DiscoverIci l'Europe
Ici l'Europe
Claim Ownership

Ici l'Europe

Author: FRANCE 24

Subscribed: 0Played: 5
Share

Description

Rendez-vous à Bruxelles pour un entretien avec une personnalité européenne de premier plan, suivi d'un débat entre eurodéputés. Le samedi à 11 h 10 (heure de Paris), puis 15 h 40.

199 Episodes
Reverse
Nous accueillons cette semaine Jean-Claude Trichet, ancien président de la Banque centrale européenne. Il revient sur le déficit record et l’endettement de la France, les fragilités du couple franco-allemand au sein de l’UE, ainsi que sur les conséquences de l'élection américaine pour l’Union. Avec un déficit record qui risque de dépasser les 6 % du PIB à la fin de l'année, la France est dans le viseur de l’Union européenne. "Elle est vraiment très endettée et elle est, de ce point de vue, le plus mauvais pays d'Europe", explique Jean-Claude Trichet. Si l’ancien président de la BCE se dit rassuré de voir le gouvernement français prendre le problème à bras-le-corps, il confirme qu’il faut "absolument redresser la barre". "Il me semble que les marchés font pour le moment confiance au nouveau gouvernement", explique l’économiste, qui pense que le pays évitera le pire si le déficit est ramené à 5 % l’année prochaine.Alors que la règle au sein de l’UE est de ne pas dépasser les 3 % d'endettement par rapport à son PIB, la France fait figure de mauvais élève. La gestion des finances au cours de ces dernières années est à présent questionnée. "Je pense que nous aurons un début d'explication avec la commission qui a été créée et qui devrait nous permettre de mieux comprendre ce qui s'est passé", explique Jean-Claude Trichet.Le pays doit aujourd'hui réaliser 60 milliards d'économie, ce qui implique un effort collectif de la part des Français. "Les Français parlent de rigueur, d'efforts considérables, alors que c'est un pays qui n'est pas rigoureux", estime l’économiste. "Les Français se plaignent en permanence d'une absence de dépenses publiques et en fait, ils dépensent plus que tous les autres", ajoute-t-il. "La France n’a plus de cartouches", constate Jean-Claude Trichet au sujet du déficit public."Pour que l'Europe fasse des progrès, il faut qu'il y ait un bon accord franco-allemand"Président de la Banque centrale européenne au moment de la crise des subprimes, Jean-Claude Trichet félicite l’institution d’avoir "gagné contre la spéculation". Il prend l’exemple de la Grèce, qui "était dans une situation épouvantable". "Elle avait 15 % de déficit budgétaire et 15 % de déficit du commerce extérieur. Maintenant, elle est dans une situation qui est objectivement bonne", détaille-t-il.En Allemagne, l’économie est également en berne. Un vaste plan de licenciements est à l'étude chez le constructeur automobile Volkswagen et la récession menace le pays tout entier. "L’Allemagne est particulièrement touchée sur le plan de la croissance, mais c’est en même temps un pays sain qui inspire confiance et donc je ne crois pas qu'il faille dramatiser le problème allemand", estime l’ancien président de la Banque centrale européenne.Face aux difficultés économiques de la France et de l’Allemagne, le couple franco-allemand, souvent considéré comme le moteur de l’UE, est mis à mal. "Il y a une chose qui est sûre : la condition nécessaire pour que l'Europe fasse des progrès, c'est qu'il y ait un bon accord franco-allemand sur les progrès à faire", explique Jean-Claude Trichet. Il ne s’agit pas de la seule condition car, selon lui, "il faut convaincre les autres pays d'aller dans cette direction"."Quel que soit le nouveau président américain, nous aurons à défendre nos intérêts avec acharnement"À quelques jours de l’élection présidentielle américaine, Jean-Claude Trichet estime que "quel que soit le nouveau président des États-Unis, les problèmes entre l'Europe et les États-Unis demeureront". "Les États-Unis sont très orientés sur leurs propres intérêts. Ils ont la capacité d'imposer beaucoup de choses au reste du monde pour des tas de raisons, et notamment à cause du fait qu'ils ont une fédération politique achevée", poursuit-il.L’économiste explique que la force la force des États-Unis reposent sur l'existence d’un marché, d’une monnaie, d’une armée et d’une diplomatie unifiée. "Quel que soit le nouveau président, nous aurons à défendre nos intérêts avec acharnement", dit-il. "L’UE a besoin de faire encore beaucoup de progrès dans la voie de la fédération politique", conclut Jean-Claude Trichet.Une émission préparée par Perrine Desplats, Isabelle Romero, Oihana Almandoz et Luke Brown.
Nous discutons cette semaine d'un grand oral très attendu : celui des 26 commissaires européens désignés par les États-membres et dont Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission, a défini les portefeuilles. Chacun d’entre eux va être auditionné par les commissions parlementaires concernées et devra démontrer ses compétences. Traditionnellement, certains commissaires candidats sont retoqués pour leur manque d’expérience ou pour des conflits d’intérêt. Au final, l’ensemble de ce collège de commissaires devra obtenir une majorité de voix lors d’un vote dans l’hémicycle.Certains profils posent déjà question. L’Italien Rafaelle Fitto, proche de Giorgia Meloni, a obtenu une vice-présidence exécutive – la première de l’histoire attribuée à un parti de droite radicale. Le Hongrois Olivier Varhelyi, envoyé par Viktor Orban, est soupçonné de défendre avant tout les intérêts de son Premier ministre et de manquer de loyauté vis-à-vis du projet européen. De l’autre côté de l’échiquier politique, la socialiste espagnole Teresa Ribera, première vice-présidente chargée de la transition écologique, est critiquée par les Français pour ses positions anti-nucléaire. Des Français qui ont quant à eux dû renoncer à leur commissaire expérimenté pour présenter Stéphane Séjourné, novice dans ce collège de commissaires.Pour en parler, nous accueillons trois députés européens, Ana Catarina Mendes, vice-présidente du groupe S&D, l'Italien Paolo Borchia, du groupe Patriotes pour L'Europe, et Fabienne Keller, eurodéputée française du groupe Renaissance.Une émission préparée par Perrine Desplats, Isabelle Romero, Oihana Almandoz et Elitsa Gadeva.
Les élections américaines auront un impact déterminant sur l’Union européenne. Kamala Harris ou Donald Trump, c’est un choix existentiel pour les Américains mais aussi les Européens : on sait que Donald Trump a une approche isolationniste des relations internationales et se targue de résoudre la guerre en Ukraine en 24 heures, mais ce sera au détriment des Ukrainiens, se récrie Kamala Harris. Tous les chef d’États des pays membres de l'Union européenne – à quelques exceptions près – et les deux-tiers du Parlement voteraient Kamala Harris. Mais les Européens doivent-ils se préparer à des changements dans la politique de défense et l’investissement américain dans l’Otan ? La relation transatlantique de confiance sera-t-elle resserrée, ou au contraire, distendue ? Une guerre commerciale est-elle possible et une victoire de Donald Trump favorisera-t-elle une montée de la droite plus radicale en Europe ?Émission préparée par Perrine Desplats, Isabelle Romero et Oihana Almandoz
Nous recevons cette semaine Josep Borrell, Haut représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la Sécurité, dont le mandat prendra fin dans les semaines à venir. Il revient sur le rôle de la diplomatie européenne dans la résolution des conflits au Proche-Orient et en Ukraine. C’est également l’occasion pour Josep Borrell de faire le bilan de son mandat et d'envisager les priorités futures de l’UE. Au lendemain de la mort du chef du Hamas, Yahya Sinouar, Josep Borrell appelle à la paix dans la région. "C'est l’occasion de finir la guerre et de faire libérer les otages", explique-t-il. "C'est le moment de dire 'assez' et de regarder vers le futur", ajoute le chef de la diplomatie européenne. Il reconnait que "parmi les Vingt-Sept, il y a des positions très différentes vis-à-vis de ce conflit", notamment face à la reconnaissance d’un État palestinien ou du droit à la défense de la part d’Israël. "Quelles sont les limites du droit à la défense ? Le droit humanitaire", répond Josep Borrell. "Le droit à la défense, comme tous les droits, a des limites. Quand on voit ce qu'on voit dans la destruction de Gaza, la question est pertinente", ajoute-t-il.Cette semaine, l'Union européenne invitait à Bruxelles les États du Golfe à l’occasion d’un premier sommet. Josep Borrell rappelle sa volonté de travailler main dans la main avec les pays arabes, notamment afin de soutenir un processus de paix au Proche-Orient. "La volonté de travailler ensemble est là", explique-t-il, pour travailler à la mise en place d'un État palestinien.Sur le chapitre de l'Ukraine, le président Volodymyr Zelensky a également présenté cette semaine son "plan de victoire" face à la Russie. Un plan que le Haut représentant de l’UE pour les Affaires étrangères juge "tout à fait logique, car le but final de l'Ukraine est l'adhésion à l'UE et à l'Otan". S’il reconnaît des divergences parmi les Vingt-Sept vis-à-vis du soutien à apporter aux Ukrainiens, Josep Borrell explique que l’Ukraine "ne pourra pas avoir la victoire sans l'aide occidentale des États-Unis et de l'Europe". Sur ce sujet, il reconnaît un blocage de certains pays, et notamment du Premier ministre hongrois, Viktor Orban : "J'ai encore la tâche de trouver des solutions pour que la Hongrie ne bloque pas l'aide militaire à l'Ukraine. Je pense que nous allons y arriver au prochain Conseil de l’UE."L’immigration est également au cœur des débats. Alors que la position de l’Union européenne se durcit et que la question de la sous-traitance des demandes d’asile à des pays tiers est à présent sur la table, celui qui se définit comme "un homme de gauche" dit ne pas partager cette approche. "Certes, il faut protéger nos frontières" et faire en sorte "que les migrants arrivent d'une façon ordonnée". Il prône cependant "une approche plus équilibrée", comme celle du Premier ministre Pedro Sanchez en Espagne. "La dynamique de la peur ne peut pas dicter la politique migratoire. Il faut savoir que dans beaucoup des pays européens, sans un certain nombre de migrants, de jeunes et de leur capacité de travail, nos sociétés ne marcheraient pas", explique-t-il. Le chef de la diplomatie appelle également à renforcer la coopération avec l’Afrique sur d’autres sujets que la migration. "L’Afrique, c’est beaucoup plus que ça", dit-il. "Il ne faut pas oublier sa dynamique économique et sa capacité à produire tout ce qu'il nous faut, à commencer par des matériaux critiques".Puis, à quelques semaines de l’élection présidentielle américaine, le chef de la diplomatie européenne juge la position de Kamala Harris "beaucoup plus réaliste" notamment au sujet de la résolution du conflit en Ukraine : "Qui peut imaginer que nous pouvons arrêter une guerre en une semaine ?", fustige Josep Borrell à la suite des propos de Donald Trump qui affirme qu’il réglerait le conflit en un jour s’il était élu.Alors que son mandat touche à sa fin, Josep Borrell regrette le repli sur soi de certains pays européens. "Les Européens, chacun de leur côté, sont trop petits. Il faut absolument que nous ayons une politique beaucoup plus intégrée et je trouve que les réflexes nationaux sont encore beaucoup trop forts", conclut-il. Émission préparée par Luke Brown, Perrine Desplats, Oihana Almandoz et Isabelle Romero
Le Parlement européen espère que nous pourrons tous bientôt carburer à l'électricité, sans l’aide trop appuyée de la Chine. L'augmentation de la production de la voiture électrique est en effet un enjeu majeur pour l’Europe dans sa lutte contre le changement climatique. Mais elle ne doit pas se faire au détriment de son indépendance. Or, les constructeurs européens ont pris du retard face aux Chinois qui bénéficient de subventions à hauteur de 21 % de leur chiffre d’affaires, ce qui leur permet de proposer des modèles moins chers. Et cela soulève les inquiétudes de l'industrie automobile européenne : la part de marché des véhicules fabriqués en Chine est passée de 12 % à près de 25 % en quatre ans, et pourrait continuer de grimper en flèche. En réaction, la Commission européenne a annoncé que les importations de véhicules électriques chinois se verraient dorénavant imposer entre 27 % et 48 % de droits de douane, contre 10 % aujourd’hui. Cela reste néanmoins beaucoup moins que les États-Unis qui ont fait grimpé à 100 % les droits de douane. Mais c'est une décision que n’ont pas réussi à bloquer les plus craintifs, à savoir l'Allemagne, la Slovaquie, la Slovénie, Malte, et la Hongrie, qui redoutent des représailles chinoises avec des taxations intempestives sur les secteurs automobiles et agroalimentaires européens. Émission préparée par Isabelle Romero, Perrine Desplats et Luke Brown
Nous évoquons cette semaine un triste anniversaire, celui du 7 octobre 2023, marqué par l’attaque terroriste menée par le Hamas en Israël. Depuis ces massacres d’une ampleur inédite, la réplique de l’Etat hébreu, à Gaza, puis plus récemment au Liban, alarme la communauté internationale, qui paraît impuissante. L’entrée dans le jeu de l’Iran, qui a tiré des missiles supersoniques sur Israël pour la première fois, fait craindre un embrasement régional. Dans ce conflit, l’Europe a particulièrement du mal à faire entendre sa voix, elle qui appelle en vain à un cessez-le-feu depuis des mois. Sur le papier, l’Union européenne a des cartes à jouer. Elle est ainsi le premier partenaire commercial de la région, liée par un accord d’association avec Israël depuis plus de 20 ans. Par ailleurs, Bruxelles a versé 1,2 milliard d’euros aux Palestiniens entre 2021 et 2024 : des sommes qui permettent à l’Autorité palestinienne, de payer ses fonctionnaires et de financer des secteurs-clés. Mais les Européens sont très partagés sur le fond du dossier et les leviers d’influence à actionner.Douze Etats-membres pays parmi les Vingt-Sept reconnaissent l'Etat de Palestine : six Etats d’Europe centrale, issus de l’ère communiste, ainsi que Malte, Chypre, la Suède et, depuis cet été, l'Espagne, l'Irlande et la Slovénie. Cette reconnaissance récente est présentée à tous les autres comme un moyen de pression sur Israël pour avancer plus vite vers la solution de paix à deux Etats. Mais Tel-Aviv compte aussi de fervents soutiens, comme la Hongrie et la République tchèque, ainsi que, dans une certaine mesure, l'Autriche et l’Allemagne, encore traumatisées par le poids de l’histoire.Emission préparée par Perrine Desplats, Isabelle Romero et Luke BrownÀ voir, Reporters7-Octobre : la faillite du renseignement israélien
Nous accueillons cette semaine Pierre Vimont, chercheur associé à la fondation Carnegie Europe et ancien secrétaire général du Service européen pour l'action extérieure. Il revient sur le grand oral du Premier ministre hongrois Viktor Orban devant le Parlement européen, qui a mis à jour les divisions sur  l‘Ukraine, ainsi que sur les défis à venir de la nouvelle mandature. Pour Pierre Vimont, la position controversée du Premier ministre hongrois Viktor Orban sur l’Ukraine, tient pour une part de la "provocation". Mais il estime aussi que Viktor Orban dit haut et fort ce que beaucoup de dirigeants européens pensent tout bas. "Depuis longtemps, il appelle ses partenaires européens à avoir entre eux une vraie discussion sur l'Ukraine et sur l'objectif final que nous souhaitons atteindre", explique Pierre Vimont. "Actuellement, sur le terrain, c'est devenu beaucoup plus difficile. La vérité, c'est que nous sommes un peu dans une impasse", admet-il. Le chercheur appelle à une "très grande fermeté quand Orban ignore les règles européennes, fait du chantage et bloque pratiquement toutes les décisions d'aide à l'Ukraine".En matière d’immigration, celui qui a été en charge d’un grand sommet UE-Afrique se désole des tragédies et noyades en mer qui touchent les migrants. Il conseille de signer de grands accords avec les pays de transit, mais aussi et surtout coopérer avec l’Afrique globalement, sur des questions autres que la migration. "Il faut s'attaquer à la source des problèmes et aller vers les pays d'origine en Afrique, dans le Sahel et dans d'autres pays encore, pour voir avec eux comment nous pourrions les aider à régler leurs problèmes de fond." Il loue la politique migratoire de l’Espagne qui, selon lui, "essaie de manière très concrète de faire avancer les choses".L'Europe a disparu de la scène du Moyen-Orient depuis 10 ansL’ancien ambassadeur de France aux Etats-Unis évoque les conséquences d’une possible victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle américaine. Selon les proches du candidat républicain, "il faudrait plus ou moins accepter la situation actuelle et donc reconnaître que la Russie occupe une partie du territoire ukrainien (…) et qu'il ne faut pas accepter que l'Ukraine entre dans l'OTAN", s’inquiète-t-il. "Nous voyons bien que ce sont des positions qui ne sont pas du tout celles des pays européens !"Face à l’embrasement du conflit au Proche-Orient, il reconnait "l’impuissance" de l’Europe : "Elle a disparu de la scène du Moyen-Orient depuis 10 ans", dit-il. Alors qu’elle fait les bonnes analyses et pèse économiquement, "ce qui lui manque, c'est le passage à l'action", détaille l’ancien ambassadeur.Enfin, au sujet du déficit et de l’endettement de la France, Pierre Vimont ne croit pas en une cure d’austérité comparable à celle de la Grèce, mais appelle le pays à "revenir dans les clous de Maastricht". "Nous n'avons pas été capables de le faire depuis des dizaines d'années, alors que chaque fois que l'un de nos partenaires européens se retrouvait dans cette difficulté, nous lui demandions immédiatement de faire le nécessaire. Donc il est temps pour la France de revenir à un peu de rigueur", ajoute-t-il.Le chercheur connaît bien Michel Barnier pour avoir été son directeur de Cabinet au Quai d’Orsay, et il reconnaît la situation affaiblie du pays : "Quand vous êtes dans une situation de difficultés financières et plus généralement de difficultés économiques, les autres pays membres ne vous regardent plus tout à fait de la même manière. Un gouvernement sans majorité ne passe pas non plus inaperçu à Bruxelles !..." Selon lui, la France est supplantée par d’autres pays, plus à l’Est et au Nord, qui font preuve de moins d’initiatives et d’idées : "l'affaiblissement de la France n'est pas forcément une bonne chose pour l'Europe", conclut-il.Emission préparée par Perrine Desplats, Luke Brown, Isabelle Romero et Oihana Almandoz
Nous recevons cette semaine Charles Michel, Premier ministre belge de 2014 à 2019 et actuel président du Conseil européen, dont le mandat se terminera fin novembre. Il s’inquiète du sort de l’Europe dans un monde impitoyable : "Ces dernières années, on voit bien qu'il y a un cocktail d'incidents, de crises et de guerre, ce qui est extrêmement dangereux. Je lance au nom de l'Union européenne un appel à se ressaisir." Face à l'embrasement du Proche-Orient depuis un an, Charles Michel estime "qu'il faut faire plus". Appelant l’Europe à ne pas sous-estimer les leviers diplomatiques dont elle dispose, il assène : "L'obsession maintenant doit être de stopper cette escalade. Il y a évidemment une très forte condamnation de la part de l'Union européenne de ces attaques terroristes immondes qui ont été perpétrées par le Hamas contre le peuple d'Israël. Et dans le même temps, Israël a le droit de se défendre et doit le faire dans le respect du droit international."Charles Michel croit aussi que l’expérience européenne et la construction du projet européen dans l’après-guerre peuvent servir d’exemple : "Dans le passé, les leaders politiques ont montré qu'on pouvait changer le cours de l'histoire et faire face à des obstacles, à des défis. Le projet européen est un très bel exemple pour montrer la capacité à prendre des décisions qui amènent à la stabilité, à la sécurité. Nous voyons bien qu'il y a un moment dangereux pour le monde et lors de ce moment dangereux, c'est le moment de la lucidité."En Ukraine, avant un hiver redouté, la présidente de la Commission a annoncé que 35 milliards d'euros d'aide seront garantis par les bénéfices exceptionnels provenant des avoirs russes gelés : "Le message est très simple", explique-t-il. "L’Union européenne tient et tiendra ses engagements. Et d'ailleurs, il pourrait y avoir une voix discordante, celle peut-être du Premier Ministre hongrois Viktor Orban. Cela n'empêchera pas de prendre la décision puisque nous pourrons, sur un sujet pareil, agir à la majorité qualifiée [...]. Orban a eu beau rencontrer Vladimir Poutine, 26 États membres sur les 27 se sont soudés pour réaffirmer avec encore plus de force et plus de détermination le soutien à l'Ukraine."Sortir de l'impasse économiqueLe rapport de Mario Draghi demande aux dirigeants de l'Union européenne de mobiliser des fonds supplémentaires – à hauteur de 800 milliards d'euros par an – pour financer des investissements essentiels, mais les pays "frugaux" ne veulent pas de nouvelle dette en commun : "L’Union européenne est une démocratie", juge Charles Michel. "Nous devons être fiers de cela. Et qui dit démocratie dit, effectivement, des sentiments et des opinions qui ne sont pas spontanément convergentes. Nous l'avons démontré malgré des positions au départ divergentes, on a réussi à être dans l'unité à force de dialogue et à force de négociation, à force de discussion." Une piste de réflexion ? "Il y a de l'épargne en Europe qui va trop, selon moi, financer d'autres économies, notamment les États-Unis, et c'est un peu absurde !"D’ailleurs, selon lui, c’est sous l’actuelle présidence hongroise du Conseil de l’Union Européenne que l’UE a dessiné la feuille de route pour sortir de l’impasse économique, car "nous avons pris connaissance de deux rapports importants [le rapport d'Enrico Letta et le rapport de Mario Draghi, NDLR]. Ces rapports ont le mérite de bien cadrer et de bien préciser le chemin à suivre pour renforcer de manière massive la compétitivité européenne et le développement économique en Europe."Mener une "bataille pour le récit"Sur l’immigration, le président du Conseil européen se prononce en faveur du financement des clôtures aux frontières de la Grèce et de la Pologne : "J'ai pris position, il y a plusieurs années déjà, en faveur du soutien de l'Union européenne pour sécuriser les frontières extérieures de l'Union européenne. J’y suis favorable dès lors que c'est compatible avec le fait qu'il y a des points de passage sécurisés pour permettre une immigration régulière contrôlée. Je n'accepte pas que ce soient les passeurs, les trafiquants, les criminels qui décident qui a le droit de rentrer sur le sol européen". Pour Charles Michel, ces restrictions aux frontières ne sont pas les seules solutions, et l’UE s’est dotée des outils politiques et diplomatique pour lutter contre l’immigration irrégulière : "Nous avons conclu un accord pour plus de solidarité entre les États membres : le Pacte pour la migration et l'asile, qui entrera en vigueur. Nous avons bien progressé dans l'engagement avec des États tiers, avec des pays d'origine, des pays de transit, pour développer des coopérations larges, pour tenter de s'attaquer aux causes profondes de la migration irrégulière."Charles Michel ajoute que la question migratoire a aussi eu un effet politique en Europe. "Sur le plan de la migration, le débat est évidemment difficile, avec beaucoup d'émotion et parfois la tentation d'instrumentalisation par des groupes populistes", reconnaît-il. Contre cette poussée des extrêmes "droite et gauche", précise-t-il, "il faut avoir nos valeurs européennes chevillées au corps et ne pas être honteux, ne pas être gênés. Dans le narratif, dans la bataille pour le récit, nous devons être plus offensif et ne pas rester sur le terrain défensif !" En effet, pour Charles Michel "les partis raisonnables, sérieux, les partis pro-européens ont une double responsabilité de démontrer que nous sommes effectifs, démontrer que nous pouvons apporter des solutions pour rencontrer les préoccupations en termes de développement économique, en termes de pouvoir d'achat, mais également les préoccupations sur le plan identitaire, en termes de protection de nos frontières, en termes de sécurité, et c'est une bataille toujours inachevée."Un "décalage entre les capacités de l'Union européenne et son influence"Pour Charles Michel, les inquiétudes économiques des citoyens européens doivent être au cœur des objectifs de la nouvelle Commission européenne, dirigée par Ursula von der Leyen, pour les cinq prochaines années : "Il y a trois priorités absolues. La première, c'est bâtir une défense européenne, c'est-à-dire renforcer des capacités, y compris dans le domaine industriel. Et nous voyons que le deuxième mandat d’Ursula von der Leyen a de l'ambition sur ce sujet. Deuxième point, c'est la prospérité. Et enfin, nous avons besoin d'une Europe qui interagit plus avec le reste du monde. Veut-on le retour de la guerre froide ? Non, ce n'est pas ce que nous voulons. L'Union européenne doit interagir avec l'Afrique, l'Asie, et l'Amérique latine, pour favoriser plus de stabilité et plus de prévisibilité."L’année 2024 marque aussi un tournant pour Charles Michel lui-même. Après cinq ans au poste de président du Conseil européen, il passe la main au Portugais Antonio Costa : "La principale réussite, c'est l'unité. Le Conseil européen est devenu, par rapport à il y a dix ans, une enceinte fondamentale. Nous nous réunissons beaucoup et traitons des sujets les plus difficiles, les plus stratégiques [...]. On a vu que durant les cinq dernières années, sur tous les sujets, nous avons à chaque fois réussi et en général relativement rapidement, à faire preuve d'unité."Cependant, il reconnait tout de même des actions manquées : "Il y a un regret sur le plan du Proche-Orient, parce que je vois que malgré nos efforts importants, il y a un décalage entre les capacités de l'Union européenne et son influence. Nous sous-estimons nos capacités à influencer positivement la situation dans cette région. Et trop souvent, il y a peut-être la tentation facile de considérer que d'autres en portent la responsabilité comme les États-Unis ou les pays de la région."Une émission préparée par Perrine Desplats, Isabelle Romero et Luke Brown
Notre union des Vingt-Sept doit à la fois composer avec des pays surendettés et relancer sa croissance et sa compétitivité en investissant massivement. Une équation difficile à trouver. Dans le club des mauvais élèves, sept pays se distinguent, placés en procédure de déficit excessif car dépassant le seuil de 3 % du PIB fixé par le pacte de stabilité. Parmi eux, la France frôle dangereusement les 6 %, conduisant le gouvernement Barnier à promettre un retour dans les clous au plus tôt en 2029. Dans le même temps, l'ancien patron de la Banque Centrale européenne Mario Draghi a rendu un rapport choc sur la compétitivité de l’Union. Il estime que les Vingt-Sept devraient investir environ 800 milliards de plus chaque année, soit 5 % du PIB européen. Sans quoi, prévient-il, l'Europe décrochera de la course mondiale à l’innovation et sera promise à une lente agonie.Seulement, le budget de l’Union européenne n’est pas extensible et est pour l’heure cantonné à 1 % du PIB. Alors comment trouver de nouvelles ressources ? Faut-il passer par un emprunt en commun sur les marchés ? Les pays frugaux comme l’Allemagne se récrient déjà.Une émission préparée par Perrine Desplats, Luke Brown et Isabelle Romero
Nous accueillons cette semaine un invité de marque, Jean-Claude Juncker, ancien président de la Commission Européenne (2014-2019). Au menu d'un échange riche et dense : le nouveau gouvernement français et les défis qui attendent son premier ministre, Michel Barnier, que notre invité connait bien depuis ses années de négociateur du Brexit ; la menace posée par l'état des finances françaises ; la politique de plus en plus hostile aux migrants en Europe et la décision allemande de restreindre la liberté de mouvement à ses frontières ; les choix de sa successeure au Berlaymont pour sa Commission Ursula von der Leyen 2. Interrogé sur la position de la France en Europe, Jean-Claude Juncker affirme que Michel Barnier fera un excellent Premier Ministre : "Ce n'est pas un désavantage pour un Premier ministre français de bien connaître l'Europe. La France gagnerait beaucoup à mieux connaître l'Europe [...]. Je ne crois pas que Michel Barnier sera l'esclave du Rassemblement national."Mais il est néanmoins inquiet de la rhétorique anti-migrants en France : "J'ai toujours considéré qu'il ne faut pas transiger sur les grands principes avec l'extrême droite, que si les familles politiques classiques – les socialistes, les démocrates-chrétiens, les libéraux, les Verts – commençaient à les imiter en disant la même chose que l'extrême droite, l'extrême droite sortira renforcée de ces imitations qui n'ont pas lieu d'être. C'est pourquoi l'extrême droite, il ne faut pas la suivre."À voir aussiLe RN met le gouvernement de Michel Barnier sous pressionSur les déficits français excessifs, il y a urgence, selon Jean-Claude Juncker : "Il n'est pas convenable ni décent qu'un des grands pays européens soit si peu présentable en matière budgétaire. Et donc je veux croire que le gouvernement Barnier mettra de l'ordre dans les finances publiques. C'est nécessaire. Le déficit français, si jamais il devait s'élever à 6 %, ce qui sera probablement le cas, correspondra exactement au PIB de la Hongrie !"Condamnation du "dérapage" allemandConcernant la fermeture des frontières allemandes pour six mois, il se récrie : "Il y a au Luxembourg 200 000 frontaliers, dont 50 000 travailleurs allemands. Le Luxembourg est un pays qui connaît un taux d'immigration de 49 %. Quel serait le résultat de madame Le Pen en France si le taux d'immigration était de 49 % ? Donc, nous sommes assez sensibles aux mauvais comportements comme celui adopté par le gouvernement allemand. Mais je crois que nous courons le risque que l'exception, c'est à dire l'accord de Schengen permettant de prévoir des contrôles aux frontières, devienne la règle si l'on ne prête pas attention à ce dérapage."Que dire de la Commission von der Leyen 2, qui a offert une vice-présidence à un parti radical, celui de Giorgia Meloni, les Frères d'Italie ? "Je ne l'aurais pas fait", cingle-t-il.La guerre en Ukraine reste prioritaire Jean-Claude Junker, mais sa vision de Vladimir Poutine a changé : "Je me suis lourdement trompé. Je l'ai souvent vu en aparté entre quatre yeux, sans interprète. Je reste abasourdi par le comportement dangereux de Vladimir Poutine, qui met en cause le système sécuritaire de l'Europe et la géométrie sécuritaire de l'Europe en violant les frontières et en attaquant sans gêne et sans raison ses voisins directs."Mais l’UE doit s’occuper aussi des autres conflits et peser dans le monde : "Il faudra que nous donnions au Liban, pays malheureux parmi tous les pays nobles, vu la qualité de ses habitants, une chance à la diplomatie !"Une émission préparée par Isabelle Romero, Luke Brown, Perrine Desplats et Elitsa Gadeva
Nous sommes à Strasbourg, où Viktor Orban, le Premier ministre hongrois ultraconservateur, se fait attendre depuis des mois. Depuis juillet et pour six mois, la Hongrie occupe la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne. Son discours devant le Parlement européen a été reporté à deux reprises : d'abord en juillet pour ne pas gêner la nomination du nouvel exécutif européen, puis en septembre, lorsque Viktor Orban a finalement décidé de rester dans son pays, touché par de violentes inondations. Ces rendez-vous manqués en disent long sur les relations tendues entre Bruxelles et le dirigeant hongrois, éternel trublion dans ce club européen des Vingt-Sept. La Commission européenne a souvent frappé la Hongrie au portefeuille pour son non-respect de l'État de droit : régression de la liberté de la presse, des droits des ONG, des minorités ethniques et sexuelles, perte d’indépendance de la justice.Sur le conflit ukrainien, Viktor Orban a souvent menacé d'opposer son veto à l’aide à l’Ukraine, et en juillet dernier, à peine arrivé à la tête de Conseil de l’UE, le dirigeant hongrois est allé à Moscou serrer la main de Vladimir Poutine et à Pékin rencontrer Xi Jinping pour parler de paix. Une initiative individuelle critiquée par ses partenaires européens.À lire aussiLe Pen, Orban et les "Patriotes pour l'Europe" : détricoter l'Union européenne de l'intérieur ?Une émission préparée par Isabelle Romero, Perrine Desplats, Luke Brown et Elitsa Gadeva
Une semaine d’actualité chargée à Paris et à Strasbourg : la nomination du gouvernement Barnier, dans la foulée de l’annonce de l’équipe de Commissaires du deuxième mandat d'Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission Européenne. Pour en parler, nous accueillons cette semaine Arancha González Laya, l’ancienne ministre espagnole des Affaires étrangères, et l’actuelle doyenne de l’École d‘affaires internationales (PSIA) de Sciences-Po Paris. Avec un déficit de 5,6 % en France – bien au-dessus des limites requises par Bruxelles – le nouveau Premier ministre français, Michel Barnier, a déjà alerté sur l’état "très grave" des finances publiques. Pour Arancha Gonzalez Laya, "la France doit vite se mettre au travail sur le budget, à la fois sur les revenus et sur les dépenses", car "plus on fait de la dette aujourd'hui, plus on endette les générations futures et moins on donne de l'agilité à nos économies". En effet, selon l'ancienne ministre, la période qui s’ouvre est cruciale pour l’Union européenne, "il ne s'agit pas simplement de l'économie française et de la capacité de la France de projeter son économie à l'international, mais aussi de la grande bataille pour le budget européen qui commencera l'année prochaine et qui doit permettre à l'Union européenne de se doter des moyens nécessaires aux ambitions de la présidente von der Leyen lors de sa nomination."Pour Arancha Gonzalez Laya, les priorités européennes sont claires : "Économie, économie, économie. Nous avons un problème de retard économique. Nous avons un déficit de croissance et nous sommes en train de décrocher par rapport aux États-Unis et à la Chine. Ensuite, "nous avons un continent qui est entouré de guerres et de conflits. Il faut donc renforcer la sécurité en Europe". Des enjeux de taille, pour lesquels il faut s’armer financièrement car, "pour mener à bien cet agenda, il nous faut des ressources. Et cette bataille budgétaire sera très importante parce qu'il faut décider ce que l'on fait ensemble."Le nouveau collège de Commissaires européens ? Après la surprise du retrait du candidat français, Thierry Breton, sur fond de conflit avec la présidente von der Leyen, le poste revient à Stéphane Séjourné, en charge de la Prospérité et de la Stratégie Industrielle : "ce portefeuille sera au centre de l'agenda de ces cinq prochaines années, avec l'économie et en particulier la macroéconomie." L’ex-ministre des Affaires étrangères du gouvernement Attal "va devoir travailler main dans la main avec Teresa Ribera, qui a aussi un gros portefeuille économique, car elle a comme mandat de faire en sorte que la compétitivité – c'est à dire la macro et microéconomie – soit alignée avec les objectifs de décarbonation de l'Union européenne et avec la justice sociale. Donc ces deux gros portefeuilles sont les plus importants à mon avis pour ces cinq prochaines années." Pour elle, les eurodéputés pourraient récuser plusieurs Commissaires après leurs auditions, notamment l’Italien et le Hongrois : "si leurs réponses devant le Parlement européen ne sont pas convaincantes, ils ne passeront pas !"Pour la doyenne de PSIA, le risque n’est plus de voir certains pays "sortir de l'Union européenne, mais rester et la détricoter de l'intérieur. Détricoter l’état de Droit, ce n’est pas européen. Donc aux autres d'être très vigilants, aux autres de mettre des lignes très claires – il faut être clair [et savoir] là où 'détricoter' entre en collision avec ce qu’est l'Union européenne, ce que sont les valeurs européennes, ce que sont les principes de l'Europe."Les questions migratoires sont toujours au cœur de l’actualité : aux Pays-Bas, le gouvernement dirigé par le parti d’extrême droite PVV de Geert Wilders a annoncé vouloir demander une dérogation aux règles européennes d’asile. Pour Arancha González Laya, "c'est un divorce entre faits et perceptions. C'est le jeu des populistes en Europe. Mais pour un continent comme l'Europe, qui a un déficit démographique énorme, il faut à la fois changer les discours et réconcilier fait et perception, sinon on va droit dans le mur [...] Nous devons avoir une politique migratoire à la fois sur la migration régulière dont on a besoin parce qu'on a un déficit démographique, mais aussi sur l'immigration irrégulière où nous devons aussi avoir des règles claires et nous devons les appliquer".L’Union européenne est en danger de décrochage vis-à vis des États-Unis, entre autres maux. Le retour d’un Donald Trump à la Maison Blanche accroitrait les incertitudes diplomatiques : "cela devrait pousser l’Europe à davantage d’autonomie vis-à-vis de son allié. Vu ce qui se passe de l'autre côté de l'Atlantique, vu le manque de clarté, vu la possibilité de l'arrivée de Donald Trump, faisons ce que nous pouvons faire sur les plans de l'économie, de la sécurité et de la défense et donnons-nous les moyens de nos ambitions à travers un budget européen conséquent", conclut-elle. Émission préparée par Perrine Desplats, Luke Brown, Elitsa Gadeva et Isabelle Romero
Le Parlement européen fait sa rentrée en séance plénière dans l’hémicycle de Strasbourg, avec une actualité très intense sur les questions migratoires, marquées par des drames humains. Dernièrement, dans la Manche, au large des côtes françaises, huit personnes sont décédées en tentant de rallier la Grande-Bretagne. L’Allemagne, qui a longtemps été un grand défenseur de la liberté de circulation à l’intérieur de l’espace Schengen, vient de réintroduire des contrôles à toutes ses frontières. Cette décision, prise par le gouvernement social-démocrate d’un Olaf Scholz fragilisé par des attentats terroristes et la montée de l'extrême droite, génère du mécontentement parmi ses huit pays voisins, comme la Pologne du libéral Donald Tusk. La nouvelle Commission européenne présentée par Ursula von der Leyen cette semaine et très à droite politiquement, met d'ailleurs l’accent sur les questions migratoires, avec la création d’un portefeuille de Commissaire à la Méditerranée, en plus de celui dédié à la Migration, ce qui laisse entrevoir la multiplication d’accords bilatéraux avec des pays tiers du Sud pour créer des centres de rétention des migrants hors de l’Union européenne. Émission préparée par Isabelle Romero, Luke Brown et Perrine Desplats
Semaine très riche en actualité pour l’Union européenne et ses États membres. La France s'est dotée d'un Premier ministre bon connaisseur des affaires européennes en la personne de l’ancien commissaire et négociateur du Brexit Michel Barnier, tandis que la Commission européenne poursuit sa constitution, que les prévisions économiques sont alarmistes et que la guerre gronde toujours à notre porte, en Ukraine. Pour en parler, nous recevons Elio Di Rupo, l’ancien Premier ministre belge qui a été nouvellement élu député européen dans le groupe des Socialistes et Démocrates. La France vient de sortir de trois mois de crise gouvernementale avec la nomination du Premier ministre Michel Barnier, qu’Elio Di Rupo a connu à Bruxelles lorsque le Français était commissaire européen en charge de la politique de cohésion. Le socialiste salue ses capacités de négociation, "notamment avec le Brexit, et négocier avec les Britanniques n’est pas facile", mais il reste selon lui "un homme ancré à droite avec un profil très affirmé. Je ne peux pas oublier qu’il a voté conte la dépénalisation de l’homosexualité et qu’il a voulu très récemment que la France sorte de la Cour européenne des Droits de l’Homme". L’ancien patron des socialistes belges, qui a lui-même été nommé Premier ministre de son pays en 2011 après une crise politique de 541 jours, souligne "l’intelligence de la gauche française de s’unir, de faire bloc" lors des élections législatives où elle est arrivée en tête le 7 juillet dernier. Il s’étonne donc du choix du président Emmanuel Macron de ne pas avoir nommé "une personnalité modérée dans ce groupement du Nouveau Front populaire pour essayer de dépatouiller un peu la situation et voir s'il ne pouvait pas trouver une majorité". La France est sous surveillance de Bruxelles en raison d’un déficit qui pourrait atteindre les 5,6 % en 2024, bien loin des 3 % prévu par les accords. Mais la Belgique n’est pas loin derrière, avec un déficit de 4,4 % de son PIB, et connaît également une crise politique car aucun gouvernement n’a été formé depuis les élections législatives. Elio Di Rupo le concède : "le 9 juin, la droite a gagné les élections. Du côté francophone, c'est plus net. Du côté de la Flandre, les socialistes flamands de Vooruit ont fait un excellent résultat. Et tous ces vainqueurs sont en train de tenter de former un gouvernement. Laissons-les travailler." Quant au déficit de la Belgique, pour lui, la question importante est de savoir comment le résorber : "pour le socialiste que je suis, on ne peut pas toucher aux soins de santé, on doit protéger nos concitoyens. (...) Où va-t-on chercher les moyens financiers ?” Il ne se dit pas particulièrement attaché à la taxation à tout prix, mais "il y a des entreprises, des personnes, qui ont des gains astronomiques et par rapport à ces gains astronomiques, ne contribuent pas assez à la société. (...) Et donc il est normal qu'on demande à celles et ceux qui ont des épaules plus larges de contribuer davantage que celles et ceux qui ont des épaules plus étroites."D’élection en élection, on assiste à une montée de l’extrême droite populiste en Europe, fortement axée sur un discours anti-migrants. Selon l’eurodéputé, "le Parlement européen et les institutions européennes, doivent regarder la situation à l'aune de la nature humaine : les citoyens ont besoin d'être rassurés, sécurisés, d'avoir des perspectives pour eux-mêmes et pour leurs enfants, un pouvoir d'achat qui soit suffisant pour vivre dignement. Il fustige par ailleurs les fausses informations qui circulent sur les réseaux sociaux et ont selon lui "plus d’impact que les informations précises, pédagogiques, positives". Mais il l’affirme : "en tout cas, moi, j'ai la volonté de travailler avec mon groupe social démocrate pour contribuer à combattre sans relâche l'extrême droite".L’Allemagne a annoncé la mise en place de l’extension des contrôles migratoires à l’ensemble de ses frontières dès le 16 septembre et pour une durée de six mois, mesure qu’elle juge nécessaire pour la "protection de la sécurité intérieure contre les menaces actuelles du terrorisme islamiste et de la criminalité transfrontalière", deux semaines après l'attentat de Solingen revendiqué par le groupe État islamique. "Je pense que l’ont doit être sans pitié avec ces criminels, ces fondamentalistes religieux, ces terroristes", nous dit Elio Di Rupo. Et c’est dans ce contexte d’insécurité qu’il analyse cette décision de Berlin : "il y a eu des drames, avec des morts, et une réaction du gouvernement”, même si "bien entendu, dans l'Europe que nous voulons construire, fermer les frontières est un acte qui n'est pas dans l'esprit de l'Union européenne". Quant à la question plus large de l’immigration, Elio Di Rupo "demande depuis le début des règles claires pour savoir si oui ou non on accepte des migrants. Il y a bien sûr les réfugiés, que nous sommes obligés d’accueillir par des conventions internationales que nous avons signées. Et il y a tous les autres migrants, dans quelles conditions on peut les accepter, pour quoi faire ? Et ça n'est pas encore clair. Bien entendu, il ne faut jamais oublier que derrière cette question, il y a des drames humains terribles".L’Allemande Ursula von der Leyen, qui a été réélue à la tête de la Commission européenne en juillet, doit présenter son collège de commissaires. Une Commission très à droite "avec même des commissaires d’extrême droite" et Elio Di Rupo s’insurge : "ce qui est assez insupportable, c'est que le groupe socialiste est le deuxième groupe le plus important du Parlement européen et, personnellement, je ne me retrouve pas dans la Commission européenne à due proportion de ce que nous représentons". Les commissaires seront auditionnés par le Parlement européen et s’ensuivra un vote pour confirmer ou non la mise en place de cette nouvelle Commission. "Le fait que nous n'ayons pas un minimum d'équilibre par rapport aux sociaux démocrates est quelque chose qui pourrait nous conduire à voter contre", met-il en garde. Alors que la Hongrie du très conservateur Viktor Orban tient la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne depuis le 1er juillet, Elio Di Rupo rappelle l'importance de "continuer à se battre pour défendre les minorités, la démocratie, les libertés. (...) On doit continuer à ne pas considérer que notre système démocratique de liberté et de défense des minorités est acquis pour toujours et à se battre, à nourrir et à chérir cette démocratie".Mario Draghi, ancien président de la Banque centrale européenne, pointe du doigt dans un récent rapport que Washington et Pékin ne respectent plus les règles du commerce international, et que sans investissements publics massifs, l'Union européenne est promise à une "lente agonie". Elio Di Rupo "partage entièrement le contenu de ce rapport" : "nous avons un retard terrible par rapport aux États-Unis et à la Chine", c’est pourquoi "il faut que l’Union européenne ait ses propres ressources financières" pour construire une Europe de la défense qu’il appelle de ses vœux. Car pour Elio Di Rupo, l’Union européenne n’est pas à la hauteur en ce qui concerne la guerre en Ukraine : "il est fondamental d'essayer d'aller le plus rapidement possible vers un cessez-le-feu et une négociation. Mais on ne peut pas laisser Poutine gagner parce que s’il gagne, nous sommes nous-mêmes, Européens, en danger. Nous avons besoin d'une Europe de la défense, non pas pour aller nous battre ailleurs, mais pour être capable de nous défendre nous-mêmes au sein de l'OTAN", conclut-il. Émission préparée par Perrine Desplats, Isabelle Romero et Luke Brown
La guerre en Ukraine dure malheureusement depuis plus de deux ans et demi. Ce conflit n’est-il pas en train de connaître un basculement, et dans quel sens ? Vers une guerre plus intense, alors que l’armée ukrainienne a réalisé cet été une percée dans le territoire russe, dans la région de Koursk, et que les drones russes s’invitent de plus en plus dans l’espace aérien européen et de l’OTAN, en Lettonie, en Roumanie et en Pologne ? L'Iran est par ailleurs soupçonné de livrer des missiles balistiques à la Russie. Mais est-ce que ce conflit pourrait, au contraire, basculer plus vite que prévu vers la paix ? Le président ukrainien Volodymyr Zelensky souhaite que la Russie participe au prochain sommet pour la paix cet automne, et au sein de l’Union européenne, le chancelier allemand Olaf Scholz a demandé une accélération des pourparlers. Émission préparée par Perrine Desplats, Isabelle Romero et Luke Brown
Notre invité, Bartjan Wegter, récemment nommée coordinateur de l'UE pour la lutte contre le terrorisme, nous détaille les réalisations et les défis de son rôle. Depuis la création de ce poste en 2004, après les attentats de Madrid, de nombreux progrès ont été accomplis dans la coordination entre les États membres de l'UE, essentielle pour contrer les menaces terroristes transfrontalières. "La sécurité, cela demeure une compétence des États membres. C'est logique parce qu’il s’agit de sécurité nationale", commence Bartjan Wegter, coordinateur de l’UE pour la lutte contre le terrorisme, avant de rapidement souligner l'importance de la coopération européenne, en particulier dans le partage des renseignements et la collaboration entre les procureurs. "Le terrorisme, c'est un défi, c'est un phénomène transfrontalier", explique-t-il."On a établi des banques de données, des bases de données gérées en Europe. On partage des informations. On a établi des politiques spéciales destinés aux victimes d'attentats terroristes. On a aussi renforcé nos infrastructures, les rendant plus résilientes, protégées contre des attaques terroristes" rappelle-t-il. "L’Union européenne a beaucoup investi dans les relations avec les pays tiers, justement pour affronter cette menace terroriste qui vient souvent hors de nos frontières, mais pas exclusivement. […] Si l'on regarde les menaces d'aujourd'hui et les menaces que l'on a vu ces dernières années, presque toutes ont leur origine hors de nos frontières, ou bien sont amplifiées par les développements qui ont lieu hors de nos frontières. Du coup, il faut beaucoup travailler avec les pays tiers", déclare-t-il.À quelques heures du coup d’envoi des Jeux olympiques de Paris 2024, Bartjan Wegter réitère sa confiance dans les mesures de sécurité mises en place. "Un pays qui est bien placé pour justement mener à bien ce genre d'événement, c'est la France. Et je dois complimenter les autorités françaises. Je suis impressionné par le dispositif de sécurité mis en place qui est considérable", se réjouit-il, même s’il reste lucide sur la question de la sécurité : "Il n'existe pas de risque zéro. Cela ne veut pas dire qu'il faut avoir peur, au contraire, il faut être vigilant. Et la vigilance, c'est une chose dont nos citoyens sont très conscients. […] C'est une responsabilité pour tout le monde."Liberté ou sécurité ?Les défis posés par la désinformation en ligne, exacerbée par les conflits en Ukraine et à Gaza, sont un autre sujet majeur abordé par le coordinateur de l’UE pour la lutte contre le terrorisme. Il évoque la propagation du "djihadisme mutant" via les réseaux sociaux, une stratégie adoptée par des groupes comme l’organisation Etat islamique (EI) pour diffuser leur propagande. "La menace principale actuelle en Europe, c'est toujours le terrorisme djihadiste", affirme Bartjan Wegter. L’EI "a beaucoup investi justement dans les plateformes de réseaux sociaux et dans tout ce qui est en ligne pour diffuser sa propagande. Et c'est une stratégie assez efficace parce que l'on voit énormément de contenu terroriste qui circule en ligne... Nous avons pris des mesures en Europe pour faire face à cela".Sur la question de la radicalisation dans les prisons, Bartjan Wegter souligne la vulnérabilité de nos institutions face à ce phénomène. L’Union européenne a donc créé un grand réseau d'experts : "Il y a 6500 personnes qui se partagent les bonnes pratiques, s'échangent des stratégies pour éviter que la prison soit un vecteur de radicalisation."L’occasion aussi pour le coordinateur de l’UE pour la lutte contre le terrorisme de rappeler que les lois antiterroristes ne doivent pas empiéter sur les libertés publiques : "Quand il s'agit de nos valeurs, de nos libertés fondamentales, on ne fait jamais de concessions", rappelle-t-il. "Parce que pour l'Europe, c'est essentiel. C'est notre société, c'est qui l’on est. Cela dit, il faut aussi savoir que pour pouvoir profiter de nos libertés, il faut aussi avoir une certaine sécurité".Une émission préparée par Isabelle Romero, Perrine Desplats et Sophie Samaille.
Dans cette dernière émission avant la trêve estivale, nous vous proposons de revenir sur les nouveaux visages des institutions européennes, ainsi que sur les temps forts de la dernière mandature. Le 18 juillet dernier, les 720 députes de l'Hémicycle de Strasbourg ont reconduit dans leurs fonctions la présidente du Parlement, la Maltaise Roberta Metsola, et Ursula von der Leyen à la tête de la Commission européenne. C'est l'Estonienne Kaja Kallas qui dirigera la diplomatie européenne et l'ancien Premier ministre portugais Antonio Costa, le Conseil européen.Si ces dernières années, la politique européenne a été marquée par la crise du Covid-19, elle a tout de même édicté des directives fortes sur la transition écologique, la question migratoire et surtout la guerre en Ukraine. Des enjeux qui restent plus que jamais d'actualité.Reportages en Irlande, en Estonie et en Ukraine de Clovis Casali, Johan Bodin et Luke Brown. Motions design de Sophie SamailleUne émission produite par Perrine Desplats et Isabelle Romero
Cette semaine, le Parlement européen à Strasbourg a été le théâtre de moments forts marquant la rentrée parlementaire. Les 720 nouveaux élus ont notamment reconduit Ursula von der Leyen à la présidence de la Commission européenne avec 401 voix pour et 284 contre. Une autre figure importante, la maltaise Roberta Metsola a elle aussi été reconfirmée à la présidence du Parlement européen, consolidant ainsi son leadership. Mais au milieu de ces événements, des voix dissonantes se sont élevées pour critiquer la situation politique actuelle, tant en France qu'au sein de l'Union européenne. Parmi elles, Manon Aubry, coprésidente du groupe La Gauche au Parlement européen, a livré une analyse incisive. Interrogée sur la situation politique française, Manon Aubry n'a pas mâché ses mots. "On a une forme de monarque républicain", a-t-elle déclaré à propos du président Emmanuel Macron. Selon elle, le président français a utilisé des "combines politiciennes" pour maintenir son gouvernement malgré les élections législatives défavorables à sa majorité. Elle a critiqué la récente élection de Yaël Braun-Pivet à la présidence de l'Assemblée nationale, soutenue selon elle par "des manœuvres politiques douteuses et l'appui de ministres démissionnaires : cela pose une question fondamentale de séparation des pouvoirs entre l'exécutif et le législatif. au final, le sentiment que ça donne, c'est de s'être fait voler l'élection. Les Françaises et les Français ont voté à trois reprises pour défaire Emmanuel Macron lors des élections européennes et lors des deux tours des élections législatives. Ils se réveillent un mois plus tard. Ils ont le même gouvernement et ils ont une présidente de l'Assemblée nationale qui est macroniste alors que les Français n'en veulent plus".Manon Aubry a également abordé les critiques adressées au Nouveau Front populaire, l'incapacité à désigner un candidat au poste de Premier ministre. Elle a rejeté la responsabilité sur Emmanuel Macron, l'accusant de confisquer le résultat des urnes : "C'est un coup de force antidémocratique, sans précédent qui doit ne réveiller aujourd’hui pas seulement les électrices et les électeurs du Nouveau Front populaire, mais tous les démocrates de ce pays qui sont attachés à ce que la voix qu'on exprime dans les urnes parle et soit suivie d'effets. Sinon à quoi bon aller voter ?" s’insurge-t-elle. Pour elle, former une coalition avec les macronistes ou l'extrême droite était inconcevable, soulignant les divergences profondes sur des sujets clés comme la réforme des retraites et les droits sociaux. "C’est désormais la responsabilité d'Emmanuel Macron d'appeler les responsables politiques du Nouveau Front populaire et de revenir à la raison plutôt que de passer en force comme il le fait", estime-t-elle.En ce qui concerne la réélection d'Ursula von der Leyen à la présidence de la Commission européenne, Manon Aubry et son groupe ont voté contre. La co-présidente de La Gauche au Parlement européen a critiqué le bilan d'Ursula von der Leyen : "Elle a réimposé l'austérité budgétaire qui se traduit par des coupes sans précédent dans nos services publics et notre protection sociale. C'est, dans le cas de la France, plus de 25 milliards d'euros, alors qu'une procédure pour déficit excessif vient d'être lancée par l'Union européenne", argumente-t-elle. Manon Aubry a également dénoncé une politique internationale à deux vitesses, avec un soutien ferme à l'Ukraine mais une indulgence vis-à-vis de Benjamin Netanyahu et de ses actions à Gaza : "À aucun moment, Ursula von der Leyen n'a pris les mesures qui s'imposaient, c'est à dire des sanctions à l'égard du gouvernement de Benjamin Netanyahu, un embargo sur l'envoi d'armes et la suspension de l'accord d'association entre l'Union européenne et Israël, alors qu'elle n'hésite pas une seconde à prendre des sanctions, là aussi à raison, contre le régime russe. Vous voyez ce deux poids, deux mesures ? Il est insupportable", déplore Manon Aubry.Manon Aubry a aussi pointé du doigt l'opacité au sein des institutions européennes, illustrée par l'affaire des SMS entre Ursula von der Leyen et le patron du géant pharmaceutique Pfizer concernant les contrats d'achat de vaccins. "Quand nous avons demandé l'accès public à ces contrats, on se souvient tous. On a eu des documents qui étaient largement barrés en noir et donc l'information n'était pas publique. Et la Cour de justice européenne, à juste titre, demande des comptes à la présidente de la Commission européenne et a jugé que la non divulgation de ces contrats était contraire au droit européen", rappelle-t-elle. "Et en cela, je l'ai dit très clairement, la place d'Ursula von der Leyen n'aurait pas dû être à cet instant, devant les députés européens à se présenter, puisqu'elle venait tout juste la veille de demander le report de ce vote par la Cour de justice européenne", explique Manon Aubry, rappelant par la même occasion que selon elle, les institutions n’ont pas appris du Qatargate, ce scandale de corruption qui a bousculé le Parlement européen en janvier 2023. "Tout est encore comme avant", assure-t-elle.Enfin la présidence tournante du Conseil de l'Union européenne par la Hongrie de Viktor Orban pose également problème selon la co-présidente de La Gauche au Parlement européen. "Elle est utilisée pour servir son projet d'extrême droite qui est, en beaucoup de points, similaire à celui de Jordan Bardella en France, qui siège désormais dans le même groupe au Parlement européen. Ça doit nous interroger collectivement sur la stratégie de résistance aussi contre l'extrême droite", alerte-t-elle, alors que pour la première fois deux vice-présidents du Parlement européen sont désormais issus du groupe de droite radicale ECR. "Je vois la tentation de la droite, mais aussi d'une partie des libéraux et même parfois de la gauche, à vouloir finalement se dire que, bon, ce sont des opposants politiques comme les autres et qu'on doit les traiter comme les autres […] Eh bien, à chaque fois qu'on laisse même une once de terrain, ce tout petit bout d'ongle à l'extrême droite, et bien l'extrême droite continue de progresser", conclut-elle. Emission préparée par Sophie Samaille, Perrine Desplats, Isabelle Romero et Elitsa Gadeva
Ursula von der Leyen fera un second mandat la tête de la Commission européenne. Les eurodéputés ont réélu l’Allemande pour cinq ans. Avec 401 voix en sa faveur sur 720, elle s’est appuyée sur la majorité du Parlement européen, constituée de son groupe du Parti populaire européen (PPE) au centre-droit, des Sociaux et démocrates, et des centristes de Renew. Mais elle a perdu des voix dans son propre camp et a eu besoin des voix des écologistes pour être réélue.  Pour convaincre les différents groupes, elle a présenté la politique qu’elle comptait mener durant ces cinq prochaines années : première préoccupation de la droite européenne, elle a affiché une volonté de renforcer la compétitivité de nos entreprises, et pour obtenir les suffrages des Verts, elle a annoncé un "Pacte pour une industrie propre".L’Allemande s’est montrée ferme sur le développement de la défense européenne et le soutien à l’Ukraine et a critiqué la soi-disant mission de paix lancée par le Premier ministre hongrois pro-russe, Viktor Orban, qui est récemment allé à Moscou discuter avec Vladimir Poutine, sans prévenir ses partenaires européens. Beaucoup d’enjeux pour cette commission von der Leyen 2 !Émission préparée par Sophie Samaille, Perrine Desplats, Isabelle Romero et Elitsa Gadeva
Alors que les élections législatives françaises n’ont pas porté le Rassemblement national au pouvoir, elles n’ont pas non plus été remportées par le parti présidentiel, Renaissance. Un nouveau revers pour le parti d’Emmanuel Macron après les mauvais résultats électoraux des élections européennes, où le groupe Renew Europe est tombé de 103 à 77 élus. Il devient la cinquième force politique du Parlement européen, derrière un nouveau groupe d’extrême droite "les Patriotes pour l’Europe". La présidente du groupe Renew Europe au Parlement européen, Valérie Hayer, revient sur ces élections et l’avenir de son groupe au sein de l'hémicycle.  "L'enjeu principal de ces élections et du résultat des élections législatives du 7 juillet était de faire barrage à l'extrême droite", rappelle l'eurodéputée française du groupe Renew Europe. "Je vois les dégâts causés par l'extrême droite partout en Europe : en Hongrie, avec Viktor Orban ou dans d'autres pays en Pologne avec le PiS, donc on avait un enjeu majeur pour notre pays, pour notre République, pour notre engagement européen, à s'assurer que l'extrême droite n'accède pas au pouvoir."Mais alors qu’aucun bloc n’a remporté la majorité à l’Assemblée nationale, Valérie Hayer reste prudente : "Tout reste à faire", estime-t-elle. "J'appelle toutes les forces républicaines, démocratiques, pro-européennes à se mettre autour de la table et à travailler sur un programme commun, par-delà leurs divisions, par-delà leurs divergences, par-delà leurs différences, dans l'intérêt du pays. C'est absolument nécessaire" : elle appelle à des coalitions dans l’Hexagone, en rappelant que c’est de cette manière que les groupes travaillent quotidiennement au sein du Parlement européen.Pour la présidente du groupe Renew Europe au Parlement européen, il en va de l’impact de la France sur la scène européenne : "l'influence de la France se joue à trois niveaux. D'abord le Parlement européen, et c'était important pour nous de préserver la présidence du groupe Renew. Parce que nous sommes le groupe centriste, central. Aucune majorité ne peut se faire sans nous. Donc on a une influence française qui est importante dans ce groupe en particulier, il y a l'engagement du président de la République. Et Emmanuel Macron est vu, indépendamment de la situation politique française, partout en Europe par les pro-européens comme le leader européen, le seul à avoir une vision du projet européen. [...] Mes collègues européens sont inquiets de la situation politique française, mais ils attendent encore beaucoup d'Emmanuel Macron, de la voix qu'il porte et de son leadership", estime-t-elle. Celle qui n’a réussi à mobiliser que 14 % des Français lors des élections européennes du 9 juin le reconnaît : "Évidemment que j'aurais aimé que le score soit meilleur. Évidemment que j'aurais aimé que l'écart avec l'extrême droite soit bien inférieur et que j'aurais même aimé qu'on soit devant. Évidemment, la réalité politique, c'est celle-ci, il faut en tirer les enseignements, tant au niveau européen qu'au niveau national. Ça a été une immense responsabilité, une immense fierté, un immense honneur pour moi que de mener cette liste."Quelques jours après la création du groupe "Patriotes pour l’Europe", composé de 84 eurodéputés d’extrême droite et mené par le président du Rassemblement national en France, Jordan Bardella, Valérie Hayer reste ferme : "Ils ne seront jamais en capacité de former une majorité au Parlement européen. Ils n'ont même pas une minorité de blocage. Donc en termes d'influence concrète sur les politiques publiques qu'on va mener, ça ne change absolument rien. Par ailleurs, Jordan Bardella s'est fait élire président de son groupe sans même avoir mis les pieds au Parlement européen. [...] Et ce groupe, quand on regarde ses alliés pendant toute la campagne des européennes et même pendant la campagne des législatives [...] il s'allie avec les pires eurosceptiques, avec des pro-Poutine assumés, avec Viktor Orban qui, alors même qu'il assure la présidence tournante de l'Union européenne depuis quelques jours, va faire une tournée et va voir Vladimir Poutine pour une soi-disant mission de paix alors qu'on sait ses accointances avec Vladimir Poutine et son absence de soutien à l'Ukraine", fulmine la présidente du groupe Renew Europe au Parlement européen. Valérie Hayer poursuit avec véhémence à propos de Viktor Orban, alors que la Hongrie a pris la présidence tournante du Conseil de l’UE pour six mois le 1er juillet dernier : "On savait que cette présidence allait être particulière au Parlement européen. On avait déjà alerté. J'avais alerté mon groupe en disant qu'on ne peut pas laisser Viktor Orban présider parce qu’il piétine l'État de droit. [...] À peine cinq jours après le début de sa présidence, il est déjà aux responsabilités et il se permet, au nom de l'Europe d'aller voir Vladimir Poutine, Donald Trump, Xi Jinping. Il porte des messages opposés à la position formelle de l'Union européenne. C'est scandaleux." Serait-il possible de boycotter des réunions informelles de l'UE prévues en Hongrie ? "Oui, on peut envisager ça", acquiesce-t-elle, "mais moi, je pense d'abord qu'il faut une décision politique des États en disant à Viktor Orban 'vous ne pouvez pas assumer la présidence de l'Union européenne' et on met quelqu'un d'autre à la place", tranche-t-elle. À quelques jours de la session constitutive à Strasbourg durant laquelle les 720 nouveaux députés européens seront amenés à voter la confiance sur la présidence d’Ursula von der Leyen à la Commission européenne, la députée européenne Renew Europe détaille ses exigences : "On a des demandes qui sont fortes. [...] D'abord aucun lien de près ou de loin avec l'extrême droite, quelle qu'elle soit : il y a le groupe de Giorgia Meloni, dans lequel siègent une partie des élus Reconquête! mais aussi les Polonais du PiS, qui ont saccagé l'État de droit à l'époque où ils étaient en responsabilité en Pologne. On exige d'Ursula von der Leyen qu'elle ne fasse aucun deal, aucune alliance politique avec eux, donc qu'on soit vraiment sur une coalition, une plateforme de soutien qui soit celle des pro-européens pour continuer de prolonger le projet." Ce projet, Valérie Hayer le précise et l’affirme, il s'agit "d'avancer sur la protection de l'État de droit, sur les enjeux de compétitivité, de réindustrialisation, de défense et de soutien à l'Ukraine. Donc, on a demandé à Ursula von der Leyen des engagements forts. Parmi les demandes qu'on lui a faites : ne pas détricoter le Pacte vert et prolonger pour accompagner socialement le Pacte vert. [...] Mais on a aussi une responsabilité collective à ce qu'on n'ait pas de chaos institutionnel dans les prochains jours. Et pour ça, il faut qu'elle prenne des engagements très fermes à la fois sur l'absence de deal avec l'extrême droite et aussi sur les priorités politiques", conclut-elle. Émission préparée par Sophie Samaille, Perrine Desplats, Isabelle Romero et Elitsa Gadeva
loading