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Author: Le Lobby

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Écoutez, c'est la voix des concerné•es ! Le Lobby LGBTI+ est enfin sur écoute, un mardi par mois à 20h sur Radio Campus Paris, et en podcast tous les vendredi.
112 Episodes
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Cette semaine, on s'intéresse à une pratique souvent évacuée par les pouvoirs publics et pourtant pas si impopulaire : la GPA. 75% des Français.es y sont favorables, et pourtant la GPA est loin d'être à l'ordre du jour dans l'agenda gouvernemental. Alors chaque année, couples gays et hétérosexuels sont de plus en plus nombreux à se rendre à l'étranger pour faire appel à une mère porteuse. Mais depuis la dernière révision de la Loi Bioéthique en 2021, les démarches pour transcrire l'État civil des enfants en France sont beaucoup plus compliquées. On en parle avec : — Michael Siegel, père d'une fille de 2 ans née par GPA au Canada et membre de l'APGL, association des parents gays et lesbiens — Clélia Richard, avocate experte de la GPA, membre de l'APGL. L'équipe de l'émission Présentation : Juliette Mouëllic Réalisation : Colin Gruel
Le 20 juin, c'était la journée mondiale des réfugié.e.s. À cette occasion, on parle des parcours semés d'embûches de exilé.e.s LGBT+. Vous n’êtes pas sans savoir que depuis les élections européennes, la France est sous tension. Disons qu’elle l’était déjà avant, que la montée de l’extrême droite inquiétait, mais l’énorme taux de vote en faveur du RN suivie de l'inattendue dissolution de l’Assemblée Nationale par le président de la république a réellement fait l’effet d’une bombe dans le paysage politique et social, elle a fait naître la crainte fondée que l’extrême droite pourrait siéger à l’assemblée non dans 3 ans, soit aux prochaines élections présidentielles, mais là, maintenant, en juillet 2024. Nous avons très peu de temps pour nous organiser, gauche antifasciste, écolos et consorts, afin de ne pas laisser les fachos nous submerger davantage.  Si le RN remporte une majorité de sièges à l’assemblée, les premières victimes seront - oh surprise ! - les personnes les plus précaires, déjà marginalisées, en premier lieu, les exilé.e.s. Puisque nous sommes au Lobby, en ce lendemain de journée mondiale des réfugié.e.s, nous nous intéressons cette semaine aux exilé.e.s queers. Pour en parler, nous recevons : • Christophe Caulier, co-président de l'Ardhis • Booba Camara, membre du conseil d'administration de l'Ardhis Le site internet de l'Ardhis : https://ardhis.org/ Le Lobby : Comment vous avez vécu ces derniers jours ? Christophe Caulier : C'était des journées assez pénibles pour ne rien vous cacher. On a essayé de communiquer de façon pas trop anxiogène auprès des demandeurs d'asile que nous accompagnons et en même temps en essayant au maximum de ne rien dissimuler quant aux enjeux en cours. Ça s'agite beaucoup dans le microcosme LGBT+ et également dans le microcosme de l'accompagnement des demandeurs d'asile et des réfugiés. On essaie de se réunir, on essaie d'échanger, on essaye de discuter. On n'est pas tous complètement sûrs que ça change quoi que ce soit. Les électeurs ont l'air assez déterminés dans leur vote. Ça a l'air d'être malheureusement assez stabilisé. On est quelques uns et quelques unes à essayer d'anticiper l'avenir, à essayer de voir un petit peu quelles pourraient être les premières mesures du RN si jamais le RN obtient une majorité à l'Assemblée nationale.  Booba Kamara : Oui, comme l'a dit Christophe, ces dernières semaines ont été très plus agitées. Avec l’ARDHIS, nous avons des actions d'envergure. Nous nous sommes retrouvés sur différents sites pour pouvoir exprimer pas forcément notre ras le bol, mais exprimer nos inquiétudes face à la montée en puissance du RN. Et c'est une situation qui n'est pas faite pour nous arranger. Parce que nous, dans un premier temps, en tant que demandeurs d'asile ou réfugiés, vu les différentes persécutions et les violences que nous avons subi dans nos différents pays d'origine, cette position du RN à l'Assemblée nationale sera très inquiétante et pour les futurs réfugiés, ça sera catastrophique. Le Lobby : On a régulièrement reçu des invités pour nous parler de la situation des LGBT dans le monde. Je pense à Igor Chervinsky, un militant ukrainien réfugié en France, ou encore Sébastien Tüller qui nous avait parlé de la situation en Ouganda il y a quelques mois. D'ailleurs, vous pouvez écouter ou lire nos entretiens sur le site de Radio Campus. On sait que les droits des personnes LGBT sont complètement inégaux dans le monde et la France jouit plutôt d'une image positive quant à l'immigration, c'est un pays vu comme assez accueillant, notamment envers les LGBT. Peut être que vous pouvez un peu nuancer cette image,Christophe et Booba. Christophe Caulier : Je vais partir d'un exemple que je cite assez souvent. Quand en 2013, il y a eu les débats autour du mariage pour tous en France, ils ont été relayés dans un certain nombre de pays francophones parmi nos ex-colonies. Il y a un proverbe ivoirien qui dit “quand il pleut à Paris, Abidjan est mouillé.” Et c'est vrai qu'en 2013, un certain nombre de personnes qui n'avez peut être pas accès aux informations auparavant ont ainsi découvert qu'en France, et puis plus généralement en Europe, il y avait un certain nombre de lois protectrices à l'endroit des personnes LGBT. Et ça a contribué comme ça à asseoir auprès des personnes LGBT dans leur pays d'origine respectifs, une certaine image positive de la France et en parallèle à dégrader l'image de la France auprès des personnalités politiques les plus réactionnaires des dits pays. Pour l'heure, je ne sais pas exactement dans quelle mesure les dernières évolutions -il y a les législatives-, mais bien avant, malgré tout, il y a eu la nouvelle loi asile immigration qui a quand même été assez sévère sur l'accueil, en tout cas des demandeurs d'asile et des personnes réfugiées, LGBT ou non, en France. Il y a eu ensuite assez rapidement les nouvelles directives européennes en matière d'asile, qui sont une catastrophe puisqu'en fait on voit se dessiner une tendance très, très inquiétante, c'est à dire faire une espèce de pré tri aux frontières européennes, mais à l'extérieur des frontières européennes. Déterminer si les personnes ont vocation ou non à entrer sur le territoire européen pour y déposer une demande d'asile. Donc tout ça s'inscrit dans une continuité navrante. Je ne suis pas en mesure de vous dire très exactement comment toutes ces informations se sont déjà un petit peu propagées, en tout cas dans les milieux LGBT militants des pays de la francophonie. Le Lobby : Et vous Booba, comment vous avez connu l’ARDHIS et ça fait combien de temps que vous êtes en France? Booba Camara: Merci pour la question, ça me fera un an que je suis en France. Lorsque je suis arrivé, je me suis donné un temps de repos parce que émotionnellement j'étais vraiment touché et aussi je n'avais pas de repères, j'étais vraiment perdu et même pour se déplacer, je ne savais même pas que le Navigo existait. Moi j’avais cette volonté de vivre mon homosexualité parce que disons, cela fait bientôt 40 ans que je suis dans mon pays, en Côte d'Ivoire et on vit dans des situations qu'on n'arrive pas à exprimer. Notre homosexualité est camouflée, même sur les réseaux sociaux, toujours obligé de t'afficher avec des personnes. Lorsque il y a des débats LGBT, tu es obligé de te ranger aux côtés des homophobes. Donc arrivé en France, je me suis donné un temps pour pouvoir essayer un tant soit peu. Dans mes nombreuses recherches -je suis un friand de l'internet- je voulais appartenir à une communauté qui pourra m'écouter, m'épauler, me faire des amis. Qui pourra un tant soit peu m'orienter. Et dans mes recherches, j'ai vu plusieurs associations. Je suis parti dans différentes associations, je me suis baladé et j'ai rien vu. Il y a beaucoup d'associations donc je cherche encore et je vois ARDHIS. D'abord, j'ai défilé et ce qui m'a impressionné, c'est la beauté, la qualité du logo qui a été fait. Parce que ça représente les couleurs LGBTI. Mais ensuite je vois que dans le logo, tous les continents du monde sont représentés dans le logo et super, c'est un bon graphiste. J'étais d'abord attiré par le logo et j'ai commencé à défiler sur la page. Je vois les actions, je cherche l'adresse. On me fait savoir que c'est samedi, il y a une permanence et samedi j'arrive, je vois du monde, je vois des personnes et sans le savoir, je tombe sur la coprésidente Aude. Il y avait du monde avant moi, on me disait que ça allait être fermé et moi j'ai juste sauté sur l’occasion parce que j'ai vu l'ambiance. C'était chaleureux. Je ne savais pas qu'elle était présidente. J'ai expliqué ma préoccupation et elle a pris à bras le corps et depuis lors, j'ai plus cherché à partir vers d'autres associations et j'ai fait ça de ma famille. Voilà, donc c'est comme ça. Le Lobby : Pour revenir à ma question concernant l'immigration, dans les faits, ça reste assez compliqué pour les personnes qui veulent venir en France pour des raisons liées à leur genre ou à leur sexualité, à l’ARDHIS vous êtes les premiers à le voir et à aider ces personnes dans leur parcours d'immigration, d'intégration en France. Comment vous accompagnez ces personnes en exil?  Christophe Caulier : Historiquement, on a beaucoup fait d'accompagnement très individualisé. C'est à dire que quand une personne se présentait, si elle était au début de sa procédure, on l'aidait à écrire son récit, c'est à dire qu'on l'aidait à exprimer des choses dont elle n'avait parfois jamais parlé. C'est un exercice qui est particulièrement difficile pour les personnes de devoir mettre des mots sur des expériences, sur des choses qui sont très intériorisées et, encore une fois, des événements, des souvenirs qu'elles n'ont pas nécessairement interrogées, qu'elles n'ont pas nécessairement mis en perspective et surtout pas dans la perspective d'une demande d'asile. On a essayé aussi d'aider les personnes au moment où elles passaient à l OFPRA. C'est un exercice, le passage à l'OFPRA, c'est à dire qu'il y a des attentes des institutions en matière de, encore une fois, d'expression de soi, d'être capable de répondre aux attentes. Alors, ce ne sont pas des attentes nécessairement stéréotypées de la part de l'OFPRA, mais en tout cas, c'est une espèce de calibrage. Il faut être capable de pouvoir parler, par exemple, de la façon dont on s'est rendu compte qu'on était gay, lesbienne ou trans. C'est à dire qu'il va falloir se remémorer un petit peu toutes les différentes étapes de la construction de sa personnalité en la matière. Et ça, c'est pas un travail non plus qui est forcément très très évident pour les personnes qu'on rencontre. Le Lobby : Est ce que vous diriez qu'il faut un peu prouver la discrimination dont on est victime?  Christophe Caulier : Il n'y a pas une dimension de preuve au fond, parce que on part du principe que être LGBT, on ne peut pas le prouver. En fait, ce qu'il faut, c'est obtenir la conviction de l'officier de protection en face, en étant suffisam
Alors que les Législatives anticipées auront lieu dans moins de deux semaines, on décrypte les enjeux queers de la campagne. Avec Maud Royer, présidente de l'association Toutes des femmes, militante trans et lesbienne. En seconde partie, on parle des Jeux Olympiques et Paralympiques. Il y avait 22 athlètes queers aux Jeux de Tokyo en 2021, un record. On espère qu'iels seront encore plus nombreuxes cette année alors que les Jeux de Paris rappellent leur engagement pour rendre le sport et toute la société plus inclusive. Parmi les athlètes queers les plus en vue, la paracycliste Marie Patouillet, qui porte haut une parole contre la misogynie, les LGBTphobies, le racisme et le validisme. Avec Marie Patouillet, athlète paracycliste lesbienne ; et Alexandre Ansault, vice-président de la Fédération sportive LGBT+.
Cette semaine, nous recevons l'artiste et auteur franco-cambodgien Jean-Baptiste Phou. Selon l’INED et l’Insee, la population originaire d’Asie de l’Est et d'Asie du Sud-Est serait d’un peu moins de 700 000 personnes en France, soit presque 1% de la population du pays. Dans une exposition qui s’est clôturée au mois de février retraçant l’histoire des migrations venues de 9 pays de cette zone au Palais de la Porte Dorée, un autre chiffre intéressant est avancé : 6% des personnes immigrées seraient originaires de Chine, du Vietnam, du Cambodge, du Japon, de Corée, du Laos, de Thaïlande ou des Philippines. Dans le cadre de cette exposition, une enquête d’opinion a été commandée qui a confirmé la grande méconnaissance de la population française sur cette immigration : que ce soit sur son nombre, sa chronologie, son origine. Mais surtout, cette enquête a conforté l’idée que les stéréotypes restent très présents dans l’imaginaire des Français. Si les personnes asiatiques ongtemps perçue comme une minorité discrète et peu stigmatisée, de nombreux événements de ces dernières années, comme la meurtre de Zhang Chaolin à Aubervilliers en 2016 ou les débuts du Covid, ont prouvé qu’il n’en est rien et que les clichés les concernant ont la vie dure. Loin de ne porter que sur des caractéristiques sociales, professionnelles ou scolaires, les préjugés sur les asiatiques sont également répandus en ce qui concerne la sexualité ou les représentations de genre. C’est ce dont nous allons parler avec Jean-Baptiste Phou, auteur de La Peau hors du Placard, Asiatique et gay, une vie de lutte.  Il y a en France une grande méconnaissance et une confusion des populations originaires d'Asie en général et d'Asie de l'Est et du Sud-Est en particulier. Pour cette émission on dira “asiatique”, comme dans le titre de votre ouvrage, mais ce sera pour parler Asie du Sud-Est. Vous évoquez vos origines dans le livre. Est ce que vous pourriez commencer par les rappeler à nos auditeurs ?  Jean-Baptiste Phou : Oui, je suis né en France. Mes parents viennent du Cambodge. Tous les deux sont nés au Cambodge mais sont d'origine chinoise. Je suis donc ce qu'on pourrait dire sino-khmer.  Dans ce livre, vous écrivez donc en tant qu’asiatique, en tant que gay, mais aussi en tant qu'artiste. Est ce que vous pourriez nous raconter les changements de carrière successifs qui vous ont amené là où vous en êtes aujourd'hui? Au début, j'ai eu un parcours qu'on pourrait penser classique, dans le sens où j'ai fait une école de commerce. J'ai travaillé d'abord en banque d'investissement en Espagne, puis à Singapour. Après ça, j'ai commencé une carrière artistique en tant que comédien. C'était en 2008. J’ai passé environ une dizaine d'années dans le milieu du théâtre en France. J'avais aussi ma troupe de théâtre, donc j'étais auteur et metteur en scène également de mes propres pièces. Et puis en 2017, je suis parti vivre au Cambodge. J'ai pris un travail là-bas dans une ONG. J'étais directeur créatif et j'y suis resté trois ans. Et puis par la suite, j'ai décidé de me remettre à la création. Donc là, depuis à peu près trois ans, j'écris, je réalise. J'ai fait un film qui s'appelait “La langue de ma mère”, et puis ces 2 livres : “La Peau hors du placard” et “80 mots du Cambodge” qui sont sortis récemment.  Dans celui-ci, “La Peau hors du placard”, vous démarrez par les années lycée et donc la découverte de votre homosexualité.  Je démarre même encore un peu plus tôt que ça. Je parle de l'enfance, de l'environnement familial. La découverte de l'homosexualité elle date même d'avant le lycée. J'ai du mal à le dater, mais c'est autour de dix ans que j'ai compris que je n'étais pas tout à fait comme les autres, pas simplement dans l'attirance sexuelle parce qu'à cet âge là, c'est pas vraiment de la sexualité, mais c'est une attirance et des comportements. Je n’étais pas à l'aise avec l'assignation des normes. Qu'est ce qui était censé être un garçon? Comment il devait se comporter, comment il devait agir, s'habiller, etc. Et puis voilà, je pense que c'est à peu près à cet âge là où je me suis rendu compte de ça. Plus tardivement vous entrez dans la sexualité d'une manière qui est assez caractéristique des homosexuels, par des rencontres en ligne. Mais vous réalisez assez rapidement que le fait d'être asiatique, c'est un enjeu important dans cette sexualité homosexuelle. Comment est ce que cette malheureuse réalité, elle vous est apparue? Alors c'est vrai que moi je suis rentré dans le milieu gay par ce qui était accessible à l'époque. Je suis né au début des années 80. Le début de ma sexualité, c'est dans les années 90, donc à cette époque là, on n'avait pas encore les réseaux sociaux ou les applis, donc c'était les réseaux téléphoniques, le minitel. C'était tout de suite être plongé dans une hyper sexualité parce que dans les rencontres tout tournait autour du sexe. On n'avait pas vraiment de sociabilité autrement que le sexe. Mais c'est un tout petit peu plus tard en fait, que je me suis rendu compte qu'il y avait ce rejet envers les asiatiques ou même ce stigmate. Je dirais à peu près à l'arrivée d'Internet où là, avec les sites comme Gay Romeo à l'époque, on voyait affiché “pas d’asiat, pas de folles” sur les profils, c’était assez récurrent. Et puis les rencontres que je faisais, j'entendais souvent “désolé, je suis pas branché asiatique”. Donc au début, quand tu l'entends une fois, deux fois et tu te dis “bon bah je lui plais pas, c'est moi”. Mais à force de l'entendre plusieurs fois, de le voir affiché sur des profils alors même que j'ai même pas contacté ces personnes là, c'est juste, j'ouvre une appl et je vois ça s'afficher... Donc là en fait ça a commencé à m'interroger. Pourquoi il y a ce rejet envers les hommes asiatiques ? et je m'en suis rendu compte assez vite.  Dans le livre, avant de nous expliquer un peu d'où vient ce rejet à votre sens, vous nous parlez d'une stratégie que vous avez mise en place. Est-ce que vous pourriez nous la décrire?  Oui, j'avais quinze seize ans à l'époque et là je me rends compte qu'il y a ce rejet systématique. Et ma stratégie, ça a été de ne pas sortir ou coucher avec des blancs. Parce qu'à ce moment-là, c'est une façon de me protéger. Je constatais que le rejet venait pour la plupart de personnes blanches, mais ça ne me concernait pas que moi : je voyais aussi par ailleurs sur ces mêmes sites internet, qu’il y avait des stéréotypes accolés aux autres groupes ethniques. Donc les asiatiques sont censés être comme ci, les noirs comme ça, les arabes comme ça. Et donc en fait, je sentais que seuls les blancs avaient le droit d'être tout et n'importe quoi. Et nous on était censés rentrer uniquement dans des cases. Et la case dans laquelle on m'avait assigné ne m'attirait pas du tout. Donc moi, par pas riposte ou presque, je me suis dit “je ne vais pas chercher à plaire à des gens qui a priori ne veulent pas de moi”. Et donc pendant quelques années, ça a duré, je pense, jusqu'à mes 22, 23 ans. J'ai décidé que j'allais chercher en dehors de ce groupe majoritaire et de faire mes rencontres seulement avec des personnes qu'aujourd'hui on dirait racisées.  Mais cette perception que les blancs en général peuvent avoir des hommes asiatiques dans la communauté gay, elle rejoint beaucoup de stéréotypes qu'on peut avoir sur les hommes asiatiques de manière générale, même lorsqu'ils ne sont pas gays ; de dévirilisation, notamment, dans le regard des autres. Ça s'exprime de quelle manière selon vous? Et ça s'explique comment?  J'imagine qu'il y a une part d'histoire dans ça. Il y a l'imaginaire colonial dans lequel on est encore baigné à travers la culture populaire, que ce soit les représentations dans les médias, au cinéma, etc. Mais une des origines, pour moi, c'est justement cette époque coloniale où il fallait réifier les personnes colonisées, les peuples autochtones indigènes et les disqualifier quelque part, leur enlever ces attributs d'homme et notamment pour les Asiatiques. Et on le voit dans des écrits déjà du XIXᵉ siècle où on disait “voilà ces petites mains”, “on ne sait pas si c'est des hommes ou des femmes”. Il y avait déjà cet imaginaire là qui était véhiculé. Donc il fallait les disqualifier auprès des populations autochtones. Parce que le colon blanc voulait aussi s'approprier les femmes locales, donc les disqualifier auprès de leurs propres femmes et aussi auprès des femmes françaises, parce qu'il ne fallait surtout pas qu'elles se mélangent avec ces indigènes-là. Et puis ça a été repris peu à peu dans la culture populaire, et on le voit vraiment dans ce qu'a fait Hollywood dans la représentation des hommes asiatiques. Elle est toujours caricaturale dans le sens où ils sont toujours dévirilisés, désexualisés. Ou bien si ils sont sexualisés, c'est forcément avec une sexualité problématique. C'est des pervers, ou il y a du bondage par exemple. Il n’y a pas d’entre deux sur la sexualité, soit on n'en a pas, soit on n'en a pas une normale. C'est un peu ça qui est un peu resté dans l'imaginaire. Et puis ce côté dévirilisé, c'est, je pense, spécifique aux Asiatiques. Oarce que chez les Noirs, on va souvent leurs attribuer de caractéristiques d'étalons au sexe démesuré. Pour les arabes, ce sera le mâle dominant, le conquérant qui va dominer au lit agressif. Et l'homme asiatique, c'est celui qui sera mal membré, frêle, imberbe, avec un corps lisse, androgyne. Donc on va lui enlever en fait quelque part sa virilité.  Et pourtant, après avoir séjourné et vécu dans de nombreux pays asiatiques, vous écrivez “L'expression de la virilité n'y est pas si différente, y compris dans ce qu'elle peut avoir de plus néfaste et toxique”. En quoi est ce le cas par exemple? Je vis en Asie et je le vois bien. Et là je parle vraiment du milieu gay où il y a cette cette pression normative très forte des corps musclés où on met sur un piédestal ce qui est censé être la virilité et ce qui est cette expression viriliste. Donc c'est pou
Le thérapeute et militant trans Morgan Noam est notre invité cette semaine à l'occasion de la parution de "Ceci n'est pas un livre sur le genre", et pour revenir sur la mobilisation anti-transphobie en cours partout en France. J’ai une confession à faire : j’avoue que parfois je cède un peu à la fatigue. Ça m'arrive de me dire que ça ne sert à rien. Qu’on peut se battre, discuter, éduquer tout ce qu’on veut : le monde cisgenre ne veut ni entendre ni apprendre. Mais récemment, il y a un livre qui m’a fait beaucoup de bien. Vous connaissez peut-être déjà son auteur, ou entendu sa voix moelleuse dans des vidéos drôles et ludiques qui debunkent depuis trois ans tous les mensonges qu’on racontent sur la communauté transgenre via ses comptes Instagram et TikTok, ou lors d’une prise de parole lors de la mobilisation contre la transphobie du 5 mai dernier. Son contenu est personnellement devenu mon ASMR quand j’ai besoin d’être rassuré, de me rappeler que des personnes censées existent dans ce monde. Et si ce livre m’a fait un bien fou, c’est parce qu’il m’a permis de reprendre toutes les bases. Surtout sur des terrains où je me sens moins légitime, comme les sciences, la biologie, l’anatomie — j’ai fait L au lycée, quoi... Il m’a permis de faire un tri, de hiérarchiser les infos. Il m’a aussi enlevé un poids énorme parce que je sais que je pourrai non seulement le référencer dans des conversations mais aussi tout simplement en recommander la lecture plutôt que d’assumer le travail émotionnellement taxant d’expliquer aux gens pourquoi les personnes trans existent et ont le droit d’exister. Cette semaine, on a la chance de recevoir le thérapeute et militant Morgan Noam Lucas, organisateur de la Riposte transféministe ET auteur du livre-événement Ceci n’est pas un livre sur le genre, publié le 3 avril dernier aux éditions Hachette par le label féministe Les Insolentes. Le Lobby : Je me doute que tu dois être bien occupé en ce moment avec la promotion de ton livre, la coordination de la Riposte trans, ton métier de thérapeute et de consultant et la création de contenu à tes heures perdues. Comment vas-tu?  Morgan Noam : Épuisé, épuisé. Mais ça va, on se reposera plus tard. Là, il y a des urgences à traiter. Donc je suis vraiment ravi de pouvoir à la fois parler de mon livre et à la fois parler de sujets qui me tiennent à cœur autour du genre et des transidentités.  Le Lobby : Je voulais commencer par revenir sur la genèse du livre. Qu'est ce qui a impulsé son écriture et quand est venu le titre du livre?  Morgan Noam : Moi j'avais pas du tout prévu d'écrire un bouquin. Je cherchais pourtant, quand j'ai commencé à m'intéresser à toutes ces questions de genre, un livre en français qui regrouperait pas mal de thématiques pour vraiment comprendre tous les contours de ce sujet là. Et je trouvais 1000 et un essais féministes, queer qui parlent de thématiques particulières, mais je n'ai pas trouvé de manuel, de livre-guide qui reprenait un petit peu les bases pour pouvoir nous accompagner sur notre cheminement. J'en ai trouvé beaucoup en anglais, mais pas en français et je me suis dit que ce serait bien qu'un jour quelqu'un écrive un bouquin de ce genre, mais jamais en me disant que peut-être ce serait moi. Et début 2021, il y a eu mon éditrice, Sophie Nanteuil, avec qui j'avais déjà bossé sur le livre Histoires de Coming Out, qu'elle avait co-écrit avec Baptiste Beaulieu, où j'écrivais des encadrés psy, qui a eu un rendez-vous avec les éditrices d'Hachette, avec le label Les Insolentes, et à qui elle a pitché un livre de vulgarisation sur toutes les notions de genre. Et voilà elle a dit “J'ai un auteur à vous présenter. C'est lui qui doit écrire ce livre.” Et donc elle m'appelle. Elle me dit “écoute, j'ai eu un rendez-vous, j'ai pitché ton livre”. Je lui dis “Quel livre ?” Et elle me dit “Bah le livre que tu vas écrire parce que y'a que toi qui peut écrire ce bouquin là. J'ai confiance en toi. On a rendez-vous à la fin de la semaine, tu me fais un plan détaillé et on y va et tout va bien se passer.” Et du coup, bah j'étais un peu décontenancé. Je l'ai suivi parce que je me suis dit “Est-ce que dans ta vie une opportunité comme celle-là va se représenter ?” Et même si je me suis dit oh, ça va être peut-être un peu de travail, bon bah je me suis lancée quand même et j'ai bien fait. Et ça m'a pris trois ans d'écriture. Et par rapport au titre, “Ceci n'est pas un livre sur le genre”, on a épuisé pas mal de titres mais aucun ne convenait vraiment. Et un jour, j'ai eu une épiphanie et c'est un peu grâce à Magritte, donc avec son œuvre Ce n'est pas une pipe. Voilà, quand j'ai essayé de comprendre finalement ce qu'il y avait derrière ce tableau là, l'idée du peintre, c'était de se dire que ce n'est pas une pipe, c'est le regard qu'on pose sur cet objet. Et s’il y a bien un sujet sur lequel on porte beaucoup de regards, mais surtout des regards assez ignorants finalement, c'est le sujet du genre. Et du coup, mon ambition, c'était vraiment de pouvoir apporter des informations vérifiées, que ce soit scientifiques, politiques, anthropologiques, sur le sujet. Et “Ceci n'est pas un livre sur le genre”, parce que c'est un livre sur tellement d'autres choses. C'est un livre qui parle du rapport à la langue, du rapport à la santé, à l'urbanisme. Voilà, on passe par plein de choses différentes. Et puis je me suis dit, surtout, si jamais, on n'est pas à l'abri, un ou deux réacs passent devant et se disent ““C'est pas un livre sur le genre,” peut-être que je vais l'ouvrir” et apprendre deux trois petits trucs en attendant. Le Lobby : S’ils dépassent le côté un peu arc-en-ciel de la couverture ! (rires) Morgan Noam : Exactement, je n'ai pas pu m'empêcher de mettre un petit drapeau du Lobby quand même ! (rires). Le Lobby : La librairie Les mots à la bouche a décrit “Ceci n'est pas mon genre” comme un livre-manuel-compagnon, ce que j'ai trouvé vraiment très juste, et je me suis beaucoup reconnu dans ça. Parce que c'est un livre qui fait pas moins de 339 pages. C’est 339 pages de pistes, de questions, mais aussi d'exercices à réaliser par lea lecteurice. J'imagine que ça a été un compagnon aussi pour toi pendant trois ans en fait, parce que tu as dû dormir avec ce livre en tête tous les soirs, mais c'est aussi un compagnon pour nous quand on le lit, parce que ça prend quand même un certain temps. En fait, c'est surtout que ça nous oblige, enfin, ça nous oblige. On n'est pas obligé.es, mais ça nous invite à nous poser, et à nous poser des questions, à réaliser des exercices. Et moi, je voulais te demander comment tu as conçu ces exercices ?  Morgan Noam : Alors en fait, l'ambition de ce livre là, c'est surtout de détricoter et de vous accompagner à désapprendre toutes les vérités absolues qu'on vous a présentées sur ce sujet pour pouvoir co-construire ensemble quelque chose de plus juste. Et du coup, je me suis inspiré des formations que je donnais où la première partie de la formation, c'est vraiment les faire travailler sur leur propre rapport au genre, le sujet, mais aussi au genre, le leur, leur identité, leur expression. Et je me suis dit que, au-delà d'apporter des connaissances théoriques, ce bouquin là, j'avais surtout envie qu'il puisse être un outil d’empouvoirement. Parce que je comprends du coup un peu mieux ces sujets là. Mais surtout, je me comprends mieux, moi. Et à partir du moment où on a cette connaissance un petit peu plus fine de son identité, j'ai l'impression que ça nous permet d'avoir un petit peu plus de pouvoir sur sa vie et sur son identité, d'essayer de faire le distinguo entre ce qui m'a été appris, ce qui m'a été donné comme injonction par rapport à mon genre et mes véritables désirs, mes appétences, ce que je veux pour moi et ce que je ressens. Et du coup, l'ambition de ces exercices était de pouvoir permettre ça. Et ce n'est pas que des exercices sur le genre. Si vous vous le procurez, vous verrez, c'est vraiment des exercices aussi sur comment être un bon allié, ou comment checker ses privilèges, ou se comparer à l'homme standard. L'idée, c'était vraiment de pouvoir ouvrir le sujet et de faire en sorte d'être un meilleur allié, d'avoir de meilleures connaissances par rapport à tous les enjeux de justice sociale.  Le Lobby : En plus de sa dimension très ludique, ce qui est immédiatement apparent quand on commence la lecture, c'est la douceur de ton ton, la pédagogie, et tu le revendique d'ailleurs, dès l'entrée dans le livre, le résumé du livre qu'on peut lire sur Internet, c'est : “Des questions qui semblent compliquées, trouveront des réponses simples, basées sur des faits scientifiques, historiques et sociologiques. Ici, pas besoin d'être déjà expert.e pour découvrir pas à pas comment l'histoire de l'humanité a été construite et conter jusqu'à se confondre avec votre propre identité.” J'ai eu la sensation en te lisant qu'il y avait, entre autres, une réelle volonté de déculpabiliser. Quand est ce que cette idée est rentrée en compte pour toi et pourquoi? Et quel public envisageais-tu principalement pour ce livre?  Morgan Noam : Alors j'avais un peu envie d'écrire un livre pour toutes les personnes qui vont pas forcément, nécessairement, directement, au rayon féminisme, genre LGBT, de leur librairie, et qui pourraient pour autant être intéressées par toutes ces thématiques, mais juste pas savoir par quel bout le prendre. Qui entendent des trucs aux infos, qui voient des trucs passés sur internet mais à qui il manque des clés pour vraiment pouvoir s'approprier ce sujet là. Et donc, bien évidemment que ce livre, je l'ai écrit pour mes adelphes, mais je l'ai aussi écrit pour les personnes qui les accompagnent, ou tout simplement pour les personnes qui vivent à leur côté au sein de la société pour qu'iels puissent être mieux compris. J'ai essayé, en tout cas, que ce soit suffisamment accessible pour des personnes un peu novices sur ce sujet-là et en même temps que ce soit suffisamment fourni pour des p
Dans "À nos désirs", la journaliste lesbienne Élodie Font a recueilli des témoignages pour raconter la construction du désir chez les lesbiennes. Avez vous vu le film Go Fish de Rose Troche ? Ce film expérimental nous fait suivre une bande d’amies et d’amantes lesbiennes. Allongées les unes à côté des autres ou dans l’intimité d’un salon, elles se racontent leurs histoires, leurs doutes, leur dernier date, qui a couché avec qui. Ces moments d'échanges cristallisent des questions : Qui désire-t-on, comment désirer, faut-il désirer, comment se reconnait-on, avec qui voulons nous faire communauté, qu’est ce que ça veut dire d’être lesbienne ? La journaliste Élodie Font s’est également posé ces questions et les a posées à d'autres dans son premier essai, A nos désirs, qui paraît cette semaine aux éditions La Déferlante. L’ouvrage est une plongée dans les intimités lesbiennes mais également dans leurs modes de vies. Entre témoignages et récit personnel l’essai aborde le besoin de s’identifier soi même et aux yeux des autres, de découvrir ses désirs en dehors de la norme et de célébrer dans une joyeuse créativité les amours saphiques aussi pluriels soient-ils. À nos désirs m’a fait le même effet que Go Fish, le sentiment à la fois doux et jubilatoire de se poser entre gouines et de parler encore et encore de ce qui nous lie. Élodie Font est également journaliste et créatrice du podcast Coming In pour Arte Radio, adapté ensuite en BD aux éditions Payot. Ton essai entremêle ton vécu et des témoignages de plein d'autres personnes. Certains témoignages ont été recueillis lors d'entretiens à l’oral. Ton histoire personnelle, tu l'as adaptée en podcast en 2017. Qu'est ce qui t'a amené cette fois ci à choisir le format de l'essai pour tisser ta réflexion?  Élodie Font : J'avais envie d'entendre des récits qui ne soient pas uniquement le mien dans le podcast et la BD, où je racontais tout le long cheminement qui avait été le mien pour accepter mon homosexualité. Là en l'occurrence, j'avais pas envie particulièrement de raconter ma sexualité. J'avais envie de faire entendre et de faire lire surtout des récits qui soient pluriels et que ensemble, à travers tous ces récits, on entende en nous quelque chose justement qui soit pas uniquement singulier, mais pluriel. Et ça, ça passait forcément par une parole qui ne soit pas uniquement la mienne.  Par quoi es-tu passée pour recueillir ces témoignages ? Pendant trois ans, dès que je rencontrais une lesbienne, je lui disais “Tu sais, je travaille sur la sexualité des lesbiennes. Est ce que tu as envie de discuter avec moi?” Mais c'est vrai que je suis passée par absolument tous les moyens parce que je voulais vraiment essayer de dessiner un corpus de personnes queer qui soit le plus large possible, notamment en terme d'âge. Les personnes qui témoignent dans ce livre, elles ont entre quatorze et 87 ans. Donc pour celles qui sont les plus jeunes, évidemment, elles sont venues à moi beaucoup par les réseaux sociaux, celles de 87 ans. Je les ai trouvées par une association par exemple. Mais je dirais que l'immense majorité, quand même, des personnes qui témoignent, je les ai trouvées et via les réseaux sociaux où j'ai diffusé un questionnaire d'une cinquantaine de questions très intimes. Et il y a 1200 personnes qui ont répondu à ce questionnaire en dix jours. Quand il y a autant de personnes qui sont prêtes à se livrer, autant en aussi peu de jours, c'est qu'il y a une vraie demande. Et j'ai pioché ensuite dans ce questionnaire pour aller interviewer des gens. Est-ce que c'est les entretiens qui ont façonné les grands thèmes de l'essai ou est ce que c'est plutôt tu avais un plan en tête avec des grandes questions ? Oui, je me suis complètement laissée guider par les témoignages que j'ai pu recevoir et je ne savais pas où j'allais. C'est-à-dire que la thématique m'intéressait à titre personnel déjà, et que j'avais envie d'entendre et de lire des témoignages de désir lesbien au long cours. Et il se trouve que ce livre-là, je ne le trouvais nulle part. Au début, je n’avais aucune idée de la direction dans laquelle j'allais et c’est de témoignages en témoignages, en témoignages que j'ai repéré de grandes thématiques. Et honnêtement, dans mon imaginaire, le livre, il ressemblait absolument pas du tout à ça il y a trois ans et j'adore !  Qu’est-ce qui a t’a surprise dans ton enquête ? Alors moi, je suis extrêmement naïve. Faut quand même être honnête. Donc je peux te donner un exemple. Jeune, je ne savais pas que il y avait eu dans les années 60 et 70 autant de discussions dans les groupes de parole de lesbiennes autour de la pénétration. Je ne savais pas qu’autant de personnes lesbiennes ne pratiquaient pas la pénétration parce qu'elles avaient en horreur l'idée que l'on puisse imaginer qu'elles singent des rapports hétérosexuels et que la pénétration dans l'imaginaire d'alors ne pouvait être que liée aux rapports hétérosexuels. Et j'ai trouvé ça très intéressant parce qu’il y a vraiment une notion d'âge, en tout cas une notion de génération dans la vision que peuvent avoir les lesbiennes de la pénétration. Si vous posez la question à une lesbienne de 40 ans, une lesbienne de 20 ans et une lesbienne de 70 ans, elles n'auront pas du tout le même discours. Et ça, par exemple, très honnêtement, je ne m'y attendais pas. Là, je vous donne un point extrêmement spécifique, mais d'une manière générale, je dirais que ce que j'ai trouvé assez fascinant, c'est que je me suis reconnue dans beaucoup de témoignages. A un endroit ou à un autre. Quand bien même les parcours n'étaient pas du tout le mien et que j'ai eu la sensation que de parcours singuliers en parcours singuliers, il y avait vraiment une notion de sexualité collective. En démarrant ce travail-là en tout cas, je ne savais pas que je trouverais ça. Tu crées donc un essai qui effectivement cherche à transmettre tous ces récits que tu as récolté et tu cites la romancière Caroline Emcke : « Comment comprendre ce qu'on ressentait alors même qu'on ne savait pas que ça existait ? » J'ai eu la sensation en te lisant qu'il y avait vraiment une volonté de s'adresser aux lesbiennes et de leur offrir leurs récits pour que chacun et chacune puisse mieux s'y retrouver. Est ce que c'était une volonté, dès le début du projet ? Oui, bien sûr. Je trouve qu'on a si peu de supports qui nous racontent réellement que si je peux apporter ma toute petite pierre à l'édifice, je le fais avec plaisir. Maintenant que le livre est terminé, je crois qu'il s'adresse en réalité à toutes les femmes d'une manière générale, qui peuvent avoir envie de célébrer leur plaisir. En tout cas, tous les retours de femmes hétéros que j'ai sur le livre disent ça : qu’elles se reconnaissent à plein d'endroits, que ça ouvre en elles des portes qu'elles ne pensaient pas ouvrir non plus. Et comme c'est un livre qui raconte de l'intérieur ce qui peut se passer dans certains esprits ou dans certaines chambres à coucher, je pense que ça peut intéresser beaucoup de gens. En tout cas, c'est ce que j'espère. Mais c'est vrai que je l'ai pensé comme un cadeau pour les lesbiennes et c'est même l'idée du titre “À nos désirs”. Moi je le pense avec un verre à la main, pas forcément un verre d'alcool, mais un verre à la main, on trinque à nos désirs. Je l'ai pensé comme un quelque chose que j'avais envie de donner.  « J'ai longtemps eu des difficultés à m'imaginer âgée et lesbienne. Je n'y avais jamais réellement songé jusqu'à l'écriture de ce livre, jusqu'à ce que j'échange avec des femmes retraitées sur leur parcours, leurs envies, leurs désirs et que je prenne conscience que c'était la première fois. À 38 ans, je n'avais encore jamais discuté longuement avec une lesbienne de plus de 50 ans. J'ai instantanément compris à quel point cette parole m'avait viscéralement manqué. J'ai été fascinée par leur émancipation, l'affirmation de soi par delà les orages. La plupart d'entre elles racontent une vie à envoyer promener les injonctions. Pour moi, être lesbienne, c'était et c'est une fugue, estime Régine, 68 ans, qui vit à La Réunion. Pouvoir être une femme et n'avoir ni mari ni enfants, vivre seule et dire merde à la société. J'ai été très heureuse dans la marge. Nous ne cherchons pas à être normal, mais à être nous. Ma sœur Catherine est donc différente. Ça nécessite un travail personnel de découvrir ce qu'on désire vraiment. Leur histoire est aussi la mienne. Elle recolle en moi des morceaux que je ne savais même pas déchirer. » — Élodie Font, À nos désirs Est-ce que c'était difficile de récolter cette parole ou est-ce qu’elles venaient à toi un peu plus facilement que tu ne l'aurais pensé ?  Je dirais ni l'un ni l'autre. Je crois que les femmes qui ont 70/80 ans aujourd'hui, elles ont envie de transmettre et elles ont envie de témoigner. Mais on a moins accès à elles. Parce que c'est une démarche un petit peu plus longue de les trouver. Le bouche à oreille a très bien fonctionné, c'est-à-dire que j'en ai interviewé une qui m'a conseillé toutes ses copines, qui m'a conseillé toutes ses copines et en fait, elles font comme nous on peut faire en présentant des copines lesbiennes à d'autres copines lesbiennes. Et donc ça s'est fait relativement facilement à partir du moment où j'en avais rencontré quelques-unes.  On lit vraiment avec beaucoup de plaisir tous ces témoignages et je me suis vraiment posé la question. Tu les a interrogés sur leur mode de vie, sur le fait d'être lesbienne, d'être lesbienne âgée. Mais qu'est ce qu'elles pensent des jeunes lesbiennes par exemple ? Est ce qu'elles sont fières de nous ? Est ce que vous avez abordé ces questions-là ?  Elles nous regardent avec un peu de sidération. Est-ce que c'est parce que quand on a 70 ans, on regarde toujours avec un peu de sidération des gens qui ont 50 ans de moins que nous ? Je ne sais pas. Je vous dirai ça quand j'aurai 70 ans ! Mais alors il y a beaucoup d'incompréhension pour certaines. Pas pour toutes, mais
Un rapport de l'Agence des Droits Fondamentaux de l'Union Européenne révèle une explosion de la violence anti-LGBT dans la quasi-intégralité des États membres de l'UE. Dans deux semaines, on vote aux élections européennes, et pour le moment on nous annonce que la liste Rassemblement National, portée par Jordan Bardella, sortirait largement en tête, devant le parti présidentiel. Et ce n’est pas la seule mauvaise nouvelle que j’ai à vous donner cette semaine. Savez-vous que les LGBTIphobies sont en hausse partout sur le Vieux Continent ? C’est en tout cas ce que révèle un rapport de l’Agence des Droits Fondamentaux de l’Union Européenne (FRA), qui a réalisé en 2023 une grande enquête auprès de plus de 100 000 personnes LGBTI+ dans toute l’Europe. Pour en parler et analyser ce rapport, nous recevons Nicole Romain, porte-parole de la FRA. La transcription de l'épisode arrive bientôt ! L'équipe de l'émission Présentation et réalisation : Colin Gruel
Un an après l'aventure Drag Race France, la drag queen Piche vient de sortir son premier EP, "Festin". Elle est notre invitée. Elle nous avait ébloui.e.s avec ses chorégraphies millimétrées, on découvre maintenant son flow inimitable. Dans Festin, Piche nous livre 7 chansons où elle révèle son incontestable talent pour le rap. Un mélange des genres destiné à ouvrir les portes du monde du rap à la communauté queer, qui depuis trop longtemps en est exclue. L'actualité queer du mois Comme chaque année, l'association SOS Homophobie a publié le 17 mai dernier son rapport sur les LGBTphobies. Le constat est sans appel : les agressions physiques ou verbales sont en augmentation. +13% sur l'année 2023. On en parle avec Julia Torlet, présidente et porte-parole de l'association. Le rapport est à consulter sur le site de SOS Homophobie : https://www.sos-homophobie.org/informer/rapport-annuel-lgbtiphobies Les Disques du Lobby L'actualité musicale, c'est l'artiste Past Life Roméo, qui s'apprête à sortir un premier EP. Elle vient nous présenter son projet de pop alternative, mélangeant ds influences électro, hyperpop et rock. On y retrouve la mélancolie et la sensualité de l'écriture et de la voix de Camilla, mélangées aux productions éclectiques du musicien Carlos Loverboy (Myd, Spill Tap...) qui a co-réalisé ce premier EP, et aux drums garage du producteur Jim Casanova (.Anie Adaa...). En avant première, on écoute Saliva, extrait de son prochain EP ! L'équipe de l'émission Présentation : Colin Gruel et Diego de Cao Réalisation : Suzanne Saint-Cast Chroniques : Olga-Auguste Volfson, Ixpé et Margot Michel
En ce 17 mai, journée internationale de lutte pour nos droits, nous recevons l'autrice de BD lesbienne Mirion Malle, qui vient de publier un nouvel opus. (TW : Violences sexuelles) Mirion Malle s’est mise à la fiction en 2020 et les titres de ses romans graphiques m’ont toujours frappé par leur poésie. En 2020, C'est comme ça que je disparais abordait la dépression et les violences sexuelles,  Adieu triste amour, en 2022, racontait comment un comportement passé du copain de Cléo pouvait  remettre en question sa relation avec lui. La jeune bédéiste vient de publier un nouvel opus, Clémence en colère, aux éditions La ville brûle. Un nom plus rugueux que les précédents, qui tombe comme une sentence.  Tout le long de la BD, des petits halos rouges de mécontentement ne quittent pas les joues du personnage principal. Et il y a de quoi ! Entre l’inefficacité de la justice pour traiter des VSS, les réseaux sociaux qui grondent autant qu’ils dépriment et ses traumatismes personnels, Clémence atteint un point de non retour. Elle rejoint alors un groupe de parole qui réunit des femmes ayant elles aussi subi des violences sexuelles. 15 semaines, 15 séances de travail durant lesquelles, ensemble elles vont se livrer, s'aider.  La BD se transforme presque en petit guide de survie. Mais pas que. Ce roman graphique milite aussi pour que les minorités, ici les lesbiennes, aient le droit à leur dose de fiction douce.  La jeune femme se recompose grâce à ses amours, ses amies, ses livres.  Bref, Clémence en colère n’a qu’un seul but : celui de réparer les vivantes.
L'association Les Ours de Paris organise cette semaine une série d'événements pour célébrer la Fierté Ours. Vous l'ignoriez peut-être, mais les garçons gays ont tendance à se donner des petits noms d'animaux pour faire référence à leur corpulence, leur pilosité, ou autres attributs. Parmi eux, les ours ("bears", écrit-on sur les applications de rencontre), qui sont donc les hommes plutôt gros et poilus. Et cette semaine, les ours célèbrent leurs fiertés avec une série d'événements, qui culminera ce samedi à Petit Bain avec l'élection de Mister Ours 2024. Pour en parler, nous recevons Dominique Chaudey, président de l'association Les Ours de Paris. Références citées dans l'émission — Billetterie pour la soirée Mister Bear : https://petitbain.org/evenement/fierte-ours/ — Les Ours de Paris sur Instagram : https://www.instagram.com/lesoursdeparis/ Programmation musicale : — Movin' on now, Kiddy Smile — Not this time, The 2 Bears L'équipe de l'émission Présentation : Ixpé Réalisation : Colin Gruel
La Cour Constitutionnelle vient d'entériner l'adoption d'une loi "anti-homosexualité", la plus répressive au monde. Début avril, la Cour constitutionnelle ougandaise a validé une loi particulièrement brutale à l’encontre de la communauté LGBTQIA+, baptisée “loi anti-homosexualité”.  Le texte prévoit des sanctions extrêmes envers les personnes ayant des relations homosexuelles, et/ou faisant la “promotion de l’homosexualité”. Un délit “d’homosexualité aggravée” est puni de mort, même si cette peine n’est plus vraiment appliquée dans le pays depuis quelques années. Sur place, les associations de défense des droits humains sont très inquiètes. Elles craignaient également que la loi se répande sur le continent. Certains pays africains disposent en effet déjà de lois très répressives à l’encontre de la communauté LGBTQIA+.   Pour en parler, nous recevons Sébastien Tüller. Il est responsable LGBTQIA+ chez Amnesty International France, qui vient de publier son rapport annuel. Le Lobby : Que prévoit concrètement cette loi ? Sébastien Tüller : Cette loi anti-homosexualitéest l’une des lois les plus répressives au monde à l'encontre des personnes LGBTI+. Et c'est d'ailleurs comme ça que Amnesty International la dénonce, dans son nouveau rapport annuel sur la situation des droits humains qui a été publié il y a quelques jours. L’Ouganda illustre tristement cette régression des droits humains des personnes LGBTI dans le monde.  Cette loi vient durcir la loi déjà existante. Il y a vraiment une guerre juridique homophobe aujourd'hui en Ouganda et dans les pays limitrophes qui viennent durcir les mécanismes juridiques contre les personnes LGBTI+. Et donc on est venu vraiment accentuer la pénalisation contre les sexualités dites contre nature, contre l'homosexualité. On est venu également pénaliser la promotion des droits humains ou des droits des personnes LGBTI. Donc toutes les personnes qui voudraient tenir des discours, militants ou non, de manière positive à l'égard des orientations sexuelles ou des identités de genre non conventionnelles, pourraient être condamnées jusqu'à 20 ans de prison.  Et enfin, le plus dramatique, c'est cette disposition vague, de circonstance aggravante qui peut conduire à des condamnations à mort à la peine de mort. Et donc l'Ouganda vient tristement rejoindre la liste des pays qui condamne à mort les personnes LGBTI. C'est le nombre de pays qui condamne à mort augmente à cause de cette loi et de l'Ouganda. Et donc cette disposition vague, elle concerne les relations sexuelles avec les migrants, les personnes qui ont un handicap ou qui sont atteints du VIH, ou s'il y a une trop grande différence d'âge. En cas de récidive, on peut tomber sous le coup de cet article qui parle d’”homosexualité aggravée” et donc condamné à mort aujourd'hui en Ouganda.  La loi est-elle concrètement appliquée ? Oui. En août 2023, il y a eu une première personne, un jeune de 20 ans, qui a été accusé d'homosexualité avec circonstance aggravante pour avoir une relation sexuelle avec une personne de 41 ans, si je me souviens bien, parce que le procureur a considéré que la personne de 40 ans était atteinte d'une forme de handicap. Et donc ce jeune de 20 ans qui était le premier accusé d'homosexualité aggravée, qui encourt véritablement une condamnation à mort. Une dizaine d’autres personnes ont subi le même sort. La loi a aussi des effets concrets sur la santé des personnes LGBT et des personnes séropositives... La loi entraîne évidemment une hausse de la stigmatisation, de la marginalisation, qui était déjà un point particulièrement fort en Ouganda et dans d'autres pays en Afrique, parce que depuis une dizaine d'années, les discours politiques instrumentalisent l'homophobie, déshumanise, diabolise les personnes LGBT à des fins électorales pour détourner l'attention du public sur d'autres questions urgentes et prioritaires en termes de droits humains ou de droits fondamentaux. Et donc, en fait, la stigmatisation des personnes LGBT ne date pas de cette loi. Malheureusement, elle date depuis bien longtemps malheureusement. Quelles ont été les réactions internationales depuis la confirmation de la loi cette année ? L’Ouganda est l’un des pays où la condamnation internationale a été la plus forte, par rapport à d'autres pays. Tous les mécanismes ont été utilisés, parfois de manière disproportionnée, avec un risque de porter atteinte aux personnes LGBT+ dans le pays. Les États-Unis, la Banque mondiale, l'Union européenne, voilà tout le monde a fait des déclarations publiques, ils ont utilisé plus ou moins l'arsenal diplomatique pour essayer de faire pression sur le président pour qu'il utilise son droit de veto et qu’il ne promulgue pas cette loi, ce qui a échoué. Ça fait dix ans qu'il y a plusieurs propositions de loi en ce sens en Ouganda. En 2014, il y avait une proposition de loi qui s'appelait Kill the Gays, donc littéralement “tuer les homosexuels” mais tous les pays occidentaux ont fait pression d'une manière plus ou moins habile et pas toujours très habile d'ailleurs. Et en fait, ce qu'on observe, c'est que, en menaçant l'Ouganda de couper les aides internationales ou les aides au développement, on a gagné du temps. Et donc cette loi n'a pas été adoptée dans un premier temps. Mais pendant dix ans, on a renforcé cette idée reçue que l'Occident impose l'homosexualité en Afrique et en Ouganda. Et donc on a renforcé l’homophobie. On a renforcé cette idée reçue que l'homosexualité serait quelque chose qui proviendrait de l'Occident. Et on voit bien qu'à la fin, ça ne fonctionne pas puisque cette loi est finalement adoptée avec le soutien de la population ougandaise.  Et donc on voit bien qu'il faut réfléchir aussi à la manière dont on verbalise notre opposition quand il y a ce type de proposition de loi qui est votée, et pas juste faire des communications spontanées one shot, mais avoir un vrai travail à long terme de soutien à la société civile, de renforcement des capacités, d'être des militants et des militantes et d'intégrer la question des droits des personnes LGBTI dans la diplomatie de manière globale et pas juste une fois l'année pour faire un communiqué de presse le 17 mai. Pourquoi est-ce que la population ougandaise adhère à ce point à ces discours LGBTphobes ? Plus on a une d'homophobie d'État et plus on a des lois qui pénalisent l'homosexualité et la transidentité, plus ça légitime dans la société un sentiment d'homophobie et de transphobie. Et plus on porte atteinte aux discours, au militantisme ou à la société civile. Et là, on en vient à pénaliser la soit-disante “propagande”, la promotion des personnes LGBTI plus. Eh bien le résultat, c'est que la seule manière d'entendre parler d'homosexualité et de transidentité, ce sont les discours de haine. Et donc en fait, quand on grandit dans une société qui est structurellement discriminatoire, on peut que devenir homophobe et transphobe.  D'où vient cette propagande anti-LGBT en Ouganda ? Je pense qu'il faut vraiment déconstruire cette idée reçue que l'Occident viendrait imposer l'homosexualité en Afrique. C'est bien l'homophobie et notamment pendant l'ère coloniale, qui a été imposée. En Afrique, 31 pays condamnent les personnes LGBT dans la loi à des peines de prison. Toutes ces lois sont majoritairement issues de l'ère coloniale.  Je ne dis pas qu'il n'y avait pas d'homophobie ni pas de transphobie dans les sociétés africaines avant la colonisation, mais en tout cas, il n'y avait pas de lois qui venaient persécuter les personnes LGBT+.  Ces lois, elles ont été importées. Les puissances coloniales ont voulu persécuter les sexualités qui n’avaient pas pour but la procréation. Et comme toutes ces sociétés africaines étaient perçues comme des havres de sexualité contre-nature, on est venu imposer des lois qui aujourd'hui perdurent.  Et le plus triste, c'est que les pays occidentaux ont dépénalisé depuis l'homosexualité mais après l'indépendance de certains pays colonisés. Et en Afrique, ces lois perdurent et elles sont encore utilisées d'une manière dramatique.  C'est pour ça que les activistes dans ces pays-là dont un gros travail de mémoire pour rappeler que la sexualité entre personnes de même sexe, et les identités trans ont existé en Afrique et partout dans le monde depuis toujours. La recherche a permis de reconstituer la vérité de ce qui c'est que dans plus de 40 groupes ethniques dans toute l'Afrique subsaharienne, on a retrouvé des mariages entre personnes de même sexe entre femmes qu'au Zimbabwe. Une peinture rupestre vieille de plus de 2000 ans montre des relations sexuelles entre hommes. Il y a plein de langues qui ont des mots pour parler de la fluidité du genre, largement tolérée avant la colonisation. D’ailleurs, l'Ouganda est connu historiquement comme étant un royaume où il y a une forte histoire de l'homosexualité. Et toute cette histoire de nos identités des personnes LGBTI est niée par les conservateurs au pouvoir aujourd'hui.  Quelle est l'influence de l'Église catholique aujourd'hui en Ouganda ?  Les puissances coloniales ont encouragé à considérer le mépris et la peur à l'encontre des personnes LGBT comme des signes de modernité. Uune sexualité dite moderne serait forcément hétérosexuelle. On voit bien que tout ce qui découle de la vision morale ou religieuse ou conservatrice des religions a un impact évidemment sur la vie des personnes LGBT+. Oon utilise souvent ces arguments fallacieux pour excuser ou pour expliquer le harcèlement, les discriminations et les persécutions. Par exemple, le Pape dit clairement que la pénalisation des personnes LGBT est injuste. Quand le pape dit ça, ça devrait être entendu. Et on voit bien qu'aujourd'hui ça l'est pas et qu'il y a plein de mouvements évangéliques qui sont aussi financés par plein de mouvements conservateurs américains qui, au moment où les mouvements LGBTI plus progressistes ont gagné du terrain en Occident, se sont rabattus sur l’Afrique pour financer des prêche
En ce 26 avril, Le Lobby célèbre la journée de visibilité lesbienne en donnant la parole à Lydie Raër, militante antivalidiste lesbienne au sein du collectif Les Dévalideuses Les lesbiennes ont des vécus différents et des apparences différentes. Seulement, c’est parfois difficile à voir, déjà parce que les lesbiennes sont rarement vues tout court, elles sont effacées de l’histoire et des espaces publics, et leurs vies ne sont pas racontées ou mises en images à la même fréquence -par exemple- que les personnes hétéros De plus, on ne connaît pas forcément l’orientation sexuelle des personnalités publiques / connues ou moins connues.  Mais même dans le milieu lesbien et/ou le milieu queer, censés être des “safe spaces” pour les concerné.e.s, (je pense surtout à ceux des grandes villes et à Paris puisque c’est là que notre radio est située), un type de lesbiennes semble parfois être mis plus en avant, et être plus valorisé dans l’imaginaire collectif, que d’autres.  Me vient une image (au hasard) de femme cisgenre, blanche, valide, mince, et plutôt bourgeoise.  En ce vendredi 26 avril 2024, pour tenter d’endiguer un peu cette image hégémonique, Le Lobby a souhaité s’intéresser aux lesbiennes handicapées, peu présentes médiatiquement, et qu’on se doit de célébrer en cette belle journée.  Pour parler de ça, nous recevons Lydie Raër, militante féministe et anti validiste au sein du collectif Les Dévalideuses. Le Lobby: Ça représente quoi pour toi la journée internationale de la visibilité lesbienne?  Lydie Raër: Ça représente un gros moment de joie, de visibilité. Cette année à Ivry sur Seine, avec le collectif qu'on a organisé avec des copines, on va organiser un grand karaoké lesbien.  Le Lobby:  Tu fais partie du collectif des Dévalideuses. Quand j'arrive sur la page d'accueil de votre site, je lis “Face à l'inacceptable invisibilisation des femmes handicapées dans le féminisme, nous nous sommes rassemblés”. Est ce que tu peux nous raconter ta rencontre avec ce collectif et ce que vous y faites?  Lydie Raër: Oui, j'ai adhéré au Dévalideuses assez tôt, mais je ne suis pas devenue membre active directement. Ça fait que depuis juin dernier que je suis membre active du collectif. Je suis avant tout militante écologiste au sein d'Europe Ecologie-Les Verts depuis 2020. C'est vrai qu'au début, je me voyais pas cumuler un emploi, un mandat et un engagement au sein du collectif. Néanmoins, face au validisme dans le monde politique et dans le monde militant fréquenté uniquement par les personnes valides, j'ai eu besoin de rejoindre un collectif antivalidiste et notamment les Dévalideuses parce que c'est le collectif avec lequel je suis le plus alignée en tant que femme queer.  Le Lobby: Toutes les personnes qui veulent vous soutenir peuvent adhérer?  Lydie Raër: Toutes les personnes peuvent adhérer. Néanmoins, pour être membre actif, on a on a mis en place une double mixité choisie, c'est à dire qu'il faut être à la fois pas un homme cis et en situation de handicap.  Le Lobby: Est ce que tu peux nous donner ta définition du validisme?  Lydie Raër: C'est le système d'oppression qui, comme le racisme, comme le sexisme, fait une hiérarchie entre les personnes dites valides et les personnes handicapées. Et selon ce système, l'avis des personnes handicapées a moins de valeur que celles des personnes dites valides. Selon ce système, la norme à atteindre est vraiment la norme valide.  Le Lobby: Le terme “validisme” est ce que c'est un terme plutôt récent ?  Lydie Raër: Oui, ce terme vient du mot “ableism” en anglais et c'est un terme en France qui est peu utilisé. Il est surtout utilisé dans le monde militant pour l'instant, et c'est vrai que c'est assez compliqué à l'utiliser en politique. Par exemple, chez Europe Ecologie les Verts où je milite, on a eu du mal à l'employer. Je me souviens des résistances de certains hommes cis heteros handicapés, qui considèrent que ce terme est du verbiage sociologique inexploitable politiquement. Mais néanmoins, lors du dernier congrès en novembre 2022, on a réussi quand même à faire voter une motion, c'est à dire un texte qui engage le parti, intitulé “Faire d'Europe Ecologie les Verts un parti antivalidiste”. Donc c'était une première victoire. Quand on parle de validisme, des personnes imaginent qu'il s'agit d'un terme où on est opposé aux personnes valides, ce qui n'a pas de sens du tout.  Le Lobby: En termes d'actions concrètes, j'ai vu que vous aviez ouvert une enquête sur les violences des MDPH (Maisons départementales des personnes handicapées). Vous aviez également fait une pétition sur l'allocation adulte handicapé (AAH) il y a quelques années et en septembre 2023, vous avez occupé la station de métro Invalides à Paris avec une touche d'ironie. Comment s’est montée cette action? Quels en étaient les buts? Lydie Raër: En effet, les Dévalideuses, ce n'est pas une association qui organise des actions coups de poing. Néanmoins, l'année dernière, j'ai écrit à Charlotte Puiseux qui milite également au sein du collectif, en lui disant que ce serait bien de tout péter à un moment. J'avais en tête le film “Crip Game”. C'est un film qui est accessible sur Netflix et gratuitement sur YouTube en V.O. qui raconte l'histoire des luttes des militant.e.s étasunien.ne.s qui ont lutté pour les droits civiques des personnes handicapées. Ils ont fait des actions, bloqué des passages piétons, des institutions…  Le Lobby: L'idée c'était de reprendre ce type d’actions?  Lydie Raër: Oui, parce qu'on n'est pas vues encore comme des personnes en capacité d'agir politiquement, les personnes handicapées, on est vu comme des petits êtres mignons, gentils. On voulait aussi casser cette image là.  Le Lobby: D'ailleurs Charlotte Puiseux parle “d’handicapés méchants”.  Lydie Raër: Dans les années 60-70 avec notamment Elisabeth Auerbacher. C’était un groupe d'étudiant.e.s qui s'étaient opposé.e.s à l'APF (système institutionnel). On a hérité en fait de cet activisme aussi. [ Le Lobby: Récemment, vous avez lancé le prix de la petite cuillère en mars 2024, qui est un prix pour la littérature jeunesse. Est ce que tu peux nous le présenter?  Lydie Raër: Oui, C'est un prix qui a pour but de visibiliser nos combats à travers la littérature jeunesse, à travers des œuvres qui existent et de valoriser en fait ces œuvres là.  Le Lobby: Et pourquoi ça s'appelle le prix de la petite cuillère?  Lydie Raër: En fait, ça provient de la théorie des cuillères qui est utilisée par les personnes handicapées et les personnes malades chroniques, c’est un système de mesure de l'énergie, dont on dispose en une journée. Par exemple, pour une journée, je dispose de six cuillères d'énergie. Prendre une douche, ça va me demander,trois cuillères d'énergie. Donc il me reste plus que trois cuillères d'énergie pour faire le reste. Et cette notion de cuillères d'énergie est aussi en lien avec la notion de crip-time. C'est aussi étroitement lié au rapport que les personnes handicapées ont avec le temps. Après, chaque personne a un rapport différent. Toutes les personnes handicapées ne ressentent pas une fatigue chronique, ne ressentent pas toutes de la douleur. Mais grosso modo, c'est pour illustrer le fait que pour accomplir telle tâche, on va mettre beaucoup plus de temps ou beaucoup plus d'énergie, ne serait-ce que pour arriver à un rendez vous. C'est très difficile des fois d'être à l'heure parce que les transports en commun ne sont pas accessibles, on peut avoir besoin d'un.e auxiliaire de vie pour nous aider à accomplir telle ou telle tâche. Il suffit que cette personne arrive en retard, ça a un effet d’accumulation. Pour ma part, je dois toujours tout anticiper. Par exemple, pour arriver ici à 18 h 30, j'ai quitté mon travail à 17 h 30 parce qu'il fallait que j'attende l'ascenseur. J'ai attendu l'ascenseur dix minutes parce que sur huit ascenseurs, y en a que deux qui vont au sous sol où est garée ma voiture. Après, il fallait que j'anticipe le temps pour me rendre dans les studios. Comme je ne peux pas prendre les transports en commun, je dois prendre la voiture, donc il y a des embouteillages. Et ensuite, il fallait que j'anticipe le temps pour retrouver une place de stationnement PMR pas trop loin des studios. Et il fallait que j'anticipe également le temps de sortir de ma voiture, faire le transport et venir jusqu'ici et anticiper un souci d'ascenseur en panne ou que sais je en panne.  Le Lobby: Parlons des Crip-cafés que vous faites depuis 2022 avec l'association des Dévalideuses et de Charlotte Puiseux. Elle est psychologue et docteur en philosophie, qui est spécialiste du CRIP et qui a publié le livre De Chair et de fer en 2022. Le sous titre, c'est “vivre et lutter dans une société validiste” où elle parle notamment de Crip. Donc une théorie qui croise les théories queer et les théories des disability studies. Est ce que tu peux nous en dire un mot? Même plusieurs.  Lydie Raër: C'est un concept qui est hyper chouette le Crip. Donc comme tu l'as dit, c'est un concept à la croisée des Disability Studies. Qui s'opposent au modèle médical selon lequel le corps handicapé doit être redressé pour correspondre le plus à la norme valide. Aux Etats-Unis, à partir des années 60, il y a eu tout ce mouvement de luttes pour les droits civiques des personnes handicapées. Ce ne sont pas nos corps qui sont défaillants, mais c'est vraiment la société qui n'est pas adaptée à nos besoins. Le modèle social n'est pas suffisant, notamment pour les personnes racisées, les personnes queer, les femmes. Il y a vraiment une idée de retournement du stigmate comme pour les personnes queer. Donc crip ça vient du mot “crippled” en anglais qui veut dire tordu, boiteux, estropié. On retourne ce stigmate, on en fait une fierté. Il y a dans le Crip cette idée de performativité du handicap, notamment pour les personnes qui ont un handicap invisible, qui vont parfois devoir performer leur handicap, notamment en prenant une canne pour bien
Nous recevons Océan, auteur et réalisateur, qui publie "Dans la cage", un récit de sa vie affective et sexuelle qui explore les paradoxes de nos fantasmes. Dans "Dans la cage", Océan se livre intimement sur les événements traumatiques qu'il a traversé dans sa jeunesse et qui ont imposé depuis leur grammaire à sa vie sexuelle d'aujourd'hui. Et il s'intéresse à ce qu'il appelle une double-peine : celle d'être victime de violences sexuelles ET d'être excité.e par des scénarios mettant en scène des violences sexuelles. Pour lui, il est temps de déculpabiliser nos imaginaires érotiques. Côté live, nous recevons Syyler, qui s'apprête à révéler le 3 mai un nouveau single. Son album est attendu le 24 mai prochain. Il nous en offre un premier extrait en live et en exclusivité : I'm OK.
À 65 ans, Christophe Martet prend sa retraite. Celui qui fut président d'Act-Up Paris, rédacteur en chef de Têtu, ou encore fondateur du réseau social Yagg, revient pour nous sur son parcours. Nous recevons aujourd’hui un journaliste, entrepreneur et militant. Christophe Martet a été président de l’association de lutte contre le VIH Act Up France, et il est actuellement président de l'association Paris sans sida depuis 2023. Il a également réalisé des documentaires sur la crise du sida, et publié en 1993 un livre de témoignages sur les militants de la lutte contre le VIH, Les Combattants du sida.  Depuis 2015, il accompagne des demandeuses et demandeurs d’asile LGBT à l’Ardhis, Association pour la reconnaissance des droits des personnes homosexuelles et trans à l’immigration et au séjour.  Il dit que ces engagements ont façonné son activité professionnelle. En parallèle de son militantisme, il a été journaliste, d'abord à France 3 dans les années 1980 puis au sein du magazine d’information et de culture queer Têtu, avant de s’investir dans la création de plusieurs médias LGBT, notamment Komitid, créé en 2018. Il vient tout juste de prendre sa retraite à 65 ans, et à cette occasion nous avions envie de revenir sur son parcours dense et d'échanger avec lui sur l'évolution du militantisme et des médias LGBT ces 40 dernières années. Le Lobby: Vous avez été président d’Act-Up Paris dans les années 1990, qu’est-ce que vous retenez de cet engagement ? Christophe Martet: Dans un premier temps, je n’étais pas investi dans les associations, mais j’ai participé aux premières marches des gays et eds lesbiennes, en particulier celles de 1981 qui a réuni 10 000 gays et lesbiennes dans les rues de Paris. C'était un peu un tournant puisque quelques mois après, la gauche au pouvoir supprime les articles infamants qui avaient été mis en place par le régime de Vichy et qui faisaient une différenciation entre les homos d'un côté et et les hétéros de l'autre.  Donc moi, en 1985, je fais le test du VH dès qu'il est disponible, il est positif, mais pendant quelques années, on en parle pas trop, on ne sait pas trop ce qui se passe, on n'a pas beaucoup d'informations. Et c'est vrai que c'est à la fin des années 1980, quand j’ai commencé à voir autour de moi vraiment beaucoup de gens mourir et que moi même, mon état de santé se dégradait, que je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose.  Je qui parti à New York pendant un congé sabbatique et j’ai découvert Act Up, New York. Je me suis investi alors dans le groupe “Médias” d’Act-Up New York. Et puis en revenant en France, naturellement, j’ai rejoint Act-Up Paris pour m'investir à fond. Parce que j'ai perdu mes meilleurs amis. Parce que je comprends que cette crise du sida, elle est liée aussi à des discriminations et en particulier au fait que le gouvernement ou les pouvoirs publics en général n'ont pas pris en compte cette épidémie parce qu'elle touche des populations discriminées, parfois invisibilisées. Je pense en particulier aux usagers de drogues. Je pense en particulier aux travailleurs et travailleuses du sexe. On parlait aussi bien sûr à l'époque déjà des migrants… Le Lobby: [00:05:37] Et donc, dans une interview de Libération publiée le 20 août 2017, vous dites que parmi vos meilleurs amis, rares sont ceux qui ne sont pas passés à un moment ou à un autre à Act Up et que votre entourage est très relié à cette histoire? Je suppose que c'est toujours le cas aujourd'hui… Christophe Martet : Oui, malgré les divergences qui existaient à Act-Up, on a une espèce de lien peu visible entre nous. Et fréquemment, je croise des personnes, des anciens ou anciennes militantes que je n'avais pas vu depuis très longtemps. Et tout de suite le courant passe, même si on ne s'est pas vus depuis longtemps. On disait souvent à Act Up, qu’on avait créé une communauté. Finalement, c'était un embryon de communauté LGBT. C'était un espace de discussion et de débat, un espace vraiment politique au sens le plus noble du terme, si je puis dire.  L'idée d’Act Up, c'était que chacun venait avec sa colère, avec ses problèmes, avec ses quelque chose qui le bloquait. Quand vous avez perdu beaucoup d'amis, vous êtes dans une forme de désespoir, parfois de solitude aussi, de ne pas pouvoir parler de votre séropositivité par exemple, Act-Up était un espace où les choses étaient possibles, où on était porté.e.s par le groupe. C'est comme ça que moi je voyais les choses.  Vous pouviez exprimer ce que vous aviez à dire et vous vous sentiez finalement dans une forme de souplesse, comme on dirait aujourd'hui, pour pouvoir exprimer les choses.  Le Lobby: Votre carrière militante ne peut pas être totalement séparée de votre carrière journalistique. Vous êtes entré à France 3 en 1983 et c'était un an avant les premiers cas de sida. Est-ce aussi par réaction au traitement médiatique réservé à l'épidémie que vous vous êtes engagée dans la lutte contre le VIH?  Christophe Martet : Clairement, quand on est journaliste, on essaye de bien appréhender le sujet qu'on va traiter. On essaie de voir tous les différents angles. Et c'est vrai qu'au tout début, même moi, sur un plan individuel, ben clairement, j'avais peut-être pas complètement conscience de la gravité de l'épidémie parce qu’en 1985, les chercheurs, les médecins, les pouvoirs publics disaient en substance : “On a déjà identifié le VIH très rapidement, on aura un test très bientôt, d’ici cinq ans, on aura trouvé un vaccin”. Quand j'ai vu que les gens commençaient à mourir autour de moi, j’ai compris que c’était beaucoup plus grave. Je pense que ce n’est pas pour rien qu'effectivement à Act-Up, il y avait pas mal de journalistes. Parce qu’on a eu envie de briser ce silence, de briser cette chape de plomb, et de faire en sorte que les médias qui permettent au public d'être informés, soient alertés par nos actions médiatiques. On montait des actions où il y avait de quoi montrer, si je puis dire, parce que c'est toujours compliqué de parler d'une maladie qui en plus à l'époque, a ses tabous. Avec Act Up, on montrait des choses concrètes sur des personnes malades, infectées par le VH séropositives, des personnes malades qui étaient dans la rue, qui manifestaient, qui hurlaient leur colère. Et donc les médias, ça les a effectivement intéressés tout de suite.  Et moi, je l’ai raconté dans mon livre Les Combattants du Sida, c'est vrai que je voulais mettre à profit mes années de journalisme, mon but c'était de donner la parole à des gens qu'on entendait pas à l'époque, que ce soit des malades, des experts, des personnes concernées ou aussi des personnes qui accompagnaient les personnes malades du sida ou séropositives.  Le Lobby: Et donc, pour briser ce silence, vous avez été à l'origine de la création de plusieurs médias LGBT. Vous avez d'abord rejoint Têtu en 1999, puis vous avez créé Yagg en 2008 avec trois collègues de Têtu et puis il y a eu Komitid en 2018. D'abord, est ce que vous pouvez nous raconter un petit peu vos années Têtu ? Christophe Martet : Alors têtu, ce qui est intéressant, c'est que j'y suis rentré pour au départ remplacer Didier Lestrade, un des fondateurs d'Act Up, et aussi un des fondateurs de Têtu. En 1999, il préparait un livre sur Act-Up : Act-Up, une histoire. Et ce qui est intéressant, c'est que le premier travail pour Têtu, ça a été de traduire un article d'un magazine américain sur le bareback, donc ce phénomène où des personnes séropositives affirmaient qu'elles n'utilisait plus le préservatif dans la mesure où elles considéraient que, en tant que personne séropositive ayant des rapports sexuels avec des personnes séropositives, elles ne risquaient pas de toute façon d'infecter ces personnes.  Suite à cela, on m'a proposé de remplacer Didier Lestrade pour m'occuper des pages Têtu+. À l’époque, Têtu était le seul magazine français qui consacrait tous les mois plusieurs pages à la question du VIH/sida. À travers des témoignages, des articles, des enquêtes, des fiches pratiques…  Ensuite, j'ai lancé l'idée de créer Tétu+, qui était un guide gratuit d'information sur le voyage diffusé à 200 000 exemplaires si je me souviens bien, et avec un financement original puisque c'était à la fois les pouvoirs publics et les labos pharmaceutiques qui nous soutenaient dans la mesure où on proposait aussi, ce qui n'était pas fait à l'époque, des fiches pratiques pour les combinaisons de traitement, puisque c’était l’époque des trithérapies. À cette époque, je pouvais prendre jusqu'à sept ou huit traitements différents par jour pour combattre le VIH. Donc Têtu+, c'était aussi une très grosse partie de mon travail? Ensuite, j’ai créé l'agenda de Têtu. C'était un cahier spécial encarté dans Têtu et qui traitait de l'actualité dans les régions. Et donc j'avais constitué un petit pool de correspondants et de correspondantes en région, dans les grandes villes françaises. Il faut s'imaginer qu'à l'époque de l'an 2000, les correspondants envoyaient leurs papiers par courrier. Ils n'avaient pas tous encore accès à internet ou aux mails et ils m'envoyaient leurs photos et leurs papiers par la Poste. Il fallait ensuite les retranscrire, etc. Parce que voilà, c'était une autre époque.  Donc Têtu, c'était à la fois effectivement un magazine que certains voyaient comme un peu comme ça, sur papier glacé, avec des beaux mecs sexy, etc. Mais si vous regardez le contenu des tenues, c'était quand même très très riche, avec un grand nombre de différentes rubriques et notamment moi, j'étais très très heureux qu'on puisse vous proposer toute cette information sur le soulevé Yoshida. Le Lobby: Ensuite il y a eu Yagg, vous pouvez nous raconter cette histoire ?  Christophe Martet: En fait, c'est parti d'une discussion que j'ai eue avec Xavier Héraud. On avait tous les deux quitté Têtu,et c'était au moment où explosaient les médias comme Rue89, Mediapart, donc des pure players, uniquement sur internet, et des médias qui étaient aussi participatifs, avec
Cap sur le Japon cette semaine, unique pays du G7 où le mariage pour toustes n'est pas encore légal. Mais les lignes sont peut-être en train de bouger timidement. Sommes-nous à un point de bascule au Japon pour les droits LGBT ? Le mariage pour les couples de même genre n'y est toujours pas légal, alors même que 60 à 70% des Japonais·es y seraient favorables. Deux tribunaux de l’archipel viennent de surcroît de juger que l’interdiction du mariage aux couples homosexuels est contraire à la Constitution japonaise, ce qui pourrait bien pousser le Parlement à se saisir de la question. Fin 2023, c’est la Cour suprême japonaise qui avait déjà volé au secours des droits LGBT : la stérilisation forcée à laquelle sont soumises les personnes trans qui veulent changer de genre à l’état civil était jugée inconstitutionnelle. Le débat sur les questions LGBTI+ s'est donc judiciarisé ces dernières années, sans que le gouvernement, classé à droite, ne s'empare encore du sujet. La communauté queer a-t-elle des raisons de garder espoir ? Comment vit-on son identité queer au Japon aujourd'hui ?  On en parle avec Aline Henninger, maîtresse de conférences en langue et civilisation japonaises à l’université d’Orléans, elle travaille sur les questions de socialisation de genre et de sexualité dans le Japon contemporain. La transcription de cet épisode est à venir ! Pour aller plus loin... — Le film L'innocence de Kore Eda L'équipe de l'émission Présentation : Victor Samoth-Panetti Réalisation : Colin Gruel
À l'occasion de la parution de son dernier livre, 10 questions sur la grossophobie (Libertalia), nous recevons cette semaine la militante Daria Marx. L'activiste féministe et anti-grossophobie, fondateur du collectif Gras Politique, auteurice de "Gros n'est pas un gros mot" (Flammarion) et réalisatrice du documentaire "Daria Marx : ma vie en gros" sur France 2 en 2020, est de retour ! Il publie 10 questions sur la grossophobie, un ouvrage qui s'appuie moins sur son témoignage personnel que sur la littérature scientifique pour dézinguer les arguments grossophobes. Elle est notre invitée cette semaine pour fêter la parution de ce nouveau livre, qui sort aujourd'hui. Le Lobby : Le terme “grossophobie” est entré dans le dictionnaire en 2019. À quoi renvoie-t-il ? Daria Marx : La grossophobie est l'ensemble des attitudes discriminatoires qui sont faites aux personnes grosses. Donc ça recouvre à la fois les discriminations d'ordre privé : dans l'intime, dans la famille, les discriminations qu'on peut subir au travail, dans l'accès aux soins, et puis aussi l'organisation grossophobe des politiques publiques, comme par exemple celles de la santé. Par exemple : dans la manière dont on conçoit les transports en commun de demain, est-ce qu’on prend en compte les personnes grosses ou est-ce qu’on les pense de manière grossophobe ? Dans le livre, tu fais un panorama scientifique de la lutte contre la grossophobie. Tu racontes que ce combat commence dans les années 1960, avec notamment le mouvement des droits civiques.Le livre est historique, il retrace les débuts de ce mouvement.  Ça me tenait vraiment à cœur de retracer l'histoire de ce mouvement à la fois aux États-Unis parce que ça part des États-Unis, mais aussi en France, parce que je trouve qu’on ne rend pas assez hommage aux militant.e.s de jadis, de naguère. Si je suis là aujourd'hui, si je peux porter cette lutte, c'est que j'ai eu la chance d'avoir des idées insufflées en moi quand j'avais 18 ans, quand j'étais plus jeune. Et ça me tenait vraiment à cœur de rappeler ça. Et puis, pour ce qui est de l'émergence de la lutte contre la grossophobie en partenariat avec la lutte des droits civiques dans les années 60-70, ça me tenait aussi à cœur parce que il faut rappeler que ce sont des femmes grosses et souvent racisées qui ont commencé à porter cette lutte et on a tendance à l'oublier. On a toute la trend du body positive, qui est devenue très blanche. Je crois qu'il fallait vraiment rendre à ces femmes justice et leur dire merci pour ce qu'elles ont accompli et ce qui nous permet d'être là aujourd'hui.  Tu parles de “vagues de mouvements de lutte” contre la grossophobie, un peu comme le féminisme. Et je trouve que c’est hyper intéressant parce qu’on peut vraiment dater ces vagues aujourd'hui, on serait à une troisième ou quatrième vague de lutte contre la grossophobie?  Oui, je pense qu'on est un peu dans une quatrième vague, un peu comme pour le féminisme où on s'aperçoit que la grossophobie fait partie de l'éventail intersectionnel des luttes qu'il nous faut prendre en compte si on veut s'affirmer comme luttant contre les discriminations aujourd'hui. Et je pense que les personnes qui luttent contre la grossophobie sont elles-mêmes intersectionnelles, en tout cas devraient l'être. Et j'appelle mes consoeurs et mes confrères qui luttent contre la grossophobie à être dans l'intersectionnalité et à penser la grosseur avec les autres discriminations. Parce que c'est comme ça qu'on aborde la réalité des attitudes discriminantes aujourd'hui.  Et d'ailleurs je te cite juste sur un petit passage, tu dis : “Il est impossible de nier qu'un mouvement sérieux est en marche en France, sous l'impulsion de petits collectifs autonomes et de leurs actions de sensibilisation menées dans les écoles, certaines facultés et les associations.” Et je me demandais si on pouvait dire que la sensibilisation à la grossophobie, le fait même qu'on puisse aujourd'hui parler de “grossophobie”, moi à ce micro l’employer, c'est le résultat des luttes directes de petits collectifs autonomes?  Oui, on ne peut pas dire qu'il y ait une vraie vague de mobilisations incroyable. Il n'y a pas eu de Fat Pride dans les rues, les gros n'ont pas dévalé les Champs Élysées. Tout ça n'est pas arrivé. Mais par contre, il y a vraiment eu des tas de petits collectifs qui ont fait beaucoup de bruit. Évidemment Gras Politique c'est le mien, donc je le cite avec plaisir. Mais aujourd'hui il y a la lutte des Gras.ses à Toulouse, Gros Amour à Rennes. Il y a eu le livre de Gabrielle Deydier qui a fait du bruit. Il y a eu Leslie Barbara Butch qui a porté aussi un message. Mais il y a plein d'individus et de collectifs qui ont fait beaucoup, beaucoup de bruit. On est tellement gros qu'on n'a pas besoin d'être beaucoup pour faire du bruit. Donc c'est fantastique. Il faut vraiment penser à eux et les remercier.  Pour parler un peu plus du livre en lui même, en tant qu'objet, j'ai cru comprendre que c'était les éditions Libertalia qui t'ont contacté pour l'écrire dans le cadre d'une collection qui s'appelle “Dix questions sur”, dans laquelle on retrouve par exemple Dix Questions sur l'anarchie. C'est celui dont je me rappelle le plus. Comment le lien avec les éditions s'est fait?  J'ai la chance de travailler avec une agente littéraire qui s'appelle Julie Finidori qui travaille avec plusieurs maisons d'édition, et c'est elle, je crois, qui a proposé ce projet à Libertalia. Et eux ont été tout de suite très intéressés, ce qui n'est pas étonnant parce que c'est une très chouette maison d'édition qui traite beaucoup des discriminations et des luttes sociales. Donc c'était très chouette. J'ai eu carte blanche pour écrire ce livre où j'ai vraiment pu dire ce que je voulais. Ils m'ont vraiment offert la liberté de rentrer dans la profondeur des choses. Le premier livre que j’ai écrit Gros, n'est pas un gros mot, c'est un peu un résumé, un petit panorama de c'est quoi la grossophobie? Comment est ce qu'on la reconnaît? Là, j'ai eu la chance de pouvoir rentrer en profondeur dans les choses, de travailler mes sources, d'avoir le temps de le faire et le nombre de pages nécessaires pour le faire. Donc c'est super.  La seule contrainte formelle, c'était les 10 questions? Voilà, la seule contrainte et “tu nous le rends tel jour”. Tu l'as écrit en combien de temps?  Deux mois et demi environ.  Ça faisait longtemps que tu rassemblais un peu des sources? Comment as-tu rassemblé le matériel?  C'est quelque chose qui me préoccupe au quotidien. Donc il n'y a pas un jour où je ne fais pas une veille sur la grossophobie, où je me note pas des trucs, où je ne lis pas quelque chose. C'est un peu mon obsession n°1. Tout est un peu dans ma tête. J'ai juste fait un plan et le format des questions m'a beaucoup aidé pour ça, pour organiser mes idées. Et puis après, bah on a bossé hein.  Samedi dernier, tu disais que c'était la première fois qu'on te demandait de faire quelque chose qui ne soit pas un témoignage de ta vie de grosse, qui n’incluait pas forcément le récit de ta vie entière. Est ce que tu peux nous parler un peu de ton rapport à ça? Qu'est ce que ça change de faire quelque chose de purement factuel?  Aujourd'hui, je trouve qu'on demande beaucoup aux militant.e.s qui portent un discours sur une discrimination qu'ils subissent eux/elles mêmes, de raconter leur vie pour être crues, pour être entendues. Et ça s'entend vraiment dans les podcasts, dans les livres, y a une espèce d'économie du témoignage qui se fait, qui moi commence à me déranger un peu. Je vais faire un parallèle qui a un peu trigger peut être, mais c'est comme quand on dit il faut dire “je te crois” quand quelqu'un te raconte qu'il a été agressé.e, ok, mais une fois que t'as dit je te crois, il se passe quoi? En fait, j'ai l'impression qu'on parle, on parle, on parle mais il se passe rien derrière. Et je trouve qu'on a ce moment où ok, on sait que tout ça existe, qu'est ce qu'on en fait? Comment bouger les choses? Et vraiment ce livre, il me donne un peu l'espoir de penser que je donne des clés pour changer les choses, que je donne des clés pour comprendre qui ne sont pas que des témoignages. Je ne vais pas chercher sur l'émotionnel, je dis regardez : les faits c'est qu'il y a pas d'ambulances dans ton département en France qui puisse supporter les gens au-dessus de 130 kilos. Qu'est ce qu'on fait de ça ? J'ai l'impression qu'il faut qu'on se confronte aux faits aussi, et pas seulement à des témoignages qui appellent l'émotion. Ah ben oui, c'est triste, mais il se passe rien derrière en fait. Et puis la compassion des gens c'est super. Mais moi, je veux aussi des ambulances, de l'accès aux soins, de l'accès à l'embauche, les mêmes droits pour tout le monde. C'est super si on arrête de me traiter de grosse truie dans la rue, mais ça ne va pas changer toute ma vie quoi.  C'est vraiment de changer le système, en fait… Absolument. Et puis c'était l'occasion, ce livre, de montrer que la grossophobie s'organise dans un système. Et on est tout le temps à parler de lutte systémique, de racisme systémique, de choses systémiques. Mais en fait, la grossophobie est systémique. La grossophobie participe à ce système qui trie les gens selon leur degré de dignité. Si vous êtes mince, vous êtes digne d'accès aux soins, vous êtes digne d'avoir un emploi, vous êtes digne d'avoir un compagnon, d'avoir une compagne. Mais si vous êtes grosse, on décrète les politiques de santé et les politiques d'embauche. Plein de choses décrètent que vous n'êtes pas digne d'exister dans l'espace public. Donc il y a une organisation politique de l'indignité des corps gros.  D'ailleurs, tu dis dès la première page “On parlera aujourd'hui de grossophobie internalisée. Être grosse est une abomination. Il faut donc se prémunir à tout prix de cet état de disgrâce sociale. On devient donc un bourreau pour soi et pour les autres en appliquant des préceptes normatifs inutiles.” Ce qui m'a m
Les sénateurs Les Républicains viennent de publier un rapport sur la "transidentification des mineurs". Un proposition de loi est promise avant l'été, annoncé par les associations comme le texte "le plus transphobe d'Europe". Vous êtes là, vous vibez dans votre vie, le printemps pointe enfin le bout de son nez et clairement vous demandez rien à personne. C'était sans compter sur les sénateurs du groupe Les républicains qui ont déposé la semaine dernière un document de travail mené par Jacqueline Eustache-Brinio pour faire un état des lieux des actions à mener suite à, je cite, “une hausse croissante des demandes de changement de sexe chez les enfants et chez les adolescents”. Sous prétexte de vouloir protéger les mineurs, ce document aboutit à une liste de préconisations à adopter dans les domaines médicaux et administratifs comme interdire l’accès aux hormones, aux bloqueurs de puberté (comme très récemment en Grande-Bretagne) ou même la fin de la prise en compte des questions d’identités de genre à l’école. Le groupe Les Républicains souhaiterait faire aboutir ce document dans une proposition de loi avant l’été. Avant d'aboutir à ce rapport de 400 pages où la transphobie qui s'exprime confinerait presque au complotisme, les sénateurs ont mené plusieurs audiences. Une seule association trans a été reçue : OUTrans, le groupe féministe d'autosupport trans. Nous recevons cette semaine Anaïs Perrin-Prevelle, directrice de l'association. Racontez-nous la genèse de ce rapport… Anaïs Perrin-Prévelle : L'origine de ce document de travail, c'est un groupe qui s'appelle l'Observatoire La Petite Sirène, qui essaye de s'opposer par tous les moyens possibles et imaginables à la prise en charge de l'identité de genre chez les mineurs et qui a un certain écho, et en particulier du côté de certain·e·s sénateurces, en l'espèce la sénatrice qui est à l'origine de ce rapport-là, Jacqueline Eustache-Brinio.  En lisant le rapport, on constate à quel point le travail de cette commission était très orienté. Céline Masson et Caroline Eliacheff, qui sont les deux directrices de l'Observatoire, étaient présentes à toutes les auditions. Sur la portée du rapport, c'est un peu difficile à dire dans le sens où c'est un rapport interne au groupe Les Républicains, c'est pas un rapport d'une commission du Sénat, même s'il y a le tampon Sénat. En réalité, c'est juste un document interne au groupe LR. Et encore… En fait c'est une personne qui dans son coin a fait son truc, mais qui a utilisé un peu les ors de la République pour donner l'impression que c'est quelque chose d'un peu officiel. L'avantage de pouvoir le faire du côté juste au sein du groupe LR, c'est qu’il n'y avait pas d'obligation de faire quelque chose dans les règles de l'art, il n'y avait pas l'obligation de respecter un certain pluralisme, il n'y avait pas l'obligation d'avoir vraiment des gens qui vont retranscrire ce qui s'est dit pendant les débats. Et donc ça donne la liberté de changer, de travestir la réalité, de choisir les termes qui les intéressent.  Ça donne un rapport complètement biaisé. C'est strictement un élément idéologique qui sert de tract à l'Observatoire de la Petite Sirène.  Le rapport débouche sur une proposition de loi visant à restreindre l'accès des aux parcours de transition pour les mineurs. Quelle est la situation aujourd'hui et comment sont elles prises en charge ?  Alors, il y a beaucoup de fantasmes sur la prise en charge des mineurs. Il y a une réalité qui est la difficulté d'accès de façon générale aux soins pour les personnes trans, qu'elles soient mineures ou majeures, et qui est encore plus criante du côté des mineurs, dans le sens où il n'y a pas de règle ou de cadre sur la prise en charge des personnes trans par les professionnels de santé.  Il faut comprendre que, en matière de transidentité, on est dans une période de bascule, une période où, il n'y a pas si longtemps que ça, la transidentité n'était considérée que comme un trouble mental. Ce n’est plus le cas aujourd'hui. C'est assez récent, hein, parce qu'au niveau de l'OMS, la dépsychiatrisation de la transidentité ne date que du 1ᵉʳ janvier 2022 pour sa mise en application.  Pourtant, aujourd’hui, pour les mineurs, la pédopsychiatrie reste le seul point d'accès possible pour un parcours de transition. Et du coup, il y a des sortes de critères de souffrance qui sont positionnés : si un jeune ou une jeune ne souffre pas assez, en gros s’il n'a pas fait de tentative de suicide, ne s'est pas scarifié, s’il n’est pas à un stade où sa santé est en jeu, alors c'est très compliqué d'avoir une prise en charge parce qu'il y a très peu de personnels qui acceptent de prendre en charge dans les hôpitaux qui sont sous dotés en la matière. Donc au final, il y a extrêmement peu de personnes trans qui sont, qui sont accompagnées. L’association OUTrans a été auditionnée, par votre voix, pour ce rapport. Pourquoi avoir proposé un entretien avec quelqu’un qui aura de toute façon un avis contraire à ce que les sénateurs cherchent à prouver ?  En fait, cette audition, et de façon générale ce rapport, c'est un piège. Parce que globalement, ils et elles ont essayé d'interroger des associations, donc ont invité des associations pour se dire “Vous voyez, on est pluralistes, on essaie d'inviter un maximum d'associations, ce n'est pas juste un seul point de vue”. Mais si on y va, on se retrouve dans la situation dans laquelle on est là, avec en fait une reprise extrêmement partiale et partielle de nos propos. Sur une d’audition, il n'y a que quatre lignes qui ont été retenues. Il y a d'autres associations qui ont été approchées, qui avaient donné leur accord pour pouvoir y aller, et qui n’ont pas pu, pour de questions de calendrier. Et au final, je crois qu’on s'est retrouvé·e·s à très peu d'associations à intervenir. Je crois que nous sommes la seule association de personnes trans reconnue en tant qu'association de personnes trans à intervenir sur l'ensemble.  On s'est retrouvé finalement à la fois dans un piège et pas dans un piège. Parce que le fait d'avoir été de l'intérieur permet d'avoir la légitimité de dire réellement ce qui s'est passé et de dénoncer du coup la façon dont les choses se font. Et on a en tête par exemple de publier prochainement peut être l'exhaustivité de notre audition pour montrer la différence entre les trois lignes qui sont retenues et leurs complète d'auditions, je crois. C'est même sur un peu plus d'une heure, l'heure complète d'audition qu'on a pu avoir avec cette commission et montrer à quel point n'ont été retenu que les éléments qui pouvaient les arranger et surtout pas les éléments qui pouvaient les déranger.  Parlons maintenant de ces fameux arguments qu'avancent les Républicains, notamment l'argument qui lance cette fois ce rapport une hausse croissante, voire une explosion des demandes de transition de genre chez les mineurs ces dernières années. Est ce que c'est vrai ?  Je vais vous donner deux chiffres. Pour le Mois des fiertés de juin 2023, l’institut de sondage Ipsos a réalisé une étude sur le nombre de personnes LGBTQ+ et le nombre de personnes dans la diversité de genre dans 30 pays à travers le monde et entre autres la France, avec une étude représentative de la population française et qui dit qu'il y a 10% des personnes en France qui s'identifient comme LGBTQI+, et 4 % des Français·e·s qui se reconnaissent dans la diversité de genre. Et pour les jeunes de 18 à 26, c'est 22 % qui se disent LGBTQI+ 11 % dans la diversité de genre. On peut imaginer que pour les moins de 18 ans, on sera à peu près sur les mêmes ordres de grandeur. Il y a 16 millions de mineurs en France. Donc on peut imaginer qu'il y aurait, à la louche, si on retire les plus jeunes âge, au moins un million de personnes qui pourraient avoir besoin d’accéder à un parcours de transition. Ou a minima d'avoir une écoute, d'être reconnu dans leur genre. Imaginons que sur ce million de personnes, ne serait-ce que 10% voudrait se lancer dans un parcours de transition, ça reste quand même 100 000 personnes.  Pourtant, le rapport le dit lui même : en tout et pour tout, en France, il y a 294 enfants qui ont affection longue durée (ALD), donc une prise en charge à 100 % dans le cadre d’un parcours de transition. Et au sein les équipes dans lesquelles on est nous, parce qu'on fait partie des réunions de concertation pluridisciplinaire à la Pitié-Salpêtrière, sur dix ans, je crois que c'est en tout à peu près 700 gamin·e·s qui ont été suivi·e·s sur dix ans. Et sur ces 700 gamin·e·s, il y en a très peu qui arrivent à la prise d'hormones, ou aux bloqueurs de puberté. Donc en fait on est en train de faire tout un foin autour de rien.  Oui, un problème de la prise en charge des personnes trans, mais c'est pas le fait de les prendre en charge qui est un problème, c'est le fait de ne pas les prendre en charge qui est un problème. Parce que là ça pose un vrai sujet de santé mentale, parce que le fait qu'on n'accompagne pas l'identité de genre des personnes, on les accompagne pas dans leur transition, ça crée des vrais troubles au niveau de la santé mentale des personnes. Ce qui est fondé par contre, c'est qu'il y a effectivement une augmentation de la compréhension de ce qu'est la transidentité. Et les personnes trans sont capables de dire ce qu'elles ressentent aujourd'hui et de mettre un terme sur ce qu'elles ressentent. Ce qui n'était pas le cas avant. Et d'ailleurs on le voit dans les études, il y a effectivement une augmentation sur les dernières années parce qu'il y a une plus grande acceptation du terme. La dépsychiatrisation de la transidentité, ça remonte seulement au 1ᵉʳ janvier 2022. Donc c'est normal qu'à partir du moment où on considère que quelque chose, qui était vu comme étant un délire psychiatrique, est en fait tout à fait normal, les gens se disent “ah bon bah du coup j'ai le droit de l'être”, c'est juste logique.  Et ç'aurait même été anormal qu'on n'ait pas une forte aug
C'est le retour de notre émission mensuelle ! Et ce mois-ci, on passe une heure avec lea dessinateurice Jul Maroh et l'autrice Sabrina Calvo, qui publient "Hacker la peau" aux éditions du Lombard Dans un Lyon pas si dystopique que ça, Prin, Molly et Axl fuient les fascistes qui ont pignon sur rue depuis l'arrivée de l'extrême-droite au pouvoir. Hacker la peau est le récit d'une nuit de violence où l'on suit trois personnages, pris dans une relation amoureuse tumultueuse. Polyamour, transidentité, spiritualité, lutte... La BD aborde de très nombreuses thématiques. On en tire quelques fils avec les deux auteurices : Jul Maroh (Le bleu est une couleur chaude) et Sabrina Calvo. Hacker la peau (Le Lombard) Jul Maroh sera en dédicace tout le mois d'avril dans de nombreuses librairies. Suivez-lea sur son compte Instagram, et abonnez-vous à sa newsletter ! Dans l'actualité queer... Juliette revient sur les 30 ans du Sidaction. C'est en 1994 que la première émission consascrée à la récolte de dons pour la lutte contre le VIH/Sida est diffusée simultanément sur plusieurs chaînes de télévision pendant 6h de direct. 30 ans plus tard, où en sommes-nous ? Éléments de réponse avec Sandrine Fournier, directrice du pôle Financement des associations au Sidaction. Un entretien à écouter et à lire en intégralité ici Les Disques du Lobby Xavier nous partage sa passion du cabaret et reçoit La Mulette. Un artiste à découvrir en live et en interview ! Vous pouvez aller voir La Mulette aux soirées électro de Madame Arthur du 4 au 7 avril ! L'agenda • Le 29 mars, rendez-vous au Titi Palacio pour la première édition du Kessecé Ce Cirque, le show drag cirque mensuel porté par notre compagnon de route Miroslav Toi Les Mains • Le 31 mars, c'est la journée de visibilité trans ! L'équipe de l'émission Présentation : Colin Gruel et Victor Samoth-Panetti Réalisation : Margot Page et Suzanne Saint-Cast Chronique : Zoé Monrozier, Xavier Paufichet et Juliette Mouëllic
Le 7 avril, le Sidaction fête ses 30 ans. L'occasion pour nous de revenir sur son histoire, et sur l'histoire de la lutte contre le VIH/Sida.  L’association “Ensemble contre le sida”, devenue Sidaction en 2005, fête cette année son trentième anniversaire. C’est le 7 avril 1994 que la première émission du Sidaction est diffusée simultanément sur les sept chaînes de télévision de l’époque. Elle permet de collecter plus de 45 millions d’euros pour soutenir la recherche et les associations œuvrant sur le terrain de la prévention et de l’aide aux personnes malades du sida. Depuis, pour lutter contre ce virus et contre les injustices qu’il entraîne, la mobilisation n’a jamais cessé. Penchons-nous alors sur ce virus, avec lequel vivent aujourd’hui en France 200 000 personnes, parmi lesquelles 5000 ayant découvert leur séropositivité en 2023. Comment l’épidémie a-t-elle évolué depuis trente ans ? Comment les personnes touchées vivent-elles avec le virus ? Sommes-nous assez informés ? Quelles sont les nouvelles pistes abordées par la recherche ? Pour en parler, nous recevons Sandrine Fournier, directrice du Pôle Financement des Associations chez Sidaction. Racontez-nous l'histoire du Sidaction et les objectifs de l'association à sa création... Sandrine Fournier : En fait, cette association, elle s'est créée à l'initiative de plusieurs associations qui sont des associations de terrain telles que l'association AIDES, Act-Up, Dessine-moi un mouton, qui suit à ce moment-là plus particulièrement les familles, les enfants atteints du VIH. Et ces associations, elles crient dans le désert à ce moment-là. C'est une époque où on est en 1994, où certes il y a des réponses, mais encore très insuffisantes, à la fois en termes de recherche, les besoins de recherche sont immenses. Vous le savez, en 1994, les trithérapies ne sont pas encore sur le marché, pas encore élaborées, donc les gens meurent. C'est vraiment une période terrible.  Donc c'est dans cette situation d'urgence à accompagner les personnes qui sont en train de mourir du sida, qui sont pour certaines d'entre elles et pour beaucoup d'entre elles, rejetées par leur famille, y compris traitées avec beaucoup de précautions à l'hôpital, victimes de discrimination de mille manières. C'est vraiment une période très noire, une période pendant laquelle, effectivement, on a besoin de recherche : à la fois de la recherche fondamentale, mais aussi de la recherche en sciences sociales pour comprendre quels sont les freins au dépistage, ou pour comprendre quelles sont les représentations dans telle ou telle communauté qui vont conduire les gens à ne pas recourir aux soins, etc. Et la recherche fondamentale est nécessaire en en premier lieu pour essayer de trouver un vaccin, mais plus globalement pour essayer de comprendre comment le système immunitaire réagit face à ce virus qui est extrêmement complexe et qui l'attaque. Le VIH est très particulier. Et donc quelles sont les différentes actions que le Sidaction met en œuvre? C'est notamment du soutien à la recherche ?  Sidaction finance pour un tiers des actions de recherche, pour un tiers des actions associatives en France et pour le dernier tiers des actions associatives à l'international. À l'international, c'est principalement en Afrique subsaharienne. On finance des actions dans 18 pays, dont 15 en Afrique subsaharienne et Afrique du Centre et dans trois pays d'Europe de l'Est. Vous le savez peut-être, aujourd'hui, c'est en Europe de l'Est que l'épidémie flambe à nouveau. En 30 ans, qu'est ce qui a changé pour le Sidaction?  Alors d'abord, ce qui a été incroyable, c'est 1996. C'est l'arrivée des trithérapies, des gens qui allaient mourir et qui savaient qu'ils allaient mourir, se trouvent littéralement sauvés par les trithérapies. Des médicaments qui, notamment pour les premières générations de médicaments, sont quand même des traitements très lourds. Je me souviens des ami.es à l'époque qui prenaient une trentaine de comprimés par jour à heure fixe, avec des effets secondaires vraiment vraiment difficiles, mais néanmoins, qui leur ont sauvé la vie. Donc ça change tout en France et dans les pays qui ont accès à ces traitements, il faudra qu'on se batte pendant des années pour que les pays africains, notamment, où l'épidémie est la plus forte, aient accès aux antirétroviraux.  Mais en tout cas, c'était un premier signal très fort, une première étape très importante. Ensuite, évidemment, on a besoin de continuer à financer la recherche parce que le vaccin, il n’y en a toujours pas, et aujourd'hui encore, toujours pas. Alors je dirais que 30 ans voire 40 ans de recherche vaccinale, ça n'a pas du tout servi à rien. Il faut bien avoir conscience que les équipes qui ont élaboré un vaccin contre le SARS-COV 2 en  un an sont les mêmes qui travaillent sur le VIH depuis 40 ans. C'est-à-dire que c'est aussi parce que ce virus est si complexe et qu'il est si difficile de trouver un vaccin que ça nous a fait beaucoup avancer sur la compréhension du système immunitaire et que toutes ces recherches, elles ont aussi pu bénéficier à d'autres pathologies, au cancer notamment.  Donc on continue à chercher. C'est très très difficile de trouver un vaccin contre le VIH mais aujourd'hui, on a beaucoup avancé sur les traitements. Aujourd'hui, en France, on a accès à 90 lignes de traitements différents puisque comme vous le savez peut-être un virus va s'adapter et petit à petit créer des résistances avec les traitements. Donc on a toujours besoin de créer de nouveaux traitements, de nouvelles molécules. Il faut toujours avoir une longueur d'avance sur le virus. Cette capacité, on l’a en France mais malheureusement pas partout dans le monde. Beaucoup de gens ont accès à une ligne de traitement et c'est tout : que ça marche ou que ça ne marche pas, il n'y a pas autre chose.  C'est aussi pour ça qu'on est présent·e·s dans ces pays là en particulier en Afrique subsaharienne et du Centre où là, la question de l'accès aux traitements est particulièrement prégnante pour les enfants. On estime à 39 millions le nombre de personnes qui aujourd'hui vivent avec le VIH dans le monde. 9 millions, soit à peu près un quart, n'ont pas accès aux traitements. Mais ça fait quand même 30 millions qui y ont accès : c'est déjà un progrès vraiment considérable. En revanche, on voit qu'en Afrique de l'Ouest et du Centre, plus de la moitié des enfants infectés n'ont pas de traitement. Donc il y a encore beaucoup de travail à faire. C'est aussi grâce aux dons qui sont faits pour le Sidaction que cette recherche peut être financée ? J'ai vu que vous organisez le samedi 23 mars 1 soirée événement diffusé sur France deux avec plusieurs artistes. Quel est l'objectif de cette soirée? Je suppose que c'est un moment où vous récoltez beaucoup de dons et peut être même le plus ?  Tout à fait. Ça, c'est un moment phare de notre collecte, qui n'est pas seulement concentrée sur ce prime à la télévision, sachant qu'aujourd'hui beaucoup de gens d'abord ne regardent pas la télévision, sont plutôt sur les réseaux sociaux, ou bien regardent en replay. Mais on sait aussi qu'on a des donateurs et donatrices fidèles, qui pour beaucoup sont des personnes plus âgées et qui regardent la télévision. Donc pour eux et elles, ça fait sens, avec une certaine affection pour Line Renaud et ses comparses qui vont animer la soirée. On va revenir sur ces 30 ans au cours de cette soirée, à la fois avec des témoignages, des images d'archives, puis aussi de la culture pop qui a émaillé ces 30 ans et qui a aussi accompagné la lutte.  Donc si on veut soutenir le Sidaction, comment faire ? J'imagine qu'on peut faire des dons toute l'année. Est-ce possible de participer à des actions un peu plus concrètes ?  Faire des dons toute l'année,oui, tout à fait, en particulier sur Sidaction.org, mais aussi par courrier, on peut tout simplement envoyer un chèque. Pendant cet événement médiatique, cette période du Sidaction Média, on ouvre un numéro de téléphone, le 110, qui est un numéro gratuit que l'on peut appeler pour faire une promesse de dons. Et là, nous mobilisons des bénévoles qui répondent à ces appels qui enregistrent les coordonnées des personnes et ensuite ces personnes sont recontactées pour confirmer leurs dons. On peut aujourd'hui aussi faire un don par SMS, un don de 10 € en envoyant le mot DON au 92 110.  Aujourd'hui, le sida, on en est où ? Et comment l'épidémie a-t-elle évolué ces 30 dernières années ? Sandrine Fournier : Alors je dirais qu'aujourd'hui, on est vraiment sur le dernier kilomètre en France et dans les pays occidentaux. Il y a encore beaucoup de problématiques en Afrique parce que le continent africain et dans d'autres régions du monde, comme en Asie en particulier, là où les systèmes de santé ne sont pas très robustes, le VIH est une problématique, mais ils ont bien d'autres problématiques de santé. Le VIH, pour vous donner un exemple, en Afrique par exemple, nous finançons des programmes que l’on appelle PTME pour Prévention de la Transmission de la Mère à l'Enfant. Typiquement, en France, il n'y a plus de transmission de la mère à l'enfant.  Une mère qui, au cours de la grossesse, au cours de l'accouchement ou de l'allaitement, va transmettre le VIH, ça n’existe plus beaucoup, tout simplement parce que les femmes sont systématiquement dépistées avec leur consentement mais elles le sont vraiment très systématiquement. Dès lors qu'une femme est dépistée positive, elle bénéficie d'un traitement. Le traitement aujourd'hui permet de ne pas transmettre le VIH ni à son enfant ni à son partenaire sexuel. C'est vraiment quelque chose que je trouve important de répéter parce que malheureusement, ça semble difficilement imprimé dans les oreilles du grand public.  Une personne qui vit avec le VIH aujourd'hui, qui prend son traitement, ne transmet pas le VIH. C'est ça aussi la force du traitement. C'est pourquoi le traitement participe de la prévention. C'est pourquoi aussi,
Des amants maudits, des familles qui s’opposent et un gros problème de communication... Cette semaine, on parle d’un show 100% drag kings intitulé Roméo et Julio, l’amour plus fort que l’extrême droite, une pièce de théâtre portée par les kings de la KingsFactory et écrite par Arthur Rainbow. Porté par la King's Factory, le show s’est déjà produit deux fois à Paris, une troisième date, déjà complète, arrive le 21 mars et il parait que d’autres dates sont à venir... Dans un contexte politique où Marine Le Pen devient présidente de la république, l’extrême-droite prospère et l’extrême-gauche prépare sa revanche. Malgré l’opposition de ces deux clans, Julio de Couillard, fils de Bernard Arnaud de Couillard, partisan de Marine Le Pen, tombe éperdument amoureux de Roméo, le fils adoptif d’Islamogauchiste, grand militant d’extrême gauche. Là je sais que vous mourrez d’envie de savoir ce qu’il advient de ce couple iconique alors pour vous faire patienter d’ici les prochaines représentations, nous recevons ce soir le king Arthur Rainbow pour nous parler de la pièce mais aussi de la scène drag king parisienne. La prochaine représentation est déjà complète, mais Roméo et Julio fera son retour à partir du mois de septembre au théâtre Clavel pour de nouvelles représentations ! Présentation : Diego de Cao Réalisation : Colin Gruel
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