ColloqueJournée François JacobThe Living Clock: Biology in the Flow of TimeCollège de FranceAnnée 2025-2026ConclusionsDenis DubouleProfesseur du Collège de FranceJean-Jacques HublinProfesseur du Collège de France
ColloqueJournée François JacobThe Living Clock: Biology in the Flow of TimeCollège de FranceAnnée 2025-2026Epigenetic Timekeepers: Reconstructing the Biological Ages of Ancient IndividualsLudovic OrlandoCentre d'Anthropobiologie et de Génomique de Toulouse (CNRS UMR 5288, université de Toulouse)
ColloqueJournée François JacobThe Living Clock: Biology in the Flow of TimeCollège de FranceAnnée 2025-2026Metabolic Timing of the Need to SleepAnissa KempfBiozentrum University of Basel, Switzerland
ColloqueJournée François JacobThe Living Clock: Biology in the Flow of TimeCollège de FranceAnnée 2025-2026Integrating Time Scales to Preserve the Maternal InheritanceMarie-Hélène VerlhacDirectrice du Centre interdisciplinaire de recherche en biologie (CIRB) – DRCE2 CNRS
ColloqueJournée François JacobThe Living Clock: Biology in the Flow of TimeCollège de FranceAnnée 2025-2026Mechanics of Mammalian DevelopmentJean-Léon MaitreInstitut Curie, Paris France
ColloqueJournée François JacobThe Living Clock: Biology in the Flow of TimeCollège de FranceAnnée 2025-2026Linking Developmental Timing with Human Brain EvolutionPierre VanderhaeghenVIB - KU Leuven University
ColloqueJournée François JacobThe Living Clock: Biology in the Flow of TimeCollège de FranceAnnée 2025-2026A Mind Set in Stone: Fossil Traces of Human Brain EvolutionPhilipp GunzDepartment of Human Origins, Max Planck Institute for Evolutionary Anthropology Leipzig, Allemagne
ColloqueJournée François JacobThe Living Clock: Biology in the Flow of TimeCollège de FranceAnnée 2025-2026Timescales of Adaptation and the Baldwin EffectAmaury LambertChercheur, Centre Interdisciplinaire de recherche en biologie (CIRB) – Professeur à l'École normale supérieure
ColloqueJournée François JacobThe Living Clock: Biology in the Flow of TimeCollège de FranceAnnée 2025-2026Introduction : Jean-Jacques HublinPrésentationLe temps est une dimension fondamentale du vivant. Des rythmes moléculaires qui régulent l'expression des gènes aux grandes trajectoires de l'histoire évolutive, les systèmes biologiques sont à la fois façonnés par le temps et acteurs de sa dynamique. Développement, vieillissement, mémoire, régénération, cycles veille-sommeil, voire perception du temps : autant de phénomènes qui illustrent l'imbrication profonde entre vie et temporalité. En réunissant des spécialistes de génétique, de biologie du développement, de neurosciences et de biologie évolutive, cette journée explorera les multiples manières dont la biologie s'inscrit dans le temps, à travers les échelles, les niveaux d'organisation et les disciplines. Conférences en anglais.Les Journées François JacobLes Journées François Jacob, organisées par l'institut de biologie du Collège de France, rassemblent chaque année les meilleurs spécialistes français et étrangers autour d'un thème à la pointe des enjeux de la recherche en biologie.Le lauréat du prix Antoine Lacassagne, attribué chaque année par le Collège de France à un chercheur en biologie, est traditionnellement invité à recevoir son prix lors des Journées François Jacob et à y donner un séminaire en relation avec ses travaux.Ces journées sont nommées en l'honneur de François Jacob, titulaire de la chaire Génétique cellulaire du Collège de France (1964-1991), prix Nobel de physiologie ou médecine 1965 avec André Lwoff et Jacques Monod pour la découverte de la régulation génétique de la synthèse des enzymes et des virus.
Collège de FranceAnnée 2025-2026Colloque de rentrée 2025 - Opportunités économiques, enjeux juridiques, défis sociétaux - Comment l'IA transforme le droit et la justiceBenoît FrydmanProfesseur à la faculté de droit de l'université libre de Bruxelles (ULB)RésuméLes techniques d'IA ont été introduites depuis longtemps dans le domaine du gouvernement et de la régulation, et se déploient désormais à grande vitesse dans toutes les branches du droit en transformant considérablement les outils et la logique de l'action administrative et judiciaire. Ce développement s'inscrit dans le projet formulé déjà par Leibniz au XVIIe siècle d'un droit mathématisé et calculable, mais recourt à des techniques, comme le profilage, qui trouvent leur source première dans l'usage normatif des probabilités au XIXe siècle. Leur déploiement à large échelle, souvent de manière prématurée et sans contrôle adéquat, met au défi les bases de l'État de droit, spécialement le contrôle des pouvoirs, la protection des droits et la motivation des décisions qui les affectent. En dépit de plusieurs catastrophes d'ampleur industrielle déjà causées par les erreurs qu'elles ont provoquées, ces innovations s'inscrivent dans un modèle de régulation qui est là pour durer et qui nécessite la mise en place de contre-feux et de garanties adaptées qui reposent également sur l'innovation technologique.Benoît FrydmanPhilosophe du droit, Benoît Frydman est professeur à la faculté de droit de l'université libre de Bruxelles (ULB). Il est docteur honoris causa des universités de Genève et d'Aix-Marseille et membre de l'Académie royale de Belgique. Ces travaux portent sur le droit global, l'évolution des instruments normatifs et sur l'histoire de la raison juridique.
Collège de FranceAnnée 2025-2026Colloque de rentrée 2025 - Opportunités économiques, enjeux juridiques, défis sociétaux - IA et culture : « je t'aime, moi non plus… »Alexandra BensamounUniversité Paris-SaclayRésuméEntre opposition structurelle et attirance réciproque, l'IA et la culture entretiennent des liens chaotiques. Si la (ré)conciliation est nécessaire, le droit doit inciter à l'émergence d'un marché éthique et compétitif, respectant la chaîne de valeur et donc rémunérant les contenus culturels utilisés par les IA.Alexandra BensamounAlexandra Bensamoun est professeure de droit à l'université Paris-Saclay, spécialiste en régulation du numérique et en droit de la propriété intellectuelle. Elle a créé et dirige le M2/LLM Propriété intellectuelle fondamentale et technologies numériques (PIFTN), en codiplômation avec l'Université Laval (Québec) et l'Université ade Madrid (Espagne). Elle est l'auteur de nombreuses recherches individuelles ou collectives, notamment un Traité collectif sur le droit de l'intelligence artificielle (LGDJ/Lextenso, 2e éd., 2022). Investie dans divers réseaux de recherche nationaux et internationaux, elle est membre du comité exécutif de l'ALAI (et vice-présidente de l'Afpida, branche française) et de l'Institut DATAIA, Cluster IA de l'université Paris-Saclay. Experte pour l'Unesco et pour différentes autorités, « personnalité qualifiée » au CSPLA (Conseil supérieur de la propriété littéraire et artistique, ministère de la Culture français), elle a fait partie en France de la commission interministérielle de l'intelligence artificielle qui a remis son rapport sur la stratégie française en IA, IA : notre ambition pour la France, en mars 2024, au président de la République. Elle a produit de nombreux rapports officiels sur le numérique, et en particulier sur l'intelligence artificielle, à la demande de la ministre de la Culture française, sur la mise en œuvre du Règlement européen sur l'IA (déc. 2024) et sur les modèles de rémunération des contenus culturels utilisés par les IA (juin 2025).
Collège de FranceAnnée 2025-2026Colloque de rentrée 2025 - Opportunités économiques, enjeux juridiques, défis sociétaux - Une vision collectiviste et économique de l'IAMichael I. JordanU.C. Berkeley et InriaRésuméLes technologies de l'information sont en pleine révolution, où la collecte de données omniprésente et l'apprentissage automatique impactent le monde humain comme jamais auparavant. Le terme « intelligence » est utilisé comme une étoile polaire pour le développement de cette technologie, la cognition humaine étant considérée comme une base. Cette vision néglige le fait que les humains sont des animaux sociaux et qu'une grande partie de notre intelligence est d'origine sociale et culturelle. De plus, la vision actuelle néglige les conséquences sociales de la technologie. La voie à suivre ne réside pas simplement dans davantage de données et de calcul, ni dans une plus grande attention portée aux représentations cognitives ou symboliques, mais dans une fusion approfondie des concepts économiques et sociaux, tels que les marchés, les incitations, la conception de l'information, le commerce, les prix, les contrats et les externalités, avec les concepts computationnels et inférentiels, y compris la gestion de l'incertitude tant au niveau individuel qu'au niveau du système, au service de conceptions systémiques où le bien-être social est partie intégrante du processus de conception.Michael I. JordanMichael I. Jordan est directeur de recherche à l'Inria Paris et professeur émérite à l'université de Californie à Berkeley. Ses recherches portent sur les sciences computationnelles, statistiques, cognitives, biologiques et sociales. Le Pr Jordan est membre de l'Académie nationale des sciences, de l'Académie nationale d'ingénierie, de l'Académie américaine des arts et des sciences et membre étranger de la Royal Society. Il a remporté le prix Frontiers of Knowledge de la Fondation BBVA en 2025 et a été le premier lauréat du prix de la World Laureates Association (WLA) en 2022. Il a été conférencier plénier au Congrès international des mathématiciens en 2018. Il a reçu le prix Ulf Grenander de l'American Mathematical Society, la médaille John von Neumann de l'IEEE, le prix d'excellence en recherche de l'IJCAI, le prix David E. Rumelhart et le prix Allen Newell de l'ACM/AAAI.
Collège de FranceAnnée 2025-2026Colloque de rentrée 2025 - Opportunités économiques, enjeux juridiques, défis sociétaux - Faut-il craindre l'IA ?Philippe AghionProfesseur du Collège de France
Collège de FranceAnnée 2025-2026Colloque de rentrée 2025 - Intelligence, formalismes et création - De la mimesis à la katharsis : formalisation mathématique et apprentissage machine dans la création musicaleCarmine-Emanuele CellaAssociate Professor, University of California, BerkeleyRésuméCette conférence propose une réflexion sur le rôle croissant de l'apprentissage machine dans la création musicale contemporaine, à la croisée de l'intuition artistique et de la formalisation mathématique. À partir de mes travaux sur la créativité computationnelle, l'orchestration assistée et la co-composition homme-machine, j'examinerai comment les algorithmes peuvent dépasser l'imitation (mimesis) pour devenir les vecteurs d'une transformation sensible et cathartique (katharsis).Il s'agira de montrer comment les modèles mathématiques – loin de se limiter à une fonction d'optimisation – peuvent structurer des processus esthétiques, révéler des formes émergentes et ouvrir de nouveaux espaces d'écoute et d'invention. J'aborderai notamment des systèmes où les architectures neuronales dialoguent avec des logiques musicales profondes, où représentation symbolique et perceptive s'articulent dans un même geste créatif.Ce déplacement épistémologique, qui délègue certaines dimensions du jugement ou du style à des agents computationnels, interroge nos cadres habituels d'auteur, d'œuvre et d'écoute. Entre science et pratique artistique, je défendrai l'idée d'une coévolution entre humains et machines, fondée sur des structures partagées, des langages en devenir et la puissance inachevée de la création musicale.Carmine-Emanuele CellaCarmine-Emanuele Cella est compositeur, mathématicien appliqué et professeur associé à l'université de Californie, Berkeley, où il codirige le Center for New Music and Audio Technologies (CNMAT). Il est également directeur de la recherche artistique à l'Ircam (Paris) sous une chaire de Sorbonne Université. Son travail explore les croisements entre intelligence artificielle, mathématiques avancées et création artistique, avec un intérêt particulier pour l'orchestration, la créativité computationnelle et la recherche hybride réunissant compositeurs, interprètes et scientifiques.
Collège de FranceAnnée 2025-2026Colloque de rentrée 2025 - Intelligence, formalismes et création - Grammaire générative et intelligence artificielle générative : deux programmes complémentairesLuigi RizziProfesseur du Collège de France
Collège de FranceAnnée 2025-2026Colloque de rentrée 2025 - Intelligence, formalismes et création - (Dé)formations artificielles de l'esprit : l'IA, entre technologie intellectuelle et déraison computationnelleAnne AlombertMaîtresse de conférence en philosophie, université Paris-VIIIRésuméÀ rebours des comparaisons entre esprits humains et machines informatiques, je propose de considérer ladite « intelligence artificielle » comme une « technologie intellectuelle », qui forme et déforme nos esprits. Si la révolution numérique constitue une mutation comparable à l'apparition de l'écriture alphabétique, comme l'affirmaient déjà Nora et Minc en 1978, et si l'écriture constitue une « technologie intellectuelle » qui transforme nos manières de penser, comme le montrait Goody dans les années 1970, alors le développement fulgurant de l'IA générative ne représente pas seulement une révolution technologique et industrielle, mais ouvre aussi une révolution psychique, cognitive et culturelle.Ces nouvelles « machines d'écriture » amorcent une nouvelle étape dans l'automatisation du langage, qui soulève de nombreux enjeux. Si l'écriture alphabétique avait donné lieu à une « raison graphique », je soutiendrai que les IA génératives risquent de conduire à une « déraison computationnelle », en prenant de vitesse les activités d'interprétation et de réflexion par les calculs probabilistes.Pour faire face à ce risque, j'insisterai sur la nécessité de concevoir et de développer des technologies numériques herméneutiques et délibératives, permettant de soutenir les activités de pensée, et non de les court-circuiter. À travers plusieurs exemples, je montrerai qu'il est possible de mobiliser les technologies d'« intelligence artificielle » pour produire de nouveaux instruments spirituels, afin de mettre les automates numériques au service de nouvelles formes d'intelligences.Anne AlombertAnne Alombert est maîtresse de conférences en philosophie contemporaine à l'université Paris-VIII. Ses recherches portent sur les rapports entre vie, techniques et esprits dans la philosophie contemporaine ainsi que sur les enjeux sociaux et politiques des technologies numériques et de l'« intelligence artificielle ». Elle est autrice de Schizophrénie numérique (Allia, 2023), Penser l'humain et la technique (ENS Éditions, 2023), Le capital que je ne suis pas ! (Fayard, 2024) et Penser avec Bernard Stiegler (PUF, 2025).
Collège de FranceAnnée 2025-2026Colloque de rentrée 2025 - Intelligence, formalismes et création - L'intelligence générale artificielle : mirage ou faux raccord ?Daniel AndlerProfesseur émérite Sorbonne Université & département d'études cognitives, ENSRésuméLes performances des systèmes d'intelligence artificielle, tout particulièrement des grands modèles de langage (LLM) dont le plus connu, mais non le seul, est ChatGPT, sont stupéfiantes. Si l'on s'accorde très largement sur le fait que, pour autant, ils ne sont pas encore véritablement intelligents, beaucoup d'utilisateurs et de spécialistes sont convaincus que les progrès qu'ils ne cessent de faire annoncent l'arrivée prochaine de systèmes pleinement intelligents, dotés de ce que l'on appelle « intelligence générale artificielle ». Mais il y a des sceptiques, qui estiment que les progrès que l'on peut attendre des techniques disponibles sont limités : l'impression que le but est proche serait un mirage. Je défendrai quant à moi l'idée qu'il manque aux systèmes d'intelligence artificielle par leur nature même une dimension essentielle de l'intelligence humaine : ils ne semblent s'en approcher que par l'effet d'un faux raccord.Daniel AndlerDaniel Andler is professor emeritus of philosophy at Sorbonne Université and a member of the Académie des sciences morales et politiques. He founded and directed a number of institutions, among which the Department of Cognitive Studies (DEC) at École normale supérieure, where he currently works, the Sorbonne-CNRS research team Sciences, normes, démocratie (SND), the Société de philosophie des sciences (SPS), the master's program in cognitive science (ENS-EHESS-Univ, Paris-Descartes), and co-founded the European Society for Philosophy and Psychology (EuroSPP). He started out as a mathematical logician (with a PhD from Berkeley and a doctorat d'État from Paris 7) before moving to philosophy of science, with a focus on cognitive science and artificial intelligence. His interests range from the philosophical issue of naturalism to the impact of cognitive science on the social sciences and on societal issues such as education, collective decision making and public policy. His recent books are La Silhouette de l'humain. Quelle place pour le naturalisme dans le monde d'aujourd'hui? (2016), (as co-editor) La Cognition. Du neurone à la société (2018), and Intelligence artificielle, intelligence humaine : la double énigme (2023) (translated in Italian, Arabic and soon in Mandarin).
Collège de FranceAnnée 2025-2026Colloque de rentrée 2025 - Une histoire de l'intelligence est-elle possible ? - Comment étudier les formes de l'intelligence ? Les questions d'Alfred Binet (1857-1911)Stéphanie DupouyMCF faculté de philosophie Strasbourg/Archives Henri-PoincaréRésuméLe psychologue français Alfred Binet (1857-1911) est célèbre pour avoir inventé l'échelle métrique de l'intelligence, ancêtre du QI, entre 1904 et 1911. Cette communication reviendra sur les transformations conceptuelles préalables qui ont permis à l'intelligence de faire l'objet de ce type d'approche, et sur les questionnements d'A. Binet sur la question de la définition de l'intelligence et des méthodes grâce auxquelles on peut l'étudier ou, en un certain sens, la mesurer.Stéphanie DupouyMaîtresse de conférences à la faculté de philosophie de Strasbourg et affiliée aux AHP-Prest (Nancy/Strasbourg). Mes recherches portent sur l'histoire de la psychologie et de la médecine en France (XIXe-XXe siècles), l'épistémologie des sciences psychologiques et des sciences humaines, ainsi que de la médecine.
Collège de FranceAnnée 2025-2026Colloque de rentrée 2025 - Une histoire de l'intelligence est-elle possible ? - La fabrique de l'intelligence : du mot à la choseWilliam MarxProfesseur du Collège de FranceRésuméLe concept d'intelligence prend une place de plus en plus importante au fil du XIXe siècle dans la réflexion anthropologique et philosophique européenne, s'imposant contre des concurrents tels que l'esprit et l'entendement. Il concourt à une biologisation et une naturalisation de la réflexion historique (Comte). Par le biais de la théorie de l'évolution, le terme instaure une dialectique entre l'individu et le collectif (Spencer, Galton, Ribot). Il prend une dimension politique (Maurras, Benda). On assiste concurremment à des entreprises de dépersonnalisation et de formalisation du problème de l'intelligence (Taine, Binet, Valéry) qui ouvrent la voie aux théories de l'intelligence artificielle.
Collège de FranceAnnée 2025-2026Colloque de rentrée 2025 - Une histoire de l'intelligence est-elle possible ? - Sur l'évolution technique de l'intelligence : une histoire artificielleDavid BatesProfessor, University of California, BerkeleyRésuméCet article retrace une histoire artificielle de l'intelligence naturelle, affirmant que, depuis l'émergence de la pensée moderne lors de la révolution scientifique en Europe, l'esprit et ses capacités ont été appréhendés comme intriqués dans les corps, les machines et les technologies prothétiques de la pensée, comme l'écriture. L'intelligence humaine a donc été appréhendée en termes d'automatisme. Compte tenu de l'hypertechnologisation contemporaine de la vie humaine, marquée par une automatisation croissante grâce aux infrastructures numériques, l'automatisation constitue une menace pour l'indépendance humaine tout en exigeant des décisions politiques et sociales d'une importance cruciale. Cette histoire artificielle tente de renouer avec une tradition de pensée de l'intelligence comme résistance à l'automatisme. Autrement dit, malgré la relation intime, voire constitutive, de l'esprit avec la technologie, celui-ci peut néanmoins abriter les moyens de ce que Bernard Stiegler appelle la désautomatisation, et ainsi réhabiliter la capacité humaine de décision. Partant de Descartes et du concept d'automate à l'époque moderne, cet article s'inscrit dans une réflexion qui intègre les conceptions de l'esprit, du cerveau et des machines aux XIXe et XXe siècles, les premiers dispositifs informatiques, la cybernétique et les théories d'après-guerre de l'interaction homme-machine, afin de suivre une certaine interaction entre l'esprit humain et l'ouverture au sein des formes techniques et machiniques de détermination. Nous conclurons par une critique de l'intelligence artificielle, affirmant que l'intelligence naît de la confrontation de l'esprit à l'automatisme, et non des processus automatiques en soi.David W. Bates is Professor in the Department of Rhetoric at the University of California, Berkeley, an affiliate with the Center for Science, Technology, Medicine and Society, and past Director of the Berkeley Center for New Media. He received his PhD in European History from the University of Chicago. His research and teaching is focused on the relations between technology and cognition, and the history of political and legal thought. His book An Artificial History of Natural Intelligence: Thinking with Machines from Descartes to the Digital Age will be published by the University of Chicago Press in Spring 2024. He has previously published two books on early modern thought — Enlightenment Aberrations: Error and Revolution in France (Cornell, 2002) and States of War: Enlightenment Origins of the Political (Columbia, 2011) — and edited (with Nima Bassiri) a volume Plasticity and Pathology: On the Formation of the Neural Subject (Fordham, 2015). Other publications include articles on topics such as Cybernetics, Artificial Intelligence, and 20th-century political and legal theory.