Quand elle navigue autour du monde en solitaire lors du Vendée Globe, Catherine Chabaud découvre un phénomène encore inconnu: un amas de plastique flottant au milieu du Pacifique. Ce "7? continent" marque pour elle le début d'un engagement qui ne la quittera plus. Navigatrice, journaliste, puis députée européenne, aujourd'hui ministre déléguée à la Mer et à la Pêche, elle défend l'idée que l'Océan doit devenir un bien commun de l'humanité. Dans cet épisode, Catherine Chabaud raconte sa lutte : pollution plastique, dérèglement climatique, législations ignorées, mais aussi la capacité de l'Océan à se régénérer si on lui en laisse la chance.
En 1978, la marée noire de l'Amoco Cadiz choque le monde: des plages noircies, des milliers d'oiseaux morts, un littoral dévasté. Cet événement marque un tournant: l'Océan n'est plus seulement un espace lointain, il devient un écosystème fragile qu'il faut défendre. Avec Françoise Gaill, biologiste marine, spécialiste des abysses et cofondatrice de la plateforme Océan & Climat, on plonge dans cette nouvelle conscience écologique.
Pendant des siècles, l'Océan n'a été qu'une ressource: on y pêchait, on y naviguait, on y puisait sans compter. Ce n'est qu'au XX? siècle qu'un nouveau regard apparaît: l'Océan est vulnérable, menacé, essentiel à la vie. Avec Grégory Quenet, historien de l'environnement et auteur de Histoire de la pensée écologique (PUF, 2025), on explore ce moment où l'écologie découvre la mer. Il raconte comment la prise de conscience est née, lentement, et pourquoi protéger l'Océan revient aujourd'hui à protéger notre propre avenir.
L'Océan n'est pas regardé de la même manière partout. Le monde "atlantique" a longtemps entretenu une relation de défiance avec la mer: la dominer, la conquérir, l'exploiter. Le monde "pacifique", lui, construit une relation d'alliance, de continuité, où l'Océan est un partenaire, un espace de vie. Deux visions qui se croisent rarement et pourtant façonnent encore notre rapport au monde marin. Avec Hélène Artaud, anthropologue, professeure en humanités océaniques au Muséum national d'Histoire naturelle, autrice de Immersion. Rencontre des mondes atlantique et pacifique (La Découverte). Elle nous guide dans cette rencontre entre deux imaginaires océaniques.
L'Océan couvre les deux tiers de la planète. Longtemps considéré comme un espace libre, sans maître, il est aujourd'hui au cœur d'appétits grandissants: ressources, territoires, frontières maritimes. Mais il est aussi un réservoir de vie, de beauté et de fragilité que l'on tente enfin de protéger, notamment grâce au récent traité sur la Haute Mer. Histoire Vivante explore nos liens contradictoires à l'Océan, fascination, peur, domination, émerveillement, à travers cinq épisodes d'Ariane Hassler. Pendant des siècles, les mers semblaient infinies et libres. Mais à mesure que les puissances européennes naviguent, commercent et s'affrontent, une question nouvelle émerge: à qui appartient l'Océan ? De la piraterie aux premiers textes du droit maritime, cet épisode remonte aux sources d'un débat qui structure encore aujourd'hui la géopolitique mondiale. Avec Olivier Chaline, historien, professeur à Sorbonne Université, directeur adjoint de l'Institut de l'Océan. Il est notamment l'auteur de La Mer et la France (Flammarion) et d'Apprendre la mer (Flammarion), ainsi que directeur scientifique de Histoire de la mer (2025).
Depuis 1948, des millions de Palestiniens vivent en exil et une partie de leur patrimoine aussi. Certaines de ces antiquités de Gaza ont trouvé refuge à Genève depuis près de 20 ans. Dans cet épisode, Fadel Al Otol, archéologue palestinien arrivé en Suisse en 2025, et Marc-André Haldimann, archéologue suisse, retracent le destin de ces objets sauvés de la guerre. Entre amitié, exil et urgence patrimoniale, ils racontent comment l'histoire de Gaza survit, loin de Gaza.
Pendant près de huit siècles, le quartier des Maghrébins, au pied du Mur occidental, a été un lieu de vie, d'accueil et de passage au cœur de Jérusalem. Mais dans la nuit du 10 au 11 juin 1967, juste après la Guerre des Six Jours, il est rasé en quelques heures par les bulldozers israéliens. Dans cet épisode, l'historien Vincent Lemire, auteur d'Au pied du mur. Vie et mort du quartier maghrébin de Jérusalem, raconte comment ce quartier a disparu du paysage et ce que cette destruction révèle de l'histoire longue et conflictuelle de Jérusalem.
En 2004, un séisme et plusieurs jours de neige révèlent les traces d'un quartier oublié : le quartier des Maghrébins, habité pendant près d'un millénaire au cœur de Jérusalem avant d'être rasé en une nuit, juste après la Guerre des Six Jours en 1967. Dans cet épisode, l'historien Vincent Lemire, auteur d'Au pied du mur. Vie et mort du quartier maghrébin de Jérusalem, redonne vie à ce fragment de ville effacé et montre comment son histoire éclaire toute la complexité religieuse et politique de Jérusalem.
Au XIX? siècle, l'idée ancienne de terre promise devient un projet politique moderne. Face aux pogroms, des penseurs juifs, dont Theodor Herzl imaginent la création d'un État pour garantir la sécurité des Juifs. En parallèle, un sionisme chrétien se développe dans le monde anglo-saxon et soutient, pour des raisons religieuses, l'installation des Juifs en Palestine. Dans cet épisode, l'historienne des religions Katell Berthelot explique comment ces interprétations de la promesse biblique ont façonné un projet national et posé les bases d'un conflit toujours brûlant aujourd'hui.
La Palestine historique et une partie des régions voisines est décrite dans la Bible hébraïque comme la "terre promise" aux Hébreux. Un territoire fondateur pour le judaïsme, le christianisme et l'islam, où l'on raconte les vies d'Abraham et de Moïse, figures centrales des trois monothéismes. Mais cette idée de terre promise est devenue, au fil des siècles, à la fois un idéal et l'un des nœuds du conflit israélo-palestinien. Dans cet épisode, l'historienne des religions Katell Berthelot explique comment cette promesse a été interprétée, transformée, et utilisée jusqu'à aujourd'hui
Les mercenaires ne datent pas d'hier : ils traversent les siècles, réapparaissent selon les besoins des puissants et s'adaptent aux formes changeantes de la guerre. Pour comprendre leurs origines, on remonte cette fois jusqu'à l'Antiquité avec Luc Baray, archéologue et auteur de Celtes, Galates et Gaulois. Mercenaires de l'Antiquité (Éditions Picard).
Giovanni de Medici, dit Jean des Bandes Noires, est l'un des condottieri les plus fascinants de la Renaissance italienne: un chef mercenaire redouté, héritier de la famille Médicis, devenu une véritable légende. Avec Florence Alazard, historienne et autrice de Giovanni de Medici. Le condottiere de la Renaissance (Passés Composés), cet épisode explore comment ce guerrier sous contrat est devenu un personnage clé de la politique et des conflits de son temps et bien au-delà.
Les mercenaires sont censés obéir à ceux qui les engagent, mais l'histoire montre que certains n'hésitent pas à se retourner contre leurs employeurs. Avec Walter Bruyère-Ostells, auteur de Histoire du mercenariat de 1789 à nos jours, cet épisode explore ces moments où les mercenaires cessent d'être de simples exécutants pour devenir des acteurs de pouvoir.
Dans cet épisode, on explore le retour des mercenaires après la Révolution française. On les croyait condamnés, mais ils réapparaissent dans l'Afrique décolonisée de la fin du XXe siècle, au cœur d'opérations secrètes et de coups d'État. Leur image change : plus discrète, plus trouble, plus politique. Avec Walter Bruyère-Ostells, professeur à Sciences Po Aix et auteur de Histoire du mercenariat de 1789 à nos jours, on comprend comment ces nouveaux mercenaires agissent dans l'ombre des États, loin du regard des opinions publiques. Leur rôle raconte aussi une époque où l'on privatise la guerre pour éviter d'assumer ses responsabilités.
Pourquoi l'histoire des mercenaires est-elle si intimement liée à la Suisse ? Pendant des siècles, des hommes venus des cantons sont partis se battre pour des rois, des princes ou des empires. Quelle vie avaient-ils, et comment sont-ils devenus les figures emblématiques d'une force de combat mise en marché, alors même que le mercenariat existe depuis l'Antiquité, bien avant la création de la Suisse ? Cette série explore cet héritage helvétique et montre comment, aujourd'hui encore, les mercenaires façonnent les guerres de l'ombre dans le monde entier. On connaît les mercenaires suisses, mais on connaît souvent mal leur véritable histoire. Dans cet épisode, Adélaïde Zeyer, directrice du Château de Morges et de ses musées consacrés à l'histoire militaire, retrace leur rôle central dans la diplomatie helvétique. Et montre comment cette pratique du service étranger s'est essoufflé au fil du temps, notamment au cours de la Révolution française.
Depuis le début de cette série, on parle des normes générales à partir desquelles on a inventé les Trois Piliers, mais cette norme est celle de la vie et du travail des hommes. Depuis le début de cette histoire, on oublie donc un peu plus de la moitié de la population Suisse en 1914 comme en 2024 : les femmes. Cette histoire croise deux trajectoires historiques : celle de la prévoyance et celle des femmes et de leurs droits à être des citoyens comme les autres. Ça commence mal et ça ne se termine toujours pas très bien. Avec Matthieu Leimgruber, Professeur d'histoire économique et sociale à l'Université de Zurich.
En 1948, les premières rentes de l'AVS sont versées à leurs bénéficiaires. Un tournant historique, dans la prise en charge de la vieillesse. Un premier pas vers le système des Trois Piliers bientôt inscrit dans la Constitution. Cette métaphore des Trois Piliers, c'est la marque de fabrique du système suisse. Elle incarne l'extension des fonds de pension et de l'épargne retraite, avec, à la clé, d'importants profits. Dans cet épisode, on s'intéresse au Deuxième pilier et on se rafraichit la mémoire sur le fonctionnement de ce système des Trois Piliers pour bien comprendre leur histoire. Avec Matthieu Leimgruber, Professeur d'histoire économique et sociale à l'Université de Zurich.
Annoncée en 1944 et créée en 1948, l'Assurance Vieillesse et Survivant, notre fameuse AVS, ne cesse de faire l'actualité depuis, avec ses très nombreuses révisions. Un sujet de crispation majeur. Mais avant, c'était comment ? Dans quelles conditions vieillissait-on en Suisse au XIXème siècle ? Avec Matthieu Leimgruber, Professeur d'histoire économique et sociale à l'Université de Zurich.
Au début de l'année 1944, les Alliés gagnent du terrain et préparent les débarquements qui vont changer la donne stratégique en Europe. Le corps politique helvétique concède quelques avancées sociales et on arrive à se mettre d'accord au Conseil fédéral, comme jamais depuis 1918. Cela commence avec le discours du Nouvel an, prononcé par le conseiller fédéral Walther Stampfli. Avec Pierre Eichenberger, historien et auteur de Mainmise sur l'État social, Mobilisation patronale et caisses de compensation en Suisse (1908-1960) aux Editions Alphil. Dominique Dirlewanger, historien, spécialiste de l'histoire de la vieillesse et du récit national suisse. Il est l'auteur de 6 juillet 1947, La Suisse dans le monde d'après-guerre (EPFL Press).
Assurer la vie qui passe, la vie qui surprend, la vie qui blesse, la vie qui prend, tout ça repose sur le système des Trois Piliers en Suisse. On l'a même inscrit dans la Constitution en 1972. C'est le produit d'une histoire longue et bouillonnante qui travaille toujours notre présent et divise la société. Comment bien vieillir, une question historique et helvétique. A la fin du XIXème siècle, le capitalisme s'organise. L'industrialisation a changé le travail et la vie quotidienne. Avec ce bouleversement des sociétés d'Ancien Régime, que faire des pauvres et des vieux ? Au cours du siècle suivant, les idées fusent pour trouver des réponses. C'est la partie technique de nos vies qui fait débat, parce que c'est aussi le projet de société helvétique qui se met en place. L'économie et le social se politisent avec la mobilisation des ouvriers, des ouvrières et des premiers syndicats, sans oublier le patronat qui compte bien avoir voix au chapitre aussi. Avec Pierre Eichenberger, historien et auteur de Mainmise sur l'Etat social, paru aux éditions Alphil.
Xavier Seux-Baverez
une nouvelle émission passionnante pour tous les francophones. Merci la Suisse ! Rigueur et qualité sont au rendez-vous.
Patrick Bibas
Quel parti pris! La journaliste qui s'est innocemment muée en militante ne remet jamais en question la rhétorique arabe ( colonie quand on s'installe sur sa propre terre? territoires palestiniens ou Judée, étymologiquement "Terre des Juifs "?, etc... ). Un peu plus de culture historique et d'équilibre dans ses prisés de position auraient rendu cette série plus digne d'intérêt. Encore un peu de travail et de professionnalisme ! Dommage.
Jad Dadda
Juste excellent . Il y a un réel travaille derrière et un e volonté d'informer le publique.