En plateau Belkacem Meziane, musicien professionnel, enseignant, conférencier et chroniqueur pour Soul Bag et New Morning Radio, publie Rhythm’n’blues. Jump blues, Doo-wop & Soul music. 100 hits de 1942 à 1945, aux éditions Le mot et le reste.ContexteBelkacem Meziane nous invite à remonter le temps dans l’anthologie musicale qu’il publie et présente à nos auditeurs et auditrices. Rhythm’n’blues retrace en effet vingt ans de musique, allant de 1942 à 1945, qui donneront naissance à deux nouveaux courants : la soul et le funk.Au lendemain de la Seconde guerre mondiale, le public noir américain se passionne pour le jump blues, un genre musical nouveau, à la croisée du swing, du blues, du boogie woogie et du gospel. En 1949, le magazine Billboard crée le top rhythm’n’blues, un terme qui sera désormais adopté par toute l’industrie musicale pour qualifier une diversité de courants allant du boogie woogie de Louis Jordan au doo-wop de The Clovers en passant par la fusion blues/gospel de Ray Charles et le blues survolté de Chuck Berry. Le rhythm’n’blues propulse alors le marché de la musique populaire noire à l’échelle nationale jusqu’au milieu des années soixante. Bonne écoute et bel été !À l'oreilleLouis Jordan – Caldonia (1945) Titre symbolique du jump blues, un mélange de swing, de blues et de boogie woogie.Sister Rosetta Tharpe – Up Above My Head, I Hear Music in the Air (1947) Pionnière de la guitare électrique et du rapprochement entre jump blues/r'n'b et du gospelWynonie Harris – All She Wants To Do is Rock (1949) Exemple de titre grivois, une spécialité du r'n'b originelLloyd Price And His Orchestra – Lawdy Miss Clawdy (1952) Titre emblématique du r'n'b de New Orleans...
En plateauHamit Bozarslan, historien et sociologue du fait politique, spécialiste du Moyen-Orient, directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), publie Le double aveuglement, aux éditions du CNRS.ContexteL’effet de sidération provoquée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie de Poutine, dans la nuit du 24 février 2022, est une conséquence de l’aveuglement des pays européens et des États-Unis vis-à-vis de la nature du régime de Poutine. Jusqu’au passage à l’acte, personne ou presque ne croyait (possible) que Poutine, bien qu’ayant massé des troupes sur les frontières de l’Ukraine, envahirait ce pays. Tel est le premier type d’aveuglement dont Hamit Bozarslan fait l’analyse. Avec la chute du Mur de Berlin, l’implosion de l’Union soviétique, la fin de la Guerre froide, les démocraties bourgeoises libérales ont cru à l’avènement de la fin de l’histoire, pensant qu’elles avaient gagné la guerre contre le bloc soviétique et que le temps des passions était désormais révolu. Aveuglées, elles se sont trompées, elles n’ont pas voulu voir tout ce qui pourrait remettre en cause leur conviction, oubliant le rôle que les passions et l’irrationnel pouvaient jouer dans la décision de déclencher une guerre. Elles n’ont aussi par leur inaction (en 2008 en Géorgie), leur démission en 2015 (en Syrie avec la fameuse ligne rouge qui n’en était pas une), leur silence, leur lâcheté, posé aucune limite au projet expansionniste et révisionniste de la Russie poutinienne et à la dérive autoritaire du régime.
En plateauBayram Balci, chercheur au CERI- Sciences Po Paris et ancien directeur de l’Institut français des études anatoliennes à Istanbul (IFEA) de 2017 à 2022.ContexteLe 28 mai 2023, à l’issue d’un second tour de scrutin aux élections présidentielles, Recep Tayyib Erdoğan a été réélu pour un troisième mandat à la tête de l’État turc. L’opposition, créditée à tort d’une avance dans les sondages d’opinion à la veille du premier tour de scrutin, n’est donc pas parvenue à renverser la donne et mettre fin aux vingt années de pouvoir de Recep Tayyip Erdoğan. Les électeurs qui se sont massivement rendus aux urnes (87 et 85% de taux de participation) ont confirmé au second tour ce qu’ils avaient déjà signifié lors du premier tour, à la coalition d’opposition dirigée par Kemal Kiliçdaroglu : ils doutaient de sa capacité à gouverner sans blocages, avec efficience, le pays confronté à une grave crise économique, dans un environnement international tendu, souligne le chercheur Bayram Balci. Si les Turcs ont pensé sanctionner dans les urnes le pouvoir en place pour l’inflation, la récession économique, la gestion calamiteuse des secours après l’effroyable séisme du 6 février dernier, pour le recul des libertés politiques et civiles et avec elles celui de l’État de droit, ils ne l’ont finalement pas fait, faute d’accorder suffisamment de confiance à l’opposition hétéroclite pour restaurer l’État de droit, reconstruire dans les régions sinistrées, et améliorer leur situation économique.
En plateauLuba Jurgenson, Vice-présidente de l’association Mémorial-France, écrivain, professeur de littérature russe à Sorbonne-Université au département des études slaves, directrice du Centre Eur’Orbem (cultures et sociétés d’Europe orientale, balkanique et médiane). Traductrice de Vassili Grossman (Pour une juste cause et plus récemment Souvenirs et Correspondance, Calmann-Lévy, 2023) elle publie Sortir de chez soi aux éditions La Contre-Allée et Quand nous nous sommes réveillés – Nuit du 24 février 2022 : invasion de l’Ukraine aux éditions Verdier.ContexteÉcrivaine et spécialiste de littérature russe, Luba Jurgenson présente Souvenirs et Correspondance, un recueil de textes inédits de Vassili Grossman (1905-1964) dont elle vient d’achever la traduction. Du même auteur, elle avait précédemment traduit Pour une juste cause, un roman qui restitué dans son intégralité, sans les ciseaux de la censure, grâce à Robert Chandler, le traducteur anglais de Vassili Grossman, forme manifestement avec Vie et Destin un vrai diptyque, les deux volets d’une fresque sur la bataille de Stalingrad. Rappelons que Vie et destin, le roman où l’auteur est au sommet de son art, fut confisqué par le KGB et publié en russe seulement en 1989 à la faveur de la Glasnost.Qui est Vassili Grossman, cet écrivain de langue russe, né dans une famille juive, à Berditchev, situé en Ukraine, dans la zone de résidence où, de 1791 à 1917, étaient confinés les Juifs qui vivaient dans l'Empire russe ? La mesure prise par l’impératrice Catherine II ne fut abolie qu’avec la Révolution d’Octobre 1917. Cette zone était composée de vingt-cinq provinces incluant l’Ukraine, la Lituanie, la Biélorussie, la Crimée et une partie de la Pologne (qui avait été partagée entre la Russie, la Prusse et l’Autriche en 1772). Les Juifs étaient déclarés indésirables, en pa...
En plateauJean-François Lhuillier, ancien chef de poste de la DGSE à Tripoli (Lybie), en mission durant trois ans, de juillet 2009 à mars 2012, publie L’homme de Tripoli. Mémoires d’agent secret aux éditions Mareuil. ContexteAprès avoir servi dans l’armée, le lieutenant-colonel Jean-François Lhuillier formé au premier régiment de parachutistes d’infanterie de marine, a poursuivi sa carrière à la DGSE (direction générale de la Sécurité extérieure, créée en 1982). Durant 25 ans, il opéra en qualité d’agent secret. Il fut notamment chef de poste de la DGSE à Tripoli, de juillet 2009 à mars 2012, durant les années cruciales qui virent la chute de Mouammar Khadafi. La DGSE, qui a succédé au SDECE (Service de documentation extérieure et de contre-espionnage, fondé en 1945), est depuis sa création composée de civils et de militaires. Si ces derniers ne représentaient au début qu’un quart des effectifs, à la fin des années 1980, civils et militaires sont en proportion égale. Le terrain, la mission, comme le souci de l’État rassemblent ces deux populations aux cultures différentes. On constate au tournant du XXIème siècle que de plus en plus d’agents ou d’officiers traitant font partie du personnel d’une ambassade, bénéficiant d’un passeport diplomatique, mais d’autres continuent d’opérer seuls, sans couverture diplomatique.
En plateauPhilippe Mouche, romancier, dessinateur et journaliste. Il a travaillé notamment pour Libération, Le Monde, Terre Sauvage et l’AFP. Il est l’auteur de plusieurs romans dont La Place des Autres, lauréat du prix Une autre Terre en 2021, récompensant un roman pour son traitement de l’écologie. Il publie aux éditions Gaïa un roman d’espionnage intitulé Bons baisers d’Europe.ContexteVous n’en rêviez même pas, mais il l’a fait pour vous ! Fayez Barawi, rescapé du conflit irakien, polytraumatisé, devenu muet sous le fracas des bombes, a appris sur les routes de l’exil, au fil de sa longue errance de migrant (entre séjours réguliers et irréguliers, demandes d’asiles refusées, reconduite aux frontières, OQTF, etc.) les 24 langues officielles de l’Union européenne (UE). Peu bavard, il ne dira jamais ce qui fut le plus difficile dans cette expérience unique : apprendre les langues ou se faire accepter comme ressortissant européen, Schengen ou pas !Vingt ans plus tard, sous le pseudonyme de Fergus Bond, il est devenu grâce à ce don aussi prodigieux qu’embarrassant, l’ambassadeur attitré d’une puissante organisation : le Multilinguisme. Si son nom est… Bond, il n’envoie pas ses bons baisers depuis la Russie, mais depuis l’Europe et à l’attention des Européens. Son arme secrète (ou pas), c’est le langage, le pouvoir des mots qu’il met au service d’une cause, l’Europe ! Il se bat apparemment sur le même terrain que ses adversaires, qui se servent aussi des mots pour détruire le projet européen, pour dresser des murs entre les peuples, pour intimider, menacer, faire peur, nous saturer de visions complotistes de l’histoire.
En plateauFrançois Héran, sociologue et démographe, professeur au Collège de France, titulaire depuis 2017 de la chaire « Migrations et Sociétés ». A la tête de l’Institut Convergences Migrations, après avoir dirigé, pendant 10 ans, l’Institut national d’études démographiques (INED), il a co-dirigé la 4ème édition de Controlling immigration. A comparative perspective (Stanford, 2022) et publie Immigration : le grand déni aux éditions du Seuil.ContexteC’est tout d’abord sur un étrange paradoxe que François Héran, spécialiste notamment des questions migratoires et du droit d’asile, appelle notre attention. Ceux qui s’imaginent que la France ferait face à un « tsunami » migratoire, par la faute des politiques, de l’Union européenne ou des juges, sont également convaincus que la migration est une anomalie dont la France pourrait se passer. Qu’en est-il ? Tout d’abord, de 2000 à 2020, selon les compilations de l’ONU, la part des immigrés dans la population mondiale a progressé de 62 %. Cette augmentation concerne aussi le continent européen (+ 60 %). Les régions d’Europe qui ont connu les plus fortes hausses relatives de populations immigrées depuis l’an 2000 sont l’Europe du Sud (+ 181 %), les pays nordiques (+ 121 %), le Royaume-Uni et l’Irlande (+ 100 %), l’Allemagne et l’Autriche (+ 75 %), suivies du reste de l’Europe de l’Ouest (hors la France) : + 58 %. En revanche, la hausse est faible en Europe centrale ex-communiste (+ 12 %). Dans ce tableau européen, la France occupe une position très inférieure à la moyenne : + 36 % d’immigrés en l’espace de vingt ans (avec ou sans l’outre-mer). Les immigrés représentent aujourd’hui chez nous 10,3 % de la population, selon l’Insee. La hausse a démarré en 2000, après la longue stagnation des années 1974-1999. On constate donc bien en France une évolution de l’immigration. Celle-ci est inscrite dans une dynamique mondiale qu’aucun président ...
En plateauAnne Andlauer, correspondante permanente pour de nombreux médias (Radio France, RFI, RTS, RTBF, Le Figaro, Le Temps, Le Soir), en Turquie où elle vit depuis douze ans et réalise des reportages depuis quinze ans, a publié La Turquie d’Erdoğan aux éditions du Rocher (2022). ContexteL’élection présidentielle et les élections législatives se déroulaient en même temps le dimanche 14 mai 2023 en Turquie. Anne Andlaurer, correspondante permanente à Istanbul pour de nombreux médias européens, et qui a couvert plusieurs campagnes électorales dans ce pays, est frappée cette fois par la hauteur des enjeux dont a parfaitement conscience l’immense majorité des 64 millions d’électeurs et d’électrices (dont plus de 5 millions de primo-votants) appelés à élire au suffrage universel leur président et leurs députés dans un pays de 85 millions d’habitants. Quel que soit le candidat à la présidentielle élu, dès le premier tour au soir du 14 mai, ou au second tour le 28 mai prochain, il y a une conscience très forte qu’il s’agit d’un tournant et que c’est l’avenir du pays qui est en train de se jouer avec ce scrutin présidentiel. Quels sont les candidats en présence ?Parmi les quatre, puis désormais trois candidats en lice, après le retrait à 3 jours du scrutin de Muharrem Ince, deux dominent les sondages. D'un côté, le président sortant, Recep Tayyip Erdoğan, qui aligne les mandats depuis 2003, d'abord en tant que Premier ministre, puis comme président depuis 2014 et l’instauration du suffrage universel direct pour l’élection présidentielle. Ce conservateur religieux et nationaliste, à la tête du Parti de la justice et du développement (AKP), a opéré un virage autoritaire au fil des années. Il a réduit les droits des femmes, la liberté de la presse, répondu par la violence aux mouvements contestataires (Gezi) et, après avoir initié des négociations secrètes avec le PKK, en ...
En plateauJean-Pierre Filiu est professeur des universités en histoire du Moyen-Orient à Sciences Po (Paris), après avoir enseigné dans les universités américaines de Columbia (New York) et de Georgetown (Washington). Depuis 2015, il tient une chronique hebdomadaire, dans le journal Le Monde, en lien avec la région dont il est un des grands spécialistes contemporains. L’auteur du Milieu des mondes, une histoire laïque du Moyen-Orient de 395 à nos jours (Le Seuil, 2021) publie aujourd’hui Stupéfiant Moyen-Orient. Une histoire de drogue, pouvoir et société aux éditions du Seuil.ContexteLa révélation de scandales liés aux stupéfiants alimente régulièrement l’actualité moyen-orientale. Ainsi, apprenait-on le 8 mai dernier que le plus grand narcotrafiquant du Moyen-Orient, Maraiî al-Ramthan, 47 ans, surnommé l’Escobar syrien, ou encore le parrain du captagon, avait été tué par un raid jordanien en Syrie. Il inondait la Jordanie et les pays du Golfe de cette drogue chimique qu’est le captagon, une amphétamine dérivée d’un médicament censé traiter la narcolepsie et les troubles de l’attention, et fabriquée dans des usines clandestines situées dans la région désertique de Soueida, au sud de la Syrie. Mais comment mettre en perspective l’actualité brûlante ?Dans Stupéfiant Moyen-Orient, Jean-Pierre Filiu a pour ambition de remonter la trame historique du Moyen-Orient sous l’angle de la production et de la consommation des stupéfiants. L’historien nous fait voyager à travers les siècles, de l’Antiquité jusqu’à l’époque contemporaine, en passant par les Abbassides et les Mamelouks, l’Empire ottoman, l’expédition d’Égypte, l’Afghanistan des Talibans, la Syrie de Bachar Al-Assad.
En plateauRégis Genté, journaliste, correspondant dans l’ancien espace soviétique pour RFI, France 24 et Le Figaro, est installé depuis plus de vingt ans à Tbilissi, capitale de la Géorgie. Un an après (ou presque) l’invasion de l’Ukraine par la Russie de Poutine, le 24 février 2022, il questionne le rôle de la milice Wagner dans les combats se déroulant dans le Donbass ainsi que les ambitions prêtées à son fondateur Evgueni Prigojine.ContexteLa prise de Soledar, le 11 janvier 2023, est la première victoire russe depuis la contre-offensive ukrainienne de l’été dans la région du Donbass. Si l’importance stratégique de la ville conquise est toute relative, la question de savoir à qui revient le mérite de cette victoire l’est moins. A en croire du moins la mini guerre de l’information qu’elle a entraînée, le groupe Wagner et le ministère de la Défense russe s’en attribuant chacun la paternité exclusive ou partielle. Outre la photo d’Evgueni Prigogine posant au fond de la mine de sel ayant donné son nom à la ville, et le drapeau à tête de mort de la milice Wagner dont il est le fondateur, flottant sur Soledar, en lieu et place du drapeau tricolore russe, on retiendra de la séquence historique la nomination le lendemain, le 12 janvier 2023, par Vladimir Poutine du général Valeri Guerassimov, déjà chef d’état-major des armées, au poste de commandant militaire en Ukraine.
En plateauAude de Tocqueville, écrivaine et commissaire d’exposition, publie avec Jean-Michel Djian, journaliste et écrivain, et Margot Lançon, photographe et cinéaste, Éloge des loges. Histoires vraies de gardiennes et gardiens d’immeubles parisiens aux éditions Autrement.ContexteAude de Tocqueville est allée à la rencontre de ces hommes et de ces femmes qui exercent la profession de gardiens et gardiennes d’immeubles parisiens, propriété d’un bailleur social qui loue un logement social à des ménages contre un loyer modéré, sous condition de ressources. Contrairement à ce qui se passe dans le parc privé, où digicodes et pass ont supprimé des emplois et transformé les loges occupées auparavant par les « concierges », les bailleurs sociaux ont compris le rôle pivot qu’occupent les gardiens et les gardiennes d’immeubles. Ils sont leurs seuls contacts ou représentant sur place face à la multiplicité des locataires.Si leur métier a considérablement évolué (suppression du cordon, de la délation instaurée par le régime de Vichy), si leurs conditions de travail se sont améliorées (boîte à lettres, allongement du temps de pause durant la journée, pas de travail le samedi, formation continue, revalorisation de la rémunération), il reste un métier difficile qui ne requiert aucun diplôme, même s’il existe un CAP dans ce domaine d’activités. C’est aussi un métier de cooptation. L’essentiel de la journée consiste désormais à recevoir les divers prestataires envoyés par les bailleurs à de fins de maintenance, réparation ou prévenance, etc., ainsi qu’à dresser des états de lieux à l’arrivée ou au départ des locataires. Le métier exige beaucoup de soi. Il faut plutôt avoir un excellent relationnel, savoir écouter, savoir encaisser, ne pas s’épancher (car on le paie toujours). Devoir de discrétion ou réserve, la loge sert de confessionnal et le ou la gardienne fait souvent...
En plateauMichel Guérin, inspecteur général honoraire de la Police nationale et ancien de la DST, effectue ses débuts dans le contre-espionnage en 1978. Il a notamment occupé le poste directeur de cabinet, sous-directeur de la technique et des moyens opérationnels, puis du contre-terrorisme. Après 2008, il devient directeur central adjoint de la DCRI qui succède à la DST, puis chef de l’inspection générale de la DGSI, à sa création en 2014. Il publie avec Jean-François Clair et Raymond Nart, La DST sur le front de la guerre froide, aux éditions Mareuil.ContexteLa DST (Direction de la Surveillance du Territoire) est née en 1944, sur les ruines d’une Europe ravagée par le Second conflit mondial du XXème siècle, et alors que va débuter la Guerre froide qui divisera les Alliés vainqueurs et se caractérisera par la confrontation idéologique et stratégique entre deux blocs : le bloc occidental constitué autour de l’OTAN, et le bloc soviétique constitué autour du Pacte de Varsovie. La Guerre froide se prolongera jusqu’à la Chute du Mur de Berlin et se traduira par une bipolarisation des relations internationales, malgré quelques velléités d’indépendance ou d’autonomie au sein de chacun des deux camps (la France et ses relations compliquées avec l’OTAN et les États-Unis ; l’émergence des Non-Alignés, la posture de la Yougoslavie ou celle de la Roumanie, la Révolution chinoise, etc.).
En plateauOlivier Grojean, maître de conférences en science politique à l’Université Paris 1 – Panthéon Sorbonne. Il est spécialiste de la question kurde, et en particulier du PKK.ContexteIl y a dix ans, le 9 janvier 2013, trois militantes kurdes étaient assassinées dans les locaux du Centre d’information du Kurdistan situé au 147 rue Lafayette dans le 10ème arrondissement de Paris. L’enquête qui avait plutôt mal démarré a finalement permis d’arrêter l’auteur présumé du triple assassinat et de souligner ses liens avec les services secrets turcs, sans toutefois pouvoir remonter jusqu’aux commanditaires de l’acte. Le meurtrier présumé, atteint d’une tumeur au cerveau, est décédé à la veille de l’ouverture du procès en assises. Il est donc mort présumé innocent. Pas de procès, des questions restées sans réponse, une enquête qui a progressé grâce aux révélations spectaculaires de la presse turque, un malaise persistant sur la nature des relations entre services turcs et français et une communauté kurde fragilisée, dont la sécurité pourrait être sacrifiée au nom d’intérêts supérieurs franco-turcs ou européo-turcs. Les familles des trois victimes n’ont jamais été reçues par les autorités françaises. Pourquoi ?Le 23 décembre dernier, un homme armé a tué trois personnalités kurdes, dans le même arrondissement de Paris, cette fois dans et à l’extérieur du centre culturel kurde, situé rue d’Enghien. Coïncidence ? Dix ans plus tard ? La colère est montée dans la communauté kurde de France et d’Europe, qui se sent menacée, en sécurité nulle part, de nouveau visée et frappée, et qui a du mal à croire au mobile strictement raciste de l’acte du tireur, sans lien avec leur origine kurde, leur engagement militant dans la communauté kurde ou leur statut de sympathisant de la cause kurde. Et en effet, la presse française ne manque pas d’articles ou de reportages qui, depuis 10 ans, soulignent les opérations d’espionn...
En PlateauSimon Parcot, écrivain et philosophe, il publie son premier roman Le bord du monde est vertical aux éditions Le mot et le reste.ContexteLa montagne est son univers et sa source d’inspiration. Il y puise l’énergie qui le met en mouvement, le mue, l’incite à repousser les limites de soi et des autres, l’énergie qui l’aide à faire en soi l’expérience de l’autre, éprouver l’insaisissable altérité, fugitive, perdue et retrouvée dans l’incessant mouvement qui est celui de la vie. Mais aussi de la mort. Simon Parcot publie un premier roman, fruit de quatre années d’écriture, de réécriture, de marche sur les routes de Compostelle ou d’autres chemins qu’offre le vaste monde, de l’Himalaya au Caucase en passant par les Balkans. Des fragments d’écriture pour restituer ou constituer une pensée archipélagique, qui dit l’être et le néant, qui exprime la force des émotions, les tensions, les obstacles et les difficultés, les transformations de soi, l’énergie cinétique contredisant toutes les représentations identitaires figées, essentialisées. L’éternité est ailleurs, si elle est.Au commencement donc était la montagne. Sa beauté. Sa cruauté. Fascinante. Terrifiante. Sublime. Dans la vallée sauvage du Vénéon (Oisans) où s’est installé l’auteur. Au cœur de la Vallée des Glaces, une cordée. Sorte de brigade d’intervention, dont le rôle et la fonction au cœur des tempêtes et des vents de l’hiver est de relier entre eux des vivants dispersés, isolés les uns des autres, coupés du monde. La cordée affronte une tempête de neige alors qu’elle est en route pour rejoindre le Reculoir, ultime hameau avant le Bord du monde, cette gigantesque et mystérieuse montagne dont nul n’a pu atteindre le sommet, dont nul ne connait le sommet. A la tête de la cordée, deux chiens pisteurs, suivie d’Ysé la Bergère, la tête chercheuse du groupe ; puis vient Vik le Buffle, le porte-traîneau, ensuite So...
En plateauHenri de Monvallier, agrégé et docteur en philosophie, fondateur de l’université populaire d’ Issy-les-Moulineaux (UPIM) en 2018, il y anime un séminaire intitulé « Philosopher en dehors des clous ». Membre de la Revue internationale de philosophie, il publie L’avenir d’une désillusion. Faut-il encore enseigner la philosophie au lycée ? aux éditions Le Passeur.ContexteAprès dix ans d’enseignement en lycée et beaucoup de questions sur sa pratique et les conditions dans lesquelles il enseigne, Henri de Monvallier s’interroge sur la nécessité du cours de philosophie. Faut-il encore l’enseigner ? Quels sont ses effets réels sur les élèves ? Sert-elle vraiment à quelque chose ?Le désenchantement prend chez Henri de Monvallier la forme d’une désillusion. La philosophie ou son enseignement (au lycée du moins) ne sont pas à la hauteur des attentes suscitées ou ne tiendrait pas ses promesses. D’ailleurs, il semble trouver davantage de satisfaction intellectuelle en s’engageant sur la voie de la sociologie. Sans pour autant s’arrêter de philosopher, et de s’étonner en particulier de l’aura qui entoure encore la discipline. Alors, il dénonce le processus de mystification qu’il voit à l’œuvre et par lequel la philosophie tromperait collectivement sur le plan intellectuel, moral et social. Au lieu d’éclairer comme elle le prétend, elle aveuglerait en charriant un certain nombre de mythes : mythe du professeur de philosophie, mythe du cours de philosophie, mythe de la dissertation de philosophie.Du désenchantement à la déconstruction, de la désillusion au ressentiment, de la déception au désamour, que reste-t-il de la philosophie ? Se réduit-elle à ses professeurs, à quelques-uns d’entre eux du moins ? à son enseignement et sa pratique en France ? à sa caricature ?A l'oreille
En plateauRégis Genté, journaliste, correspondant dans l’ancien espace soviétique pour RFI, mais aussi pour France 24 et Le Figaro, est installé depuis plus de vingt ans à Tbilissi, capitale de la Géorgie. Il est l’auteur pour l'IFRI (Institut français des relations internationales) du rapport: « Cercles dirigeants russes. Infaillible loyauté au système Poutine? »ContexteEn dépit des sanctions inédites décrétées contre la Russie à la suite de la décision de Vladimir Poutine d’envahir l’Ukraine le 24 février 2022, aucun membre important des cercles dirigeants russes n’a fait défection, constate Régis Genté. Les milieux économiques affichent la même loyauté. Personne n’a même véritablement émis des critiques publiques contre cette décision, même si, en privé et selon des fuites dans la presse russe et diverses autres sources, certains la jugent ou la jugeraient catastrophique.Deux remarques s’imposent à ce stade. Sachant que les régimes autoritaires s’effondrent davantage en raison des conflits internes (intra-élitaires) qui les minent qu’en raison des protestations de la société civile et manifestations dans la rue, le silence des cercles dirigeants et milieux économiques signifie qu’il n’y a pas, ou pas encore, de faille (du moins menaçante) au sein de la classe dirigeante russe. Et que les dissensions, si elles existent, ne font pas le poids par rapport aux risques courus par ceux qui oseraient défier Poutine et s’opposer à la prolongation de la guerre en Ukraine. D’où la question : comment en est-on arrivé là ? Comment Poutine est parvenu à mettre au pas les élites, les milieux économiques et les services sécuritaires gravitant autour de lui ?
En plateauAnne de Tinguy, historienne et politologue, professeur émérite des universités à l’Inalco (Institut national des langues et civilisations orientales), chercheuse au CERI (Centre de recherches internationales) de Sciences Po et ancienne auditrice de l’IHEDN (Institut des hautes études de défense nationale), publie Le Géant empêtré. La Russie et le monde de la fin de l’URSS à l’invasion de l’Ukraine aux éditions Perrin.ContexteSpécialiste de la Russie, en particulier de sa politique étrangère, Anne de Tinguy souligne d’emblée que la Russie est difficile à comprendre. En interrogeant le rapport de la Russie avec le monde extérieur, l’observateur est en effet confronté à une situation paradoxale. La Russie est un géant doté de formidables atouts : une profondeur stratégique grâce à l’immensité de son territoire, des richesses en matières premières, un marché du travail dynamique (du moins jusqu’à une période récente), une population bien formée, un formidable héritage culturel.Autant d’atouts qui font d’elle un acteur incontournable des relations internationales, d’autant plus qu’elle a une ambition de puissance séculaire, datant de l’époque tsariste, qui a perduré durant l’époque soviétique et à laquelle elle n’a pas renoncé à la fin de la Guerre froide et lors de l’implosion de l’Union soviétique. Qu’il s’agisse des élites ou bien des Russes en général, les uns et les autres considèrent que leur pays est voué à être une grande puissance du fait de son histoire et de sa géographie. Telle est la carte mentale imprimant leur vision pérenne du monde. Cette puissance peut être momentanément affaiblie (comme à la fin de l’Union soviétique), mais est appelée à se redresser. Mais, cette ambition de puissance est devenue chez Vladimir Poutine une obsession, depuis son arrivée au pouvoir, il y a 20 ans déjà.
En plateauRaphaël Jerusalmy, écrivain, ancien élève de l’École normale supérieure (ENS), ancien officier du renseignement militaire israélien devenu négociant en livres anciens à Tel Aviv, s’est imposé sur la scène littéraire en quatre romans, après avoir quitté l’armée pour s’engager dans des actions éducatives et humanitaires. Dans une précédente émission, au printemps 2022, il avait présenté In absentia, son dernier roman paru aux éditions Actes Sud en 2022. Il nous parle cette fois Des Sex Pistols à l’Intifada (éditions Balland, 2020), un livre qui se révèle a posteriori comme la matrice de son œuvre romanesque.ContexteDes Sex Pistols à l’Intifada ! De l’ENS à Tsahal ! De l’armée à la littérature, tous les chemins ne conduisent pas nécessairement à Rome. S’agissant de Raphaël Jerusalmy, il serait plus exact de dire que tout le ramène aux livres, à la lecture et à l’écriture, aux livres anciens bien sûr et au Livre par excellence. L’histoire, on le sait, avance parfois par des chemins de traverse, le temps pour un individu de se forger un destin.Des Sex Pistols à l’Intifada, c’est d’abord le récit autobiographique d’un parcours, celui d’un jeune étudiant parisien de 1968 devenu officier des services secrets israéliens. La chronique d’un révolté qui n’a pas sa langue dans la poche et qui excelle dans l’art de la provocation. Il jubile à bousculer son auditeur ou son lecteur qui, perplexe, se demande comment se fait-il que ce brillant étudiant ne rêve pas de Che Guevara...
En plateauPhilippe Tournon, chef de presse historique de l’équipe de France de football de 1983 à 2006, puis de 2010 à 2018, celui qui vécut durant trente ans, au plus près, la réalité des Bleus, dans le très réservé staff, publie La vie en bleu aux éditions Albin Michel.ContextePhilippe Tournon, l’homme incontournable de la parole des Bleus durant 30 ans ! Responsable du Service de presse de la Fédération française de football de janvier 1983 à juillet 2006, il devient chef de presse de l’Equipe de France de 1983 à 2004, avant de reprendre les rênes en juillet 2010. Trente ans aux côtés des plus grands sélectionneurs : Michel Hidalgo, Henri Michel, Michel Platini, Gérard Houllier, Aimé Jacquet, Roger Lemerre, Jacques Santini, Laurent Blanc, Didier Deschamps. Il raconte pour la première fois son parcours professionnel jalonné de 337 matchs sur le banc, 76 pays visités, 253 joueurs en bleu. Une exceptionnelle conquête de 7 titres : 2 Coupes du monde (1998 et 2018), 2 championnats d’Europe- ou Euro- (1984 et 2000), 2 Coupes des Confédérations (2001 et 2003), 1 Coupe intercontinentale (1985). C’est le palmarès de l’Equipe de France, et c’est aussi le sien.Sans jamais vraiment pratiquer lui-même le football même en club amateur, il sait néanmoins très jeune qu’il veut être journaliste à L’Équipe. Pigiste pour commencer, journaliste ensuite, puis responsable de la rubrique Football et rédacteur en chef adjoint du journal. Les belles années du journalisme sportif, avant internet, les téléphones portables et les réseaux sociaux, où l’on pouvait encore monter avec son petit carnet et son crayon dans la chambre d’un joueur pour l’interviewer. Une époque d’ailleurs où les Bleus ne s’appelaient pas encore les Bleus, sans huitièmes ni quarts de finale de la Coupe du monde et sans carton jaune ou rouge. Les choses ont bien changé depuis. Le football est devenu en France un phé...
En plateauHervé Théry, géographe, spécialiste du Brésil, directeur de recherche émérite au CNRS-Creda, Professeur à l’Université de Sao Paulo, co-coordinateur de la revue Confins, et auteur du blogContexteDe la prison à la présidence, Lula effectue un retour spectaculaire sur le devant de la scène politique brésilienne. Commentant les résultats du second tour de l’élection présidentielle du 30 octobre dernier, Hervé Théry note tout d’abord, que le risque de chaos et de contestation majeure du scrutin par les partisans de son rival Jair Bolsonaro, a été limité par la déclaration de ce dernier, après deux jours de silence, de respecter l’ordre constitutionnel et par celle de Ciro Nogueira, ministre de la Casa Civil précisant : « Nous commencerons le processus de transition en suivant rigoureusement la loi ». C’est un soulagement. Jair Bolsonaro, à défaut de reconnaître la victoire de Lula, a acté sa défaite. Il n’avait, en réalité, guère le choix, alors que ses soutiens le quittaient un à un. Dès le 30 octobre, son crucial allié, Arthur Lira, président de la Chambre des députés, félicitait Lula pour son élection. Son ami, le pasteur pentecôtiste ultra-conservateur Silas Malafaia déclarait, mardi 1er novembre, ne pas vouloir se lancer sans « preuve robuste » dans une « aventure » putschiste et disait « prier » pour le nouveau président de gauche. Bolsonaro a également perdu le soutien des barons de l’agro-négoce et de plusieurs gouverneurs, dont ceux de Sao Paulo et du Minas Gerais, qui ont envoyé leur police dégager les axes routiers.