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Choses à Savoir CERVEAU
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Choses à Savoir CERVEAU

Author: Choses à Savoir

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Pour tout comprendre, jour après jour, sur le fonctionnement du cerveau. Textes de Christophe Rodo, neuroscientifique, jusqu’en septembre 2024.

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Pendant longtemps, les neurosciences ont considéré les astrocytes comme de simples cellules de soutien. Leur rôle semblait limité : nourrir les neurones, maintenir l’équilibre chimique du cerveau, éliminer les déchets. Pourtant, une étude collaborative franco-suisse, menée par les universités de Lausanne, Genève, Grenoble, l’Inserm et le Wyss Center for Bio and Neuroengineering, vient bouleverser cette vision. Publiée le 24 septembre dans la prestigieuse revue Cell, elle démontre que les astrocytes jouent un rôle actif et inédit dans le traitement de l’information cérébrale.L’étude s’est intéressée aux prolongements les plus fins des astrocytes, appelés « leaflets ». Ces minuscules extensions entourent directement les synapses, ces zones de contact où deux neurones communiquent. Les chercheurs ont découvert que ces leaflets ne se contentent pas d’être présents : ils disposent d’un réticulum endoplasmique interne, leur permettant de stocker et de libérer du calcium. Ce mécanisme est essentiel, car il permet aux astrocytes de générer de véritables signaux calciques en réponse à l’activité neuronale.Chaque fois qu’une synapse voisine s’active, le leaflet astrocytaire capte le signal et libère une petite bouffée de calcium. Si plusieurs synapses s’activent en même temps, ces micro-signaux s’additionnent et déclenchent une réponse calcique plus globale. En clair, les astrocytes ne réagissent pas de manière isolée, ils intègrent les informations de plusieurs neurones pour en donner une réponse coordonnée. Cette intégration leur confère un rôle inédit : ils deviennent capables de « calculer » à partir de l’activité synaptique.Mais ce n’est pas tout. Ces leaflets sont interconnectés par des jonctions, formant de véritables domaines fonctionnels. Une fois activés, ils peuvent à leur tour influencer les synapses environnantes en libérant des substances modulatrices. L’astrocyte ne se contente donc pas d’observer le passage des informations : il régule activement la communication entre neurones.Les implications sont majeures. Cela signifie que le cerveau ne repose pas uniquement sur l’activité des neurones pour traiter l’information. Les astrocytes, longtemps considérés comme de simples figurants, participent activement à l’orchestration des signaux. Cette découverte pourrait expliquer certains mécanismes complexes de la mémoire, de l’attention ou de la prise de décision. Elle ouvre aussi de nouvelles pistes pour comprendre les maladies neurologiques, où les astrocytes pourraient jouer un rôle bien plus central qu’on ne l’imaginait.En somme, cette étude franco-suisse réhabilite les astrocytes au rang d’acteurs essentiels de la pensée. Ces cellules longtemps négligées apparaissent désormais comme des pièces maîtresses de notre intelligence. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
La question n’est plus seulement de savoir combien de graisse nous accumulons, mais où elle se loge dans notre corps. Une étude récente menée par l’Université de Hong Kong et publiée dans la revue Nature Mental Health apporte des preuves convaincantes : la localisation de la graisse corporelle influe directement sur la santé du cerveau et les performances cognitives.Pour mener cette recherche, les scientifiques ont exploité les données de plus de 18 000 participants du UK Biobank. Grâce à des mesures précises d’imagerie (DXA), ils ont distingué plusieurs types de dépôts adipeux : graisse viscérale autour des organes, graisse du tronc, des bras et des jambes. Ces données ont été comparées à des IRM cérébrales et à des tests cognitifs portant sur la mémoire, le raisonnement, la vitesse de traitement et les fonctions exécutives.Les résultats sont frappants. La graisse viscérale, celle qui entoure le foie, les reins et l’intestin, apparaît comme la plus néfaste. Elle est associée à une réduction du volume de certaines régions clés du cerveau, notamment dans le réseau par défaut qui joue un rôle essentiel dans la mémoire et l’introspection. Plus encore, elle s’accompagne d’altérations de la matière blanche, cette “autoroute” qui relie différentes aires cérébrales. Ces perturbations suggèrent une dégradation de la connectivité neuronale.Les chercheurs ont utilisé un indicateur appelé “brain age gap” : l’écart entre l’âge chronologique d’une personne et l’âge biologique estimé de son cerveau. Ils ont montré que la graisse viscérale accélère ce vieillissement cérébral, et que cet effet explique en grande partie les baisses de performance dans les tests cognitifs. Autrement dit, la graisse autour du ventre semble “vieillir” certaines parties du cerveau plus vite que prévu.Toutes les graisses ne sont pas équivalentes. La graisse des bras, du tronc ou des jambes montre aussi des associations avec la structure cérébrale, mais moins marquées. C’est bien la graisse viscérale qui ressort comme un facteur de risque majeur. Les chercheurs avancent des explications : inflammation chronique, perturbation hormonale et stress oxydatif pourraient relier ces dépôts adipeux à la dégradation neuronale.Il faut rester prudent : l’étude est transversale, donc elle établit des corrélations plus que des causes. De plus, la population étudiée était en majorité européenne, ce qui limite la généralisation. Mais le message est clair : au-delà du poids affiché sur la balance, la répartition de la graisse est un indicateur crucial pour la santé du cerveau. Protéger son cerveau passe aussi par surveiller son tour de taille. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
La question « la malbouffe est-elle un danger pour la mémoire ? » a longtemps été posée, mais une étude récente apporte des preuves solides. Le 11 septembre 2025, des chercheurs de l’Université de Caroline du Nord à Chapel Hill ont publié dans la revue Neuron des résultats inquiétants : une alimentation riche en graisses saturées, typique de la « junk food », pourrait altérer la mémoire en quelques jours seulement.L’équipe de Juan Song et Taylor Landry a travaillé sur des souris pour comprendre comment un tel régime influence le cerveau. Leur attention s’est portée sur l’hippocampe, une région clé pour la mémoire. Ils ont découvert qu’un type particulier de neurones, appelés interneurones CCK (pour cholecystokinine), devenait anormalement actif après une exposition à la malbouffe. Cette hyperactivité dérègle le circuit neuronal responsable de l’encodage et du rappel des souvenirs.Le mécanisme en jeu est directement lié au métabolisme énergétique du cerveau. Normalement, les neurones utilisent le glucose comme carburant. Mais sous l’effet d’un régime trop gras, cette utilisation est perturbée. Les chercheurs ont identifié une protéine, la PKM2 (pyruvate kinase M2), comme pivot de cette altération. Quand la PKM2 ne fonctionne pas correctement, les interneurones CCK s’emballent, ce qui provoque un déclin de la mémoire.Le plus frappant est la rapidité des effets : les souris montraient déjà des déficits cognitifs après seulement quatre jours de régime gras. Et cela avant même d’avoir pris du poids ou de développer des signes de diabète. Autrement dit, les conséquences sur le cerveau précèdent les effets métaboliques visibles.Heureusement, l’étude montre aussi que ces dommages sont réversibles. En restaurant les niveaux de glucose cérébral, l’activité des interneurones redevient normale et la mémoire s’améliore. Les chercheurs ont même testé le jeûne intermittent : après une période de malbouffe, cette pratique suffisait à rétablir l’équilibre neuronal et les capacités mnésiques.Ces résultats sont un avertissement fort. La malbouffe ne menace pas seulement notre silhouette ou notre santé cardiovasculaire, mais aussi notre mémoire, et cela très rapidement. Certes, l’expérience a été menée sur des souris, et il faudra des études complémentaires chez l’humain pour confirmer ces effets. Mais le signal est clair : notre cerveau est sensible à ce que nous mangeons, parfois plus vite qu’on ne l’imagine.En conclusion, l’étude de l’Université de Caroline du Nord publiée dans Neuron démontre que la malbouffe est bel et bien un danger pour la mémoire. Et si la menace apparaît vite, la bonne nouvelle est que des changements alimentaires peuvent aussi rapidement inverser la tendance. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
La musique, nous le savons tous, peut nous émouvoir, nous transporter ou encore nous apaiser. Mais depuis quelques années, la science met en lumière une autre dimension fascinante : son pouvoir sur la mémoire. Et ce pouvoir semble particulièrement marqué lorsque la musique nous est familière. C’est ce qu’a montré une étude américaine publiée en 2023 dans la revue PLOS One.Dans cette recherche, des volontaires ont été invités à écouter différents extraits musicaux, certains connus et aimés, d’autres inconnus. Pendant l’écoute, les chercheurs enregistraient leur activité cérébrale à l’aide de l’IRM fonctionnelle. Les résultats sont éloquents : lorsque les participants écoutaient une chanson familière, des régions du cerveau liées à la mémoire — notamment l’hippocampe et le cortex préfrontal —Pourquoi un tel effet ? D’abord, parce que la musique familière agit comme un « raccourci émotionnel ». Une chanson connue active le système de récompense, libérant de la dopamine. Cette hormone du plaisir a pour effet secondaire d’améliorer la consolidation mnésique : autrement dit, ce que nous apprenons ou vivons en écoutant une musique familière est mieux stocké dans notre mémoire. De plus, la musique connue sollicite des réseaux cérébraux plus larges que la musique inconnue : elle convoque des souvenirs personnels, des images mentales, des émotions. Tout cela enrichit et renforce le processus de mémorisation.Les implications de ces résultats sont multiples. Dans l’éducation, certains enseignants utilisent déjà la musique pour accompagner l’apprentissage. Réviser en écoutant des morceaux familiers pourrait ainsi améliorer la rétention des informations. Mais c’est surtout dans le domaine médical que ces découvertes prennent tout leur sens. Chez les patients atteints de troubles cognitifs ou de la maladie d’Alzheimer, la musique familière peut réactiver des souvenirs que l’on croyait perdus. De nombreuses vidéos montrent des malades, muets ou apathiques, s’animer soudain au son d’une chanson de leur jeunesse.Cette étude de PLOS One confirme donc ce que l’intuition et l’expérience suggéraient déjà : la musique, et particulièrement celle qui nous est chère, n’est pas qu’un divertissement. Elle est une clé puissante pour stimuler et consolider la mémoire.En définitive, écouter un morceau familier, ce n’est pas seulement ressentir une vague de nostalgie. C’est activer un véritable réseau cérébral où émotions, souvenirs et apprentissages s’entremêlent. La musique devient alors bien plus qu’un art : un outil pour entretenir, renforcer et raviver notre mémoire. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
Vous rentrez chez vous, votre chien accourt, il plonge son regard dans le vôtre. Rien qu’un échange de regards. Et pourtant, à ce moment précis, votre cerveau libère une hormone… l’ocytocine.L’ocytocine, on la surnomme « l’hormone de l’amour » ou « de l’attachement ». On la connaît pour son rôle dans le lien mère-enfant, dans les relations amoureuses, ou encore dans la confiance entre deux personnes. Mais en 2005, une équipe de chercheurs japonais menée par Takefumi Kikusui a montré que cette même molécule joue aussi un rôle clé dans nos rapports… avec les animaux.L’expérience est simple : on observe des propriétaires interagir avec leur chien. On mesure leur taux d’ocytocine avant et après. Résultat ? Quand un humain fixe son chien dans les yeux, son taux d’ocytocine grimpe. Et, incroyable : celui du chien aussi. C’est une boucle hormonale, un cercle vertueux qui unit les deux espèces, presque comme un langage silencieux.Mais pourquoi est-ce si particulier ? Parce que l’ocytocine ne se contente pas de donner du bien-être. Elle renforce la confiance, la coopération, le sentiment d’attachement. C’est elle qui transforme un simple animal en compagnon, en membre de la famille.Cette découverte a aussi une dimension évolutive. Au fil des millénaires, les chiens capables de créer ce « dialogue hormonal » avec l’homme ont été privilégiés : mieux nourris, mieux protégés. Et en retour, nous, humains, avons trouvé dans ces animaux des alliés fidèles. L’ocytocine aurait donc contribué à sceller un pacte vieux de dizaines de milliers d’années.Depuis, d’autres études l’ont confirmé : caresser un chien ou un cheval, jouer avec un chat, ça stimule cette même hormone. Cela explique aussi pourquoi les thérapies assistées par les animaux peuvent réduire l’anxiété, le stress ou la dépression.Alors, la prochaine fois que vous croisez le regard de votre chien, souvenez-vous : ce n’est pas seulement une émotion. C’est une réaction biologique. Une petite molécule, l’ocytocine, qui traverse les frontières entre espèces et nous rappelle à quel point le lien avec les animaux est profondément inscrit… jusque dans notre cerveau. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
Imaginez un duo de jumeaux de plus de soixante ans. Même patrimoine génétique, parcours de vie souvent proches, habitudes semblables. Et pourtant, après douze semaines d’un simple ajout à leur alimentation, l’un d’eux se souvient mieux, apprend plus vite, tandis que l’autre ne constate aucun changement. Quelle est la différence ? Des prébiotiques, ces fibres alimentaires qui nourrissent les bonnes bactéries de notre intestin.Cette scène n’est pas une fiction mais le cœur d’une étude publiée début 2024 dans Nature Communications. Des chercheurs britanniques ont recruté 36 paires de jumeaux âgés en moyenne de 73 ans. Tous ont suivi un programme d’exercices et reçu des acides aminés bénéfiques pour la musculature. Mais un seul des deux jumeaux de chaque paire recevait, en plus, un supplément quotidien de prébiotiques. Trois mois plus tard, les résultats sont frappants : ceux qui avaient nourri leur microbiote intestinal obtenaient de meilleurs scores dans des tests de mémoire visuelle et d’apprentissage. Notamment, ils faisaient moins d’erreurs dans un exercice consistant à mémoriser des associations entre des images et des emplacements, un test considéré comme sensible aux premiers signes du déclin cognitif.Comment expliquer ce lien étonnant entre intestin et mémoire ? Tout passe par ce que les scientifiques appellent l’axe microbiote-intestin-cerveau. Les milliards de bactéries logées dans nos intestins produisent en permanence des molécules, comme des acides gras à chaîne courte ou même certains neurotransmetteurs, capables de circuler dans le sang et d’agir sur le cerveau. En modulant l’inflammation, en influençant la chimie cérébrale et même en dialoguant via le nerf vague, le microbiote peut contribuer à protéger ou à fragiliser nos capacités cognitives.Dans cette expérience, les prébiotiques ont favorisé la croissance de bifidobactéries, connues pour leurs effets bénéfiques. Et cette transformation interne s’est traduite par un petit coup de pouce mental. Certes, l’effet n’est pas spectaculaire, et il reste limité à une courte période et un petit échantillon. Mais il s’agit d’une preuve élégante, renforcée par le choix de jumeaux, que nourrir son intestin peut aussi nourrir sa mémoire.Ce résultat ouvre des perspectives intrigantes : et si, avec l’âge, un simple ajustement alimentaire suffisait à retarder le déclin cognitif ? Et si la clé pour protéger notre mémoire se trouvait dans notre assiette, dans ces fibres oubliées qui, silencieusement, font travailler pour nous des milliards de microbes alliés ? La recherche continue, mais une chose est sûre : notre intestin a bien plus à dire à notre cerveau que nous ne l’imaginions. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
Pendant longtemps, les manuels de biologie affirmaient qu’un cerveau humain contenait environ 100 milliards de neurones. Ce chiffre est resté gravé dans les esprits comme une vérité incontestable. Pourtant, la science n’aime pas les approximations trop simples, et des chercheurs ont voulu recompter plus sérieusement. C’est ce qu’a fait en 2009 la neuroscientifique brésilienne Suzana Herculano-Houzel avec une méthode innovante appelée la “méthode du bouillon de cellules”.Plutôt que de compter les neurones un par un au microscope – tâche évidemment impossible – son équipe a dissous des tissus cérébraux de cerveaux post-mortem dans une solution spéciale. Ce “bouillon” homogène permettait ensuite de mesurer la densité de noyaux cellulaires et, par extrapolation, d’estimer avec une précision bien meilleure le nombre total de neurones. Résultat : le cerveau humain contient en moyenne 86 milliards de neurones, et non 100 milliards comme on le croyait auparavant.Mais ce chiffre cache une répartition inégale. Environ 69 milliards de ces neurones se trouvent dans le cervelet, la structure située à l’arrière du crâne, longtemps considérée comme surtout impliquée dans la coordination motrice. Le cortex cérébral, siège des fonctions cognitives les plus sophistiquées – langage, mémoire, raisonnement – en contient “seulement” 16 milliards. Cela signifie que la majorité des neurones humains n’est pas dans la zone associée à la pensée consciente, mais dans une région qui règle nos mouvements avec une précision extraordinaire.Cette découverte a plusieurs implications fascinantes. D’abord, elle permet de comparer notre cerveau à celui des autres espèces. Par exemple, certains grands singes possèdent un nombre global de neurones inférieur, mais une densité neuronale similaire dans le cortex. Ce qui semble nous distinguer, ce n’est pas seulement le nombre total de neurones, mais le fait que nous avons réussi à concentrer beaucoup de neurones corticaux dans une taille de cerveau relativement contenue, optimisant ainsi l’efficacité énergétique.Ensuite, ce chiffre relativise l’idée que “plus de neurones = plus d’intelligence”. Le rapport entre les neurones corticaux et la masse corporelle semble plus pertinent pour comprendre nos capacités cognitives uniques. Chez l’humain, ce rapport est exceptionnellement favorable : malgré un corps de taille moyenne, nous disposons d’un cortex riche en neurones spécialisés.En conclusion, le cerveau humain compte environ 86 milliards de neurones, organisés en réseaux d’une complexité vertigineuse. Ce chiffre, corrigé par la science récente, montre que nous ne possédons pas forcément “le plus grand” cerveau du règne animal, mais sans doute l’un des plus ingénieusement câblés, capable de générer langage, culture et conscience. Une preuve supplémentaire que la qualité des connexions importe parfois plus que la quantité brute. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
Imaginez que votre cerveau soit une immense bibliothèque. Chaque jour, vous y rangez de nouveaux livres : un souvenir de conversation, une odeur de café, une formule de mathématiques, un visage croisé dans la rue. Alors forcément, une question se pose : peut-on un jour saturer ces étagères ? Le cerveau a-t-il une limite, comme un disque dur qui finirait par afficher “mémoire pleine” ?Elizabeth Kensinger, professeure de psychologie et de neurosciences au Boston College, a passé des années à étudier la mémoire humaine. Sa conclusion est claire : le cerveau ne fonctionne pas comme un ordinateur. Dans ses travaux, notamment avec Andrew Budson, elle explique que la mémoire n’est pas un espace fixe que l’on remplit jusqu’au trop-plein. C’est un système dynamique, où chaque souvenir est découpé en morceaux — une couleur, un son, une émotion — stockés dans différentes zones cérébrales et liés entre eux par l’hippocampe.Alors pourquoi avons-nous parfois l’impression d’être saturés, incapables d’apprendre une chose de plus ? Kensinger insiste : ce n’est pas une question de capacité, mais de conditions d’encodage. Quand nous sommes fatigués, distraits, ou stressés, notre cerveau n’enregistre pas correctement l’information. Le souvenir est flou dès le départ, et il sera plus difficile à retrouver. Autrement dit, ce n’est pas que la bibliothèque manque de place, mais plutôt que certains livres ont été posés à la hâte, mal étiquetés, et deviennent introuvables.Dans ses recherches, Kensinger montre aussi que l’oubli n’est pas un défaut mais une fonction essentielle. Le cerveau trie. Il élimine une partie des détails superflus pour se concentrer sur ce qui compte vraiment. Elle a notamment démontré que les souvenirs chargés d’émotion, surtout négatifs, conservent plus de précision visuelle que les souvenirs neutres. En d’autres termes, notre cerveau sélectionne : il garde intacts certains livres parce qu’ils marquent notre histoire, et laisse s’effacer les anecdotes banales.Alors non, il n’existe pas de “saturation” de la mémoire au sens strict. Nous ne remplissons jamais complètement nos étagères neuronales. Ce que nous ressentons comme une saturation est en réalité de la fatigue cognitive, un déficit d’attention, ou simplement ce mécanisme naturel d’oubli qui libère de l’espace mental.En somme, notre mémoire n’est pas un disque dur limité, mais un organisme vivant. Elle apprend, oublie, reconstruit. Elle n’a pas besoin d’être protégée de la saturation, mais entretenue par le sommeil, l’attention et le sens que nous donnons aux choses. Et c’est justement ce tri qui permet à notre bibliothèque intérieure de rester lisible, même après des décennies d’accumulation. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
Imaginez écouter une symphonie, et soudain, chaque note fait jaillir une couleur précise. Un do aigu devient un jaune éclatant, un sol grave se teinte de bleu profond. Pour certaines personnes, cette expérience n’est pas une métaphore poétique mais une réalité neurologique : elles vivent ce que l’on appelle la synesthésie, et plus précisément la chromesthésie, c’est-à-dire la capacité à “voir” la musique en couleur.Ce phénomène intrigant a fasciné aussi bien les artistes que les scientifiques. Contrairement à une simple association d’idées, il s’agit d’une perception automatique et stable dans le temps. Un synesthète qui associe le piano à une lueur dorée percevra cette nuance encore et encore, chaque fois que l’instrument résonnera. Mais pourquoi ce câblage particulier du cerveau existe-t-il chez certaines personnes et pas chez d’autres ?Les neurosciences avancent deux grandes explications. La première est celle de l’hyper-connectivité. Normalement, pendant l’enfance, les connexions neuronales “en trop” entre les différentes aires sensorielles s’élaguent progressivement. Chez les synesthètes, certaines de ces passerelles persistent, notamment entre les zones auditives et la fameuse aire V4, spécialisée dans la perception des couleurs. Résultat : une note de musique active non seulement le cortex auditif, mais déclenche aussi une réponse visuelle colorée. La seconde hypothèse repose sur un mécanisme de rétroaction désinhibée : ici, des régions dites multimodales, qui intègrent plusieurs sens, enverraient un signal visuel à partir d’un stimulus sonore, donnant naissance à ces visions colorées.Une étude emblématique, menée par Ward, Huckstep et Tsakanikos en 2006, a mis ce phénomène à l’épreuve. Les chercheurs ont recruté des personnes synesthètes et les ont comparées à un groupe contrôle. Résultat : quand on leur présentait des sons purs, les synesthètes associaient toujours les mêmes teintes, avec une cohérence remarquable. Mieux encore, leurs couleurs n’étaient pas de simples inventions volontaires : lors de tests de type Stroop, où l’on compare la rapidité de reconnaissance entre couleurs congruentes ou non, leurs réponses montraient que ces perceptions étaient automatiques et pouvaient interférer avec leur attention. Autrement dit, leur cerveau “voit” vraiment la musique.Cette expérience révèle aussi quelque chose d’universel : même les non-synesthètes ont tendance à associer sons aigus et couleurs claires, sons graves et teintes sombres. La différence, c’est que chez la majorité, cette correspondance reste implicite, presque inconsciente, alors que chez les synesthètes elle devient une perception consciente et constante.Ainsi, voir la musique en couleur n’est pas une fantaisie d’artiste, mais le fruit d’un câblage particulier du cerveau. Un croisement sensoriel qui transforme chaque mélodie en une fresque lumineuse, rappelant que notre perception du monde n’est pas figée mais peut varier de façon spectaculaire d’un individu à l’autre. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
Le jeûne, et en particulier le jeûne intermittent, ne se contente pas de modifier notre métabolisme : il agit aussi directement sur notre cerveau. Une étude récente, publiée en décembre 2023 dans la revue Frontiers in Cellular and Infection Microbiology, a montré que certaines zones cérébrales s’activent de manière spécifique pendant les périodes de privation alimentaire... Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
Pendant des décennies, les manuels de neurosciences ont enseigné que la perte d’un membre déclenchait une réorganisation majeure du cortex somatosensoriel : la zone cérébrale correspondant au membre amputé serait rapidement colonisée par les zones voisines — par exemple, celles de la bouche ou des lèvres. Cette théorie s'appuyait sur des travaux historiques chez les primates et des observations post-amputation chez l’humain.La percée : une étude longitudinale et inéditeCe paradigme s’effondre avec une étude rarissime — longitudinale — menée sur trois participants devant subir une amputation de la main. Les chercheurs leur ont fait passer des IRM fonctionnelles (fMRI) avant l’opération, puis jusqu’à cinq ans après, en leur demandant de bouger leurs doigts ou de presser leurs lèvres, y compris en effectuant des mouvements fantômes.Résultats étonnants : permanence du corps corticalLes résultats sont renversants : les cartes cérébrales (représentant mains et lèvres dans le cortex somatosensoriel) restent pratiquement identiques, même plusieurs années après l’amputation — sans aucune invasion par les zones voisines. Une participante, scannée cinq ans après, présentait toujours la même organisation neuronale.Pourquoi c’est révolutionnaireRenversement d’un dogme : L’étude remet en cause l’idée selon laquelle le cerveau adulte se réorganise rapidement après une amputation — un pilier de la science depuis plus de cinquante ans.Un protocole méthodologique fort : Grâce à sa conception avant/après, elle surmonte la limite méthodologique des études antérieures, qui comparaient uniquement des amputés à des personnes valides.Explication des douleurs fantômes : Le maintien de la représentation cérébrale de la main amputée explique pourquoi les douleurs ou sensations fantômes persistent : le cerveau « sait » encore que la main existe.Perspectives thérapeutiques inéditesNeuroprothèses et interfaces cerveau-machine : Comme la carte cérébrale reste stable, les prothèses alimentées directement par l’activité cérébrale — ou interfaces cerveau-machine — peuvent exploiter cette cartographie persistante, même longtemps après l’amputation.Révision des traitements contre la douleur fantôme : Plusieurs thérapies actuelles (ex. miroir) visent à « réparer » une carte cérébrale supposément réorganisée. Mais ces résultats suggèrent qu’on se trompe de cible : il faudrait plutôt s’attaquer à des mécanismes périphériques ou autres réseaux neuronaux, et repenser l’approche clinique.ConclusionCette étude marque un véritable tournant pour les neurosciences du corps et de la plasticité cérébrale. En démontrant que le cerveau ne réorganise pas massivement ses cartes sensorielles après amputation, elle dissipe un mythe établi et ouvre la voie à des traitements plus ciblés et efficaces, tant pour les douleurs fantômes que pour les technologies prothétiques. La permanence de ces cartographies offre une base robuste et durable sur laquelle s'appuyer pour améliorer la prise en charge des millions de personnes amputées à travers le monde. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
Une étude publiée début 2025 dans Food & Function par L. Bell et ses collègues de l’Université de Reading a testé les effets immédiats d’un petit-déjeuner riche en noix (50 g de noix incorporées dans du muesli et du yaourt) sur la cognition de jeunes adultes en bonne santé (18-30 ans). Il s’agit du premier travail à explorer l’impact des noix sur la journée suivant la consommation, dans un cadre contrôlé en crossover.Les résultats sont frappants : les participants ayant pris des noix ont affiché des temps de réaction plus rapides tout au long de la journée et une meilleure performance mémorielle en fin de matinée — bien que la mémoire ait d’abord été légèrement moins performante à 2 heures post-consommation, avant une inversion favorable à 6 heures.. L’activité cérébrale (via EEG) a montré des variations dans les réseaux fronto-pariétaux — impliqués dans attention, mémoire épisodique et fonctions exécutives — suggérant une meilleure efficacité neuronale lors de tâches mentales exigeantes.Ces bénéfices sont probablement liés à la composition nutritionnelle unique des noix : elles sont riches en acides gras oméga-3 d’origine végétale (ALA), protéines végétales et polyphénols/flavonoïdes, qui collaborent pour améliorer l’absorption des nutriments (les protéines favorisant l’assimilation des lipides, et les lipides celle des antioxydants comme la vitamine E).Un autre aspect intéressant concerne les marqueurs sanguins : après consommation de noix, les participants présentaient de plus faibles taux d’acides gras non estérifiés et un léger surplus de glucose circulant, ce qui pourrait représenter un meilleur apport énergétique pour le cerveau.Cependant, certains effets étaient inattendus : les sujets ont rapporté une humeur légèrement plus négative après le petit-déjeuner aux noix, probablement liée à une moins bonne acceptabilité sensorielle (goût, odeur moins appréciés) du repas enrichi en noix.Par ailleurs, dans une perspective plus large, d’autres travaux ont montré qu’une consommation régulière de noix (bolus quotidien ou sur plusieurs années) est associée à une meilleure fonction cognitive chez les personnes âgées, voire à une réduction du déclin cognitif avec l’âge .En résumé, la toute récente découverte de l’impact positif d’un petit-déjeuner aux noix sur la cognition montre que ces fruits secs peuvent offrir à la fois un coup de boost mental immédiat (réactivité, mémoire) et potentiellement des bienfaits durables avec une consommation régulière, grâce à leur riche bouquet de nutriments. Toutefois, la saveur et le plaisir gustatif restent cruciaux pour maintenir une bonne humeur post-repas. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
On aime croire que nos yeux fonctionnent comme des caméras et que notre cerveau nous transmet le monde tel qu’il est, instantanément. Mais ce n’est qu’une illusion. Selon une étude récente menée par des chercheurs de l’Université d’Aberdeen en Écosse et de l’Université de Californie à Berkeley, publiée dans Science Advances, notre cerveau accuse un léger retard… et vit en réalité dans le passé... Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
Le deuil est souvent décrit comme une douleur psychologique, mais il s’agit en réalité aussi d’un bouleversement biologique. La Dre Lisa M. Shulman, neurologue à la faculté de médecine de l’Université du Maryland, l’explique clairement : notre cerveau perçoit une perte traumatique – comme celle d’un être cher – non pas comme une simple émotion, mais comme une véritable menace pour notre survie... Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
La réponse est oui, et une nouvelle étude internationale, publiée dans The Lancet Planetary Health, vient confirmer ce que les chercheurs soupçonnaient depuis longtemps. Si l’âge ou la génétique sont des facteurs connus de maladies neurodégénératives comme Alzheimer ou Parkinson, il faut désormais compter avec un autre ennemi silencieux : la pollution de l’air... Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
La concentration repose sur une capacité fondamentale de notre cerveau : filtrer les informations. À chaque instant, nos sens reçoivent des centaines de signaux – sons, images, odeurs… Mais pour rester attentif à une tâche, le cerveau doit opérer un tri sélectif entre ce qui est pertinent et ce qui ne l’est pas. C’est justement ce mécanisme qu’explique une étude de 2015 menée par des chercheurs de l’Institut de neurosciences de l’université de New York, qui ont identifié un acteur clé : le noyau réticulé thalamique, ou NRT.Le NRT est une structure en forme d’anneau située autour du thalamus, lui-même au centre du cerveau. Il agit comme un commutateur attentionnel. Concrètement, lorsque nous dirigeons notre attention vers un stimulus (par exemple un texte à lire), les neurones du NRT réduisent l’intensité des signaux sensoriels concurrents – comme les bruits ambiants, les mouvements visuels ou même les sensations tactiles. C’est ce qu’on appelle la sélection attentionnelle.L’étude, publiée dans Nature Neuroscience, a montré que ces neurones inhibiteurs du NRT peuvent désactiver temporairement certaines voies sensorielles au profit d’autres. Ainsi, lorsque vous vous concentrez sur la lecture, le NRT limite le traitement des sons ou des images parasites. Mais ce filtrage a ses limites. Si un bruit soudain ou inhabituel surgit – comme une voix forte ou une porte qui claque – le NRT réoriente l’attention vers cette nouvelle source, même si elle est sans intérêt. C’est un mécanisme de vigilance automatique, hérité de l’évolution, destiné à détecter les dangers.Autrement dit, le bruit capte l’attention non pas parce qu’il est pertinent, mais parce qu’il rompt l’équilibre sensoriel imposé par le NRT. Plus le bruit est irrégulier, imprévisible ou porteur d’information (comme une conversation), plus il sollicite le système attentionnel… au détriment de la tâche en cours.Cette redirection constante de l’attention a un coût : chaque interruption impose au cerveau un "temps de réinitialisation" de plusieurs secondes, durant lequel la performance cognitive chute. Ce phénomène s’appelle le coût de rebasculage attentionnel.En résumé, le bruit est néfaste à la concentration car il court-circuite le système de filtrage du cerveau, piloté par le noyau réticulé thalamique. Il force le cerveau à jongler entre les sources sensorielles, réduisant ainsi notre efficacité, notre mémoire de travail, et notre capacité à accomplir des tâches complexes. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
Et si un simple tatouage temporaire collé sur votre visage pouvait révéler votre niveau de fatigue mentale ? Non, ce n’est pas de la science-fiction, mais une avancée bien réelle publiée dans la revue Device. Des chercheurs de l’université du Texas à Austin viennent de mettre au point un dispositif révolutionnaire : un tatouage électronique ultrafin, capable de mesurer la charge cognitive en temps réel.Ce minuscule capteur se colle directement sur la peau, comme un tatouage éphémère. Il repose sur deux technologies clés : l’électroencéphalographie (EEG), qui mesure l’activité électrique du cerveau, et l’électrooculographie (EOG), qui enregistre les mouvements oculaires. Jusque-là, ces techniques nécessitaient un casque EEG rigide, des électrodes en gel et tout un attirail peu compatible avec une utilisation quotidienne. Mais grâce à l'électronique flexible et à des matériaux biocompatibles, les chercheurs sont parvenus à miniaturiser l’ensemble de manière spectaculaire.Mais à quoi sert ce tatouage ? À prévenir les erreurs humaines dues à une fatigue mentale trop importante. Dans certaines professions — comme les pilotes, les chirurgiens ou les contrôleurs aériens — une surcharge cognitive peut être dramatique. Ce tatouage permettrait donc d'évaluer en continu le niveau d’attention, la concentration, et les signes précoces de fatigue mentale… bien avant que le cerveau ne flanche.Le dispositif capte des signaux subtils : une baisse de la vigilance, des micro-décalages dans les mouvements oculaires, des modifications dans les ondes cérébrales… Tous ces éléments sont analysés par une IA qui établit un indice de charge cognitive. L’objectif à terme : envoyer une alerte si le niveau de fatigue devient critique, et éviter qu’un professionnel prenne une décision risquée dans un état de surmenage.Ce tatouage ouvre aussi des perspectives grand public : imaginez un jour pouvoir savoir si vous êtes trop mentalement fatigué pour conduire, pour réviser, ou même pour prendre une décision importante. Mais attention, les chercheurs insistent : ce n’est pas un gadget, mais un outil de mesure scientifique rigoureux.Ce projet s’inscrit dans une tendance plus large : celle de la neurotechnologie embarquée, qui vise à intégrer l’analyse cérébrale dans notre quotidien, sans contraintes. L’idée n’est plus de mesurer le cerveau uniquement en laboratoire, mais dans la vraie vie.Un jour, peut-être, nous porterons ce genre de tatouage comme nous portons aujourd’hui une montre connectée. Non pas pour compter nos pas, mais pour prendre soin… de notre esprit. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
Dans un monde où une simple pression du pouce suffit à obtenir une dose de distraction, d’approbation ou de nouveauté, un phénomène inquiétant gagne du terrain : nous ne parvenons plus à nous satisfaire des petits plaisirs du quotidien. Boire un café en terrasse, écouter les oiseaux, savourer un bon repas… Autant d’instants qui semblaient autrefois sources de satisfaction, mais qui paraissent aujourd’hui fades, voire insignifiants. En cause : l’omniprésence du digital, et son impact profond sur notre cerveau.Le chercheur en psychologie Bobby Hoffman, spécialiste de la motivation humaine, alerte depuis plusieurs années sur les effets délétères d’une récompense numérique constante. Selon lui, les technologies actuelles — réseaux sociaux, vidéos courtes, notifications — exploitent les mécanismes les plus primitifs de notre cerveau, notamment le système dopaminergique, responsable du plaisir et de la motivation. Le problème ? Ces micro-récompenses digitales arrivent à haute fréquence, souvent sans effort réel. Cela finit par "court-circuiter" notre capacité à tirer du plaisir des récompenses lentes, plus naturelles.Ce phénomène s’explique notamment par un principe fondamental en neurosciences : l’adaptation hédonique. Lorsqu’une récompense devient fréquente ou prévisible, son impact sur notre plaisir diminue. Autrement dit, plus on s’expose à des contenus stimulants — vidéos drôles, likes, scrolls sans fin — plus notre cerveau se désensibilise. Résultat : les petits plaisirs de la vie semblent moins excitants en comparaison.Selon Bobby Hoffman, cette surstimulation digitale engendre ce qu’il appelle une “insensibilisation motivationnelle”. Le cerveau, saturé de récompenses faciles, développe une forme de paresse cognitive : il devient moins enclin à rechercher des plaisirs profonds, ceux qui nécessitent un effort ou une attente, comme lire un livre, jardiner ou avoir une vraie conversation. Pire encore, cela affecte la capacité à ressentir de la gratitude ou de l’émerveillement.Les conséquences sont multiples : baisse de la concentration, frustration chronique, ennui, voire symptômes dépressifs. Car le bonheur durable se construit rarement sur des gratifications instantanées. Il repose sur des expériences riches, longues, parfois exigeantes.Comment inverser la tendance ? En réduisant l’exposition aux stimuli numériques, et en réapprenant à savourer la lenteur. Le silence, la contemplation, l’ennui même, sont des terrains fertiles pour réactiver les circuits de la dopamine “durable”. Bobby Hoffman insiste sur l’importance de “désintoxiquer” notre système de récompense, pour redécouvrir ce que signifie vraiment être satisfait.En résumé : notre cerveau n’a pas évolué pour gérer un flot continu de plaisirs faciles. Le digital nous a fait perdre le goût des choses simples. Il est temps de rééduquer notre attention… pour retrouver, enfin, le plaisir du réel. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
Rediffusion Papillon, pomme, avion… à l’évocation de ces quelques mots, des images vous sont peut-être spontanément venues en tête, mais à quoi peut bien nous servir cette capacité ? Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
Rediffusion Pour que nous puissions nous souvenir d’un élément dont nous avons eu connaissance il y a plusieurs années, il faut que le souvenir se rapportant à cet élément ait été consolidé dans notre mémoire. Pour ce faire, la réactivation de ce souvenir à plusieurs reprises semble particulièrement essentielle. Mais cette réactivation peut se faire à différents moments, lorsque nous sommes éveillés ou lorsque que nous sommes endormis, et ceci de manière consciente ou non-consciente. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
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Comments (1)

Jérôme Ryckewaert

Super idée de podcast ! J'adore... Je travaille auprès des personnes ayant subi un traumatisme cranio-cérébral, alors c'est tout à fait intéressant (Jérôme - Québec)

Feb 26th
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