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Invité international

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Ce dimanche 16 novembre 2025 se déroule le premier tour de l'élection présidentielle au Chili. Damien Larrouqué, maître de conférences en science politique et membre du Centre de recherche multidisciplinaire de l'université de Cergy, est l'Invité international de la mi-journée. RFI : Avant d'aborder les points précis de cette élection, pouvez-vous nous présenter un cadre général de ce scrutin, avec les forces en présence et les enjeux ? Damien Larrouqué : Tout à fait. Il y a huit candidats en lice, mais quatre qui vont véritablement compter. En premier lieu, la favorite pour le premier tour, qui est Jeannette Jara, qui est issue du Parti communiste, qui a été ministre du gouvernement de Gabriel Boric et qui incarne donc cette coalition de centre-gauche Unité pour le Chili. Vous avez ensuite, à droite, Evelyn Matthei, qui est la candidate de la droite conservatrice – dont le père était l'un des cadres du régime militaire – et maire d'une commune importante de la région de Santiago. Et vous avez ensuite deux candidats à l'extrême droite. José Antonio Kast, qui est un partisan d'une ligne à la fois ultra-libérale sur le plan économique et ultra-conservatrice sur le plan des mœurs – frère lui aussi, par ailleurs, d'un des cadres du régime militaire – qui était membre des fameux économistes « Chicago Boys » et dont c'est la troisième présidentielle, vraisemblablement, au second tour. Et vous avez ensuite le dernier en lice, Johannes Kaiser, qui est, lui aussi, un candidat de la droite ultralibéral, partisan d'un libertarianisme à la Miller et un peu le trublion qu'on n'attendait pas de dernière minute. Mais qui a eu une ascension assez exceptionnelle au cours des quelques dernières semaines et qui risque aussi d'avoir un impact sur cette élection. L'extrême droite pourrait revenir au pouvoir pour la première fois depuis la fin de la dictature de Pinochet. Qu'est-ce qui explique cette progression et son attrait auprès d'une grande partie de la population ? Les thèmes de campagne qui ont été mobilisés, in fine. On y reviendra peut-être, mais les questions d'insécurité, de l'immigration. Il faut savoir que le Chili a connu une immigration massive, notamment de migrants vénézuéliens, à la suite de la faillite de l'État du Venezuela. Cela entretient un certain nombre de frustrations vis-à-vis d'eux, parce qu'on accuse les Vénézuéliens de non seulement récupérer des emplois et de concurrencer les Chiliens sur le marché du travail, mais aussi, bien sûr, d'entretenir une forme de criminalité. Alors certes, cela a augmenté, il ne faut pas le nier, mais cela reste quand même monté en épingle par des médias dans un pays qui est historiquement assez tranquille sur ces questions. Pour aussi répondre à votre question, ce sont les contrecoups de cette grande révolte sociale qui a eu lieu en 2019 et 2020, juste avant le Covid. Une révolte dont l'objectif était de mettre à terre le système néolibéral qui est, au Chili, un modèle international. Parce qu'il faut savoir que sous Pinochet, c'est avec un mandat législatif d'avance sur Reagan et Thatcher que Chili a mis en place les premières mesures de néo-libéralisation échevelée. Le pays n'en est toujours pas sorti. Il y a eu une révolte sociale en 2019 et 2020, puis un processus constituant. Aujourd'hui, le jeu électoral se fait sur ces différents rebondissements de ces dernières années. Criminalité, immigration, deux thèmes importants au cours de la campagne. Il y a aussi la question fiscale qui semble primordiale au Chili, où le taux d'imposition est très faible. Les candidats se saisissent-ils de cette question ? Effectivement, c'est un enjeu qui est fondamental, mais totalement absent de la campagne alors qu'il est déterminant. Le problème du Chili, ce n'est pas son niveau de criminalité. Ou même le niveau d'immigration, qui n'a rien à voir, par exemple, si on le compare, avec la Colombie, voisine du Venezuela, qui, elle, a absorbé massivement cette immigration économique et politique vénézuélienne. On n'est pas du tout sur ces ordres de grandeur. En revanche, le Chili est malade de ses inégalités sociales. C'est l'un des pays où les inégalités sociales et socio-économiques sont les plus grandes au monde. C'est un pays où l'élite économique ne paye pas d'impôts, il faut le dire clairement. Un impôt qui est résiduel. La charge fiscale par rapport à la production, au PIB, à la richesse nationale est de l'ordre de 22 ou 23 %. Avec cela, vous financez les activités régaliennes et peu ce qui pourrait être l'éducation publique, le système de santé, etc. C'est un système fiscal qui est largement régressif, c'est-à-dire que le budget de l'État est supporté par les classes populaires, en particulier sur la TVA. Toutes les mesures qui auraient dû être conduites depuis le retour à la démocratie ne l'ont jamais été. Si bien que c'est un pays qui reste structurellement inégalitaire et économiquement fragile. À lire aussiLes Chiliens élisent un successeur à Gabriel Boric, gauche et extrême droite en tête des sondages
C’était il y a 40 ans, quatre journalistes, Robert Ménard, Rémy Loury, Jacques Molénat et Émilien Jubineau, décidèrent de fonder l’association, Reporters sans frontières, pour défendre la liberté de la presse, dénoncer la censure, soutenir le pluralisme et plaider pour le droit à l’information. Aujourd’hui, l’organisme, soutenu par un large réseau de correspondants dans le monde, a des bureaux sur les cinq continents. Comment l'ONG a-t-elle évolué ? Comment défendre les journalistes ? Éléments de réponse avec Thibaut Bruttin, directeur général de Reporters sans Frontières (RSF).
Les attaques de colons israéliens sont de plus en plus fréquentes et de plus en plus violentes dans les territoires palestiniens, selon l'ONU. Une recrudescence qui pèse sur la récolte des olives en Cisjordanie occupée, où une mosquée a été vandalisée par des colons qui sont « souvent accompagnés ou protégés par des soldats israéliens ». Deux adolescents palestiniens de 15 ans ont été tués par l'armée israélienne qui les présente comme des « terroristes en passe de perpétrer une attaque ». Ce nouvel incident intervient alors que de plus en plus de voix dénoncent les violences qui ont atteint en octobre un pic inédit en près de deux décennies. Entretien avec Jean-Paul Chagnollaud, professeur émérite des Universités, président d’honneur de l’IReMMO et co-auteur du livre Atlas du Moyen-Orient, éditions Autrement. RFI : Comment expliquer cette recrudescence des violences en Cisjordanie occupée ces dernières semaines ? Est-ce qu'il y a un lien avec le cessez-le-feu, qui est fragile, mais qui tient parallèlement à Gaza ? Jean-Paul Chagnollaud : Je crois qu'il faut d'abord rappeler le contexte. C'est vrai que maintenant, depuis plus de deux ans, les Nations unies montrent à quel point, dans leurs statistiques, le nombre d'attaques a très sensiblement augmenté. Il y a vraiment des violences terribles, et en particulier par des milices de jeunes colons, souvent religieux, ou en tout cas liés à des organisations ou des associations religieuses, et qui sont particulièrement dans une violence débridée. Je crois que votre hypothèse du lien avec le cessez-le-feu a sans doute du sens, c'est difficile à vérifier. Mais c'est vrai qu'aujourd'hui, on a le sentiment que tout pourrait aller mieux à Gaza, ce qui est évidemment une illusion absolue. Le cessez-le-feu est fragile et l'avenir est pour le moins incertain. Mais en tout cas, on oublie complètement la Cisjordanie, dont je rappelle d'ailleurs que la Cisjordanie n'est pas mentionnée dans le plan Trump. Comme si, au fond, la colonisation qui y est établie pourrait se poursuivre. Donc, les plus déterminés parmi les colons violents ont une espèce d'espace assez libre pour agir comme ils le souhaitent. Ils savent qu'ils ont le soutien du gouvernement et de l'armée. Justement, ils sont de plus en plus jeunes, c'est ce que dit l'ONU. Il y a cette stratégie du fait accompli. Mais très peu d'auteurs finalement de ces attaques ont été poursuivis par les autorités israéliennes. Ils sont effectivement protégés ? C'est extrêmement clair. On ne peut même pas parler de deux poids, deux mesures, entre ce que subissent les Palestiniens comme punition quand ils s'engagent dans la violence, et les Israéliens et les colons israéliens quand ils le font. Les colons israéliens ont toujours été dans l'impunité la plus totale. De temps en temps, il y a une vague commission d'enquête qui n'aboutit jamais à aucun résultat. C'est extrêmement clair. Alors que, en ce qui concerne les Palestiniens, la moindre intervention peut leur coûter très cher, y compris d'ailleurs la mort. Je rappelle qu'en deux ans, il y a eu pratiquement 1 000 victimes. Ce sont encore les chiffres des Nations unies, 1 000 Palestiniens qui ont été tués soit par l'armée, soit par les colons. Donc, on voit bien la différence. Il y a un projet de loi qui est en discussion à la Knesset, qui est dans une première lecture sur le rétablissement de la peine de mort contre les terroristes. En fait, c'est une peine de mort, non pas en soi, mais uniquement contre les Palestiniens. Donc, c'est à suivre de très près et ça rentre malheureusement dans ce schéma d'une radicalisation constante du gouvernement israélien et d'une partie, malheureusement, de la société israélienne. Ce qu'on évoque là, c'est bien la société israélienne elle-même. Vous dénoncez l'impunité, mais comment est-ce que vous interprétez la déclaration du chef de l'armée israélienne ? Il a affirmé mercredi 12 novembre vouloir mettre fin aux attaques commises par des colons juifs en Cisjordanie occupée. L'armée est accusée par les Palestiniens de plutôt fermer les yeux, voire d'encourager ces colons israéliens. Comment vous avez perçu cette déclaration ? Je crois qu'il y a deux interprétations possibles. La première, c'est qu'il estime effectivement qu'il faudrait arrêter ces violences. Mais ça, malheureusement, ça n'a pas beaucoup de sens parce que c'est une politique d'État qui est derrière, ce n'est pas seulement quelques colons. Ou bien, il le fait pour des raisons purement tactiques, en faisant semblant de penser qu'il puisse y avoir une impunité, que ces personnages puissent être, disons, freinés, voire punis. Donc, c'est un geste dont l'interprétation est ambivalente, parce que si vraiment on voulait y mettre un terme, c'est toute une politique qu'il faudrait remettre en question, et c'est exactement l'inverse qui se passe. Ces colons violents ne sont que la pointe avancée d'une colonisation systématique et extrêmement dense. Je rappelle juste un élément important : c'est le gouvernement qui a décidé de lancer ce fameux projet E1, qui est une colonisation qui se trouve entre Ma'aleh Adumim et Jérusalem et qui aboutirait à couper en deux la Cisjordanie. Et ça, ce ne sont pas les colons violents, c'est le gouvernement qui l'a décidé. C'est un projet qui date des années 1990 et qui a toujours été empêché par la communauté internationale et les États-Unis en particulier. Et là, c'est l'inverse, l'administration Trump a donné son feu vert. Quand le président israélien Isaac Herzog, lui aussi, condamne une descente particulièrement violente de colons, ces derniers jours, près de Tulkarem, dans le nord de la Cisjordanie. Est-ce que ça peut avoir un effet, selon vous ? Je ne crois pas, malheureusement. Parce qu'une fois encore, si vraiment il allait au bout de son discours, il faudrait dire : "On remet en question la colonisation", ce qui est absolument exclu puisque c'est une politique d'État depuis très longtemps. Donc, ce sont des paroles qui tendent à montrer, du point de vue de la communauté internationale, qu'on est en désaccord avec ces violences. Mais en réalité, c'est un cadre plus global de la politique israélienne de colonisation qui permet ces violences-là. Je crois que c'est ça la réalité, malheureusement. Une manifestation d'associations israéliennes a été empêchée ce matin, avec des organisations comme Peace Now (« La Paix maintenant »). Ce sont des voix, il faut le dire, minoritaires dans la société israélienne. Mais cette mobilisation, le fait que ces associations aient tenté de se mobiliser, c'est déjà important pour vous ? Le camp de la paix tel qu'il existait, disons à l'époque d'Oslo, ça nous ramène à il y a très longtemps, a presque disparu. Mais il y a encore des gens courageux qui essaient de reprendre ce flambeau. Peace Now et quelques autres. Et c'est vrai qu'il y a une fraction de la société israélienne qui se rend bien compte des impasses où conduit cette politique de colonisation. Et malheureusement, ils sont, comme vous le dites, assez minoritaires, et donc, eux aussi, subissent une répression de la part des autorités israéliennes. C'est ça le schéma qui perdure. À lire aussiDes habitants de villages palestiniens voient leur statut de résidence modifié par Israël
Les États-Unis renforcent encore leur présence militaire dans la mer des Caraïbes. Ils ont envoyé leur plus gros porte-avions et continuent de frapper les bateaux que Washington présente comme transportant de la drogue. Le Venezuela est directement mis en cause comme soutien des trafiquants, mais il n'est pas le seul à s'inquiéter. La Colombie de Gustavo Petro a indiqué suspendre les échanges de renseignements de Bogota avec Washington « tant que les attaques par missile contre des bateaux se [poursuivraient] ». Entretien avec Pascal Drouhaud, spécialiste de l'Amérique latine et des relations internationales, président de l’association LATFRAN et chercheur associé auprès de l’Institut Choiseul.
Deux mois après la reconnaissance de l'État de Palestine par la France, Mahmoud Abbas est en visite à Paris ce 11 novembre. Le président de l'Autorité palestinienne vient parler avec Emmanuel Macron de la suite de l'accord de cessez-le-feu à Gaza, des prochaines étapes du plan Trump pour le territoire. Mais aussi réaffirmer la nécessité de se réformer pour prendre en charge la gouvernance de Gaza. Entretien avec Anwar Abu Eisheh, professeur de droit, ancien ministre de la Culture de l’Autorité palestinienne. À lire aussiMahmoud Abbas effectue sa première visite en France en tant que président de l’État de Palestine
Ahmed al-Charaa est reçu, lundi 10 novembre, à la Maison Blanche par le président américain Donald Trump. Une visite inédite et importante pour le président intérimaire syrien, ancien jihadiste et ancien membre du groupe État islamique. Le dirigeant œuvre, depuis la chute de Bachar el-Assad, pour mettre fin à l'isolement international de son pays. Il pourrait rejoindre la coalition occidentale qui lutte contre ce mouvement terroriste. Entretien avec Thomas Pierret, chercheur à l'IREMAM, un laboratoire rattaché au CNRS, et à Aix-Marseille Université, spécialiste de la Syrie et auteur de Baas et Islam en Syrie (PUF).
Il y a tout juste six mois, le cardinal américain Robert Francis Prevost était élu pape. Devenu Léon XIV, il a succédé au pape François. Comment qualifier ces six premiers mois de pontificat ? Pour faire un premier bilan, nous recevons Antoine-Marie Izoard, ancien vaticaniste et directeur de la Rédaction de Famille Chrétienne. À lire aussiLéon XIV: un pontificat américain entre tradition et rupture
Emmanuel Macron entame sa première visite officielle au Mexique depuis la prise de fonctions de la présidente Claudia Sheinbaum. Le Mexique est le premier pays latino-américain investisseur en France, tandis que la France se classe comme le onzième investisseur étranger au Mexique. Emmanuel Macron a parlé de « resserrer les liens politiques et stratégiques » entre la France et le Mexique. Quels sont les principaux enjeux pour les deux pays dans cette relance bilatérale ? Pour en parler, Hélène Combes, directrice de recherche au CNRS rattachée au Ceri de Sciences Po. Autrice de De la rue à la présidence, Foyers contestataires à Mexico, CNRS Éditions.
La Tanzanie peine à se remettre d'une semaine passée particulièrement sanglante. On commence à avoir plus d'informations sur la répression violente qui a suivi la réélection contestée de la présidente Samia Suluhu Hassan, avec 98% des suffrages, et marquée par de nombreuses tricheries selon l'opposition et des observateurs étrangers. Plusieurs ONG parlent de civils, souvent jeunes, tués en représailles, parfois chez eux. Il est toujours difficile, par contre, d'estimer le nombre de victimes ; certaines sources évoquent qu'elles se comptent par centaines, voire par milliers. Les explications d'Alexis Deswaef, président de la Fédération internationale des droits humains.
Le front se déplace et les combats s'étendent au Soudan. Après avoir pris el-Fasher, capitale du Darfour-Nord, les paramilitaires du général Hemedti assiègent désormais la ville stratégique d'el-Obeid, pendant que les violences continuent dans la région voisine du Darfour. De lourdes accusations pèsent depuis plusieurs mois sur les Émirats arabes unis, qui fournissent des armes aux Forces de soutien rapide (FSR) via le Tchad. Entretien avec Marc Lavergne, directeur de recherche émérite au CNRS, directeur au laboratoire CITERS de l'université de Tours et spécialiste du Soudan.
Les neuf juges de la Cour suprême des États-Unis se penchent ce mercredi 5 novembre sur la question de la légalité des droits de douane instaurés par la Maison Blanche. Une affaire qui pourrait entraîner des répercussions sur l'économie mondiale et qui constitue un test important pour le pouvoir du président républicain, élu pour un second mandat, il y a un an jour pour jour. Des États démocrates et des entreprises ont contesté, il y a quelques mois devant la justice internationale, le texte sur lequel s’est appuyé Donald Trump pour mener sa guerre commerciale à l’encontre des pays. La décision de la Cour suprême n’est pas attendue avant le début de l’année prochaine. Entretien avec Anne Deysine, professeure émérite à l’université Paris-Nanterre et auteure de : Les juges contre l’Amérique, paru aux Presses Universitaires de Paris-Nanterre. À lire aussiLes États-Unis imposent de nouveaux droits de douane aux camions et aux bus, visant le Canada et le Mexique
Polémique en Israël autour de la procureure militaire Yifat Tomer-Yerushalmi en détention désormais. Inculpée trois jours après sa démission, on lui reproche d'avoir communiqué à la presse des vidéos montrant des sévices et un viol imposé à un détenu palestinien par des soldats israéliens. La droite et l’extrême droite accusent l’ex-magistrate de trahison, considérant qu’elle entache la réputation des militaires en temps de guerre. La gauche quant à elle estime que le débat porte sur la responsabilité éthique de dénoncer les sévices contre les détenus palestiniens. Entretien avec Nitzan Perelman-Becker, docteure en sociologie politique à l'Université Paris Cité et co-fondatrice du site Yaani. Autrice de Anatomie de la droite israélienne, à paraître chez Agone en avril 2026. RFI : La procureure générale de l'armée israélienne Yifat Tomer-Yerushalmi a été inculpée pour fraude et abus de confiance, abus de fonction, entrave à la justice et divulgation d'informations par un fonctionnaire parce qu'elle avait communiqué à la presse – elle l'a reconnu en fin de semaine dernière –, une vidéo montrant partiellement les sévices et le viol commis par des soldats israéliens contre un détenu palestinien. Ces révélations datent de juillet 2024. Pourquoi la procureure a choisi de démissionner maintenant ? Nitzan Perelman-Becker : Tout d'abord, je voudrais expliquer ce qu'est Sde Teiman. C'est une base militaire qui a servi depuis octobre 2023 comme un camp de détention où il y avait énormément de Gazaouis qui se retrouvaient sans même savoir pourquoi ils étaient là. Il y avait énormément de témoignages, y compris d'organisations israéliennes comme Physicians for Human Rights, qui racontent des tortures de manière quotidienne dans ce camp de détention. Et il y a une seule histoire, donc, qui sort, qui est publiée dans la presse. Ce viol d'un Palestinien qui arrive aussi à l'hôpital. On ne sait pas qui a publié la vidéo, mais la vidéo est publiée partout. Des organisations nationalistes de droite, avec les soldats qui ont commis le viol, demandent au tribunal de faire une enquête pour découvrir qui l'a publiée. Le tribunal sollicite l'armée. L'armée mène une enquête, et [selon les conclusions], on ne sait pas qui a publié la vidéo. Mais tout d'un coup, on découvre à la fin du mois d'octobre 2025, que c'était justement l'ex-procureure générale de l'armée israélienne, Yifat Tomer-Yerushalmi, qui a publié elle-même la vidéo, et elle admet que c'était bien le cas. Elle dit qu'elle l'a fait pour s'opposer à la propagande « contre les forces de l'ordre de l'armée ». Elle veut montrer que l'armée fait ses enquêtes. Et donc elle publie la vidéo. Cela a créé énormément de polémique. Il y a énormément de pression sur elle, notamment de militants de droite. Elle écrit une lettre de suicide qu'elle laisse à sa famille. On ne la retrouve pas pendant quelques heures, puis on la retrouve à côté de la mer, on ne retrouve pas son téléphone. Et jusqu'à aujourd'hui, on cherche son téléphone. Elle est arrêtée, elle est toujours en détention. Beaucoup de pression sur elle, vous nous dites. Neuf soldats avaient été mis en cause pour ce viol et ces sévices. Où en est la procédure qui les concerne aujourd'hui ? En ce qui les concerne, la procédure est toujours en cours. Mais ce qui est intéressant de savoir, c'est que du point de vue de la société israélienne, le problème n'est pas l'acte qu'ils ont commis, mais bien l'acte de l'ex-procureure générale. Benyamin Netanyahu, le Premier ministre israélien, dit même qu'elle a provoqué la plus grande attaque médiatique que le pays n'a jamais connue. Donc, bien sûr, ils ne parlent pas de ce que beaucoup de juristes, historiens et organisations internationales appellent le génocide à Gaza et tous les crimes commis par l'État d'Israël dans le cadre du génocide. Ils ne parlent pas non plus de Sde Teiman, de toutes les actions, de toutes les tortures qu'il y avait pendant des mois et des mois dans cette base militaire. Le journal Haaretz, effectivement, soulignait, comme vous l'évoquiez à l'instant, le fait que cette affaire faisait tellement de bruit qu'on en oubliait ce qui s'était passé sur la base militaire de Sde Teiman. Est-ce que cela préoccupe en Israël, au-delà du pouvoir politique, de la droite et de l'extrême droite ? Bien évidemment, et ce qu'il faut comprendre, c'est qu'il y a une vraie fracture entre le gouvernement au pouvoir qui place l'identité juive et la domination juive sur les institutions étatiques et le centre gauche sioniste qui place d'abord les institutions étatiques. Et eux disent que cette affaire met en péril l'image de l'armée et l'image de l'État. Ils insistent pour qu'on ne critique pas l'ex-procureure générale, mais bien évidemment la droite qui est au pouvoir demande de ne même pas qualifier ce viol comme un crime. On voit des parlementaires, on voit des membres du gouvernement et aussi, bien sûr, des organisations de droite qui soutiennent ces soldats qui ont commis ce viol en disant très clairement qu'il ne s'agit pas d'un crime. Cela avait déjà été le cas d'ailleurs l'année dernière, avec des manifestations pour soutenir les soldats. L'extrême droite, vous nous le disiez, les avait largement soutenues aussi en allant jusqu'à justifier le viol. Est-ce que c'est compatible avec la position que défend le gouvernement en disant que les droits des prisonniers sont respectés dans les centres de détention ? Bien évidemment, il faut juste écouter le discours du ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, et de voir les vidéos qu'il publie des prisons israéliennes pour comprendre à quel point il légitime ce genre d'action, c'est-à-dire le fait de torturer les prisonniers palestiniens qui sont parfois même des otages parce qu'ils se trouvent dans les prisons israéliennes, et ils ne savent même pas pourquoi ils sont là, ils n'ont même pas recours à un avocat et donc ils doivent être considérés du point de vue du droit international comme de vrais otages. Et là, on voit le discours d'Itamar Ben-Gvir qui légitime toute action violente contre eux. On voit même que la peine de la mort est prévue par le gouvernement contre les détenus palestiniens. Et donc, ça représente effectivement la ligne du gouvernement, notamment la ligne d'Itamar Ben-Gvir qui est chargé de la police. À lire aussiIsraël: l'ex-procureure générale de l'armée arrêtée pour la fuite d'une vidéo de viol dans une prison
Le parti démocrate est toujours complètement figé, pas encore remis de sa défaite à la présidentielle aux États-Unis. Pourtant, à un an des législatives de mi-mandat, et à l’occasion des élections ce mardi 4 novembre 2025, à New York, dans le New Jersey et en Virginie, des millions d’électeurs vont donner une indication sur ce que la formation politique pourrait devenir. Des voix se font entendre pour faire pencher la barre plus à gauche, avec l'émergence de figures comme le probable futur maire de New-York, le socialiste Zohran Mamdani. L’analyse de Serge Jaumain, professeur d’Histoire contemporaine à l’ULB et co-directeur du Centre interdisciplinaire d’étude des Amériques (AmericaS). À lire aussiMunicipales à New York: le coût de la vie enjeu central du scrutin
La nouvelle saison des prix littéraires est ouverte. Le plus emblématique, le prix Goncourt sera décerné mardi 4 novembre. À quoi sert un prix littéraire ? Est-ce-que les applications, les supports et les nouvelles pratiques de lecture jouent sur le choix des lecteurs ? Qu'est-ce qui donne envie de lire un livre plutôt qu'un autre ? Sarah Sauquet, professeure de lettres, créatrice d’applications littéraires, autrice de Les 1000 livres qui donnent envie de lire (Glénat, 2022) est l’invitée internationale de la mi-journée de RFI dimanche 2 novembre. À lire aussiLe Grand Prix du roman 2025 de l'Académie française attribué à l'autrice haïtienne Yanick Lahens À lire aussiPercival Everett, le prix Pulitzer 2025, libère l'esclave de Mark Twain
Samedi 1er novembre marque un an depuis le début d'intenses manifestations en Serbie, contre la corruption et le régime d'Aleksandar Vučić, déclenchées après l’effondrement mortel d’un auvent en gare de Novi Sad. Des dizaines de milliers de personnes se recueillent dans tout le pays, dont une large partie demande de nouvelles élections libres. Est-ce que cet accident a changé le pays ? François Lafond, ancien expert technique français auprès du gouvernement serbe et auteur de la note La Serbie et les défis à l’Occident, pour l’Institut Montaigne, est l’Invité international de la mi-journée de RFI. À lire aussiSerbie: des milliers d’étudiants en route vers Novi Sad pour commémorer le drame un an après À lire aussiSerbie: un an après, la tragédie de Novi Sad a profondément transformé le pays
Pour la première fois en France, les députés ont adopté jeudi 30 octobre une proposition du Rassemblement national. Ce texte vise à dénoncer l'accord franco-algérien de 1968 signé six ans après la fin de la guerre d'Algérie. Une résolution qui n'a aucune valeur législative certes, mais la cheffe de file du RN à l'Assemblée nationale Marine Le Pen a néanmoins demandé au gouvernement de tenir compte de ce vote. Décryptage avec Emmanuel Alcaraz, professeur agrégé en histoire, chercheur au laboratoire de recherche Mesopolhis à Aix-en-Provence. Emmanuel Alcaraz est l'auteur du livre France-Algérie : de tragédies en espérance (éditions Golias 2024)
La rencontre entre Xi Jinping et Donald Trump en Corée du Sud a été qualifiée de grand succès par le président américain. Son homologue chinois à quant à lui appeler à finaliser dès que possible les résultats de cet entretien. Quel bilan tirer de cette rencontre entre les deux dirigeants ? Éléments de réponse avec Jean-François Huchet, professeur d’économie et président de l’Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco).
Lors d'un briefing mardi 28 octobre, Volodymyr Zelensky a déclaré avoir besoin du soutien des dirigeants européens pour deux ou trois années de combats supplémentaires face à la Russie. Le président ukrainien a-t-il raison de craindre une prolongation du conflit ? Éléments de réponse avec Alain de Nève, chercheur au Centre d'études de sécurité et de défense de l'Institut royal supérieur de défense à Bruxelles
Dimanche 26 octobre, le parti du président argentin Javier Milei a largement remporté les élections législatives partielles en récoltant plus de 40% des voix. Décryptage de David Copello, maître de conférences en sciences politiques et spécialiste de l’Argentine à l’Institut catholique de Paris. À lire aussiArgentine : le parti du président Javier Milei remporte largement les législatives de mi-mandat
Le sommet de l’Asean, l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est qui s'est ouvert ce dimanche à Kuala Lumpur en Malaisie, est dominé par la présence de Donald Trump. Il a co-signé un accord de cessez-le-feu entre le Cambodge et la Thaïlande. Les discussions commerciales figurent également au menu de cette rencontre. Le président américain se rendra ensuite au Japon et en Corée du Sud. Il rencontrera par ailleurs, au cours de son périple dans la région, son homologue chinois Xi Jinping. Quels sont les enjeux de ce déplacement ? Pour en parler, Christine Cabasset, docteure en géographie, ex-directrice adjointe de l’Institut de recherche sur l’Asie du Sud-Est contemporaine à Bangkok et associée au programme Asie-Pacifique de l’IRIS, est l'invitée internationale de la mi-journée de RFI. À lire aussiAccord de paix Cambodge-Thaïlande: Donald Trump se présente en faiseur de paix au sommet de l'Asean À lire aussiTrump en Asie: un voyage sous tension, entre enjeux commerciaux et bras de fer diplomatique



