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Choses à Savoir - Culture générale
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Author: Choses à Savoir
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© Choses à Savoir
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Depuis quelques années, un phénomène surprend les observateurs : dans des manifestations aux quatre coins du monde, des pancartes, drapeaux et costumes inspirés de One Piece apparaissent. Le manga culte d’Eiichirō Oda, publié depuis 1997, est devenu bien plus qu’une œuvre de divertissement : il incarne aujourd’hui un symbole universel de résistance et de liberté.Au cœur de One Piece, on trouve l’histoire de Monkey D. Luffy, un jeune pirate au chapeau de paille qui rêve de trouver le trésor légendaire, le “One Piece”, pour devenir le roi des pirates. Mais ce rêve n’est pas motivé par la cupidité : Luffy cherche avant tout la liberté absolue, dans un monde dominé par un gouvernement mondial autoritaire et corrompu. Cette quête de liberté, associée à un profond rejet de l’injustice, a trouvé un écho dans les mouvements sociaux contemporains.Dans de nombreuses manifestations – à Hong Kong en 2019, en France lors des grèves contre la réforme des retraites, ou encore au Chili et en Iran – le drapeau à tête de mort du chapeau de paille est apparu comme un emblème de résistance populaire. Les manifestants y voient une métaphore claire : comme Luffy et son équipage, ils défient un pouvoir jugé oppressif, au nom de valeurs d’amitié, de solidarité et de courage.Le message de One Piece est d’autant plus puissant qu’il dépasse les frontières culturelles. Eiichirō Oda a toujours ancré son récit dans une critique subtile du pouvoir et de la censure. Dans l’univers du manga, le “Gouvernement mondial” contrôle l’information, efface les pages gênantes de l’Histoire et pourchasse ceux qui osent révéler la vérité — des thèmes qui résonnent fortement dans les sociétés où la liberté d’expression est menacée.De plus, les personnages de One Piece incarnent la diversité et l’inclusion : l’équipage de Luffy réunit des êtres aux origines, races et histoires radicalement différentes, unis par le seul idéal de vivre libres. Cette dimension universelle explique pourquoi le manga touche aussi bien les jeunes manifestants que les militants plus aguerris.En somme, One Piece est devenu un langage commun de la rébellion moderne. Derrière ses pirates colorés, il porte un message profondément humaniste : la liberté ne se quémande pas, elle se conquiert. En brandissant le drapeau de Luffy, les manifestants ne citent pas seulement un héros de fiction — ils rappellent que, face à l’oppression, chacun peut devenir le capitaine de sa propre révolution. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
Cela peut sembler absurde, mais c’est vrai : Apple a un jour recommandé de laisser tomber son ordinateur pour résoudre un problème technique. L’histoire remonte au début des années 1980, à l’époque de l’Apple III, l’un des plus grands échecs commerciaux de la marque — et un épisode fascinant de l’histoire de l’informatique.En 1980, Apple vient de connaître un immense succès avec l’Apple II. L’entreprise veut donc frapper encore plus fort avec une machine professionnelle, plus puissante et plus élégante. Le résultat : l’Apple III, présenté comme un ordinateur haut de gamme, conçu sans ventilateur (jugé trop bruyant) et sans ouvertures visibles, pour un design sobre et silencieux. Sauf que ce choix esthétique allait causer la perte de la machine.Rapidement après son lancement, les utilisateurs se plaignent de pannes étranges : l’ordinateur se fige, le texte à l’écran devient illisible, ou la machine refuse tout simplement de démarrer. Après enquête, les ingénieurs découvrent la cause : sans ventilation, la chaleur interne fait se dilater les composants. Or, les puces électroniques de la carte mère n’étaient pas soudées, mais simplement enfichées dans leurs supports. En chauffant, elles se soulevaient légèrement et perdaient le contact électrique.La solution officielle, consignée dans certains documents techniques d’Apple, a de quoi surprendre : pour rétablir la connexion, il suffisait de soulever l’ordinateur d’une dizaine de centimètres et de le laisser retomber sur une surface plane. Ce choc léger permettait de replacer les puces dans leur logement… jusqu’à la prochaine surchauffe.Cette “réparation par gravité” est devenue légendaire dans l’histoire de la marque. Elle symbolise à la fois l’audace et les excès d’Apple à ses débuts : vouloir un produit parfait sur le plan esthétique, quitte à en négliger la fiabilité technique.Malgré plusieurs révisions matérielles, l’Apple III resta un fiasco. Apple le retira discrètement du marché en 1984, après avoir vendu à peine 120 000 unités — bien loin du succès de son prédécesseur.Aujourd’hui encore, l’épisode de l’Apple III est cité dans les écoles d’ingénierie comme un cas d’école du compromis entre design et fonctionnalité. Et il rappelle qu’avant de devenir le géant du design technologique, Apple a aussi connu des débuts où la solution la plus “innovante” pouvait littéralement… tomber du ciel. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
C’est un paradoxe rarement évoqué : le mot « antisémite » est, en lui-même, porteur d’une erreur historique et linguistique qui reflète… une certaine forme d’antisémitisme. Autrement dit, le terme qu’on utilise pour désigner la haine des Juifs naît, à l’origine, d’un raisonnement biaisé et idéologiquement chargé.Tout commence à la fin du XIXᵉ siècle, en Allemagne, avec un journaliste nommé Wilhelm Marr. En 1879, il publie un pamphlet intitulé La victoire du judaïsme sur la germanité, où il popularise pour la première fois le mot Antisemitismus. À cette époque, Marr cherche à donner une apparence scientifique à la haine des Juifs. Il remplace donc les expressions religieuses comme « haine des Juifs » par un terme pseudo-ethnique, plus « moderne », inspiré des classifications linguistiques de son temps.Le mot « sémite » désigne alors non pas un peuple, mais un groupe de langues : l’hébreu, l’arabe, l’araméen, l’amharique… En théorie, les « Sémites » engloberaient donc aussi bien les Arabes que les Juifs. Parler d’« antisémitisme » pour désigner la haine des Juifs revient donc à faire une confusion grossière : il n’existe pas, biologiquement ou culturellement, de « race sémite ». Le terme est donc faux sur le plan scientifique.Mais ce glissement n’est pas innocent. Marr et les penseurs racistes de son époque utilisent ce mot précisément pour détacher leur haine du domaine religieux et la faire passer pour une opposition « rationnelle », « ethnique » ou « sociale ». Le mot « antisémite » naît donc d’une volonté de dissimuler l’idéologie antisémite sous un vernis de science. C’est pourquoi certains historiens et linguistes estiment qu’il est, dans son essence même, « antisémite » : il perpétue une idée forgée pour légitimer la haine.Ce paradoxe persiste encore aujourd’hui. Par habitude, on continue d’utiliser le mot « antisémitisme », car il est entré dans le langage courant et dans les textes juridiques. Mais beaucoup de chercheurs rappellent que, d’un point de vue sémantique, il serait plus juste de parler de “judéophobie” — un terme plus précis, qui désigne clairement l’hostilité envers les Juifs sans reprendre la terminologie raciale du XIXᵉ siècle.Ainsi, le mot « antisémite » est doublement révélateur : il désigne la haine des Juifs, mais il en porte aussi l’empreinte idéologique originelle, forgée pour rendre cette haine socialement acceptable. Un mot piégé, né d’une falsification linguistique, et devenu malgré lui un symbole de la dérive qu’il décrit. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
Les noms de famille n’ont pas toujours existé. Pendant des siècles, dans la plupart des sociétés, on se contentait d’un seul prénom. Mais quand les populations ont commencé à croître, il est devenu difficile de distinguer tous les “Jean” ou “Pierre” d’un même village. C’est alors qu’ont commencé à apparaître, dès le Moyen Âge, les noms de famille, d’abord en Europe, pour préciser l’identité d’une personne. Et la plupart de ces noms viennent de quatre grandes origines : le métier, le lieu, la filiation et une caractéristique physique ou morale.1. Les noms issus du métierC’est l’une des sources les plus courantes. On désignait les gens par ce qu’ils faisaient : Jean le Boulanger, Pierre le Charpentier, Jacques le Berger. Avec le temps, ces surnoms sont devenus des noms de famille transmis à leurs enfants. En France, on retrouve par exemple Boulanger, Marchand, Charpentier, ou Berger. En anglais, cela a donné Smith (forgeron), Baker (boulanger) ou Taylor (tailleur).2. Les noms liés à un lieuD’autres personnes étaient identifiées par leur origine géographique. On disait Marie de Lyon ou Guillaume du Bois. Ces mentions sont devenues des noms de famille : Delacroix, Dupont, Dubois, Deschamps. En Italie, on trouve Da Vinci (“de Vinci”, le village natal de Léonard). Ces noms reflètent souvent l’endroit où vivait l’ancêtre — un pont, un champ, une rivière — et servent encore aujourd’hui de témoins de l’histoire locale.3. Les noms patronymiquesCertains noms viennent directement du prénom du père. En France, cela a donné Martin, Henry, ou Laurent. Mais dans d’autres langues, on l’exprime plus clairement : en anglais, Johnson signifie “fils de John”, Anderson “fils d’Andrew”. En Russie, Ivanov veut dire “fils d’Ivan”, et en Islande, ce système est encore vivant : le fils d’un homme nommé Olaf s’appellera Olafsson, et sa fille Olafsdóttir.4. Les noms descriptifs ou surnomsEnfin, beaucoup de noms de famille venaient d’un trait physique ou de caractère. Petit, Legrand, Lenoir, Leblanc, Fort, ou Lemoine décrivaient une particularité, parfois flatteuse, parfois moqueuse. En Allemagne, Klein signifie “petit”, et en Espagne, Delgado veut dire “mince”.Peu à peu, ces surnoms se sont transmis d’une génération à l’autre, devenant héréditaires à partir du XIVᵉ siècle environ. Ainsi, les noms de famille sont de véritables fossiles linguistiques : ils racontent l’origine, le métier ou le caractère de nos ancêtres, et forment une mémoire vivante de notre histoire collective. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
Le créateur du Bitcoin reste l’un des plus grands mystères de l’ère numérique. Derrière le pseudonyme Satoshi Nakamoto se cache un individu — ou peut-être un groupe — qui, en 2008, a révolutionné la finance mondiale sans jamais révéler sa véritable identité.Tout commence le 31 octobre 2008, lorsqu’un document de neuf pages, un white paper intitulé Bitcoin: A Peer-to-Peer Electronic Cash System, est publié sur une liste de diffusion cryptographique. Satoshi y décrit une idée radicale : un système de monnaie électronique décentralisé, sans banque ni autorité centrale, reposant sur un registre public sécurisé par la cryptographie — la blockchain. Quelques mois plus tard, en janvier 2009, il met le concept en pratique en lançant le premier logiciel Bitcoin et en minant le tout premier bloc, connu sous le nom de genesis block.Satoshi laisse dans ce bloc un message resté célèbre : “The Times 03/Jan/2009 Chancellor on brink of second bailout for banks” — un clin d’œil à la crise financière et une critique implicite du système bancaire. Bitcoin naît donc comme un acte de défiance envers les institutions financières traditionnelles.Pendant environ deux ans, Satoshi échange sur des forums avec d’autres passionnés de cryptographie, corrige des bugs, améliore le protocole et explique sa vision d’une monnaie libre et incorruptible. Puis, en avril 2011, il disparaît soudainement, cessant toute communication. Son dernier message évoque simplement son souhait de “passer à autre chose”. Depuis, plus aucune trace.Qui est-il ? Les théories abondent. Certains pensent à un cryptographe solitaire (comme Hal Finney, premier utilisateur de Bitcoin), d’autres à un collectif d’informaticiens. Des noms célèbres ont été avancés : le mathématicien Nick Szabo, le programmeur australien Craig Wright (qui prétend être Satoshi, sans preuve concluante), ou encore des chercheurs du MIT. Mais aucun n’a pu être formellement identifié.Satoshi posséderait environ 1 million de bitcoins, soit plusieurs dizaines de milliards de dollars — jamais dépensés à ce jour. Ce silence alimente la légende : un créateur anonyme, riche au-delà de toute mesure, mais resté invisible, presque éthique dans son retrait.Aujourd’hui, le mystère de Satoshi Nakamoto est devenu partie intégrante du mythe fondateur du Bitcoin. Son invention a bouleversé l’économie mondiale, inspiré des milliers de cryptomonnaies et ouvert la voie à une révolution technologique et philosophique : celle d’un monde où la confiance ne reposerait plus sur les institutions, mais sur le code. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
L’idée que les gauchers seraient plus créatifs que les droitiers est ancienne, séduisante… mais scientifiquement controversée. Elle repose sur une intuition simpliste : si le cerveau gauche contrôle la main droite et le cerveau droit contrôle la main gauche — et que le cerveau droit serait “le siège de la créativité” — alors les gauchers, plus “droit cérébral”, devraient être plus imaginatifs. Mais la réalité, révélée par plusieurs études, est bien plus nuancée.Une étude publiée en 2009 par Shobe et al. dans la revue Brain and Cognition a testé cette hypothèse sur des étudiants américains. Les chercheurs ont mesuré leur “pensée divergente” — la capacité à produire des idées originales — et ont comparé droitiers, gauchers et “inconsistants” (ceux qui utilisent les deux mains selon la tâche). Résultat : les gauchers n’étaient pas systématiquement plus créatifs. En revanche, les personnes au faible degré de latéralisation (ni totalement droitières, ni totalement gauchères) obtenaient de meilleurs scores de créativité. Leur cerveau semblait mieux équilibré entre les deux hémisphères, favorisant des connexions inhabituelles entre des idées éloignées.Cette découverte a inspiré une hypothèse neurolinguistique : la communication interhémisphérique — facilitée par un corps calleux plus actif — pourrait être un atout pour la pensée créative. Autrement dit, ce n’est pas la main utilisée qui compte, mais la souplesse du cerveau à mobiliser ses deux côtés.Des recherches plus récentes, notamment une méta-analyse publiée en 2019, confirment ces nuances : il n’existe aucune corrélation stable entre la main dominante et les performances créatives. Les différences observées sont faibles, variables selon les tests, et largement influencées par d’autres facteurs : culture, environnement familial, éducation artistique, exposition à la nouveauté.Enfin, le cliché du “génie gaucher” vient aussi de l’histoire : Léonard de Vinci, Picasso, Mozart, ou Jimi Hendrix étaient gauchers, ce qui a renforcé l’idée d’un lien mystérieux entre gaucherie et talent. Mais statistiquement, la majorité des créateurs reconnus sont droitiers — simplement parce qu’ils sont plus nombreux.En somme, les gauchers ne sont pas plus créatifs par nature, mais leur cerveau légèrement différent peut favoriser une pensée moins conventionnelle chez certains individus. La créativité, elle, reste surtout une compétence entraînée, nourrie par la curiosité, l’ouverture et la diversité des expériences — bien plus que par la main que l’on utilise pour écrire. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
Et si vivre plus longtemps dépendait, au moins en partie, de… votre taille ? C’est la conclusion surprenante d’une étude internationale menée par l’Université d’Hawaï, qui met en lumière un lien entre la petite stature et la longévité. Les chercheurs ont notamment identifié le rôle d’un gène, FOXO3, associé à la fois à une taille plus basse et à une espérance de vie plus longue.En analysant les données de plus de 8 000 hommes d’origine japonaise, suivis sur plusieurs décennies, les scientifiques ont découvert un écart net : ceux mesurant moins de 1,73 m vivaient en moyenne cinq ans de plus que ceux dépassant 1,83 m. Autrement dit, les petits auraient un véritable avantage biologique. Et ce n’est pas qu’une coïncidence statistique.Le gène FOXO3 joue un rôle central dans plusieurs processus vitaux : la réparation cellulaire, la régulation du métabolisme et la résistance au stress oxydatif, c’est-à-dire la capacité du corps à se défendre contre le vieillissement. Or, certaines variantes de ce gène, plus fréquentes chez les individus de petite taille, semblent rendre l’organisme plus efficace dans l’entretien de ses cellules. En somme, les petits auraient un métabolisme mieux calibré pour durer.Biologiquement, cela s’explique par des principes simples : un corps plus compact consomme moins d’énergie, nécessite moins d’oxygène et subit donc moins d’usure interne. Le cœur, par exemple, a moins d’efforts à fournir pour irriguer l’organisme. Moins de tension sur les organes signifie une dégradation plus lente des tissus. D’ailleurs, plusieurs études sur les animaux vont dans le même sens : chez les chiens, les chevaux ou même les mouches, les plus petits vivent souvent plus longtemps que leurs congénères géants.Chez les femmes, les données restent moins claires, mais les premières observations suggèrent un mécanisme similaire. Le gène FOXO3, présent dans les deux sexes, pourrait agir de la même manière en favorisant la résistance cellulaire et un vieillissement plus lent.Attention toutefois : la taille ne fait pas tout. Le mode de vie — alimentation, stress, activité physique, sommeil — reste le facteur dominant de la longévité. Mais l’étude montre que la biologie réserve parfois des avantages inattendus.Ainsi, si la société valorise souvent les grandes tailles, la science offre une revanche aux plus petits : un corps plus économe, plus robuste et, potentiellement, programmé pour durer plus longtemps. Moins de centimètres, mais plus d’années : une belle compensation offerte par la nature. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
Le « Projet Pigeon ». C'est l'une des idées les plus insolites de la Seconde Guerre mondiale — une à mi-chemin entre le génie et la folie. Il s’agit d’un programme américain secret lancé en 1940 par le célèbre psychologue comportementaliste B. F. Skinner, qui visait à utiliser des pigeons pour guider des bombes. Oui, littéralement.À l’époque, les systèmes de guidage électronique étaient encore rudimentaires. Skinner, spécialiste du conditionnement opérant, pensait qu’un animal entraîné pouvait accomplir des tâches de précision mieux que les machines disponibles. Son idée : dresser des pigeons à reconnaître visuellement une cible (comme un navire ennemi) et à corriger la trajectoire d’une bombe en vol.Le fonctionnement était ingénieux. Dans le nez de la bombe, Skinner installa un petit compartiment équipé d’un système optique projetant l’image de la cible sur un écran. Le pigeon, placé à l’intérieur, était entraîné à picorer l’image du bateau au centre de l’écran. Si la bombe déviait, l’image se déplaçait ; le pigeon, en corrigeant sa position de piquage, envoyait des signaux électriques qui ajustaient les ailerons de direction. En théorie, l’oiseau guidait la bombe jusqu’à la cible.Skinner dressa plusieurs pigeons avec succès, à l’aide de récompenses alimentaires. Les tests en laboratoire furent étonnamment concluants : les oiseaux parvenaient à maintenir la cible dans le viseur avec une grande précision, même face à des images changeantes. Le projet fut financé par le National Defense Research Committee, et baptisé officiellement Project Pigeon.Mais le Pentagone n’y crut jamais vraiment. Malgré les bons résultats expérimentaux, les militaires jugèrent le concept trop farfelu et imprévisible pour une guerre moderne. En 1944, le projet fut abandonné, remplacé par des programmes électroniques plus prometteurs. Skinner, frustré, déclara plus tard : « Les militaires ne prenaient pas les pigeons au sérieux. Ils avaient tort. »Ironie du sort, l’idée ne mourut pas complètement. En 1948, la Navy relança brièvement le concept sous le nom de Project ORCON (Organic Control), avant de l’abandonner définitivement en 1953.Aujourd’hui, le Project Pigeon reste un épisode fascinant de l’histoire des sciences : une tentative sincère d’appliquer la psychologie animale à la technologie militaire. Et une preuve que, dans la guerre comme dans la recherche, l’imagination humaine n’a parfois aucune limite. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
La climatisation, symbole du confort moderne, cache une histoire étonnamment… sexiste. Ce n’est évidemment pas la machine en elle-même qui l’est, mais la manière dont elle a été conçue et réglée depuis des décennies. Derrière la fraîcheur des bureaux se cache un biais scientifique ancien : la climatisation a été pensée pour les hommes, au détriment du confort — et parfois de la santé — des femmes.Tout remonte aux années 1960, lorsque les normes de climatisation ont été établies pour les bâtiments modernes. Les ingénieurs se basaient alors sur un modèle physiologique unique : un homme de 40 ans, pesant 70 kilos, vêtu d’un costume de bureau. Sa température corporelle, son métabolisme et son niveau d’activité servaient de référence pour calculer la température dite « idéale » — généralement autour de 21 à 22 °C.Problème : le métabolisme féminin est en moyenne 20 à 30 % plus lent que celui des hommes. Cela signifie que les femmes produisent moins de chaleur corporelle, et qu’elles ressentent donc davantage le froid. Des études, dont une très remarquée publiée dans la revue Nature Climate Change en 2015, ont confirmé ce déséquilibre. Les chercheurs de l’Université de Maastricht y démontrent que la température idéale pour la majorité des femmes serait plutôt autour de 24 à 25 °C. Autrement dit, ce qui semble agréable à un homme en chemise peut être glacial pour une collègue en blouse ou en robe légère.Ce biais n’est pas seulement une question de confort : il illustre une inégalité structurelle dans la conception des espaces de travail. Pendant des décennies, les standards techniques — qu’il s’agisse de température, de sièges, de ceintures de sécurité ou même d’outils — ont été définis selon des données masculines. Résultat : dans de nombreux bureaux, les femmes enfilent des gilets, des plaids ou des manteaux en été, pendant que leurs collègues masculins travaillent tranquillement en manches courtes.Les choses commencent toutefois à changer. Certains architectes et ingénieurs repensent aujourd’hui les normes thermiques pour les adapter à la diversité des corps, des vêtements et des usages. La climatisation devient ainsi un symbole du débat sur le genre dans la conception technologique : un rappel que même les inventions les plus neutres en apparence peuvent refléter des biais profondément ancrés.En somme, si la climatisation est considérée comme « sexiste », c’est parce qu’elle illustre parfaitement comment l’homme-type — au sens littéral — a trop longtemps servi de modèle universel. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
Voici les 3 premiers podcasts du label Audio Sapiens:1/ SurvivreApple Podcasts:https://podcasts.apple.com/us/podcast/survivre-histoires-vraies/id1849332822Spotify:https://open.spotify.com/show/6m4YqFSEFm6ZWSkqTiOWQR2/ A la lueur de l'HistoireApple Podcasts:https://podcasts.apple.com/us/podcast/a-la-lueur-de-lhistoire/id1849342597Spotify:https://open.spotify.com/show/7HtLCQUQ0EFFS7Hent5mWd3/ Entrez dans la légendeApple Podcasts:https://open.spotify.com/show/0NCBjxciPo4LCRiHipFpoqSpotify:https://open.spotify.com/show/0NCBjxciPo4LCRiHipFpoqEt enfin, le site web du label ;)https://www.audio-sapiens.com Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
Aujourd'hui je vous propose un épisode un peu différent de d'habitude. Nous n'allons pas répondre à une question mais nous intéresser à un phénomène vieux comme l'humanité : les signaux ! Car oui, à bien y réfléchir les Hommes répondent depuis toujours à des alertes ! Autrefois elles étaient collectives et sacrées. Aujourd’hui plus individuelles et personnalisées. Et justement, c'est ce qui est intéressant. L'évolution de ces signaux racontent notre propre évolution, celle de nos sociétés ; et ce, de la communauté médiévale aux notifications digitales.Commençons par les origines : la cloche, la voix du village.Au Moyen Âge, elle est avant tout un instrument religieux, bien entendu. Mais pas que. C'est aussi et surtout un outil de cohésion sociale.En France, on estime qu’au XVe siècle, plus de 40 000 clochers rythmaient la vie des campagnes. Leur son résonnait à des kilomètres à la ronde, marquant les heures de prière, mais aussi les fêtes, les incendies ou les dangers imminents.Et ces sons n’étaient pas choisis au hasard : chaque tonalité transmettait un message précis.La cloche appartenait souvent à l’Église, mais aussi aux seigneurs locaux : c’était donc un symbole d’autorité. Dans un monde sans horloge, sans journaux et sans électricité, elle représentait le premier système de communication de masse.Le signal sonore unissait le village ; il façonnait un temps commun et imposait un rythme collectif.Ensuite, avec la Révolution industrielle, tout va changer. Le signal devient mécanique et change de nature.Le XIXe siècle fait naître la sirène d’usine, le sifflet du contremaître, le télégraphe et le code Morse. Inventé en 1837, ce dernier permet de transmettre des messages à distance sous forme de points et de traits : le signal devient donc langage.Les usines, elles, adoptent des systèmes sonores pour encadrer le travail : entrée, pause, fin de journée. C’est l’ère de la discipline mécanique.On le voit, le signal ne symbolise plus le sacré, mais la productivité et la sécurité.Et puis, apparaissent les premières sirènes municipales à la fin du XIXe siècle, pour alerter en cas d’incendie ou d’accident. Et pendant la Seconde Guerre mondiale, le pays met en place un réseau national d’alerte : aujourd’hui encore, plus de 4 500 sirènes sont testées chaque premier mercredi du mois.Le signal s’est alors industrialisé, standardisé, codifié. Il n’unit plus une communauté spirituelle : il coordonne une société moderne.Puis, une nouvelle fois tout va changer. A la fin du XXe siècle, le signal devient numérique et personnel. Le téléphone, d’abord fixe, puis mobile, introduit une alerte privée : la sonnerie ne s’adresse plus à tous, mais à une seule personne.Avec le SMS, puis les notifications, l’information se dématérialise et se multiplie. Aujourd’hui, plus de 85 % des Français possèdent un smartphone : chacun reçoit donc ses propres alertes en temps réel.Mais contrairement aux signaux mécaniques, ces notifications ne cherchent plus à contraindre, mais à accompagner.Elles servent à prévenir un rendez-vous, signaler un colis, alerter d’un retard ou d’un changement. Elles sont devenues des outils pratiques, conçus pour simplifier la vie quotidienne.Le signal numérique n’interrompt plus : il informe intelligemment.Ainsi, du clocher médiéval à l’écran tactile, le signal a suivi l’évolution des sociétés : de la prière au travail, et du travail à la mobilité.Aujourd’hui, grâce à la technologie, il se met au service de chacun, non pour interrompre, mais pour accompagner. Et s’il a changé de forme, sa fonction reste la même depuis mille ans : nous relier à ce qui compte... Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
Il vous est peut-être déjà arrivé de croire qu’un sigle avait été choisi pour sa signification précise — avant d’apprendre que, paradoxalement, c’est l’inverse. C’est le principe de la rétroacronymie, un phénomène linguistique à la fois amusant et révélateur : on crée un acronyme à partir d’un mot déjà existant, en inventant après coup des mots censés le justifier.Par exemple, le mot « avion », inventé par Clément Ader à partir du latin avis (oiseau), a été interprété de manière erronée comme « Appareil Volant Imitant l'Oiseau Naturel ». De même, les spas proviennent de la ville de Spa, et ne signifient pas Sana Per Aquam (la santé par l'eau).Autre cas fameux : le nom du moteur de recherche Yahoo!, présenté comme l’acronyme de Yet Another Hierarchical Officious Oracle. En réalité, ses créateurs, deux étudiants de Stanford, avaient d’abord choisi le mot « Yahoo » parce qu’il sonnait bien et évoquait le personnage rustre et énergique des Voyages de Gulliver de Jonathan Swift. Le sens technique a été plaqué ensuite.La rétroacronymie peut aussi servir à renforcer l’image d’une marque ou d’une institution. Par exemple, le sigle SOS n’a jamais voulu dire Save Our Souls ou Save Our Ship. Il a été choisi à l’origine uniquement pour sa simplicité en morse (· · · — — — · · ·). Ce n’est que plus tard qu’on lui a attribué cette signification héroïque, plus facile à mémoriser.Ce mécanisme illustre un trait fascinant du langage : notre tendance à chercher du sens, même là où il n’y en avait pas à l’origine. Les mots deviennent plus forts, plus mémorables, quand ils paraissent logiques. La rétroacronymie répond donc à un besoin psychologique : elle donne une apparence de cohérence à ce qui n’en avait pas.Une notion proche est celle de l’étymologie populaire : quand une expression change de forme ou de sens parce que les locuteurs la réinterprètent selon ce qu’ils croient entendre. Par exemple, « chou-fleur » vient du latin caulis floris (tige fleurie), mais d’autres mots comme « beaupré » ou « chausson » ont été transformés au fil du temps par des associations d’idées fausses mais séduisantes.Rétroacronymie ou étymologie populaire, ces deux phénomènes rappellent une chose essentielle : le langage n’est pas figé. Il vit, se raconte, et surtout, il s’invente des histoires pour mieux se souvenir de lui-même. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
L’histoire commence bien avant la publication du chef-d’œuvre d’Albert Camus. Nous sommes en 1939, à Alger, dans la chaleur écrasante d’un après-midi d’été. Un fait divers banal, presque insignifiant, attire l’attention du jeune journaliste qu’est alors Camus : un ouvrier européen tue un Arabe sur une plage. Un coup de feu, une querelle autour d’un couteau, du soleil, du silence. L’affaire passe brièvement dans les journaux. Pourtant, elle marquera profondément l’écrivain.Car ce meurtre, Camus ne le retient pas pour sa violence, mais pour son absurdité. Ce crime sans haine, sans motif clair, devient pour lui le symbole d’une condition humaine dénuée de sens. Il en fera le cœur de L’Étranger, publié en 1942, au cœur de l’Occupation. Son personnage principal, Meursault, tue “un Arabe” sur une plage d’Alger, sans raison véritable. “C’était à cause du soleil”, dit-il au procès. Cette phrase glaciale, déroutante, fascine depuis plus de 80 ans.Mais ce que l’on sait moins, c’est que ce meurtre fictif s’inspire d’un événement réel. Des chercheurs ont retrouvé la trace d’un procès en 1939 à Alger, celui de Pierre Cordier, un métropolitain accusé d’avoir tué un jeune Algérien sur la plage de Bouisseville. Camus, alors reporter au journal Alger Républicain, avait couvert des affaires semblables : il observait comment la justice coloniale traitait différemment les Européens et les Arabes. L’injustice systémique, l’indifférence du tribunal, la distance morale — tout cela deviendra la matière de L’Étranger.Le roman n’est donc pas un simple drame existentiel : c’est aussi une critique voilée du système colonial. Meursault est jugé moins pour son crime que pour ne pas avoir pleuré à l’enterrement de sa mère. Comme dans les tribunaux de l’époque, la vérité importe moins que les apparences. Le meurtre devient secondaire, presque accessoire, au profit d’un procès moral.Des décennies plus tard, des historiens et écrivains algériens, comme Kamel Daoud dans Meursault, contre-enquête, donneront un nom et une voix à “l’Arabe” resté anonyme. Ce roman-réponse rétablit la part manquante de l’histoire : celle de la victime effacée.Ainsi, derrière le chef-d’œuvre de Camus se cache un fait divers oublié, un reflet de la colonie, du soleil et de l’absurde. Et si L’Étranger continue de troubler, c’est parce qu’il parle d’un crime où le vrai coupable n’est peut-être pas celui qu’on croit. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
C’est une histoire à la fois économique, culturelle et symbolique. Le Hard Rock Café, cette chaîne de restaurants mondialement connue pour ses guitares signées et ses t-shirts mythiques, appartient depuis 2007 à une tribu amérindienne de Floride : les Séminoles. Et ce n’est pas un hasard, mais le fruit d’une ascension hors du commun, celle d’un peuple qui a su transformer son histoire de survie en véritable succès économique.Tout commence bien avant les burgers et les amplis. Les Séminoles, installés depuis des siècles dans les marais de Floride, ont longtemps été persécutés, repoussés et privés de leurs terres par le gouvernement américain. Mais à partir des années 1970, profitant d’une brèche juridique, la tribu se lance dans une activité inattendue : le jeu d’argent. En 1979, elle ouvre le premier bingo à grande échelle sur une réserve indienne. Les autorités locales protestent, mais la Cour suprême donne raison aux Séminoles : sur leur territoire souverain, ils peuvent gérer leurs affaires comme ils l’entendent.Ce bingo marque le début d’un empire. Dans les décennies suivantes, la tribu ouvre casinos, hôtels, et complexes de loisirs à travers la Floride. Ces revenus, réinvestis avec intelligence, transforment la communauté : infrastructures modernes, bourses d’études, hôpitaux, préservation culturelle. Et en 2007, coup de tonnerre dans le monde du divertissement : la tribu Séminole rachète la chaîne Hard Rock International pour près d’un milliard de dollars à la société britannique Rank Group.Grâce à cette acquisition, les Séminoles deviennent les premiers Amérindiens à posséder une marque mondiale. Le groupe Hard Rock comprend alors plus de 150 cafés, hôtels et casinos dans 70 pays. Aujourd’hui encore, il appartient intégralement à la Seminole Tribe of Florida, qui gère le tout depuis Hollywood, près de Miami.Mais au-delà du business, ce rachat a une valeur symbolique forte : une communauté autrefois marginalisée détient désormais une icône du capitalisme américain. Les profits ne partent plus à Wall Street, mais financent les écoles, les soins et les programmes culturels des Séminoles.Ainsi, derrière chaque guitare accrochée aux murs du Hard Rock Café, il y a un paradoxe fascinant : celui d’un empire du rock et du tourisme mondial, né d’une revanche historique — celle d’un peuple qui, au lieu de disparaître, a choisi de jouer selon ses propres règles… et de gagner. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
Vous est-il déjà arrivé de ne plus supporter un aliment après une mauvaise expérience ? Un jour, un plat vous rend malade, et dès lors, rien que son odeur vous soulève le cœur. Ce phénomène, à la fois étrange et universel, s’appelle l’effet Garcia, du nom du psychologue américain John Garcia qui le découvrit presque par hasard dans les années 1950.À l’époque, Garcia étudiait les effets des radiations sur les rats. Il leur donnait à boire de l’eau aromatisée avant de les exposer à une dose de rayonnement qui leur causait des nausées. Très vite, il observa un comportement inattendu : les rats refusaient ensuite obstinément de boire cette même eau, même si elle ne contenait rien de dangereux. Leur cerveau avait associé la saveur à la sensation de malaise, comme s’il avait identifié une menace. L’animal, pour se protéger, apprenait à éviter tout ce qui ressemblait à la cause supposée de son mal.Ce réflexe, que l’on appelle aversion gustative conditionnée, existe aussi chez l’être humain. Il s’agit d’un mécanisme de survie profondément inscrit dans notre biologie. Dans la nature, manger une baie toxique pouvait être mortel ; mieux valait donc retenir à jamais l’odeur, la couleur ou le goût de ce poison. C’est pourquoi une seule expérience désagréable suffit à créer un rejet durable. Contrairement à d’autres apprentissages, cet effet ne nécessite qu’une seule exposition : le cerveau retient le lien entre un goût et une nausée, même si celle-ci survient plusieurs heures plus tard.Sur le plan neurologique, l’effet Garcia mobilise des zones du cerveau liées à la mémoire émotionnelle : l’amygdale, qui gère les réactions de peur et de dégoût, et l’hippocampe, qui enregistre le contexte sensoriel. Ensemble, elles codent ce goût comme un signal de danger. Ainsi, des années plus tard, il suffit parfois d’un parfum ou d’une image pour raviver cette répulsion.Mais ce réflexe protecteur peut devenir envahissant : certaines personnes développent de véritables phobies alimentaires après une intoxication, ou ne supportent plus des plats pourtant inoffensifs. Ce mécanisme archaïque, utile chez nos ancêtres chasseurs-cueilleurs, agit aujourd’hui de manière parfois excessive dans un monde où les risques d’empoisonnement sont rares.L’effet Garcia rappelle donc une vérité fascinante : notre cerveau n’oublie jamais ce qui l’a fait souffrir. Et si la raison nous dit qu’un aliment est sans danger, notre instinct, lui, préfère ne pas tenter le diable. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
Le mot semble sorti d’une caricature politique, et pourtant il existe bel et bien : kakistocratie. Ce terme étrange, d’origine grecque, signifie littéralement « le gouvernement des pires ». Il vient de kakistos (le plus mauvais) et kratos (le pouvoir). Autrement dit, une kakistocratie est un régime dirigé non par les meilleurs — comme l’aristocratie — mais par les individus les plus incompétents, corrompus ou mal intentionnés.L’expression n’est pas nouvelle. Elle apparaît dès le XVIIᵉ siècle dans des textes anglais, notamment chez le poète Thomas Love Peacock, puis chez l’écrivain américain James Russell Lowell, qui l’emploie en 1876 pour dénoncer les dérives politiques de son temps : « Une kakistocratie, c’est quand les pires gouvernent les pires. » Ce mot, resté rare pendant des siècles, refait régulièrement surface dans les périodes de crise politique, lorsque la corruption, la démagogie ou le cynisme semblent triompher du bon sens.Mais qu’est-ce qu’un “pire” gouvernant, exactement ? Ce n’est pas seulement un dirigeant malveillant. La kakistocratie désigne un système où l’incompétence devient une norme, où les postes de pouvoir sont occupés non par mérite ou expertise, mais par opportunisme, loyauté aveugle ou manipulation. Dans une telle configuration, les institutions se vident de leur substance : les décisions sont absurdes, la justice partiale, et la communication remplace la compétence.Les politologues y voient parfois une dégénérescence de la démocratie. Quand les citoyens se désintéressent de la politique ou cèdent à la colère, ils peuvent être tentés d’élire ceux qui leur ressemblent ou qui crient le plus fort, plutôt que ceux qui savent gouverner. La kakistocratie n’est donc pas imposée de force : elle naît souvent de nos propres choix, ou de notre lassitude collective.Le mot a retrouvé une étonnante popularité au XXIᵉ siècle, souvent employé sur les réseaux sociaux pour dénoncer le chaos politique ou les scandales gouvernementaux. Il est devenu une sorte de soupir érudit, un cri ironique de désespoir face au sentiment que “plus personne ne sait ce qu’il fait”.En somme, la kakistocratie n’est pas qu’un concept savant : c’est le miroir sombre du pouvoir, celui qui nous rappelle que le pire n’est pas toujours imposé d’en haut — il peut aussi venir de notre indifférence. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
Par une chaude journée d’été, le 4 juillet 1924, un petit restaurant de Tijuana, au Mexique, est pris d’assaut par des touristes venus des États-Unis. Nous sommes en pleine Prohibition : l’alcool est interdit de l’autre côté de la frontière, et les Américains affluent dans cette ville mexicaine pour boire et faire la fête. Le patron du restaurant, Caesar Cardini, un chef italien au tempérament passionné, regarde sa cuisine dévalisée avec angoisse : les réserves sont presque vides, les clients s’impatientent. Il lui faut improviser.Cardini ouvre son garde-manger : il ne reste que quelques feuilles de laitue romaine, un peu de pain rassis, du parmesan, des œufs, de l’huile d’olive, de la sauce Worcestershire, du citron, et une gousse d’ail. Pas de quoi faire un grand plat… à moins d’un peu de génie. Alors, devant la salle comble, il saisit un grand saladier, pile l’ail, casse un œuf légèrement poché, ajoute le citron, la sauce, l’huile, puis jette la romaine et les croûtons. Il mélange avec énergie, sous les yeux amusés de ses clients. Le parfum d’ail et de citron se répand. Un silence curieux s’installe, puis les premières bouchées sont goûtées : c’est un succès immédiat.La salade César est née — non pas à Rome, ni même en Italie, mais dans un coin poussiéreux du Mexique, un soir d’improvisation. Le bouche-à-oreille fait le reste. Des stars hollywoodiennes en villégiature à Tijuana — Clark Gable, Jean Harlow, et d’autres — s’émerveillent de ce plat simple et élégant. En quelques mois, la recette traverse la frontière, conquiert Los Angeles, puis tout le continent.Ce qu’on ignore souvent, c’est que la recette originale ne comportait ni poulet, ni anchois, ni bacon. Juste la fraîcheur de la romaine, le croquant du pain grillé, et la douceur citronnée de la sauce. Les versions modernes, plus riches, sont venues plus tard, adaptées aux goûts américains.Ainsi, derrière ce nom à consonance antique, la “César” n’a rien d’un hommage à Jules César. C’est l’histoire d’un Italien ingénieux, installé au Mexique, qui inventa par hasard un plat devenu universel.Une salade née d’un manque, transformée en légende : voilà, peut-être, le plus bel exemple de ce que la cuisine sait faire de mieux — transformer la contrainte en création. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
Chypre est aujourd’hui l’un des rares pays d’Europe encore coupé en deux, séparé par une ligne de démarcation surnommée la « ligne verte ». Pour comprendre cette division, il faut remonter à l’histoire mouvementée de cette île stratégique, située entre l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique.Jusqu’en 1960, Chypre était une colonie britannique. Mais après des années de tensions, Londres accorde l’indépendance à une République de Chypre censée unir ses deux principales communautés : les Chypriotes grecs (majoritaires, environ 80 %) et les Chypriotes turcs (environ 18 %). L’équilibre est fragile. Les premiers rêvent souvent d’énosis, c’est-à-dire le rattachement à la Grèce, tandis que les seconds craignent cette domination et défendent l’idée d’un partage, voire d’une union avec la Turquie.Très vite, le jeune État s’enlise dans les conflits communautaires. En 1963, les affrontements éclatent entre les deux populations. Les Chypriotes turcs se regroupent dans des enclaves protégées, tandis que les forces britanniques et les Nations unies établissent une zone tampon, une bande de terrain traversant Nicosie, la capitale. Cette frontière provisoire deviendra, au fil des ans, une cicatrice durable.Le tournant majeur survient en 1974. Un coup d’État mené par des nationalistes chypriotes grecs, soutenus par la junte militaire au pouvoir à Athènes, renverse le président Makarios dans le but d’unir Chypre à la Grèce. En réponse, la Turquie intervient militairement, invoquant son rôle de puissance garante prévu par les accords d’indépendance. Son armée débarque au nord de l’île et prend rapidement le contrôle d’environ 37 % du territoire. Des dizaines de milliers de personnes fuient de part et d’autre : les Grecs au sud, les Turcs au nord.Depuis, l’île reste divisée. Au sud, la République de Chypre, reconnue internationalement et membre de l’Union européenne depuis 2004. Au nord, la République turque de Chypre du Nord, proclamée en 1983, mais reconnue uniquement par la Turquie. Entre les deux, la zone démilitarisée contrôlée par l’ONU, longue de 180 km, matérialise la séparation.De nombreux pourparlers de paix ont tenté de réunifier l’île, notamment sous l’égide de l’ONU et de l’Union européenne, sans succès durable. Aujourd’hui encore, Chypre symbolise la fracture géopolitique entre le monde grec et le monde turc, une division née d’un conflit ethnique et politique, figée depuis un demi-siècle — au cœur même de la Méditerranée. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
La question peut sembler provocante, mais elle en dit long sur nos fantasmes modernes : l’absence de relations sexuelles est-elle dangereuse pour la santé, voire mortelle ? La réponse est non… mais avec des nuances intéressantes.Sur le plan strictement biologique, on ne meurt pas d’abstinence sexuelle. Contrairement à la nourriture ou au sommeil, le sexe n’est pas une fonction vitale. Le corps humain s’adapte très bien à l’absence de rapports. D’un point de vue médical, il n’existe aucune pathologie mortelle liée au manque de relations sexuelles. Les spermatozoïdes non libérés sont naturellement réabsorbés, et l’organisme continue à fonctionner parfaitement.Mais si l’abstinence ne tue pas le corps, elle peut affecter le moral, le stress et le système immunitaire. Des études menées à l’université de Göttingen, en Allemagne, ou à l’université d’Oxford ont montré que les personnes ayant une vie sexuelle régulière libèrent davantage d’endorphines et d’ocytocine, deux hormones qui favorisent la détente, le bien-être et le lien social. Le sexe joue donc un rôle indirect sur la santé, en réduisant la pression artérielle et en améliorant la qualité du sommeil.À l’inverse, une longue abstinence peut parfois provoquer des troubles psychologiques : frustration, anxiété, baisse de l’estime de soi. Mais ces effets dépendent fortement du contexte : certaines personnes vivent très bien sans sexualité, notamment les personnes asexuelles ou celles qui trouvent d’autres formes d’épanouissement émotionnel. Ce n’est donc pas le manque d’activité sexuelle en soi qui pose problème, mais le ressenti de manque.En revanche, les études montrent un lien entre une vie sexuelle épanouie et la longévité. Une recherche publiée dans The British Medical Journal dès 1997 indiquait que les hommes ayant des orgasmes fréquents avaient un taux de mortalité réduit de moitié par rapport à ceux qui en avaient rarement. Non pas parce que le sexe protège directement, mais parce qu’il reflète une bonne santé physique, psychologique et relationnelle.Autrement dit, on ne meurt pas de ne pas faire l’amour, mais on vit souvent mieux quand on le fait. Le sexe n’est pas vital, il est vitalisant. Et s’il n’est pas indispensable à la survie, il contribue indéniablement à une vie plus sereine, plus équilibrée… et parfois, plus longue. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
Si l’on regarde un jeu de cartes, tout semble logique : le « K » pour le roi, le « Q » pour la reine… mais pourquoi donc un « J » pour le valet ? La réponse se trouve dans l’histoire du jeu de cartes, et surtout dans la façon dont il a voyagé d’Europe en Europe, changeant de langue et de symboles au fil des siècles.À l’origine, les jeux de cartes médiévaux venus d’Orient au XIVᵉ siècle ne comportaient pas de lettres du tout. Les figures étaient simplement illustrées : un roi, un chevalier et un valet (ou « serviteur »), souvent représenté à pied, tenant l’épée ou le blason de son maître. En France, cette figure s’appelait naturellement le valet, mot issu du vieux français vaslet, signifiant « jeune homme au service d’un seigneur ». Lorsque les cartes furent imprimées en série à partir du XVe siècle, le valet devint l’une des trois têtes – avec la dame et le roi – mais sans symbole écrit.Ce n’est qu’au XIXᵉ siècle, avec la diffusion mondiale du jeu de cartes anglo-saxon, que la lettre « J » fit son apparition. En Angleterre, les imprimeurs, notamment la firme Goodall and Son à Londres, adoptèrent des lettres pour simplifier la lecture : « K » pour King, « Q » pour Queen, et… « Kn » pour Knight, le chevalier, qui remplaçait le valet français. Mais cette abréviation « Kn » prêtait souvent à confusion avec le « K » du roi. Pour éviter les erreurs, les fabricants décidèrent de substituer au chevalier un personnage plus simple, le “Jack”, terme populaire désignant un jeune homme ou un domestique — exactement le rôle du valet français.Le mot Jack n’avait rien de noble : c’était même une appellation familière, parfois péjorative, pour un homme du peuple. Mais le succès du jeu anglo-américain, notamment au poker et au bridge, imposa cette notation. Dès la fin du XIXᵉ siècle, le « J » de Jack s’était définitivement installé dans les cartes anglaises, puis dans le monde entier.Ironie de l’histoire : dans le vocabulaire français, le valet a conservé son nom d’origine, mais a hérité d’une lettre étrangère. Le « J » n’a donc rien de “jacobin” : il est le vestige linguistique d’un compromis typographique entre le King et la Queen, né dans les imprimeries anglaises. Aujourd’hui encore, chaque fois qu’on pose un « J » sur le tapis, on tient entre ses doigts un petit morceau d’histoire de la langue et de l’imprimerie. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.






Of course the question would be asked on a French podcast.
vous parlez trop vite.
c’est choquant les chiffre je pensais pas que c’était possible. Après tour dépend de ce que on entend par viol si c’est vraiment dans le lit la c'est juste choquant et pas normal ou si c’est une tape sur les partie,un bisou forcé, des gestes déplacer là les chiffres sont moins choquant mais un peu quand même
L'idéologie Wok quand elle s'éteindra, aura eu au moins un mérite aux yeux de ceux qui ont un minimum de culture historique. c'est de montrer que l'histoire est écrite par les vainqueurs du moment et qu'elle a toujours été falsifiée; par les empires, par le Vatican sous la monarchie et jusqu'à aujourd'hui et par la république jusqu'à nos jours...
C'est absolument faux! Hitler était catholique et le fondateur de la SS Heinrich Himmler avait été jésuite... C'est juste de la propagande catholique pour dédouaner le Vatican...
publicités insupportables qui se répètent toutes les 2 minutes. l'émission perd tout son intérêt. dommage.
🫱🏼🫲🏻
😂😂
هو تةةةةةةةةةيرررررررررتتؤيءgw
يرؤرؤرررءيرىىىىىىىلارؤؤؤؤ سوت وتوتر
Êtes-vous sûr que ces techniques ne sont pas inspirées à l origine des méthodes françaises durant la guerre d Algérie ??
merci pour votre podcast! vous êtes une source importante pour améliorer notre savoir🤗❤️
J'adore Choses à savoir ! 🤓
C'est bzzigrement intéressant !
Très intéressant merci beaucoup ❤️
on dirait le malade imaginaire. et d'autres conte du même genre.
7
Je crois que ce fact est faux
hyper intéressant
Podcast sympa mais trop d'approximations... dans le genre, je préfère largement le podcast Culture G