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Chronique des matières premières
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Chronique des matières premières

Author: RFI

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Céréales, minerais ou pétrole, les ressources naturelles sont au cœur de l’économie. Chaque jour, la chronique des matières premières décrypte les tendances de ces marchés souvent méconnus.

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En marge de l'annonce de son plan agricole, Donald Trump a ouvert un nouveau front de bataille avec l'Inde : le président américain a dénoncé les prix que l'Inde pratique pour vendre son riz dans le monde et en particulier aux États-Unis. « Ils ne devraient pas déverser ces déchets » c'est avec ses mots que Donald Trump a parlé du riz indien. L'Inde est le premier pays exportateur de riz et met sur le marché mondial d'énormes quantités, soit entre 17 et 20 millions de tonnes en moyenne et probablement plus cette année. Mais ce riz indien est loin d'inonder les États-Unis, qui ne représentent que le 24ème marché pour l'Inde. Les importations américaines, elles, sont en augmentation depuis quarante ans et devraient encore cette années être en hausse de 3% selon le ministère américain de l'Agriculture (USDA).Aujourd'hui les États-Unis achètent environ un million et demi de tonnes sur le marché international dont 350 000 tonnes environ  d'origine indienne rappelle Patricio Mendez del Villar économiste au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad). Il s'agit essentiellement de riz basmati, un riz réputé pour son parfum.  Des importations basées sur le riz basmati Le riz aromatique américain ne suffit pas à répondre à la demande locale. On peut donc difficilement dire que le riz indien fait concurrence au riz américain répond la Fédération indienne des exportateurs de riz (IREF) à Donald Trump. Selon l'organisme, la demande américaine n'a même pas été freinée par l'instauration, fin août, de droits de douane qui se montent désormais à 50%, preuve « de la popularité grandissante de la cuisine indienne, notamment de plats comme le biryani, où le riz basmati est un ingrédient essentiel et difficilement remplaçable ».  De manière plus terre à terre, le maintien des flux pourrait aussi être dû au contournement des taxes : certains opérateurs indiens font transiter le riz par leur filiale européenne pour échapper aux droits de douane, relève un négociant en riz.  Le riz américain en difficulté Les producteurs américains se disent en très grande difficulté et assurent que ce qu'ils traversent n'est pas une «simple crise ». Ils l'ont répété lundi aux côtés de Donald Trump, lors de l'annonce de son plan de soutien à l'agriculture. Ce sont eux qui ont alerté le patron de la Maison Blanche sur le dumping de riz pratiqué par certains pays, pratique qu'ils qualifient de «tricherie», en raison des subventions accordées par plusieurs pays asiatiques à leur filière.  Ce qui est vrai c'est que le secteur américain pâtit de la baisse générale des cours mondiaux,  liée au retour massif de l'Inde sur le marché depuis un an, après des mois de restriction des volumes exportés. Ce retour a entrainé une suroffre et ne facilite pas les exportations américaines, principalement destinées à l'Amérique centrale et au Japon.  Ces difficultés expliquent peut-être la diatribe de Donald Trump mais on ne peut pas exclure qu'il ait aussi voulu faire monter la pression avant l'arrivée, ces 10 et 11 décembre, d'un représentant au commerce américain à New Dehli. Un déplacement qui s'inscrit dans le cadre des discussions sur les droits de douane imposés à l'Inde par Washington au mois d'août, en rétorsion aux achats indiens de pétrole russe. À lire aussiL'abondance de riz fait chuter les prix mondiaux toujours plus bas
Les compagnies pétrolières étrangères ont été plusieurs à répondre au dernier appel d'offres libyen, émis au mois de mars 2025. Elles sauront début 2026 si elles ont été retenues. Le calendrier a été précisé ce week-end du 6-7 décembre lors d'un Forum international sur les hydrocarbures qui se tenait dans la capitale Tripoli. Cela fait des mois que les majors pétrolières manifestent un nouvel intérêt pour le pays, et même de longs mois, puisque la compagnie italienne Eni a repris ses activités depuis 2024 déjà. Cette année, Shell et BP ont confirmé en juillet avoir signé des accords avec la compagnie nationale libyenne, NOC. Exxon a pour sa part acté sa volonté de se réengager en Libye au mois d'août, via la signature d'un accord d'exploration gazière. Trente-sept compagnies ont été pré-qualifiées pour l'appel d'offres public, lancé en mars. Une vingtaine de blocs d'exploration offshore et onshore sont à attribuer. Une opportunité que les majors pétrolières ne veulent manifestement pas manquer.  Les atouts libyens C'est le premier appel d'offres lancé depuis 18 ans par la Libye, ce qui explique peut-être l'intérêt qu'il a suscité, mais pas seulement. Car la Libye propose désormais des accords de partage de production plus avantageux qu'avant. C'est ce qu'a confié il y a peu le président de Chevron, Mike Wirth, selon le Financial Times. Les réserves du pays font par ailleurs toujours partie des plus importantes du continent africain. Le contexte mondial est également un moteur pour les investisseurs : la demande en pétrole s'annonce plus forte que prévue dans les prochaines années, au vu du retard mondial pris dans la transition vers les énergies plus propres. Et qui dit demande, dit nécessité de nouvelles découvertes pétrolières, les champs actuellement exploités ayant une durée de vie limitée. À lire aussiLa Libye lance le premier appel d'offres pétrolier depuis 17 ans Objectif : 2 millions de barils par jour Pour la Libye, cet appel d'offre est l'opportunité de redresser la production et de moderniser le secteur énergétique. Tripoli s'est fixé un objectif de production de 2 millions de barils par jour d'ici la fin de la décennie – contre 1,4 million aujourd'hui. Or, une partie de la production se trouve dans la région de l'Est, sous tutelle du général Haftar.  Attirer de nouvelles compagnies internationales, et se positionner comme une alternative au pétrole russe, permet aux autorités de Tripoli de renforcer leur zone d'influence. Dans le cadre de cette opération de séduction, elles sont allées faire la promotion du potentiel pétrolier libyen à Washington, fin novembre.
Les droits de douane américains sur le bœuf ont été levés mi-novembre, mais pendant la période où ils ont été appliqués, ils n'ont pas freiné le commerce. Les États-Unis ont importé d'importants volumes. Ils sont partis pour être une nouvelle fois déficitaires en bœuf. Les États-Unis restent encore tout juste les premiers producteurs, mais depuis 2023, ils sont en déficit, rappelle Jean-Paul Simier, expert de la filière viande. C'est-à-dire qu'ils importent plus qu'ils n'exportent. Ce déficit était de 700 000 tonnes l'année dernière. Le pays, qui a longtemps été le plus grand exportateur de bœuf, fait face à une crise qui dure depuis des années : les sécheresses à répétition ont fait s'effondrer le cheptel à son plus bas niveau depuis 70 ans. Au mois d'août, pour citer un des derniers chiffres disponibles, les remplissages de parcs à engraissement étaient en baisse de 2% par rapport à l'année dernière, et il n'y a aucun signe d'amélioration à l'horizon.  L'Australie augmente ses ventes aux États-Unis Les exportations australiennes ont atteint un record cette année : 1,4 million de tonnes sur les onze premiers mois de l'année. C'est 15% de plus que l'année dernière, selon l'organisation professionnelle Meat&Livestock Australia. Cette performance est en partie due à la demande américaine (+17%), qui a absorbé un tiers environ de la viande australienne – soit 412 000 tonnes jusqu'en novembre. L'Australie a aussi augmenté ses expéditions en Chine, au Japon et en Corée du Sud. Depuis plusieurs années, Canberra est devenu le deuxième exportateur mondial, derrière le Brésil. C'est le fruit d'un changement de stratégie : le pays a misé sur le développement de parcs à engraissement, à la mode américaine. Des prix en hausse de 30%  Ces élevages permettent de s'affranchir des alternances de sécheresse et de pluie sur les pâturages, et de proposer en complément des animaux nourris à l'herbe et une offre à l'export plus régulière. Ces animaux élevés aux céréales ont par ailleurs une qualité de viande qui se rapproche de celle des États-Unis ; un atout pour gagner des parts de marché au pays des burgers et des barbecues. En juillet, le nombre de bovins à l'engraissement en Australie a atteint un record d'1,6 million de têtes, contre 1 million il y a cinq ans selon l'agence Reuters, qui relaie des projections à 2 millions en 2027.  Mais l'Australie ne pourra pas seule nourrir le monde entier, et le Brésil non plus, rappelle Jean-Paux Simier. Le manque qui se profile se traduit par les prix qui ont augmenté de 30% aux États-Unis, comme en Europe, en l'espace d'une année. À lire aussiViande rouge: la demande fait flamber les prix
L'ananas du Costa Rica s'est imposé sur le marché mondial depuis une dizaine d'années. En Europe, il représente presque 90% des importations. Les pays européens sont donc totalement dépendants du Costa Rica pour leur approvisionnement, et souffrent dès que la production costaricaine est sous tension, ce qui se produit de plus en plus souvent.  Sous l'effet du changement climatique, la production d'ananas du Costa Rica ne baisse pas, mais elle devient irrégulière et difficile à planifier, explique Thierry Paqui, expert de la filière et consultant pour FruiTrop.  Les grosses pluies de la fin d'année 2024, par exemple, ont retardé les plantations de trois mois. La récolte qui arrive 14 mois plus tard est elle aussi décalée. Concrètement, il y aura beaucoup moins d'ananas costaricains que prévu sur le marché au premier trimestre 2026 et jusqu'à Pâques. Les prix spots seront tirés vers le haut. Ces prix sont ceux des fruits frais qui sont achetés en dernière minute, pour compléter les volumes expédiés dans le cadre de contrats d'approvisionnement souscrits sur plusieurs mois. La tentation de l'industrie du jus La disponibilité sur le marché européen n'est pas seulement liée au climat. Elle est aussi tributaire des arbitrages des producteurs costaricains. Certains sont en effet tentés de répondre à la demande de l'industrie du jus, qui a souffert ces dernières années d'un manque d'oranges et offre des prix attrayants. Cette part dédiée à la transformation limite les volumes exportés vers l'Europe, affecte la régularité des opérations et accentue les déséquilibres ponctuels sur le marché.  Les ananas costaricains restent par ailleurs en majorité dirigés vers les États-Unis, qui représentent 55% du marché d'exportation du Costa Rica, en raison de sa proximité géographique et d'une forte demande américaine, explique Thierry Paqui.  Moins d'achats spots, plus de contrats Pour garantir leur approvisionnement, les importateurs européens achètent donc de plus en plus leurs fruits via des contrats annuels ou semestriels. 80% au moins des achats européens sont contractualisés, contre 60 à 70% avant 2020. Les volumes qui restent et sont commandés au gré des besoins de la grande distribution sont logiquement de plus en plus faibles.  « Depuis la hausse des coûts du transport maritime en 2022, les importateurs évitent de surcharger le marché avec des fruits qui ne sont pas inclus dans un contrat », explique l'expert de la filière. Dans les périodes où la production est plus hasardeuse, ces volumes spots qui servent d'ajustement ont tendance à se réduire encore plus. Cette situation crée un sentiment de manque et raffermit les cours sur ce marché libre de l'ananas. À lire aussiUne rentrée apathique pour l'ananas
Premier exportateur mondial de noisettes, la Turquie en a vu sa récolte 2025 chuter. En conséquence, les prix ont connu une ascension record, créant un contexte tendu qui a poussé les industriels comme Ferrero à s'approvisionner ailleurs, et notamment au Chili. Si certaines transactions plus élevées ont été relevées, le prix moyen de la noisette turque au mois d'octobre (calibre 11mm/13mm) était d'environ 18 dollars le kilo, soit plus du double de l'année précédente, selon Jose Gutierrez Fernandez, analyste des marchés noix, épices et fruits secs chez S&P Global Energy. Ce prix est la conséquence directe de gelées printanières qui ont touché la Turquie et l’Europe de l’Est, explique l'expert. Cette année, la récolte turque est inférieure à 500 000 tonnes, soit 100 000 à 200 000 tonnes de moins par rapport à ce que traitent les transformateurs turcs pendant une année habituelle. À la baisse de la récolte, il faut ajouter une qualité moyenne médiocre, selon S&P Global Energy, ce qui a entrainé une flambée des prix pour les produits qui sortent du lot. Or la Turquie fournit, quand tout va bien, les deux tiers de l’offre mondiale : toute perturbation a donc un impact important sur le marché mondial. Impacts en Turquie En Turquie même, les faibles volumes ont ainsi poussé certains opérateurs à mélanger des noisettes de 2024 ou 2025 à des fruits secs issus des récoltes précédentes, pour répondre aux commandes. Cette pratique est pourtant interdite, relève Jose Gutierrez Fernandez.  Les intermédiaires qui ont acheté massivement la récolte turque en espérant profiter des prix records ont aussi provoqué un bras de fer avec le premier acheteur mondial, le groupe Ferrero. Ce dernier qui a fait comprendre qu'il pouvait puiser dans ses stocks et se fournir temporairement ailleurs, comme le détaille le Financial Times.   L'inflation et les taux d'intérêt élevés en Turquie ont finalement obligé les opérateurs à vendre pour avoir des liquidités. Ces intermédiaires participent à la détente des prix constatée sur la deuxième moitié du mois de novembre.  Chili et États-Unis, de précieux fournisseurs D'autres fournisseurs peuvent combler en partie le manque de noisettes turques cette année et ont directement profité de la tension sur le marché. Le premier, c'est le Chili, dont la récolte 2025 (qui a eu lieu de mars à mai) est estimée à 120 000 tonnes, soit 25 000 à 30 000 tonnes de plus que les estimations initiales. Le pays a su par ses pratiques agricoles obtenir des rendements élevés, explique José Gutierrez Fernandez, et devient un fournisseur qui compte de plus en plus sur le marché. Le Chili, comme l’Australie, a d'ailleurs été soutenu par Ferrero pour étendre ses surfaces cultivées. Ce soutien stratégique permet à l'industriel, qui achète environ 20 % de la production mondiale, d’avoir un approvisionnement continu, grâce aux cycles de production complémentaires entre hémisphères nord et sud. les États-Unis ont cette année une récolte bien meilleure que l’année dernière (+20%), tout comme également la Géorgie, l'Italie et l'Azerbaïdjan. Grâce à ces derniers et au Chili, les confiseurs, dont Ferrero, ont pu reporter leurs appels d’offres en Turquie, favorisant la baisse actuelle des prix même si les niveaux restent toujours très hauts.
Les poudres de lait ré-engraissées sont des poudres qui sont fabriquées à partir de lait écrémé, auquel on ajoute de l'huile végétale. Ces poudres de lait sont exportées sur le continent africain, aussi bien déjà conditionnées pour la vente au détail ou en vrac, dans des sacs de 25 kg. Le marché est porteur et a attiré ces dernières années des pays qui sont devenus des plaque-tournantes de ce commerce. Ces dix dernières années, la Malaisie et les Émirats arabes unis ont vu bondir leurs exportations de poudres ré-engraissées vers l'Afrique. Pourtant ce ne sont pas des exportateurs de lait. La traçabilité est très difficile à établir, explique Christian Corniaux, chercheur au Cirad, car dans certains pays un même code douanier englobe plusieurs produits, mais on sait que ces deux pays importent de Nouvelle-Zélande et d'Australie ces poudres qu'on appelle MGV, avant de les réexporter sous leur propre marque.  L'essor est tel qu'en dix ans la Malaisie a vu ses exportations totales bondir, en valeur, de 66 % - pour 372 millions de dollars-, selon le dernier Baromètre 2025 des agricultures africaines publié par l'Afdi (Agriculteurs français et développement international), Farm (Fondation pour l'agriculture et la ruralité dans le monde) et la Pafo (Organisation panafricaine des agricultures). Aux Émirats arabes unis, le taux a explosé : +277 % - pour 333 millions de dollars. Dans ce pays, on partait de très bas, mais la tendance est sans appel. En parallèle, les exportations directes continuent, l'Europe et la Nouvelle-Zélande restent des fournisseurs majeurs de produits laitiers à l'Afrique. Intérêt grandissant pour le marché africain Le continent est un terrain où les débouchés sont garantis. Sur les 20 dernières années, la consommation de produits laitiers en Afrique de l'Ouest a en effet triplé alors que la production locale n'a fait que doubler. Si on ajoute à cela, une population qui va être multipliée par deux ces 25 prochaines années dans cette région d'Afrique, et une consommation de lait entier qui baisse au profit des poudres ré-engraissées, les perspectives commerciales sont séduisantes. On ne parle pas d'un produit qui rapporte beaucoup, rappelle Christian Corniaux, mais qui permet de réaliser des profits grâce aux volumes commercialisés. Les fournisseurs traditionnels ne suffiront plus Il est fort probable que les producteurs traditionnels de lait comme la Nouvelle-Zélande, ou l'Irlande, le Danemark et les Pays-Bas en Europe, ne suffisent plus pour répondre à la demande qui se profile en Afrique. Il faudra compter peut-être demain avec plus de poudre fabriquée en Amérique du Sud, ou alors en Inde, pays globalement à l'équilibre aujourd'hui, mais qui pourrait devenir un acteur sur le marché export. L'augmentation de la production de lait en Chine, permettra peut-être aussi, si le pays importe moins, de faire augmenter l'offre disponible sur le marché, et ainsi de répondre à la demande africaine croissante. À lire aussiScandale du lait en poudre Nestlé: l’un des plus longs boycott de l’histoire
Les cours du cacao continuent de s'enfoncer : les fèves se négocient à un peu plus de 5 000 dollars la tonne à la Bourse de New York. Les prix sont en baisse quasi continue depuis le mois de mai et ont chuté de 18% sur le dernier mois.  Pour l’instant, la chute des prix est surtout due à une diminution de la demande des broyeurs de fèves, explique un expert de la filière cacao. Ces industriels sont installés dans les pays producteurs ou dans les pays consommateurs, et transforment la fève en produits semi-finis comme de la pâte de cacao, et la vendent ensuite aux fabricants de chocolat. Or ces fabricants ont revu leurs recettes et innové pour limiter l'utilisation d'un cacao devenu trop cher l'année dernière, et subissent aussi une baisse de la demande des consommateurs.  L'autre facteur qui joue, c'est la production : elle s'annonce meilleure que l'année dernière en Côte d'Ivoire, le leader mondial, le chiffre de deux millions de tonnes de fèves circule contre 1 850 000 pour la campagne 2024/2025, mais il est encore trop tôt pour avoir des données fiables. Les volumes de fèves acheminés dans les ports ivoiriens pour y être exportés ont été bons ces dernières semaines, mais « l'expérience de l'année dernière a montré que ces arrivées pouvaient s'écrouler en deuxième partie de saison », rappelle notre interlocuteur. À lire aussiLes cours mondiaux du cacao atteignent un plus bas depuis vingt mois Loi contre la déforestation Ce qui rassure le marché, c'est aussi, dit-on dans le secteur, les assouplissements de la loi contre la déforestation de l'Union européenne. Ce texte qui vise à interdire la commercialisation en Europe de plusieurs matières premières, dont le cacao, s'ils sont issus de terres déboisées après 2020. Ce texte devait initialement entrer en vigueur fin décembre, mais le Parlement européen vient d'approuver un report d'un an, le deuxième du genre.  Les obligations contenues dans ce projet de loi faisaient craindre des risques d'approvisionnement, tous les volumes de cacao ne répondent en effet pas aux critères demandés. Le report donne de l'air à tout le monde, moins de stress, c'est moins de pression sur les prix. À lire aussiLutte contre la déforestation: les pays producteurs de cacao demandent à l'UE de reporter la loi Les industriels baisseront-ils les prix ? La chute des prix peut-elle encore se poursuivre ? À court terme, tout dépendra de l'avancée de la récolte, sachant que les facteurs structurels ne plaident pas pour une augmentation de la production.  La demande sera aussi une des clés. Pour la stimuler, il faudrait que les industriels baissent leur prix. Certains ont déjà fait comprendre qu'ils seraient prêts à le faire, mais pour l'instant, « tout le monde s'observe » raconte un acteur de la filière. Sur les trois dernières années, les prix au consommateur ont augmenté de 30 à 40%. Si baisse il y a, sera-t-elle significative et en mesure de convaincre les consommateurs qui ont décroché de manger plus de chocolat ? Certains experts en doute.   À écouter aussiSur les pistes du trafic de cacao
Oublié par les investisseurs pendant un temps, le pétrole extrait des sables bitumineux canadiens redevient attractif. Ottawa entend en profiter pour augmenter ses exportations vers l’Asie.    Aux États-Unis, l’incertitude gagne l’industrie du pétrole de schiste. Pompés sans relâche depuis les années 2010, les champs américains ont besoin de nouveaux investissements pour maintenir leur production. Et avec un baril de brut, tournant autour de 60 dollars, les marges des compagnies sont sous pression. Ironie de l’histoire, c’est vers le Canada, à qui Donald Trump a déclaré une guerre commerciale, que les investisseurs américains se tournent pour faire des affaires.    Un engouement que traduisent les cours de bourse des principaux producteurs canadiens (Imperial Oil, Suncor Energy, Cenovus Energy et MEG Energy), qui durant les douze derniers mois ont progressé bien plus que l'indice S&P utilisé pour mesurer la performance boursière du secteur pétrolier au niveau mondial. C’est un retournement de tendance parce que pendant presque dix ans le pétrole canadien n’avait plus la cote. « Les experts avaient enterré les schistes bitumineux, anticipant une baisse de la demande liée notamment à la montée en puissance des énergies renouvelables », explique Charles Thiémélé, l’un des dirigeants de la société de trading pétrolier et gazier BGN SA. Aujourd’hui, l’intérêt qu’ils suscitent est la confirmation que l’industrie pétrolière reste très attractive pour les acteurs de la finance, analyse-t-il.   Trois fois plus de gaz à effet de serre   Pourtant, il s’agit d’un des bruts les plus sales qui existent. Comme le dit un expert concernant ce pétrole, personne n’aime regarder dans l’arrière-cuisine.      Produit principalement dans l’État de l’Alberta, l'extraction de ce brut génère trois fois plus de gaz à effet de serre que celle d’un pétrole classique. Il faut d’abord séparer le bitume – un mélange solide ou visqueux d’hydrocarbures - du sable, puis en extraire le pétrole.  Cela consomme d’énormes quantités d’énergie, d’eau et comporte d’importants risques de pollutions liées aux rejets de résidus et d'eaux usées.      Deux choses expliquent ce retour en grâce des schistes bitumineux. D’abord, « les champs canadiens n’ont pas besoin de nouveaux investissements, en tout cas pas autant qu’aux États-Unis. Ils sont dans une phase où les quantités extraites augmentent. Donc mécaniquement, les coûts de production diminuent », explique Charles Thiémélé.     Des exportations en hausse vers la Chine  Et puis en 2024, le Canada a inauguré l'agrandissement de l’oléoduc Trans Mountain qui relie l’Alberta à la côte ouest du pays. Grâce à lui, les exportations sont faciles et donc moins chères. Résultat, les ventes vers la Chine et l’Asie en général ont explosées en 2025, même si la majorité du pétrole est toujours exporté vers les États-Unis.     Ottawa espère maintenant amplifier le phénomène pour gagner en autonomie vis-à-vis de son puissant voisin. Le Premier ministre canadien, Mark Carney, et la Première ministre de l'Alberta, Danielle Smith, viennent tous deux de signer un accord en faveur de la construction d’un autre pipeline, toujours depuis l’Alberta vers la côte ouest, mais plus au nord. C'est un changement de pied pour l'État fédéral qui, sous Justin Trudeau, ne voulait pas en entendre parler, au grand dam de l'Alberta, qui se sentait bridé dans son développement. Mais pour sécuriser ce projet et donc exporter plus, il faudra à nouveau permettre aux gros tankers d’accoster sur toute une partie de la côte de l’état de la Colombie britannique. Ce qui est interdit depuis 2019.  Ce projet de pipeline est donc loin d’être encore sur les rails. D’autant que les communautés autochtones y sont opposées, tout comme le Premier ministre de Colombie-Britannique, David Eby.   À lire aussiAu Canada, la bombe climatique des puits pétroliers et gaziers abandonnés
Jusqu'où iront les prix du cuivre ? Et jusqu'à quand seront-ils supportables pour les acheteurs ? Ce sont les questions qu'on se pose dans la chronique des matières premières. Cette année, les prix du cuivre ont augmenté de près de 25% et les prévisions pour 2026 confirment cette tendance à la hausse. Après deux années d'excédent sur le marché, on entend à nouveau parler de pénurie. Le Groupe international d'étude du cuivre, a confirmé jeudi lors de la conférence mondiale du secteur qui se déroule à Shanghai, qu'au niveau mondial en 2026, la production de métal rouge augmenterait de 0,9% soit moins vite que cette année. Conséquence, le marché du cuivre pourrait connaître un déficit de 150 000 tonnes l'année prochaine. Les prix, toujours proches de 11 000 dollars la tonne, leur pic de fin octobre, devraient rester en hausse jusqu'en 2030, selon la Commission nationale chilienne du cuivre qui constate que cette année la production nationale ne progressera presque pas. Au-delà des restrictions de l'offre minière globale, d'autres facteurs jouent sur les prix. C'est le cas de la baisse attendue des taux d'intérêt de la Réserve fédérale américaine (FED) en décembre. Cette baisse serait favorable à une reprise économique et donc à la demande en cuivre, symbole par excellence de la bonne santé industrielle d'un pays. Prime sur le cuivre chilien  Cette hausse des prix s'illustre par la prime que demandent les opérateurs chiliens. Concrètement, pour les contrats de l'année prochaine, Codelco, le plus grand producteur mondial, propose son cuivre bien au-dessus du prix du LME, la bourse aux métaux de Londres : soit environ 300 à 350 dollars de plus par tonne. Cette année, Codelco a vendu son cuivre avec une prime de 89 dollars. Avec de tels prix, l'opérateur chilien fait comprendre à ses acheteurs que l'offre sera encore insuffisante l'année prochaine, et qu'il faudra payer plus pour avoir du cuivre. Et ce dans un contexte où les États-Unis ont aspiré d'énormes volumes depuis le début de l'année pour anticiper la mise en place de taxes. Cette démarche a asséché le marché et a fait grimper les stocks du Comex, la bourse aux métaux de New York à un niveau record de plus de 400 000 tonnes pendant que ceux du LME baissaient cette année de plus de 40%. Ils s'affichent désormais à moins de 157 000 tonnes. Des prix dissuasifs ? À de tels niveaux, les prix pèsent sur les acheteurs chinois, les premiers consommateurs de cuivre au monde. Certains d'entre eux seraient réticents à souscrire des contrats d'approvisionnement pour l'année prochaine.  Les acheteurs sont des fonderies et raffineries chinoises qui ont déjà vu ces derniers mois leurs revenus s'effondrer, jusqu'à afficher des marges négatives de l'ordre de 60 dollars pour transformer le concentré de cuivre acheté à la mine, en cathodes de cuivre métal utilisables par l'industrie. Une situation de plus en plus intenable. À lire aussiCoup d'accélérateur sur la production de cuivre en Zambie
L'Indonésie serait-elle en train de détrôner la Malaisie comme couverture pour le commerce de pétrole iranien vers la Chine ? C'est ce que montrent les derniers chiffres des douanes chinoises. De janvier à octobre, la Chine aurait importé 100 fois plus de pétrole indonésien que sur toute l'année 2024. Les douanes chinoises annoncent avoir importé, sur les dix premiers mois de l'année 2025, près de 10 millions de tonnes de pétrole d'Indonésie, soit l'équivalent de 235 576 barils par jour, contre 100 000 tonnes pour toute l'année 2024. Ce chiffre étonnant interpelle les experts. Il dépasse en effet de loin la production indonésienne, qui est d'environ 500 000 à 600 000 barils par jour. Ces volumes importés, déclarés par la Chine, ne sont pas conformes non plus aux déclarations des douanes indonésiennes, qui annoncent de leur côté, pour les neuf premiers mois de l'année, seulement 25 000 tonnes de pétrole exportées vers la Chine, sur un total exporté de 1,7 million de tonnes. Pétrole iranien transbordé Ce pétrole, qui n'est manifestement ni produit ni exporté par l'Indonésie, viendrait vraisemblablement d'Iran, à en croire les experts du secteur qui suivent à la trace ce pétrole sanctionné par les États-Unis et transbordé pour changer de couleur. La Chine n'a officiellement pas importé de brut d'Iran depuis mi-2022, mais le pays serait, dans les faits, le seul acheteur de pétrole iranien. Selon le cabinet de suivi maritime Kpler, la Chine aurait importé plus de 57 millions de tonnes – soit 1,37 million de barils par jour – de pétrole iranien, ou suspecté comme tel, sur les dix premiers mois de l'année, dont 51 millions de tonnes arrivées via transbordement. Jusque-là, la Malaisie constituait le hub principal dans lequel le pétrole iranien changeait d'origine. Les transbordements au large de ce pays continuent, mais selon les douanes chinoises, les importations malaisiennes auraient diminué de moitié depuis leur pic de juillet. Ce qui est cohérent avec l'augmentation des opérations de transbordement au large de l'Indonésie, confirmée par le cabinet Kpler. Les achats malaisiens en question Ce changement de couverture pour le pétrole iranien s'explique par plusieurs facteurs. La Malaisie aurait annoncé en juillet qu'elle voulait renforcer ses contrôles sur le transbordement illégal de pétrole en mer. Cette mesure n'a pas stoppé l'activité, mais a peut-être contribué à la ralentir. Les banques chinoises seraient aussi par ailleurs plus réticentes à libérer des fonds pour acheter du pétrole d'origine malaisienne, par crainte de sanction américaine. Utiliser une origine indonésienne serait perçu comme moins risqué, pour l'instant.  À lire aussiAnalyse: l’Iran en quête de stabilité entre alliances et sanctions
Le marché des œufs est sous tension, en Europe, mais aussi dans d'autres régions du monde. Le prix des œufs est tiré par une consommation très dynamique et la difficulté des producteurs à répondre à la demande.  La consommation ne cesse de croître en France, en Europe, et en Asie : +17 % en dix ans soit une moyenne de 192 œufs par an et par habitant. La Chine et l'Inde sont les deux moteurs de la demande mondiale. À court terme, la consommation d'œufs ne devrait pas faiblir, « tous les voyants sont au vert », résume Simon Fourdin directeur du pôle économie de l'Institut technique des filières avicole, cunicole et piscicole (Itavi). Résultat, la production mondiale ne suffit pas alors qu'elle augmente pourtant en moyenne de près de 2,8 % chaque année. La grippe aviaire, gros frein à la production Parmi les freins à la production, figure la grippe aviaire qui a fait un retour notable depuis 2022 et a touché aussi bien la France, les États-Unis que l'Espagne dernièrement : sur les dix premiers mois de l'année 2025, 90 millions de volailles ont été touchées dans le monde dont plus de la moitié aux États-Unis. En Europe, le rythme de production est affecté également par la fin progressive des élevages en cage au profit de systèmes alternatifs, comme les élevages de plein air par exemple. Cette transition prend du temps parce qu'elle nécessite de nouvelles installations. Boom des importations européennes Cette tension sur le marché européen a fait bondir les importations. En 2025, elles ont augmenté de 60 % pour combler le déficit, avec des situations très disparates selon les pays d'Europe. La France est presque à l'équilibre, mais le sera un peu moins l'année prochaine que cette année. Le principal fournisseur de l'Europe en œufs est l'Ukraine, avec 70 % de part de marché. Le pays a exporté cette année plus d'ovoproduits, ces œufs sous forme liquide ou en poudre, qui sont utilisés par les restaurateurs et les industriels. Ses ventes d'œuf coquille à l'Europe ont aussi augmenté, voire explosé. Elles ont été multipliées par quatre en l'espace de deux ans.  Prix records Si l'on en croit la hausse des prix en Europe, les importations n'ont pas suffi à soulager le marché. À titre d'exemple, en France, « sur les 9 premiers mois de l'année 2025, sur du circuit généraliste et de l'œuf plein air – principal mode de production –, l'augmentation est de 4,6 % », selon les données de l'Itavi. Ce prix a augmenté de 18,4 % si on compare à janvier 2022. C'est une date charnière, car la guerre en Ukraine qui a débuté le mois suivant a entrainé une augmentation des matières premières agricoles, et donc de l'alimentation de la poule, qui fait l'œuf. Simon Fourdin rappelle que « 50 % du coût de production d'une volaille est dû à son alimentation ». Selon les pays, les hausses sont variables mais « la tendance est à l'augmentation des prix un peu partout », selon l'expert de l'Itavi. Cela devrait durer tant que la production n'arrivera pas à suivre l'appétit des nouveaux consommateurs qui voient dans l'œuf, une source de protéine économique et adaptée à de nombreux régimes alimentaires. « À court terme, des importations encore plus importantes seront probablement nécessaires pour répondre aux besoins du marché européen », selon Nicolas Pinchon, expert des marchés agricoles. À lire aussiEn Côte d’Ivoire, la production de la filière avicole est en hausse
Depuis le mois de septembre, les navires pétroliers sont de plus en plus sollicités, et leurs coûts d'affrètement a bondi. Pour les plus gros tankers, cela fait cinq ans que ces coûts n'avaient été pas été si élevé. Pour louer un pétrolier qui transporte du brut des pays du Golfe vers la Chine, il faut compter environ 137 000 dollars, soit six fois qu'au mois de janvier. Cette hausse est particulièrement forte pour les VLCC (Very Large Crude Carriers), ces très grands transporteurs qui peuvent charger jusqu'à deux millions de barils. L'augmentation des coûts concerne aussi les navires plus petits, les Suezmax qui transportent environ moitié moins que les superpétroliers, et les Aframax, qui ont une capacité encore plus petite – environ 700 000 barils. Certains de ces navires-là ont quitté la flotte commerciale, pour aller transporter du pétrole russe, ce qui a fait grimper le coût d'affrètement de ceux qui restent disponibles. La hausse du marché aurait même, selon l'agence Bloomberg, poussé les navires qui transportent du kérosène et du diesel à se convertir au transport de brut, pour gagner plus. Demande très forte sur des routes plus longues Les réservations de navires se multiplient, en particulier sur la route qui relie les pays du Golfe à la Chine et à l'Inde. Cette hausse est essentiellement due à l'augmentation de la production de l'Opep+, explique Matthew Wright, analyste principal Fret au sein du cabinet de suivi maritime Kpler. Durant l'été, cette production a été en grande partie absorbée par la demande intérieure des pays du Moyen-Orient, détaille l'expert, mais les fortes chaleurs étant passées, ces barils ont été reportés vers l'export et ont fait grimper la demande de bateau depuis septembre. Les nouvelles sanctions américaines qui visent les sociétés Rosneft et Lukoil n'ont rien arrangé. Ces mesures ont incité certains acheteurs de brut, en Asie, à se détourner de ces entreprises russes et donc à acheter plus de pétrole d'Arabie saoudite, du Koweït, d'Irak, ou encore des Émirats arabes unis, ce qui mobilise les pétroliers sur des routes plus longues.  Perspectives 2026 Difficile à ce stade de dire si les prix vont continuer à monter en flèche, mais ils pourraient se maintenir jusqu'au premier trimestre 2026 : l'arrivée de l'hiver correspond généralement à une hausse saisonnière de la demande. « De nombreux pays constituent par ailleurs des stocks, car le prix du brut a baissé d'environ 15 % en glissement annuel depuis novembre 2024, ce qui augmente la demande de pétroliers » ajoute Robert Elliot, responsable du développement commercial des pétroliers chez Bureau Veritas qui précise que « le nombre de livraisons des VLCC a été très faible en 2024 et 2025, la plupart des livraisons ayant concerné des pétroliers Aframax », ce qui alimente encore la tension sur le marché des supertankers.  Parmi les facteurs à prendre en compte, il y a aussi la difficulté des navires commerciaux partis vers les routes sanctionnées pour transporter du pétrole russe à revenir vers le commerce « égal », puisqu'ils sont, pour simplifier, désormais sur la liste noire des États-Unis. Ce qui changera la donne, c'est peut-être la décision des pays de l'Opep+ de mettre en pause leurs hausses de production à partir de janvier, car cela entraînera potentiellement une baisse des exportations.  À lire aussiL’Opep+ annonce une nouvelle hausse de la production de pétrole en décembre avant une pause
Le secteur pèse de manière marginale dans l’économie russe : moins de 1% du PIB. Mais des régions entières dépendent de son exploitation. Et la crise souffle très fort. (Rediffusion du 25/10/2025) De notre correspondante à Moscou, La presse officielle russe l’admet : le secteur du charbon russe traverse une grave épreuve. Certains analystes parlent même de la pire crise depuis 30 ans. Cela charrie pour le pays les souvenirs d’un passé qui ne passe pas : celui des chaotiques années 1990, cette transition brutale à l’économie de marché, où des travailleurs du charbon venaient à Moscou crier leur colère en tapant leur casque de mineurs sur le pavé. Une descente aux enfers en deux ans Dans un pays chaque jour plus verrouillé comme la Russie, pas de protestations sociales. Seulement des indicateurs économiques qui traduisent froidement un tableau très sombre. À commencer par celui-ci : selon l'Agence nationale russe des statistiques, au cours des sept premiers mois de l’année, le secteur a enregistré des pertes de 225 milliards de roubles, soit 2,4 milliards d’euros. C’est le double de celles de 2024, année où il figurait déjà parmi les secteurs les moins performants du pays. Le signe d’un retournement radical de situation et d’une descente aux enfers rapide, car en 2023, le secteur dégageait encore des bénéfices, à hauteur de 375 milliards de roubles, près de 4 milliards d’euros. Cela pour une industrie qui emploie directement plus de 140 000 personnes en Russie, et demeure le poumon essentiel dans certaines régions. Des régions qui s’annoncent sinistrées. Des ventes à faibles marges, voire à perte En septembre, selon un dernier bilan du ministère de l'Énergie, 23 entreprises charbonnières russes, soit environ 13% du total national, avaient fermé leurs portes ; 53 autres risquent de suivre. Selon les analystes, ce sont les petites et moyennes structures qui sont les plus menacées. À l’origine, les prix du charbon thermique, utilisés dans les centrales, qui ont atteint cette année des prix historiquement bas, 93 dollars la tonne, soit 78% de moins que lors du pic de 2022. En cause : les niveaux records de production en Chine. À cela, il faut ajouter des contraintes russes liées aux sanctions occidentales : pour vendre, il faut désormais offrir des rabais. On estime aujourd’hui que la Russie vend son charbon avec de très faibles marges, voire parfois à perte. Le commerce souffre aussi de goulots d’étranglement logistiques. Les perspectives ne sont pas meilleures : pour les analystes, la tendance des cours mondiaux du charbon est baissière jusqu’en 2027.
L'Égypte, premier importateur de blé au monde, vise à s'approvisionner toujours plus sur le marché local. Les autorités ont annoncé vouloir acquérir cinq millions de tonnes l'année prochaine pour leur programme de pain subventionné, soit un million de plus que cette année. Les ambitions des autorités égyptiennes sont-elles réalistes ? Répondre à la question, c'est s'interroger sur la capacité de production du pays. L'Égypte a récolté cette année autour de neuf millions de tonnes, ce qui a permis au gouvernement d'en acheter quatre millions pour produire du pain subventionné. Acheter sur le marché local 25% de plus de blé, en un an, ce serait un bond énorme, relève un expert de la filière, et une véritable prouesse. Le ministère égyptien de l'Approvisionnement s'appuie sur un programme d'expansion des terres agricoles en zone désertique, projet lancé en 2021, et mise aussi sur la sélection de blé plus productif. D'où son ambition d'atteindre l'auto-suffisance pour ses achats publics, mais on en est pour l'instant encore loin : les besoins nécessaires à la production de pain subventionné sont évalués à environ 9 millions de tonnes. Forte dépendance aux importations Malgré sa volonté d'importer moins pour économiser des devises, l'Égypte reste un importateur majeur, rappelle Damien Vercambre, du cabinet Inter-courtage. Le pays importe en moyenne treize millions de tonnes de blé. Comme la production locale, une partie de ces achats reviennent au secteur privé égyptien, pour alimenter le marché libre du pain, et l'autre est contractée par l'Agence publique qui permet la commercialisation d'un pain dix fois moins cher dont profitent 71 millions de personnes. La consommation est à peu près stable et a peu de chance de baisser : le pays compte chaque année deux millions d'habitants supplémentaires par an. Les besoins en blé du pays ne peuvent être que croissants, estime François Luguenot, expert en marchés céréaliers, même si les importations semblent avoir atteint un plateau. Achats perturbés à l'international Cette année, les importations n'ont pas été à la hauteur des besoins du pays. Le premier acheteur de blé au monde a totalement changé sa façon de procéder : les achats de blé ont été confiés à une agence liée à l'armée, en fin d'année dernière - Mostakbal Misr -, qui procède désormais par marché de gré à gré et non plus via des appels d'offre transparents. Cette transition a provoqué la frilosité de plusieurs multinationales du négoce, ainsi que des retards de paiement, et des ruptures de contrats, selon l'agence Reuters. Au premier semestre, les importations ont baissé d'un quart par rapport à l'année dernière. Ce bouleversement commercial a entraîné une baisse des stocks publics à un niveau beaucoup plus bas que l'objectif fixé par le gouvernement. Une baisse qui prouve l'importance pour l'Égypte d'importer et de le faire à un rythme soutenu. 500 000 tonnes de blé de la mer Noire, sont attendues entre décembre et janvier, selon l'agence Bloomberg et attestent, dit-on dans le secteur, d'une certaine normalisation, et d'un retour à plus de fluidité dans les achats.
Le cours de l’or a atteint un sommet historique, notamment parce que la Banque centrale de Chine a multiplié ses achats. Avec toujours en tête, la volonté de dédollariser un peu l’économie mondiale. L’or a battu tous les records en 2025. Et depuis le mois d'octobre, son cours a dépassé 4 000 dollars l’once. Et ce sont les achats des banques centrales qui ont soutenu la hausse. Que ce soit par exemple la Banque centrale d'Azerbaïdjan ou du Kazakhstan. Mais Pékin est de loin le premier acheteur. La banque centrale chinoise pourrait, selon certaines sources, avoir acheté dix fois plus d’or qu’elle ne l’a officiellement déclaré. Les analystes de la banque Société générale, interrogés par le Financial Times, estiment que les achats chinois représentent cette année un tiers de la demande mondiale de l'ensemble des banques centrales. Pas moins de 250 tonnes. Contester le dollar Le phénomène s’est accéléré depuis 2022 et le gel des avoirs de la banque centrale russe après l'invasion de l'Ukraine. Le but est à la fois de moins dépendre de la justice occidentale et c’est aussi la preuve de la contestation du dollar comme pierre angulaire du système financier mondial. Ces motivations concernent au-delà de la Chine un grand nombre de pays en développement. L’achat de l’or se fait notamment au détriment des bons du trésor américain. Cela répond à un objectif de dédollarisation des réserves de valeur des banques centrales. Et cela, personne ne veut publiquement l’assumer, surtout avec l’imprévisible Donald Trump à la Maison Blanche. Les banques centrales restent donc discrètes concernant leurs achats. Il y a quatre ans, 90 % d'entre eux étaient rapportés spontanément au Fonds monétaire international (FMI) qui tient les comptes. Aujourd’hui, on estime que seul un tiers des achats est déclaré. Le Cambodge en pionnier Pour aller plus loin, la Chine propose même désormais à ses amis de stocker pour leur compte l’or qu’ils achètent. C'est une information rapportée par l’agence Bloomberg en septembre dernier concernant l’or acheté sur la place de Shanghai. Un service historiquement offert à de nombreux pays : l'Angleterre, la Suisse et les États-Unis. Le Cambodge est le premier pays à avoir accepté pour de futurs achats. Son or sera stocké dans la zone économique de Shenzhen (Shenzhen's bonded warehouses). Pour Pékin, il s’agit tout à la fois de favoriser le développement de sa place financière, d'offrir une alternative aux services occidentaux, et bien sûr au dollar, utilisé partout ailleurs dans le monde pour le commerce de l'or. Pour Phnom Penh, c’est avant tout un geste politique à l’égard de son principal partenaire commercial, qui détient par ailleurs plus de 30 % de la dette du pays. À lire aussiLa demande pour l'or atteint un record grâce aux investisseurs
Depuis qu'Anglo American, sa maison mère, a décidé de se séparer de la société diamantaire et de la mettre en vente au mois de juin dernier, la course pour sa reprise est lancée. Plusieurs repreneurs se sont manifestés, parmi lesquels figurent au moins deux États africains.  Ce n'est pas une surprise, le Botswana, dont les exportations reposent à 80 % sur le diamant, est candidat au rachat de De Beers. Gaborone détient déjà 15 % du groupe, mais souhaite aujourd'hui prendre une participation majoritaire. Le président botswanais l'a réaffirmé il y a encore quelques jours.  L'Angola est également sur les rangs et a fait comprendre que son ambition était parfaitement alignée avec la proposition du Botswana, après avoir initialement laisser entendre vouloir aussi une part majoritaire. Les tensions sont aplanies, mais à voir jusqu'à quand.  La Namibie serait potentiellement un troisième pays intéressé, mais l'information donnée par la presse namibienne a été démentie en début de semaine par le gouvernement qui assure qu'aucune proposition n'a été approuvée par le conseil des ministres. Ce qui ne veut pas dire que le projet n'existe pas. Il n'est peut-être tout simplement pas assez avancé pour être rendu public. De potentiels repreneurs indiens et qatariens D'autres investisseurs se sont aussi lancés dans la course. Parmi eux, d'anciens cadres de De Beers mais également, selon l'agence Reuters, plusieurs entreprises diamantaires indiennes (KGK Group et Kapu Gems) et des fonds d'investissement qatariens. On cite également un milliardaire qui possède des mines en Zambie et en Afrique du Sud. À ce stade, Anglo American n'a communiqué sur aucune proposition. Si offre il y a eu, cela s'est fait dans la plus grande discrétion, confie un fin connaisseur du secteur. À quel prix acheter De Beers ? L'avenir des propositions de reprise est aussi lié à la valeur de De Beers. La capacité financière des futurs acquéreurs est en effet un paramètre de base, mais le montant à débourser est l'autre donnée qui va avec. Au niveau comptable, Anglo American valorise De Beers à 4,9 milliards de dollars, après avoir dû diminuer la valeur de l'entreprise de 3,5 milliards de dollars dans son bilan. De Beers a encore affiché une perte de 189 millions de dollars au premier semestre 2025 en raison de la mauvaise santé du secteur diamantaire. L'entreprise a réduit sa production et baissé ses prix pour écouler ses stocks. « De Beers perd entre 1,5 et 2 millions de dollars par jour », résume un industriel. Une donnée qui devrait tirer le montant des offres vers le bas.  Le PDG d'Anglo American espérait, en février, avoir pratiquement achevé la vente de De Beers d'ici fin 2025. Rien ne permet aujourd'hui de dire que ces délais pourront être tenus.
Le concentré de tomate chinois est toujours le plus exporté de la planète, mais les indicateurs commerciaux ne sont plus aussi bons qu'avant : les ventes chinoises progressent de plus en plus lentement. Le tassement des exportations chinoises est principalement dû à la volonté de plusieurs pays de se démarquer et de moins consommer de concentré de tomates chinois, pour des raisons liées à sa qualité, mais aussi pour des questions plus idéologiques : les trois-quarts de la production viennent de la province du Xinjiang, à l'ouest de la Chine, région souvent pointée du doigt pour sa répression des populations ouïghoures. « Plus personne ne veut de ce concentré-là », résume un observateur de la filière. Au troisième trimestre, les exportations ont baissé de 13% par rapport au deuxième trimestre, et de 9% par rapport à l'année dernière, selon Tomato News, le site d'information de l'Association internationale méditerranéenne de la tomate transformée (AMITOM) et du Conseil mondial de la tomate d'industrie (CMITI). Chute des ventes en Europe de l'Ouest La situation est très contrastée avec des importations en hausse en Amérique centrale, en Extrême-Orient, dans les pays de l'Est de l'Europe tels que la Croatie, la République tchèque et la Pologne, et en parallèle, des régions du monde qui ont mis un coup de frein à leurs importations chinoises. C'est en Europe de l'Ouest que la baisse est la plus notable selon Tomato News, avec une chute de 67% entre le troisième trimestre 2025 et celui de 2024, soit 26 000 tonnes en moins. La tendance à la baisse est portée par l'Italie, mais aussi le Portugal, l'Irlande, la Suède et les Pays-Bas. Les pays d'Europe de l'Ouest n'ont pas moins consommé, mais ils essaient de se fournir plus en Europe, et peuvent aussi acheter davantage aux États-Unis grâce aux bons rendements obtenus en Californie cette année, explique un de nos interlocuteurs.  Baisse en Afrique de l'Ouest  Les exportations de concentré chinois ont baissé dans plusieurs pays d'Afrique également. Si on compare le troisième trimestre 2025 à celui de 2024, on constate une baisse des achats de près de 9 000 tonnes. Plusieurs pays ont réduit leurs importations : le Nigeria, le Ghana, la RDC et le Niger. Une baisse atténuée, mais pas totalement, par les importations du Togo, du Bénin et de la Sierra Leone, selon Tomato News. Les exportateurs chinois dominent cependant toujours le continent africain. « Très peu d'autres pays parviennent aujourd'hui à exporter vers l'Afrique, un marché qui continue de croître », a rappelé Martin Stilwell, le président de Tomato News, lors des journées de la Tomate (ANUGA) qui se sont tenues le mois dernier à Cologne en Allemagne. Chute des prix du concentré chinois  La Chine exporte moins en Europe et a vu ses recettes liées aux exportations mondiales de concentré chuter de 30% sur un an, pour atteindre le niveau bas d'avant Covid-19. Cette chute est liée à la surproduction chinoise d'il y a un an qui avait été suscitée par l'envolée des prix du concentré. La Chine a grosso modo produit cinq millions de tonnes de trop, explique un expert de la filière. Un volume impossible à absorber sur un marché globalement stable où la consommation de tomates d'industrie est plus ou moins de 38 à 40 millions de tonnes chaque année. Les stocks chinois ont grossi et les usines chinoises qui s'étaient lancées ou relancées dans la transformation l'année dernière ont dû réduire, voire geler, leur activité en 2025 en attendant de liquider leurs réserves de concentré. Des réserves vendues à des prix cassés : environ 600 dollars la tonne, soit presque la moitié des prix pratiqués par les exportateurs chinois un an plus tôt.  Les prix aux États-Unis ont suivi la même tendance, tout en restant plus élevés. En Italie, l'autre acteur qui compte sur le marché, ils se sont maintenus grâce à un positionnement sur le secteur premium, qui permet aux transformateurs de mieux valoriser leurs produits.   À lire aussiConcentré de tomates: boom historique des exportations, hausse des stocks et baisse des prix
Les stocks de pétrole s'accumulent sur les mers et les océans en cette fin d'année 2025. Il y a aujourd'hui 1,3 milliard de barils chargés sur des pétroliers, soit l'équivalent de presque deux semaines de consommation. C'est un record depuis 2020. On peut trouver en mer du pétrole déjà vendu, en cours d'acheminement, et du pétrole en attente d'être acheté, qui est stocké. Sur leurs écrans, les sociétés de suivi maritime savent repérer ces pétroliers qui sont immobiles plusieurs jours et qui constituent des stocks flottants.   Depuis le mois de septembre, on est passé de 1,1 à 1,3 milliard de barils en mer, selon les derniers chiffres du cabinet de suivi maritime Kpler, et 30 % de cette hausse représente du pétrole sous sanction. L'augmentation des volumes de pétrole en mer mobilise un nombre plus grand de navires et a fait grimper les taux de fret pour les pétroliers ces dernières semaines. Hausse notable depuis septembre Depuis le mois de septembre, 200 millions de barils sont venus s'ajouter aux volumes déjà chargés et sur l'eau. Certaines raffineries privées chinoises ont épuisé leur quota annuel d'importation et ont dû interrompre temporairement leurs achats? C'est une première explication. Il y a aussi les sanctions américaines prises mi-octobre sur le terminal pétrolier chinois de  Rizhao – qui représente 10% des importations de pétrole en Chine. Elles ont augmenté la congestion sur l'eau, explique Homayoun Falakshahi chef analyste pétrole chez Kpler. L'augmentation des volumes en mer illustre aussi le refus de certains importateurs de décharger des cargaisons de pétrole russe suite aux dernières sanctions occidentales, même si les flux vers l'Inde n'ont pour l'instant pas cessé.  Autre raison : les pétroles indexés sur les références européennes (brent) et américaines (WTI) affichent, depuis octobre, un prix plus bas que le brut de la région du Golfe (référence Dubaï). Cet avantage de prix a séduit les acheteurs asiatiques, qui ont commandé plus. Les trajets des pays d'origine concernés, vers l'Asie, sont plus longs, ce qui contribue à augmenter le nombre de navires sur l'eau.  Baisse sur les prix, mais pas trop Cette quantité de pétrole sur l'eau est susceptible de faire baisser les prix, mais cette hausse est à relativiser : dans ces volumes, il y a une proportion importante de pétrole sous sanction, qui n'est destinée qu'à un nombre limité d'acheteurs. Les prix sur ce marché « parallèle » n'ont que peu d'impact sur les cours mondiaux. « Plus la part de pétrole sous sanction est importante dans ces volumes sur l'eau, moins cela a d'impact sur le marché général », précise l'expert de Kpler.
La mine de Simandou en Guinée a été inaugurée officiellement cette semaine, les premières tonnes de minerai sont en passe d'être exportées. Quand elle aura atteint sa capacité maximale, en 2028, la mine produira jusqu'à 120 millions de tonnes de minerai de fer par an et bousculera alors le marché mondial du fer.  C'est un petit séisme qui s'annonce dans le secteur : d'ici 2028, Simandou devrait devenir un des cinq premiers producteurs mondiaux alors que la Guinée ne figurait pas, en janvier 2025, sur la liste des pays producteurs cités par l'USGS (United States Geological Survey), les services géologiques américains. La Guinée produira à terme 7% du minerai de fer commercialisé, selon le Financial Times, de quoi devenir un pays qui compte dans un secteur dominé jusque-là par l'Australie et le Brésil. La Guinée va s'imposer, par son volume de production, mais aussi par la qualité de son minerai, qualifié de « caviar de fer » en raison de sa teneur très élevée. Une qualité prisée par les aciéries qui cherchent à diminuer leurs émissions de carbone, et produisent ce qu'on appelle de l'acier vert.   La Chine, grande bénéficiaire La production de Simandou profitera avant tout à la Chine, premier importateur de minerai de fer, premier producteur d'acier. Ce n'est pas un hasard si le développement du projet guinéen a été porté par plusieurs sociétés chinoises, au travers du consortium Winning Consortium Simandou (WCS) et de Chinalco un producteur d'aluminium, sans parler de l'engagement du géant de l'acier chinois Baowu Steel qui a injecté 6 milliards de dollars. La présence industrielle chinoise à Simandou illustre la détermination de l'Empire du Milieu à sécuriser son approvisionnement. Grâce à son nouveau fournisseur tout désigné, la Chine va se retrouver en position de force pour négocier avec ses fournisseurs australiens et brésiliens. Un marché saturé, des prix tirés vers le bas Cette nouvelle concurrence devrait avoir un effet baissier sur les prix. Pour l'instant, ils se maintiennent autour de 100-110 dollars la tonne, et pourraient encore rester stable jusqu'à la fin de l'année, selon Siew Hua Seah rédactrice en chef du secteur des Marchés ferreux pour le cabinet de conseil et d'analyse Argus Media.  L'arrivée des tonnes de Simandou sur le marché entraînera une situation de surproduction, explique l'experte, d'autant que plusieurs projets de production d'acier vert ont pris du retard et n'arriveront à maturité qu'en 2030 ou 2035. Dans le secteur, on voit donc les prix chuter autour de 70 à 80 dollars la tonne, mais la baisse dépendra de la rapidité avec laquelle Simandou augmentera sa production, précise Argus Media.  À l'exception des miniers qui ont des coûts de production très élevés, les marges devraient cependant rester confortables, mais elles baisseront, c'est inévitable. Ce qui veut dire, pour Simandou, que les industriels mettront plus de temps à rentabiliser leurs investissements.  À lire aussiLancement de la mine de Simandou: «Un jour historique pour la Guinée», estime Bouna Sylla À lire aussiSimandou: miracle ou mirage pour l'économie guinéenne?
La production de cette année s'annonce en légère hausse par rapport à 2024, mais 2024 était une année catastrophique. Alors que se tient à Belém la COP30, rappelons-le : c'est de nouveau le dérèglement climatique qui bouleverse les récoltes de raisin. Les données de tous les pays producteurs ne sont pas encore connues, mais l'Organisation internationale de la vigne et du vin anticipe une reprise de 3 % de la production mondiale de vin à quelque 232 millions d'hectolitres. Ce qui reste bien en deçà des moyennes récentes. Cette variation climatique est particulièrement marquée en France. Avec 35,9 millions d'hectolitres, la production hexagonale pourrait être la plus faible depuis 1957. La France n’est plus la première productrice mondiale de vin, c’est l’Italie La France cède ainsi son titre du premier producteur mondial de vin au profit de l'Italie qui prend la tête du classement avec 47,4 millions d'hectolitres de vin produits. Derrière la France, l'Espagne, très touchée par la sécheresse avec 29,4 mhl. Outre l'Italie, seuls les pays de l'Europe centrale et orientale, notamment la Slovaquie, la Croatie, la Roumanie ou la République tchèque, sortent leur épingle du jeu. Tout comme la Nouvelle-Zélande, l'Afrique du Sud et l'Argentine, dans l'hémisphère sud. Les faibles surplus de vins pour satisfaire les acheteurs « Après trois années de récolte en baisse, il y a évidemment moins de volumes disponibles à l'exportation. Et une légère hausse de la production cette année ne changera pas grand-chose », estime John Barker, directeur général de l'OIV. Résultat : les prix par bouteille exportée augmentent. Les nouveaux droits de douane américains devraient tirer encore davantage les prix vers le haut. L’impact des taxes Trump Pour l'instant, cela ne se sent pas trop parce que les importateurs de vin aux États-Unis ont beaucoup stocké, par anticipation de ces taxes. Mais en 2026, lorsqu'ils devront se réapprovisionner, les pays viticoles seront touchés, plus ou moins fort selon leur taux de change et leur exposition aux États-Unis, qui restent le premier marché de consommation de vin au monde. Dans ce contexte, « il n’est pas aisé de trouver des marchés alternatifs aux États-Unis », remarque le directeur général de l’OIV. Il faut s’attendre à ce que les importateurs et les distributeurs américains coopèrent davantage avec les producteurs et les exportateurs dans les pays d’origine pour atténuer l’impact des taxes Trump sur les prix. Cela dit, les producteurs explorent aussi de nouvelles opportunités ailleurs dans le monde. Les marchés tels que la Chine, l’Inde, les pays du Sud-Est asiatique, le Nigeria, l’Afrique du Sud, le Mexique ou encore le marché brésilien les intéressent de plus en plus. À lire aussiDroits de douane américains: pas d'exemptions pour le vin européen, qui sera taxé à 15%
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