Les Suisses n’ont pas été des pionniers dans l’abolition de l’esclavage, même si certains ont contribué au mouvement antiesclavagiste. Un mouvement qui, de manière tout à fait étonnante, a développé des stéréotypes racistes qui persistent encore aujourd’hui.
Des milliers de militaires suisses sont partis dans les colonies pour réprimer les révoltes d’esclaves. Parmi eux, le colonel Louis Henri Fourgeoud, originaire de Bussigny, qui a mené des expéditions de contre-guérilla particulièrement meurtrières dans les Amériques.
Né à Bellinzone à la fin du 18e siècle, le nidwaldien Louis Wyrsch s’engage en 1815 comme officier dans les troupes coloniales hollandaises présentes en Asie. A Bornéo, il a cinq enfants avec une personne esclavagisée. De retour en Suisse, Aloïs son aîné aura un destin politique exceptionnel.
Dans les Archives fédérales à Berne, l’historien Hans Fässler montre à Cyril les preuves écrites révélant que le Conseil fédéral connaissait l’existence de Suisses esclavagistes au Brésil. Et qu’il en a même pris la défense devant le Parlement.
Au 19e siècle, plusieurs centaines de Suisses émigrent au Brésil pour y exploiter le café, le cacao, la canne à sucre… et les êtres humains. Cyril se rend dans plusieurs anciennes colonies pour y rencontre des descendantes et descendants d’esclaves qui ont appartenu à des Suisses.
Les indiennes, toiles de coton imprimées, servent sur les côtes africaines de monnaie d’échange contre des personnes réduites en esclavages. Une ville s’est taillé une réputation européenne dans la production de ces tissus: Neuchâtel.
La traite des esclaves demande des investissements financiers colossaux. Plusieurs sociétés suisses participent au commerce transatlantique, des expéditions très risquées mais qui peuvent rapporter beaucoup d’argent. David de Pury est l’un de ces financiers, responsable de la déportation de dizaines de milliers d’esclaves.
A la fin du 18ème siècle, le seigneur d’Yverdon David-Philippe de Treytorrens rentre de ses colonies haïtiennes avec deux esclaves, dont une femme, Pauline Buisson. Cette dernière travaillera encore plus de 50 ans dans la petite ville vaudoise comme domestique au service de la famille. Cyril tente de comprendre ce qu’a pu être la vie de celle qui était désignée, à l'époque, comme “la négresse d’Yverdon”.
Dans cette troisième saison de « Face cachée », Cyril Dépraz explore le passé esclavagiste de notre pays. La Suisse n’a jamais possédé de colonies. Pourtant de nombreux financiers, marchands, militaires et colons ont été impliqués dans l’esclavage et la «traite négrière». Un podcast à écouter dès le 24 juin sur Play RTS et une semaine plus tard sur les autres plateformes d’écoute.
Retour sur mon boulevard, nommé d’après Carl Vogt, un scientifique du XIXe siècle dont la célébration dans l’espace public est devenue contestée en raison de ses thèses racistes et sexistes.
En remontant les racines du racisme anti-noir·e·s en Suisse, j’arrive en 1896, à l’Exposition nationale de Genève, à l’occasion de laquelle avait été créé un « Village noir », qui se situait à quelques mètres de chez moi. Une « attraction » qui marquera durablement les représentations raciales dans notre pays.
En 1983, un établissement genevois refusait de servir de l’alcool à mes parents en raison de leur couleur de peau : c’était la consigne. Quarante ans plus tard, je reviens sur les lieux avec ma mère et ma nièce.
Lors du procès d’opposition, mon agresseur assure qu’il ne se souvient pas avoir proféré des insultes racistes à mon encontre. Un trou de mémoire qui évoque l’amnésie coloniale de notre société.
Je tente de faire reconnaître, devant la justice, le caractère raciste de l’agression que j’ai vécue. Mais je me rends compte que faire appliquer la norme pénale antiraciste 261bis, c’est toute une histoire.
Alors que je bois un café dans un bar de mon boulevard, la soirée bascule : un inconnu se met à m’injurier, à me lancer des insultes racistes et la situation dégénère.
Dans cette deuxième saison de « La face cachée de la Suisse », Shyaka Kagame raconte l’agression raciste qu’il a subie à Genève ainsi que le combat judiciaire qui a suivi, et il explore l’histoire des imaginaires racistes qui persistent dans notre pays. Un podcast à écouter dès le 18 juin sur Play RTS et dès le 25 juin sur les autres plateformes d’écoute.
La chasse aux sorcières a fait 100'000 morts en Europe. Toutes et tous, victimes innocentes d’une machine judiciaire qui a elle-même créé son ennemi. Comment un tel phénomène, unique dans l’histoire du monde, a-t-il pu surgir et perdurer durant 250 ans ? Comment expliquer ce surgissement de haine, dans toutes les couches sociales ? Merci pour votre écoute d'"Au terrible temps des sorcières". Rendez-vous prochainement sur ce flux pour une série d’épisodes autour d’une autre face sombre de la Suisse.
De rares voix ont essayé de s’opposer à la chasse aux sorcières, souvent au péril de leur vie. Et puis, petit à petit, suite à des plaintes, les procès se raréfient, les sorciers et sorcières aussi.
Dans le Pays de Vaud, des centaines de bûchers embrasent les campagnes et les villages. Gollion (200 habitant.e.s) a connu une chasse aux sorcières particulièrement meurtrière, qui a décimé 10% de la population du village en moins de vingt ans.
Avec les progrès de la science, les autorités cherchent une preuve tangible et irréfutable du pacte des sorcières et des sorciers avec Satan. Cette preuve, les juges vont la trouver sur le corps même des accusé.e.s : c’est la « marque du diable ».