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Chronique des matières premières
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Chronique des matières premières

Author: RFI

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Céréales, minerais ou pétrole, les ressources naturelles sont au cœur de l’économie. Chaque jour, la chronique des matières premières décrypte les tendances de ces marchés souvent méconnus.

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Tous les marqueurs de l'huile de palme sont à la baisse en Malaisie, le deuxième producteur mondial : baisse de la production, baisse des stocks, et baisse des exportations. Cette tension tire les prix vers le haut et fait l'affaire des autres huiles sur le marché. C'est un indicateur qui dit souvent beaucoup, les stocks d'huile de palme en Malaisie ont baissé pour le quatrième mois consécutif. En janvier, ils sont tombés à un plus bas depuis 2021 et ce n'est pas la production actuelle qui va relever les niveaux : elle a baissé de 17 % le mois dernier. La récolte est toujours plus faible à cette période de l'année, mais la baisse s'est accentuée en raison des pluies torrentielles de ces derniers mois qui ont touché d'importantes zones de culture et ont empêché les travailleurs d'accéder aux plantations.À ces événements climatiques s'ajoute une baisse plus structurelle de la production faute de renouvellement assez rapide des plantations, explique Nicolas Turnbull, entrepreneur en agriculture tropicale. En Asie du Sud-Est, 3 millions d'hectares au moins ont plus de 25 ans. Des arbres trop vieux, « ça veut dire des arbres qui ont passé leur pic de production et dont la taille rend la récolte compliquée », ajoute l'expert.À lire aussiPourquoi les cours de l'huile de palme ont-ils bondi en Asie?+ 9% en deux semaines à la Bourse de Kuala LumpurCe cocktail stocks et production en baisse, tire les prix à la hausse : les contrats d'achat d'huile de palme malaisienne, pour une livraison au mois d'avril, ont grimpé de près de 9 % en deux semaines à la Bourse de Kuala Lumpur. Ils sont entretenus également par l'augmentation de la consommation liée au Nouvel An chinois, et celle qui est attendue avec l'arrivée du ramadan, à la fin du mois.L'autre facteur qui va probablement encore peser sur la durée, c'est la nouvelle stratégie du numéro 1 mondial, l'Indonésie, qui prévoit de réserver plus de volumes à son secteur énergétique. Le pays mise désormais sur le B40, un biodiesel qui, depuis le 1ᵉʳ janvier, doit comprendre 40 % de biocarburant à base d'huile de palme, contre 35% jusque-là. C'est énorme dans l'absolu, et 5 % de plus, cela représente presque 2 millions de tonnes d'huile de palme qui ne sont plus mises sur le marché.À écouter dans C'est pas du ventHuile de palme, les ravages continuentAcheter pour se prémunir d'une hausse« Ce ne sont pas les volumes de production que l'on regarde, mais la demande qui a changé », assure un négociant en huile. Et dans cette perspective d'augmentation de la demande domestique dans plusieurs pays asiatiques, les traders se seraient mis à acheter plus de contrats à terme, dans l'espoir de se prémunir d'une hausse qui pourrait durer. Une pratique qui alimente un peu plus la tension. Indirectement, les autres huiles en profitent. Cela fait déjà plusieurs mois que l'huile de palme, réputée très bon marché, est devenue plus chère que l'huile de soja aux États-Unis. En Europe, l'huile de palme raffinée est aussi plus chère que l'huile de colza raffinée. « Nous vivons une situation assez inhabituelle sur le marché », résume un de nos interlocuteurs.À lire aussiL'huile de palme est devenue moins chère sur le marché que celle de soja
Des tensions géopolitiques et la perspective d'une guerre commerciale entre les États-Unis, l'Union européenne et la Chine chahutent les marchés des vins et spiritueux. Le repli des exportations européennes atteste de cette tendance. S'il reste le troisième poste excédentaire de la balance commerciale de la France, après l'aérospatial et les cosmétiques, le secteur des vins et spiritueux voit ses ventes à l'étranger chuter pour la deuxième année consécutive, a indiqué Gabriel Picard, président de la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux de France, à l'occasion du salon Wine Paris, qui vient de s'achever. Les exportations de vins, champagnes, cognacs et autres alcools français ont totalisé 15,6 milliards d'euros en 2024, soit une baisse de 4% en valeur.Le marché américain attentisteLe premier marché à l'international des producteurs français, celui des États-Unis, retrouve lui des couleurs, avec une hausse des ventes de 5%. Mais ces bons résultats s'expliquent par l'anticipation de l'arrivée de Donald Trump au pouvoir. Les importateurs américains ont augmenté leurs commandes pour limiter l'impact du retour de possibles taxes douanières. L'Italie et l'Espagne, respectivement premier et troisième producteur de vins dans le monde, ont aussi profité de cette tendance. Cependant, ces deux pays sont en perte de vitesse sur ce marché, où ils craignent d'être remplacés par leurs concurrents argentins et chiliens.Pékin mène une enquêteEn Chine, l'environnement est aussi de plus en plus tendu. Le marché chinois n'est plus un eldorado pour les eaux-de-vie européennes en raison d'une enquête anti-dumping déclenchée par Pékin en 2024. Qu'il s'agisse de la Chine ou des États-Unis, les perspectives s'assombrissent. La filière attend des dirigeants européens une prise de parole maîtrisée mais efficace. « Or, cela n'a pas toujours été le cas », selon Gabriel Picard. Carlos Martín, responsable économique du gouvernement de la Castille-et-León, en Espagne, partage cette opinion : « On ne peut pas rogner sur nos marges éternellement. »À lire aussiCommerce mondial: Pékin a le cognac, l'armagnac et les brandys européens dans son viseurL'unité européenne dans l'étau des taxesLes menaces douanières, qu'elles viennent de Washington ou de Pékin, pourraient également créer des points de discorde entre les Européens, alerte l'économiste Philippe Dessertine. Selon lui, les politiques trumpiste et chinoise sont de nature à alimenter les tensions entre les États membres de l'Union européenne, les intérêts pouvant différer en fonction des secteurs de l'économie qui sont taxés.À lire aussiLa production mondiale de vin au plus bas en 2024, conséquence du dérèglement climatique
L'annonce de la mise en place de nouvelles taxes douanières américaines de 25% sur les importations d'acier et d'aluminium, et peut-être demain sur le cuivre, a un effet sur les prix, avant même leur entrée en vigueur. L'inquiétude des industriels et l'anticipation des traders suffisent à faire réagir les marchés. Les marchés des matières premières sont des marchés d'anticipation, comme le rappelle Yves Jegourel, professeur titulaire de la chaire Économie des matières premières et transitions durables au Conservatoire National des Arts et Métiers. Et ce qui se passe en ce moment en est la parfaite illustration. Réactions à la hausse ou à la baisse, selon la région du monde ; les taxes promises par Donald Trump se font déjà sentir. Là où elles font le plus mal, c'est aux États-Unis : les traders craignent une augmentation des prix et achètent un maximum de volumes d'acier et d'aluminium. Cette demande ne reflète pas un besoin réel, mais elle a le même effet haussier sur le marché américain. Les prix de l'aluminium ont augmenté de 3% pour atteindre un plus haut depuis mai 2022. Au total, depuis l'élection de Donald Trump, les prix de l'aluminium ont bondi de 60%.À lire aussiIndustrie: l'acier européen en pleine crisePrime américaine sur le cuivre de 800 dollars la tonneC'est le cas aussi pour le cuivre, qui n'est pas encore visé par les nouveaux tarifs douaniers, mais qui pourrait l'être. Le prix des contrats à terme sur le métal rouge aux États-Unis, fixé à New York, s'est envolé avec une surcote de 800 dollars la tonne par rapport au prix de référence fixé par la Bourse aux métaux de Londres (LME). Cette majoration payée donc par les acheteurs américains a doublé en une semaine et atteint un plus haut depuis 2020, selon le Financial Times.À Londres, au contraire, les prix du cuivre ont légèrement reculé. Peut-être là par anticipation d'un recul de la demande aux États-Unis, et donc d'une offre plus importante sur le marché mondial, quand les taxes entreront en vigueur. L'aluminium, mais aussi le zinc, le nickel, le plomb et l'étain ont vu leur prix également se replier en Europe.À lire aussiCuivre: déficit à l'horizon 2030?L'incertitude pousse les prix de l'orL'autre métal emporté par la tourmente des taxes, c'est l'or, valeur refuge par excellence. Devant l'incertitude des répercussions que pourrait avoir la nouvelle politique commerciale américaine, l'or séduit de plus en plus d'investisseurs. Les prix du métal jaune n'ont jamais été si près de la barre symbolique des 3 000 dollars l'once.La menace de nouvelles taxes plane aussi sur l'amont de la chaîne, c'est-à-dire sur le secteur de l'extraction. Le patron du géant Anglo American a prévenu que l'effet inflationniste provoqué par ces nouvelles taxes s'observerait aussi sur les coûts de la production minière, et ce potentiellement pendant des années. Même si l'impact précis est encore difficile à déterminer, et sera variable selon les régions d'extraction concernées, une chose est sûre selon Duncan Wanblad, qui s'exprimait sur le sujet lors du Mining Indaba qui s'est ouvert le 9 février en Afrique du Sud : le monde minier « aurait pu se passer des déclarations de Donald Trump ».À lire aussiLes banques centrales d'Europe centrale et orientale sont les plus gros acheteurs d'or
Cela fait deux ans que les prix du gaz n'ont pas atteint leur niveau actuel en Europe. Le froid sur le continent stimule la demande, qui fait fondre les stocks. Les stocks européens de gaz diminuent à grande vitesse. Ils sont passés sous la barre des 50% en moyenne, contre 67% l'année dernière à cette période. En France, aux Pays-Bas et en Croatie, ils sont inférieurs à 35%. Et cela ne devrait pas s'arranger, car les prévisions font état d'une demande qui sera plus forte ce mois-ci qu'en février 2024, en raison du froid qui s'est installé et qui persiste. Dans plusieurs pays du nord-ouest de l'Europe, des températures glaciales sont annoncées pour les prochains jours. Et pour ajouter de la demande, à un moment où elle est déjà très forte, l'Ukraine a augmenté depuis la semaine dernière ses importations de gaz de Pologne, de Slovaquie et de Hongrie, après des dommages sur ses capacités qui compliquent son approvisionnement.À lire aussiLe gaz naturel: un marché en plein essorLa menace des tarifs douaniers américainsCette pression sur les stocks se fait ressentir sur les prix. Ils augmentent tous, que ce soient ceux du gaz, qui doit être livré dans le mois qui vient, ou celui des contrats, qui prévoient une livraison en 2026 et 2027.Les niveaux de prix risquent de mettre en difficulté les Européens qui vont devoir, tôt ou tard, acheter du gaz pour refaire leurs stocks à hauteur de 90% d'ici à l'hiver prochain. Le pire scénario serait que les tarifs douaniers américains s'ajoutent à l'effet de la météo et rendent les importations de gaz naturel liquéfié (GNL) plus chères : depuis deux hivers, l'Europe s'attelle à remplacer ses achats de GNL russe, et pour y arriver, l'Union européenne a augmenté ses importations de GNL des États-Unis, ce qui la rend plus dépendante de ses relations avec Donald Trump.À lire aussiTaïwan se dit «prête» à augmenter ses importations de gaz américain après les menaces de TrumpConcurrence accrue entre acheteurs européens et asiatiquesLa situation est très compliquée cet hiver pour l'Europe, qui a perdu 5% de son approvisionnement en gaz russe depuis janvier, avec l'expiration de l'accord de transit qui permettait au gaz russe de passer par le gazoduc via l'Ukraine.Et l'Europe a aussi des concurrents. Les prévisions météo annoncent des vagues de froid dans certaines régions d'Asie dès la fin de la semaine, ce qui pourrait augmenter la rivalité entre acheteurs européens et asiatiques de GNL, et donc forcément les prix. À lire aussiLibye: «les soupçons de contrebande de pétrole libyen vers l'étranger ne sont un secret pour personne»
Pékin a dévoilé la semaine dernière une liste de métaux désormais soumis à des restrictions d'exportation. Parmi eux, le bismuth, utilisé dans l'industrie chimique et dans l'électronique. Un petit métal, qui sert aussi de pigment pour donner la couleur jaune des engins Caterpillar, et produit à 80% en Chine.  Pour l'instant, la Chine s'en tient à des mesures de contrôle : les exportateurs doivent désormais obtenir une licence et spécifier à quel client ils vendent, et pour quel usage. Le robinet n'est donc pas fermé, mais le temps que les exportateurs chinois s'organisent, il pourrait y avoir une suspension des ventes pendant un ou deux mois, voire trois mois.« Dans les 100 prochains jours, il vaut mieux ne pas avoir besoin de bismuth », résume un expert. La Chine produit 80% des volumes, et pour en trouver, il faudra se tourner vers le deuxième et le troisième producteur, la Corée du Sud et le Laos, dont la production est minime par rapport à celle du géant asiatique, selon les données des services géologiques américains (USGS).À lire aussiGuerre commerciale Chine-États-Unis: le commerce de tungstène en sursisPas d'alternatives aussi bon marché que le bismuthAujourd'hui, à 12 dollars le kilo environ, le bismuth fait partie du club des métaux bon marché, ce qui veut dire que même si son prix augmente – et c'est déjà le cas depuis une semaine –, l'impact devrait être mineur pour les industriels selon Sian Morris, analyste principal pour les matériaux critiques chez Argus Media. Sauf si les industriels n'ont pas de stocks et doivent lui trouver un substitut, car rares sont les alternatives aussi peu onéreuses. Ceux qui vont pâtir d'une offre qui s'annonce plus serrée dans les prochains mois sont les industriels des secteurs de la pharmacie, de la cosmétique, mais aussi ceux qui utilisent le bismuth comme pigment jaune, ou dans des alliages pour remplacer le plomb. Les pays européens sont, avec les États-Unis (688 tonnes importées en 2024) les premiers importateurs de ce métal, et donc les plus à risques. L'Europe (873 tonnes importées en 2024) est peut-être encore plus exposée en raison de l'absence de stocks publics de sécurité.  Un signal de plus pour constituer des stocks ?Ce n'est pas faute d'avoir tiré la sonnette d'alarme, disent aujourd'hui ceux qui militent pour la création de tels stocks tampons. Ces nouvelles restrictions chinoises doivent être prises comme un appel à sécuriser notre approvisionnement, insiste Vincent Donnen, patron de la Compagnie des métaux rares (CDMR), une société de conseil en investissement. Même pour des métaux qui sont utilisés en très faibles quantités comme le bismuth, quand la dépendance à la Chine atteint un tel niveau, il n'y a pas de plan B, explique-t-il.Le seul espoir pour l'Europe est qu'une fois que le ministère chinois du Commerce commencera à accorder des licences d'exportation, les exportations devraient reprendre, si on se fie aux précédentes restrictions imposées sur d'autres métaux. En revanche, il est peu probable que la Chine autorise la reprise des exportations vers les États-Unis, selon Argus Media.À lire aussiLes États-Unis devront se passer de gallium, germanium et antimoine chinois
Les objectifs de production du diamantaire De Beers sont revus à la baisse pour 2025. Une annonce qui illustre la crise que connaît le marché du diamant, et qui pourrait faire baisser un peu plus la valeur du géant du diamant, dont Anglo American a dit vouloir se séparer. Les vents ne soufflent décidément pas dans la bonne direction pour De Beers. Anglo American a déprécié sa valeur de 1,6 milliard de dollars il y a un an. Le groupe annonce maintenant une baisse de la production de sa filiale pour 2025 : 20 millions de carats contre 33 millions initialement projetés. Cette annonce n’envoie pas un bon signal quant à la valeur de De Beers, même si elle s’explique facilement : la baisse des ventes ces derniers mois a fait grossir les stocks du géant du diamant qui sont évalués à 2 milliards de dollars. Au vu de l’état de la demande, personne n’est donc finalement très surpris qu’Anglo American ait décidé de ne pas creuser plus qu’il ne fallait. À lire aussiAnglo American veut recentrer son activité sur le cuivre et le minerai de ferLe très haut de gamme se maintientLa consommation est certes en train de remonter pour certaines catégories de diamant, notamment les plus grosses pierres, au-dessus de deux carats. Une remontée constatée aux États-Unis surtout et aussi en Inde, devenue le deuxième pays de consommation. Mais la perte de vitesse du marché chinois, rétrogradé au troisième rang des acheteurs, est préoccupante pour l’industrie. D’autant que rien n’indique que la Chine reviendra rapidement à ses niveaux d’achats d’avant pandémie, précise un expert de la filière.Le ralentissement chinois, ajouté à l’essor des diamants synthétiques, a alimenté la baisse des prix : les diamants bruts naturels ont chuté de 25 % sur les deux dernières années, et les pierres polies, elles, d’environ 25 à 30 %.Un poids pour Anglo AmericanLa morosité du secteur risque de compliquer les projets d’Anglo American qui disait vouloir se séparer de sa filiale diamant d'ici à la fin de l’année et qui sera peut-être amené à revoir son calendrier, pour ne pas vendre De Beers au rabais.La prochaine publication des résultats d’Anglo American dira de combien ont baissé les résultats du géant du diamant en 2024 et à combien est aujourd’hui évaluée l’entreprise. Les paris sont déjà ouverts chez les industriels.À lire aussiLe deuxième plus gros diamant au monde découvert au Botswana
L’Inde est revenue sur le marché du riz, depuis mi-octobre, après des mois de restrictions à l’exportation. Cela s’est traduit par une baisse des prix, qui n’est probablement pas terminée. C’est en tout cas le pari des importateurs qui reculent leurs achats en ce début d’année, en espérant demain payer moins cher leurs sacs de riz. Les importateurs peuvent dormir tranquilles, il y aura du riz en abondance cette année et, sauf accident climatique majeur, du riz à bon prix. Ce prix est très fortement lié à la promesse de voir l’Inde revenir à ses niveaux d’exportations historiques de 2022.Dès l’annonce mi-octobre de l’assouplissement des mesures d’exportation pour le riz indien, la baisse des prix a débuté. Ce mois de janvier, la tendance s’est amplifiée. « C'est l’hécatombe », dit même un de nos interlocuteurs. L’hécatombe pour ceux qui vendent, mais plutôt une bonne nouvelle en revanche pour les consommateurs.La baisse est variable selon les origines, -15 % pour le riz vietnamien, -7 % pour le thaïlandais, -3 %  pour le riz indien, elle est en moyenne, pour ce premier mois de l’année, de 7 %. Une telle variation mensuelle ne s’était pas produite depuis juillet 2021.À lire aussiLe retour de l'Inde sur le marché du riz fait chuter les prixLes prix de tous les types de riz ont baisséDepuis mi-octobre, les prix du riz blanc ont baissé d’un peu plus de 50 dollars la tonne et ceux du riz étuvé de 100 dollars la tonne. Les prix ne sont visiblement pas encore stabilisés, ce qui conforte les importateurs dans leur position attentiste, explique Patricio Mendez del Villar, économiste au Cirad, le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement, et éditeur de la note de conjoncture Osiriz.Les pays africains, qui ont relancé leurs achats dès que l’Inde est revenue massivement dans le jeu, ont mis le pied sur le frein dans l’espoir de voir les prix encore diminuer. La demande indonésienne est aussi en chute. Le pays pourrait n’importer qu’un million de tonnes cette année, contre plus de quatre l’année dernière. Les Philippines auront besoin d’acheter du riz dans les prochains mois, probablement autant qu’en 2024, mais le pays ne se précipite pas encore pour passer commande.Un marché bien approvisionné en 2025« Tous les importateurs savent que l’offre globale en riz sera bonne, même si les origines changent », explique Patricio Mendez del Villar. Il y aura cette année sur le marché plus de riz indien — l’Inde prévoit d’exporter 22 millions de tonnes, soit 5 millions de tonnes de plus que l’année dernière — et moins de riz du Vietnam et de Thaïlande.Les deux pays ont profité du creux des exports indiens et ont connu une année 2024 en or. Les volumes qu’ils n’exporteront pas en 2025 seront stockés et participeront au maintien des prix bas. Les importateurs le savent et n’ont aucune raison de se précipiter. D’autant que sur le continent africain, l’approvisionnement est aussi assuré à cette période de l’année par le riz local. À écouter dans Un jour au villageAu Sénégal, du riz fortifié pour les cantines scolaires en milieu rural
La Chine, premier importateur mondial de coton, se fournit majoritairement aux États-Unis. Mais les tensions entre les deux pays pourraient rebattre les cartes et impacter les cours mondiaux. La Chine aura-t-elle encore une raison demain d'acheter du coton américain si la guerre commerciale fait rage avec les États-Unis ? La question est posée par Mambo Commodities, un négociant en coton, dans sa dernière note de marché datée du 3 février. Si l'empire du Milieu ne peut guère se reporter sur le coton du Xinjiang pour fabriquer fils et textiles destinés à l'Occident — l'origine est entachée de soupçons de travail forcé —, le pays a un autre fournisseur de choix, qui fait partie comme lui des Brics : le Brésil.Si la Chine achète moins de coton américain, l'impact ira bien au-delà des tensions bilatérales : le marché du coton a une référence, et une seule, le prix du coton américain. Or, si les États-Unis voient leurs exportations baisser, leur coton verra son prix aussi tiré vers le bas et entraînera dans sa chute tous les autres cotons du monde, qu'ils soient brésiliens, africains ou australiens. À lire aussiLe marché du coton entre forte volatilité et manque de visibilitéQuelle surface cette année aux États-Unis ?Au cours actuel qui tourne autour de 66 cens la livre, le coton n'est déjà pas rémunérateur, à part peut-être seulement pour les Brésiliens qui ont des coûts de production très faibles. Par peur de voir les cours baisser un peu plus, les fermiers américains pourraient réagir et décider de planter moins cette année, au profit d'une autre culture.Les premières estimations des surfaces emblavées aux États-Unis seront connues fin février et donneront une idée de l'inquiétude qui règne dans les champs, outre-Atlantique. À lire aussiLes défis du coton africain face à l'explosion de la production brésilienneDes cours difficilement tenables en AfriqueLes guerres tarifaires pourraient aggraver la « déprime » sur le marché du coton, selon les experts en matières premières du Cercle Cyclope, un marché déjà miné par une demande en déclin et l'explosion de la production au Brésil devenu le premier exportateur mondial, qui ambitionne de produire cette année 5 millions de tonnes de fibres de coton. Une nouvelle baisse des cours serait intenable pour les sociétés cotonnières africaines  : elles achètent cette année le coton graine, qu'elles transforment en fibre, à un prix trop élevé par rapport au cours mondial de l'or blanc qui a perdu un tiers de sa valeur en un an. Le coton ouest-africain se vend, mais à un rythme toujours ralenti, qui pâtit aussi de la mauvaise santé économique de plusieurs filatures du Bangladesh, minées par les dettes. À lire aussiUne campagne difficile pour le coton africain plombé par ses coûts de revient
La Commission européenne étudie la mise en place de sanctions sur les engrais azotés russes. Une proposition de texte a été publiée le 28 janvier, et doit être maintenant examinée par le Parlement européen. C'est un exercice d'équilibriste pour l'Europe, tiraillée entre la pression exercée par les fabricants d'engrais qui réclament plus de tarifs douaniers et les agriculteurs qui eux profitent des prix bas proposés par la Russie. Les nouvelles sanctions européennes sur les engrais russes et biélorusses prévoient une augmentation graduelle des tarifs douaniers pour arriver, au bout de trois ans, à des taxes supérieures à 50%. Ce projet, qui doit encore être voté par le Parlement européen, a pour objectif de réduire la dépendance à la Russie dans le domaine vital de la sécurité alimentaire.Depuis le début de la guerre en Ukraine, les exportations russes d'Urée, de NPK ou de DAP vers l'Union européenne ont plus que doublé. Un jour sur sept désormais, les besoins en nutriments du secteur agricole français sont fournis par la Russie, selon l'Union des industries de la fertilisation (Unifa).Des coûts de production russes « imbattables »Pour les agriculteurs qui sont soumis aux cours du marché mondial pour vendre leurs grains, les prix pratiqués par les exportateurs russes et biélorusses sont précieux, car ultra-compétitifs, en raison de coûts de production imbattables. « L'Europe peut se fournir ailleurs, pour l'Urée, par exemple, il y a l'Égypte ou l'Algérie, mais le prix sera toujours plus élevé qu'en Russie », explique un négociant. La préparation de nouvelles sanctions n'est donc pas une bonne nouvelle pour les grandes filières agricoles de pays tels que la France, l'Allemagne, ou encore les Pays-Bas. C'est sans doute pour tenter de ménager les agriculteurs que les mesures proposées sont graduelles.La Pologne alerte sur les risques de dépendanceCes sanctions répondent en revanche à une demande des fabricants européens d'engrais tels que les géants Yara, Azoty ou encore Achema, qui souffrent des prix du gaz. Ces derniers ont été contraints, ces derniers mois, de réduire leur activité, comme le rappelle Unifa. Pour le groupe de pression Fertilizers Europe, le projet européen de nouvelles taxes doit être encore plus ambitieux.La Pologne, qui assure la présidence du Conseil de l'UE, a clairement pris position pour la mise en place de ces tarifs douaniers supplémentaires. Elle est directement concernée et dit vouloir arrêter l'afflux de produits qui « étranglent » son industrie nationale des engrais, « menacée d'effondrement », selon le vice-ministre des finances, cité par l'agence Bloomberg.À lire aussiLes engrais russes bon marché mettent en difficulté les producteurs européens
Les producteurs de pétrole ne se précipitent pas pour approvisionner la Syrie. Le premier appel d'offre publié par les nouvelles autorités n'a pas reçu de réponse. Un casse-tête pour le pays qui va devoir trouver d'autres solutions pour répondre à la demande en essence, gasoil et fuel. Pour ses besoins immédiats, la Syrie cherche à importer 4,2 millions de barils de pétrole brut ainsi que 100 000 tonnes de fuel et de diesel. Des volumes qu'elle va devoir se procurer auprès d'intermédiaires locaux, puisque les majors pétrolières ont boudé les derniers appels d'offres émis par Damas. Selon l'agence Reuters, certaines sources au sein de ces majors auraient avancé un manque de visibilité sur la levée des sanctions, notamment celles prises par l'Europe. L'Union européenne a ainsi déclaré lundi qu'une feuille de route pour alléger les sanctions contre la Syrie était prête, mais qu'elle prévoyait une approche graduelle et le maintien d'un cadre strict.Les majors pétrolières préfèrent attendre D'autres fournisseurs de pétrole auraient été dissuadés par les conditions financières : un paiement à crédit, assorti d'une obligation pour le vendeur de déposer une somme dans une banque syrienne allant de 200 à 500 000 dollars, selon les informations de Reuters. Cette « garantie de performance » permet à la Syrie de s'assurer qu'au dernier moment le pétrole qu'elle attend ne sera pas dérouté vers une autre destination.« La pratique est courante, explique le négociant Charles Thiémélé, directeur Afrique de la société de trading pétrolier et gazier BGN SA, et les montants demandés en dépôt n'ont rien d'exceptionnel. Ils peuvent être parfois beaucoup plus élevés dans certains pays ». Mais de fait, dans ce cas précis, la vente a été jugée trop risquée, ou assez intéressante, par les compagnies pétrolières.Plus aucune livraison d'Iran depuis novembreCe désintérêt pourrait mettre en difficulté la Syrie, et compromettre sa volonté de redresser son tissu économique. Les besoins du pays en produits raffinés sont évalués entre 100 000 et 200 000 barils jour. Ils étaient largement couverts avant la guerre par une production de 400 000 barils jours de brut. Mais depuis le début du conflit en 2011, la production nationale s'est effondrée, et le pays est devenu dépendant de l'Iran pour son approvisionnement. Or plus aucune cargaison iranienne de brut n'est arrivée depuis novembre dernier, selon les données de suivi maritime du cabinet franco-belge Kpler.La Syrie doit donc à tout prix trouver de nouveaux fournisseurs. Le risque, pour le pays, est de se retrouver à sec, et de voir rapidement les prix grimper à la pompe, ce que cherche généralement à éviter un gouvernement nouvellement installé. À lire aussiLa Turquie propose d'aider la Syrie à reconstruire son système énergétique sur fond d'enjeux stratégiques
La récolte française 2024 a été l'une des plus faibles de ces quarante dernières années. Et comme si cela ne suffisait pas, la céréale française peine à se vendre. Deux des gros acheteurs de blés de l'Hexagone, l'Algérie et la Chine, sont aux abonnés absents cette année. L'agenda des expéditions de blé, dans les ports français, est désespérément vide. Une preuve concrète de la lenteur avec laquelle la récolte s'exporte depuis le début de la campagne de commercialisation, en juillet dernier. Et pourtant, la France n'a cette année que 3,8 millions de tonnes à exporter, hors de l'Union européenne, soit 60 % de moins que d'ordinaire. Mais depuis juillet, le pays n'a pas réalisé la moitié de ses objectifs.Le premier grand absent, c'est l'Algérie, partenaire traditionnel avec lequel les relations diplomatiques sont en dents de scie. Depuis le mois d'août, à peine plus de 30 000 tonnes sont parties vers les côtes algériennes : une goutte d'eau par rapport aux 1,8 million de tonnes de l'année dernière. Une source du ministère français de l'Agriculture reconnaît que « l'Algérie est quasi fermée au blé français », car bien sûr le pays achète toujours des volumes de la céréale, mais il privilégie d'autres origines, telles que la Russie. « Le pays a mis un embargo sans le nommer », regrette un négociant français, qui n'arrive même plus à vendre aux algériens du blé d'une autre origine, preuve que son statut d'entreprise français est elle-même un facteur de blocage.Peu d'espoir de voir la Chine s'intéresser au blé françaisL'autre pays qui fait défaut, c'est la Chine, dont l'économie peine à redémarrer. Le pays n'a pas acheté un grain de blé français depuis l'ouverture de la campagne alors qu'il en avait importé 2,2 millions de tonnes l'année dernière. La maigre consolation pour les exportateurs de l'Hexagone, c'est que la Chine ne s'est pas tournée massivement vers d'autres origines, pour l'instant. Il n'est pas exclu en effet qu'elle décide de privilégier un blé de proximité, le blé australien dont la récolte touche à sa fin.Au-delà des freins économiques et politiques, le blé français pâtit cette année d'une moins bonne qualité qui impacte le travail des grains dans les moulins. Cela ne l'a pas empêché de se vendre au Maroc, devenu le premier client hors UE pour cette campagne, en Afrique subsaharienne ou encore en Thaïlande. Concurrence argentine Il reste aujourd'hui cinq mois à la France pour vendre un peu plus de deux millions de tonnes de blé. Certains espéraient que la baisse du quota d'exportation des grains russes sur la deuxième partie de la campagne – soit 11 millions de tonnes maximum entre le 15 février et fin juin – libèrerait des parts de marché pour la France, mais la concurrence s'annonce rude.« La nouvelle récolte d'Argentine est sur le marché à des prix très compétitifs, le Kazakhstan s'est aussi manifesté ces derniers jours pour annoncer une disponibilité de 4 millions de tonnes », précise Damien Vercambre du cabinet Inter-Courtage qui résume ainsi la situation : « Il y a du blé ailleurs, de bonne qualité et à des prix plus bas que le blé français ».À lire aussiPremier fournisseur mondial de blé, la Russie recadre ses exportations
Le commerce illégal de bois russe vers l’Europe est en plein essor depuis le début de la guerre en Ukraine, et ce, en dépit des sanctions européennes. Selon l’ONG britannique Earthsight, spécialisée dans les enquêtes sur la criminalité environnementale et sociale, l’équivalent de 20 camions remplis de bois de bouleau entreraient chaque jour sur le sol européen. Pendant neuf mois, l’ONG britannique Earthsight a joué aux acheteurs de bois pour rencontrer traders et exportateurs et obtenir des preuves du commerce illégal de contreplaqué de bouleau. Ce bois est de plus en plus prisé en décoration intérieure, et c'est aussi le principal bois russe qui fait l'objet d'un blanchiment à grande échelle, selon la coordinatrice de l’enquête Tara Ganesh.Au terme de ses investigations, l'ONG a pu évaluer que, chaque jour, un volume de 700 m³ de bois de bouleau russe et biélorusse arrivait dans les ports et aux frontières de l’Union européenne. On parle d’une valeur de 1,5 milliard d’euros de contreplaqué de bouleau qui aurait franchi les frontières européennes, depuis l'entrée en vigueur des sanctions sur le bois russe en juillet 2022. Ces sanctions concernent notamment le bois russe, les meubles et les pâtes à papier.À lire aussiChute des exportations de bois russe en 2022Bois blanchi au Kazakhstan, en Chine, en TurquieLe bois expédié en Europe de l’Est, principalement en Pologne, mais aussi en Espagne, en Italie et au Portugal, est blanchi par des pays tiers : la Turquie, la Chine et le Kazakhstan essentiellement. Les exportations de contreplaqué depuis ces pays-là ont étonnamment bondi après l’entrée en vigueur des sanctions contre la Russie « et elles ne peuvent pas s’expliquer par une augmentation soudaine de la production locale » précise l’enquête. L'illustration parfaite est le Kazakhstan, qui n'exportait pas de contreplaqué de bouleau en Europe avant la date charnière des sanctions.Plusieurs acteurs de ce commerce ont été filmés ou enregistrés à leur insu et ont montré qu'ils avaient conscience d’enfreindre des sanctions. Du côté des clients, certains se disent persuadés que leur bois provient du Kazakhstan ou d’Ukraine, alors qu’ils s’approvisionnent auprès d’exportateurs qui ont admis, eux, sous couvert de confidentialité, faire du commerce illégal.Pour l’ONG, ces sociétés ont au minimum manqué de vigilance sur la probité de leur fournisseur. Et cela est encore plus problématique quand on sait qu'elles sont à la tête de gros marchés : on retrouve ainsi le premier fabricant mondial de murs d’escalade, ou encore un fournisseur de revêtement de sol pour les plus grandes chaînes d'hôtels de luxe.Un commerce qui profite à des proches du Kremlin En plus d'être théoriquement soumis aux sanctions de juillet 2022, ce bois ne devrait dans tous les cas pas rentrer dans l’UE en vertu de ce qu'on appelle le Règlement sur le bois de l’Union européenne, rappelle Alain Karsenty, expert de la filière au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD), règlement adopté en 2013 qui demande aux importateurs d’analyser les risques qu’ils prennent en alimentant un commerce illégal ou non conformes aux normes en vigueur. Ce règlement est lui-même souvent contourné, par des importateurs qui se contentent d’informations superficielles, les contrôles des autorités publiques étant très variables d’un pays à l’autre.Cette situation profite aujourd'hui à plusieurs grandes entreprises russes. L’une d’elles est dirigée par un oligarque, Alexei Mordashov, qui figure sur la liste des sanctions de l’UE.À lire aussiLes sanctions contre la Russie sont-elles vraiment efficaces?Plus de contrôle en 2026 ?À partir de 2026, le blanchiment de bois russe et biélorusse devrait être plus difficile, relève Alain Karsenty, car le Règlement européen contre la déforestation et la dégradation des forêts (RDUE) impose une traçabilité jusqu'à la parcelle, ce que ne demande pas l’actuel Règlement Bois.Mais cela ne signifie pas pour autant la fin de la fraude, du fait du manque de moyens mis à la disposition des administrations chargées du contrôle dans les États membres, voire de leur manque de volonté politique, relève l'expert qui regrette que l’UE n’accorde pas plus de place aux certifications indépendantes.À lire aussiL'Union européenne approuve un nouveau paquet de sanctions contre la Russie
Le cobalt, métal clé des batteries, n'était pas tombé si bas depuis 2016. Les raisons de cette baisse sont à chercher en République Démocratique du Congo, où le groupe chinois CMOC annonce une production aussi importante cette année qu'en 2024. Une production de 110 000 à 120 000 tonnes de cobalt, c'est ce que le chinois CMOC annonce pour cette année, soit l'équivalent des volumes de 2024 (114 000 tonnes), l'année où le groupe a produit bien plus qu'il ne visait initialement, à la surprise de nombreux acteurs : l'ambition annuelle du minier avait été atteinte en neuf mois au lieu de douze, grâce à la montée en puissance de deux mines en République Démocratique du Congo, premier pays fournisseur de cobalt au monde. L'augmentation des volumes de minerai brut produit, en RDC, et également en Indonésie, a été fatale pour les prix, déjà en baisse depuis deux ans et demi.Un marché sur-approvisionné Ces derniers jours, ils ont atteint leur plus bas depuis 2016, car en plus de cette production minière « structurellement excédentaire » pour reprendre les mots de Jim Lennon, analyste du groupe Macquarie, le marché fait face à une demande qui continue de décevoir malgré la hausse des besoins dans le secteur des batteries, et dans celui de l'électronique portable, une hausse estimée à 8% selon l'Institut du cobalt qui représente l'industrie.  L'évolution des technologies pèse également sur les pronostics de croissance : le groupe CMOC s'est lui-même inquiété en fin d'année dernière de l'ampleur prise, en Chine, par les batteries lithium-fer-phosphate (LFP) qui ne contiennent pas de cobalt. Et de fait, pointe Argus Media, le développement de ces batteries  « a exacerbé le problème d'offre excédentaire sur le marché du cobalt ».À lire aussiCobalt: Glencore détrôné par le chinois CMOCDoublement de la demande d'ici à 2030Ce qui alimente aussi l'excédent, c'est le manque de discipline des producteurs. « Le problème du cobalt est qu’il s’agit principalement d’un sous-produit du cuivre ou du nickel. Par conséquent, son offre dépend principalement de ces marchés, plutôt que du prix du cobalt lui-même », rappelle l'analyste de Macquarie.Dans ce contexte compliqué, l'Institut du cobalt reste optimiste : l'organisation prévoit la fin de l'excédent, d'ici à 2030, grâce à un doublement des besoins dans le secteur des batteries. En attendant qu'un déficit apparaisse sur le marché et entraîne une remontée des prix, le risque, pour l'avenir de la filière, est que les niveaux de prix actuels découragent les nouveaux investissements, que ce soit dans l'extraction minière ou le raffinage. À lire aussiCobalt: la fin d’un litige entre la RDC et la société chinoise CMOC fait craindre une chute des prix
Le climat et le Brésil, ce sont les deux mots qui hantent la filière café. Plus que des mots, des facteurs de stress, car les incertitudes restent encore grandes sur la prochaine récolte brésilienne. Or, c’est le Brésil qui donne le ton des prix de l’arabica. La grande inquiétude sur la production de robusta du Vietnam a été levée à la fin de l'année dernière, et la Colombie, troisième producteur mondial, a réalisé en 2024 sa meilleure récolte depuis cinq ans, mais cela n'a pas suffi à rassurer les opérateurs. « Le marché a toujours besoin de la récolte d'arabica du Brésil pour satisfaire la demande » explique un négociant français. Or la sécheresse dramatique de la première moitié de 2024 chez le géant d'Amérique latine peut encore avoir des conséquences cette année sur la récolte qui aura lieu en mai-juin. Cette situation exceptionnelle a poussé d'ailleurs plusieurs maisons de négoce à faire des estimations au cours de la deuxième quinzaine du mois de décembre, mais ces évaluations -qui reposent sur un compte très précoce des cerises de café-, ont alimenté le stress plutôt que de calmer les esprits : la production 2025 d'arabica serait en baisse et comprise entre 34 et 42 millions de sacs (de 60 kilos), selon les sources. La fourchette est encore très large et donne de l'espoir à ceux qui préfèrent attendre courant février, voire fin février, pour avoir des informations de terrain plus représentatives et plus satisfaisantes.À lire aussiLe Brésil, source de stress continue du marché mondial du caféManque de visibilité sur les stocksLes incertitudes de la filière sont aussi entretenues par un manque de visibilité sur les stocks : le Brésil a exporté des volumes records sur l'année 2024 (plus de 50 millions de sacs), ce qui devrait en théorie se refléter dans le niveau de stocks et contribuer à une baisse des cours. Mais en Europe, l'état de ces réserves est rendu public avec retard, et les dernières données montrent au mieux une stabilisation. Aux États-Unis, premiers pays consommateurs, plus aucun chiffre n'a été communiqué depuis six mois, officiellement pour des raisons techniques.La fête du Têt limite l'offre de robustaPour l'heure, l'horizon reste donc très bouché et l'approche des fêtes du Nouvel An vietnamien (Têt) n'a rien arrangé : les producteurs de robusta se sont mis en retrait, ce qui limite l'offre globale sur le marché. Mais cet effet très conjoncturel devrait être gommé d'ici aux deux prochains semaines.En attendant, les prix ont encore battu des records la semaine dernière et comme cela fait plusieurs mois qu'ils sont à un niveau élevé, l'industrie a commencé à répercuter ces hausses. Or, quand les prix grimpent trop, ils finissent par « détruire » la demande, autrement dit par décourager les acheteurs, explique un de nos interlocuteurs. Une mécanique bien connue, qui, en retour, pourrait aider à faire baisser les prix. Mais dans quel délai ? C'est une autre inconnue.À écouter aussiLe café, un produit bientôt indisponible ?
Les chiffres viennent d'être communiqués par l'Organisation internationale du cacao : les stocks mondiaux de cacao ont baissé. Ils sont historiquement bas et inférieurs à trois mois de consommation. Les stocks mondiaux de fèves de cacao ont baissé de près de 600 000 tonnes en un an, selon les dernières estimations réalisées à la date du 30 septembre dernier, juste avant la nouvelle récolte qui a débuté en octobre en Afrique de l'Ouest, premier bassin mondial de production.Ces estimations qui sont toujours communiquées avec plusieurs mois de décalage, reflètent les stocks détenus dans les entrepôts européens, ceux qui sont encore chez les exportateurs, et ceux qui sont en transit en mer. L'ensemble donne des réserves d'à peine plus d'un million de tonnes, environ deux mois et demi de consommation. Des estimations suffisamment représentativesIl ne s'agit là que d'une photographie approximative, car tous les industriels ne jouent pas le jeu et ne communiquent pas leurs chiffres. Même chose, pour les pays producteurs, seuls trois d'entre eux ont cette fois-ci partagé leurs statistiques, mais ces données, chaque année incomplètes, restent néanmoins représentatives des stocks mondiaux et permettent à l'Organisation internationale du cacao (ICCO), qui a réuni le 23 janvier son groupe de travail d'experts sur les stocks, de suivre leur évolution d'une année à l'autre.Plus les stocks sont bas, plus ils entretiennent la tension sur le marché, car ils offrent moins de sécurité à l'industrie en cas d'accident de production ou de rupture de la chaîne d'approvisionnement.À écouter dans C'est pas du ventLe cacao durable: objectif réaliste ou mirage?Des stocks qui entretiennent la hausse des prixLa question est aujourd'hui de savoir si ces stocks, historiquement bas, pourront être reconstitués par la dernière récolte : la Côte d'Ivoire fera mieux que l'année dernière, mais n'atteindra pas ses niveaux habituels de production.Le Ghana, jusque-là deuxième producteur mondial, doit prélever sur sa récolte 350 000 tonnes, pour honorer des contrats de la dernière saison. Les signaux sont donc plutôt négatifs, sauf à considérer que la demande des consommateurs est en baisse, mais le sujet fait débat. Ces niveaux de stock qui viennent d'être rendus publics expliquent peut-être l'emballement des cours depuis le mois de novembre : les traders en cacao ne sont pas les derniers informés et ont probablement déjà intégré cette nouvelle donne.À lire aussiDes alternatives au cacao pour répondre aux craintes d'approvisionnement
Après avoir été quasi absente du marché l'année dernière, l'Inde revient dans le jeu et libère un million de tonnes de sucre à l'exportation. Cette annonce a fait baisser les cours de manière démesurée par rapport à l'état de l'offre et de la demande. L'Inde mettra un million de tonnes de sucre sur le marché dans les prochains mois. C'est beaucoup plus que l'année dernière, mais moins que les 11 millions de tonnes d'il y a trois ans, et finalement assez peu pour un marché global du sucre sur lequel chaque année 70 millions de tonnes sont échangées.Mais la nouvelle n'en a pas moins ébranlé le marché, et tiré les cours à la baisse : ils ont atteint leur plus bas niveau en trois ans et demi, pour le sucre blanc – soit 466 dollars la tonne, et leur plus bas depuis le mois d'août dernier pour le sucre roux – près de 18 cents la livre. Une baisse qui illustre pour Timothé Masson, secrétaire général de l'Association mondiale des planteurs de betteraves et de cannes à sucre, la forte volatilité et la tension qui règne sur le marché.Des spéculateurs net vendeurs de 5,2 millions de tonnesLes cours auraient en quelque sorte chuté de manière artificielle sous la pression des spéculateurs. Ces derniers se sont positionnés en masse ces derniers jours sur le marché du sucre, en achetant et vendant du sucre qu'ils n'ont pas physiquement, et en vendant même beaucoup plus que ce qu'ils ont acheté. Ils étaient, mi-janvier, net vendeurs de 5,2 millions de tonnes, du jamais-vu depuis 2019, comme s'ils anticipaient de gros volumes disponibles à l'exportation d'ici à plusieurs semaines. L'impression d'abondance qu'ils donnent est elle-même source de baisse des prix et, comme souvent, quand les cours commencent à dévisser, c'est l'engrenage.Mais un rattrapage n'est pas à exclure, selon Timothé Masson, car aucun excédent n'est annoncé dans le secteur. Et ce, même si la force du dollar, par rapport au réal brésilien, pousse les brésiliens à exporter du sucre plutôt qu'à le transformer en éthanol vendu sur le marché domestique afin pour récupérer des billets verts.À lire aussiLa filière française du sucre face aux importations extérieuresDes prix qui auront un impact sur les semis« On est sur une campagne 2024-2025 à l'équilibre, voire déficitaire », explique l'expert. Les analystes de Standard and Poor's parient toujours sur un déficit de 700 000 tonnes pour la campagne 2024-2025 et de 2,6 millions de tonnes l'année prochaine.L'impression d'avoir beaucoup de sucre sur le marché, illustrée par la baisse des prix, ne serait donc qu'une fausse perspective. Des signaux contradictoires, difficiles à interpréter et qui peuvent avoir des conséquences importantes pour les agriculteurs : c'est dans les prochains jours et les prochaines semaines que les betteraviers français, mais aussi allemands, polonais russes ou ukrainiens doivent décider, à la lumière des cours mondiaux actuels, quelle surface ils cultiveront cette année.À lire aussiLes prix alimentaires mondiaux repartent à la hausse, tirés par le sucre
Plus de 90% de l'huile de canola (colza) du Canada est exportée aux États-Unis. L'annonce de la mise en place de taxes de 25% à compter du 1er février pourrait peser sur les exportations et avoir un impact sur le marché des autres huiles. Dans la famille des matières premières qui pourraient souffrir de l'arrivée de Donald Trump, à la présidence des États-Unis, il y a le canola, un cousin du colza, cultivé au Canada. Le marché canadien est devenu très dépendant de son voisin américain : en 2023-2024, Washington a acheté 96% de l'huile canadienne, autant dire la quasi-totalité. Résultat, le moindre ralentissement des exportations vers les États-Unis pourrait avoir un impact important pour le Canada, qui n'a pour l'instant plus d'autres gros clients. Durant la campagne 2020-2021, la Chine achetait en effet près de la moitié de la production canadienne d'huile de canola, mais ses importations ont fondu, en raison de soupçons de concurrence déloyale. Pékin a lancé une enquête anti-dumping qui est toujours en cours et qui a eu comme effet provisoire de ralentir les échanges.Impact sur les cours du soja américainSi le canola se vend moins, ses prix seront mécaniquement tirés à la baisse. Ils ont déjà accusé le coup après l'élection de Donald Trump, avant de chuter une nouvelle fois cette semaine à la bourse de Winnipeg après l'annonce formelle de l'instauration de nouvelles taxes au premier février, relève Arthur Portier, consultant pour Argus Media France.En cas de baisse avérée des échanges entre les États-Unis et le Canada, les cours du soja américain pourraient, à l'inverse de ceux du canola, être tirés vers le haut : son huile est une alternative toute désignée aux volumes canadiens qui n'arriveront plus, même si ses caractéristiques ne sont évidemment pas les mêmes.Une diminution des ventes aux États-Unis « ferait perdre gros aux opérateurs canadiens, commente Arthur Portier. Et ne serait pas sans conséquence sur les cours de l'ensemble du complexe oléagineux ». Les normes d'incorporation des biocarburants, l'autre inconnueD'autres huiles devraient être moins impactées par la tourmente américaine, pour l'instant : celle de tournesol et celle de palme, dont les acheteurs sont surtout, à cette saison, concentrés sur le potentiel d'exportation de la Malaisie.Ce qui va dominer dans les prochaines semaines, c'est une forte volatilité sur les marchés et une incertitude folle, résume un de nos interlocuteurs. L'évolution du prix des huiles sera en effet aussi liée aux choix énergétiques du nouveau gouvernement Trump et à sa politique en matière de biocarburant. Ces choix auront un impact inévitable sur la production agricole américaine et sa commercialisation.À lire aussiLes matières premières suspendues aux orientations chinoises et américaines
Le ministère chinois des Ressources naturelles a annoncé des découvertes stratégiques « sans précédent » dans le domaine de l'exploration minière, renforçant la capacité du pays à sécuriser ses ressources énergétiques. La Chine a découvert le premier gisement géant de gaz dans des eaux ultra-profondes à l'échelle mondiale, avec des réserves dépassant 100 milliards de mètres cubes. Ont également été découverts dix champs pétroliers, chacun avec des réserves dépassant un milliard de tonnes, ainsi que 19 champs de gaz naturel dont les réserves individuelles excèdent 100 milliards de mètres cubes. Toutes ces découvertes renforcent l'autosuffisance de la Chine, en particulier pour des minerais critiques comme le lithium, le cobalt et le nickel. Ces matériaux sont essentiels à la production de batteries, aux énergies renouvelables et aux technologies de pointe. En réduisant sa dépendance à l'importation, la Chine marque un point stratégique, aussi bien sur le plan économique que géopolitique.Secteur minier qui se développeMais ce n'est pas tout. Ces découvertes donnent un coup de fouet au secteur minier chinois. Elles génèrent des emplois et des revenus supplémentaires, soutenant ainsi une croissance industrielle durable. L'exploitation de ces ressources renforce aussi les infrastructures de production et de transformation dans le pays, consolidant sa position industrielle.Et l'impact pourrait être encore plus significatif dans le cadre de la transition énergétique. Ces minerais jouent un rôle clé dans le développement des technologies vertes, qu'il s'agisse des véhicules électriques ou du stockage d'énergie. Autant d'atouts pour accélérer la transition vers une économie à faible émission de carbone.Sur le plan international, la Chine mise également sur ces découvertes pour maintenir sa compétitivité dans le domaine des technologies de pointe. En contrôlant davantage de ressources stratégiques, le pays peut non seulement influencer les prix mondiaux, mais aussi peser sur les marchés internationaux des minerais critiques.Médiatisation stratégiqueLa médiatisation autour de ces découvertes est omniprésente. Les autorités chinoises en font un symbole de fierté nationale, mais aussi une preuve de leur ambition de se positionner comme leader mondial de l'innovation.L'objectif ? Rivaliser avec les États-Unis, le Japon et les pays européens, et améliorer la perception internationale du pays dans des domaines clés comme la recherche et les technologies. Une stratégie qui s'inscrit dans la quête de domination technologique et scientifique globale.Ces découvertes illustrent un double enjeu pour la Chine : renforcer son indépendance économique tout en consolidant son rôle de poids lourd sur l'échiquier mondial des technologies de pointe.À lire aussiLa Chine, acteur clé de la transition énergétique mondiale avec ses importantes réserves de lithium
La part de marché du soja américain en Chine a chuté en 2024. Les derniers chiffres montrent que même si la Chine a augmenté ses achats de grains américains ces derniers mois, sur l’année, c’est le soja du Brésil et d’Argentine qui gagne les faveurs de la Chine. Lors du premier mandat de Donald Trump, le soja avait souffert plus que les autres grains des tensions entre la Chine et les États-Unis.Les importateurs chinois ont donc essayé d’anticiper une reprise de la guerre commerciale : ils ont augmenté leurs importations de soja américain sur une grosse moitié de 2024, mais, sur la totalité de l’année, les volumes ont finalement chuté de plus de 5 %, selon les données de l’Administration générale des douanes de Chine compilées par Reuters. À lire aussiLa Chine augmente ses importations de soja américain avant l’arrivée de Donald Trump à WashingtonLe Brésil confirme sa place de partenaire de choixAvec cette baisse des importations chinoises, la part de marché des États-Unis est tombée à 21 %, selon les calculs de l’agence de presse Reuters. Le soja qui n’a pas été acheté en Amérique du Nord, l’a été en Amérique du Sud. Le Brésil a augmenté ses ventes au géant asiatique, l’année dernière, de plus de 6 % soit 74,6 millions de tonnes. Plus de 70 % du soja acheté par la Chine est maintenant brésilien. Le géant agricole a l’avantage d’offrir des prix compétitifs et les volumes nécessaires. Mi-janvier, l’Agence agricole nationale (Conab) a encore relevé ses prévisions de production, soit 166,3 millions de tonnes pour la campagne 2024/2025. La Conab prévoit une récolte record, supérieure de 12 % à celle de l’année précédente et des exportations totales de soja supérieures à 105 millions de tonnes.Dans une moindre mesure, l’Argentine a profité également de la stratégie chinoise de diversification. Le pays a plus que doublé ses ventes de soja vers le géant asiatique l’année dernière. Des importations qui vont marquer le pas ? Ces achats chinois en Amérique latine, sur fond de crainte de guerre commerciale, ont abouti à un volume record d’importation de soja par l’Empire du Milieu de 105,3 millions de tonnes, soit 6,5 % de plus que l’année 2023.Les stocks constitués vont permettre à la Chine d’attendre de voir à quoi ressembleront les premiers jours du nouveau mandat de Donald Trump. Ces stocks annoncent aussi, de l’avis des experts, un ralentissement des achats en ce début 2025, et des prix qui pourraient être tirés vers le bas.À la Une en AsieL'avenir encore incertain des relations entre la Chine et les États-Unis
Le dernier plan de développement du nucléaire publié il y a quatre mois aux États-Unis prévoit le triplement des capacités de production d'ici à 2050 dans le pays. Sera-t-il maintenu en l'état par Donald Trump ? Et quelles conséquences pourraient avoir son retour au pouvoir sur la production et les importations d'uranium ? Républicains et démocrates, ont réussi à trouver un terrain d'entente ces dernières années sur les grands axes d'une relance de la production. Le retour de Donald Trump pourrait cependant faciliter un peu plus la levée de moratoires sur l'exploitation dans certains États, via une baisse des normes environnementales, suggère le dernier rapport publié par l'Observatoire de la sécurité des flux et des matières énergétiques (Osfme) et coordonné par l'Institut des relations internationales et stratégiques (Iris). Le nouveau président est attendu également sur une hausse des droits de douane de 10% à 20% sur les importations de minerai radioactif. L'uranium chinois est lui déjà taxé à 25% depuis l'année dernière, mais le volume importé n'est pas significatif, explique Teva Meyer, chercheur associé à l'Iris, et co-auteur du rapport, et la mesure est sans conséquence aux États-Unis. Des capacités de production en sommeil importantesLe pays est le plus gros consommateur d'uranium, mais toujours aussi dépendant de l'extérieur pour son approvisionnement, ses premiers fournisseurs étant le Canada (27%), l'Australie (22%) et le Kazakhstan (22%).Les réacteurs américains absorbent à eux seuls le quart des besoins mondiaux – soit environ 18 000 tonnes. Et le secteur sera encore plus gourmand dans les années à venir, puisque les capacités nucléaires sont appelées à tripler d'ici à 2050, selon le plan de développement du nucléaire publié en septembre 2024 par le Département américain de l'Énergie.La production nationale, qui ne représente que quelques pourcents des besoins d'aujourd'hui, est largement insuffisante. Produire plus est capital pour les États-Unis, notamment pour le secteur de la défense, car l'uranium importé est conditionné à un usage civil. À écouter aussiLa hausse des prix de l'uranium redessine la carte des approvisionnementsL'uranium importé coûte toujours moins cherD'où la relance du secteur, notable depuis deux ans. Au premier semestre 2024, le pays a produit autant que sur toute l'année 2022, selon les données compilées par l'étude de l'Osfme. Près d'une vingtaine de sites d'extraction par technique ISL ont déjà leur licence et attendent d'avoir plus de visibilité sur les besoins à long terme, pour justifier des investissements. Relancer la production, c'est aussi pour le pays pouvoir moins dépendre de l'uranium russe. En 2023, 12% de l'approvisionnement américain en uranium naturel provenait du russe Rosatom. Officiellement, ces importations-là ne sont pas interdites, contrairement à celles d'uranium enrichi.Peut-être parce que l'uranium naturel importé, qu'il vienne de Russie, d'Ouzbékistan ou du Canada, coûte toujours moins cher que celui produit aux États-Unis.À lire aussiUranium: le géant russe Rosatom se retire de sites d'extraction au Kazakhstan et vend ses parts à la Chine
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