DiscoverIci l'Europe
Ici l'Europe
Claim Ownership

Ici l'Europe

Author: FRANCE 24

Subscribed: 0Played: 5
Share

Description

Rendez-vous à Bruxelles pour un entretien avec une personnalité européenne de premier plan, suivi d'un débat entre eurodéputés. Le samedi à 11 h 10 (heure de Paris), puis 15 h 40.

175 Episodes
Reverse
Au Royaume-Uni, les travaillistes de Keir Starmer sont les grand favoris des élections du 4 juillet et devraient reprendre les rênes du pays après plus de 14 ans de pouvoir conservateur. Comment cette alternance politique pourrait-elle impacter les relations entre Bruxelles et Londres, huit ans après le vote du Brexit ? Une émission préparée par Isabelle Romero, Sophie Samaille, Anaïs Boucher, Elitsa Gadeva et Paul Guianvarc'h.
Quelques jours après un scrutin européen déterminant pour l'avenir de l’Europe et lors duquel les partis d’extrême droite eurosceptiques ont gagné des sièges, nous recevons celle qui est encore Commissaire européenne à la Cohésion et aux Réformes, la Portugaise Elisa Ferreira, chargée du rattrapage des régions les plus reculées et en difficulté. Deuxième enveloppe du budget européen après la Politique agricole commune, la politique de cohésion bénéficie pour l’exercice 2021-2027 de 390 milliards d’euros à distribuer aux États membres pour qu’ils mettent en place des projets d’aide aux plus démunis ou liés à la transition écologique, entre autres. Elisa Ferreira voit dans cette montée de l’extrême droite lors des élections du 9 juin la conséquence du sentiment d’exclusion de certaines régions pauvres, qui sont "inquiètes, et donc s’attachent à quelqu'un qui leur dit : 'Je te protège', même si cette personne veut seulement arriver au pouvoir". Elle le reconnaît, il y a des disparités de richesse au sein de l’Europe qui est, rappelle-t-elle, "fondée sur la libre concurrence" au sein de l’Union, mais "la situation serait bien pire si la politique de Cohésion n’existait pas", soutient-elle. C’est pourquoi "il faut que tous les agendas politiques, y compris au niveau national, se préoccupent de la cohésion pour donner des opportunités à tous les territoires".Dans une récente tribune co-écrite avec Nicolas Schmit, actuel Commissaire européen à l’Emploi et aux Droits sociaux, elle appelait les Européens à aller voter "en faveur des partis pro-européens, qui ont confiance dans l'Europe et qui donnent confiance à l'Europe". Elle espère que le résultat du scrutin, qui voit tout de même une large majorité pour le "centre élargi" se dégager, permettra de "maintenir la politique de cohésion au centre de notre future politique commune"."Sans la politique de cohésion, l'Europe va se fractionner, soutient Elisa Ferreira. Surtout quand on pense que l'Europe doit s'élargir. Et le succès de tous les élargissements précédents s’est fait grâce à un renforcement de la politique de cohésion." Preuve en est, selon elle, l’augmentation du PIB par habitant des pays qui ont intégré l’Union sont, en moyenne, passés de 50 % de la moyenne européenne à 80 % : "C'est une croissance incroyable !"Redistribuer les opportunités à l'échelle européennePour Elisa Ferreira, la politique de cohésion n’est pas simplement affaire de redistribution d’argent. Il s'agit d'"une redistribution d'opportunités pour que tout le monde puisse contribuer à la richesse commune. Bien sûr, pour ça, il faut avoir de l'argent. Mais l'argent n'est pas un but en soi, c'est une condition pour que le rattrapage puisse se faire." La politique de cohésion est là pour aider les États membres mais, précise la Commissaire, "on ne peut pas décider de ce qui est fait au niveau des régions, on dépend des propositions qui nous sont faites. On refinance, on aide, mais c'est en partenariat. Bien sûr, il y aura toujours partout des gens démunis, mais le travail qui a été fait avec les fonds européens en termes de création d'emploi, de formation, d'éducation, d'accès à la santé, est reconnu partout."La Politique de cohésion accorde une part très importante aux objectifs écologiques, mais le Green Deal a récemment engendré beaucoup de protestations à travers l’Europe. Elisa Ferreira le reconnaît : "On a besoin d'adapter ce qu'on a décidé aux circonstances spécifiques de chaque région, et si on n’organise pas une politique d’aide à la transition écologique, le choc est immense, parce qu'il y a naturellement des usines très polluantes qui ferment. Cette transition demande une aide spécifique, c'est pourquoi on a établi un fonds supplémentaire dans la politique de cohésion, qu'on appelle fonds de transition juste et qui touche une centaine de régions dans tous les pays d'Europe."Une émission préparée par Sophie Samaille, Isabelle Romero et Anaïs BoucherReportage de Johan Bodin et Luke Brown
Deux semaines après les élections européennes, 720 eurodéputés ont été élus pour les cinq prochaines années. Ils sont en train de former les groupes politiques de l’Hémicycle et de postuler pour rejoindre les diverses commissions thématiques. Politiquement, la majorité sortante se maintient autour de trois groupes pro-européens : à droite, le Parti populaire européen ; à gauche, les Socialistes et Démocrates ; et au centre, le groupe Renew, qui a perdu quelques voix. Pour autant, l’avenir des institutions européennes est-il tout tracé ? La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, candidate à sa succession, va-t-elle obtenir une majorité de voix au Parlement européen ? Et quels seront les autres visages au plus haut niveau de l’UE comme à la tête du Parlement, du Conseil et de la diplomatie ? Une émission préparée par Isabelle Romero, Sophie Samaille, Anaïs Boucher et Perrine Desplats
Nous recevons cette semaine Pascal Lamy, ancien Commissaire européen pour le commerce et directeur général de l’Organisation mondiale du commerce de 2005 à 2013. Aujourd’hui président émérite de l’Institut Jacques Delors, Pascal Lamy commente depuis le siège de la Commission européenne ces élections pleines de surprise, et marquées en France par la dissolution inattendue de l’Assemblée Nationale.   Les résultats de ces élections "hybrides" car capitales sur le plan européen mais aussi au niveau national marquent selon Pascal Lamy "une légère poussée à droite au Parlement européen mais qui reste contenue" et moins forte que ce que prévoyaient les sondages. Reste à savoir si cette droite portée par Ursula von der Leyen parviendra à maintenir une majorité, nécessaire pour faire voter les textes que la Commission proposera. Selon Pascal Lamy, le Parti Populaire Européen d’Ursula von der Leyen est fort de sa "coalition de partis pro-européens centristes, avec les sociaux-démocrates" : "il est probable que madame von der Leyen aura la majorité suffisante pour être élue". La difficile mise en œuvre du Pacte VertMais pas sûr que cette potentielle majorité d’Ursula von der Leyen lui permette de faire voter tous les textes, quand certains fustigent le Pacte Vert par exemple, difficilement défendu par des Verts au plus bas. Mais selon l’ancien commissaire, "il y a une grande majorité d'Européens qui sont en faveur du Pacte vert. Et le fait que les Verts aient fait un mauvais score ne veut pas dire que les Européens ne pensent pas à la crise environnementale, écologique, aux émissions de carbone et à la biodiversité". Quid des manifestations massives d’agriculteurs européens contre ce Pacte Vert ? Selon Pascal Lamy, "les agriculteurs ne sont pas contents parce qu'ils ne gagnent pas leur vie correctement en faisant leur métier. Et ça, ce n'est pas à cause de l'environnement". Mais l’essentiel de ce Pacte Vert ne réside plus, selon Pascal Lamy, dans son vote, qui "a été acquis pendant les cinq dernières années", mais c’est sa "mise en œuvre" qui pourrait bien se voir "ralentie en raison de ce qui s'est passé dans les élections nationales et notamment en France". Il est fini le temps de la social-démocratie"On va avoir une commission dont la composition sera plus influencée par les forces de droite qu'avant", prédit-il. À peine trois ou quatre commissaires sur 27 pourraient être de la famille sociale-démocrate. "Il est fini le temps où la Commission avait plus de sociaux-démocrates que de chrétiens démocrates ou de centre droit". Il souligne d’ailleurs l’importante porosité entre "ce qui se passe dans les États membres" et la composition de la Commission européenne : "les élections nationales ont des conséquences européennes" et vice versa. Mais même si les partis d’extrême droite et les groupes de droite radicale chez les non-inscrits totalisent 25 % des sièges du Parlement, cela ne constitue pas une "minorité de blocage" pour Pascal Lamy. La raison est simple : "ils ne sont pas d’accord sur l'Ukraine, ils ne sont pas d'accord sur l’Otan, ils ne sont pas d'accord sur l'environnement, ils ne sont d'accord sur rien". Impossible pour l’extrême droite de se mettre d’accord selon Pascal Lamy, comme d’ailleurs à l’extrême gauche. Mais c’est sans compter sur les "tentations à la droite du Parti populaire européen". On a déjà vu des alliances de circonstance entre le PPE et l’extrême droite, notamment lors de certains votes sur le Pacte Vert, "parce que les agriculteurs votent beaucoup plus à droite qu'à gauche et parfois à l'extrême droite". "C'est quand l'extrême droite est au pouvoir qu'alors elle recule"Si l’extrême droite est au plus haut en France, elle recule déjà dans les pays nordiques ; et même en Hongrie, le parti de Viktor Orban n’a pas obtenu le résultat escompté. Selon Pascal Lamy, l’explication est simple : "là où ils sont au pouvoir, ils baissent". Le populisme atteint donc ses "limites" dès son arrivée au pouvoir : "parce que quand on est élu, on devient responsable. On est obligé de se confronter à la différence entre ce qu'on a dit et ce qu'on a fait, à des difficultés dans lesquelles il faut arbitrer et qui sont celles de l'exercice du pouvoir politique".Ce n’est toutefois pas ce qui est observé dans l’Italie de Giorgia Meloni, "mais elle est arrivée de manière relativement récente et [...] elle a très habilement réussi à séparer ses positions européennes et mondiales sur la guerre en Ukraine, sur l'Otan, sur l'Europe", estime Pascal Lamy. La Première ministre italienne a donc opéré à un revirement de sa stratégie, et "après avoir tenu des positions du type extrême droite, pro-russe, anti-américaine, anti-Europe, elle a complètement changé de pied" et a choisi de séparer "ce qui se passe au niveau européen et au niveau mondial", car l’Italie a besoin du soutien et de l’argent de l’Europe. Ce qui ne l’empêche pas de "prendre la main sur un certain nombre d'institutions, notamment culturelles, et sur la télévision publique !".Quant à la décision d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée Nationale, elle a "surpris les Européens et les Français", explique Pascal Lamy. Il suppose le raisonnement suivant : "un gouvernement dominé par le Rassemblement national pendant trois ans, serait moins propice à une élection du Front national en 2027 à l'Élysée". En revanche, un échec du RN à la bataille des législatives supposerait "une très forte mobilisation des partis qui ne sont pas au RN" dont il doute.Les élections européennes marquent aussi une redistribution des "top jobs", les hautes fonctions de l’Union européenne. Compte tenu du "gain parlementaire du PPE", la reconduction de Roberta Metsola à la tête du Parlement européen et celle d’Ursula von der Leyen à la Commission européenne semble "vraisemblable" pour Pascal Lamy. Un social-démocrate pourrait bien se voir attribuer la présidence du Conseil européen : Pascal Lamy avance le nom d’Antonio Costa, l'ancien Premier ministre portugais, ou encore celui de Kaja Kallas, Première ministre estonienne centriste, comme cheffe de la diplomatie. "Il est assez normal que l'Europe centrale et orientale soit représentée, comme d'ailleurs elle l'a été avec le président polonais Donald Tusk qui maintenant est Premier ministre en Pologne", conclut-il. 
Nous sommes de retour à Bruxelles, au Parlement européen, où se pressent, dès cette semaine, les 720 nouveaux eurodéputés élus, dont 81 français. Les élections du 9 juin ont été marquées par une relative stabilité des grands partis qui forment la majorité pro-européenne : le Parti Populaire européen (PPE) à droite, les Socialistes et Démocrates à gauche, et Renew au centre en net recul néanmoins. Les groupes de la droite extrême connaissent une nette progression dans de nombreux pays européens. Cette progression de la droite radicale européenne, qui fait gonfler les groupes ID et ECR, est sans commune mesure avec les résultats en France où l’extrême droite a récolté 40 % des voix si l’on additionne les voix du Rassemblement national (RN) et de Reconquête.Le président Emmanuel Macron a donc décidé de dissoudre l’Assemblée nationale et de convoquer de nouvelles élections législatives à la fin du mois. Un séisme politique en France – et même en Europe – qui pourrait aboutir à l’arrivée au pouvoir de la droite extrême dans l’une des premières puissances européennes. Retour sur les conséquences européennes de cette décision avec nos invités, trois eurodéputés réélus en France.Emission préparée par Sophie Samaille, Isabelle Romero, Agnès Le Cossec, Perrine Desplats et Anaïs Boucher
Nous recevons cette semaine Nicolas Schmit, commissaire européen à l'Emploi, aux Affaires sociales et à l'Insertion. Ce Luxembourgeois de 70 ans est la tête de liste commune du Parti socialiste européen (PSE) pour les élections européennes de juin 2024. À quelques jours du scrutin européen, il nous parle de la social-démocratie européenne et des défis qu’elle devra relever pour cette nouvelle législature, face à une extrême droite qui caracole en tête des sondages et vise à modifier les équilibres au Parlement européen. Nicolas Schmit veut "se rapprocher des citoyens européens et de leurs attentes par rapport à l’Europe". Si cette "proximité" dans la course à l’Europe est "fondamentale" pour le Commissaire, il ne doit pas oublier la concurrence de la droite, menée par Ursula Von der Leyen, qui est donnée en tête des sondages. Mais pour Nicolas Schmit, impossible de prédire un résultat exact, et il dit "croire encore à une victoire possible" pour le PSE.Quand l’extrême droite courtise la droiteMais la social-démocratie est bien à la peine en Europe : les socialistes européens sont à la tête de quatre gouvernements seulement. "Les socialistes ont obtenu de bons résultats dans un certain nombre de pays", nuance-t-il. Mais bien souvent, "même s’il y a des socialistes au gouvernement, ils sont mis à l'écart par la droite libérale, qui fait des alliances avec l’extrême droite", s’inquiète-t-il. C’est le même mécanisme au Parlement européen, où l’extrême droite souhaite ardemment se rapprocher de la droite, à commencer par Viktor Orban : le Premier ministre hongrois plaide pour un rapprochement des souverainistes européens autour de Marine Le Pen et Giorgia Meloni.La cheffe du gouvernement italienne est aussi courtisée par la droite plus traditionnelle d’Ursula Von der Leyen. Pour Nicolas Schmit, cette romance est une trahison de la "fiction qui a été inventée par le PPE et par madame Van der Leyen de ne faire des alliances qu’avec ceux qui sont pro-européens, pro-Ukraine, et pro-État de droit. En appelant à constituer un groupe commun, le populiste hongrois "Viktor Orban nous a rappelé que Giorgia Meloni et Marine Le Pen sont des souverainistes qui ne partagent pas la conception fondamentale de l'Europe de la démocratie chrétienne [...]. Être souverainiste, ce n’est pas s’engager pour le respect des droits des femmes, des minorités, de la liberté des médias."Les deux visions pour l’Europe sont donc "totalement incompatibles", et une majorité pour soutenir un mandat Von der Leyen entre les socio-démocrates qu’il dirige et les troupes de Giorgia Meloni est une "option exclue". Une gestion "problématique" d’Ursula von der LeyenNicolas Schmit critique vivement le bilan de la présidente sortante : "Les décisions au collège ne sont pas vraiment prises au collège." Il dénonce une gestion "problématique" des politiques majeures, et cite notamment les accords sur les migrants et sur un partenariat financier avec la Tunisie, qui n’ont, selon lui, "pas été décidés de manière collégiale". Les socialistes européens sont par ailleurs plutôt réticents à l’égard de ces accords d’externalisation prévus par le pacte migratoire récemment adopté par l'Union européenne. Le Commissaire s’inquiète du manque de "protection" et de "suivi des réfugiés" à qui on a refusé l’accès à l’Europe. Cette absence de prise en charge n’est pas "digne des valeurs européennes".À propos de la Palestine, sujet qui a divisé les socialistes européens, Nicolas Schmit se prononce en faveur d’une reconnaissance de la Palestine. S’il condamne les "crimes impardonnables du 7 octobre et les otages toujours détenus par le Hamas", le Commissaire blâme la riposte du gouvernement d’extrême droite israélienne : "On apprend tous les jours de nouveaux bombardements de civils, de camps de réfugiés, les déplacements perpétuels de populations à Gaza." Pour lui, "l'UE doit lever la voix" contre un "gouvernement israélien qui ne respecte plus rien, ni les décisions internationales, ni d'ailleurs, le droit international et les droits des populations civiles". Il salue l'initiative de Pedro Sanchez et du gouvernement irlandais, "car la seule voix est de relancer une initiative de paix basée sur deux États". Concernant le volet social, le Commissaire aux Affaires sociales souhaite défendre la santé comme "droit fondamental des citoyens de l’UE". La "notion de service public doit être au cœur du projet européen social-démocrate : il faut notamment veiller à ce que les salaires soient corrects", avec l’aide du salaire minimum européen qu’il a mis en place en tant que Commissaire, et "aider les personnes qui sont exclues du marché du travail à revenir sur le marché du travail".Le RussiaGate montre le "vrai visage de l’extrême droite"Quant à l’influence de la Russie sur la campagne européenne, Nicolas Schmit déplore des "interférences permanentes au niveau européen comme au niveau national". Selon lui, le "RussiaGate" et les perquisitions dans les bureaux d’assistants parlementaires de l’AfD, la droite radicale allemande, "montre le vrai visage de l'extrême droite, dont les candidats sont des patriotes de pacotille et des amis de Poutine et de la Chine de Xi"."J'alerte les citoyens qui peuvent effectivement s'égarer de ce côté-là : leur vote est aussi un vote de soutien indirect à ces dictatures puisque, on le connaît, il y a des liens évidents entre l’extrême droite et Poutine", conclut-il.Une émission préparée par Isabelle Romero, Elitsa Gadeva, Perrine Desplats et Anaïs Boucher
Nous entrons dans la dernière ligne droite de la campagne des élections européennes. Le scrutin aura lieu entre le 6 et 9 juin en fonction des pays, le 9 juin en France. Certains thèmes de cette campagne européenne mettent en lumière les clivages politiques des différents candidats, que ce soit sur la guerre en Ukraine, l’écologie ou encore l’économie et le pouvoir d’achat. Nous vous éclairons sur les tendances de fond. Une émission préparée par Isabelle Romero, Perrine Desplats et Anaïs Boucher
Nous recevons cette semaine Nadia Calviño, présidente de la Banque européenne d’investissement (BEI), ancienne ministre de l'Économie du gouvernement Sanchez, et vice-présidente de ce gouvernement socialiste espagnol. Elle est la première femme à accéder à la tête de cette grande banque de l’Union européenne, qui a investi plus de 87 milliards d’euros en 2023 en Europe. Transformer la BEI en "Banque verte" au service des technologies et du futur, tout en renforçant l’industrie de la défense européenne : c’est le défi qu’elle s’est fixé depuis sa prise de fonction, en janvier 2024. Les investissements de la BEI sont, selon sa présidente, "clés pour l’avenir de l’Europe", qui fait face à des défis colossaux, à commencer par la guerre en Ukraine. Après la prudence de son prédécesseur sur l’industrie de la défense, Nadia Calviño admet que la BEI doit s’adapter aux nouveaux enjeux et "contribuer aux politiques de l’UE". Mais elle préconise une "gestion prudente du portefeuille" afin de "préserver cette force financière". La BEI a annoncé lever les restrictions concernant les biens à double usage, civil et militaire. Un "grand pas en avant", selon Nadia Calviño, pour "contribuer à soutenir l’industrie européenne de sécurité et de défense".L’accès au secteur de la défense sera aussi facilité pour les PME "actives dans ces domaines en Europe". Son plan d’action soutient une défense "made in Europe" pourvoyeuse de nombreux emplois. Les entreprises sont des "acteurs majeurs, mais aussi très innovateurs", souligne la présidente, "parce qu’il faut soutenir toutes les nouvelles technologies, que ce soit dans l’espace, les drones, le digital, tout comme les start-ups et les petites entreprises"."La BEI est le partenaire le plus important de l’Ukraine en ce qui concerne les investissements"Depuis huit ans, la BEI a alloué plus de 6 milliards d’euros à des programmes dédiés à l’industrie de sécurité et de défense, qui permettent de couvrir "la plupart des investissements que les États membres nous demandent, que ce soit le contrôle des frontières, la mobilité du matériel militaire, les drones et toutes les infrastructures". Mais pour ce qui est de la production de munitions, priorité des Ukrainiens, la BEI ne fait, pour l’instant, que "s’aligner avec les autres institutions financières et contribuer là où il y a une vraie valeur ajoutée d’une banque d’investissement", explique Nadia Calviño.La BEI participe aussi à la reconstruction de l’Ukraine, à travers une "expertise technique" accompagnée d'investissements. "En ce moment, nous sommes le partenaire le plus important de l’Ukraine en ce qui concerne les investissements", assure sa présidente. Ce soutien pourrait déboucher sur un accord avec le Premier ministre ukrainien autour de "projets concrets pour aider la résilience de la force de l’économie ukrainienne". Nadia Calviño promet donc d’être au rendez-vous de la reconstruction de l’Ukraine. Elle envisage de "financer des grandes infrastructures énergétiques de transport, la rénovation énergétique des bâtiments, des écoles, des hôpitaux", mais aussi de "soutenir le secteur privé". Ce soutien de la BEI est concurrencé par les États-Unis et grand plan d’investissement de l’administration Biden, l’Inflation Reduction Act, mais aussi par la Chine, qui subventionne les grands groupes. Nadia Calviño entend "préserver le leadership européen" face à ces grands acteurs, notamment dans le domaine des nouvelles technologies. Selon la présidente, c'est dans ce secteur qu’il faut "construire la compétitivité, la productivité et le bien être des citoyens" et à l'avenir, "faire de la transition verte un succès européen accessible pour les entreprises et pour les citoyens". Elle entend "soutenir les secteurs les plus affectés, comme l’agriculture", faire en sorte que les industries "restent en Europe" et que ça soit "profitable d’un point de vue de leur business", affirme-t-elle. Aucun pays ne peut faire face aux défis actuels tout seulPlus de la moitié des investissements de la BEI sont consacrés à la finance verte. "On est en train d'investir dans les technologies de l'avenir et garantir qu'on peut avoir une transition climatique qui aille au bénéfice des citoyens et des entreprises", assure sa présidente. L’accélération de cette transition verte va de pair avec "l’autonomie stratégique" de l’Europe en matière d’énergies : "On ne peut pas dépendre des autres quand il s’agit d’énergie, et c’est là qu’on doit investir", préconise-t-elle.Cette autonomie doit se construire avec le concours de tous les pays de l’UE, selon la présidente : "Aucun pays, même la France ou l'Allemagne, qui sont de grands pays, ne peuvent pas faire face aux défis actuels tout seul. L’Union nous rend plus forts et il faut vraiment continuer à construire une Union européenne qui nous permette d'avoir une meilleure confiance pour faire face aux grands défis."Un autre combat de Nadia Calviño est la parité dans les institutions européennes. Elle voit le "changement de notre société" vers plus de parité comme "une force de progrès pour l'Europe" et "espère bien que la prochaine commission, le prochain Parlement, sera le plus paritaire possible". Cette évolution est très bénéfique pour l’Europe, mais aussi pour les entreprises qui, quand elles respectent la parité, "sont plus efficaces, ont de meilleurs résultats et c'est mieux pour les citoyens", selon elle.À quelques semaines du scrutin européen, elle dresse le bilan de la dernière législature : "On est resté unis jusqu'à maintenant. On a répondu à la pandémie et à la guerre en Ukraine de façon unie, déterminée. Et je pense que c'est le secret de notre succès. Il faut continuer dans la même ligne pour l'avenir." Elle met toutefois en garde : il ne faut pas "oublier les défis qui sont plus structurels, comme le changement climatique".Face à la pression géopolitique, Nadia Calviño envoie un message fort à quelques semaines du scrutin européen : "Ces élections doivent être marquées par la protection des valeurs européennes, parce que l'Europe a été un phare de liberté, de paix, de protection des minorités et de respect pour le monde, et ce rôle doit être protégé", conclut-elle.Une émission préparée par Sophie Samaille, Perrine Desplats, Anaïs Boucher et Isabelle Romero
Nous sommes à quelques jours du scrutin qui définira le nouveau visage du Parlement européen et qui se tiendra du 6 au 9 juin. Les citoyens des 27 États membres vont-ils le bouder ou se passionner pour lui ? Dans plusieurs pays, ces élections sont généralement marquées par des records d’abstention, avec une légère embellie tout de même en 2019, où le taux de participation a été de 51 %. Comment les États s'organisent-ils pour inciter leurs citoyens à voter ? Parmi les pays membres, on constate des écarts très importants : à peine 22 % des Slovaques se sont rendus aux urnes il y a cinq ans, contre 88 % des Belges. Ce chiffre spectaculaire est lié au vote obligatoire sous peine d'amende, en vigueur en Belgique ainsi qu'en Bulgarie, en Grèce et au Luxembourg.De plus en plus d’États membres espèrent booster la participation aux européennes en baissant l'âge du vote à 16 ans, comme la Belgique ou l'Allemagne.Une émission préparée par Sophie Samaille, Perrine Desplats, Isabelle Romero et Anaïs Boucher
Adopté en janvier 2020, le Pacte vert pour l'Europe est un ensemble de textes fondateurs du mandat de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Son ambition est de dessiner une transition écologique et économique qui doit permettre à l’Union européenne d’atteindre son objectif de neutralité carbone en 2050. Mais si elle est impulsée par Bruxelles, la transition se fait aux quatre coins de l’Union. Nous vous proposons donc d’aller à la rencontre de ceux qui travaillent à futur plus vert pour notre continent. C'est un défi ambitieux – trop pour certains – qui nécessitera un bouleversement du mode de vie européen dans des domaines aussi variés qu'essentiels : industrie, énergie, logement, agriculture…Pour y parvenir, l'Union européenne use du bâton et de la carotte. Elle impose la fin du moteur thermique d'ici 2035, interdit des pesticides les plus toxiques, et demande la fermeture des mines de charbon. Mais elle propose aussi des solutions, comme le Fonds pour une transition juste, qui compense les régions affectées par la décarbonation de l'Europe, et apporte un soutien ciblé pour mobiliser 55 milliards d'euros sur la période 2021-2027.Malgré cela, en 2024, cinq ans après son lancement, la transition verte reste un épouvantail : les agriculteurs ont manifesté contre dans plusieurs pays, le lobby de l'automobile s'est mobilisé pour diluer les mesures requises par l'Union européenne, et les régions historiquement liées au charbon s'inquiètent. Si le "Pacte vert" est critiqué de toutes parts, Bruxelles insiste pour trouver des solutions préparant un futur plus durable.Nos reporters Luke Brown et Johan Bodin ont parcouru l'Europe pour récolter des solutions soutenues par l'Union européenne : en France, c'est une start-up fabriquant un engrais performant à l'aide de 25 millions de vers de terres ; en Estonie, ce sont des quartiers d'habitation datant de l'époque soviétique qui nécessitent des travaux d'isolation pour réduire le gaspillage énergétique ; en Pologne, ce sont des régions entières, jadis dépendantes du charbon brun – le plus polluant – qui reçoivent de l'aide de l'Europe pour garantir un avenir durable, vert et prospère. Les beaux projets foisonnent, mais ceux qui font la transition se heurtent parfois au lobbying de ceux qui veulent la défaire.Rédaction en chef : Caroline de CamaretReportage : Luke Brown et Johan BodinMontage : Aurélien Porcher et Fabrice BriaultReportage cofinancé par l'Union européenne. Les vues et opinions exprimées sont cependant celles de l'auteur ou des auteurs uniquement, et ne reflètent pas nécessairement celles de l'Union européenne ou de la DG Politique régionale et urbaine. Ni l'Union européenne ni la DG Politique régionale et urbaine ne peuvent en être tenues responsables.
La campagne des élections européennes bat son plein, avec un scrutin dans moins d’un mois, du 6 au 9 juin. Un vote à la proportionnelle à un tour, avec un véritable enjeu pour notre futur : voulons-nous plus ou moins d’Europe ? Car deux projets de société s’affrontent dans cette campagne : le fédéralisme européen face au souverainisme national. Alors que les sondages prédisent une progression par rapport à 2019 des deux groupes de droite eurosceptique au Parlement européen – le groupe Identité et démocratie (ID), qui rassemble notamment les eurodéputés français du Rassemblement national et l’AfD allemande, et le groupe des Conservateurs et réformistes européens (CRE), qui accueille par exemple les Italiens du parti Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni, la cheffe du gouvernement italien. Pour la première fois de l’histoire, ces deux groupes de droite radicale pourraient représenter 20 % de l’hémicycle du Parlement européen. La campagne européenne a été récemment marquée par deux faits d'actualité : aux Pays-Bas, Geert Wilders, du Parti pour la Liberté, classé à l'extrême droit, vient de réussir à former un gouvernement de coalition avec trois autres partis, dont la droite libérale du VVD. Et en Slovaquie, le Premier ministre souverainiste et prorusse Robert Fico a été victime d’un attentat, ce qui a provoqué l’émoi au sein de l’Union européenne. Une émission préparée par Sophie Samaille, Perrine Desplats, Isabelle Romero, Paul Guianvarc'h et Anaïs Boucher
France 24 célèbre la Journée de l'Europe, le 9 mai, en donnant rendez-vous sur le parvis de l'Hôtel de ville, au cœur de Paris, pour un échange avec des sportifs et le public. À moins de trois mois des Jeux olympiques, il est grand temps de se bouger ! Mais à peine 38 % des Européens pratiquent une activité sportive hebdomadaire et 45 % n’en pratiquent même jamais, selon Eurobaromètre. Si le monde sportif est régit par des politiques nationales, l'Europe agit en support. La justice européenne a par exemple tranché sur des sujets importants comme les violences dans les manifestations sportives, le dopage, et les transferts des grands clubs.Côté économie, l’Europe a des budgets dédiés, pour aider les sportifs à participer aux grands rendez-vous et à stimuler le sport pour tous. Pour en parler, nous recevons des sportifs de haut niveau aux parcours atypiques. Ils ont tous participé à des Jeux qu’ils soient olympiques ou paralympiques. Autant dire que ce sont des grands champions avec des personnalités bien affirmées.Émission préparée par Perrine Desplats, Isabelle Romero, Sophie Samaille et Agnès Le Cossec
France 24 célèbre la journée de l'Europe en donnant rendez-vous sur le parvis de l'hôtel de ville de Paris pour une table ronde au cours de laquelle il sera question d’Europe de la culture et des sciences. Elle rassemble des Européens au parcours inspirant : la tête dans les étoiles, dans les petits plats mijotés, les carnets de croquis ou dans les séries télévisées. Car l'Europe est présente dans tous les segments de notre vie quotidienne, mais aussi dans les secteurs qui nous inspirent et nous font rêver. Une émission préparée par Perrine Desplats, Agnès Le Cossec, Isabelle Romero et Sophie Samaille
Depuis le Parlement européen de Strasbourg, nous évoquons la campagne des élections européennes, ses thèmes importants et ses enjeux dans les différents États membres de l’Union européenne. Cette semaine, nous nous intéressons à l’Espagne. Avec 48 millions d’habitants, c'est l’un des pays plus peuplés de l’Union et la quatrième économie de la zone euro, avec un revenu médian de 1 400 € par mois. En juin prochain, les électeurs espagnols éliront 61 eurodéputés. Politiquement, c’est une coalition de gauche qui gouverne l’Espagne depuis cinq ans, avec un gouvernement composé des socialistes du Premier ministre Pedro Sanchez et de la plateforme d'extrême gauche Sumar, sans oublier les indépendantistes catalans, qui soutiennent le gouvernement en échange d’une loi d’amnistie pour les indépendantistes impliqués dans la tentative de sécession de la Catalogne en 2017.Il y aura d’ailleurs, en pleine campagne pour les élections européennes, des élections régionales en Catalogne, le 12 mai prochain. La question catalane sera donc l’un des enjeux centraux du scrutin européen, en juin prochain.Une émission préparée par Perrine Desplats, Isabelle Romer, Agnès Le Cossec et Sophie Samaille
Nous recevons cette semaine le numéro 2 de la Commission européenne, le Slovaque Maros Sefcovic, qui termine son troisième mandat de Commissaire, et dont le portefeuille déjà large s’est étendu au Pacte Vert après la démission de Frans Timmermans en août 2023. Les négociations avec les agriculteurs et les industriels ont contraint la Commission à de nombreux ajustements, que certains considèrent comme une marche arrière. Il en appelle à un soutien public pour mener à bien une transition écologique qui doit être juste, sans pour autant oublier les défis de compétitivité de l'Union européenne. Lorsque Maros Sefcovic a repris le Pacte Vert sous sa responsabilité, les processus étaient déjà bien engagés. "Nous sommes à une étape plus compliquée de ce Pacte. Beaucoup, beaucoup plus difficile, parce qu'on est en pleine mise en œuvre. Comment on peut faire cette mise en œuvre d'une manière juste, efficace, à l'écoute aussi de nos collègues industriels et agricoles."Il justifie les mesures d’assouplissement des règles agroécologiques de la Politiques agricole commune : "Nos agriculteurs ont perdu presque 20 milliards d'euros seulement dans le domaine des céréales", souligne celui qui a "entamé un dialogue stratégique avec la monde agricole, complétées en août pour présenter les recommandations pour la prochaine Commission européenne". Il entend par ailleurs "pousser pour des objectifs plus verts, et en même temps garder notre compétitivité".Un prix de l'énergie trop élevé en EuropeConcernant l'industrie, Maros Sefcovic estime que les prix de l’énergie sont encore trop élevés par rapport à ceux dont jouissent les concurrents de l'Europe aux États-Unis et en Chine : "C'est pourquoi je crois qu'il sera très important de trouver une solution, de rechercher toutes les possibilités qu'on a en Europe, parce que c'est un facteur très, très important, spécialement pour notre industrie lourde et notre industrie verte". Il suggère une réduction des taxes nationales.Sur le discours de la Sorbonne du président Macron, il s’inquiète lui aussi du caractère "mortelle" de l'Europe : "Nous sommes dans une situation vraiment précaire. D'un côté, on a démontré une résilience au cours des quatre dernières années, avec l'inflation élevée, le problème du Covid, de l'énergie, et ces deux guerres, très proches de nous : bien sûr que nous sommes beaucoup plus impactés que la Chine ou les États-Unis."L’État de droit est mis en cause dans son pays, la Slovaquie, par le populiste Robert Fico, et c’est ce gouvernement qui décidera de son avenir politique. Il rempilerait bien pour un 4e mandat, "dans le domaine de l'énergie ou de l'industrie, je suis disponible. Je suis prêt à servir l'Europe", conclut-il.Une émission préparée par Agnès Le Cossec, Isabelle Romero et Perrine Desplats
Ouvrez bien vos poumons, car nous allons parler de leur santé. Dans l'Union européenne, quelque 300 000 décès prématurés sont imputables chaque année à la pollution atmosphérique. Lors de la dernière session parlementaire avant les élections, les eurodéputés ont adopté la directive sur la qualité de l’air. Son but : renforcer les normes d'ici 2030 en vue d'atteindre l'objectif "zéro pollution" en 2050, sans toutefois les aligner sur les recommandations plus ambitieuses de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Le texte adopté au Parlement européen durcit les seuils de pollution aux particules fines, au dioxyde d’azote ou encore au dioxyde de soufre : les valeurs maximales autorisées chaque année seront abaissées de plus de moitié en 2030.Une étape majeure pour certains, mais insuffisante pour les écologistes, qui dénoncent de trop nombreuses dérogations et un lobbying industriel intense.Une émission préparée par Perrine Desplats, Agnès Le Cossec, Isabelle Romero et Sophie Samaille
Nous recevons cette semaine Arancha Gonzalez Laya, économiste espagnole, ancienne ministre des Affaires étrangères du gouvernement socialiste de Pedro Sanchez et doyenne de l'École des affaires internationales (PSIA) de Sciences Po. Guerre Israël-Hamas, pacte sur la migration et l'asile, changement climatique : elle nous éclaire sur les préoccupations des Européens, à quelques semaines des prochaines élections. Interrogée sur la volonté de l’Espagne de reconnaître l’État de Palestine au 1er juillet, Arancha Gonzalez Laya estime que cette reconnaissance pourrait contribuer à maintenir la solution de deux États pour Israël et la Palestine : "Peut-être que le moment est venu de le faire. En tout cas, c'est clairement le point de vue qu'on a en Espagne. Il y a d'autres États membres qui voient aussi avec sympathie l'idée de le faire maintenant, et je crois que c'est une question qui va se poser aux autres membres de l'Union européenne."À quelques mois de la prochaine élection présidentielle aux États-Unis, l’ancienne ministre espagnole des Affaires étrangères interpelle les Européens pour qu’ils se préparent à une éventuelle réélection de Donald Trump et à l’abandon de l’Union européenne par les États-Unis. "Je crois qu'on est à un moment de notre histoire – un peu à un carrefour – et il faut décider quels chemins, nous Européens, nous prenons", assure-t-elle.Elle rappelle aussi que l’histoire a prouvé que l’Europe peut devenir plus forte : "Quand nous avons fait des pas supplémentaires d'intégration européenne, nous sommes devenus plus forts à travers l'intégration européenne. Cela montre que nous sommes capables de prendre notre destin en main." L’occasion aussi, selon elle, d’étoffer la politique de sécurité et de défense européenne. "Ça veut dire être capable de prendre plus de responsabilités européennes à l'intérieur de l'Otan et intégrer plus notre industrie de défense et de sécurité. [...] Toute l'industrie en Europe est très bonne et très compétitive, mais trop fragmentée pour être capable aujourd'hui d'être un concurrent face aux grandes industries au monde, que ce soit les États-Unis ou que ce soit la Chine", déplore-t-elle.Le pacte migration et asile, un "signal clair" d'entente européenneLe dialogue se poursuit sur les défis de la gestion de la migration en Europe et le récent pacte asile et migration, adopté par le Parlement européen le 10 avril dernier. Arancha Gonzalez Laya souligne la nécessité de trouver un équilibre entre responsabilité et solidarité européennes. "Nous avons un problème. Pas avec la migration, mais nous avons un problème avec la gestion de la migration, et je trouve que ce pacte a trouvé un point d'équilibre sur des sujets majeurs : celui de la responsabilité. La responsabilité des États membres de l'Union européenne et pas simplement celle de pays qui sont ceux des premières entrées dans l'espace européen.Ce pacte a aussi trouvé, selon elle, le point d'équilibre dans la solidarité européenne : "Comme pour toute politique européenne, ce n'est pas parfait, mais je trouve qu'on donne un signal clair de la capacité des États membres de l'Union européenne à s'entendre pour assurer une meilleure gouvernance des flux migratoires. C'est certainement mieux que de ne pas avoir une gouvernance pour la migration en Europe", temporise la doyenne de l'école des affaires internationales de Science Po.Alors que la hausse des demandes d'asile est bien là, avec plus d'un million de demandeurs d’asile en 2023 et le renvoi possible à un pays d'un demandeur d'asile vers un pays tiers considéré comme sûr, Arancha Gonzalez Laya pointe le fait que "ce n'est pas l'Union européenne qui définit les règles. L'Union européenne les met en place. Les règles en matière d'asile, ce sont des règles internationales. Il y a des engagements que l'Union européenne et tous ces États membres ont pris au sein de l'ONU. Il s'agit simplement de trouver la meilleure manière de le mettre en place. Encore une fois, on n'est pas dans le domaine du parfait. Nous avons aussi été capables de trouver un compromis sur un sujet qui est difficile. [...] Mais soyons clairs : on est arrivé à mettre de l'ordre dans un domaine qui va rassurer nos citoyens et qui va aussi nous rendre un peu plus responsables vis-à-vis de nos partenaires internationaux", se félicite-t-elle. "Il faudrait être plus sensible aux préoccupations de nos citoyens"Le thème de la migration en Europe est par ailleurs au cœur de la campagne des élections européennes du mois de juin 2024. À tel point qu’Arancha Gonzalez Laya estime que les principales préoccupations des Européens ont été oubliées, et que les conséquences sont déjà visibles. "Ce qui me préoccupe, c'est qu'il y a une forte baisse de la participation attendue des citoyens européens dans les élections européennes. On est à 44 % des participations des citoyens français. C'est en baisse par rapport à la dernière fois, où on avait vu l'effet contraire. Et pourquoi ? Parce que les citoyens français avaient comme priorité le Pacte vert. C'est de ça dont on avait parlé pendant la campagne électorale. Cette fois-ci, ce qu'on voit, c'est une diminution de la participation des citoyens. Et pourquoi ? Peut-être parce qu'on n'est pas en train de parler des vraies préoccupations des citoyens", explique-t-elle."Il faudrait être un peu plus sensible aux préoccupations de nos citoyens. Je crois que ce qui les intéresse, c’est l'économie, le pouvoir d'achat, la sécurité. On voit bien qu'il y a une guerre à côté de l'Union européenne et ça préoccupe les citoyens européens. Pour les jeunes, la préoccupation c'est le changement climatique. [...] Mettons aussi l'accent sur les interrogations des citoyens et on verra peut-être augmenter les taux de participation", propose-t-elle.Enfin, l’ancienne ministre espagnole des Affaires étrangères revient sur la situation en Catalogne, alors que des élections régionales auront lieu le 12 mai prochain. Le gouvernement Sanchez a fait voter une loi d'amnistie pour les indépendantistes et le président catalan a déclaré qu'un référendum sur l'indépendance est inévitable. Arancha Gonzalez Laya pense que le choix des électeurs est assez clair. "Si on regarde les sondages en Catalogne, on a une majorité des citoyens qui est en train de demander aux partis politiques de s'occuper de leurs problèmes. Quels sont les problèmes de la Catalogne aujourd'hui : c'est les très mauvais scores en matière d'éducation dans les derniers rapports de l'OCDE-Pisa. La Catalogne est l’un des territoires espagnols avec la moindre quantité d'énergies renouvelables, un système sanitaire qui n'a pas très bien fonctionné pendant la crise. [...] Laissons les citoyens catalans parler, je crois qu'ils vont être assez clairs. Et si j'étais un parti politique qui prônait l'indépendance, j'essaierai d’être très à l'écoute de ce qu'ils disent", conclut-elle.
Ici l'Europe poursuit sa série de débats consacrés aux enjeux des élections européennes de juin prochain dans les pays et les régions de l’Union européenne. Direction l’Europe du Nord pour parler du Danemark, de la Suède et de la Finlande, deux mois à peine avant le début du scrutin. Le modèle nordique a longtemps été un système érigé partout en exemple, avec trois éléments phares : une économie ouverte et prospère, une protection sociale étendue et une démocratie vigoureuse. Mais ce même modèle social fait aussi couler beaucoup d'encre ces derniers mois. Une émission préparée par Perrine Desplats, Sophie Samaille et Isabelle Romero
À l’approche d’un sommet européen consacré à l’économie européenne et la façon de la stimuler, nous recevons Markus Beyrer, directeur général de Business Europe, l’association patronale de l’UE. Il déplore une surcharge de bureaucratie pour les investissements au niveau européen, limitant le développement des entreprises et leur faisant perdre en compétitivité sur les marchés mondiaux. "Les procédures prennent beaucoup trop de temps"Face à la concurrence des entreprises chinoises et américaines, le directeur général de Business Europe estime que les sociétés européennes manquent d’attractivité : "Les prix de l’énergie sont beaucoup plus élevés en Europe qu’aux États-Unis ou dans d’autres pays du monde", assure le dirigeant de l’association patronale européenne.Mais il y a surtout, selon Markus Beyrer, beaucoup trop de bureaucratie dans les institutions européennes pour renforcer la compétitivité sur les marchés mondiaux. "Les procédures pour permettre l’investissement dans des sites industriels ou dans les infrastructures prennent beaucoup trop de temps", explique-t-il. "Beaucoup d’entreprises qui investissent dans d’autres pays nous disent que la démarche est plus simple, plus claire." Cette régulation "excessive" réfrène les investissements étrangers dans les entreprises européennes, ce qui freine leur développement, assure-t-il.Appel à un "Industrial Deal"Un rapport sur le futur du marché unique européen – qualifié d’encore trop national et segmenté par son rapporteur – sera rendu aux dirigeants des 27 pays les 17 et 18 avril. Un rapport très attendu par Markus Beyrer, qui déplore un "déclin ces dernières années de ce bijou de l’intégration européenne auquel il faut remédier."Habituellement opposé aux aides des États qui viendraient perturber le marché européen, le dirigeant du syndicat patronal européen reconnaît "qu’elles peuvent être justifiées pour aider les entreprises pour faire face à la concurrence mondiale mais aussi pour les accompagner dans leur programme de décarbonation." Des aides "temporaires qui doivent être contrôlées au niveau européen" pour permettre de renforcer la compétitivité du marché unique.Markus Beyrer appelle pour cela à l’établissement d’un "Industrial Deal" en complément du Green Deal mis en place au début de la présidence d’Ursula von der Leyen à la tête de la Commission européenne.Émission préparée par Sophie Samaille, Perrine Desplats, Paul Guianvarc'h et Isabelle Romero.
À l'occasion des débats sur les enjeux des élections européennes dans les différents pays de l’Union, direction la Roumanie où 33 eurodéputés seront élus en juin prochain. Marqué par des décennies de communisme sous la dictature de Ceausescu, le pays est entré – avec la Bulgarie – dans l’UE en 2007. Depuis, la Roumanie a atteint certains résultats. Le revenu moyen a notamment doublé ces cinq dernières années, mais le pays reste miné par une forte pauvreté – un tiers de la population est sous cette menace, triste record en Europe – et son développement économique a été freiné par la corruption. Quant à son intégration dans le club européen, la Roumanie vient tout juste d’accéder à l’espace Schengen de libre circulation mais dans des conditions limitées. Alors l’adhésion à l’UE a-t-elle changé la donne en Roumanie ?Émission préparée par Isabelle Romero, Sophie Samaille et Perrine Desplats
loading
Comments