L'autre scène

L’objectif du Podcast est d’ouvrir un terrain qui échappe aux polarisations les plus délétères pour penser le réel et contribuer à maintenir en vie un débat contradictoire. Il propose des réflexions brèves sur des sujets d’actualité et des thématiques plus intemporelles dans la perspective des sciences humaines. Il présente aussi des articles ou livres récents ou plus anciens qui permettent de contextualiser des débats courants.

Prière de confondre théorie critique et théorie de la conspiration (Th. Simonelli)

La notion actuelle de la « théorie de la conspiration » repose sur la définition qu’en donnait le philosophe autrichien Karl Popper dans les années 1960.Si Popper est surtout connu pour ses travaux sur les sciences naturelles, sa réflexion s’étendait aussi aux sciences sociales. C’est dans ce contexte, en rapport au critère de démarcation entre « vraies » et « fausses » sciences, que Karl Popper proposait la notion de la « théorie conspirationniste de la société ».Ainsi, Popper est, avec son ami, l’économiste Karl Friedrich von Hayek, le premier penseur de la théorie de la conspiration.Il est bien connu que Popper a introduit un critère de démarcation entre vraies sciences et pseudosciences en sciences naturelles. Et, on oublie donc parfois qu’il a fait de même pour les sciences sociales.En sciences sociales aussi, il y a lieu, selon Popper, de distinguer entre les vraies sciences sociales et les pensées de l’histoire, de la politique ou de la société qui seraient erronées par principe. Pour illustrer cette distinction à la lumière d’un exemple concret : les vraies sciences de la société seraient par exemple les théories économiques et sociales de Friedrich von Hayek ou de Milton Friedman. Une fausse science, ou une pseudoscience économique ou sociale serait celle de Marx.De fait, et même s’il a occasionnellement nuancé cette appréciation, Popper pense que les analyses et les réflexions marxiennes représentent l’exemple même d’une pseudoscience. Et, allant plus loin : elles représentent l’exemple même d’une théorie de la conspiration. Car l’équivalent des pseudosciences en sciences naturelles sont les théories conspirationnistes de la société en sciences sociales.Qu’est-ce qu’alors qu’une théorie conspirationniste de la société ?Pour Popper, une théorie conspirationniste est une théorie qui voit dans les événements du monde social et historique les résultats d’intentions de personnes ou de groupes puissants. Penser que les phénomènes sociaux, politiques et surtout économiques puissent être voulus, dirigés, contrôlés ou du moins gérés est, pour Popper, le signe le plus clair du conspirationnisme.On comprend alors pourquoi la pensée Marxienne peut apparaître comme une théorie de la conspiration aux yeux de Popper. En concevant l’histoire humaine comme histoire de luttes de classe, Marx suppose en effet, que les faits politiques et économiques soient déterminés par des intérêts et des intentions.Dans la même veine, on pensera évidemment aussi à la sociologie de Max Weber qui, contrairement à Durkheim, tentait d’expliquer les faits sociaux de par leur sens, c’est-à-dire aussi de par les intentions des acteurs sociaux. Voilà donc les deux représentants les plus fameux de théories conspirationnistes en sciences sociales.En fait, selon Popper, il n’y a rien de particulièrement nouveau dans les théories conspirationnistes de la société. Car le « conspirationnisme » ou la pseudoscience sociale, ne représente qu’une version sécularisée du théisme traditionnel :« Cette théorie, qui est plus primitive que la plupart des formes de théisme, s'apparente à la théorie de la société d'Homère. Homère concevait le pouvoir des dieux de telle manière que tout ce qui se passait dans la plaine devant Troie n'était qu'une réflexion des diverses conspirations sur l'Olympe. La théorie de la conspiration de la société n'est qu'une version de ce théisme, de la croyance en des dieux dont les caprices et les volontés gouvernent tout. Elle découle de l'abandon de Dieu et de la question suivante : « Qui est à sa place ? » Sa place est alors occupée par divers hommes et groupes puissants - des groupes de pression sinistres, à qui l'on reproche d'avoir planifié la grande dépression et tous les maux dont nous souffrons. »Popper, K. R. (2002 1963). Conjectures and Refutations : The Growth of Scientific Knowledge. Routledge, p. 165-166)

10-23
12:27

La passion de punir (Th. Simonelli)

Par-delà le débat actuel sur les conceptions juridiques et philosophiques, il existe une « part maudite », voilée, qui se cache derrière les discussions rationnelles sur le châtiment. (Texte par Th. Simonelli. Lu par l'auteur.)

10-17
07:25

Recommend Channels