DiscoverBlast - Zoom arrière avec Denis Robert
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Blast - Zoom arrière avec Denis Robert
Author: Denis Robert, Blast, le souffle de l’info
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© Blast, le souffle de l’info
Description
Retrouvez une série d'entretiens animée par le journaliste Denis Robert.
Bienvenue sur les podcasts de Blast, le souffle de l’info. Un média indépendant créé pour redonner du souffle à l'information. Blast vous propose un autre regard sur l'actualité à travers des reportages, des décryptages, des enquêtes et des entretiens que nous avons décidé de convertir ici en podcast. Notre ambition, devenir votre média de référence et ainsi peser dans la bataille de l’information qui s'annonce et qui sera décisive.
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40 Episodes
Reverse
Professeur de Philosophie à l'Université de Moncton - Campus de Shippagan- dans la province du New Brunswick, grand ouest canadien, Alain Deneault revient en France pour la sortie de son dernier ouvrage « Faire que » (Lux éditeur). Deux cent pages de jus de crâne partant d’un constat édifiant : « Face à l’inouï, on ne peut comparer la situation à rien. Comme l’« ambiance » et l’« atmosphère », qui désignent à la fois un état d’esprit collectif et, respectivement, l’environnement et les fluides gazeux entourant la planète, le terme « climat » nomme une émotion sociale éprouvée sur le plan de l’intime, en même temps qu’un
moment météorologique. C’est un climat hostile. En l’état, désormais, il est inouï, ne correspond à rien, ne se raconte pas. Il nous échappe, nous hante, nous trouble, nous effraie. On ne parle que de lui mais en ne sachant plus comment. Ça chauffe. » écrit Deneault dans les premières pages de son livre. Le Monde est inouï. Le réchauffement climatique est inouï. Et notre avenir l’est tout autant.
Évoquant tour à tour l’addition énergétique sans fin que nous allons devoir payer, les holdups sémantiques qui de développement durable en écologie politique douteuse, nous empêchent de voir et de dire le réel, le philosophe juste sorti de son île canadienne atterrit à Blast pour nous livrer son angoisse sur un bon tiers de son livre et de son entretien, avant de réfléchir à la question : doit-on s’interroger sur ce que l’on doit faire pour sortir de l’impasse politique ou nous lancer très vite dans le « Faire que… » posé en couverture de son livre : Alors que faire ? « Changer de question », écrit Deneault qui s’appuie entre autres sur les travaux de Derrida et Nancy pour quitter la position stationnaire et contemplative qu’elle suppose et considérer sa contradiction fondamentale car demander « que faire ? » c’est déjà faire, c’est déjà muter. Le philosophe est donc venu pour essayer de réfléchir avec nous aux solutions. Et il parvient à nous convaincre. Ce qui était loin d’être évident. Avez-vous déjà entendu parler des bio-régions ? Non ? Cliquez sur le lien, écoutez Deneault interrogé par Denis Robert et voyez ce qu’on peut faire pour vous aider.
« Au Boulot ! » le film de François Ruffin et Gilles Perret sort cette semaine, l’occasion d’inviter à Blast ses deux réalisateurs. Le film – intéressant dans sa plongée d’une France au travail- repose sur la tentative d’embrigadement d’une jeune femme de droite, bourgeoise insupportable et pleine de préjugés vers des contrées plus riantes et humanistes. On suit donc « Sarah et les chics types », le voyage et l’amitié naissante de Ruffin le rouge et de Sarah la blonde, filmé par Gilles Perret le savoyard. Puisqu’on est dans les clichés, usons-en. Le film – qui sort dans 140 salles- part de cette envie très aguicheuse de voir une chroniqueuse intoxiquée par la doxa libérale, portant bijoux de luxe et sourire siglé CNews, expédiée dans une France au boulot. Une France d’ouvriers, de travailleurs jetables, de clients des Restos du cœur. Une France sur laquelle Sarah Saldmann crache (et c’est peu de le dire) à longueur de soirée sur les médias de Bolloré. Le duo Ruffin-Perret l’emmène pour un tour qui commence bien et finit en queue de poisson. Sarah disparait soudainement des radars sans qu’on sache vraiment si la greffe a pris. Mais ce n’est pas si grave, on a passé 90 minutes au cinéma à voir un film sur des français d’habitude invisibles. Comment est né ce film ? Qu’est devenue sa protagoniste ? Comment le député Ruffin concilie-t-il sa vie de politique avec celle de journaliste ? De quoi ce documentaire sorti dans 140 salles est-il le nom ? Cette conversation entre amis tente d’y répondre sans complaisance. On vit dans un monde de bruts, de faux prophètes, d’oligarques et de menteurs. Autant chercher un peu d’humour et de douceur…
Richard Zimler, romancier américain et professeur de journalisme vivant au Portugal, partage ses réflexions sur l'élection de Donald Trump et ses conséquences pour les États-Unis et le monde. Il exprime son choc et sa déception face à ce qu'il considère comme la fin du rêve américain d'égalité et de solidarité et ses inquiétudes concernant la polarisation croissante et excessive de la société américaine, les défis du système éducatif et médiatique, ainsi que les difficultés du Parti démocrate à convaincre les électeurs. Il souligne ses craintes pour l'avenir des droits civils et la politique étrangère américaine. Il évoque également la détresse de nombreux Américains progressistes et des minorités, ainsi que la possibilité d'une vague d'émigration vers des pays comme le Canada, le Portugal ou la France.
Il relève des différences notables de vote aux États-Unis en fonction du niveau d'éducation et de l'urbanisation. Les états et les comtés avec un niveau d'éducation plus élevé et les zones urbaines ont tendance à voter pour les démocrates, tandis que les zones rurales et moins éduquées favorisent les républicains. Il évoque également la polarisation croissante de la société américaine et les défis économiques auxquels est confrontée la classe moyenne, notamment en ce qui concerne l'accès à l'éducation supérieure.
Les problèmes du système éducatif américain inégalitaire et trop cher, la concentration des médias aux mains de milliardaires pro Trump et la propagation des fausses informations peuvent aussi expliquer l’élection. Selon lui, le Parti démocrate a échoué en raison sexisme des mâles du pays peu enclin à voter pour une femme. L'influence de la guerre à Gaza a aussi démotivé les jeunes électeurs, Kamala Harris étant trop positionné sur le soutien inconditionnel à Israël.
Il craint une régression des droits civils, notamment pour les femmes, les minorités et la communauté LGBTQ+, ainsi qu'une polarisation accrue de la société américaine.
Le Parti démocrate aurait dû se positionner plus à gauche pour gagner, dit-il. L’échec de la campagne tient aussi à l'incapacité du Parti démocrate à préparer en amont de Biden un candidat solide pour l'élection. « Le parti devrait analyser soigneusement cette élection pour mieux convaincre les électeurs moins éduqués et ceux des petites villes. » explique Richard Zimler qui exprime ses inquiétudes concernant l'impact potentiel de Trump sur la situation en Israël et en Ukraine, craignant qu’il ne soutienne les actions de Netanyahu et ne donne carte blanche à Poutine. Il partage le sentiment de peur et de dépression ressenti par ses amis américains. Richard exprime, pour finir, son soulagement de vivre au Portugal qu'il considère, plus que jamais, comme un refuge.
Cet entretien fait suite à la publication cette semaine en France d’un ouvrage de l’historien italien Enzo Traverso « Gaza devant l’histoire » aux éditions canadiennes LUX. Pas un hasard d’ailleurs, si l’auteur, professeur d’histoire ayant fait une partie de sa carrière en France et ayant migré à la prestigieuse université américaine de Cornell aux USA, a choisi un éditeur étranger pour publier ce que certains qualifieront aisément ici de brûlot. Tant l’ambiance en France est électrique. Le sujet-une relecture du massacre du 7 octobre à l’aune de l’histoire d’Israël- s’inscrit dans le contexte tragique de ce que Traverso qualifie dès le début du livre et de l’entretien de génocide. « L’attaque du Hamas du 7 octobre 2023 a fait l’objet, presque partout, d’une condamnation nécessaire et compréhensible. En revanche, la furie dévastatrice et meurtrière déchaînée par Israël au cours des mois suivants a suscité des réactions beaucoup plus mitigées, des prises de distance embarrassées mais toujours indulgentes, généralement bienveillantes. » prévient-il avant d’expliquer : « Tout le monde a compris que cette guerre marque un tournant, non seulement pour ses conséquences géopolitiques, mais aussi pour ce que les Palestiniens et les Israéliens représentent aux yeux du monde. Certes, aujourd’hui elle appartient au présent et nous ne sommes pas encore en mesure d’en écrire l’histoire… ». Avec cet entretien fleuve et passionnant de plus de deux heures, l’historien et son intervieweur tentent d’historiciser le massacre en cours en multipliant les sources et les références géopolitiques. La discussion, libre et érudite, fait du bien au moment où partout ailleurs dans les médias dominants, dès qu’on évoque un soutien aux Palestiniens ou qu’on nomme le génocide en cours, on est taxé par des esprits obscurs, étroits et souvent haineux, d’antisémites. Faites-vous votre opinion en vous connectant. Vous pourrez également lire sur le site de Blast un chapitre du livre d’Enzo Traverso qui éclaircit cette question de l’antisémitisme et de son avatar l’antisionisme.
Depuis l’élection d’Emmanuel Macron jusqu’à la dissolution de l’Assemblée nationale, il y a eu beaucoup de commentaires sur la « folie » d’Emmanuel Macron « artisan du chaos ».
Le ressentir et le dire est une chose ; analyser en quoi consiste cette pathologie au coeur du pouvoir en est une autre. C’est tout l’enjeu du patient travail du sociologue et chercheur au CNRS Marc Joly, auteur d’un formidable essai à paraitre la semaine prochaine « La pensée perverse au pouvoir » (Anamosa éditeur), dont en plus de cet entretien, Blast publie les bonnes feuilles. Articulant l’enquête sociologique et la psychanalyse, en particulier à partir du travail du psychiatre et psychanalyste Paul-Claude Racamier, il dévoile ici, dans cet entretien savant, méticuleux, passionnant et inédit ce qui est effectivement en jeu en France aujourd’hui: une folie narcissique et une perversité accomplie qui rejaillissent sur et maltraitent tout un peuple. Accrochez vos ceintures, ce zoom arrière vertigineux permet de comprendre ce qui nous est arrivé et ce qui va encore nous prendre en traitre. Cœur sensible ou macroniste s’abstenir.
A l’occasion de la sortie de la formidable bande dessinée « Carcajou » (dessin Djilian Deroche, éditions Sarbacane), Denis Robert reçoit Boris Dolivet alias El Diablo son scénariste. L’occasion d’évoquer avec lui la vie au canada, la comparaison entre l’humour français et l’humour québécois et le regard d’un exilé sur la situation politique en France. L’émission a été enregistrée la veille du premier tour des législatives. Mais c’est surtout du carcajou, l’animal le plus glouton du Canada, qu’il va s’agir ici. Il donne le nom à cette histoire qui se déroule à la fin du 18ième siècle pas loin d’Alberta, dans le grand nord canadien. Là où il fait très froid, où les indiens se font plumer et où règne Jay Foxton un patron raciste et corrupteur qui veut faire la peau de tout ce qui lui résiste à commencer par Gus Carcajou, un vieil ermite qui possède une mine d’or sous laquelle gît du pétrole...
« Qui va lire un bouquin qui parle de nous ? » me demande Vanessa, employée trentenaire résidant dans l’un des cantons dépeuplés du Grand-Est de la France. Elle est habituée à ce qu’on ne sache pas situer son département sur la carte, à ne pas revendiquer de « racines » régionales particulières, à ne pas faire ni entendre parler de là où elle a grandi, ni à voir, dans les médias ou dans les lieux de pouvoir, de personnes qui ont un parcours ou ne serait-ce qu’un accent similaire au sien. Ce « bouquin qui parle de nous » porte en effet sur les jeunes adultes qui vivent dans ce que l’on a coutume d’appeler dorénavant la « France périphérique».
Ainsi commence l’essai du sociologue et ethnographe Benoit Coquard « Ceux qui restent » (Editions la Découverte) qui porte comme sous titre « Faire sa vie dans les campagnes en déclin »
Le livre sert de support à cet entretien passionnant entre Denis Robert et Benoit Coquard qui éclaire, d’une lumière douce mais précise, les zones d’ombre de cette France des campagnes, cette France des délaissés, des « cassos » et du travail au noir.
On est dans le Grand est où le sociologue a vécu entre 2010 et 2018 pour faire ses recherches sur la France populaire qui a toujours voté à droite, mais qui aujourd’hui s’est déportée en très grand nombre vers l’extrême droite. « Être du coté des gens bien, c’est voter à droite » dit un des protagonistes qui se déclare « 100% Le Pen » et pourrait ajouter « Les gauchistes c’est des branleurs » ou « ceux qui ne travaillent pas ne valent rien » . Entre nostalgie d’un passé révolu, apéro pastis-whisky qui dure, fermeture des bistrots, photo de Bardella sur le frigo, travail au noir et repli sur soi, on trouve aussi de la fierté, de la solidarité et la réminiscence des gilets jaunes. Mais de moins en moins de service public. A travers ceux qui restent et ceux qui partent des périphéries, on comprend mieux comment et pourquoi le Rassemblement national pousse et grimpe d’élection en élection, sans trop d’efforts…
Photo de couverture : Alexa Brunet
« Malheur à la ville dont le prince est un enfant » : C’est le titre du dernier ouvrage de Jean-François Bayart, sociologue et professeur à l’IHEID de Genève.
Il campe bien le trouble du double quinquennat d’Emmanuel Macron que nous subissons depuis sept ans et qui trouve en ce début d’été une petite apocalypse avec la dissolution de l'Assemblée nationale et le score très élevé de l’extrême droite en France. De Benalla au désastre de l’enseignement supérieur en passant par le traitement des migrants ou des gilets jaunes, JF Bayart revient avec Denis Robert sur les épisodes marquants de la présidence de cette république en marche arrière. Nous glissons vers le chaos et une dictature à la Victor Orban, alerte notre invité qui critique beaucoup la faiblesse des journalistes et des corps intermédiaires anéantis par ce prince capricieux et mentalement dérangé que les français ont placé à l’Elysée. Par leur plus grand malheur...
Alain Gresh, ancien rédacteur en chef du Monde Diplomatique et aujourd’hui Orient XXI publie ces jours ci « Palestine, un peuple qui ne veut pas mourir » (Les Liens qui Libèrent), livre écrit dans l’urgence avec un besoin vital de mise en perspective. Denis Robert le reçoit pour un zoom arrière guerrier, combattif, décalé (par rapport à l’actualité) et vivifiant sur le conflit (terme neutre) entre israéliens et palestiniens. Chaque mot compte en ce moment et c’est la première vertu de cet échange spontané, lucide voire lumineux autour de Gaza, des horreurs de Gaza, de ce moment d’histoire qui pourrait faire basculer la planète. La peur est-elle le moteur de cette haine entre deux peuples ? Comment expliquer la barbarie ? Quelle est la réalité chiffrée du 7 octobre ? Quelle issue pour les Gazaouis ? Comment comprendre la faiblesse et l’absence de compassion des médias français à l’égard des palestiniens enfermés à Gaza ? Qui est Olivier Rafowicz ? Pourquoi Caroline Fourest et David Pujadas sont ils si nuls ? Le Hamas est il le parti du Diable ? Bibi peut-il tenir? Biden va-t-il continuer à vendre ses armes à Tsahal ? La judéité est-elle compatible avec l’État d’Israël ? Comment et vers où se projeter ? Voilà quelques unes des questions auxquelles cet échange cherche à répondre. Pour ceux qui traquent des références et des articles à lire pour nourrir ces réflexions, connectez-vous sur le site de Blast ou sur celui Orient XXI. On essaie d’informer sans haine, sans passion excessive et en toute indépendance (de corps et d’esprit).
A qui appartient un média ou un journal ? Quand on est BFM, les Echos ou Paris Match, facile : à un milliardaire dont les intérêts sont très éloignés du journalisme. Quand on est une radio ou une chaîne du service public d’informations, comme son nom l’indique, on appartient aux citoyens français même si (et c’est tout le problème) le gouvernement et donc la majorité politique se substitue au peuple pour lui faire avaler de jolies couleuvres. Nous venons de parcourir 95% de l’échiquier. Restent les médias indépendants qui appartiennent à leurs abonnés, actionnaires ou sociétaires. Et le Canard enchaîné. Le vieux Canard enchaîné né en 1915. Le Canard n’appartient ni à ses lecteurs, ni à ses abonnés, ni à un milliardaire, ni à ses actionnaires. Le Canard, fort d’un joli tas d’or de plus de 130 millions d’euros, appartient à … un sac de nœuds. Au-delà de l’affaire Escaro, du nom du dessinateur qui a fait salarier son épouse, pour vendre ses parts au duo Michel Gaillard-Nicolas Brimo- à la tête du Canard depuis des lustres, c’est toute la question de cette propriété du titre qui sert de fil rouge à cet entretien décapant. Christophe Nobili est une plume du Canard, on lui doit plusieurs révélations dont celle de l’emploi fictif de Pénélope Fillon qui a fait exploser le casting de la présidentielle de 2017. C’est justement en raison de cette affaire Fillon que Nobili s’est battu, au début seul, à l’intérieur du Canard pour comprendre pourquoi Edith Escaro, l’épouse du dessinateur, possédait une carte de presse et bénéficiait d’un emploi fictif alors qu’elle n’était pas journaliste et n’avait jamais mis un pied au Canard. « On ne peut pas dénoncer Fillon et faire la morale à la Terre entière et faire la même chose que ce qu’on dénonce en interne » explique le lanceur d’alerte. C’est le début de l’affaire du Canard. Celle qui lézarde aujourd’hui la vénérable institution et fait s’affronter deux camps…
Après le succès improbable de sa « Mafia d’État », record d’audience sur Blast en décembre 2021 avec plus de 2,7 millions de vues ( https://www.youtube.com/watch?v=EveWWX3fB2M&t=1483s )
Vincent Jauvert nous revient avec un livre plus mince mais tout aussi édifiant sur une autre mafia : celle des espions russes, plus précisément tchèques. En l’occurrence, une dizaine d’agent de la StB (sureté d’Etat tchèque) ont occupé les bureaux de l’ambassade de Tchécoslovaquie à Paris pendant une trentaine d’années jusqu’à l’arrivée de Vaclav Havel au pouvoir en 1989. Trente années pendant lesquelles, ils ont servi de bras armés et d’oreilles informées au grand frère russe. Vincent Jauvert, jeune retraité de l’Obs, a eu la bonne idée d’aller fouiller les archives rendues récemment publiques de la cellule française des services secrets tchèques. Le résultat est instructif et plusieurs journalistes et éditorialistes ayant trusté les journaux et les plateaux télé dans ces années-là se retrouvent rattrapés par la patrouille Jauvert. De Gérard Carreyrou à Paul Marie de la Gorce, en passant par un ex rédacteur en chef du Canard Enchaîné ou un couple de policiers prêts à vendre leur pays contre quelques roubles, le livre et la conversation fourmillent d’anecdotes et d’histoires singulières qui nous font revisiter le passé récent en nous inquiétant pour le présent et l’avenir. Comment ferrer un reporter de Libé ou une speakerine de TF1 ? Facile quand on est tchèque et un peu dégourdi. De la course à l’armement à la dissuasion nucléaire en passant par la diplomatie française ou les coulisses de l’Otan, les agents dormants, les flics corrompus ou les journalistes en vue à la solde de Moscou, nous guettent et nous infiltrent…
Comme tout film indépendant et politiquement peu correct, ce doc est difficile à financer. Une cagnotte est ouverte et les détails de l’opération d’appel à dons se trouvent ici : https://www.cp-productions.fr/boutiqu...
Sur demande de Pierre Carles ainsi que C-P Productions nous avons du dans l'urgence après publication de notre entretien procéder à des coupes intempestives. Elles concernent uniquement les extraits du long-métrage inédit « Guérilla des FARC, l’avenir a une histoire » (2024). Pierre Carles et sa productrice préfèrent en effet réserver la primeur de leurs images aux salles de cinéma.
« Si Blast a envie de consacrer une émission à l’histoire de Georges Ibrahim Abdallah, je peux éventuellement venir en parler sur votre plateau" C’est ainsi que Pierre Carles a abordé Denis Robert pour lui proposer cette rencontre hors du temps autour de ses films. Le meilleur étant le dernier, celui qui n’est pas encore tourné et qui est en mal de financement. Le réalisateur qui a démarré à la télévision à la fin des années 80 chez feu Bernard Rapp dans son « assiette anglaise » a très vite bifurqué vers des documentaires subversifs et critiques envers les médias et les hommes de pouvoir. Depuis « Pas vu, pas pris » et « la sociologie est un sport de combat », Pierre Carles n’a cessé de rêver de cinéma et doc au long cours. A peine après avoir fini le dernier autour des Farc, le groupe communiste clandestin en guerre pendant 40 ans contre les riches propriétaires colombiens qu’il reprend sa caméra pour raconter l’histoire de la plus grande fake news politico-judiciaire du siècle écoulé : l’arrestation et l’incarcération depuis 40 ans d’un militant révolutionnaire libanais accusé d’attentats qu’il n’a pas commis. Le point commun entre les deux documentaires, l’emploi abusif du qualificatif « terroriste », une étiquette qui empêche trop souvent la raison de s’exercer, notamment dans les médias. Georges Ibrahim Abdallah est ainsi devenu le plus ancien prisonnier
de la guerre israélo-palestinienne. Il existe toute une série d'explications à cette durée l'incarcération hors-normes que le film-enquête « Who wants Georges Abdallah in jail ? » passera en revue, en pointant du doigt les principaux responsables de cette affaire : le gouvernement des Etats-Unis au premier chef, mais aussi certains hommes politiques français, magistrats et responsables de l’information ayant laissé faire, quand ils n’ont pas contribué activement à cette mise aux oubliettes.
N’hésitez pas à partager ce zoom arrière entre jungle et prison et à faire circuler l’information…
« La boxe est une affaire sérieuse. Ça n’est pas du divertissement. J’ai grandi avec ces directives, synthétisées dans un mantra simple qui sonne comme un vieux proverbe shaolin : « On joue au foot, on joue au basket, on joue au tennis, mais on ne joue pas à la boxe, on la pratique. » » écrit Médine en préface du livre de Selim Derkaoui « Rendre les coups, boxe et lutte des classes (édition le passager clandestin) ».
« Pourquoi Selim écrit Rendre les coups, ça, je devine. Par fidélité. Pour ne pas trahir.
Pour marquer que, même s’il est passé de l’autre côté du périph, même s’il est devenu intello et parisien, il maintient le lien, avec son père, avec sa mère et ses sœurs, avec ses pairs, avec tous les ouvriers du ring et d’ailleurs. Par la boxe, c’est un livre d’amour, au fond. Et Selim ne rend guère de coups, ici : il rend plutôt, par la plume, l’amour, l’affection, la tendresse qu’il a reçus. » gratte François Ruffin en post face.
Entre les deux, un récit d’une grosse centaine de pages qui raconte la boxe des campagnes et surtout des banlieues, la sueur et les coups portés, un voyage qui aide à avoir moins peur, le sport des noirs et des arabes, la relation d’un père et d’un fils. Un livre politique et vivifiant qui nous fait voyager entre rap et cinéma, Saint Denis et la Normandie, les galas du samedi et les paillettes de Canal Plus. « À quel moment un membre des classes dominantes décide de pratiquer un sport alors qu’il n’a aucune raison objective de le pratiquer ? À quel moment souhaite-t-il se mettre dans la peau d’un homme qui joue sa vie sur le ring ? » se demande, la championne de boxe Aya Cissoko, interrogée par Selim. Bonne question à laquelle le livre et l’entretien mené ici dans ce Zoom arrière de gala par Denis Robert tentent de répondre. Principal cogneur sur le ring de Blast Christophe Dettinger, l’ancien champion de France des lourds qui a eu le malheur de croiser voici cinq ans, sur un pont de Paris, des gendarmes derrière leurs boucliers, tabasseurs de gilets jaunes. Lui n’avait que ses points et son courage pour défendre sa cause. On lui a fait payer très cher cet héroïsme-là. Rendre des coups. C’est ce que raconte cet entretien de lutteurs très classes.
Fin janvier 2019, parallèlement au lancement de ses grands débats qui visaient à contrer la colère montante des Gilets jaunes, Emmanuel Macron a invité les Français à écrire leurs doléances dans des cahiers à déposer en mairie, préfecture ou sur un site Internet dédié. Deux millions de Français se sont prêtés à l’exercice, donnant ainsi une photographie multiforme, émouvante, revendicative, politique, intime du pays. Le président avait promis une restitution, un retour officiel et circonstancié dès sa série de grands débats achevée. Et puis ? Et puis rien, aux oubliettes de la République, les doléances…
C’était compter sans deux irréductibles gaulois : le maire d’une petite ville de l’Oise, Fabrice Dalongeville, et une réalisatrice particulièrement opiniâtre, Hélène Desplanques, se sont mis en route et ont arpenté les ronds-points et les caves des archives départementales, des bibliothèques et des préfectures pour retrouver ces missives oubliées. Cela donne un documentaire puissant, un road-movie sensible produit par les films XIII (merci à eux) que diffusent conjointement en février les antennes de France 3 Île-de-France et Aquitaine. Et que chacun peut découvrir en replay ici : https://www.france.tv/france-3/paris-.... Son titre « Les doléances » tout simplement.
Cela donne aussi ce zoom arrière pétaradant qui pourrait réveiller une République macronienne très endormie.
Depuis quelques jours, le documentaire de Gilles Perret cartonne au cinéma. Le cinéaste savoyard - après avoir traité de la Sécurité sociale, du conseil national de la résistance, et s'être essayé à la fiction - a planté sa caméra à quelques mètres de chez lui à Quincy, petit village de Haute-Savoie, pour y filmer au fil des saisons la ferme de ses voisins : les Bertrand. Le film est construit sur le mélange de trois époques. Il démarre quand trois frères héritent de la ferme paternelle. Il se poursuit en 1997 quand les trois frères cèdent leur centaine d'hectares et leur troupeau de vaches laitières à leurs neveux. Il s'achève de nos jours quand la mère d'un des neveux prend sa retraite et quand arrive à la ferme un robot qui trait et nourrit les vaches. La magie du film tient à ce fil ténu qui traverse le temps et les générations. Un amour de la terre et de la montagne habite chaque personnage. Comment l'innovation technologique et les quotas laitiers ont pu sauver la ferme des Bertrand ? Comment transmettre son savoir avec générosité ? Comment ne pas tomber dans l'abus de production et trouver le juste équilibre pour nourrir le mieux possible son bétail et ses proches ? Le film, sans jamais être partisan ou démonstratif, répond à ces questions et donne un éclairage doux et lumineux sur la crise agricole. Son réalisateur, ami de Blast, revient dans nos studios pour témoigner de son travail et donner quelques idées qui vont à contre courant de l'appel à la dérégulation tous azimuts. Ce n'est pas en produisant plus et en restreignant les règles qu'on avancera en ce bas monde. Les Bertrand, grâce au prix du lait âprement négocié à la hausse (pour fabriquer le Reblochon) ont pu gagner la partie. Une norme contraignante, l'AOP (Appellation d'origine protégée) les a sauvés. Le contraire de ce que déblatèrent syndicalistes paysans majoritaires et journalistes des chaînes tout info. Heureusement qu'il y a Blast, Gilles Perret et la ferme des Bertrand pour remettre le réel au milieu du village.
« Il faut prendre les mots au sérieux » glisse à un moment de ce passionnant entretien Olivier Mannoni. Les mots, c’est la matière principale de ce germanophile qui depuis trente ans décrit et traduit inlassablement la montée du nazisme, son avènement et sa chute. Cet entretien fait suite à la première rencontre en juin 2023, entre le traducteur de « Mein Kampf » et Denis Robert. Nous les avions laissés dans les méandres de la folie collective ayant mené Hitler et de ses lieutenants, Goering, Himmler, Rosenberg, à la victoire. Une guerre des mots, une mise au ban permanente de l’étranger et du bobo, une gauche honnie et inconsciente du mal qui ronge le pays : nous revenons avec les deux hommes au présent, à la guerre au Moyen-Orient, à la France du Macro-Lepénisme, et aux Palestiniens devenus des « animaux humains », selon un ministre de Benjamin Netanyahu. Les deux protagonistes reviennent sur six mois d’actualité en se frottant les yeux. Nous reprenons la conversation où nous l’avions laissée, à ce moment où le retour du religieux semble obscurcir les esprits et le vocabulaire. Et si le cauchemar revenait ? s’inquiète le traducteur d’Hitler. L’arrivée de l’extrême droite en Argentine, au Pays Bas, la loi immigration en France, les propos récents de Trump qui veut éradiquer ceux qui ne pensent pas comme lui : Olivier Mannoni est attentif à tout ce que publient et diffusent les médias. En particulier les radios. Il prépare un livre sur le sujet. Son thème, les mots et comment on les déforme pour arriver à des guerres. Vers la fin, comme seule issue, Mannoni insiste sur la nécessité d’un vrai débat intellectuel qui doit se réinstaller en France. Disons que ce Zoom arrière est une première porte ouverte vers ce débat…
Denis Robert reçoit Francesco Sebregondi, fondateur et directeur de Index. Une ONG d’investigation indépendante, à but non-lucratif, créée en France en 2020.
Ils enquêtent et produisent des rapports d’expertise sur des faits allégués de violence policière, de violations des libertés fondamentales ou des droits humains. Aujourd'hui Blast apporte son soutient à Index qui est en campagne pour continuer son travail. Ils ont besoin de vous.
Haby, jeune stagiaire à la mairie, très impliquée dans la vie de sa commune, découvre le plan de réaménagement du quartier dans lequel elle a grandi. Pierre Forges, un jeune pédiatre propulsé maire, prévoit la démolition de l’immeuble où Haby a grandi. Avec les siens, la jeune femme se lance dans un combat contre la municipalité pour empêcher la destruction du bâtiment 5… Trois ans après « les Misérables », déjà coécrit avec Giordano Gederlini, Ladj Ly se lance dans un nouveau film coup de poing et très politique. On quitte l’affrontement avec la police pour pénétrer l’univers trouble et violent d’une ville de la ceinture parisienne. Décrit par la presse de droite et d’extrême droite comme manichéen et teinté d’un racisme anti-blanc, le film a tapé dans l’œil de Denis Robert qui lâche ses éditos et ses entretiens avec des chercheurs ou des écrivains pour recevoir le réalisateur et son scénariste. Une petite heure de conversation où Ladj et Giordano reviennent sur leur écriture, la genèse du film et son inscription dans la France de Le Pen et Zemmour. Bâtiment 5 est le meilleur antidote à la connerie ambiante et au racisme qui monte. Courez le voir après avoir maté cet entretien sous fumigène.
Des nombreux acteurs ayant participé aux guerres et aux négociations plus ou moins secrètes entre Israël et Palestine depuis une quarantaine d’années, Leïla Shahid est sans doute une des premières et une des dernières à pouvoir mettre un peu de lumière dans ce qui apparait de plus en plus obscur, manichéen et indéchiffrable. Ambassadrice dans de nombreux pays, déléguée générale de la Palestine, depuis son arrivée en Irlande en 1989 jusqu’à sa démission de l’Union européenne en 2015, la diplomate née à Beyrouth en 1949 a été de tous les combats aux côtés de Yasser Arafat, le président de l’OLP, puis sans lui après sa mort en 2004. Elle démissionne en 2015 car elle se sent inutile et désarmée pour amener la paix entre les deux États. Elle préfère alors s’investir sur un terrain plus culturel. Elle prend sa retraite en France du côté des Cévennes, non loin de Nîmes d’où elle a accordé cet entretien au long cours à Denis Robert. Le signal internet étant fluctuant, nous nous excusons de la piètre qualité de l’image. Mais peu importe au fond, le son est bon et le témoignage de Leïla Shahid, devenu rare, prime et vaut tous les cours d’histoire et de géopolitique.
La militante du Fatah, toujours active et très informée, revient sur son enfance libanaise et la genèse du conflit entre israéliens et palestiniens, sur le rôle du Qatar, la folie et la responsabilité de Benjamin Netanyahou et des suprémacistes juifs qui mènent le Moyen-Orient dans un mur, sur la couardise française et européenne, la duplicité américaine, l’économie gazaouie. Jamais, elle ne met en cause les peuples, ni les dirigeants politiques des deux camps dans leur ensemble, mais elle est sans pitié pour les leaders politiques racistes, corrompus, belliqueux ou guidés par la seule religion. « Personne ne sait ce qui s’est passé le 7 octobre » dit-elle, avouant un effarement face à l’attaque du Hamas dont elle a mis quelques jours à se remettre.
En janvier 2016, Leila Shahid avait accordé un roboratif entretien au CAIRN, la revue du CNRS sur lequel elle revient ici et dans lequel elle énonce : Les échecs du monde arabe depuis les indépendances conduisent actuellement au retour de la religion et à son instrumentalisation. En Palestine, on observe le même phénomène, ce qui constitue un réel problème car pour arriver à la création de deux États, il faut reconnaître l’altérité. Or, avec la religion comme cadre exclusif du politique, il n’y a pas d’altérité car sa reconnaissance passe nécessairement par la laïcité. Cette affirmation actuelle du religieux ne concerne d’ailleurs pas uniquement l’islam : elle concerne aussi certains juifs religieux qui exercent une influence croissante sur le pouvoir en Israël. Dans le monde arabe, le discours religieux est une réponse à l’échec de savoir penser l’altérité. Or, dans l’Empire ottoman, en Palestine et surtout dans le sandjak de Jérusalem on a vécu l’altérité entre juifs, chrétiens et musulmans pendant plusieurs siècles.
Sept ans avant l’attaque du Hamas et la riposte sanglante d’Israël, elle posait la question de fond qui occupe et obscurcit les esprits aujourd’hui. Quand la religion se mêle de politique, c’est la fin du politique.
« Le Hamas a été aussi dépassé par une population enragée » avance Leila Shahid. De la naissance et des dérives du parti islamique régnant sur Gaza, il sera beaucoup question ici. « Gaza a toujours été au cœur du mouvement palestinien. Et si vous pensez que les gens vont pouvoir oublier, vous vous trompez ». Elle revient sans cesse, comme une sourde lamentation, sur la nakba – la catastrophe- dont elle cherche l’issue. « Le seul espoir, c’est la jeunesse palestinienne » finit-elle par confier.
Aujourd'hui, Denis Robert reçoit l'éditeur Florent Massot et une membre du collectif de journalistes indépendants de Mr Mondialisation, à l'occasion de la sortie de leur livre "Vous êtes l'évolution" et de leur campagne de préventes sur KissKissBankBank :
https://www.kisskissbankbank.com/fr/p...
Mr Mondialisation est un site d'information qui partage des combats communs avec Blast, et c'est tout naturellement que nous avons donc voulu les aider et les recevoir afin de visibiliser leur campagne et leur travail, dont le livre qu'ils sortent, qu'on vous invite à le lire et à l'acheter pour ceux qui le peuvent et que ça intéresse, et pour ceux qui ne les connaissent pas, à aller découvrir leur excellent travail.
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