Après le vide de ses neuf mois de mutisme, en ce jour de naissance de son fils, voilà que Zacharie est rempli du Saint-Esprit et prophétise. Comme un champ refleurit de plus belle après une période de jachère, il retrouve la parole avec force et profondeur après cette période de silence forcé. Le Saint-Esprit s’empare de lui et lui donne de bénir le Seigneur, le Dieu d’Israël. Comme si pendant ce temps sans parler, les meilleures paroles avaient mûri en Zacharie pour annoncer la naissance du Sauveur. (...)
Qu’est-ce que cela change à notre vie de n’être plus soumis à la Loi mais à Christ ? D’abord une toute nouvelle attitude face à notre vie et celles des autres. Car notre identité et notre dignité n’ont plus rien à voir avec notre race, notre sexe, notre classe sociale ou notre culture et notre éducation mais reposent maintenant sur Christ, l’homme nouveau qui a voulu unir tous ceux qui croient en lui pour en faire un seul corps. Les critères qui jusqu’ici m’incitaient à juger et classer les gens autour de moi ne dictent plus mon comportement. Ce qui prime avant tout dans toute relation que je peux avoir avec les gens, c’est la foi en Christ. Ainsi tous ceux qui croient en Jésus-Christ font maintenant partie de la famille de Dieu au même titre malgré toutes les différences de race, de classe sociale ou de sexe. (...)
Le salut entier repose sur la promesse faite à Abraham bien avant l’arrivée de la Loi. Et cette promesse qui inclut toutes les nations s’accomplit par la descendance du patriarche, c’est-à-dire le Messie ou Christ. Alors qu’en est-il de la Loi ? À quoi sert-elle si elle ne peut apporter le salut ? Et surtout quel rapport a-t-elle avec la promesse faite à Abraham ? La Loi, bien qu’ajoutée longtemps après la promesse, joue un rôle essentiel, celui de mettre en évidence les nombreuses transgressions commises par le peuple. Jusqu’à la promulgation de la Loi, ce dernier pouvait sans doute s’illusionner sur sa condition spirituelle. (...)
La foi par laquelle le juste vivra n’est pas un vague sentiment mais une décision qui s’appuie sur la Parole de Dieu, les promesses faites à Abraham. L’apôtre note que ce dernier n’a qu’une seule descendance, c’est-à-dire le Messie, en qui se trouve le « oui » de Dieu à toutes ses promesses. Et ces promesses prennent la forme d’un Testament immuable que rien ne peut abroger ou modifier. Pendant plus de quatre siècles, le peuple hébreu a vécu sans la torah, dans la dépendance plus ou moins fidèle de son Dieu par l’intermédiaire de ses prophètes et de ses chefs. Dans la mesure où le peuple maintenait sa confiance en Dieu en obéissant aux messagers qu’il lui envoyait, il prospérait, sinon il se voyait abandonné à ses ennemis. (...)
Ceux qui incitaient les Galates à pratiquer les œuvres de la Loi devaient sans doute se référer à Abraham comme modèle pour imposer leur légalisme. Paul démontre que ce dernier ne s’est pas appuyé sur la Loi pour plaire à Dieu. Les vrais descendants d’Abraham ne le sont pas par le sang mais par la foi. Abraham accepte de sacrifier son fils pour obéir à Dieu parce qu’il a confiance en Dieu qui ne peut faillir à sa promesse et lui rendra donc son fils. C’est cette foi que Dieu reconnaît comme justice et qui devient le moyen d’accès à Dieu pour les Juifs comme les non-Juifs. (...)
L’apôtre considère que seule une fascination pour un discoureur explique comment les Galates ont pu se détourner aussi rapidement de l’Évangile pour se mettre sous le joug de la Loi. Non seulement ont-ils oublié le sacrifice de la croix mais ils ont aussi choisi d’ignorer le cadeau ineffable qu’ils ont reçu, à savoir l’Esprit et faire fi des miracles que Dieu a accomplis parmi eux. Pourtant leur accueil de l’Évangile ne s’est pas fait sans souffrance ! Leur changement d’attitude signifie que leur souffrance était vaine. Leur assujettissement aux œuvres de la Loi rend donc inutiles tous les combats qu’ils ont soutenus jusque-là pour l’Évangile. (...)
Certain que le salut nous est donné par grâce, au moyen de la foi en Christ, Pierre ne voyait aucune raison de se séparer de chrétiens d’origine païenne, notamment lors des repas. Ce sont des chrétiens judaïsants, « de l’entourage de Jacques », mais non envoyés par lui, qui se croient obligés d’obéir à la loi de Moïse, donc de rompre les contacts avec les non-Juifs. Comme on le voit en Actes 15.13-21, Jacques pensait qu’on ne doit pas créer de difficultés aux non-Juifs. Mais ces judaïsants insistent et veulent imposer à tous la soumission à la Loi, et c’est ce qu’ils disent en arrivant à Antioche. (...)
Marie a exprimé sa soumission aux paroles de l’ange, qui lui annonçait la naissance d’un fils (1.38). Elle a rendu visite à Élisabeth, sa parente (1.40), qui, par l’Esprit saint, proclame que Marie et l’enfant qu’elle porte sont bénis ; elle appelle Marie « mère de mon Seigneur ». Alors Marie est remplie d’une joie exubérante et elle loue Dieu par un cantique merveilleux. Il n’y a de sa part pas la moindre prétention. (...)
Quatorze ans après sa conversion (ou après sa première visite à Jérusalem ?), Paul est monté à Jérusalem, pour rencontrer les responsables de l’Église. On ne sait quelle était la révélation qui l’a poussé à cette démarche. Mais on peut deviner quel risque il voulait éviter : si son ministère d’évangélisation était mal compris, il pourrait y avoir une division, et l’essentiel de son œuvre pourrait être compromise. Pierre, Jacques et Jean ont bien compris le message que Paul répandait parmi les non-Juifs, et ils l’ont reconnu comme apôtre (6). (...)
Il faut bien nous rappeler qu’à l’époque des apôtres, des juifs persécutaient les chrétiens, alors que plus tard, les juifs étaient persécutés par de prétendus chrétiens. Paul adhérait de tout son être à la religion de ses ancêtres : il s’agissait d’obéir à toutes les prescriptions de la Loi pour obtenir la faveur de Dieu. Or les chrétiens prétendaient que Dieu aime les pécheurs et qu’il leur offre le salut par grâce. Cela, un juif zélé ne pouvait pas l’admettre ; il se sentait le devoir de combattre et même de tuer ceux qui répandaient une telle doctrine, et de défendre la justice de Dieu, telle qu’il la comprenait. Mais un jour, sur le chemin de Damas, Paul a été interpellé par Jésus ressuscité, qui lui a fait comprendre qu’en combattant les chrétiens, il combattait le Christ lui-même. (...)
Lors de son premier voyage missionnaire, Paul avait évangélisé le Sud de la province de Galatie et y avait fondé des Églises : Iconium, Lystre et Derbe (Ac 13.4-14.27). Mais il apprend que les membres de ces Églises ont adhéré à la doctrine enseignée par des chrétiens d’origine juive. Selon eux, il ne suffit pas de croire en Jésus-Christ pour être sauvé ; il faut aussi obéir à la Loi de Moïse ; donc les païens devenus chrétiens doivent se faire circoncire et se plier à tous les commandements de l’Ancienne Alliance. Quelle déception pour Paul ! Paul est ulcéré de constater que les disciples qu’il avait amenés au salut par Jésus-Christ se tournent vers « un autre évangile ». (...)
On arrive à l’épilogue du Cantique. La question « Qui est celle-ci … » (8.5), déjà posée en 3.6 et 6.10, reçoit enfin sa réponse : « celle-ci » (cf. Gn 2.23) est une nouvelle Ève qui, contrairement à celle de la Genèse qui ne s’adressait jamais directement à son mari, est en dialogue constant avec lui, comme en témoigne l’ensemble du Cantique. Le Cantique présente cette nouvelle Ève « appuyée sur son bien-aimé » (8.5), donc vulnérable, qui demande à être « enseignée » (8.2). Ce faisant, elle crée des liens avec lui, l’« apprivoise », comme disait le renard au Petit Prince, et « se fait apprécier » de lui ! En même temps, elle est celle qui initie, qui « éveille » à l’amour son Adam endormi (Gn 2.21), lui donne une nouvelle vie après celle que lui a donnée sa mère (8.5). (...)
La protagoniste féminine du Cantique, qui est présente tout au long du récit, n’est finalement nommée qu’en 7.1 : Sulamite. Que signifie ce nom ? Parmi les diverses explications avancées, je retiendrais celle qui y voit le pendant féminin de Salomon (voir introduction). En hébreu, c’est la même racine que Shalom (« paix »), mot qui décrit un état de plénitude où rien ne manque, un sentiment de complétude que deux conjoints reçoivent l’un de l’autre. C’est ainsi qu’il la voit : elle est sa « colombe », son « unique » (6.9) ; face à elle, les « reines », les « concubines » et les « jeunes filles » du harem de Salomon n’ont aucune chance (6.8). Et puis, il y a cette danse fascinante (7.1-10) où toutes les parties de son corps sont détaillées de bas en haut ! Pas étonnant qu’il soit « prisonnier de ses boucles » (7.6) ! Le côté fascinant de Sulamite la rend « terrible » (6.4, 10, TOB, NEG), car elle peut être prise pour une « déesse » : n’est-elle pas comparée à la lune et au soleil, qui ne sont que des créatures (Gn 1.14-19), contre l’adoration desquelles le Seigneur avait averti son peuple (Dt 4.19) ? Et son ventre, comparé à un « tas de blé », son « palais », source de « vin excellent » (7.3, 10)… n’est-ce pas une mise en garde discrète contre le culte de Baal pour obtenir vin, blé et huile (Os 2.7 ; 7.14) ? Pourtant, Dieu avait promis ces bénédictions à son peuple (Dt 7.13 et 11.14-15) ? Cette question fait penser à l’exclamation d’Adam découvrant avec émerveillement la femme que Dieu lui avait accordée (Gn 2.23). (...)
La scène de 5.2-6 est déconcertante. Est-il possible qu’après les étreintes des versets précédents, l’épouse méprise son mari ? Non ! J’y vois plutôt un de ces malentendus courants chez de jeunes époux qui doivent apprendre à décrypter leurs codes mutuels, à s’ajuster l’un à l’autre : en effet, une femme qui n’ouvre pas à son jeune époux venu la voir, tout en lui disant : « Je suis déshabillée et lavée », ne joue-t-elle pas à « attrape-moi si tu peux ! » ? Surtout que les verrous rudimentaires de l’époque ne devaient pas être trop difficiles à ouvrir sans clé : il est mis au défi ! Son départ indique-t-il qu’il n’a pas compris le jeu et s’est vexé, ou a-t-il voulu le poursuivre en se cachant à son tour ? En tout cas, le jeu s’est mal terminé, puisque l’épouse en ressort blessée (5.7). Cependant, la suite du récit montre qu’elle est toujours « malade d’amour » (5.8), ce dont témoigne son portrait élogieux du mari en 5.10-16 qui forme le centre littéraire du passage ! C’est une véritable « parole valorisante » ! Les 3 premiers versets du chapitre 6, qui correspondent littérairement à 5.2-6, vont dans le même sens : l’époux se trouve bien dans « son jardin », c’est-à-dire près de sa femme. Selon Gary Chapman, chacun a des moyens différents de montrer son amour à son conjoint ou à son prochain : un cadeau, une parole valorisante, un service, un moment de qualité, le toucher ? Pareillement, il sera sensible ou non à ces divers modes d’expression pour recevoir un geste d’amour. À prendre en compte dans nos relations… amoureuses ou fraternelles ! . (...)
Rappelons le contexte de ce psaume : Anne ne pouvait pas avoir d’enfant. Dans la société d’alors, c’était une honte terrible. Dans sa souffrance, elle a demandé avec instance au Seigneur de lui accorder un enfant. Et la voilà maintenant exaucée : le petit Samuel est né (cf. (...)
Le passage lu aujourd’hui nous conduit jusqu’au centre du Cantique (4.16 à 5.1), marqué par le mariage des époux et sa consommation. Après l’éloignement (chap. 2), c’est maintenant le rapprochement : le marié invite ici (4.8) sa bien-aimée à venir avec lui. Pour marquer le nouveau statut qui régit leur union, il va désormais l’appeler sa « fiancée » (à six reprises entre 4.8 et 5.1). Le mot hébreu désigne une femme liée à un homme et sa famille par les fiançailles ou le mariage. L’énigmatique litière escortée d’hommes en armes (3.6-11) décrit le cortège envoyé chercher la fiancée et l’amener à la maison des noces où son « roi Salomon » l’attend, couronné pour le mariage. Le chapitre 4 dépeint l’émoi croissant de l’époux devant sa fiancée ; tous ses sens, la vue, l’odorat, l’ouïe, le goût et le toucher sont de plus en plus exacerbés par sa présence (1-5). (...)
L’amour humain, naturel, se manifeste par une attraction vers l’autre qui tendrait à vouloir fusionner avec lui pour l’accaparer. Si le rapprochement est bien une face de l’amour, surtout à ses débuts, il peut devenir très vite étouffant. C’est pourquoi la Bible en général et le Cantique en particulier nous enseignent que la prise de distance est une phase importante de l’amour adulte. Après le rapprochement du chant précédent (2.3-6), le bien-aimé invite maintenant sa bien-aimée à partir : « Prends de la distance avec toi-même ! ». Ce n’est pas un rejet, mais une invitation à entrer dans un nouveau type de relation avec lui. (...)
« Cantique des cantiques » est la traduction littérale du titre hébreu qui signifie « Le plus beau des chants ». C’est de la poésie : il ne faut donc pas trop presser les détails ni imaginer y découvrir une intrigue, comme certains ont tenté de le faire. Le livre est cependant très soigneusement composé, selon une logique hébraïque qu’il nous est parfois difficile de suivre. Sans chercher à tout comprendre, il faut se laisser emporter par les tableaux qui s’y succèdent, qui titillent nos cinq sens par leurs images, leurs paroles, leurs odeurs… et des comparaisons parfois surprenantes pour nos critères esthétiques actuels ! Placé au centre des chapitres 1-2, le duo amoureux (1.15 à 2.3) en donne la clé : le bien-aimé enclenche un cercle vertueux d’amour en disant à sa compagne combien elle est belle (1.15). (...)
La foule s’attendait probablement à ce que l’entrée de Jésus à Jérusalem soit l’occasion pour lui d’être reconnu comme le Messie et d’instaurer son Royaume (11). Mais ça ne se passera pas comme ça et surtout pas tout de suite. Un jour, Jésus, le roi-Messie, reviendra non pas pour sauver l’humanité comme lors de sa première venue, mais pour la juger (24-27). En attendant ce jour, le Seigneur nous invite à faire fructifier ce qu’il nous a donné. (...)
Comme l’aveugle du récit précédent, Zachée est seul et la foule fait à nouveau écran entre lui et Jésus. Lui aussi est un exclu de la société, cette fois, en raison de son métier. Les collecteurs d'impôts étaient pour la plupart à la solde de l'occupant romain. Considérés comme des renégats, on les méprisait d’autant qu'ils n'étaient pas toujours très honnêtes. (...)