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Les Fables de La Fontaine
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Les Fables de La Fontaine

Author: Comédie-Française

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Description

Intégrale des Fables de La Fontaine, lues par la troupe de la Comédie-Française. Collection dirigée par Christian Gonon.

12 Episodes
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Acheter l'intégrale des Fables de La Fontaine : https://achat.podcasts.comedie-francaise.fr Il ne se faut jamais moquer des misérables, Car qui peut s'assurer d'être toujours heureux ? Le sage Ésope dans ses fables Nous en donne un exemple ou deux ; Je ne les cite point, et certaine chronique M'en fournit un plus authentique. Le Renard se moquait un jour de l'Écureuil Qu'il voyait assailli d'une forte tempête : Te voilà, disait-il, près d'entrer au cercueil Et de ta queue en vain tu te couvres la tête. Plus tu t'es approché du faîte, Plus l'orage te trouve en butte à tous ses coups. Tu cherchais les lieux hauts et voisins de la foudre : Voilà ce qui t'en prend ; moi qui cherche des trous, Je ris, en attendant que tu sois mis en poudre. Tandis qu'ainsi le Renard se gabait, Il prenait maint pauvre poulet Au gobet ; Lorsque l'ire du Ciel à l'Écureuil pardonne : Il n'éclaire plus, ni ne tonne ; L'orage cesse ; et le beau temps venu Un chasseur ayant aperçu Le train de ce Renard autour de sa tanière : " Tu paieras, dit-il, mes poulets. " Aussitôt nombre de bassets Vous fait déloger le compère. L'Écureuil l'aperçoit qui fuit Devant la meute qui le suit. Ce plaisir ne lui dure guère, Car bientôt il le voit aux portes du trépas. Il le voit ; mais il n'en rit pas, Instruit par sa propre misère.
Acheter l'intégrale des Fables de La Fontaine : https://achat.podcasts.comedie-francaise.fr La cigale ayant chanté Tout l'été, Se trouva fort dépourvue Quand la bise fut venue. Pas un seul petit morceau De mouche ou de vermisseau. Elle alla crier famine Chez la Fourmi sa voisine, La priant de lui prêter Quelque grain pour subsister Jusqu'à la saison nouvelle. Je vous paierai, lui dit-elle, Avant l’août, foi d'animal, Intérêt et principal. La Fourmi n'est pas prêteuse, C'est là son moindre défaut. Que faisiez-vous au temps chaud ? Dit-elle à cette emprunteuse. Nuit et jour à tout venant, Je chantais, ne vous déplaise. Vous chantiez ? j'en suis fort aise, Eh bien! dansez maintenant.
Acheter l'intégrale des Fables de La Fontaine : https://achat.podcasts.comedie-francaise.fr Sur la branche d’un arbre était en sentinelle Un vieux Coq adroit et matois. Frère, dit un Renard adoucissant sa voix, Nous ne sommes plus en querelle : Paix générale à cette fois. Je viens te l’annoncer ; descends que je t’embrasse. Ne me retarde point de grâce : Je dois faire aujourd’hui vingt postes sans manquer. Les tiens et toi pouvez vaquer Sans nulle crainte à vos affaires ; Nous vous y servirons en frères. Faites-en les feux dès ce soir. Et cependant viens recevoir Le baiser d’amour fraternelle. Ami, reprit le Coq, je ne pouvais jamais Apprendre une plus douce et meilleure nouvelle, Que celle De cette paix. Et ce m’est une double joie De la tenir de toi. Je vois deux Lévriers, Qui, je m’assure, sont courriers, Que pour ce sujet on envoie. Ils vont vite, et seront dans un moment à nous. Je descends ; nous pourrons nous entrebaiser tous. Adieu, dit le Renard, ma traite est longue à faire. Nous nous réjouirons du succès de l’affaire Une autre fois. Le galant aussitôt Tire ses grègues, gagne au haut, Mal-content de son stratagème ; Et notre vieux Coq en soi-même Se mit à rire de sa peur : Car c’est double plaisir de tromper le trompeur.
Acheter l'intégrale des Fables de La Fontaine : https://achat.podcasts.comedie-francaise.fr Un Malheureux appelait tous les jours La mort à son secours. O mort, lui disait-il, que tu me sembles belle ! Viens vite, viens finir ma fortune cruelle. La Mort crut, en venant, l'obliger en effet. Elle frappe à sa porte, elle entre, elle se montre. Que vois-je! cria-t-il, ôtez-moi cet objet ; Qu'il est hideux ! que sa rencontre Me cause d'horreur et d'effroi ! N'approche pas, ô mort ; ô mort, retire-toi. Mécénas fut un galant homme : Il a dit quelque part : Qu'on me rende impotent, Cul-de-jatte, goutteux, manchot, pourvu qu'en somme Je vive, c'est assez, je suis plus que content. Ne viens jamais, ô mort ; on t'en dit tout autant. La Mort et le Bucheron  Un pauvre Bûcheron tout couvert de ramée, Sous le faix du fagot aussi bien que des ans Gémissant et courbé marchait à pas pesants, Et tâchait de gagner sa chaumine enfumée. Enfin, n'en pouvant plus d'effort et de douleur, Il met bas son fagot, il songe à son malheur. Quel plaisir a-t-il eu depuis qu'il est au monde ? En est-il un plus pauvre en la machine ronde ? Point de pain quelquefois, et jamais de repos. Sa femme, ses enfants, les soldats, les impôts, Le créancier, et la corvée Lui font d'un malheureux la peinture achevée. Il appelle la mort, elle vient sans tarder, Lui demande ce qu'il faut faire C'est, dit-il, afin de m'aider A recharger ce bois ; tu ne tarderas guère. Le trépas vient tout guérir ; Mais ne bougeons d'où nous sommes. Plutôt souffrir que mourir, C'est la devise des hommes.
Acheter l'intégrale des Fables de La Fontaine : https://achat.podcasts.comedie-francaise.fr Je chante les Héros dont Esope est le Père, Troupe de qui l'Histoire, encor que mensongère, Contient des vérités qui servent de leçons. Tout parle en mon Ouvrage, et même les Poissons : Ce qu'ils disent s'adresse à tous tant que nous sommes. Je me sers d'Animaux pour instruire les Hommes. Illustre rejeton d'un Prince aimé des cieux, Sur qui le monde entier a maintenant les yeux, Et qui, faisant fléchir les plus superbes Têtes, Comptera désormais ses jours par ses conquêtes, Quelque autre te dira d'une plus forte voix Les faits de tes Aïeux et les vertus des Rois. Je vais t'entretenir de moindres Aventures, Te tracer en ces vers de légères peintures. Et, si de t'agréer je n'emporte le prix, J'aurai du moins l'honneur de l'avoir entrepris.
Acheter l'intégrale des Fables de La Fontaine : https://achat.podcasts.comedie-francaise.fr Mortellement atteint d’une flèche empennée, Un Oiseau déplorait sa triste destinée. Et disait en souffrant un surcroît de douleur, Faut-il contribuer à son propre malheur ? Cruels humains, vous tirez de nos ailes De quoi faire voler ces machines mortelles ; Mais ne vous moquez point, engeance sans pitié : Souvent il vous arrive un sort comme le nôtre. Des enfants de Japet toujours une moitié Fournira des armes à l’autre.
Acheter l'intégrale des Fables de La Fontaine : https://achat.podcasts.comedie-francaise.fr Se croire un personnage est fort commun en France : On y fait l’homme d’importance, Et l’on n’est souvent qu’un bourgeois. C’est proprement le mal français. La sotte vanité nous est particulière. Les Espagnols sont vains, mais d’une autre manière : Leur orgueil me semble, en un mot, Beaucoup plus fou, mais pas si sot. Donnons quelque image du nôtre Qui sans doute en vaut bien un autre. Un Rat des plus petits voyait un Éléphant Des plus gros, et raillait le marcher un peu lent De la bête de haut parage, Qui marchait à gros équipage. Sur l’animal à triple étage Une sultane de renom, Son Chien, son Chat et sa Guenon, Son Perroquet, sa Vieille et toute sa maison, S’en allait en pèlerinage. Le Rat s’étonnait que les gens Fussent touchés de voir cette pesante masse : « Comme si d’occuper ou plus ou moins de place Nous rendait, disait-il, plus ou moins importants ! Mais qu’admirez-vous tant en lui, vous autres hommes ? Serait-ce ce grand corps qui fait peur aux enfants ? Nous ne nous prisons pas, tout petits que nous sommes, D’un grain moins que les éléphants. » Il en aurait dit davantage ; Mais le Chat, sortant de sa cage, Lui fit voir en moins d’un instant Qu’un rat n’est pas un éléphant.
Acheter l'intégrale des Fables de La Fontaine : https://achat.podcasts.comedie-francaise.fr "Va-t'en, chétif insecte, excrément de la terre! " C'est en ces mots que le Lion Parlait un jour au Moucheron. L'autre lui déclara la guerre. "Penses-tu, lui dit-il, que ton titre de Roi Me fasse peur ni me soucie ? Un boeuf est plus puissant que toi : Je le mène à ma fantaisie. " A peine il achevait ces mots Que lui-même il sonna la charge, Fut le Trompette et le Héros. Dans l'abord il se met au large ; Puis prend son temps, fond sur le cou Du Lion, qu'il rend presque fou. Le quadrupède écume, et son oeil étincelle ; Il rugit ; on se cache, on tremble à l'environ ; Et cette alarme universelle Est l'ouvrage d'un Moucheron. Un avorton de Mouche en cent lieux le harcelle : Tantôt pique l'échine, et tantôt le museau, Tantôt entre au fond du naseau. La rage alors se trouve à son faîte montée. L'invisible ennemi triomphe, et rit de voir Qu'il n'est griffe ni dent en la bête irritée Qui de la mettre en sang ne fasse son devoir. Le malheureux Lion se déchire lui-même, Fait résonner sa queue à l'entour de ses flancs, Bat l'air, qui n'en peut mais ; et sa fureur extrême Le fatigue, l'abat : le voilà sur les dents. L'insecte du combat se retire avec gloire : Comme il sonna la charge, il sonne la victoire, Va partout l'annoncer, et rencontre en chemin L'embuscade d'une araignée ; Il y rencontre aussi sa fin. Quelle chose par là nous peut être enseignée ? J'en vois deux, dont l'une est qu'entre nos ennemis Les plus à craindre sont souvent les plus petits ; L'autre, qu'aux grands périls tel a pu se soustraire, Qui périt pour la moindre affaire.
Acheter l'intégrale des Fables de La Fontaine : https://achat.podcasts.comedie-francaise.fr Le Chêne un jour dit au Roseau : Vous avez bien sujet d’accuser la Nature. Un Roitelet pour vous est un pesant fardeau. Le moindre vent qui d’aventure Fait rider la face de l’eau Vous oblige à baisser la tête : Cependant que mon front au Caucase pareil, Non content d’arrêter les rayons du Soleil, Brave l’effort de la tempête. Tout vous est Aquilon ; tout me semble Zéphyr. Encor si vous naissiez à l’abri du feuillage Dont je couvre le voisinage ; Vous n’auriez pas tant à souffrir ; Je vous défendrais de l’orage : Mais vous naissez le plus souvent Sur les humides bords des Royaumes du vent. La Nature envers vous me semble bien injuste. Votre compassion, lui répondit l’Arbuste, Part d’un bon naturel ; mais quittez ce souci. Les vents me sont moins qu’à vous redoutables. Je plie, et ne romps pas. Vous avez jusqu’ici Contre leurs coups épouvantables Résisté sans courber le dos : Mais attendons la fin. Comme il disait ces mots, Du bout de l’horizon accourt avec furie Le plus terrible des enfants Que le Nord eût porté jusque-là dans ses flancs. L’Arbre tient bon, le Roseau plie ; Le vent redouble ses efforts, Et fait si bien qu’il déracine Celui de qui la tête au Ciel était voisine, Et dont les pieds touchaient à l’Empire des Morts.
Acheter l'intégrale des Fables de La Fontaine : https://achat.podcasts.comedie-francaise.fr Travaillez, prenez de la peine : C’est le fonds qui manque le moins. Un riche Laboureur, sentant sa mort prochaine, Fit venir ses enfants, leur parla sans témoins. « Gardez-vous, leur dit-il, de vendre l’héritage Que nous ont laissé nos parents : Un trésor est caché dedans. Je ne sais pas l’endroit ; mais un peu de courage Vous le fera trouver : vous en viendrez à bout. Remuez votre champ dès qu’on aura fait l’août : Creusez, fouillez, bêchez ; ne laissez nulle place Où la main ne passe et repasse. » Le père mort, les fils vous retournent le champ, Deçà, delà, partout ; si bien qu’au bout de l’an Il en rapporta davantage. D’argent, point de caché. Mais le père fut sage De leur montrer, avant sa mort, Que le travail est un trésor.
Acheter l'intégrale des Fables de La Fontaine : https://achat.podcasts.comedie-francaise.fr C'est du séjour des Dieux que les Abeilles viennent. Les premières, dit-on, s'en allèrent loger Au mont Hymette, et se gorger Des trésors qu'en ce lieu les zéphirs entretiennent. Quand on eut des palais de ces filles du Ciel Enlevé l'ambroisie en leurs chambres enclose, Ou, pour dire en Français la chose, Après que les ruches sans miel N'eurent plus que la Cire, on fit mainte bougie ; Maint Cierge aussi fut façonné. Un d'eux voyant la terre en brique au feu durcie Vaincre l'effort des ans, il eut la même envie ; Et, nouvel Empédocle aux flammes condamné, Par sa propre et pure folie, Il se lança dedans. Ce fut mal raisonné ; Ce Cierge ne savait grain de Philosophie. Tout en tout est divers : ôtez-vous de l'esprit Qu'aucun être ait été composé sur le vôtre. L'Empédocle de Cire au brasier se fondit : Il n'était pas plus fou que l'autre.
Acheter l'intégrale des Fables de La Fontaine : https://achat.podcasts.comedie-francaise.fr L'usage seulement fait la possession. Je demande à ces gens de qui la passion Est d'entasser toujours, mettre somme sur somme, Quel avantage ils ont que n'ait pas un autre homme. Diogène là-bas est aussi riche qu'eux, Et l'avare ici-haut comme lui vit en gueux. L'homme au trésor caché qu'Esope nous propose,             Servira d'exemple à la chose.                 Ce malheureux attendait, Pour jouir de son bien, une seconde vie ; Ne possédait pas l'or, mais l'or le possédait. Il avait dans la terre une somme enfouie,         Son coeur avec, n'ayant autre déduit             Que d'y ruminer jour et nuit, Et rendre sa chevance à lui-même sacrée. Qu'il allât ou qu'il vînt, qu'il bût ou qu'il mangeât, On l'eût pris de bien court, à moins qu'il ne songeât A l'endroit où gisait cette somme enterrée. Il y fit tant de tours qu'un Fossoyeur le vit, Se douta du dépôt, l'enleva sans rien dire. Notre avare, un beau jour ne trouva que le nid. Voilà mon homme aux pleurs : il gémit, il soupire.             Il se tourmente, il se déchire. Un passant lui demande à quel sujet ses cris.             C'est mon trésor que l'on m'a pris.  Votre trésor ? où pris ? Tout joignant cette pierre.              Eh sommes-nous en temps de guerre Pour l'apporter si loin ? N'eussiez-vous pas mieux fait De le laisser chez vous en votre cabinet,             Que de le changer de demeure ? Vous auriez pu sans peine y puiser à toute heure.  A toute heure, bons Dieux ! ne tient-il qu'à cela ?             L'argent vient-il comme il s'en va ? Je n'y touchais jamais.  Dites-moi donc, de grâce, Reprit l'autre, pourquoi vous vous affligez tant, Puisque vous ne touchiez jamais à cet argent :             Mettez une pierre à la place,             Elle vous vaudra tout autant.
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