe par une meilleure représentation des pays en développement membres du G20 dans les institutions internationales. Mais avec aussi la volonté de mieux utiliser les moyens des banques régionales pour augmenter le volume de prêt et le niveau d'action en faveur des pays les plus vulnérables. À lire aussiG20 au Brésil: la taxation des multinationales et des milliardaires au menu du sommetEt en ce qui concerne la fiscalité internationale, la taxation des grandes entreprises les plus rentables mais aussi sur les personnes est un gros dossier. Concrètement il s'agit là de taxer les plus riches de la planète, à hauteur de 2%, ce qui pourrait rapporter 250 milliards de dollars par an.Deux ambitions qui ne sont pas si simples à expliquer, de par la diversité des pays et des économies membres du G20 qui n'ont pas la même priorité ni la même approche. Il y a aussi les conflits en Ukraine et au Proche-Orient qui vont peser dans les débats. Et puis dans tous les esprits aussi l'arrivée dans deux mois de Donald Trump à la Maison Blanche. Le futur président américain pourrait mettre un peu plus à mal un multilatéralisme qui risque d'afficher une nouvelle fois ses limites durant ce sommet de Rio.
Donald Trump ne cesse de prévenir : la Chine sera sa grande rivale économique lorsqu'il sera à la Maison Blanche. Ses dernières décisions le prouvent, il a choisi un opposant notoire à Pékin pour être son chef de la diplomatie, ou encore, il promet d'imposer des droits de douane de 60% pour tout produit importé de Chine. Des décisions qui pourraient avoir des impacts sur la santé économique chinoise. Parfois, pour comprendre, un chiffre vaut mieux qu'une longue explication. Le chiffre, c'est celui-ci : 1 000 milliards de dollars, à savoir le montant de l'excédent commercial de la Chine pour cette année 2024. Cela veut dire qu'elle vend plus qu'elle n'achète, de beaucoup, c'est tout simplement un record mondial. Concrètement, cet excédent commercial démontre l'importance des exportations pour la Chine.Les États-Unis font partie des principaux partenaires commerciaux de la Chine avec 550 milliards de dollars de produits chinois exportés vers les États-Unis en 2022, malgré des mesures prises par Washington pour limiter le commerce avec Pékin lors du premier mandat de Donald Trump. Il avait déjà durci les règles entre 2016 et 2020. Ces règles sont toujours appliquées mais les autorités chinoises avaient pris conscience du risque que cela pouvait être pour leur économie.À écoutez aussiLes États-Unis et l’Europe face à la Chine: même combat?Des lois anti-sanctions étrangèresDepuis huit ans, la Chine se dote de lois contre les sanctions étrangères. Évidemment, elles sont plus ou moins radicales et elles permettent à Pékin de mettre notamment sur liste noire certaines entreprises étrangères. En cas de sanctions très dures, cela aurait des conséquences réelles sur l'accès aux chaines d'approvisionnement mondiales.Cela parce que la Chine est un marché très important et que le monde reste très dépendant d’elle. Qu'il s'agisse de composants, de pièces détachées ou même de voitures électriques, la Chine sait faire et elle exporte ou produit pour elle-même.Les États-Unis sont ainsi en première ligne. Cet exemple le prouve : si d'aventure Washington durcit les règles et taxe à hauteur de 60% comme Donald Trump le souhaite, il est tout à fait envisageable que Pékin réponde en faisant pression sur des groupes américains.Tesla en étant un, Pékin pourrait mettre des bâtons dans les roues à son développement en Chine. De mauvais augure pour le géant américain de la voiture électrique puisque Tesla est implantée sur le sol chinois et y voit un marché très important. Tesla est un exemple, mais toutes les entreprises américaines globalisées sont concernées.À lire aussiVictoire de Donald Trump: Pékin dans l'attente de la future politique américaine vis-à-vis de la ChineQuels leviers d'action pour Pékin ?La Chine est sur une ligne de crête. Puisque si les États-Unis amplifient leurs mesures protectionnistes, elle va devoir trouver de nouveaux partenaires pour maintenir son excédent commercial. On l'a vu, la Chine doit son salut économique en ses exportations. Alors vers qui se tourner ? L'Union européenne ? Les 27 ont conscience de cette possibilité et justement, ils pourraient durcir les règles d'entrée sur leur marché.Donc, l'idée pour Pékin est d’intensifier ses échanges commerciaux avec des pays en développement, moins alignés sur les grandes puissances occidentales, en explorant d’autres secteurs que ces industries. La Chine a d’ailleurs largement anticipé cette possibilité. Cette illustration en est la preuve, ce 15 novembre 2024, au Pérou, avec l'inauguration d'un gigantesque port. Valeur de l'opération : 3 milliards et demi de dollars investis par Pékin qui vont lui permettre d'avoir une nouvelle porte d'entrée en Amérique latine.À lire aussiLe sommet de l'APEC sous le signe de l'expansion de la Chine en Amérique latine
La COP29 se déroule du 11 au 22 novembre à Bakou en Azerbaïdjan. Au cœur des discussions de ce grand rendez-vous pour le climat, ces questions : quel montant pour les pays en développement, et surtout, qui paie ? Les idées sont donc nombreuses pour financer l'aide climatique. En 2024, l'aide des pays riches pour les pays en développement est de 116 milliards de dollars par an. C'est conforme à ce qui avait été fixé il y a 15 ans à la COP de Copenhague, à savoir atteindre les 100 milliards de dollars d'aide par an à partir de 2020... Cet objectif a d'ailleurs été atteint avec un peu de retard en 2022. Mais les pays en développement demandent plus, évoquant une dette climatique contractée par les pays riches, qui ont contribué au changement climatique depuis plus d'un siècle. Par exemple, l'Inde, le groupe Afrique et le groupe arabe proposent de nouveaux objectifs de financement, de 1 000 à 1300 milliards de dollars par an à l'horizon 2030. Qui va payer ?C'est là que ça coince. De COP en COP, certains pays se sont enrichis et « changent de camp ». C'est par exemple le cas de la Chine, deuxième puissance économique mondiale, première pollueuse au monde, mais Pékin estime payer assez. Il y a aussi le cas des États-Unis avec le retour de Donald Trump à la Maison Blanche. Il a répété vouloir couper les financements mondiaux pour le climat. Et puis, il y a l'Europe qui veut contribuer davantage, mais qui n'en a pas les moyens, dans un contexte où les pays du continent adoptent des budgets d'austérité pour juguler leurs déficits.Il faut donc plusieurs acteurs. Les spécialistes font souvent la comparaison avec un oignon. Chaque épaisseur correspond à une couche de financement. En son cœur, les financements publics. Les couches plus périphériques correspondent à d’autres financements privés !De multiples formes de financementOn parle de plusieurs taxes, comme celles sur les transactions financières. Ce sont de petites taxes, entre 0,01 et 0,5 % et sont appliquées lorsqu'il y a achat-vente d'actions ou d'obligations. Puisque qu'il y a des milliers de transactions financières par minute, cela pourrait permettre de rapporter un produit fiscal conséquent et utile pour financer l'aide au développement. Le recours à cette option était d'ailleurs inenvisageable il y a quelques années, aujourd'hui, elle est de plus en plus prise au sérieux par les spécialistes et devient une piste concrète.D'autres taxes sont mises en avant comme, par exemple, la taxe sur les énergies fossiles. Toujours la même stratégie : une sorte d'impôt prélevé lors d'achat de charbon, de pétrole ou gaz. Taxation également sur le transport maritime, secteur très peu taxé. Les armateurs disposent d'un régime fiscal d'exception, d'autant que c'est un secteur qui pollue beaucoup également. Autre possibilité, le secteur aérien avec une sorte de taxe grands voyageurs. Le système fonctionnerait comme celui des Miles de fidélité mais à l'inverse : plus un passager prendrait l'avion, plus le prix du billet augmenterait.Les super-riches dans le viseurL'idée d'une ponction annuelle de 2 % sur le patrimoine des milliardaires fait son chemin. Cette taxe est surnommée la taxe Zucman, du nom de l'économiste qui l'a proposée. La mesure peut sembler intéressante car, aujourd'hui, ce sont 3 000 milliardaires de la planète qui échappent largement à l'impôt via de nombreuses stratégies fiscales. Cela pourrait rapporter 250 milliards de dollars par an. L'idée est donc que tout le monde participe au financement de l'aide climatique... D'ailleurs, la COP29 de Bakou sert à trouver une stratégie commune, de discuter de toutes ces options possibles afin que chacun y mette du sien et trouver des financements communs.
Les agriculteurs français promettent de reprendre leur mobilisation lundi, notamment pour protester contre la perspective d'un traité de libre-échange UE-Mercosur. Pourtant, après un accord politique trouvé en 2019 et près de 25 ans de tractations, la majorité des États de l'Union européenne poussent pour conclure les dernières négociations, si possible avant l'intronisation de Donald Trump le 20 janvier.  Voitures allemandes d'un côté, bœuf argentin et poulet brésilien de l'autre : le traité de libre-échange UE-Mercosur, négocié depuis près d'un quart de siècle, doit supprimer ou réduire les droits de douane sur de nombreux services, produits agricoles ou encore produits industriels entre les pays membres de l'Union européenne et ceux du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay, Bolivie). Un accord politique avait été trouvé en 2019, afin de créer l'une des plus grandes zones de libre-échange au monde. Pourtant, le texte n'a toujours pas été officiellement adopté, notamment en raison de l'opposition de la France. Face à la perspective de l'arrivée au pouvoir de Donald Trump – il prendra officiellement ses fonctions le 20 janvier – la Commission européenne, poussée notamment par l'Allemagne et l'Espagne, cherche à conclure les négociations. Face au protectionnisme de Trump, diversifier les exportationsLe milliardaire américain a promis pendant sa campagne des droits de douane de 10 à 20 % sur les importations aux États-Unis et même de 60 % sur les produits chinois, ce qui pourrait bien déclencher des représailles commerciales. Face à la perspective d'un regain de protectionnisme chez les deux plus grandes économies mondiales, « il y a une impatience des États membres [de l'Union européenne] qui soutiennent cet accord. On va être confrontés sans aucun doute à une guerre commerciale qui va secouer le commerce international. À travers cet accord commercial, il s'agit d'avoir une alliance resserrée avec les pays d'Amérique latine, et de rapprocher des intérêts stratégiques », explique Elvire Fabry, chercheuse senior en géopolitique du commerce à l'Institut Jacques Delors. « La place qu'on ne prend pas en ne signant pas l'accord, c'est la Chine qui la prend », estime la chercheuse du think tank européen.La Chine est devenue le premier partenaire commercial de l’Amérique du Sud, devançant les États-Unis. Pour les pays du Mercosur, l'intérêt est également de diversifier leurs exportations, ainsi que d'accéder à un marché de 450 millions de consommateurs européens. Une nouvelle session de négociations entre la Commission européenne et le Mercosur est prévue à la fin du mois de novembre.Dernières négociations sur l'environnementLes discussions renouées ces dernières semaines ne portent pas sur l'accord politique déjà conclu en 2019, mais sur une annexe au texte. L'UE cherche davantage d'engagements environnementaux de la part des pays du Mercosur. La Commission européenne souhaite inclure comme « clause essentielle » le respect de l'accord de Paris de 2015, dont l'objectif est de limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré par rapport à l'ère préindustrielle. De leur côté, les pays du Mercosur négocient les règles des marchés publics pour protéger leurs industries nationales. Le Brésil, par exemple, souhaite des garanties pour son industrie automobile, face à la concurrence des exportations de voitures allemandes.À lire aussiL’accord UE/Mercosur en sursis. L’impératif climat remet-il en cause le libre-échange? Vive opposition au traité en FranceMalgré la volonté de l'Allemagne, de l'Espagne et de la Commission européenne d'avancer rapidement, l'accord reste très impopulaire en France. Les agriculteurs prévoient de reprendre leurs mobilisations dès lundi, ce qui coïncidera avec le début du G20 au Brésil, où ils craignent qu'un accord UE-Mercosur soit conclu en marge du sommet. Par ailleurs, plus de 620 parlementaires français de tous bords politiques ont signé mardi 12 novembre une lettre adressée à la Commission européenne pour manifester leur opposition au traité.À lire aussiAccord UE/Mercosur: plus de 200 députés français appellent Paris à mettre son vetoPourtant, Bruxelles souligne que la France bénéficierait de l'accord pour ses exportations de vin et de produits laitiers. De plus, les quotas de viande importés depuis le Mercosur avec des droits de douane réduits sont faibles par rapport à la production européenne, estime la Commission : ces quotas équivalent à 1,6 % de la production européenne de bœuf et 1,4 % pour la volaille. Des moyennes qui pourront se traduire par des pourcentages plus élevés dans certains pays. La France, soutenue par l'Irlande et les Pays-Bas, cherche à rallier la Pologne et d'autres pays européens à sa cause. Mais « pour le moment, on est encore en dessous du seuil d'une mobilisation suffisante pour bloquer une ratification » au niveau européen si le texte devait être adopté à la majorité qualifiée, pointe Elvire Fabry.
Commerce, aide au développement, relations économiques, même si Donald Trump semble ignorer le continent lors de ces prises de parole, les répercussions sur l'Afrique de sa politique économique pourraient être plus importantes que lors de son premier mandat.  Les économies africaines seront-elles affectés par le protectionnisme à la sauce Trump ? L'augmentation des droits de douanes de 10 voire même 20 % aura nécessairement des conséquences. Toutes les importations américaines seront touchées et les produits africains ne devraient pas échapper à la règle.Les véhicules sud-africains, les diamants du Lesotho, les hydrocarbures comme le pétrole brut du Nigeria ou certains minerais : si Donald Trump applique son programme, les droits de douane augmenteront sur tous ces produits.Les exportations touchées par le protectionnismeSi l’on tient compte du poids des exportations dans le PIB des pays, le Lesotho, Madagascar, le Ghana, la Libye et l’Afrique du Sud seraient les plus touchés selon une étude du cabinet indépendant Global Sovereign Advisory publiée quelques semaines avant l'élection. En 2017, lors de la première élection de Donald Trump à la Maison Blanche, les mesures protectionnistes ne concernaient qu'un petit nombre de produits. Les effets avaient donc été très faibles pour l'Afrique. Là, encore une fois, si Trump fait ce qu'il dit, ça sera plus dur à supporter.À écouter aussiDonald Trump, commerce, guerre en Ukraine, IA : l'état du monde selon trois grands économistesL'Agoa dans le viseur ?Les incertitudes concernent également l'avenir des accords commerciaux et en particulier le principal accord : l'African Growth and Opportunity Act plus communément appelé l'Agoa et qui permet aux pays africains d'exporter vers les États Unis sous conditions.Donald Trump ne s'en cache pas, il est sceptique sur ces cadres multilatéraux. En 2018 il avait déjà suspendu le droit du Rwanda d'exporter des vêtements via l'Agoa. Une sanction envers Kigali qui avait décidé d'augmenter les droits de douanes sur les importations de fripes. Donald Trump utilise cet accord commercial pour faire pression sur les pays bénéficiaires... qui sont d'ailleurs régulièrement soumis à une réévaluation. Le programme arrive à échéance en septembre 2025, et certains experts s'inquiètent. Donald Trump n'a rien spécifié durant sa campagne, mais il pourrait tout à fait décider de modifier l'Agoa qui générait l'année dernière quasiment 50 milliards de dollars d'échanges commerciaux.À écouter aussiDonald Trump: le retour du protectionnisme à la Maison Blanche?Chine touchée = Afrique impactéeIl y aura aussi des conséquences indirectes, notamment si la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine s'intensifie. Des droits de douanes massifs sont attendus sur les produits chinois vendus aux États-Unis. et l'effet mécanique est le suivant : ralentissement de l'économie chinoise donc les pays africains qui exportent beaucoup vers la chine pourraient être affectés. Là, les économistes parlent de pays, comme l'Angola ou la République démocratique du Congo qui exportent leurs minerais vers la Chine.Autre incertitude : l'aide au développement américaine sera-t-elle rabotée par le président Trump ? Elle est très importante pour le continent africain, près de 4 milliards de dollars cette année.Les médias sud-africains se demandent par exemple si le programme américain de lutte contre le VIH se poursuivra. En attendant, les chefs d'États africain font de la politique. C'est un concert de félicitations au président élu depuis une semaine. Car si l'Afrique n'intéresse pas Trump... il est primordial de ne pas se fâcher tout de suite.
Alors que s'ouvre, ce 11 novembre, la COP29 à Bakou, en Azerbaïdjan, qui sera principalement axée sur le financement climatique, le rôle des banques dans la transition verte qu'elles disent accompagner est pointé du doigt par certaines ONG. Les participants doivent adopter un nouvel objectif mondial pour remplacer celui fixé en 2009, qui prévoyait que les pays riches mobilisent 100 milliards de dollars (92 milliards d’euros) d’aide annuelle à destination des pays en développement. Dans un rapport publié à la veille de l'ouverture de cette COP29, l'ONG Reclaim Finance a passé au crible les transactions de 20 grandes banques européennes depuis 2021, et note près de 1000 transactions auprès de majors telles que TotalEnergies, Shell ou BP. Si les banques affirment soutenir ces grandes entreprises pétro-gazières pour les accompagner dans leur transition, leurs financements vont majoritairement aux activités fossiles et notamment aux nouveaux projets de terminaux GNL. La parade est simple et s'appelle le financement « corporate », qui revient à financer l’entreprise qui développe le projet et non l'infrastructure. C'est par ce subterfuge que les banques affirment ne participer à aucun projet lié aux hydrocarbures de manière directe alors qu'elles sont impliquées dans nombre de « bombes carbones », ces mégas projets d'extraction de combustibles fossiles.Les institutions financières se défendent en affirmant que les énergies fossiles continuent de jouer un rôle important dans le mix énergétique mondial, avec une demande croissante, un argument qui est aussi régulièrement avancé par les producteurs d'énergie.Risque accru pour la finance mondialeCes financements comportent pourtant aussi un risque pour le secteur financier lui-même. La banque de France a elle-même publié un rapport dénonçant des conséquences sur les marchés ou encore le crédit. Car le réchauffement climatique qui génère des phénomènes météorologiques de grande ampleur et plus fréquents, on l'a vu récemment en Espagne, déstabilise aussi les tissus économiques locaux et peut fragiliser le système financier via les actifs dont la valeur peut très vite se dégrader. Le secteur financier a donc tout intérêt à s'engager pleinement dans cette transition sous peine d'un contrecoup très dur . Des subventions très généreuses Il n'y a pas que les banques qui sont mises en cause, les subventions des pays développés aux combustibles fossiles explosent elles aussi.Ces pays riches ont dépensé six fois plus sur douze ans en subventions pour les combustibles fossiles qu’ils ne se sont engagés dans le financement international contre le changement climatique pour soutenir les pays les plus vulnérables. C'est ce qu'affirme l’ONG ONE dans une étude : l'argent dépensé chaque année par les économies avancées en subventions vers le fossile couvrirait près de la moitié du déficit de financement public international pour répondre aux besoins de financement du climat des économies en développement. À l'exclusion notable de la Chine ... L’Azerbaïdjan, hôte de la COP29 cette année, est le pays le pire en la matière, toujours selon cette étude, le pays s’est illustré ces douze dernières années avec des subventions 1 800 fois plus élevées aux combustibles fossiles qu’au financement climatique.
Chez Michelin, la colère des salariés au siège de l'entreprise à Clermont-Ferrand. Une grève en soutien aux usines de Vannes et de Cholet. Après Volkswagen, c'est au tour du numéro un mondial des pneus d'annoncer un plan social. Serait-ce une lame de fond qui touche l'industrie européenne ? Chez Michelin, les salariés expriment leur colère au siège de l'entreprise à Clermont-Ferrand. Un débrayage initié par la CGT en soutien à leurs collègues de Vannes et de Cholet concernés par des suppressions d'emplois. Après le constructeur de voitures allemand Volkswagen, c'est au tour du numéro un mondial des pneus d'annoncer un plan social. Des annonces qui ont fait l'effet d'une bombe. Serait-ce une lame de fond qui touche l'industrie européenne ?L’automobile et l’industrie de la chimie en criseDepuis plusieurs années des crises couvent un peu partout en Europe. À commencer par celle qui touche l'automobile. Volkswagen cherche à réduire ses coûts et à économiser quatre milliards d'euros. Avec à la clé des emplois détruits et des fermetures d'usines. Le premier groupe automobile européen vend moins, notamment en Chine, son principal marché. C'est aussi l'effondrement de l'activité qui est à l'origine de la fermeture avant 2026 de deux sites de Michelin dans l'ouest de la France. 1200 personnes vont perdre leur travail.Les équipementiers automobiles souffrent aussi. 32 000 emplois détruits en Europe chez les sous-traitants des grands groupes. La faute à la stagnation des ventes, aux prix élevés de l'énergie et à la concurrence chinoise qui provoque par ailleurs l'effondrement de l'industrie de la chimie européenne.Les difficultés d’AuchanLa crise n'épargne pas la grande distribution. Si Leclerc, Système U ou Intermarché tirent leur épingle du jeu, Auchan est en difficulté. 2 400 postes doivent être supprimés. Durant des années, le groupe pouvait compter sur ses activités à l'international pour essuyer les pertes françaises. Mais après avoir quitté l'Italie en 2019 et la Chine l'année suivante, Auchan s'apprêterait à abandonner sa principale bouée de sauvetage : la Russie. Si la flambée des prix a contribué à augmenter le chiffre d'affaires de la grande distribution, elle a aussi grignoté le pouvoir d'achat des consommateurs. Les clients dépensent moins dans les grandes surfaces.À lire aussiFrance: le distributeur Auchan s'apprête à annoncer un plan de licenciements d'ampleurLa filière sidérurgique en panneOutre l'automobile, la chimie et la grande distribution, la sidérurgie européenne tire aussi la sonnette d'alarme. La production pâtit de la faiblesse de la demande et de la concurrence asiatique. La crise s'est aggravée cet été avec une faillite des aciéries de Liberty Steel en Pologne et en République tchèque. Elle risque ainsi de se propager à d'autres secteurs : les énergies éolienne et solaire, la construction, l’électroménager, la production de machines, la défense et les équipements techniques.Les exportations européennes tributaires du marché américainÀ cette situation critique pour l'industrie européenne, s'ajoute la menace des droits de douanes que Donald Trump, fraichement élu président, veut imposer aux importations du monde entier. Or, l'UE est de plus en plus dépendante du marché américain pour ses exportations. Ce qui la rend vulnérable aux chocs potentiels de la future politique commerciale des États-Unis.
Le milliardaire réélu président des États-Unis mardi 5 novembre a fait des tarifs douaniers le cœur de sa politique économique. Il menace cette fois de les augmenter considérablement, au risque de déclencher une guerre commerciale de grande ampleur aux risques imprévisibles. « Les taxes douanières sont la plus grande invention du monde », répète Donald Trump. Son premier mandat avait été marqué par de nouvelles taxes à l'importation sur l'acier, l'aluminium, les panneaux solaires et même les machines à laver. Cette fois il veut aller plus loin encore avec une nouvelle taxe douanière de 10 % sur tous les produits importés. Et il menace d’aller beaucoup plus loin encore. « Je vois vos usines partir en Chine ou au Mexique : ne les laissez pas vous prendre votre industrie automobile. Ils fabriquent ces énormes usines, et ils pensent qu’ils vont pouvoir fabriquer des dizaines de milliers de voitures et les vendre ici ? Je ne les laisserai pas faire », a-t-il promis en septembre dernier dans le Michigan. « Nous allons augmenter les taxes douanières de 200 %, leurs voitures vont devenir invendables aux États-Unis ! »Donald Trump s’adresse aux ouvriers de l’ancienne « ceinture de l’acier » du nord des États-Unis, devenue la « ceinture de la rouille ». Il prononce son discours à une centaine de kilomètres à peine de Detroit, capitale déchue de l’automobile mondiale devenue le symbole de la désindustrialisation. En revenant à l’étymologie du mot, le protectionnisme pour protéger les industries et les ouvriers américains, Donald Trump fait mouche. En 2020 Joe Biden avait emporté le Michigan avec plus de 150 000 voix d’avance. Cette fois c’est Donald Trump que les électeurs de ce swing-state ont choisi. Le milliardaire ne voit pas le protectionnisme que comme un bouclier, à ces yeux c’est aussi une arme et un moyen de pression. Pour lutter contre l’immigration ou le trafic de drogue, il menace par exemple le Mexique d’imposer de nouvelles taxes douanières arbitraires si Mexico ne contrôle pas mieux ses frontières. Le protectionnisme est aussi une arme dans la guerre d’influence à laquelle se livrent Washington et Pékin. Pendant son premier mandat Donald Trump avait augmenté les taxes sur certains produits chinois à 25 %.Trump menace la Chine mais aussi les alliés des États-UnisIl menace désormais de les augmenter à 60 %. Un chiffre qui n’est pas forcément à prendre au pied de la lettre, Donald Trump se vante de lancer parfois des chiffres au hasard comme outil de négociation, mais les termes du débat sont posés. Une mauvaise nouvelle pour l’économie chinoise qui peine toujours à se remettre de la pandémie et des difficultés de son marché immobilier. Pékin est en moins bonne posture face à Trump qu’elle ne l’était lors de son premier mandat. Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche ne constituera pas pour autant une rupture dans les relations commerciales entre la Chine et les États-Unis. Joe Biden a eu beau se montrer très critique des mesures prises par Donald Trump, il n’est pas revenu sur les tarifs douaniers imposés par son prédécesseur sur 300 milliards de dollars de produits importés. Il en a même ajouté 18 milliards ciblés sur les technologies sensibles et notamment les semi-conducteurs.L’élection du milliardaire est en revanche regardée avec beaucoup d’appréhensions dans les capitales européennes. « Notre problème ce sont les autres pays qui profitent de nous », répétait Trump en campagne. « Le pire c’est que ceux qui nous traitent le plus mal, ce sont nos soi-disant alliés, je dis soi-disant parce qu’à bien des égards ce ne sont pas des alliés, ils abusent de nous. » Le message est clair, il s’adresse aux Européens mais aussi au Canada ou au Japon : il n’y aura pas de passe-droit. Là encore, il faut attendre de voir au-delà des coups de menton si ces menaces se traduisent concrètement en actes, mais on imagine mal, en cas de fortes augmentations des taxes douanières aux États-Unis, les pays concernés ne pas répliquer en augmentant à leur tour les taxes à l’importation sur les produits américains. À grande échelle, cela s’appelle une guerre commerciale.L'exemple des machines à laverAvec quelle conséquence pour l’économie mondiale ? Il est trop tôt pour le dire mais l’hypothèse donne des sueurs froides aux économistes. À plus court terme, le retour du protectionnisme risque de se traduire par une inflation généralisée. Quand l’administration Trump a augmenté les taxes à l’importation sur les machines à laver d’environ 10 % au début de son premier mandat, la mesure a eu en partie l’effet escompté, les fabricants ont investi aux États-Unis, ouvert des usines pour un total de 1800 emplois créés environ. Mais le prix des machines a lavé a augmenté de presque 100 dollars pour les consommateurs. Pire, les sèche-linges qui n'étaient pourtant pas concernés par la nouvelle taxe ont suivi le même chemin. Des chercheurs ont fait le calcul : chaque emploi créé a coûté 815 000 dollars au consommateur ou au contribuable.
Le billet vert a reculé sur les marchés à quelques heures des élections de ce mardi 5 novembre aux États-Unis, après des sondages un peu moins favorables à Donald Trump ces derniers jours. Le résultat du scrutin est particulièrement incertain. Si l’ancien président revient au pouvoir, quelles conséquences peut-on attendre pour le dollar ? Le dollar américain continue d'occuper une place centrale dans le monde, malgré la volonté des pays des Brics+ et de pays rivaux des États-Unis de s'en affranchir. Le billet vert est utilisé dans près de 40% des paiements internationaux. C’est encore de très loin la principale monnaie de facturation des exportations à l’échelle mondiale. Dans des pays où les habitants n'ont pas ou peu confiance dans leur monnaie, comme au Liban, en République démocratique du Congo ou encore au Venezuela, la devise américaine est une alternative parfois très recherchée.Enfin, les banques centrales à travers la planète continuent de privilégier le billet vert pour leurs réserves de change : elles stockent des dollars pour garantir la stabilité de leur propre monnaie nationale ou pour pallier un déséquilibre de leur balance des paiements (autrement dit : pour régler la facture des importations). Le dollar, c'est 60% des réserves de change mondiales.Ces chiffres ont un peu baissé ces dernières années, mais restent disproportionnés par rapport à la taille de l’économie américaine, qui pèse « seulement » un quart du PIB de la planète.Donald Trump partisan d'un dollar plus faibleL'ancien président américain Donald Trump, de nouveau candidat à la Maison Blanche, a répété plusieurs fois qu’il veut un dollar plus faible. « Nous avons un gros problème de monnaie », a-t-il répété en juillet à des journalistes de l'agence de presse Bloomberg. En réalité, son programme devrait plutôt tirer la monnaie américaine vers le haut. En effet, expulser massivement les migrants, ou encore imposer des droits de douane gigantesques sur les produits importés risque bien d'alimenter l’inflation et donc de pousser la Fed (la banque centrale américaine) à augmenter ses taux d’intérêts, ou à cesser de les réduire. Ce qui ferait grimper le dollar par rapport à d’autres monnaies, au moins à court terme.Kamala Harris, la continuité ?Les effets sur le dollar d'une éventuelle élection de Kamala Harris à la présidence des États-Unis semblent plus incertains. Plusieurs mesures qu’elle défend pourraient gonfler les prix, comme l’aide de 25 000 dollars qu'elle promet aux primo-accédants, les Américains souhaitant acheter un logement pour la première fois. Ses promesses envers les classes moyennes (réduire le prix des médicaments, supprimer les impôts sur les pourboires, entre autres) pourraient relancer la consommation. Mais les mesures qu'elle pourrait effectivement mettre en œuvre dépendront de la marge de manœuvre dont elle disposerait au Congrès, où le résultat s’annonce très serré. Pour l'instant, les analystes s’attendent plutôt à ce que la Fed ne change pas sa politique à court terme si Kamala Harris remportait la présidentielle ce mardi.La Réserve fédérale, face au reflux de l’inflation aux États-Unis, a laissé entendre qu’elle allait à nouveau baisser ses taux directeurs ce jeudi 7 novembre, ce qui pousserait plutôt le dollar à la baisse.Dollar fort, dollar faible : quelles conséquences mondiales ?Un dollar faible rend les produits américains moins chers pour le reste du monde et favorise donc les exportations états-uniennes. Au contraire, un dollar fort rend moins chers pour les Américains les produits qu’ils importent (sauf si Donald Trump est élu et applique sa promesse d'imposer des taxes sur les importations). En revanche, en particulier pour les pays en développement, un dollar fort tend à alourdir la facture des importations et à alimenter l’inflation au niveau local.
En un an et demi, la plateforme Temu s’est imposée en Europe. La Commission européenne a ouvert une enquête contre les pratiques commerciales du géant du e-commerce. Bruxelles s’interroge sur la qualité des articles et ses méthodes de vente « addictives ». Des vêtements, des bijoux, des accessoires de décoration... Temu est le royaume en ligne des prix cassés. Des tarifs imbattables, des articles expédiés en quelques jours, et une livraison gratuite : la plateforme chinoise d'e-commerce fait un carton en Europe avec 92 millions d’utilisateurs chaque mois.Le 31 octobre, la Commission européenne a ouvert une enquête contre les pratiques commerciales de Temu. Bruxelles soupçonne à la plateforme en ligne de ne pas en faire assez pour lutter contre la vente de produits dangereux ou illicites. Des associations de consommateurs ont par exemple recensé des jouets pour bébés avec de petites pièces qui peuvent être avalées. D’autres articles, qui comportent des notices disponibles uniquement en chinois ou des produits cosmétiques sans la liste des ingrédients, ne sont pas conformes aux normes européennes. Certains ont été retirés du site, avant de réapparaitre un peu plus tard.À écouter aussiLes géants du commerce en ligne Shein et Temu dans le collimateur de l’UE« Pousser le consommateur à acheter »Bruxelles s'interroge aussi sur les méthodes de vente « addictives » de Temu. « Il y a deux grandes catégories de pratiques qui se détachent, relève Marie-Amandine Stevenin présidente de l’association de consommateurs UFC Que Choisir qui a alerté dès le mois de mai la Commission européenne avec le dépôt d’une plainte au côté de seize autres associations de consommateurs. Il y a d’abord le système des recommandations. Le consommateur est souvent tracé en fonction des achats, et lorsqu’il clique sur le détail, il a des recommandations. On ne sait pas quel est l’algorithme qui va gérer ces recommandations. »Les associations alertent également sur les « dark patterns ». « Ce sont ces interfaces trompeuses où on vous affiche, "attention, ce produit ne sera plus disponible dans 12 jours, 4 heures et 26 minutes", détaille la présidente de l’UFC Que Choisir. Ces interfaces sont utilisées pour amener le consommateur à acheter bien plus vite que si elles n’avaient pas été mises en place. »La Commission européenne qui soupçonne Temu de contrevenir au nouveau règlement de l’UE sur les services en ligne, le DSA (Digital Services Act) réclame des explications. Si les réponses de la plateforme ne sont pas satisfaisantes, elle s’expose à une amende : l'équivalent de 6 % de son chiffre d’affaires mondial. À lire aussiChine: des vendeurs protestent contre les sanctions imposées par la plate-forme Temu« Effet d’aubaine pour le consommateur »Temu est une émanation d’un des géants du commerce en Chine, le groupe Pinduoduo (PDD Holdings). La plateforme, arrivée en Europe en avril 2023, a investi des sommes colossales sur le marketing digital pour se faire connaître, mais son principal argument de vente réside dans ses tarifs très bas. « Quand vous voyez des prix qui écrasent tous les concurrents, avec parfois des récompenses à l’achat de produits et une livraison gratuite : c’est un effet d’aubaine pour les consommateurs, explique Franck Rosenthal, expert en marketing du commerce. Ça ne peut que marcher très fort. »Pour proposer ces prix cassés, la plateforme s’appuie sur les commandes groupées réalisées par sa maison mère PDD Holdings, mais cherche aussi à réduire au maximum les intermédiaires. « Le modèle, c’est d’aller au plus court, de mettre l’usine en rapport quasi-direct avec le consommateur, détaille Franck Rosenthal. Temu va prendre une marge très, très faible, ça va faire la différence parce que ce sont des prix qu’on ne peut pas proposer en Europe, parce que nous n’avons pas les mêmes coûts de production, pas les mêmes taxes ni les mêmes normes. »Avec des prix très bas et des marges très faibles, Temu ne gagne pas d'argent. D’après une étude du magazine américain Wired, elle perdrait même aux États-Unis environ 30 dollars par commande.« Le modèle économique interroge, poursuit Franck Rosenthal, mais les équipes de Temu misent sur 2026 ou 2027 pour être bénéficiaire. D'autres géants du e-commerce comme Amazon ont mis quinze à vingt ans avant de gagner de l'argent. On ne sait pas comment Temu peut inverser la tendance en si peu de temps. »En attendant, la plateforme se construit une énorme base de clients et capitalise sur la revente des données de ces millions d’utilisateurs.Après la diffusion de cette chronique, Temu a réagi et précise prendre « très au sérieux ses obligations » et assure coopérer avec les régulateurs pour soutenir un « marché sûr et fiable pour les consommateurs ». « Nous investissons continuellement dans le renforcement de nos procédures de contrôle de la conformité des produits vendus sur notre plateforme, indique Temu, afin de garantir les intérêts et la sécurité de nos clients. » À lire aussiChine: le patron de Temu, Huang Zheng, devient l’homme le plus riche du pays 
Après quatre décennies de « laisser-faire », le mandat de l'actuel locataire de la Maison Blanche a marqué un tournant dans la lutte contre les pratiques anticoncurrentielles des mégacorporations. Une rupture incarnée par le choix de Lina Khan, une juriste combative, pour diriger la puissante commission fédérale du commerce. Un héritage menacé sous la pression de Wall Street, même en cas de victoire de Kamala Harris. Il aura beaucoup été question pendant la campagne présidentielle qui s’achève d’immigration, du droit à l’avortement, de politique étrangère ou de pouvoir d’achat. Lors de cette campagne aussi courte qu’elle a été âpre, Donald Trump et Kamala Harris ont beaucoup moins parlé de ce qu’ils entendaient faire pour lutter contre les pratiques monopolistiques. La position de l’État fédéral vis-à-vis des mégacorporations, et notamment des géants de la tech, fait pourtant l’objet d’une guerre d’influence farouche dans l’entourage des candidats.Pour comprendre, il faut remonter plus de 40 ans en arrière, jusqu’à Ronald Reagan. Celui-ci a été le premier, avant Donald Trump, à adopter le slogan « Make America great again ». Le quarantième président des États-Unis était un néolibéral convaincu, partisan du « laisser-faire ». « Les neuf mots les plus terrifiants de la langue anglaise sont "je fais partie du gouvernement et je suis là pour aider"», répétait-il. Pour lui, l’État devait en faire le moins possible pour ne pas perturber le sacro-saint marché.Si ses successeurs sont revenus au fil des ans sur certains aspects de sa politique économique, aucune administration, aucun locataire de la Maison Blanche, n’est intervenu quand les grandes entreprises fusionnaient ou achetaient leurs rivales jusqu'à former d'énormes mastodontes. Pas même les démocrates Bill Clinton ou Barak Obama, Aucun, jusqu'à Joe Biden. « Cela fait 40 ans qu'on laisse les multinationales amasser de plus en plus de pouvoir. Et qu'a-t-on obtenu en retour ?, interrogeait le président américain en 2021. Moins de croissance, moins d'investissement et moins de petites entreprises. »Une jeune et brillante juriste bataillant contre des brevets « bidon »Décidé à brider les mégacorporations, Joe Biden choisit une jeune et brillante juriste pour diriger la Federal Trade Commission (FTC) : Lina Khan. À Yale, sa thèse sur les pratiques monopolistiques d’Amazon avait fait sensation. À 32 ans, elle réveille la commission fédérale du commerce et n’hésite pas à activer tous les leviers à sa disposition pour s’attaquer aux géants de la tech comme aux « Big Pharma ». Elle cite souvent l’exemple des inhalateurs, pour les personnes souffrant d’asthme. En France, ils coûtent l’équivalent de 7 dollars. Aux États-Unis, la facture pour les malades pouvait grimper jusqu’à 500 dollars.« On s'est rendu compte que les entreprises avaient déposé des brevets qui n'avaient rien à voir avec le médicament ou sa composition, par exemple sur le bouchon des inhalateurs », raconte-t-elle d’interview en interview. Des brevets « bidon » qui permettent aux entreprises de prolonger leur mainmise sur le marché de manière totalement artificielle. La FTC envoie plusieurs mises en demeure aux entreprises concernées, qui rétractent leurs brevets les unes après les autres. Dans les semaines qui suivent, le prix des inhalateurs redescend comme par magie à 35 dollars.À lire aussiEtats-Unis: Lina Khan, la juriste qui fait peur aux géants de la TechLa « personne la plus détestée de Wall Street »Tous ses combats ne se terminent pas par des victoires. Les 1 200 fonctionnaires de la FTC ne font pas toujours le poids face aux armées d’avocats et de juristes aux services des mégacorporations auxquelles elle s’attaque. En 2023, au terme d’une longue procédure, elle échoue par exemple à empêcher Microsoft de racheter le studio de jeux-vidéos Activision Blizzard.Mais elle a réussi son pari : la FTC est à nouveau une institution respectée et crainte. Lina Khan obtient le surnom de « personne la plus détestée de Wall Street ». Un titre qu’elle porte comme un badge d’honneur. « De la même manière que la Constitution garantit l’équilibre des pouvoirs sur le plan politique, il faut des règles sur la concentration des entreprises, martèle-t-elle. On ne veut pas plus d’un despote commercial qu’on ne veut d’un autocrate au pouvoir. »Sous son mandat, la FTC prête une attention particulière aux « Big 5 » - Google, Amazon, Meta, Amazon et Apple -, et notamment aux développements autour de l’intelligence artificielle. « Les entreprises essayent de subjuguer le législateur en disant "oh ces technologies sont tellement nouvelles, il vaut mieux ne pas intervenir", et c'est ce qu'on a fait il y a 20 ans avec l'émergence des réseaux sociaux et on en paye le prix aujourd'hui. »De puissants alliés et ennemis dans les deux campsEn trois ans, Lina Khan s’est fait un nom et de puissants ennemis qui manœuvrent pour que cette élection soit l’occasion d’un retour au statu quo reaganien. Une victoire de Donald Trump marquerait certainement la fin de son mandat, même si elle a des admirateurs parmi les républicains et non des moindres : JD Vance, le candidat de Trump a la vice-présidence a dit publiquement qu’il considérait Lina Khan comme « l’une des rares personnes au sein de l’administration Biden à faire du bon boulot ».En revanche, Elon Musk, l’un des soutiens les plus actifs de l’ex-président qui a eu affaire à elle, a décrété sur le réseau social X qu’elle « serait bientôt virée ».À lire aussiÉlections américaines: le soutien très intéressé d’Elon Musk à Donald TrumpLe patron de Tesla n’a pas le monopole de la rancœur et à l’inverse, une victoire de Kamala Harris n'est pas une garantie de continuité dans la lutte contre les pratiques monopolistiques. Plusieurs gros donateurs de la candidate Démocrate font pression pour une FTC moins interventionniste. Le patron de LinkedIn, par exemple, le milliardaire Reid Hoffman qui a contribué à hauteur de 10 millions de dollars à la campagne de Kamala Harris. Il réclame ouvertement la tête de Lina Khan, considérant qu’elle était « en guerre contre les entreprises américaines ».Comme en réponse à ces critiques, Lina Khan fait état de chaque victoire sur les réseaux sociaux. Le 25 octobre, elle écrivait sur X : « La FTC continuera d’utiliser tous les outils à sa disposition pour que les entreprises rendent des comptes quand elles violent la loi et exploitent les employés américains ». Au moins jusqu’au 20 janvier prochain.
Le projet de loi de finance 2025 est examiné à l’Assemblée nationale depuis une dizaine de jours en France. 60 milliards d'euros d’économies prévues par le gouvernement avec l’augmentation de certains impôts, et des coupes notamment dans la Sécurité Sociale, et pour les collectivités locales. Les effets économiques de cette austérité budgétaire proposée. Les efforts demandés par le gouvernement Barnier pourraient diviser par deux la croissance en 2025, d’après les économistes de l'OFCE, l'observatoire français des conjonctures économiques. Autre effet prévu : la destruction de 130 000 emplois. Ironie du sort, ce budget pourrait rendre plus difficile la réduction des déficits. « L'austérité appelle l'austérité », résume Simon-Pierre Sengayrac, directeur de l'observatoire de l'économie à la fondation Jean Jaurès. « On ne réduit pas les déficits en faisant de l'austérité, ça c'est la vérité générale que l’on est censé avoir tous compris depuis la crise des dettes souveraines qu'ont connu les pays du sud de l'Europe dans les années 2010. Lorsque la croissance est plus faible, les rentrées fiscales sont plus faibles et donc on se retrouve avec un problème "accentué" l'année suivante ».À lire aussiFrance: examen du budget 2025 à l’Assemblée nationale, le gouvernement Barnier à l’épreuveRéajustements : une question de rythmeLe défi du gouvernement : trouver des leviers de réduction de déficit qui ne touchent pas trop la croissance future. D'où ces hausses ciblés d'impôts sur les plus aisés et la révision de certaines niches fiscales. La question qui se pose également : c'est le rythme de ce réajustement budgétaire. Le nouveau cadre de l'Union européenne n'impose pas d'aller aussi loin que ces 60 milliards d'euros d'économie. Les exemples du Portugal et de la Grèce au début des années 2010 sont restés dans les esprits. Si on va trop vite, trop fort dans les coupes budgétaires, impossible de réduire l'endettement. Il est désormais autorisé d'étaler sur sept années ces réajustements budgétaires. Si l'on suit les textes européens, un effort de « seulement » 20 milliards d'euros d'économie serait réalisable, explique Simon Pierre Sengayrac : « Cet effort de 20 milliards, que ce soit en recette comme en dépense, est beaucoup plus facile à atteindre. Évidemment, c'est un effort sur 2025 qu'il faudrait faire à nouveau en 2026. Mais les marches sont beaucoup plus faciles à enjamber que l'énorme effort de 60 milliards qui est proposé par le gouvernement Barnier ».L’avertissement des agences de notationLe gouvernement Barnier insiste sur les efforts à faire immédiatement pour rassurer les marchés, Bruxelles et les investisseurs. Même si la dette française reste un investissement solide et profitable, c'est un budget pour garder le contrôle, disait Michel Barnier devant la représentation nationale. « C'est un budget de souveraineté. Si nous laissons filer cette dette et la crise qui ira avec, nous perdrons notre souveraineté. Le gouvernement n'a pas envie et n'acceptera jamais que l'avenir de nos enfants soit décidé à Washington, à New York ou à Pékin ».New York où sont basées les trois plus importantes agences de notation, met tout de même la pression. Pas de dégradation de la note de la dette souveraine pour l'instant, mais vendredi dernier Moody's y a ajouté une perspective négative. Le message est clair, il n'y aura pas la place pour une troisième année consécutive de dérapages budgétaires.
Ce mercredi 30 octobre, la Chine a envoyé trois astronautes – deux hommes et une femme – dans sa station spatiale, située en orbite terrestre basse. Leur mission, Shenzhou-19, prévue pour durer plus de six mois, représente une nouvelle étape du programme spatial chinois, dont l'un des objectifs est de poser un pied sur la Lune à horizon 2030, avant que les États-Unis et leurs alliés y retournent. Officiellement, la Chine dépense l'équivalent de 15 milliards de dollars par an dans ses programmes spatiaux. Officieusement, les observateurs du secteur estiment qu'en prenant en compte notamment les programmes spatiaux à visée militaire, les dépenses spatiales chinoises oscilleraient plutôt entre 20 et 25 milliards de dollars. Loin devant l'Europe, mais encore derrière les États-Unis.Ce mercredi, trois astronautes – deux hommes et une femme – ont décollé depuis Jiuquan, dans le nord-ouest de la Chine, vers la station spatiale Tiangong. Leur mission, prévue pour durer un peu plus de six mois, est une nouvelle étape dans la stratégie spatiale de Pékin.Tester des briques imitant le sol lunaireMême si ce n'est pas le principal objectif de la mission Shenzhou-19, pendant leur séjour dans l'espace, les trois astronautes chinois vont en profiter pour tester des briques fabriquées avec des matériaux qui imitent le sol lunaire. Il s'agit d'étudier si le sol de la planète peut être utilisé pour fabriquer une base sur place, sans avoir besoin d'apporter tous les matériaux depuis la Terre, ce qui serait long et cher. La Chine espère poser un pied sur la Lune avant 2030 et y construire une station avant 2035.Viser la Lune, agacer les États-UnisL'intérêt des deux grandes puissances pour la Lune s’explique avant tout par des motivations géopolitiques. La Chine veut prouver qu'elle est capable d'y envoyer des astronautes et, par la même occasion, défier son rival américain. Les États-Unis, eux, perçoivent plutôt la Lune comme une étape intermédiaire vers Mars. Mais le calendrier de la Nasa a été repoussé à plusieurs reprises en raison de difficultés techniques rencontrées par la fusée Starship de SpaceX, qui doit effectuer le voyage.Si les États-Unis restent nettement en avance d'un point de vue technologique, le prochain humain à poser un pied sur la Lune pourrait donc parler mandarin, affirme Stefan Barensky, rédacteur en chef du magazine Aerospatium : « Il y a très peu de chance que les Chinois ne se posent pas sur la Lune vers 2030, voire avant. Les Américains essaient de mettre en place des technologies beaucoup plus avancées. Mais les Chinois, en jouant sur des technologies [moins ambitieuses technologiquement] qu'ils maîtrisent progressivement ont un calendrier a priori beaucoup plus fiable. » Premier arrivé, premier servi ?Quelle que soit la première mission à aboutir, l'exploitation des ressources naturelles de la Lune et la répartition du territoire seront des enjeux particulièrement sensibles. L'eau, qui existe à l'état solide sur la planète, pourrait être utilisée pour les astronautes dans une station habitée pour cultiver quelques aliments ou bien pour produire du carburant avec l'hydrogène et l'oxygène qu'elle contient. La planète abrite aussi du fer ou encore du titane, qui pourraient servir à faire des pièces pour les fusées, par exemple pour une réparation. L'enjeu n'est pas tant d'exploiter ces ressources pour les ramener sur Terre, mais plutôt de les utiliser pour éviter d'apporter certains objets ou ressources depuis la Terre, chaque trajet étant long à préparer et très coûteux. Les fusées disposent d'un espace limité : chaque gramme ou chaque kilo économisé est précieux.L'installation de bases sur la Lune soulève aussi des questions de territorialité. Selon un accord de l’ONU de 1967, aucun pays ne peut en revendiquer la propriété, même partielle. Mais certains pays cherchent à réformer ou contourner ce principe : « Les États-Unis ou le Luxembourg estiment que, certes, on ne peut pas s’approprier le terrain, mais qu’il est possible de revendiquer ce que l’on extrait », souligne Stefan Barensky.Dans cette course, le pôle Sud lunaire, avec ses réserves en eau et son ensoleillement continu (utile pour produire de l'énergie solaire), constitue un emplacement stratégique pour implanter une base. Le premier arrivé aura plus de choix que le second.
Le Groupe d'actions financières a retiré, le 25 octobre 2024, le Sénégal de sa liste « grise » pour ses « efforts significatifs » dans la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. Un bol d’air pour l'économie ? Trois ans après avoir été placé sur liste « grise », le Sénégal n'est plus sous la « surveillance renforcée » du Groupe d'actions financières (Gafi). En 2021, Dakar avait été épinglé pour des « défaillances stratégiques » dans ses régimes de lutte contre le blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme.L'organisme avait pointé des manquements dans des pans entiers de l'économie, de la construction à l'immobilier en passant par les casinos, notaires, avocats... Les entreprises et professions de ces secteurs étaient accusées de ne pas en faire assez pour dénoncer les opérations suspectes de fonds, et donc indirectement de favoriser le blanchiment d'argent.À l'époque, le Gafi avait préconisé la mise en œuvre de 49 recommandations. Trois ans plus tard, toutes ont transposé dans les textes sénégalais, avec notamment l'adoption en février 2024 d'une nouvelle loi sur le sujet. « L'esprit de cette loi est de combler les carences de la précédente législation pour se conformer aux recommandations du Gafi », détaille Moussa Sylla, spécialiste de la lutte contre le blanchiment d'argent.Les mesures permettent entre autres de mieux tracer les fonds suspects en limitant les recours aux prête-noms et prévoient des sanctions renforcées et ciblées – y compris pénales – contre les banques ou les institutions qui ne respecteraient pas leurs obligations.À lire aussiAntonio David (FMI): «Les mesures prises en Afrique vont considérablement réduire l'inflation»Recouvrement des biens illégalement acquis« Dès 2021, le Sénégal a voulu donner des gages sur sa volonté de lutter contre les sources illégales de financements, note Moussa Sylla. Cela passe notamment par la création en avril 2022 de l'Office national des recouvrements des avoirs criminels (Onrac). Dorénavant, les fonds des personnes soupçonnées de faire du blanchiment de capitaux ou du financement du terrorisme peuvent être récupérés et vendus aux enchères. C'est tout simplement ôter la possibilité aux criminels de profiter de leurs biens illégalement acquis. » Autre point, l'État a mis l'accent sur la formation et la sensibilisation des personnes chargées de faire appliquer la loi. Avec des résultats concrets : d'après la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif), les « ​​​​​​​déclarations d'activités suspectes » ont bondi de 145% en 2023.Retrouver la confiance des investisseurs« La sortie du Sénégal de cette ''liste grise'' est un élément extrêmement important en termes d'image, analyse Magaye Gaye, économiste et ex-cadre de la Banque ouest-africaine de développement et du Fonds africain de garantie et de coopération économique (Fagace). Cela permet de dire qu'on ne veut plus avoir mauvaise presse auprès des investisseurs et des bailleurs de fonds internationaux. » Les trois années de « ​​​​​​​surveillance renforcée » du Gafi ont en effet érodé la confiance des investisseurs. Une source au Centif, citée par le journal Le Monde, évoque un déclin du capital investissement de 6 à 7% depuis 2021.« Cette décision vient également contrebalancer les épisodes malheureux de dégradation de la note souveraine par les agences de notations, ajoute l'économiste (début octobre, Moody's abaissait la note du Sénégal à B1 et plaçait le pays « sous surveillance », NDLR). Elle réconforte enfin les nouvelles autorités qui prônent un discours de vérité auprès des instances internationales à l'heure où le pays a besoin de beaucoup de financements pour faire face à ses besoins sociaux et économiques. » La semaine dernière, le ministre des Finances, Cheikh Diba, confiait que le Sénégal cherchait à négocier un nouvel accord avec le Fonds monétaire international (FMI), le dernier remontant à 2023.À trois semaines des élections législatives, prévues le 17 novembre prochain, le président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko pourraient également profiter de l'annonce du Gafi pour étoffer leur premier bilan, même si la décision du Gafi résulte aussi des efforts engagés par leurs prédécesseurs.À lire aussiLe Sénégal cherche un nouvel accord avec le FMI
L'Arabie saoudite prudente sur son budget 2025. Les revenus pétroliers sont plus faibles que prévus, la prévision de croissance pour 2024 a été revu à la baisse. Le premier exportateur mondial de pétrole brut a donc redimensionné certains projets. On est encore loin de l'austérité sévère et inflexible. Les investissements sont toujours énormes en Arabie saoudite. Le budget est même en augmentation avec des déficits assumés jusqu'à 2027, mais on observe un recalibrage avec des dépenses publiques en diminution et certains projets revus à la baisse. Exemple : la ville futuriste « The Line » qui devait pouvoir accueillir 1,5 million de personnes. Le projet a été révisé : cette ville linéaire en plein désert ne pourra loger que 300 000 habitants.Comment expliquer cette prudence ?Le message porté par ce pré-budget, c'est que l'argent illimité n'existe pas, même dans une pétromonarchie du Golfe. C'est un effet mécanique : quand les revenus pétroliers ne sont pas à la hauteur, l'Arabie Saoudite fait le dos rond. « Vous avez une économie qui dépend encore à peu près 40 % du secteur pétrolier, explique Laure De Nervo, économiste au crédit agricole spécialisée sur le Moyen-Orient, là, il y a eu plusieurs annonces de coupe de production. D'abord en avril 2023, puis les annonces de coupe de novembre 2023 devaient être levées ce mois-ci, mais cela a été reporté et devrait avoir lieu qu'à partir de décembre si ce n’est pas encore reporté. Mécaniquement, vous avez un quatrième semestre qui va être impacté par cela ».Les investissements directs étrangers pas encore au niveauL'Arabie Saoudite, notamment le prince héritier Mohammed Ben Salmane, ont cette volonté de diversifier l'économie avec le programme Vision 2030 lancé il y a huit ans. Faire moins de pétrole, et développer le tourisme, l'industrie, les nouvelles technologies.À mi-parcours, il semble y avoir une nécessité de revoir les priorités. D'autant que du côté des investissements directs étrangers, on est loin de l'ambition affichée. De l'objectif de 100 milliards de dollars en 2030, ils atteignaient difficilement les 12,5 milliards l'année dernière.« Ils ont un déficit d'image qui est assez important, je pense qu'il y a des défis financiers il y a des fluctuations économiques assez importantes au niveau du prix du pétrole il y a aussi un contexte géopolitique qui n'échappe à personne qui crée beaucoup d'incertitudes : les élections aux États-Unis dans quelques semaines aussi qui vont être importantes, assure Foued Kefif est fondateur du cabinet de conseil Middle X à Riyad. Tout cela fait en sorte qu'il y a il y a de l'incertitude et peut-être moins d'investissements que prévu néanmoins le marché est ultra-dynamique. »Diversification en bonne voiePas de ralentissement, juste une mise au point financière avant les Jeux asiatiques d'hiver dans cinq ans et surtout l'exposition universelle 2030. Par ailleurs, la croissance hors pétrole est dynamique, le taux de chômage baisse ; la dette est encore faible, de quoi stimuler l'investissement.La seule épine dans le pied, c'est que le pays est toujours dépendant de ses hydrocarbures. La transition vers une économie plus diversifiée sera longue, coûteuse et c'est un comble, la réussite de cette transition dépend aujourd'hui des revenus pétroliers.
L’homme le plus riche du monde ne peut pas légalement être candidat à la Maison Blanche puisqu’il est né à Prétoria en Afrique du Sud. Mais depuis qu’il a ouvertement apporté son soutien à Donald Trump, le patron de Tesla Elon Musk s’investit de plus en plus dans la campagne. Au point d’apparaître comme un vice-président « bis ». Un soutien qui n’est pas sans arrière-pensée. « Il s’appelle Elon Musk, il a sauvé la liberté d’expression. Où est-il ? Où est-il ? Viens ici, Elon ! » Le 5 octobre dernier, en meeting en Pennsylvanie, Donald Trump invite le patron de Tesla sur scène. Elon Musk bondit comme un enfant derrière lui avant de s’installer au pupitre.En matière de liberté d’expression, son seul fait d’armes est d’avoir racheté Twitter pour 44 milliards de dollars et d’avoir réduit la modération à sa portion congrue. En transformant peu le réseau social (rebaptisé « X ») en ménagerie pour la frange la plus conservatrice et réactionnaire d’Internet. Mais le milliardaire endosse le costume : « Cette élection est la plus importante de notre vie. L'autre camp veut vous priver de votre liberté d'expression. Et la liberté d'expression est le pilier de la démocratie », lance-t-il devant une foule prête à tout entendre, y compris qu’une victoire Démocrate ferait de cette élection « la dernière ».Elon Musk ne se contente pas d’endosser la rhétorique de la campagne Trump, il joue ouvertement avec les accusations de fascisme lancées par Kamala Harris et ses soutiens. Invité à nouveau à parler au dernier grand rassemblement de Trump au prestigieux Madison Square Garden de New York dimanche 27 octobre à une semaine du scrutin, il arbore une casquette « Make America Great Again » (MAGA, soit « rendre sa grandeur à l’Amérique »), le slogan qui a porté Donald Trump au pouvoir une première fois en 2016. Mais la couleur et la police d’écriture sont différentes. « Je ne suis pas seulement MAGA, je suis dark et gothique MAGA », s’amuse l’homme le plus riche du monde en reprenant à son compte des symboles associés à l’Allemagne nazie.Un million de dollars par jour pour tenter de faire basculer le scrutin Elon Musk joint le geste à la parole : il a investi plus 75 millions de dollars dans la campagne Trump et il a lancé mi-octobre une loterie dans les sept États susceptibles de faire basculer le scrutin le 5 novembre. Il offre un million de dollars par jour aux électeurs potentiels.« C'est très simple, vous n'êtes même pas obligé de voter. Tout ce que vous avez à faire c'est de signer une pétition disant que vous défendez la constitution », expliquait-il à un « town hall » à Harrisburg en Pennsylvanie. « Au final, vous signez une pétition pour quelque chose en lequel vous croyez déjà et vous pouvez gagner un million de dollars, c'est génial ! »Les participants ne sont pas obligés de voter, mais ils doivent prouver qu’ils sont inscrits sur les listes électorales.De là à parler « d’achat de voix » ? La question n’est plus seulement sémantique : le ministère de la Justice ayant prévenu l’intéressé que cette loterie pourrait bien être illégale. Avertissement ignoré par Elon Musk, bien décidé à faire élire Trump par tous les moyens.À lire aussiElon Musk, un milliardaire au service de Donald TrumpLa conversion du milliardaire aux idées les plus conservatrices n’est pas nouvelle, mais le soutien financier qu’il apporte à Donald Trump n’est pas désintéressé pour autant. Il lui permet de souffler à l’oreille du candidat. « Comme me l'a suggéré Elon Musk, je vais créer une commission chargée de mesurer l'efficacité des dépenses de tout le gouvernement fédéral, lance le candidat Républicain début septembre devant un cercle d’économistes newyorkais. Cette commission sera chargée de faire des recommandations pour mener une réforme drastique. Et Elon a accepté de diriger cette commission. »Elon Musk jubile. Et pour cause : le sort de ses entreprises est intimement lié à celui de l’État fédéral.L'État fédéral représente 15 milliards de dollars de contrats pour SpaceXLe patron des voitures électriques Tesla a tout à gagner à mettre son nez dans les affaires des ministères de l’Énergie, du Transport, de l’Environnement ou du Commerce qui régissent son activité.Autre joyau de l’Empire Musk, SpaceX avec ses fusées et ses lanceurs de satellites a réussi à devenir indispensable tant pour la Nasa que pour le Pentagone. Les contrats signés avec les administrations fédérales représentent plus de 15 milliards de dollars. C’est presque deux fois les revenus générés par l’entreprise spatiale en 2023. À ce stade, on ne parle même plus de conflit d’intérêt, il y a intérêt au conflit.La perspective de voir Elon Musk devenir le régulateur des régulateurs inquiète aussi les services secrets américains. D’après le Wall Street Journal, Musk serait en contact régulier avec Vladimir Poutine.Le journal fait état de plusieurs conversations téléphoniques depuis 2021. Les positions de Musk sont ambigües, d’un côté peu de temps après le début de l’invasion russe en 2022, il a permis aux Ukrainiens d’accéder à Internet grâce à son réseau satellitaire Starlink, tout en limitant l’usage que pouvait en faire l’armée ukrainienne. Mais depuis, il a repris à son compte plusieurs éléments de langage du Kremlin sur ce à quoi pourrait ressembler une solution diplomatique.Depuis son rachat, le réseau social X est aussi plus que jamais le terrain de jeu des propagandistes russes qui tentent d’influer sur l’élection présidentielle américaine et de miner le soutien à l’Ukraine. Elon Musk a tout misé sur Trump : « S'il perd, je suis foutu », reconnaissait-il en riant début octobre.
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