Le 14 mai 1610, François Ravaillac, un obscur trentenaire, assassine Henri IV, le « Bon Roi Henri », rue de la Ferronnerie à Paris. Trois coups de couteau suffisent pour éteindre la vie du roi. Mais Ravaillac, loin de fuir, se laisse arrêter, convaincu qu'il sera applaudi par la foule. Pourquoi cet acte ? Les guerres de religion entre catholiques et protestants offrent une explication, mais est-elle suffisante ? Ravaillac, étrange figure entre folie et conviction, inaugure une lignée de tueurs solitaires, de figures inquiétantes qui fascineront l’Histoire. Ni « homme infâme » de Foucault ni légende glorieuse, il est un entre-deux, un personnage trouble dont l’histoire semble tout droit sortie d’un conte fantastique. Voici l'histoire extraordinaire de François Ravaillac, l'homme qui tua le roi. Nouvel épisode de L'empire n'a jamais pris fin, par Pacôme Thiellement.
"La dernière fois à ce jour que Rabelais s’est retrouvé au centre du débat public, c’est le 4 janvier 2022, quand notre petit Jupiter de Wish a dit qu’il avait « très envie » d’« emmerder » ceux qui ne voulaient pas se vacciner. S’il ne s’agissait que d’eux. Sa femme Brigitte l’a défendu huit jours plus tard au JT de TF1 en disant qu’en tant qu’ancienne professeur, elle avait « enseigné Rabelais » et qu’il avait, lui aussi, un « langage fleuri ». C’est vrai. Mais Rabelais n’est pas du côté de Macron, certainement pas, même pour arroser les fleurs de son langage. Rabelais emmerde tout ce qu’il représente. Tous les autoritaires. Tous les autocrates. Tous les outrecuidants. C’est, encore aujourd’hui, le plus sûr adversaire de toute sa politique foireuse. Car : « À cul de foirard, toujours abonde merde. »" Bienvenue dans l'Empire n'a jamais pris fin, saison 2, épisode 1.
Au revoir la France. Bye Bye Love. Pays finito. The End. Nous sommes au XVe siècle, après 1420 et le Traité de Troyes. Affamée, épuisée, livrée au pillage, rançonnée par les bandes armées, ravagée depuis plus d’un demi-siècle par les guerres et les épidémies, la France est sur le point de crever. Bye-Bye France. Pays finito. Ou pas loin. Tout le monde ou presque s’attend à une annexion pleine et entière sous peu. Surtout à partir du moment où la ville d’Orléans est, à son tour, assiégée en octobre 1428. Avant de mourir, le roi Charles VI, lui-même ravagé, et sa femme Isabelle de Bavière ont abjuré le « soi-disant dauphin », leur propre fils, Charles VII, qui se considère quand même comme roi mais qui ne règne plus sur grand-chose. Par dérision, Anglais et Bourguignons l’appellent désormais « le roi de Bourges ». Il n’a plus un kopeck et dépend du bon-vouloir de prêteurs pour financer la défense de ses derniers territoires. C’est à partir de ce siège, au milieu de cette misère, qu’apparaît Jeanne. Une femme très jeune au milieu d’un monde d’hommes très vieux. Une justicière contre l’oppression. Une personne courageuse au milieu d’un monde de lâches. Une enfant de génie au milieu d’un monde d’adultes stupides et prétentieux. Une visionnaire généreuse au milieu d’un monde de calculateurs méprisables. Une inspirée, autant dire une illuminée. Traitée de putain et de sorcière par les Anglais, d’hérétique par l’Église alliée à l’Université et abandonnée par le roi même du royaume qu’elle a sauvé. Jugée schismatique, apostate, menteuse, devineresse, suspecte d’hérésie, errante en la foi, blasphématrice, brûlée puis récupérée ensuite pour la gloriole, béatifiée en 1909, canonisée en 1920 et désormais utilisée depuis un demi-siècle pour servir à un combat complètement étranger au sien. Ce n’est pas la première et ce ne sera pas la dernière. Mais c’est la plus célèbre. Une vraie star. Et c’est la plus bouleversante. Aimable sans conditions, sans limites, comme on peut aimer L’Iliade, Jésus, les « Cathares » ou la poésie de François Villon. Jeanne, c’est la France qu’on peut aimer. La France du mépris des conventions et de la révolte contre l’oppression. La France des visionnaires et des poètes. La France de la justice. Une France qui, comme l’autre et contre l’autre, la France de la force, continuatrice de l’Empire, n’a jamais pris fin." Auteur : Pacôme Thiellement Réalisation : Mathias Enthoven, Ameyes Aït-Oufella Montage : Ameyes Aït-Oufella Son : Baptiste Veilhan Graphisme : Morgane Sabouret, Diane Lataste Production : Hicham Tragha Directeur des programmes : Mathias Enthoven Rédaction en chef : Soumaya Benaïssa Directeur de la publication : Denis Robert Avec l’aide inestimable de l’historien Raphaël Carbonne.
"L’Histoire ressemble à un de ces parcs d’attractions à l’abandon qu’on découvre au détour d’un coin de campagne perdu. La grille n’a pas été suffisamment bien fermée, on entre en forçant un peu, et on se promène entre les baraques foraines dévastées et des jeux qui naguère furent populaires mais qui ont cessé de fonctionner. D’un côté, on voit des statues de grands hommes : conquérants, empereurs, héros. Des statues qui étaient animées et qui ne le sont plus. Des automates rouillés. De l’autre, on a des jeux d’obstacles où les populations en détresse étaient emportées malgré elles dans des circuits qui partaient à pleine vitesse dans des pièges : guerres, famines, épidémies. Pièges qui devaient être évités à la dernière seconde, mais ne le furent pas toujours. Autant d’Apocalypses qui furent vécues à chaque fois localement et ponctuellement. Autant d’innocents sacrifiés pour qu’une société pourrie se perpétue. Et soudain, comme dans un récit fantastique ou un film d’horreur, les jeux se remettent en marche tous seuls. Les grands hommes s’animent comme des zombies. Les véhicules repartent à pleine vitesse dans leurs circuits. L’Empire n’a jamais pris fin." Avec l'aide précieuse de l'historien Raphaël Carbonne.
L’Empire n’a jamais pris fin. C’est une phrase qui est apparue dans un rêve de l’écrivain de science-fiction Philip K. Dick. Il était dans une librairie et il cherchait des vieux numéros d’une revue nommée : L’Empire n’a jamais pris fin. S’il réunissait toute la collection, l’histoire politique et spirituelle de l’humanité serait enfin lisible. Nous pourrions sortir de l’amnésie, de la « prison de fer noire ». Philip K. Dick savait quel sens symbolique avait ce titre, L’Empire n’a jamais pris fin. Il l’écrira dans L’Exégèse, ce journal rédigé toutes les nuits de 1974 à sa mort en 1982 : « Rome a toujours été là, est et sera toujours là. Le christianisme que nous voyons de manière exotérique est en réalité romain, infiltré par Rome. » C’est même Rome au carré. César deux points zéro. Puisque, infiltrant le christianisme, l’Empire allait faire passer son entreprise de domination pour une aventure spirituelle. Et ses conquêtes matérielles pour des combats du Bien contre le Mal. « On juge l’arbre par ses fruits » a dit Jésus. Cette parole, lorsqu’on doit l’appliquer à celle qui s’en est prétendue l’héritière légitime, l’Église, fait mal. Si on doit juger l’Histoire de l’Église et celle de la France, sa « fille aînée », non par ce qu’elles disent d’elles-mêmes mais par ce qu’elles ont fait, l’arbre n’est pas plaisant à voir. C’est le moins qu’on puisse dire. Cette alliance, nouée lors du baptême de Clovis à la fin du Ve siècle, devait culminer au XIIIe dans un crime que la France et l’Église réaliseront en commun : La Croisade contre les Albigeois. Le massacre de ces hérétiques que l’on a dit « cathares » et la conquête des territoires des seigneurs qui les protégeaient. S’il fallait un seul événement pour démontrer que l’Empire romain, neuf siècles après sa fin apparente, n’avait cessé de dominer le monde, ce serait celui-là. Comme dit Simone Weil : « On peut trouver dans l’histoire des faits d’une atrocité aussi grande, mais non plus grande, sauf peut-être quelques rares exceptions, que la conquête par les Français des territoires situés au sud de la Loire, au début du XIIIe siècle. » Ce qui va suivre est de l’Histoire et n’en est pas. Pas vraiment. Pas seulement. Parce qu’un tel récit déborde de sa seule réalité historique. C’est un événement d’une autre nature. Ce récit de chevaliers français et d’inquisiteurs catholiques exterminant des « hérétiques » situés dans le Sud-Ouest est aussi l’histoire d’un monde parallèle. Un monde étrange et familier, avec une mentalité si moderne qu’elle nous semble presque anachronique et une mythologie qui semble venir de loin, de très loin, dans le temps comme dans l’espace, et dont on se demande comment elle a pu coexister avec la France chrétienne médiévale. Car avec eux, auprès d’eux, se continue imperturbablement pour nous la Geste secrète des Sans Roi. L’Extermination des Cathares n’est pas seulement un épisode sanglant, c’est un récit mystérieux. Il nous emporte, qu’on le veuille ou non, sur une autre rive. Il se situe, comme ces hommes qui furent tués, de l’autre côté du miroir de l’Histoire. Avec la collaboration philosophique de Franc Bardou.
"La France, qui n'a pris ce nom qu'à partir de 1190 environ, n'a jamais été composée de Francs, sauf son gouvernement, ses dirigeants, ses chefs. La France est un pays de non France occupée, dirigée, gouvernée par une bande de Francs. La France est née comme un territoire occupé et elle l'est toujours. Elle n'a pas cessé de l'être. Les commencements de l'histoire de France font de celle ci une histoire de deux conquêtes et occupations successives, l'une administrative par les Romains, suivie d'une autre exécutive par les Francs. Un jour donc, nous sommes devenus la France. Mais qu'est ce que ça veut dire ? C'était qui les Francs ? C'est quoi un franc ? Et tout d'abord, qui était le premier d'entre eux, le premier roi de tous les Francs, Clovis ?" Erratum : À 8:59 : Aurelius Victor évoque deux hommes nommés Aelianus et Amandus, qui ont « levé en Gaule une troupe de paysans et de brigands (les habitants les appellent les Bagaudes) ». À 51:40 : La femme d’Hector n’est pas Antigone, mais Andromaque.
Bienvenue dans L’Empire n’a jamais pris fin. Je m’appelle Pacôme Thiellement. Je ne suis pas historien. Je suis exégète. « Si vous n'aimez pas mon histoire de France, écrivez la vôtre. » Le roman national ment. L’identité française ne résulte pas de l’alliance de la bravoure gauloise et de l’administration romaine, le tout couronné par la bonté chrétienne. Pas seulement. Non seulement la France n’a pas seulement été gauloise et romaine, mais la France n’a pas seulement été chrétienne. Même dans son rapport à Jésus. Même dans son rapport à Jésus, le roman national ment. Par omission. Par oubli. L’histoire qui suit se situe à la fois après la mort de Jésus à Jérusalem, un siècle et demi plus tard à Lyon, et au IVe siècle après le baptême de l’Empereur Constantin, alors que le christianisme devenait la religion officielle de l’Empire. Ces trois moments sont indissociables. Ces trois moments nouent entre eux des relations qui donneront un fruit très particulier dans l’avenir. C’est une histoire qui frappe très mystérieusement à la porte de notre temps. Le sujet de cette histoire est l’amour. Et, au cœur de cette histoire, il y a une femme : Marie-Madeleine
Bienvenue dans L'Empire n'a jamais pris fin, épisode 1 : Jules César, l'homme qui nous inventa.Une histoire de France dont vous êtes le héros présentée et réécrite par Pacôme Thiellement. "Je ne suis pas historien, je suis un exégète. Et si vous n'aimez pas mon histoire de France, écrivez la vôtre. "
Le roman national ment, la France n'a jamais été chrétienne. Si l'on parle d'une manière d'être et de vivre, qui soit la mise en pratique collective de la parole d'un certain Jésus, né à Nazareth, la France n'a pas été plus chrétienne que le christianisme n'a existé. Bienvenue dans l'Empire n'a jamais pris fin, épisode 2, Jésus contre le christianisme. Une histoire de France dont vous êtes le héros présentée et réécrite par Pacôme Thiellement. "Je ne suis pas historien, je suis un exégète. Et si vous n'aimez pas mon histoire de France, écrivez la vôtre. "