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Le choix musical de RFI
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Le choix musical de RFI

Author: RFI

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Description

Du lundi au vendredi, chaque matin, un journaliste vous parle des artistes qui font l’actualité des musiques de l’espace francophone, de l’Afrique et de ses diasporas. Vous pourrez y entendre plus largement des musiques du monde et du Sud, des musiques actuelles et urbaines qui sont au cœur de l’identité de RFI.

Diffusion 8h50, heure de Paris, 7h50 TU.

529 Episodes
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Formé en 2020, le quatuor belge a sorti, ce 21 novembre 2025, son second album : Vague Scélérate. Comme ce phénomène marin aussi redouté que mythique, le nouveau disque des quatre musiciens fait l'effet d'un tsunami sonore, aux influences multiples et à l'énergie contagieuse.  Les vagues scélérates sont longtemps restées un mystère de la vie aquatique, et même une légende de marins. Désormais, ce phénomène est bien documenté : il s'agit de vagues qui apparaissent brutalement en pleine mer, et qui font plusieurs fois la taille des vagues environnantes. Avec son bien nommé deuxième album, Gros Coeur reproduit la même chose : « on aimait bien l'idée de ce tsunami sonore qui s'abat sur les oreilles de nos pauvres auditeurs », lâche, dans un trait d'ironie, le bassiste et claviériste du groupe, Julien Trousson. L'humour comme fil rouge  « Faire les choses avec légèreté mais sérieusement » : voilà pour la ligne de conduite du groupe, que l'on retrouve dans le nom des projets (Gros Disque en 2023, Vague Scélérate aujourd'hui), dans les textes, et dans les visuels – mention spéciale pour le clip de « La Vague », tourné sur un radeau de la Méduse improvisé et contre un fond vert qui ne cherche pas à cacher ce qu'il est. Cette légèreté n'empêche pas pour autant de faire de la musique très travaillée. Pas la peine de chercher chez Gros Coeur des morceaux faciles ou des séquences que l'on peut découper en pastilles : sur Vague Scélérate, aucun morceau ne fait moins de 5 minutes, le plus long en fait même 12. Cela tient beaucoup au processus créatif du groupe, essentiellement fait de jams en studio. « On jette très peu de choses, raconte Julien Trousson. Généralement on part d'une idée à quatre, et on développe autour. Et on ne se bride absolument pas, ni sur la direction qu'on emprunte, ni sur la longueur. » Résultat : des durées gargantuesques au regard des standards actuels, mais qui permettent au groupe de développer de longues plages musicales, et à l'auditeur de se plonger complètement dans l'univers des quatre musiciens. « A cette ère algorithmique, c'est important d'avoir des morceaux qui nécessitent une certaine attention. On aime bien l'idée que se lancer dans ce disque demande une certaine attention, un peu comme se lancer dans un film : c'est assez immersif », insiste encore le bassiste et claviériste.  Un tour du monde musical  Si le projet Gros Coeur a pris vie dans la région de Liège, il n'y a certainement pas pris racine. Les quatre rockeurs chantent en français, s'inspirent de la scène québécoise, font résonner des congas d'Amérique latine et empruntent des sonorités au Moyen-Orient, comme dans « Montréal » : bref, en 45 minutes d'album, on parcourt vingt mille lieues sur les mers. Les congas, tout particulièrement, donnent leur son spécifique au groupe, d'autant plus qu'elles sont apparues un peu par hasard. « C'était en 2020, pendant le confinement, se souvient Julien Trousson. On était cloîtré dans notre studio baigné de soleil, et on se demandait à l'époque quel était l'avenir de la culture, si on aurait même l'occasion de rejouer sur scène. On s'est dit que si c'était le cas, on aurait envie d'un son festif, qui donne envie aux gens de revenir, de danser, de suer. C'est à peu près à ce moment-là que notre batteur a apporté ces deux congas qui trainaient chez lui. » Ni une, ni deux, les toms de la batterie [les tambours qui produisent le son le plus grave, NDLR] sont remplacés par les congas... un nouvel instrument est né. Quant à la voix, là aussi, Gros Coeur en fait une utilisation toute personnelle. On a plutôt l'habitude de distinguer la voix du reste de la musique : ici, c'est tout l'inverse. Plutôt que d'être mis en avant, le chant est intégré à l'instrumentation, comme noyé sous les autres nappes de son. « On n'est pas des chanteurs à texte, pointe Julien Trousson. La voix nous sert d'instrument, de ligne mélodique. Souvent, les mélodies sont trouvées sur la base d'un riff de guitare, ou de bass, peu importe. Et on retranscrit ce qu'on a fait en jam à la voix, qui nous sert de conducteur mélodique dans la chanson plus que de vecteur de sens. »  Le résultat est assurément surprenant, mais complètement entraînant si l'on accepte de se laisser emporter par le courant. Et cela semble marcher : Gros Coeur a le vent en poupe dans le milieu musical. Le groupe participera d'ailleurs, mi-janvier, à l'Eurosonic, le festival de tous les professionnels de la musique.
Compositeur, arrangeur et producteur, Quincy Jones a influencé des générations d'artistes américains au cours de ses 60 ans de carrière. Décédé il y a un an, à l'âge de 91 ans, la maison de production Universal Music lui consacre une anthologie baptisé The legacy of Quincy Jones (« L'héritage de Quincy Jones » en français). Cet héritage, Universal Music le décline en 20 CD et 406 morceaux, ce qui permet de retracer l'œuvre et l'évolution artistique de cet homme qui résume à lui seul la musique américaine du XXe siècle, du be-bop au hip hop. Et c'est Stéphane Lerouge, grand spécialiste de la musique de film chez Universal Music France qui a conçu cet objet d'un exhaustivité incroyable. On découvre ainsi des prises alternatives, des inédits, des titres tombés dans l'oubli. « J'aurais tellement aimé lui faire découvrir, et pouvoir partager avec lui ces découvertes et avoir son regard d'aujourd'hui sur ces jalons de son passé, commente Stéphane Lerouge. Cela n'aura pas eu lieu, mais au moins, aujourd'hui, les auditeurs peuvent s'immerger dans, à la fois les visages connus et les évidences du parcours de Quincy Jones, et aussi dans des choses plus méconnues voire obscures. » Producteur de tubes Parmi ces visage connu, il y a celui de producteur. Quincy Jones a façonné la trilogie conquérante de Michael Jackson dans les années 1980, à savoir les albums Off The Wall, Thriller et Bad. Et l'on peut affirmer sans risque d'être démenti que c'est lui qui a fait du dernier des Jackson Five le premier des princes de la musique. Mais Quincy ne se résume pas à cette collaboration. Comme disait le musicien Benny Carter : « son succès a éclipsé son talent ». Et ce talent qui émerge dans les années 1950 va s'exprimer notamment à Hollywood. Quincy Jones réalise un rêve d'enfance en devenant le premier afro-américain à travailler pour Hollywood. Il va composer huit bandes originales, dont cinq pour Sidney Lumet, et surtout celle du film culte de Norman Jewison Dans la chaleur de la nuit, avec Sidney Poitier. Un film jalon dans l'histoire américaine, puisque c'est, par excellence, le film d'émancipation des afro-américains. Le sujet tenait particulièrement à coeur à Quincy Jones qui a débuté sa carrière dans une Amérique ségrégationniste. Ainsi, il n'avait pas le droit de composer pour la section cordes d'un orchestre : c'était interdit aux noirs. Séjour en France Lorsqu'il arrive en France en 1957, embauché par le producteur Eddie Barclay, il découvre la liberté. Il disait qu'à Paris, il était enfin considéré comme un artiste et non jugé a priori pour sa couleur de peau. Et c'est aussi en France qu'il fait une rencontre décisive, celle de Nadia Boulanger. La célébrissime professeure de piano du conservatoire américain l'initie au contrepoint et à la musique savante, celle de Stravinski notamment, ce qui aura une influence décisive sur son art. Le coffret publié par Universal Music France se referme sur le dernier passage en studio de Quincy Jones : c'était en 2023, à l'occasion d'un hommage au compositeur de musique de film Henry Mancini. Quincy Jones a réenregistré le thème musical de Peter Gunn, composé par Mancini pour le film de Black Edwards sorti en 1967. Pour l'occasion il avait réuni John Williams au piano, Herbie Hancock aux claviers et Arturo Sandoval à la trompette.
Voix de la soul française, Ben l’Oncle Soul se fait connaître à la fin des années 2000 en proposant des versions soul de tubes de l’époque. Il sort ensuite plusieurs albums reprenant les codes et l’esthétique de l’âge d’or de la soul américaine. Il était sur la scène de l'Élysée Montmartre pour clôturer la tournée de son dernier album le 19 novembre 2025. Une prestation à retrouver en podcast sur le site de RFI.  Benjamin Duterde, de son vrai nom, nait en 1984 et grandit entre les murs d'un lycée international où sa mère est intendante et ses grands-parents, chefs cuisiniers. Sa mère possède une belle collection de disques venue des Etats-Unis (avec entre autre Ray Charles, James Brown, Otis Redding…), rapportée par un élève américain. Ces influences vont jouer un rôle déterminant dans la construction du jeune soulman. Lorsque Benjamin Duterde se lance dans la musique à la fin des années 2000, il multiplie les références à ces mêmes grandes noms de la soul qui ont nourri ses rêves d'enfant. Celui qui prend alors le nom de Ben l'Oncle Soul propose une esthétique et un univers, venus tout droit de la soul américaine des années 1960 et 1970, qui tranche avec la mode de l'époque plutôt tourné vers le r'n'b et la pop. RFI ConcertsBen L’Oncle Soul à l’Élysée Montmartre: la «Sad Generation» en live à Paris Ben l’Oncle Soul se fait connaître en revisitant des tubes version soul Le jeune chanteur revisite des tubes, comme « Say you'll be there » des Spice girls, ou « I kissed a girl » de Katy Perry et en fait des versions soul, attirant ainsi un public plus large que celui des passionnés du genre. En 2009, c'est sa reprise de « Seven nations army » des White Stripes, qui le révèle véritablement au grand public. Un an après, il sort son titre phare « Soulman » : un morceau plein de sincérité et de chaleur qui présente le chanteur et son univers. Dans son dernier album initulé « Sad Generation », Ben l'Oncle Soul explore une ambiance plus jazzy, plus crooner que dans ces albums précédents, avec une voix bien ancrée, posée sur un son patiné parfois saturé. Le résultat est un album entre les âges, qui mélange hier et aujourd'hui. Finalement, Ben l'Oncle Soul, est devenu l'un des parrains de soul française qui la remet au gout du jour et en porte l'héritage. Ben l’Oncle Soul Sad Generation 2025 Site officiel / Facebook / Instagram / YouTube
Internet Girl, M.anifest, Greentea Peng, Lola Young, Smerz, voici cinq pépites musicales qui ont jalonné l'année 2025 dans le domaine pop-rock. Un segment où l'Afrique n'est pas absente. « Pardon My Enemies » par Internet Girl  Internet Girl est la sensation des réseaux sociaux. Précisions qu'il n'y a pas plus de « girl » dans ce trio masculin que d'amapiano, de kwaito ou de gkom... Internet Girl nage à contre-courant des standars musicaux sud-africain avec son post-punk mâtiné d'électro. « Pardon My Ennemies », titre sorti fin octobre sur le dernier moyen format de ce boys band du Cap emmené par Ntsika Bungane. Internet Girl n'explore pas seulement les musiques d'Europe, il scrute les marges de la société avec des textes volontiers provocateurs, la dérision étant souvent la meilleure arme pour dénoncer la masculité toxique ou l'argent roi. « Ease My Mind » de M.anifest M.anifeste livrait en mars dernier son album le plus attendrissant, le sixième déjà, New Road And Guava Trees, (« Une nouvelle route et des goyaviers » en français) d'où est tirée cette chanson d'amour « Ease My Mind ». Réputé pour sa plume, M.anifest évoque la nostalgie de son enfance dans son quartier d'Accra parsemé de ces arbres aux fruits délicieux. Entre highlife, hiplife et afropop. Douceur, bienveillance et nostalgie sucrée. Un fruit suave idéal pour terminer l'année.  « Nowhere Man » par Greentea Peng  Greentea Peng aime le voyage, la littérature, la musique, mais par dessus-tout, elle voue un culte au dub, variante du reggae. Son deuxième album Tell Dem Its Sunny (« Dites leurs qu'il fait soleil » en français) explore le trip hop patrimonial, la soul fondamentale et le rap dominant qui forme l'ADN musical de la Londonienne. Son ADN humain, lui, croise l'Europe, l'Afrique et le Proche Orient. À 31 ans, Aria Wells, de son vrai nom, impose sa voix trainante et son style séduisant. Oui, il fait soleil quand on écoute ce titre « Nowhere Man ».  « Dealer » de Lola Young  Sur ce titre intitulé « Dealer », Lola Young explique qu'elle a essayé toute la journée de rester sobre avant de proclamer que son dealer va lui manquer... Mais attention, elle ne fait pas la promotion des substances illicites, du moins nous voulons le croire, l'addiction en question est une métaphore de l'amour. Lola Young n'a pas son pareil pour parler ouvertement de ses amours toxiques, de ses failles, de ses troubles mentaux, de ses désirs, parvenant à hisser le tout au rang d'hymnes générationnels. Young ou le miroir d'une jeunesse sans tabous. « Roll The Dice » de Smerz Catharina Stoltenberg et Henriette Motzfeldt sont originaires d'Oslo, elle forment le duo Smerz, et leur album Big City Life sorti fin mai a été encensé par les critiques européennes. Big City Life (« La vie dans les grandes villes » en français) est une déambulation ironique et mordante dans l'enfer de la modernité urbaine. L'architecture sonore varie entre dream pop, électro, trip hop. Un soupçon d'élégance nordique parfait pour l'ambiance fraiche mais relax des fêtes de fin d'année...
Après Monsieur Saudade, sorti l'année dernière, le rappeur et chanteur franco-sénégalais Abou Tall est de retour avec son nouvel album Monsieur Saudade II. Celui qui s’était d’abord fait connaître dans le rap se tourne désormais de plus en plus vers des sonorités venues du Brésil. Le public l’a découvert au sein du duo The Shin Sekaï, formé avec le rappeur franco-congolais Dadju, actif de 2012 à 2017. Depuis, Abou Tall a navigué entre rap et r'n'b, avant de s'ouvrir progressivement aux musiques brésiliennes et plus précisément à la bossa nova. Il raconte : « C'est une évolution qui n’a pas eu de point de bascule, parce que j'ai toujours écouté beaucoup de musique brésilienne, mais sans savoir comment l'intégrer à ma musique. Donc, au fur et à mesure, déjà, j'ai commencé à chanter. ​Ça a commencé par ce que je faisais en groupe, un peu plus r'n'b. Puis un jour, j'ai commencé à apprendre la guitare, je l’ai l'incorporée à ma musique. Et vu que ce que j'aime avec la guitare c'est la musique brésilienne, ça s'est infusé directement dans ma musique. » À lire aussi«Monsieur Saudade II» d’Abou Tall: le juste équilibre entre r'n'b et bossa nova Cette ouverture vers les musiques brésiliennes a finalement transformé son approche artistique. Habitué à rapper avec beaucoup d'énergie, Abou Tall a appris à canaliser cette énergie pour mieux correspondre à la douceur de sa guitare. Il s'inspire des plus grands, comme João Gilberto et Antônio Carlos Jobim. Il sample également Jorge Ben Jor et son morceau popularisé par la reprise de Sergio Mendes, Mas que Nada, sur Ronaldinho, en featuring avec le chanteur soul et afrobeats Warren Saada. En équilibre entre deux continents Entre sa vie passée en France et son intérêt pour le Brésil, Abou Tall n'oublie pas ses racines. Le Sénégal influence profondément sa manière d'être, et donc sa musique. « Le garçon que je suis est sénégalais, donc de facto mon parcours, le fait d’avoir vécu là-bas, mes propos et ma mentalité sont influencés par le Sénégal. Dans ce projet je parle beaucoup de famille, et mon sens de la famille vient du Sénégal. Donc dans le propos, ma "sénégalité" est bien présente. Je viens d'une région qui s'appelle la Casamance, et j’ai toujours aimé la musique de là-bas. J'aimerais bien lui rendre hommage à un moment dans ma carrière », espère-t-il. Plus engagé, le titre « Les gens comme moi », est sans doute le morceau le plus politique de l'album. Pour l’écrire, Abou Tall s’est inspiré des nombreux conflits politiques et sociaux actuels, et de ses réflexions sur le racisme et la place du « Sud » dans le monde. Pourtant, il cherche tout de même à y transmettre de l'espoir. Et cet optimiste transparaît sur chacun des morceaux de l’album, comme une douce mélancolie qui parcourt tout Monsieur Saudade II. Abou Tall sera en concert le 16 janvier à Argenteuil, en Île-de-France.   Abou Tall Monsieur Saudade II (Colombe Noire / Play Two) 2025Facebook / Instagram / YouTube
Avec son premier EP intitulé Au singulier, Plume s’affirme comme une révélation de la dream pop française. Entre douceur et mélancolie, la jeune artiste explore la complexité du processus créatif, livrant des chansons intimes, inspirées par des influences variées. Plume captive par sa sensibilité, son univers éthéré et son écriture poétique, faisant de chaque morceau une lettre adressée à elle-même ou à ceux qui l’entourent. Le premier morceau de Plume, « En ce temps-là », donne le ton : une ambiance empreinte de nostalgie, qui parcourt l’ensemble de son EP Au singulier. Tout au long des sept titres, la jeune chanteuse installe une atmosphère à la fois douce et amère, fil conducteur de son univers musical. Plume évolue dans la dream pop, un genre éthéré et introspectif puisant ses racines dans le rock alternatif. Sa musique invite à la rêverie et à la poésie, portée par une voix légère et sensible, comme en témoigne le morceau « Plume », un titre présentaiton qui porte son nom. Un héritage musical riche et une écriture singulière Les inspirations de Plume sont multiples : variété française, rock, électro, et même métal. Fille de musiciens, elle grandit au rythme des concerts et répétitions de ses parents, forgeant son identité au gré des rencontres et des scènes. Un événement marquant en 2007, alors qu’elle n’a que 10 ans, fait naître en elle un véritable désir de composer et de chanter : « J'avais accompagné mon père qui était invité en backstages. Je me mets devant la scène, et il y avait un chanteur qui était là, que je ne connaissais même pas, qui s'appelait Danyel Gérard. Il joue sur une petite guitarre bleue. J'étais à fond. Et il lance sa guitarre à quelqu'un du public : c'était moi. Je n'avais pas d'instrument à l'époque, je pianotais mais je ne savais pas très bien faire. Le soir-même, je suis devenue un peu folle. Je me suis enfermée dans ma chambre, j'ai cherché des tutos sur YouTube, et j'ai appris la musique comme ça. » Dans Au singulier, Plume revendique sa solitude et son originalité. Elle dévoile la dualité du processus créatif : des moments de doute et de galère, mais aussi des instants de grâce.  Son écriture met en lumière la part d’ombre et la force qui réside dans le sentiment d’être unique.« Finalement, on comprend aussi qu'on a des portes de sortie qui sont là, et aussi de la lumière qui est là. Ces parts d'ombre font partie aussi de ce processus créatif, qui peuvent plus me permettre de sortir après. » Des chansons comme des lettres ouvertes Chaque morceau de l’EP se lit comme une lettre : à un absent, à un être cher, à un amour perdu ou à elle-même. Pour Plume, écrire et mettre en musique ses émotions est un besoin, une manière de ne pas se laisser dévorer par elles. Dans « De la terre à la lune », elle utilise le langage des étoiles pour raconter la fin d’une histoire d’amour, sur une mélodie d’abord brute, puis de plus en plus aérienne à mesure que la chanteuse se laisse emporter. En guise de conclusion, Plume propose « Goodbye », l’unique titre en anglais de l’album, qui clôt en douceur ce premier voyage introspectif. Avec Au singulier, Plume signe un premier EP intime et aérien, et s’impose comme une artiste à suivre de près sur la scène dream pop française.
Le chanteur suisse Stephan Eicher dévoile son dix-huitième album intitulé Poussière d'or. Après plus de 45 ans de carrière derrière lui, il n'a rien perdu de sa créativité ni de son envie de partager sa musique au monde entier. Avec Poussière D'Or, Stephan Eicher revient à une forme de simplicité, bien loin de ce qu'il a pu proposer dans ses albums de la fin des années 2010, marqués par des arrangements virtuoses de cordes ou même des fanfares de cuivres très dansantes. Ici, il signe un retour à une folk épurée, des ballades guitare-voix toujours poétiques et chaleureuses ; une musique lumineuse qui avance. Pour les textes, il retrouve ses fidèles paroliers Philippe Djian et Martin Suter, et accueille dans la troupe le producteur artistique Martin Gallop. Ce dernier souhaitait vraiment ancrer ce nouvel album dans le quotidien des auditeurs. Stephan Eicher raconte : « Martin Gallop a eu cette idée d'un disque qu'on met à la maison, mais après si tout à coup quelqu'un sonne à la porte, on n'arrête pas le disque, on le laisse jouer. On va chercher la personne, les deux écoutent un peu, et puis une des personnes demande normalement : "Tu veux un café ou un thé ?". C'est mon public, il répond : "Tu n’as pas plutôt un verre de vin blanc ?" (rires). Et le moment où la personne cherche la bouteille, elle n’entend pas, mais le rêve c'est que cette musique accompagne sa vie. Comme un ami qui est là, comme un parfum ou comme un chauffage finalement. Et plus tard, elle peut écouter la partie qu'elle n'a pas entendu parce qu'elle a cherché un ami à la porte. » Au cœur de l’album, le morceau « Je plains celui » aborde les thèmes des faux espoirs, de la solitude, du deuil et du passage du temps. Un titre tout en nuances qui ne prend jamais vraiment position mais qui laisse la porte ouverte au débat. Une musique chuchotée à l'oreille Cette ouverture s'incarne jusque dans le chant. La voix est mixée très en avant, c'est-à-dire très proche, comme un chuchotement à l'oreille. Eicher voulait donner cette impression de proximité, il utilise ici un microphone brut et sans filtre, pour chanter non pas pour une foule ou même pour un groupe de personnes, mais pour une seule personne, celle qui écoute. À lire aussi«Poussière d’or» de Stephan Eicher, l’intime et l’ordinaire en pleine lumière Habitué à naviguer entre le français, l’anglais, l’allemand, le suisse et l’italien, Stephan Eicher a cette fois choisi de chanter presque exclusivement en français. Seule exception : le morceau « Bliib No Chli » interprété en dialecte suisse, clin d’œil à ses origines. « Un an plus tôt, j'ai sorti un disque entièrement en suisse en hommage au Brassens suisse, Mani Matter. Si le pendule va totalement à gauche avec tout un disque en suisse, bien entendu le prochain va tout à fait à droite, et je chante tout en français. Mais vers la fin du disque, le langage de mon enfance me manquait. Je le parlais de mes 7 ans à mes 16 ans, je dirais. Mais là, finir le disque avec ce langage, ça donne une impression de voyage dans le temps », confie-t-il. Stephan Eicher présentera Poussière d’or sur la scène mythique de l’Olympia, à Paris, les 19, 20 et 21 février 2026. Stephan Eicher Poussière d'or (Barclay) 2025 Facebook / Instagram / YouTube
La tournée mondiale du célèbre rappeur et chanteur franco-congolais touche à sa fin. Elle s'achèvera dans quelques jours à Paris avec trois dates à la Défense Arena. L'occasion de revenir sur l’impressionnante carrière d’un artiste aux multiples facettes.   Ghandi Djuna de son vrai nom, est né en 1986 à Kinshasa. Il quitte la République démocratique du Congo à l’âge de deux ans et s’installe en France avec sa famille. Il y vit une enfance clandestine compliquée durant laquelle il va de famille d’accueil en famille d’accueil et de squat en squat jusqu’à sa majorité. Il s’engage par la suite dans des études de graphisme et de communication à Paris et caresse alors l’espoir de devenir mangaka. Son premier nom de scène, « Maître Gims » est d'ailleurs une référence aux arts martiaux et aux films asiatiques qu’il adore. Les années Sexion d’assaut et l’émergence de Maître Gims Ce n'est qu'en 2010 que Ghandi Djuna est révélé au public sous ce nom, lorsqu’il intègre le collectif de rap Sexion d’assaut en compagnie de Lefa, Barack Adama, Maska, Doomams, JR O Chrome, Black M et L.I.O Pétrodollars. Le groupe trouve immédiatement son public avec un premier album, L’école des points vitaux, suivi d’un second, intitulé L'apogée. Le succès de ce second album est immédiat et explose les chiffres de ventes, notamment avec leur célèbre titre « Ma direction », dans lequel il est question de tracer sa propre route dans la vie, en s’éloignant des sentiers battus. En 2013, Maître Gims fait ses débuts en solo avec un album intitulé Subliminal. Son titre « J’me tire » est un succès immédiat et reste trois mois en tête des charts. Son chant aux notes opératiques, synthés eurodance, sons clairs de guitare ou de piano, rythmes venus du rap sudiste ou des musiques de club caribéennes, riffs de rock FM… Il y révèle un don pour la variété comme avec le titre « Bella », un morceau aux accents latinos qui demeure l’un de ses plus connus à ce jour. Un parcours couronné de succès et semé de polémiques L'artiste ne fait pas parler de lui que pour ses musiques, mais également pour les polémiques qui l'entourent. En 2023, il relaie une théorie du complot affirmant que les Égyptiens de l'Antiquité avaient l’électricité. Quelques jours plus tard, il partage un nouveau morceau, baptisé « Hernan Cortès », en référence à un conquistador espagnol et l’image d’une pyramide cernée d’or. À la fin de la chanson, il diffuse les démentis et commentaires des médias sur ses propos complotistes. Prémédité ou improvisé, ce gigantesque coup de communication pose quelques questions de déontologie mais révèle incontestablement les talents en marketing du rappeur. Gims continue de plaire et de battre des records. Son dernier album Le Nord se souvient : l’Odyssée, s'est déjà vendu à 450 000 exemplaires. La force de cette véritable machine à tubes qu’est Gims réside aussi dans son côté touche-à-tout et sa culture hybride : de Charles Aznavour à Eminem en passant par Johnny Hallyday. Gims redynamise la variété en y ajoutant des influences latinos, africaines et arabes. Artiste complet et personnage sulfureux, objet d’adoration et de contestation, le chanteur congolais n’a pas fini de faire parler de lui.
Des rives du Mississippi aux berges du Sénégal, Immigrant Music tisse des ponts sonores entre les continents. Ce groupe cosmopolite dévoile son premier album éponyme : huit titres qui mêlent le folk américain aux pulsations africaines et au souffle du blues migratoire. Un disque comme une carte postale musicale où chaque morceau raconte une histoire.
Ambiance club avec l'artiste américaine Brittney Parks, connue sous le nom de Sudan Archives. Elle est actuellement en tournée américaine pour présenter son troisième album The BPM.   Le titre de ce troisième album est presque un manifeste. « BPM » comme « battement par minute », c'est l'unité de mesure utilisée pour exprimer le tempo de la musique ou le rythme cardiaque, quantifié par le nombre de battements se produisant en une minute. Brittney Parks joue avec les rythmes et les styles sur cet album. Après avoir exploré sa féminité noire sur son premier album (Athena en 2019) puis revisité son adolescence sur son deuxième opus (Natural Brown Prom Queen), l'artiste multifacette poursuit sa quête musicale, elle qui est devenue une sensation de la pop indépendante en 2017 avec le titre. devenu un tube « Come Meh way » En 2017, Brittney Parks, alias Sudan Archives, n'a que 23 ans mais fait déjà montre d'une singularité, avec ce métissage r'n'b, soul, électro et afropop. On y entend aussi un violon électrifié, car c'est la marque de fabrique de cette musicienne autodidacte qui a commencé son apprentissage dans l'orchestre de son église à Cincinnati dans l'Ohio. On l'entend jouer de l'instrument sur plusieurs titres, et on peut y déceler les influences de la musique folk irlandaise, comme sur le titre « She's got pain ». Elle ne se sépare pas de son violon. On la voit en jouer sur ses clips et sur scène, mêlant donc ses influences pop avec la technologie. Brittney Parks a travaillé son instrument en autodidacte puis a étudié l'ethnomusicologie à l'université de Pasadena. C'est parce qu'elle s'intéressait à ses racines africaines que sa mère l'avait surnommée « Sudan », d'où ce nom de scène. Elle a aussi, à ses débuts, confié avoir été inspirée par nombre de musiciens africains, et notamment le Camerounais Francis Bebey et le violoniste soudanais Asim Gorashi. Sur ce nouvel album The BPM, elle explore effectivement deux autres sources d'inspiration, la musique électronique : la house de Chicago et la techno de Detroit, les deux villes dont sont originaires ses parents. Cela s'entend particulièrement sur le titre « A bug's life ».
Quatre ans après Rayons Gamma, la chanteuse française P.R2B revient avec un deuxième album intitulé Presque Punk. Un disque à la croisée de la fête et de l’émotion, où elle explore les thèmes du burn-out, du stress et de la violence du monde du travail. P.R2B a composé cet album seule dans les Cévennes, au sud de la France. Installée dans un hameau entouré de montagnes, elle s'y est reconnectée à la nature comme à son propre corps. Mais ses amis venus la visiter, eux, lui confiaient leur perte de sens dans leur vie professionnelle, les journées passées assis devant un écran, l’épuisement du quotidien au bureau. Dans Presque Punk, la main qui pianote sur un clavier d'ordinateur devient alors celle qui joue du piano. Un désordre joyeux L'album navigue entre techno spectaculaire, piano-voix dénudés, guitare et une énergie club à la fois dramatique et burlesque, qui s'est imposée au fil du processus. P.R2B raconte : « Il y avait déjà beaucoup de voix chorales, de questions réponses, d'éléments samplés : des bruits de films, des cris, des sons métalliques. Tout était déjà là dans les maquettes. Et, ensuite finalement, il y a aussi eu le corps : j'avais vraiment envie que ça s'incarne dans la danse, comme une catharsis, pour sortir et se libérer. C’est vraiment en travaillant les arrangements, avec le beatmaker Rosalie du 38, qu’on a cherché ensemble à détruire certaines formes des sons de voix, il la passait dans des effets. Dans l'idée, Presque Punk, il y avait aussi cette envie que quelqu'un vienne un peu détruire ce que j'avais fait, pour le transcender et créer une forme de désordre joyeux. » Le morceau éponyme, « Presque Punk », est un hymne aux angoisses contemporaines : réchauffement climatique, réseaux sociaux, montée de la violence. Mais l'album ne se contente pas de lister les maux de notre époque. Il nous embarque dans un véritable parcours émotionnel : d’une voix prophétique murmurée au tout début, tout se dérègle, on traverse tristesse et colère avant de s’ouvrir à la joie et à l’espoir. La voix au centre Côté chant, P.R2B s'inspire des comédies musicales de Jacques Demy mises en musique par Michel Legrand. Sa voix est très droite, sans aucun vibrato, et place les textes au centre. Elle a énormément travaillé la texture des différents enregistrements de voix. « J'ai enregistré quasiment toutes les voix toute seule, pour avoir la liberté de choisir le bon moment. Par exemple, j’ai enregistré « Bizarre » très tôt le matin. Parce que c’est une chanson d’amour très simple, et qu’au réveil, quand la journée n’a pas encore commencé, la voix est encore fragile. À l’inverse, pour « Spoil », où je mime les voix des gens qui nous racontent toute notre vie, il fallait que j'aie vécu la journée, voire que je sois fatiguée, pour pouvoir incarner ces différentes voix. Tout le travail a été de raconter quelque chose non seulement par le sens et les mots, mais aussi par la texture même de la voix » explique-t-elle. Presque Punk est un album est à la fois festif et intimiste, d'une liberté contagieuse. Face au monde qui vacille, il invite à reprendre le pouvoir en dansant, et à faire de la non-violence un nouveau geste de colère et de résistance. Une nouvelle manière d’être punk aujourd’hui, dans notre monde violent.
Plus d’une douzaine d’albums, une carrière hors norme et une énergie intacte. À 73 ans, la chanteuse, pianiste et compositrice afro-américaine Liz McComb fait escale à Paris le 13 décembre 2025 pour célébrer Noël en musique avec son programme Christmas & Black Nativity au Palais des Congrès. 
Le groupe réunionnais Saodaj propose avec Lodèr la Vi un nouvel album chargé de sens. Ce titre en créole signifie « Le parfum de la vie » et fait écho à un drame récent : la disparition, en 2024, d’un jeune membre du groupe. L’album s’inscrit ainsi comme un hommage musical et un moyen d’exorciser le chagrin collectif. Depuis près de quatorze ans, Saodaj fait rayonner le maloya, musique traditionnelle de La Réunion, sur toutes les grandes scènes internationales. Le binôme fondateur, Marie Lanfroy (chant) et Jonathan Itema (percussions), façonne les paroles et la musique autour du créole réunionnais, une langue vivante et expressive. Le maloya revisité par Saodaj se distingue par ses arrangements audacieux et son ancrage dans la culture créole. La langue créole, omniprésente dans cet album, est célébrée pour sa musicalité et la force de ses mots. Comme le souligne Marie Lanfroy, le créole est une « langue qui chante ». « Sur les scènes nationales ou internationales, les gens ne comprennent pas forcément. Donc, on prend le temps entre les morceaux d'expliquer de quoi ça parle. Dans les disques que l'on fait, on met toujours les traductions, en français, en anglais, pour que les gens puissent s'approprier le message. » Les textes de Lodèr la Vi portent ainsi l’émotion et la mémoire, tout en affirmant la singularité de la culture réunionnaise. Avec ce nouvel opus, Saodaj transforme l’épreuve du deuil en un acte artistique universel, qui touche autant par sa sincérité que par l’énergie du maloya. Lodèr la Vi se découvre comme un album hommage, porteur d’une tradition vivante et d’un désir de transmission.
Quelque part entre l'afrobeat, le rock, la pop et le hip-hop, à l'intersection entre son Nigeria natal et la scène musicale britannique : voilà où se situe Obongjayar, l'artiste nigérian, propulsé sous les feux des projecteurs depuis sa collaboration avec Fred Again. Sur le titre « Adore U », faisait partie des quelque 70 artistes invités à l'édition 2025 des TransMusicales de Rennes. Rencontre. Dans la vie, Obongjayar est comme sur scène et en studio : plein d'énergie, débordant d'idées et de métaphores de son cru. L'artiste nigérian d'une trentaine d'années n'hésite ainsi pas à comparer sa musique à un velouté « Pour faire une bonne soupe, saine et nutritive, il faut plein d'ingrédients. Ma musique, c'est pareil. » Et d'ingrédients, sa musique en foisonne : de son EP Which Way is Forward (2020) à son récent album Paradise Now (2025), les influences se croisent et se rencontrent, et les lignes se brouillent un peu plus à chaque projet. Les inspirations afrobeat sont évidentes (« je suis nigérian, africain, ce sont mes racines »), mais elles se mêlent aussi de sonorités soul, funk, hip hop ou rock. Et sa voix, tantôt falsetto surprenant, tantôt grave et rocailleuse, évolue au gré des sonorités de ses morceaux. « Ma musique, c'est un mélange entre là d'où je viens, et tout ce à quoi j'ai été exposé ensuite », explique le chanteur sans chichis ni fioritures.    Le Nigeria, et tout le reste  Car derrière Obongjayar, il y a surtout Steven Umoh, un trentenaire qui a vécu à Calabar, dans le sud du Nigeria, avant de s'installer à Londres il y a une quinzaine d'années. Son nom de scène lui-même témoigne de ce parcours : Obongjayar, cela vient de « obong » – roi, en efik, sa langue maternelle – et du mot « junior », remixé à sa sauce. Rien d'étonnant donc à ce que sa musique soit un savant mélange d'influences multiples grapillées ça et là. Un style unique en son genre, que l'artiste cultive savamment lui-même : « définir ma musique, ce serait l'enfermer dans une case. » Or, Obongjayar fonctionne à l'envie du moment, nul besoin donc de mettre des mots définitifs sur ces désirs : « qui peut dire ce dont il aura envie toute sa vie ? » À lire aussiObongjayar: «Définir ma musique, ce serait la mettre dans une case» Quand même, lorsqu'on insiste un peu, Steven Umoh accepte de donner un qualificatif : ce qu'il fait, « c'est de la post-afro », comprendre « ce qui vient après » les influences afro qui l'ont nourri. Là encore, cela reste vague, ça tombe bien : c'est précisément le but. Une liberté totale  Ce que revendique en fait Obongjayar, c'est le fait d'exister en dehors des normes et des règles prédéfinies, pour se créer son propre espace d'expression. Un endroit où l'on peut parler, dans le même album, d'amour, de sexe, de spiritualité et de politique ; où l'on peut explorer des sonorités afropop et folk (« Holy Mountain ») autant que des influences punk (« Jellyfish ») ou l'univers sulfureux des cow-boys texans (« Sweet Danger »).  C'est là le cœur de sa philosophie : ne pas se brider, ne pas mentir non plus. Une vulnérabilité qui peut surprendre, pour un artiste qui se revendique volontiers timide. Cela s'explique par une distinction essentielle : Obongjayar a beau être réservé sur certains sujets, il « ne [s]e cache pas ». « Je sais qui je suis, je sais ce que je veux. Avec ma musique, je suis intégralement nu. Et j'aime ce que je vois dans le miroir. »
Neuvième album studio d'un groupe new yorkais mythique, De La Soul. Cabin in the Sky signe le retour des pionniers du hip hop alternatif américain avec un des membres du trio en moins Dave, dit « Trugoy The Dove », qui a eu le temps d'enregistrer quelques morceaux avant sa mort en 2023. Beaucoup de beau monde sur cet album où l'on rassemble les amis et où l'on fait la fête en pensant au disparu.  
Ce sont trois grandes figures du jazz français, reconnues depuis plus de quinze ans, mais qui n’avaient encore jamais joué ensemble. Le Guadeloupéen Arnaud Dolmen à la batterie, le Martiniquais Grégory Privat au piano et le Gardois Laurent Coulondre à l'orgue forment le collectif The Getdown, et dévoilent leur premier album éponyme. Les trois musiciens se croisaient régulièrement en concert, mais la véritable rencontre a eu lieu l'année dernière. Tous les trois étaient nominés pour le prix Django Reinhardt, qui récompense le musicien français de l'année. On leur propose de jouer ensemble le temps d'un morceau de six minutes... et la magie opère instantanément. S’ensuivent plusieurs sets au club parisien Le Duc des Lombards, qui scellent la naissance du collectif The Getdown. Claviers percussifs et batterie mélodique À la batterie, Arnaud Dolmen trouve naturellement sa place dans un dialogue déjà très dense entre les deux claviers, grâce à l'écoute et à la sensibilité au rythme des deux mélodistes qui l'accompagnent. De son côté, lui se passionne de plus en plus pour les claviers, et il repense sa batterie comme un instrument plus mélodique. Sans rien perdre de son énergie rythmique, mais avec une finesse proche de celle des claviers. Il explique : « C'est essayer de jouer avec les nuances, avec les quatre membres. Faire des sons plus longs avec la main droite, tandis que la grosse caisse, avec mon pied droit, peut-être plus sèche. Pendant ce temps, peut-être jouer plus fort avec la charleston. Essayer de faire sonner la batterie vraiment comme un orchestre, en fait. Et dans le tempo aussi, être plus souple. Parce que la différence entre la musique classique et la musique afro-caribéenne, ou afro tout simplement, c'est cette notion de respiration. Les batteurs que j'affectionne énormément et que j'ai beaucoup écoutés, eux aussi ils étaient ou sont pianistes. Donc je comprends cette manière de jouer la batterie. » Trois îles, trois univers, un seul groove Ce qui réunit les trois musiciens, c’est une grande ouverture musicale. Et sur ce disque, ils explorent des thèmes qui leur sont chers : la famille, l'amour de la musique, le sens de la fête... et bien sûr leurs influences caribéennes. Grégory Privat vient de Martinique, Arnaud Dolmen de Guadeloupe, et si Laurent Couloundre vient, lui, du sud de la France, il nourrit une vraie passion pour la musique cubaine. Résultat : la Caraïbe traverse tout l'album. Arnaud Dolmen raconte : « Dans cet album, j'ai fait un hommage à la biguine avec un morceau intitulé "Merci Biguine". La biguine, c'est un rythme issu des Antilles françaises et de la Guyane, qu'on joue énormément mais qu'on a aussi beaucoup joué dans les bals parisiens, à une époque. Il y a aussi un morceau qui s'appelle "Andidan", où je joue un rythme du Mas a Senjan : un rythme utilisé au Carnaval, aux Antilles. Au-delà du rythme, le Mas a Senjan est aussi une philosophie. Les groupes qui le jouent portent aussi une forme de dénonciation. » The Getdown oscille entre un groove très énergique et une douce mélancolie. L'orgue se fond dans le piano. Parfois, ils se répondent, sans jamais éclipser la batterie, au son sec et frontal. Une conversation joyeuse entre ces trois grands noms du jazz français. Le collectif sera en concert le 16 janvier 2026 au New Morning, à Paris.
Avec Épopée métèque, Bonbon Vodou confirme la vitalité de la rencontre entre chanson française et maloya réunionnais. Le duo, composé de Jérémie Boucris et Oriane Lacaille, signe un troisième album chaleureux et engagé, enrichi de collaborations prestigieuses. Dans une ambiance métissée, ils célèbrent le partage, la mémoire et l’imaginaire, pour délivrer un disque qui réveille les sens, invite à la réflexion et insuffle l’énergie du vivre-ensemble. Bonbon Vodou, c’est la rencontre entre Jérémie Boucris, musicien du sud-ouest de la France, et Oriane Lacaille, héritière d’une grande lignée musicale réunionnaise. Ensemble, ils tissent un univers où la chanson française se mêle aux sonorités du maloya, la musique traditionnelle de La Réunion. Leur nouvel album, Épopée métèque, s’ouvre sur « Cérémonie du piment piment », une invitation sensorielle qui reflète bien l’esprit du groupe : douceur apparente, mais piquant bien présent, à l’image du fameux bonbon piment réunionnais. Ce disque lumineux et conscient se distingue par sa capacité à créer un espace de partage et d’inspiration, où chaque morceau déploie une poésie de l’instant, portée par des arrangements inventifs et l’alchimie évidente des deux artistes. Partage musical et engagement poétique Épopée métèque s’illustre aussi par la richesse de ses collaborations : Bernard Lavilliers, Mouss & Hakim (Zebda), René Lacaille, Rosemary Standley, Nellyla, Fixi, Djé Baleti ou encore Maya Kamaty viennent prêter leur voix et leur énergie à cette aventure sonore. Le titre « Demerd Azot with that », en duo avec Maya Kamaty, interpelle sur la question de la transmission et de la mémoire des histoires coloniales, rappelant que la musique peut aussi être un espace de résistance et de revendication. Tout au long de l’album, Bonbon Vodou aborde des thèmes universels comme la lutte sociale, la mémoire collective et l’identité, tout en célébrant la diversité et l’imaginaire. Un album à découvrir, pour ressentir à la fois la chaleur de l’engagement et la force du métissage musical. Facebook / Instagram / YouTube
Avec On s'en rappellera pas, son quatorzième projet sorti le 21 novembre 2025, disiz livre un album aux textes aussi sobres et efficaces que les mélodies sont foisonnantes. Avec ce disque, celui qui a été découvert par le magistral J'pète les plombs (2000) abandonne définitivement ses éruptions de colère, au profit de l'introspection et de la douceur. Disiz La Peste, Disiz Peter Punk ou Disiz tout court : Sérigne M'Baye Gueye (c'est son vrai nom) a eu autant d'alias que de périodes musicales. Que faut-il donc comprendre de son nouvel avatar, Disiz, inauguré avec On s'en rappellera pas ?  « Je me suis inspiré de l'autrice féministe et noire américaine bell hooks, nous explique le rappeur et chanteur en studio. Pour mettre en avant son travail, elle a enlevé les majuscules de son nom, car ce n'est pas elle qui est importante : c'est son œuvre. » À 47 ans, voilà donc disiz prêt à se mettre en retrait derrière sa musique – « pour cet album en tout cas », précise-t-il. Une musique toujours portée par la plume à la fois poétique et pudique du chanteur, comme dans La rosée, où il extériorise « ses blessures cousues de fil d'or » et repense à cette époque où il « était ce petit garçon sage » qui  « écoutait la mer au fond d'un coquillage ». 47 ans : l'âge de raison ?  Après 25 ans dans la musique, disiz n'hésite plus à afficher frontalement ses fragilités (même si « ces thèmes ont toujours été présents dans mes textes », rappelle-t-il). Il n'hésite plus à assumer ses envies. Le rap monolithique de ses débuts n'est plus qu'un souvenir : dans on s'en rappellera pas, on retrouve des influences hip-hop, bien sûr, mais aussi de l'indie pop, de la synthpop, et même quelques envolées rock sur le très surprenant (et réussi !) Amsterdam, que le chanteur voit « comme une invitation à la fête », même si elle a lieu « dans un monde chaotique ». À lire aussiDisiz en interview pour son projet «on s’en rappellera pas» Surtout, disiz assume ses envies de collaboration, et qu'importe si le mélange peut surprendre : le rappeur américain Kid Cudi, la chanteuse belge Iliona, et la Franco-Congolaise Theodora ont tous leur place sur ce disque... Tout comme Laurent Voulzy, que disiz écoutait étant petit. Deux univers différents se rencontrent dans « surfeur », chanson pensée comme une allégorie d'une France où les enfants métissés ont parfois du mal à trouver leur place. Le chanteur est particulièrement ravi de cette collaboration (« je ne pouvais pas rêver, moi, dans ma vie, de faire un morceau avec Laurent Voulzy », avoue-t-il). Ce n'est pourtant pas celle qui remporte la palme dans son cœur : disiz, lui, préfère « ça s'appelle la mer », titre enregistré à La Réunion et qui évoque tout en pudeur sa mère décédée. On croyait qu'il serait difficile de choisir une préférée parmi les 20 chansons qui composent l'album, disiz a répondu sans hésiter : « C'est, pour moi, le plus beau morceau que j'ai écrit de ma vie ». Disiz On s’en rappellera pas (Production Carré bleu / Sony Music France) 2025 Facebook / Instagram / YouTube
Elle se produit régulièrement sur les scènes de France, son pays d'adoption depuis quatre ans, la Mozambicaine Assa Matusse, distille peu à peu sa fraicheur et son originalité dans une world music aux racines marrabenta et afro-jazz.    Une voix, une énergie, un talent à fleur de peau... voilà comment pourrait se résumer Assa Matusse. Mais la Mozambicaine de trente ans est bien plus que cela. Il y a quatre ans, elle a quitté son Mozambique natal pour Paris, ville carrefour de la musique mondiale. « Paris, c'est quand même une ville de musique du monde. Et quand je suis arrivée ici, j'ai trouvé la sonorité que je cherchais. »  Pour cela, elle a fait appel à Nicolas Vella, le claviériste et directeur artistique qui travaillait déjà dans le monde lusophone avec la Cap-Verdienne Mayra Andrada. Avec lui, Assa Matusse termine son deuxième album, Muchangana, dont elle avait apporté la maquette, préparée à Luanda. En cette fin d'année, elle prépare aussi la sortie d'un moyen format prévue pour janvier prochain. Un répertoire conséquent qu'elle peaufine sur les scènes parisiennes, ravies de découvrir son style fusion aux racines de marrabenta et d'afro-jazz mozambicains conjuguées aux rythmes d'afropop. Assa Matusse utilise à merveille son meilleur instrument, sa voix chaude et puissante. Polyglotte et fascinée par les langues, elle chante en changana, en portugais, en français, en anglais et bientôt, promet-elle, en mandarin. 
Après des années passées dans l'ombre de chanteurs et de rappeurs, le batteur Veeko s’émancipe et dévoile son premier album solo, House of birds. Un disque centré sur la batterie peut intriguer, mais c’est précisément ce que recherche l’artiste.  Ce musicien français d'origine congolaise entend placer son instrument au cœur du discours musical : non plus simple accompagnateur de mélodies, mais véritable voix et leader à part entière, capable de porter seul l’expression artistique. « J'essaye de servir la musique du mieux possible. Comme je le dis souvent, je joue avec mes émotions. J'essaye en tout cas de parler avec ma batterie : il y a un tapis de musique, et c'est la batterie qui s’exprime. On a souvent l'habitude qu’elle soit un soutien rythmique, le groove. Dans mon album, il y a aussi du groove, mais j'ai voulu travailler différemment : avec des couches de batterie, pas une seule ; avec de l’électronique et de l’acoustique. J’ai essayé de mélanger toutes mes influences et la musique actuelle, dans la façon de délivrer mon message avec une batterie » explique-t-il. Ses influences, Veeko les puise aussi bien dans le hip hop et le jazz que dans les musiques africaines. Notamment dans le seben, cette section instrumentale aux rythmes dansants qui conclut souvent les morceaux de rumba congolaise et en constitue la partie la plus festive. Porcaro, Questlove et les pulsations du club À ses débuts, Veeko baignait surtout dans la pop, le rock et le hip hop. Mais à 15 ans, son entrée dans une école de musique l’ouvre au jazz et transforme son rapport à l’instrument. Il découvre une autre manière de toucher sa batterie, de la « caresser » même, loin du cliché d’un instrument brutal sur lequel on ne fait que taper. Il s'inspire de Jeff Porcaro, batteur du groupe californien Toto aussi présent sur l'album Thriller de Michael Jackson, et de Questlove, batteur de D'Angelo. Le premier lui apprend à se placer dans la musique sans jamais trop en faire, et il prend chez le second un certain sens du groove, une manière de se placer devant ou derrière le rythme. Aujourd'hui, il s'est aussi rapproché des musiques électroniques, notamment de sonorités tribales entendues en club, très percussives et dansantes, qui collent bien à son instrument. « J'avais envie d'emmener mon auditeur en voyage. Les sonorités tribales, un peu brutes, pour moi, c'est un voyage en Afrique. C'est même un voyage dans le temps, à une époque où la musique percussive était la star. Dans la musique tribale, il y a quelque chose de l'ordre de l'organique, du corps, une émotion qu'on n'a pas l'habitude de vivre. Se focaliser sur un rythme, un tempo, laisser une boucle rythmique se répéter pendant plusieurs minutes, ça vous emmène dans une transe différente. Et j'avais envie d'emmener mon auditeur là-dedans. » raconte-t-il. La scène française émergente  S’il a déjà collaboré avec Georgio, Aloïse Sauvage ou encore Pharrell Williams, sur ce disque, Veeko s’est entouré d’amis : le saxophoniste Ferdi, le pianiste Sofiane Pamart, mais aussi le chanteur Lossapardo… Autant de jeunes artistes de la nouvelle scène française, qui repoussent les limites de leurs instruments et de leurs voix. Ensemble, ils dessinent un voyage hybride, entre jazz et électro, des racines tribales jusqu'aux horizons futuristes. Facebook / Instagram / YouTube
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