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Les Podcasts de Visionary Marketing

Author: Visionary Marketing

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Les podcasts du blog Visionary Marketing
497 Episodes
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Le paysage de l’auto-édition de livres électroniques s’est profondément transformé au cours de la dernière décennie. Ce qui était autrefois perçu avec scepticisme par l’industrie de l’édition est devenu une voie légitime, souvent privilégiée par les auteurs du monde entier. Pour mieux comprendre l’état actuel de ce marché en pleine évolution, nous avons interviewé Kris Austin, dont la plateforme Draft2Digital accompagne plus de 300 000 auteurs publiant plus d’un million de titres sur les marchés internationaux. Depuis Oklahoma City, il nous a livré son analyse de la façon dont les auteurs indépendants transforment le monde de l’édition. Au cœur du secteur de l’auto-édition de livres électroniques Avec des parts de marché atteignant 40 % des ventes aux États-Unis, les livres électroniques ouvrent de nouvelles perspectives aux écrivains capables de tirer parti des plateformes d’auto-édition comme Draft2Digital. Pouvez-vous nous présenter Draft2Digital et sa mission ? Draft2Digital accompagne actuellement plus de 300 000 auteurs qui publient de manière indépendante plus d’un million de titres. Nous sommes en activité depuis 2012, et le secteur a considérablement évolué depuis. Notre objectif est d’aider les auteurs à réaliser leurs rêves en supprimant les obstacles techniques et en rendant le processus de publication aussi fluide et simple que possible. Quelles langues et quels marchés couvrez-vous ?       Nous avons publié des livres dans plus d’une centaine de langues. Si l’anglais reste prédominant, environ 15 à 20 % des ventes proviennent de titres non anglophones, l’espagnol et l’allemand se classant respectivement en deuxième et troisième position. Notre distribution atteint 180 pays, et près de 40 % de l’ensemble des ventes s’effectuent hors des États-Unis.       Environ 15 à 20 % des ventes proviennent de titres non anglophones L’entrepreneur Kris Austin, figure du secteur de l’auto-édition de livres électroniques, nous a répondu depuis Oklahoma City. Comment l’auto-édition a-t-elle évolué depuis 2012 ? Lorsque nous avons démarré en 2012, l’auto-édition n’en était qu’à ses balbutiements. Le véritable déclic s’est produit en 2007, quand Amazon a lancé le Kindle, déclenchant l’explosion des livres numériques. À l’époque, être auteur indépendant restait stigmatisé. Beaucoup estimaient qu’ils n’avaient pas la même crédibilité que les auteurs publiés par des maisons d’édition traditionnelles. Aujourd’hui, cette perception a totalement changé. De nombreux auteurs choisissent désormais l’auto-édition en premier lieu . Nous voyons également apparaître des auteurs hybrides qui alternent entre édition traditionnelle et indépendante selon leurs objectifs. L’attention s’es t déplacée vers la qualité du livre et la demande des lecteurs plutôt que vers le modèle de publication lui-même. Quels types de livres dominent le marché des eBooks ? La majorité de nos livres électroniques relèvent de la fiction de genre : roman s d’amour, heroic fantasy, policiers et thrillers. Ces catégories de fiction narrative représentent environ 80 % des ventes d’ebooks. Notre service d’impression à la demande présente un schéma différent, avec approximativement 40 % de fiction et 60 % de non-fiction. Tous ces ouvrages s’adressent à d es lecteurs grand public qui lisent pour le plaisir. La fiction de genre (romance, fantasy, policiers et thrillers) représente environ 80 % des ventes d’eBooks Grâce à l’auto-édition de livres électroniques, les auteurs peuvent trouver des lecteurs partout dans le monde sans quitter leur domicile. Image créée avec Midjourney L’auto-édition de livres électroniques est-elle viable pour les ouvrages riches en images, comme la photographie ? C’est possible, mais plus exigeant. Les livres comportant beaucoup d’images nécessitent généralement un maquettiste professionnel pour obtenir la mise en page souhaitée, particulièrement en format numérique où la présentation peut s’avérer délicate. Pour les éditions papier, l’impression couleur et la mise en page impliquent une complexité supplémentaire par rapport aux publications uniquement textuelles. [NDLR Voir notre exemple de livre photo ci-dessous et sur notre site antimuseum.com] https://antimuseum.com/wp-content/uploads/2025/01/Livre-Photo-Darius-V4-2024-Landscape-couverture.pdf Comment réussir dans son auto-édition de livre électronique ? Les auteurs qui réussissent le mieux abordent l’édition comme un projet d’entreprise. Après avoir créé un livre dont ils sont fiers, ils se concentrent sur le marketing, la visibilité, les ventes et la distribution. Ils adoptent un état d’esprit entrepreneurial. Cela dit, cette activité peut aussi fonctionner à temps partiel. Notamment pour les auteurs qui écrivent des séries comportant plusieurs tomes. L’un des avantages de l’édition indépendante est qu’il n’est pas nécessaire d’avoir un lectorat massif pour réussir. Les auteurs indépendants conservent généralement 60 à 80 % des produits de leurs ventes. Ceci leur permet de fixer des prix compétitifs et de cibler efficacement des marchés de niche. Même avec 2 000 lecteurs potentiels, si vous captez ce public et le fidélisez, vous pouvez envisager le futur sereinement. Les auteurs indépendants conservent généralement 60 à 80 % des produits de leurs ventes Si l’écriture est votre rêve, l’auto-édition de livres électroniques peut le concrétiser, affirme Draft2Digital. Comment Draft2Digital aide-t-il les auteurs à toucher un public mondial ? D’abord, la disponibilité est essentielle. Les auteurs téléchargent leur manuscrit au format Word sur notre site, accompagné d’une image de couverture. Je recommande de ne pas dépenser plus de 100 dollars pour une couverture au démarrage. Notre système convertit l’ensemble en formats numériques et assure la distribution vers des milliers de boutiques, dont les grands ecommerçants, les plateformes plus petites et les bibliothèques aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Australie. Ils sont disponibles généralement en quelques jours. Des métadonnées précises — titre, description et catégorie — sont essentielles pour aider les lecteurs à trouver votre livre. Quelles stratégies marketing fonctionnent pour les auteurs inconnus ? La visibilité constitue toujours un défi. Les auteurs qui réussissent établissent le contact avec leurs lecteurs sur les réseaux sociaux. Ils choisissent aussi les plateformes en fonction de leur public cible. Facebook peut convenir à une démographie plus âgée, tandis que TikTok touche les lecteurs plus jeunes. Les auteurs doivent identifier où se rassemble leur audience et investir des efforts pour construire ces connexions. Rien n’est gratuit quand on vend un produit, cela exige un travail constant. Quelles sont les principales différences de pratiques de lecture selon les pays ? Les préférences de lecture varient considérablement d’un pays à l’autre. Certains, comme les États-Unis, adoptent les livres électroniques de manière massive, tandis que d’autres, comme l’Allemagne, privilégient encore nettement le papier. Certains marchés, comme le Canada, montrent une préférence pour les coffrets de livres. Il faut noter que les lecteurs allemands consomment beaucoup de livres en anglais. Nous vendons donc des quantités importantes de titres imprimés dans cette langue dans ce pays. Quel est l’équilibre actuel entre ebooks et livres papier ? Lorsque les ebooks ont commencé à se développer vers 2007, nombreux étaient ceux qui craignaient la mort du livre imprimé. Cela ne s’est jamais produit. La croissance des ebooks a atteint son pic vers 2013, mais le livre papier est resté dominant. Actuellement, environ 60 % des livres vendus sont imprimés et 40 % sont des ebooks, bien que cette proportion varie selon les genres. Les lecteurs de romans d’amour achètent principalement des ebooks en raison de leur coût inférieur et de leur praticité, tandis que les lecteurs d’ouvrages sérieux préfèrent le papier pour le plaisir du toucher et sa facilité de consultation. Ce ratio est resté relativement stable depuis des années. Environ 60 % des livres vendus sont imprimés et 40 % sont des ebooks Les gens lisent-ils moins qu’avant ? Les statistiques de lecture fluctuent par cycles successifs. Nous avons connu un pic significatif pendant les confinements liés au Covid, et les statistiques baissent depuis. Nous observons une reprise cependant. Les livres sont désormais en concurrence avec le streaming et les réseaux sociaux dans une course à l’attention, mais les lecteurs assidus trouveront toujours des livres qui leurs plaisent. Nous sommes optimistes quant au fait que les jeunes générations découvriront des livres qui leur parlent et développeront des habitudes de lecture. Comment l’intelligence artificielle affecte-t-elle le marché des ebooks ? Les livres écrits par l’IA sont présents sur l’ensemble du marché. Nous soutenons l’utilisation de l’IA comme outil pour structurer un plan, faire du brainstorming et diverses autres formes d’assistance. L’IA, tout comme les traitements de texte et les correcteurs orthographiques avant elle, peut aider les auteurs de manière régulière. En revanche, nous ne cautionnons pas les contenus entièrement générés par l’IA. Les livres écrits par l’IA sont devenus un défi majeur C’est devenu un défi majeur, des plateformes comme Amazon qui sont submergées par ce type de contenu. Cela nuit au secteur et complique la recherche de livres de qualité. L’IA finira peut-être par produire une excellente littérature, mais nous n’en sommes pas encore là, et cela reste un défi permanent pour le marché. Comment aidez-vous les auteurs à se démarquer sur un marché saturé ? Nous entretenons des relations commerciales avec tous les grands distributeurs. Notre mission consiste à identifier les livres prometteurs et à les proposer pour une mise en avant et des opérations promotionnelles. Nous soumetto
L’IA s’insinue partout, et le secteur de la distribution n’y fait pas exception. Visionary Marketing était partenaire média de Tech for Retail 2025, comme les deux années précédentes. Ce rendez-vous annuel incontournable permet d’observer les évolutions technologiques du secteur. Nous avons sélectionné quatre innovations qui illustrent comment l’IA permet de répondre aux défis opérationnels du commerce. Elles couvrent la gestion des stocks, la traçabilité des flux, l‘optimisation des approvisionnements et l‘analyse comportementale. Voici en résumé et en interview, ces quatre innovations passées à la loupe de Visionary Marketing.  IA : 4 innovations concrètes sur le salon Tech for Retail 2025 Mon focus de cette année sur Tech for Retail 2025 s’est porté sur 4 innovations sélectionnées sur le salon 4 innovations IA concrètes pour le secteur de la distribution Nous avons sélectionné 4 innovations sur le salon Tech for Retail 2025 : La première avec la société Brain Corp qui propose des robots d’inventaire autonomes en vue de réduire la démarque inconnue. La 2e concerne IBM qui déploie des palettes connectées pour tracer les flux logistiques en temps réel avec Auchan. La suivante concerne la société XXII qui transforme les caméras de surveillance en outils d’analyse comportementale. Enfin, Metreecs applique l’IA prédictive à la gestion des stocks. Ces quatre solutions partagent une caractéristique commune. Elles offrent des solutions concrètes par l’IA à des problèmes connus du secteur de la distribution. Brain Corp et ses robots à inventaires La démarque inconnue représente entre 5 et 7 % du stock pour certains retailers, selon David Philippe, Business Development Manager chez Brain Corp. Cette perte s’explique par plusieurs facteurs : erreurs d’emplacement, ruptures non détectées, écarts de prix entre l’afficha ge et l’encaissement. Pour un groupe de magasins, le montant cumulé devient significatif. IA et distribution : David Philippe de Brain Corp sur son stand. Le robot de Brain Corp réalise les inventaires de manière autonome Brain Corp, société américaine spécialisée dans l’IA et la robotique, a développé des robots qui circulent de manière autonome dans les rayons. Ces robots photographient les produits et utilisent la technologie RFID pour comparer l’état réel des rayons. Le système détecte les produits manquants, mal placés ou affichés au mauvais prix, puis génère les alertes de réassort. On travaille par zone, il faut apprendre une fois le parcours dans les rayons au robot, après on peut chaque nuit faire l’inventaire tranquillement de telle ou telle zone explique David Philippe. La programmation fonctionne par apprentissage : un opérateur guide le robot une première fois avec une poignée et un écran tactile. Ensuite, le robot opère seul et retourne automatiquement à sa station de charge. Le déploiement est déjà avancé aux États-Unis. 40 000 robots nettoyeurs et environ un millier de robots d’inventaire fonctionnent chez les grands distributeurs américains. L’entreprise se développe maintenant en Europe, où les retailers cherchent à travailler en flux tendu pour concurrencer le commerce en ligne. Ces robots peuvent aussi fonctionner dans les entrepôts. Cela nécessite cependant une organisation adaptée et des hauteurs de stockage compatibles avec les capacités d’analyse d’image. L’interview complète de David Philippe sur le salon : IBM Smart Green Pallet : traçabilité et IoT pour la logistique Environ 300 millions de palettes circulent en Europe, avec une durée de vie moyenne de 18 mois. Louis Pichon, responsable des activités retail chez IBM, indique que 15 à 18 % du stock de palettes disparaît chaque année. Soit par perte, soit par remplacement. Cette situation génère des coûts directs et des litiges entre les différents acteurs de la chaîne logistique. Patricia Cotte et Louis Pichon d’IBM consulting devant la Smart Green Pallet. Cette solution a été déployée chez Auchan. L’IBM Smart Green Pallet combine deux approches. D’une part, elle est fabriquée à partir de plastique 100 % recyclé provenant des poubelles jaunes. D’autre part, elle intègre des capteurs connectés en 4G qui transmettent trois types d’informations. La géolocalisation en temps réel, la température des produits transportés et les chocs subis durant le transport. Ces données permettent de suivre les palettes en permanence, de garantir le respect de la chaîne du froid et de documenter les litiges éventuels. Le fait d’avoir une géolocalisation des assets est très important pour les retailers, cela permet de mieux utiliser son stock, de limiter ses pertes et de limiter les litiges avec les différents acteurs de la chaîne logistique précise Louis Pichon. Les résultats sont mesurables : le taux de perte passe de 15-18 % à 1-2 %, avec un objectif de zéro perte à terme. IA et distribution : l’IA permet aussi d’améliorer la logistique. Photo du capteur développé par IBM consulting ci-dessus La solution est sortie de phase pilote en septembre 2024 et compte déjà 50 000 supports déployés chez Auchan sur le flux frais. IBM ne commercialise pas seulement une palette connectée, mais un écosystème complet : l’asset physique, le capteur IoT et la plateforme de gestion de données avec ses alertes. L’entreprise vise 200 à 300 000 capteurs déployés en 2025, puis un doublement l’année suivante. Des discussions sont en cours avec des retailers américains pour des pilotes en 2026. L’interview complète de Louis Pichon sur le salon : XXII : analyse vidéo et IA pour comprendre les flux clients Les e-commerçants analysent chaque clic, chaque parcours, chaque hésitation de leurs visiteurs. Le commerce physique disposait jusqu’à présent d’études comportementales ponctuelles, coûteuses et réalisées sur des échantillons restreints. Alexandre Boutillon, Head of Growth chez XXII, explique que la « computer vision » permet désormais d’analyser les flux clients en masse et en continu, sur l’ensemble des points de vente. XXII, entreprise française spécialisée dans l’analyse vidéo en temps réel, se positionne comme un collecteur et agrégateur de données. La solution permet d’utiliser les caméras déjà installées dans les magasins et applique des algorithmes d’IA pour analyser les déplacements, identifier les zones de forte affluence, mesurer les temps d’attente ou observer les interactions entre clients et vendeurs. L’entreprise ne produit que des données brutes et des métriques statistiques, laissant l’interprétation aux équipes métier qui connaissent leurs lieux de vente et leurs objectifs. Nous analysons les flux de masse pour obtenir des retours statistiques et des métriques adaptées au point de vente, plutôt que des données sorties d’une étude très spécifique dans un lieu donné précise Alexandre Boutillon. Le déploiement commence par un pilote sur un magasin test, qui permet de valider la solution et de préparer l’organisation interne du client. Cette phase demande souvent de créer des services data ou de former des experts capables d’exploiter les nouvelles informations. Une fois le pilote validé, la mise à l’échelle s’opère sur l’ensemble du réseau. XXII travaille avec des enseignes de toutes tailles : Carrefour pour l’optimisation des parcours clients et des interactions vendeurs, Iris Galerie avec sa centaine de points de vente dans le monde. L’interview complète d’Alexandre Boutillon sur le salon : Metreecs : IA prédictive pour l’optimisation des stocks Thibaut Pellegrin a expérimenté les limites des méthodes de prévision classiques lorsqu’il a cofondé Valespir, une entreprise de maroquinerie en cuir de pommes. En échangeant avec des professionnels du secteur, il a constaté que beaucoup d’entreprises utilisent des modèles statistiques simples : elles regardent l’année précédente et appliquent un pourcentage d’augmentation uniforme. Cette méthode ignore la fin de vie des produits, la saisonnalité, les tendances externes ou les ruptures de stock passées. Réduire les surstocks et diminuer les coûts Metreecs, une startup franco américaine très en vue, confondée par Thibaut, propose une solution d’anticipation de la demande basée sur l’IA. L’objectif est double : réduire le surstock pour diminuer les coûts, et réduire les ruptures pour augmenter le chiffre d’affaires. L’innovation consiste à prévoir au niveau le plus fin possible, c’est-à-dire par SKU (Stock Keeping Unit ou gestion d’unité des stocks) et par magasin. Cette granularité permet à chaque point de vente d’avoir un assortiment adapté à sa réalité locale. Tous nos clients doivent prévoir de petites quantités sur les magasins et se baser sur un réseau de distribution très complexe. La grande nouveauté avec Metreecs, c’est la capacité de prévoir au niveau SKU, magasin, ce qui permet d’avoir un assortiment juste explique Thibaut Pellegrin. Les modèles de machine learning intègrent désormais beaucoup plus de facteurs qu’avant : météo pour le retail physique, tendances de recherche Google pour l’e-commerce, événements locaux, historique détaillé des ruptures de stock. 1 million de CA supplémentaire en un an Les résultats chez Les Néréides, client historique de Metreecs, illustrent le potentiel de la solution : la reconstitution des ruptures sur les produits permanents a généré plus d’un million d’euros de chiffre d’affaires supplémentaire en un an. Un produit performant qui a manqué dans de nombreux magasins représente un manque à gagner invisible dans les tableurs Excel, mais que l’IA détecte et quantifie. Metreecs accompagne aujourd’hui Benetton en Italie, Anne Fontaine ou Maison-la-Biche en France. L’entreprise, initialement positionnée sur la mode et la bijouterie, étend son offre vers d’autres secteurs : pétrochimie, agroalimentaire, chocolaterie. Elle propose deux formules : une solution SaaS standardisée pour la suggestion et l’optimisation logistique
L’ère de l’IA générative a bouleversé de nombreux métiers, et le copywriting figure en première ligne de cette transformation. Entre enthousiasme initial et désillusion, où se situe la vérité ? Sélim Niederhoffer est l’auteur du best-seller Le guide du copywriting vendu à plus de 15 000 exemplaires. Eyrolles vient de publier une nouvelle édition enrichie de cet ouvrage avec 80 pages inédites. Fort des questions de centaines de copywriters formés depuis 2021, le livre offre un regard lucide sur l’avenir du copywriting à l’ère de l’IA. Lors d’un webinaire organisé par Visionary Marketing, il a exploré la réalité du métier face aux outils génératifs. Il y a détaillé les nouvelles compétences requises et la valeur irremplaçable de la créativité humaine malgré l’automatisation. Voici un résumé commenté de ce webinaire que vous pourrez découvrir en intégralité sur notre chaîne vidéo ou en podcast. Copywriting et IA : entre disruption et humanité Le copywriting et l’IA, une relation à la « je t’aime, moi non plus ». Sur fond de disruption et de résistance de l’humanité. image produite avec Midjourney Un best-seller qui se réinvente pour 2025 Le succès du Guide du copywriting ne doit rien au hasard. Avec près de 500 commentaires sur Amazon et des dizaines de milliers de lecteurs conquis, l’ouvrage s’est imposé comme la référence francophone sur le sujet. Sélim Niederhoffer identifie trois facteurs clés de ce succès. D’abord, la qualité intrinsèque du contenu, saluée massivement par les lecteurs. Ensuite, un timing parfait. La sortie en mars 2021, en plein troisième confinement, alors que de nombreux professionnels aspiraient à se reconvertir. Par ailleurs, le marché français ne proposait aucune véritable référence récente en librairie. Enfin, une approche pédagogique unique où chaque chapitre constitue une méthode concrète applicable immédiatement. Pour cette édition 2025, l’auteur a mené un travail de fond considérable. Il confie avoir d’abord relu intégralement la première version. Cela lui a permis d’éliminer ce qui n’était plus pertinent dans le contexte actuel. Par ailleurs, le livre s’est enrichi de 80 pages nouvelles intégrant cinq années de pratique professionnelle intensive. Parmi les ajouts majeurs figure naturellement un chapitre consacré à l’intelligence artificielle. À cela on ajoutera le copywriting des réseaux sociaux, et un approfondissement sur comportements consommateurs et parcours d’achat. Il reconnaît avoir sous-estimé ce dernier critère en 2021. Selon Sélim Niederhoffer, malgré l’entrée dans une ère de l’automatisation avec l’IA générative, le copywriting reste une affaire d’humains. Illustration produite avec Midjourney La philosophie du partage à l’ère numérique Une décision éditoriale important mérite qu’on y prête attention. Sélim a choisi de révéler l’architecture idéale pour une page produit qu’il enseignait jusqu’alors uniquement dans ses formations payantes. Cette approche suscite naturellement l’interrogation : pourquoi offrir ce qui constituait un avantage concurrentiel ? Sa réponse traduit une vision profondément démocratique de la connaissance. Il explique adopter une approche républicaine du savoir. Il souhaite que chacun puisse accéder aux ressources nécessaires pour lancer son activité. Particulièrement ceux qui, comme lui autrefois, ne viennent pas d’un milieu familiarisé avec le langage du business. Cette philosophie du partage s’inscrit dans une réflexion plus large sur la circulation des idées. Sélim Niederhoffer n’ignore pas que son ouvrage fait l’objet de piratage sur diverses plateformes illégales, mais refuse de s’en offusquer. Il y voit une forme de validation et se souvient avoir, à ses débuts, eu recours au téléchargement illégal de musique par manque de moyens, avant d’investir massivement dans des places de concert. Cette réciprocité différée lui semble incarner l’essence même des échanges humains. Il fait référence au concept anthropologique du don et du contre-don. Celui-ci a été théorisé par Marcel Mauss dès 1905, rappelant que ces mécaniques psychologiques transcendent les époques. Pour Marcel Mauss le don/contre-don est une forme de contrat social, basé sur la réciprocité, pour appartenir à une société. Mais le don/contre-don a aussi une logique économique (laquelle est loin d’être uniquement basée sur l’utilitarisme) SI & Management (Pr Bernard FALLERY) Selon Sélim, « un jeune de 20 ans qui pirate aujourd’hui son livre pourrait devenir un collaborateur dans dix ans ». Pour lui, la valeur réside moins dans le contrôle que dans la dissémination des connaissances. Pour corroborer ses dires, nous avons cité l’exemple emblématique de Seth Godin. Celui-ci, en 1999, offrit gratuitement son livre Unleashing the Ideavirus. Pourtant il sa version commerciale resta au sommet des ventes Amazon pendant cinq années consécutives. Ce livre est toujours disponible gratuitement sur le site de Visionary Marketing, et cela vous donnera peut-être l’envie de l’acheter. L’irruption de l’IA : entre vertige et adaptation L’arrivée de ChatGPT et des intelligences artificielles génératives a provoqué une onde de choc dans l’écosystème du copywriting. Sélim Niederhoffer décrit avec franchise ce parcours émotionnel collectif. D’abord le vertige face à un outil générant du texte à une vitesse surhumaine, puis une réelle inquiétude professionnelle. Celle-ci s’est matérialisée par une baisse de 30% des missions disponibles sur les plateformes de free-lance. Cette statistique, que nous n’avons pas pu confirmer formellement semble cependant en phase avec nos observations du terrain. Du moins dans certains secteurs comme la conception, le design et le marketing. Ceci tendrait à montrer, l’impact des nouvelles avancées technologiques sur certains pans du marché du travail indépendant. Après les mots magiques, le copywriting pour vendre mieux, le best-seller de Sélim Niederhoffer Pourtant, après ce moment de flottement, une troisième phase s’est dessinée : l’apprentissage d’une utilisation intelligente de ces outils. Niederhoffer partage sa méthodologie personnelle qui illustre parfaitement cette complémentarité homme-machine. Il commence toujours par un travail de conception analogique, stylo et papier en main, élaborant son plan, structurant ses idées, définissant sa stratégie. Ce n’est qu’ensuite qu’il sollicite l’IA comme un « sparring partner créatif », lui demandant d’améliorer une accroche (« hook »), de raccourcir une formulation, d’ajouter du rythme ou de la musicalité à un passage. La conception stratégique : l’irremplaçable humain À l’inverse du vocable de copywriting, son équivalent français de concepteur-rédacteur révèle une vérité fondamentale souvent occultée dans les débats sur l’automatisation : avant la rédaction vient la conception. L’idée, la stratégie, le positionnement créatif ne peuvent émerger ex nihilo d’une IA. Sélim insiste sur ce point crucial : seul l’humain peut poser les bonnes questions, celles qui permettront à l’intelligence artificielle de générer des réponses pertinentes. Sans maîtrise de concepts fondamentaux comme la pyramide de Maslow, les Life Force 8 de Drew Eric Whitman, ou le SONCAS (ou SONCASE si on y ajoute l’environnement) sur les motivations d’achat, impossible de solliciter efficacement l’IA. Cette réalité se résume dans l’adage américain qu’il cite : « You don’t know what you don’t know » – on ne sait pas ce qu’on ne sait pas. On aurait pu citer Socrate également, les vérités les plus profondes sont souvent éternelles. Ainsi, un utilisateur qui ignore l’existence du SONCAS ne peut demander à ChatGPT de construire une séquence d’emails respectant chaque élément de cette grille d’analyse. La formation, loin de perdre sa pertinence, devient au contraire le socle indispensable pour tirer parti de ces outils. D’ailleurs, Sélim constate que tous ses clients du CAC 40 lui demandent désormais d’intégrer la maîtrise de l’IA à ses formations en copywriting, preuve que les grandes organisations reconnaissent l’importance de cette complémentarité. La valeur ajoutée du copywriter face au client Une question légitime se pose néanmoins : si le client ne connaît ni la pyramide de Maslow ni le SONCAS, pourquoi paierait-il pour une expertise dont il ne perçoit pas la valeur ? Sélim Niederhoffer reconnaît la complexité de cet enjeu commercial. La situation varie considérablement selon la maturité du client. Un jeune entrepreneur lancé dans le dropshipping, armé de tutoriels YouTube sur l’automatisation et d’outils low-code comme Lovable pour créer son site Shopify, ne se posera pas immédiatement la question de la qualité éditoriale. Son point focal restera le retour sur investissement à court ou très court terme. En revanche, deux barrières psychologiques persistent chez tout client potentiel, même armé d’IA. Premièrement, l’incertitude quant à ses propres capacités : il doute de savoir évaluer la qualité de ce que produit ChatGPT et préfère s’en remettre à un professionnel de l’écriture et de la communication. Deuxièmement, et peut-être plus déterminant, le manque d’envie ou de temps. Même avec l’IA qui facilite grandement le processus, créer du contenu de qualité demeure chronophage et exigeant. Ces deux facteurs garantissent la pérennité du métier, même si le volume global de missions diminue structurellement. Le texte survivra-t-il à la dictature de l’image ? Face à la surenchère visuelle des plateformes sociales et à l’efficacité apparente des contenus vidéo, d’aucuns prophétisent la mort du texte. Sélim Niederhoffer réfute cette idée avec des arguments historiques et pratiques. Il rappelle que depuis les années 1960 et la révolution créative de Bill Bernbach chez DDB, le métier s’est organisé en binômes complémentaires : le copywriter pour les mots, le directeur artistique pour le visuel. Cette complémentarité n’a jamais signifié la subordination de l’un à l’autre.
La transition écologique entrepreneuriale oblige à concilier performance économique et engagement environnemental. Ce qui n’est pas facile. Dans un contexte économique très difficile, la question de la survie entrepreneuriale prend une dimension nouvelle. Ces interrogations, loin d’être un dilemme, constituent aujourd’hui l’une des clés de la réussite durable selon Thomas Burbidge. Entrepreneur spécialisé dans l’accompagnement des indépendants et auteur du livre « Sauver sa peau, sa boîte et la planète » publié chez Eyrolles, il nous distille ici ses conseils. Ce billet est le résumé d’un webinaire qui a eu lieu le 14 novembre sur LinkedIn. Vous en trouverez la vidéo en fin d’article. La transition écologique entrepreneuriale, aller au-delà de l’impératif moral La transition écologique entrepreneuriale est un élément de différenciation qui peut elle aussi emmener l’entrepreneur vers les sommets. image antimuseum.com Dans son livre Thomas démontre que l’engagement écologique représente désormais un levier stratégique incontournable. Selon lui, il est possible de réussir sa transition écologique entrepreneuriale et d’assurer la pérennité de son entreprise. À travers son podcast « Young, White & Freelance » et ses accompagnements, Thomas a observé plus de 10 000 entrepreneurs. Ceux-ci sont confrontés à une double exigence. Maintenir son activité à flot tout en répondant aux enjeux environnementaux. Son approche pragmatique révèle comment transformer cette apparente contrainte en véritable opportunité de différenciation et de croissance durable. Pour Thomas Burbidge il n’y a pas de sens à choisir entre entrepreneuriat et environnement. Image produite avec Midjourney L’entrepreneur face à l’urgence écologique : entre conscience et impuissance L’observation du terrain révèle un paradoxe frappant chez les entrepreneurs d’aujourd’hui. Thomas Burbidge identifie une déconnexion troublante entre la conscience écologique et l’action quotidienne. Cette fracture s’exprime particulièrement dans les entreprises de services où l’impact environnemental semble moins visible que dans l’industrie manufacturière. « Je voyais beaucoup chez nos clients une espèce de déconnexion. D’un côté, j’ai mon entreprise, j’ai mon quotidien, j’ai mes clients, je facture, je réalise mes prestations. Et de l’autre côté, j’ai cette espèce de frustration de me dire l’écologie, c’est un sujet qui me touche. Je vois à quel point c’est la cause ultime qui fait que notre espèce humaine risque de disparaître à terme ». Les solopreneurs impuissants face aux géants industriels Cette dichotomie s’explique par un sentiment d’impuissance particulièrement prégnant chez les solopreneurs. Face aux géants industriels, l’entrepreneur individuel éprouve souvent l’impression de ne pouvoir « faire aucune différence ». Cette perception erronée constitue l’un des principaux obstacles à l’engagement dans une véritable transition écologique entrepreneuriale. « Je ne suis qu’un entrepreneur tout seul derrière son ordinateur. J’ai mon carnet de commandes, je ne suis pas une multinationale. Je ne peux pas renverser un marché tout entier. Je fais de la prestation de services. J’ai l’impression que je ne peux faire aucune différence ». Repenser l’entrepreneuriat : au-delà du fantasme de l’enrichissement L’analyse de Thomas Burbidge souligne que l’entrepreneuriat est trop souvent présenté comme un « véhicule d’enrichissement personnel ». Cela a créé des attentes irréalistes déconnectées de la réalité économique. Cette vision réductrice entrave paradoxalement la capacité d’innovation nécessaire à une transition écologique entrepreneuriale réussie. « Les statistiques ne vont pas dans le sens de cette vision idyllique. Un entrepreneur sur deux au bout de deux ans met la clé sous la porte parce qu’il n’a pas réussi à trouver le modèle de rentabilité juste pour payer ses factures et satisfaire ses besoins primaires personnels ». Cette réalité du terrain, où les entrepreneurs peinent parfois simplement à « faire rentrer l’argent qu’il me faut pour payer mon loyer, pour payer ma nourriture », explique en partie la difficulté à intégrer des préoccupations écologiques perçues comme secondaires. Pourtant, c’est justement dans cette fragilité économique que réside l’opportunité de différenciation par l’engagement environnemental. L’écologie comme stratégie de résilience d’entreprise Thomas Burbidge tente de reconnecter les enjeux écologiques avec la survie même de l’entreprise. Citant les travaux de Timothée Parique, il rappelle une vérité fondamentale souvent occultée dans notre économie dématérialisée. « 100 % de nos entreprises et de notre économie dépendent de la disponibilité de ressources naturelles. Tout ce qu’une entreprise construit, que ce soit du service ou du produit prend racine dans une ressource naturelle ». Cette dépendance, invisible dans notre économie numérique, crée une vulnérabilité structurelle majeure. Un ordinateur portable, symbole de notre économie dématérialisée, représente « 850 kg de matières premières, de métaux rares, de cuivre, de plastique qui vient du pétrole[1] ». Ces ressources, non renouvelables à l’échelle humaine, constituent les fondations fragiles sur lesquelles reposent nos modèles économiques. Thomas Burbidge établit ainsi un lien direct entre préservation des ressources et pérennité entrepreneuriale. Il positionne la transition écologique entrepreneuriale comme une nécessité stratégique plutôt qu’une contrainte morale. Le pouvoir unique de l’entrepreneur dans la transformation écologique L’entrepreneur occupe une position stratégique unique dans l’écosystème économique, particulièrement favorable à l’impulsion d’une transition écologique entrepreneuriale efficace. Thomas Burbidge identifie cette singularité comme un avantage concurrentiel décisif. « L’entrepreneur se situe à la jonction entre les deux. J’ai la flexibilité, l’agilité qui me permet de changer mon offre pour qu’elle prenne en considération les enjeux écologiques. Mais j’ai aussi la main sur la demande. En effet, je suis aussi une personne qui consomme autant pour moi que pour la vie de mon entreprise ». Cette double influence sur l’offre et la demande confère aux entrepreneurs un levier d’action particulièrement puissant. À cela s’ajoute leur « compétence médiatique », leur capacité à « créer du contenu, diffuser des idées. Ils peuvent fédérer des personnes dans des communautés », autant d’outils essentiels pour accélérer les transformations sociétales. L’entrepreneur devient ainsi un « pollinisateur » d’idées, diffusant les bonnes pratiques « d’entreprise en entreprise » grâce à son parcours professionnel diversifié. Cette capacité de dissémination place la transition écologique entrepreneuriale au cœur des dynamiques d’innovation sociétale. De l’impact direct à l’impact potentiel : une grille d’analyse pragmatique Pour orchestrer une transition écologique entrepreneuriale efficace, Thomas Burbidge propose une grille d’analyse en trois niveaux d’impact. L’impact direct correspond aux ressources directement consommées par l’activité. L’impact indirect concerne les comportements induits par la solution créée. Enfin, l’impact potentiel évalue les changements de comportement générés chez les utilisateurs. L’exemple du développement de sites web illustre parfaitement cette approche systémique selon Thomas. Au-delà de la consommation électrique (impact direct) et de l’hébergement permanent des données (impact indirect), la finalité du site web détermine son impact potentiel global. « Le but, ce n’est pas que chaque individu devienne un surhomme, parfait sur toute la ligne écologique, mais c’est de se demander c’est quoi le rôle que j’ai envie de jouer et pour lequel j’ai les bonnes compétences et les bonnes appétences pour contribuer à la lutte contre le changement climatique ». Cette approche permet d’éviter le piège de la culpabilisation individuelle tout en maintenant une exigence d’analyse critique, condition sine qua non d’une transition écologique entrepreneuriale authentique et durable. L’économie régénérative : vers un nouveau paradigme entrepreneurial Thomas introduit aussi dans son livre le concept d’économie régénérative, que nous avons déjà abordé avec Navi Radjou dans ces colonnes, comme dépassement des limites actuelles de la transition écologique entrepreneuriale. Contrairement aux approches purement défensives, cette vision transforme l’entreprise en acteur de régénération des ressources dont elle dépend. L’exemple de Papa Outang, entreprise de pâte à tartiner qui finance la préservation de la forêt de Bornéo, illustre selon l’auteur cette approche originale. « L’objectif de l’entreprise est de protéger l’intégralité de la forêt tropicale à Bornéo. Et c’est l’objectif de l’entreprise, la raison même de son existence. La vente de pâte à tartiner est l’excuse pour générer les fonds pour racheter la forêt en vue de la protéger ». Cette révolution conceptuelle repositionne l’entreprise comme solution plutôt que comme problème, créant un cercle vertueux où croissance économique et régénération environnementale se renforcent mutuellement. Elle ouvre ainsi de nouvelles perspectives pour une transition écologique entrepreneuriale véritablement transformatrice. Premiers pas vers l’action : conseils pratiques Pour l’entrepreneur prêt à franchir le pas de la transition écologique entrepreneuriale, Thomas Burbidge recommande de commencer par cartographier les dépendances aux ressources naturelles. Dans le secteur numérique, cela peut se traduire par une démarche d’autonomie énergétique ou l’adoption systématique du matériel reconditionné. L’auteur insiste particulièrement sur l’importance d’une approche progressive, adaptée aux moyens et au contexte de chaque entrepreneur. « On part tous et toutes d’un endroit différent et l’idée, c’est d’y aller étape par étap
Le nombre de solopreneurs explose en France et ils sont nombreux à avoir besoin de coaching. En même temps que ces créations d’entreprises se font plus nombreuses, la pérennité des entreprises créées ne cesse en effet de décliner. Face à ce constat, une plateforme innovante émerge depuis l’océan Indien pour apporter des solutions concrètes aux indépendants en détresse. Alexandra Payet, fondatrice de Formeazy et de Digital Study, a créé un écosystème dédié au coaching des solopreneurs qui compte déjà plus de 6000 indépendants accompagnés. Une approche pragmatique née de l’expérience terrain d’une entrepreneuse qui a elle-même vécu les affres de la solitude entrepreneuriale. Formeazy facilite le coaching des solopreneurs Le coaching des solopreneurs s’organise depuis l’île de la Réunion — Photo Flickr creative commons par Dranilom Une expérience à l’origine de la naissance de la plateforme On assiste à une véritable explosion du nombre de créations de micro-entreprises, pas étonant que les les solopreneurs aient besoin de coaching — source BPI Installée au pied du piton de la Fournaise à La Réunion, Alexandra Payet a développé Formeazy avec une vision claire : « arrêter de perdre des mois à tester des méthodes contradictoires et à se former avec des vidéos YouTube ». Son approche reflète une réalité que tout solopreneur connaît bien : la dispersion face à l’abondance d’informations disponibles. La genèse de Formeazy s’enracine dans l’expérience personnelle de sa fondatrice. « Je me suis lancée il y a 7 ans et j’ai vécu toutes les galères de l’indépendant. La solitude, les infos qui se contredisent, les énergies totalement gaspillées », confie Alexandra Payet. Cette authenticité transparaît dans la conception même de la plateforme qui compare directement les besoins concrets des solopreneurs : trouver des clients, gagner en visibilité, mieux s’organiser, travailler son état d’esprit (« mindset »). Le parallèle avec Doctolib s’impose naturellement, mais avec une nuance capitale que souligne la fondatrice : « Quand je dis « Vous connaissez Doctolib ? », on me dit « Oui, oui, voilà, c’est ça. » Sauf que ce n’est pas pour vous soigner. C’est pour vous coacher dans votre business. » Cette distinction révèle la spécificité du coaching des solopreneurs qui repose sur la confiance et l’échange préalable, contrairement à un rendez-vous médical standardisé. Alexandra Payer s’est donné pour mission, sur la base de son expérience personnelle, de faciliter le coaching des solopreneurs. Une communauté dédiée au coaching des solopreneurs L’itération de Formeazy illustre parfaitement l’agilité nécessaire dans l’entrepreneuriat moderne. Initialement conçue comme une marketplace recensant 120 formateurs et coachs, la plateforme a rapidement évolué vers un modèle plus humain. « En trois mois, je me suis rendu compte qu’ils avaient besoin de beaucoup plus qu’une marketplace, parce qu’ils avaient du mal à choisir », explique Alexandra Payet. Cette évolution vers la communauté avec des webinaires mensuels révèle une compréhension fine des besoins réels des solopreneurs. Le choix devient moins difficile quand on peut « parler directement avec les coachs » et développer cette confiance indispensable à l’accompagnement business. Le syndrome de « l’accident de salariat«  La statistique évoquée par Xavier Delaunay dans une précédente interview – 85 % des créations d’entreprises proviennent d’un « accident de salariat »* – trouve un écho particulier chez Alexandra Payet qui l’a « vécu elle-même ». Cette réalité soulève une question fondamentale sur la motivation entrepreneuriale en France. « Ce n’est pas parce que le point de départ était un accident que le projet doit être une galère », tempère la fondatrice de Formeazy. Cette nuance révèle la maturité de son approche : partir d’une motivation négative n’est pas rédhibitoire si l’accompagnement permet de construire un projet solide et durable. * NDLR : à noter que nous n’avons pas trouvé de source fiable pour corroborer ce chiffre, qu’il convient de prendre juste comme un ordre de grandeur et une évaluation personnelle basée sur l’expérience.  La complémentarité formation technique/coaching humain Sur la question récurrente de savoir s’il faut privilégier la formation technique ou l’accompagnement humain, Alexandra Payet adopte une position équilibrée : « J’ai envie de dire que les deux sont complémentaires. Si on n’est pas formé, on ne va pas pouvoir tenir longtemps ; mais si on n’a pas le bon état d’esprit et qu’on ne sait pas comment trouver des clients, on ne va pas tenir longtemps non plus ». Cette approche holistique explique en partie pourquoi « 70 ou 80 % des solopreneurs s’arrêtent au bout de 3 ans ». Le défi n’est pas seulement technique, il est aussi psychologique et stratégique. Un modèle économique accessible et flexible Formeazy propose un modèle tarifaire démocratique avec « en moyenne 50 euros de l’heure » pour du coaching à la séance. Cette accessibilité s’accompagne d’une ouverture aux dispositifs de financement traditionnels comme les FAF (fonds de formation pour les indépendants) via des organismes certifiés Qualiopi présents sur la plateforme. La fondatrice précise que les solopreneurs ont accès aux FAF : « le FIFPL pour ceux qui font du consulting » et « le FAFCEA pour les artisans, par exemple, les esthéticiennes, les coiffeuses qui sont solos ». Une information précieuse souvent méconnue des indépendants. La garantie qualité par la satisfaction client Le défi de toute plateforme d’intermédiation réside dans la garantie de qualité. Formeazy aborde cette problématique avec pragmatisme : sélection en amont des coachs (résultats, parcours, diplômes, feed-back clients), entretiens individuels en visio, et surtout, un système de notation impitoyable. « S’ils donnent de mauvaises notes, si ça ne colle pas, le coach sort de la plateforme », affirme sans détour Alexandra Payet. Cette approche méritocratique protège à la fois les solopreneurs clients et la réputation de la plateforme, créant un cercle vertueux de qualité. Les perspectives d’évolution du coaching des solopreneurs Sur l’avenir du secteur, Alexandra Payet se montre optimiste quant à la croissance du nombre de solopreneurs : « je crois que les Français en ont vraiment marre du salariat, et ils veulent tous se mettre à leur compte ». Un paradoxe français souligné avec justesse : « vous allez dans le pays où on a inventé le contrat à durée indéterminée, et puis finalement, les gens n’en veulent plus ». Cependant, cette croissance s’accompagne mécaniquement d’une augmentation de la concurrence. D’où l’importance cruciale de l’accompagnement pour la survie des nouveaux entrants. Le conseil essentiel : bannir l’isolement Le message final d’Alexandra Payet résonne comme un manifeste contre l’isolement entrepreneurial : « arrêtez de croire que vous devez tout porter seul. J’ai cru ça il y a 7 ans. Et en fait, c’est vraiment la plus grosse erreur ». Cette prise de conscience, forgée par l’expérience, se traduit par une approche communautaire où « même une heure de coaching, un échange entre solopreneurs, ça peut éviter vraiment six mois d’errance ». La formule finale synthétise parfaitement sa philosophie : « un business, ça ne se construit pas seul ; ça se construit vraiment avec les autres ». Conclusion : vers un écosystème mature du coaching des solopreneurs Formeazy symbolise l’émergence d’un nouvel écosystème dans le coaching des solopreneurs, alliant accessibilité, qualité et dimension humaine. La plateforme d’Alexandra Payet, encore jeune avec ses trois mois d’existence lors de l’interview, préfigure ce que pourrait devenir le marché de l’accompagnement entrepreneurial en France. Dans un contexte où l’entrepreneuriat solo explose, mais où la pérennité des entreprises créées reste fragile, ce type d’initiatives offre une voie d’espoir. En démocratisant l’accès au coaching professionnel et en créant des communautés d’entraide, Formeazy participe à la structuration d’un secteur qui en avait grand besoin. L’authenticité du témoignage d’Alexandra, qui avoue elle-même avoir eu recours au coaching, renforce la crédibilité de son approche. Car comme elle le rappelle avec justesse : personne n’est à l’abri de l’isolement entrepreneurial, et c’est en acceptant cette réalité que l’on peut mieux la surmonter. The post Formeazy facilite le coaching des solopreneurs appeared first on Marketing and Innovation.
L’intelligence artificielle prétend révolutionner la rédaction Web, et pourtant la valeur des mots n’a jamais été aussi importante. Sélim Niederhoffer, formateur en copywriting et auteur à succès avec plus de 14 000 exemplaires vendus pour son Guide du Copywriting, vient de publier un nouvel ouvrage chez Eyrolles. Celui-ci est intitulé Les Mots Magiques. Cette question de la rédaction Web à l’ère de l’IA générative méritait bien une discussion approfondie. Entre persuasion, influence en ligne et automatisation, comment les professionnels du marketing peuvent-ils encore tirer leur épingle du jeu ? Rencontre avec un expert qui n’a pas perdu la foi dans le pouvoir des mots. L’intégralité de notre entretien est consultable sur notre chaîne YouTube et en podcast. Rédaction Web : les mots peuvent encore être magiques rédaction web les mots magiques Une démarche artisanale à l’opposé de l’IA Lorsqu’on demande à Sélim d’où lui viennent les 50 mots magiques sélectionnés dans son nouvel ouvrage, sa réponse pourrait surprendre à l’heure du tout-automatisé. « Il y avait déjà un chapitre dans le Guide du Copywriting qui s’appelait les mots magiques. Je me suis dit que j’allais essayer d’aller un peu plus loin dans cette répartition, creuser, montrer des exemples. Et surtout expliquer pourquoi ça fonctionne ». Papier-crayon Son approche reste résolument analogique dans sa conception. « Je travaille véritablement avec un stylo et du papier ». Cette méthodologie révèle une vérité fondamentale de la rédaction Web. L’efficacité naît de la compréhension profonde des mécanismes psychologiques, pas de leur simple reproduction mécanique. Sélim s’est appuyé sur des principes de persuasion bien connus. Sélim Niederhoffer croit encore aux vertus de la magie des mots en rédaction Web — image produite avec Midjourney « Quand un principe de persuasion existe, souvent il y a un mot en face. Typiquement l’urgence ou la rareté. Si c’est rare, c’est que les places sont limitées, c’est que le stock va s’épuiser… Voilà ! C’est comme cela que j’obtiens mon ‘cocon sémantique’ ». La recherche s’étend ensuite à l’observation du terrain. « Je regarde ce que mes clients utilisent, ce qui se passe chez Burger King, chez McDonald’s, chez Nike. Je vais voir aussi ce qui se passe pour les grandes marques, sur YouTube, sur LinkedIn ». Au final, 55 mots identifiés, réduits à 50 pour la cohérence éditoriale avec son précédent ouvrage. Une démarche qui illustre parfaitement ce qui différencie encore l’humain de la machine. C’est-à-dire la capacité de synthèse critique et de curation intelligente. Pourtant, il convient de nuancer. Sélim ne cache pas son « amour » de ChatGPT. On le verra par la suite, cela n’est pas sans soulever quelques légitimes questions. Merci : ce mot magique si négligé Parmi les 50 mots analysés dans l’ouvrage, le premier est aussi le plus simple. Il s’agit de merci. Pour Sélim, ce mot devrait être essentiel pour tous les business. « Combien de fois sort-on d’un magasin où le vendeur se montre indifférent ? Vous n’avez rien acheté ou alors vous avez acheté, mais la transaction est faite, vous êtes parti ». Certaines marques excellent pourtant dans cet exercice. « Nespresso ou Apple, par exemple : la collaboratrice de chez Nespresso sort de derrière son comptoir, elle vous remet le paquet. Merci pour votre visite. Bonne journée. C’est très bien fait ». Mais pour lui, le potentiel du merci va bien au-delà de la politesse transactionnelle. « Vous pouvez aller plus loin : merci pour votre visite, merci de vous être abonné à la newsletter, merci pour votre commentaire. Il faut réfléchir sans cesse en termes de gratitude ». Cette approche s’inscrit dans ce que Gary Vaynerchuk appelait The Thank You Economy. « Nous sommes dans une économie de l’attention, de la gratitude que l’on accorde à chacun », explique Sélim. L’enjeu est de taille en rédaction Web : comment conserver cette dimension humaine à l’échelle d’un groupe ? « Pour moi, l’essence du business, c’est qu’il y a une personne en face de vous qui échange quelque chose avec vous. C’est vraiment la base. Mais aujourd’hui, comment fait-on pour garder cela à l’échelle d’un groupe » ? Les données confirment une intuition : la gratitude améliore l’expérience client et favorise la fidélisation. Un enseignement précieux pour tous ceux qui pratiquent la rédaction Web et cherchent à créer un lien durable avec leurs auditoires. Il faut chercher à créer un lien avec ses auditoires — image produite avec Midjourney IA et rédaction Web : menace ou opportunité ? La question de l’intelligence artificielle traverse naturellement notre échange. Sélim ne cache pas son enthousiasme pour ces outils. « ChatGPT est une arme de destruction massive de la page blanche ». Son utilisation quotidienne de l’IA s’est imposée naturellement : « Je ne rédige plus vraiment au stylo. J’écris juste deux ou trois phrases d’introduction et ensuite je fais une trame complète sur ChatGPT ». Mais cette adoption massive soulève des interrogations légitimes sur l’avenir de la profession. Sélim reste lucide sur les limites actuelles de l’IA en rédaction Web. « Le problème de ChatGPT, c’est qu’il a trop tendance à noyer le poisson et à tourner autour du pot, sur touts dans ses premières versions ». Cette faiblesse structurelle tient à la nature même de l’outil. « Je pense que c’est voulu pour éviter les dérapages et pour ne pas choquer. Il est extrêmement politiquement correct ». L’expert identifie une autre limitation majeure : l’absence de voix distinctive. « On est obligé de revenir sur le texte et de lui demander de refaire le travail différemment », explique-t-il. Cette nécessité de post-édition crée paradoxalement une nouvelle compétence en rédaction Web : celle de l’ingénierie de prompts et de la direction éditoriale d’IA. L’évolution du métier : vers une rédaction Web augmentée Sélim théorise une nouvelle articulation du travail rédactionnel à l’ère de l’IA. « Je fais une trame sur ChatGPT et ensuite j’affine à la main en reprenant les morceaux », détaille-t-il. Cette approche hybride semble dessiner l’avenir de la rédaction Web : l’IA pour la structure et le volume, l’humain pour la finesse et l’authenticité. La question de la formation devient alors centrale : « Je suis en train de créer une formation complète de copywriting à l’IA qui va arriver prochainement. Ce qui m’intéresse, c’est comment affiner l’IA, comment éviter les pièges principaux de l’IA, comment reprendre le contrôle et comment s’approprier toute la puissance ». Cette évolution témoigne d’une transformation profonde du métier : le copywriter devient orchestrateur d’intelligences artificielles. L’atrophie des compétences Mais Sélim met en garde contre un danger insidieux : l’atrophie des compétences. « Le cerveau, c’est un muscle. Vous l’utilisez, vous créez les connexions, vous ne l’utilisez plus un jour et c’est fini », rappelle-t-il. Il reconnaît d’ailleurs en être lui-même victime. « Même moi je m’aperçois que mon écriture, quand je dois repartir sur ma page blanche, est moins fluide qu’avant. Entre 2010 et 2022, j’ai dû écrire entre trois et cinq textes de blog par semaine. Maintenant, si je peux juste créer mon prompt, obtenir un résultat et le retravailler un peu, ça passe. Mais c’est moins satisfaisant ». Cette prise de conscience l’a poussé à l’expérimentation. « Je crée une version en test A/B. J’envoie la version A écrite par l’IA, j’envoie la version B écrite par moi et je regarde qui clique le plus, je vois les titres qui fonctionnent le mieux, je vois quel texte performe le mieux », explique-t-il. Une démarche scientifique qui pourrait piquer son ego, reconnaît-il avec humour, mais indispensable pour comprendre la réelle valeur ajoutée humaine en rédaction Web. Quelle valeur ajoutée humaine demain ? La question finale s’impose naturellement : l’homme aura-t-il encore une valeur ajoutée par rapport à la machine dans un ou deux ans ? Sélim se montre prudent dans ses prédictions. « Je ne suis pas un bon innovateur parce que je ne passe pas ass@ez de temps sur la prospective », admet-il honnêtement. Mais son analyse du marché le rassure. « Je sens que les entreprises vont se former de plus en plus, mais il y a toujours la question du niveau. Sont-elles suffisamment formées ? Sont-elles suffisamment encadrées » ? Les besoins en rédaction Web restent massifs. « Je rencontre des directeurs marketing qui me proposent de venir travailler avec eux, de m’internaliser. Nous avons tellement de travail à abattre qu’il nous faudrait dix personnes qui utilisent ChatGPT pour accélérer », rapporte-t-il. Cette observation suggère que l’IA ne remplace pas tant les rédacteurs qu’elle ne multiplie les opportunités de production de contenu. La réflexion de Sélim rejoint des questionnements plus larges sur l’évolution du travail. « L’idée d’arriver vers une société de personnes inutiles ne me choque pas. Je l’ai déjà vu tellement dans la science-fiction », confie-t-il. Cette vision rejoint d’ailleurs des réalités historiques que nous évoquons ensemble au cours de l’interview : ces villages français qui comptaient mille habitants au début du XXe siècle et n’en ont plus que soixante-dix aujourd’hui. Les mutations économiques et technologiques ont toujours redessiné le paysage de l’emploi. Quel avenir (ou avenirs) pour la rédaction Web ? Cette conversation avec Sélim Niederhoffer dessine les contours d’une rédaction Web en pleine mutation. Les mots restent magiques, pour reprendre son titre, mais leur invocation change de nature. L’IA devient un outil puissant de production de contenu, mais la valeur distinctive réside toujours dans la compréhension fine des mécanismes de persuasion, dans la capacité à orchestrer ces outils avec discernement et dans le maintien d’une aut
Avec plus de 15 000 exemplaires vendus, La Boîte à outils du marketing digital s’impose comme une référence incontournable. Pour cette troisième édition chez Dunod, Stéphane Truphème et Philippe Gastaud ont entièrement revu leur ouvrage pour intégrer les transformations induites par l’IA. Cette nouvelle édition propose 57 outils clés enrichis de packs de prompts pour accompagner les professionnels dans cette transition majeure. La boîte à outils du marketing digital : quand l’IA réinvente les pratiques La 3e édition de la boîte à outils du marketing digital vient de sortir chez Dunod. Une troisième édition pensée pour l’ère de l’IA À peine deux ans après la deuxième édition, les auteurs ont décidé de revoir intégralement leur ouvrage. « On a complètement revu le sommaire », explique Philippe Gastaud. « Dans la première édition, on faisait des doubles pages sur chaque réseau social, notamment Viadeo. En 2025, ça n’a plus de sens de faire une double page sur Facebook, LinkedIn ou TikTok ». Cette refonte va bien au-delà d’un simple dépoussiérage. Stéphane Truphème précise : « L’IA est passée par là. On s’est sentis obligés de revoir cette boîte à outils. C’était important qu’elle soit plus actuelle et qu’elle prenne en compte cette arrivée de l’IA qui a bousculé beaucoup de choses, un peu comme l’arrivée du web a bousculé le marketing traditionnel ». La boîte à outils du marketing digital propose une myriade d’outils et de prompts mais lesquels mènent à la véritable productivité. C’est une des questions que nous nous sommes posée dans ce Webinaire. Image réalisée avec Midjourney Sommes-nous face à une révolution comparable aux années 1990 ? Stéphane Truphème reste mesuré : « L’avenir nous le dira. Ce qui est important, c’est le fait que le marketing va être complètement assisté avec l’IA, avec des gains de productivité et d’idéation. Mais surtout, le changement fondamental, c’est qu’on passe d’un monde focalisé sur le clic à autre chose ». Les packs de prompts : l’innovation de cette édition Face aux contraintes éditoriales, les auteurs ont trouvé une solution ingénieuse. Philippe Gastaud détaille : « On est contraints d’un nombre de caractères pour chacun de ces outils. On s’est dit qu’on allait proposer des prompts qui viennent en complément. Par exemple sur le SEO, j’ai proposé un prompt pour créer un cocon sémantique, des clusters qui permettent de créer des contenus piliers et d’y associer des idées complémentaires. Un prompt complet que vous pouvez copier-coller dans ChatGPT, Claude, Perplexity ou Copilot ». L’accessibilité de ces ressources a été soignée. « Il y a un QR code dans le bouquin qui renvoie sur une page Notion où on peut récupérer les prompts », explique Stéphane Truphème. Une démarche pragmatique qui prolonge l’expérience du livre avec une valeur ajoutée immédiatement utilisable. Du clic à la citation : un changement de paradigme L’analyse de Stéphane Truphème sur l’évolution du marketing digital est particulièrement éclairante. « On passe d’un monde qui était focalisé sur le clic, parce que tout ce qu’on faisait, les contenus, notre présence sur les médias sociaux, les ads, le référencement naturel, c’était pour générer du trafic, et de ce trafic, générer du lead ou de la vente directe. Aujourd’hui, on voit que le trafic s’effondre de toutes parts ». Ce phénomène n’est pas uniquement lié à l’IA. « Ça a commencé à s’initier un peu avant l’arrivée de l’IA. Les no-click searches étaient déjà une des problématiques à laquelle les marketeurs devaient faire face. Avec l’IA, c’est un phénomène qui s’est largement accéléré. On doit changer notre fusil d’épaule, se dire comment je vais passer du sacro-saint clic à peut-être le retour d’une forme de notoriété, en tous cas les citations dans les IA ». Cette transformation ne signe pourtant pas la mort du contenu. Bien au contraire, elle pourrait paradoxalement le valoriser. « C’est une opportunité phénoménale pour le bon contenu, parce que ça sera une sorte de phare dans cette marée de contenus médiocres », affirme Stéphane Truphème. « Le bon contenu, c’est aussi des micro-audiences qu’il va falloir être capable de toucher et y arriver. Il faudra identifier véritablement les besoins, encore plus que par le passé. Autant avant, on le disait beaucoup et on le faisait souvent mal. Là, il faudra peut-être moins le dire, mais vraiment y aller. Aller chercher ses micro-audiences ». La complexité croissante des métiers du digital La cartographie des métiers du digital représente un défi croissant. Philippe Gastaud aborde cette question : « Avoir des compétences en prompt engineering, c’est essentiel aujourd’hui. Tous ces métiers évoluent. C’est l’histoire qui se répète : quand on faisait de la communication, on nous demandait de comprendre des notions de marketing. Aujourd’hui, c’est le prompt engineering qui va nous faire gagner du temps ». La donnée s’impose comme compétence transversale incontournable. « On peut difficilement avancer dans nos métiers sans comprendre la donnée », insiste Philippe Gastaud. « Il n’y a pas de révolution entre 2020 et 2025, il faut simplement s’adapter et comprendre les nouveaux usages ». Un apport méconnu de l’IA concerne l’allègement de la charge mentale. « Ça nous permet d’alléger notre charge mentale parce qu’on va gagner du temps », observe Philippe Gastaud. « Ce qui devait prendre deux semaines va prendre quelques jours ». Prompt engineering : l’art de questionner l’IA Le prompt engineering représente bien plus qu’une simple compétence technique. C’est un art de la formulation qui conditionne la qualité des résultats obtenus. Stéphane Truphème détaille sa méthode : « On a un petit atelier sur l’art du prompting avec un exercice sur le résumé. Résume-moi ce texte, ou résume-moi ce texte pour ma prochaine réunion, ou résume-moi ce texte pour le présenter devant un comité de direction. On a des résultats qui sont vraiment différents sur la forme et sur le fond ». Les principes d’un bon prompt sont relativement simples mais exigent de la rigueur. « Le contexte, avoir un objectif qui est très clair. Si on n’a pas vraiment d’objectif, ce n’est pas l’IA qui va décider pour nous », précise Stéphane Truphème. « Être très clair dans sa formulation, éviter les termes vagues. Souvent, je prépare mes prompts sur un document avant de les écrire directement, dès que c’est une tâche un peu compliquée. Ça permet de relire ton prompt, de préciser ce qui serait vague, d’indiquer un format de sortie ». Philippe Gastaud ajoute une technique complémentaire : « Une fois que tu as rédigé ton premier prompt, tu peux passer par une autre IA. Tu le rédiges dans ChatGPT et tu vas voir Claude et tu lui dis : challenge-moi ce prompt et dis-moi comment je pourrais l’optimiser. Ça permet de les challenger et de nourrir notre réflexion pour avoir un prompt complet ». L’exemple du content reverse engineering illustre la puissance de cette approche. Stéphane Truphème explique : « En input, vous prenez un contenu qui vous a plu, soit parce qu’il a buzzé, soit simplement parce qu’il vous a plu. Vous le faites analyser pour comprendre les raisons de son succès. Le prompt commence à décrire pourquoi il a fonctionné. Ensuite, un deuxième prompt nous donne des dizaines d’idées de contenus qu’on pourrait produire en récupérant les raisons du succès. On choisit une idée et un troisième prompt rédige le contenu en fonction des règles de succès détectées ». Les agents IA : promesses et réalités La question des agents IA suscite autant d’enthousiasme que de scepticisme. Philippe Gastaud partage son expérience : « Je configure mes propres agents IA pour certaines tâches, par exemple pour des structures de newsletters ou de posts LinkedIn. Maintenant, à ce qu’elles vont penser par elles-mêmes, je n’ai pas la réponse ». Stéphane Truphème tempère les attentes : « Il y a encore beaucoup de promesses non tenues. L’implémentation de l’IA en entreprise ne montre pas encore de cas révolutionnaires. On est plus en automatisation que sur des agents véritablement autonomes ». Les exemples concrets restent limités : « On commence à voir des outils de marketing automation qui analysent de la data de manière autonome et suggèrent des actions, comme contacter un prospect qui correspond au client idéal ». Productivité et créativité : un équilibre à trouver La productivité apportée par l’IA soulève des questions sur nos modes de travail. Stéphane Truphème livre un constat nuancé : « Sur un dossier, on gagne effectivement. Mais quand on prend du recul, on se dit : au final, je fais dix fois plus de choses. On teste les outils, on est dispersé ». Le paradoxe n’est pas nouveau. « Ce n’est pas spécialement l’IA, c’est le digital. On pense faire du multitâche, alors qu’on sait que ça détruit notre productivité. Par exemple, on va sur LinkedIn avec une tâche précise, on est pris par le fil, et au bout de cinq minutes : pourquoi j’étais venu sur LinkedIn » ? L’enjeu est profondément humain : préserver des espaces de déconnexion et de réflexion, indispensables à la créativité. Les outils d’IA assistent le travail quotidien, mais ne remplacent pas le temps de maturation des idées. La leçon de ce Webinaire : naviguer dans la transformation Cette troisième édition de La Boîte à outils du marketing digital arrive à un moment charnière. L’intelligence artificielle transforme profondément les pratiques, sans révolution du jour au lendemain. Stéphane Truphème et Philippe Gastaud accompagnent les professionnels avec des repères concrets et des outils immédiatement utilisables. Leurs 57 outils enrichis de packs de prompts offrent bien plus qu’un manuel technique. Ils proposent une vision stratégique des évolutions en cours et des clés pour s’adapter sans perdre l’essentiel : créer du contenu de qualité, comprendre ses audiences et construire des relations durables. Dans un paysage où le contenu
L’économie régénérative constitue aujourd’hui un enjeu majeur pour l’avenir de nos sociétés et de notre planète. Au-delà des concepts théoriques, cette approche commence à prendre racine dans les territoires français. Elle est portée par des entrepreneurs et des entreprises engagées. Navi Radjou, expert en innovation frugale et auteur de référence sur l’économie Jugaad, nous livre sa vision optimiste de cette transformation économique. Fort de son expérience de treize années dans la Silicon Valley et de ses deux années passées à parcourir la France, il nous dévoile comment l’économie régénérative s’épanouit déjà dans nos régions. L’enthousiame de Navi est toujours aussi communicatif, mais son discours courageux, et à l’abri des caricatures des deux bords, sur la « troisième voie », mériterait qu’on l’écoute un peu plus. Économie régénérative : une réalité des territoires français L’économie ne doit être ni croissante ni décroissante, elle doit devenir frugale. Navi Radjou plaide pour une troisième voie dans son nouvel ouvrage, il nous dit tout dans cette interview Comment définirais-tu les fondements de l’économie frugale ? Une économie frugale se base sur trois piliers : la coopération, la distribution et la régénération. La régénération, c’est la version avancée du développement durable. Les entreprises cherchent à faire mieux avec moins, créer un impact positif sur la société et l’environnement, tout en minimisant leur empreinte carbone. Quelle est la différence entre économie régénérative et durabilité ? Une entreprise durable cherche à réduire son empreinte carbone en décarbonant sa chaîne de valeur et en recyclant ses déchets. Une entreprise régénérative va au-delà : elle améliore la santé et la vitalité des individus, des territoires et de la planète. Ce n’est pas contradictoire, c’est complémentaire. L’objectif n’est plus seulement de faire moins de mal, mais de faire plus de bien. Quelle est selon toi la véritable urgence ? On vient d’apprendre que la septième limite planétaire a été dépassée avec l’acidification des océans. Mais personnellement, ce qui m’inquiète le plus, ce sont les inégalités grandissantes. En France, le taux de pauvreté excède 15 %. Avec l’IA et les nouvelles technologies, il faut intégrer la population active en la formant aux nouveaux métiers. Si nous n’agissons pas, cela pourrait conduire à un gouvernement qui ferait un bond en arrière vers une ère industrielle où tout serait permis. Quelques exemples concrets d’économie régénérative en France ? Décathlon a ouvert un magasin à Saint-Jouan-des-Guérets qui régénère la biodiversité locale en créant un habitat naturel pour la faune et la flore endémique. C’est du biomimétisme : le magasin offre des services écosystémiques comme le fait la nature. Le Decathlon de St Malo qui joue la carte de l’économie régénérative — image Decathlon Dans la Nièvre, deux entrepreneurs ont fondé Losanje pour industrialiser l’upcycling de vêtements usagés. Ce département peu dense démographiquement et confronté au chômage peut ainsi se régénérer économiquement. Cela illustre ma notion de « trip-régénération » : régénérer simultanément les individus, les communautés et la planète. Comment éviter le « régénération washing » ? Il faut s’inspirer du Crédit Agricole et de ses 39 caisses régionales qui ont un mandat explicite de régénération territoriale. Elles ont des KPI précis pour mesurer leur contribution au bien-être des clients, à la restauration du tissu économique et à l’impact sur la biodiversité locale. Sans facteurs de performance (KPI) explicites au niveau régional, on ne peut pas changer la donne. La taxe Zucman n’est pas pour Navi Radjou la bonne voie pour la troisième voie entre croissance et décroissance — photo Gabriel Zucman Comment faire changer les consciences ? Le changement se fait graduellement, par la pratique. Prenons l’exemple du partage de ressources. Les entreprises commencent par partager leurs déchets dans des parcs éco-industriels, comme en Moselle où une dizaine d’entreprises valorisent ensemble leurs déchets en employant des personnes en difficulté. Progressivement, elles gagnent en confiance et peuvent partager des ressources intangibles : employés, propriété intellectuelle. C’est « l’apprendre en faisant » : expérimenter à petite échelle avant d’oser plus grand. Croissance et régénération sont-elles compatibles ? Il existe un malentendu sur l’incompatibilité entre croissance et régénération. Mon livre propose une troisième voie entre décroissance et hypercroissance. Les deux extrêmes sont délétères. La décroissance est injuste : l’Inde doit améliorer le niveau de vie d’un milliard d’habitants. En France, de nombreux territoires désindustrialisés ont besoin de régénération économique. Le problème n’est pas la croissance en soi, mais sa mauvaise distribution. Je prône une économie distribuée où chacun peut contribuer à la croissance et en partager les fruits, plutôt qu’une simple redistribution. Que penses-tu de la taxation des ultra-riches ? Je ne crois pas que la taxe Zucman résolve les problèmes. La redistribution consiste à prendre aux uns pour donner aux autres. Je préfère une économie distribuée qui crée des opportunités pour tous, notamment par la reconversion professionnelle des territoires désindustrialisés vers l’énergie renouvelable ou l’agriculture régénérative. L’objectif est d’éviter une France élitiste où une poignée accapare les technologies sans que l’économie profite à tous. Comment vois-tu la notion d’abondance américaine ? La notion d’abondance de Peter Diamandis prône une société sans rareté grâce aux technologies. Je n’y crois pas. Mais l’abondance des démocrates américains a du sens : donner accès aux soins, au logement, aux infrastructures décentes, notamment en zones rurales. L’abondance, ce n’est pas avoir deux maisons, mais pouvoir en acheter une et accéder à des soins de qualité. Créer un sentiment de dignité quand 160 millions d’Américains ont des difficultés financières. Quel est le potentiel européen en économie régénérative ? L’Europe recèle de nombreuses pépites déjà engagées dans la régénération. Le danger, c’est le « green-hushing » : nous sommes trop modestes. Plus de 40 % des entreprises européennes sont engagées dans cette voie. Nous construisons des économies frugales au niveau territorial, comme en Nouvelle-Aquitaine ou en Occitanie. J’ai collaboré avec le magazine We Demain pour un hors-série d’octobre 2025 présentant 140 projets de régénération territoriale. La France peut devenir la référence européenne de cette bifurcation économique. « En France, le taux de pauvreté excède 15 %. Avec l’IA et les nouvelles technologies, il faut intégrer la population active en la formant aux nouveaux métiers. » ici les chiffres de l’Insee jusque 2020 mais la situation a encore empiré depuis. Douze ans après « Jugaad Innovation », quel bilan ? L’esprit jugaad est intégré dans les entreprises françaises. Chez Aramis, qui reconditionne des voitures, ils utilisent l’impression 3D pour créer des accessoires en interne et ont développé une appli de recherche par mensualité en deux heures grâce à l’IA, au lieu de plusieurs semaines. Avec la crise de la dette publique, j’espère que le gouvernement pratiquera aussi le jugaad pour faire mieux avec moins. Faut-il être optimiste ? Absolument ! Dans les territoires français, l’économie frugale est déjà une réalité. Si vous êtes parisien, sortez de Paris et passez quelques mois en région pour vous en inspirer. C’est là que se joue la régénération de la France. Vous découvrirez que l’économie régénérative est concrète et enthousiasmante. L’économie régénérative, un modèle d’avenir Cette interview révèle une réalité encourageante : l’économie régénérative prend racine dans nos territoires. De la Nièvre à Saint-Malo, des entreprises innovent pour régénérer individus, communautés et environnement. L’approche de Navi Radjou privilégie une croissance distribuée plutôt qu’une redistribution, offrant une perspective pragmatique pour réduire les inégalités. Son optimisme, forgé par l’immersion territoriale, nous invite à regarder au-delà des métropoles pour découvrir les initiatives qui dessinent notre avenir économique. L’économie régénérative apparaît comme une réponse concrète aux défis contemporains, un message d’espoir qui nous encourage à repenser croissance et développement. La vidéo de notre interview sur l’économie frugale avec Navi Radjou Hors-Série We Demain — Automne 2025 The post Économie régénérative : un modèle pour la France appeared first on Marketing and Innovation.
Quelles sont les tendances de la communication en cette fin 2025 ? Le métier de communicant traverse une mutation sans précédent. Intelligence artificielle, paysage médiatique fragmenté, fake news, défis réglementaires : les nuages s’accumulent à une vitesse vertigineuse. Comment garder le cap dans cette tempête et anticiper plutôt que subir ? Nous sommes heureux d’annoncer notre partenariat avec Comundi pour la 21ème édition de Tendances Communication, qui se tiendra le 25 novembre 2025 dans les locaux de M6 à Neuilly-sur-Seine. Et dans le cadre de ce partenariat, nous offrons avec Comundi – Stratégies, 10 % du prix du billet à nos lecteurs.  Tendances Communication 2025 : Rendez-vous le 25/11 ! Au 5/10 il vous reste encore 50 jours et 15 heures pour vous inscrire à Tendances Communication 2025. Visionary Marketing y est associé en tant que partenaire. Et en cliquant sur nos bannières, gagnez 10% sur le prix du billet ! Notre ami et confrère Olivier Cimelière, président de séance, orchestrera cette journée exceptionnelle. Il est ex-directeur de la communication chez Google France, Ipsos, Ericsson France et Nestlé Waters. Auteur du Blog du Communicant et fondateur d’Heuristik Conseil, Olivier sait extraire l’essentiel des tendances qui façonnent notre métier. Nous aurons le plaisir de nous joindre à lui pour cette édition qui s’annonce particulièrement riche. Cette conférence n’est pas une énième grand-messe théorique. C’est un concentré d’analyses concrètes, de retours d’expérience terrain et de visions prospectives. Elle réunit 15 experts de premier plan et accueillant quelque 120 participants. Au programme : l’IA, l’influence, le droit et la pratique Après l’introduction d’Olivier, la journée se poursuivra à 9h30 avec une immersion dans le baromètre annuel de l’Institut d’études Moaï, présenté par Hervé Bonnet et Thomas Bosque. Mais la grande innovation de cette année sera la présence de « Patrice », une IA-persona alimentée par des milliers de données issues de ce même baromètre. Un concentré de data humaine pour dialoguer en direct avec vous sur les tendances qui comptent réellement. Guillaume Théaudière, directeur associé chez Monolith Partners et enseignant à Sciences Po, interviendra ensuite sur les nouvelles postures stratégiques que les communicants doivent adopter. Edouard Fillias, président et co-fondateur de l’agence JIN et ex-chroniqueur sur BFM Business, décryptera quant à lui l’écosystème d’influence en 2025 – un sujet brûlant à l’heure où les codes évoluent à la vitesse de la lumière. Il sera accompagné par Pierre Tettart, directeur Général de Whatnot France. L’après-midi sera tout aussi dense avec Nicolas Vanderbiest (Saper Vedere) sur la veille et la détection des signaux faibles, Betty Jeulin sur les enjeux juridiques du numérique et de l’IA, et une table ronde réunissant Guillaume Aper (JCDecaux), Valérie Perruchot Garcia (ex-Johnson & Johnson), Marion Scappaticci (Generali France) et Corentin Vrand (Decathlon France) autour des nouvelles pratiques de communication interne. La journée se clôturera par deux interventions coup de poing : Gildas Bonnel (Sidièse) sur la communication d’impact, et Thomas Huchon, expert en désinformation et complotisme, sur les stratégies pour résister aux fake news. Une journée complète avec visite exclusive Cerise sur le gâteau : une visite des coulisses de M6 est offerte à tous les participants en présentiel. Studios d’enregistrement, régie, rédaction nationale : une immersion rare dans les métiers de l’antenne. La conférence se tiendra au siège du Groupe M6, 89 Avenue Charles de Gaulle à Neuilly-sur-Seine (métro Les Sablons), avec un format hybride permettant également de suivre à distance. S’inscrire avec l’offre Visionary Marketing bet gagnez 10% ! Visionary Marketing est heureux d’offrir à ses lecteurs une réduction de 10% sur le prix du billet. Pour en bénéficier, il vous suffit de cliquer sur la bannière dédiée lors de votre inscription sur le site de Comundi. Informations pratiques : Date : Mardi 25 novembre 2025, à partir de 9h00 Lieu : Groupe M6, 89 Av. Charles de Gaulle, 92200 Neuilly-sur-Seine Format : Présentiel ou à distance Inscription et renseignements Visionary Marketing est partenaire de Comundi – Stratgégie pour cette 21e conférence Tendances 2025 Communication Tendances communication 2025 21e édition Avec 21 éditions au compteur, 16 partenaires mobilisés et des retours participants enthousiastes année après année (« Une journée riche avec une équipe aux petits soins », « Qualité des intervenants, pas de blabla généraliste »), Tendances Communication s’impose comme LE rendez-vous incontournable de fin d’année pour les professionnels de la communication. Ne manquez pas cette occasion de prendre un coup d’avance. Nous avons hâte de vous y retrouver aux côtés d’Olivier Cimelière ! The post Les tendances de la communication en 2025 appeared first on Marketing and Innovation.
La bulle de l’IA va-t-elle éclater ou l’IA générative est-elle là pour durer ? Le secteur de l’intelligence artificielle connaît une euphorie financière sans précédent. Pourtant, la situation demeure très confuse. Les investissements dans l’IA atteignent des sommets vertigineux. Citons la levée de fonds de 40 milliards de dollars d’OpenAI avec une valorisation de 300 milliards de dollars et celle de 1,7 milliard d’euros de Mistral AI. Malgré cela, certains commentateurs se montrent très critiques. Ed Zitron, par exemple, prédit que la bulle de l’IA éclatera au quatrième trimestre 2025. Tout cela alimente un débat passionné, pas toujours rationnel. J’ai voulu confronter ces inquiétudes à l’expertise de Bernhard Schaffrik, analyste principal chez Forrester Research. Son analyse se révèle à la fois perspicace et nuancée. D’après lui, une correction aura bien lieu, mais l’IA générative demeure trop populaire pour disparaître. Quand la bulle de l’IA va-t-elle éclater ? La bulle de l’IA est-elle sur le point d’éclater ou l’IA générative est-elle là pour durer ? Pour Schaffrik de Forrester, des corrections sont à prévoir mais l’IA générative est trop populaire pour s’évanouir — photo Forrester.com Bernhard Schaffrik de Forrester fait partie des meilleurs experts en intelligence artificielle. Il nous livre une analyse nuancée qui dépasse de loin les simples considérations financières. Son regard sur un éventuel éclatement de la bulle de l’IA apporte des éclairages essentiels pour comprendre où se dirige vraiment cette technologie de rupture. La bulle de l’IA, une réalité financière ? On ne peut répondre de façon univoque à la question d’un éventuel éclatement de la bulle de l’IA. Comme le souligne à juste titre Bernhard Schaffrik, tout dépend du point de vue que l’on adopte. Cette dualité constitue probablement l’une des clés pour comprendre la situation actuelle et les risques d’éclatement de la bulle de l’IA. Comme nous, Schaffrik souligne à juste titre que le principal problème que pose l’IA relève du sociétal et du philosophique — image générée avec Adobe Firefly « Il est presque impossible d’obtenir une réponse en une seule phrase de la part d’un analyste. Permettez-moi d’en utiliser deux. Premièrement, tout dépend évidemment du profil de votre interlocuteur. Si nous parlons des investisseurs financiers, alors oui, tous les signaux montrent qu’il s’agit d’une bulle, car des sommes colossales y sont injectées — plus de 120 milliards de dollars en dépenses d’investissement pour les infrastructures d’IA uniquement, rien que par les sept géants de la technologie. Cette bulle pourrait donc éclater », explique l’expert de Forrester. Ce constat prend toute sa pertinence quand on considère l’investissement de 9 milliards de dollars de Google dans un centre de données IA en Oklahoma pour des infrastructures avancées d’entraînement de l’IA. Une logique différente Cette perspective financière ne raconte toutefois qu’une partie de l’histoire. L’adoption des technologies obéit à une logique différente de celle des marchés financiers, comme l’a confirmé Schaffrik lors de notre échange sur les risques d’éclatement de la bulle de l’IA. « Mais si vous vous mettez maintenant à la place des décideurs d’entreprise, des responsables technologiques, ou même des utilisateurs d’IA, beaucoup vous diront : « Peu m’importe que cette bulle éclate, la technologie existe et elle ne disparaîtra pas. » » « Quels que soient les montants et toutes les transactions financières autour du secteur de l’IA, les gens utilisent vraiment cette technologie. Et ils apprécient ce qu’ils voient. Ce n’est peut-être pas la révolution de rupture que certains imaginent. C’est probablement plus progressif que cela, mais l’adoption de cette technologie reste indéniable. » Le défi des revenus : un écart de 25 milliards de dollars à combler L’analyse de Fortune révèle un écart préoccupant entre les investissements actuels et les revenus générés. Pour justifier les investissements actuels, les entreprises d’IA devraient générer 40 milliards de dollars de revenus annuels, alors qu’elles n’en produisent que 15 à 20 milliards. Schaffrik ne croit pas à un éclatement imminent de la bulle de l’IA — image réalisée avec Adobe Firefly Je me demandais si cet écart de 20 à 25 milliards de dollars pouvait représenter un risque systémique susceptible de déclencher un éclatement de la bulle de l’IA. Schaffrik reste relativement optimiste sur ce point : « Le marché dispose encore de suffisamment de liquidités pour combler ces écarts de revenus, au moins pendant un certain temps. Et je constate également que les plus grandes entreprises de la planète sont déterminées à continuer d’utiliser ces logiciels. Si cela implique un surcoût raisonnable, disons quelques points de pourcentage de plus que ce qu’elles paient aujourd’hui, alors elles l’accepteront. » Si les grandes entreprises acceptent ces surcoûts, c’est qu’elles constatent une valeur ajoutée progressive, même si elle n’a pas encore atteint le niveau de transformation promis qui pourrait éviter un éclatement de la bulle de l’IA. Régression des LLM : un signal d’alerte ? Un élément particulièrement troublant dans l’écosystème actuel : la récente étude de NewsGuard révèle que les principaux systèmes de grands modèles de langage ne progressent plus, ils régressent, générant davantage d’hallucinations et d’erreurs. Ce constat soulève des questions fondamentales sur la maturité actuelle de la technologie et son impact sur les risques d’éclatement de la bulle de l’IA. « Je ne prétends pas que les grands modèles de langage et l’IA générative progressent de manière linéaire, ni que cette technologie sera révolutionnaire, malgré les promesses. Comme nous l’avons constaté avec les technologies émergentes depuis des décennies, voire des siècles, seules de véritables ruptures technologiques — et non de simples évolutions — permettent de tenir de telles promesses », analyse Schaffrik. Cette vision des limites actuelles de l’IA n’entame en rien l’optimisme à long terme de Bernhard : « Mais je reste convaincu que ces ruptures se produiront, pas dans les sept, huit, neuf ou douze prochains mois, mais peut-être à plus long terme. d’autres choses émergeront. » Efficacité énergétique : le talon d’Achille de l’IA L’une des critiques les plus percutantes de Schaffrik porte sur l’efficacité énergétique des systèmes actuels. Sa comparaison entre le cerveau humain et les centres de données est frappante et pertinente pour comprendre si nous sommes confrontés à un éclatement de la bulle de l’IA. « Si nous comparons la quantité d’énergie dont nos cerveaux ont besoin pour produire une inférence donnée, et ce qu’un grand modèle de langage consommerait en électricité pour obtenir le même résultat, cette voie ne peut pas être viable. » Cette inefficacité énergétique constitue un obstacle majeur au passage à l’échelle et nécessitera des ruptures technologiques importantes, ce qui pourrait influencer le calendrier d’un éventuel éclatement de la bulle de l’IA. Échecs des projets pilotes : situation normale ou signal d’alarme ? Le taux d’échec de 95 % des projets pilotes d’IA en entreprise révélé par une étude du MIT pourrait sembler alarmant et annoncer un éclatement imminent de la bulle. Pourtant, Schaffrik replace ce chiffre dans son contexte historique : « C’est parfaitement normal. En tant qu’analyste spécialisé dans la gestion de l’innovation, j’ai observé au fil du temps qu’environ 10 % seulement de tous les MVP (Minimum viable products), preuves de concept et pilotes liés à l’innovation débouchent sur un produit. » Le problème viendrait plutôt d’attentes irréalistes : « Tout le monde s’est rué dessus en pensant que, puisque c’est accessible via le langage naturel, ce serait plus facile à déployer et à mettre en œuvre, sans inconvénients ni aspects négatifs. Cela pourrait expliquer un taux d’échec légèrement supérieur aux technologies précédentes. » IAG : la prochaine révolution en marche Malgré les limites actuelles, Schaffrik maintient sa prédiction audacieuse formulée dans son analyse de juillet 2025 « Démystifier l’intelligence artificielle générale » : l’Intelligence Artificielle Générale (IAG) représente « le plus grand bouleversement technologique que nous ayons jamais connu et il commence maintenant ». Cette vision, qui pourrait influencer les scénarios d’éclatement de la bulle de l’IA, s’articule autour de trois étapes de maturité. « L’intelligence artificielle générale compétente se profile à l’horizon. Nous prévoyons qu’entre 2026 et 2030, nous verrons émerger une intelligence artificielle générale compétente. Imaginez votre premier agent d’IA vraiment digne de confiance. Vous ne lui confieriez peut-être pas encore les clés de votre voiture ou votre portefeuille, mais il pourrait accomplir des choses extraordinaires. » Les étapes suivantes se déploieraient sur des horizons plus lointains : l’IAG autonome d’ici cinq à dix ans, Et enfin, l’IAG stratégique dans un futur plus éloigné encore. Limites actuelles de l’IA : expérience contre entraînement Un point crucial abordé lors de notre discussion porte sur la différence entre l’entraînement et l’expérience. Comme je l’ai fait remarquer à Schaffrik, l’expérience développe une pensée critique que les grands modèles de langage actuels ne possèdent pas encore, ce qui pourrait peser sur les risques d’éclatement de la bulle de l’IA. « Nous pourrions atteindre un stade où la plupart d’entre nous, humains, seraient incapables de déterminer si notre interlocuteur est un humain ou une machine. Certains domaines permettront encore de faire la distinction. Mais l’expérience est quelque chose que nous pourrions au moins partiellement résoudre avec davantage de données et de meilleures données », estime Schaffrik. La solution, selon lui, passe par une collecte massive de données : « Une gra
En matière d’IA et de marketing B2B, on vous le répète tous les jours, il faut aller vite de peur d’être dépassé par la technologie… mais mieux encore, il faut se hâter lentement pour reprendre la devise du fondateur de l’empire romain. Dans ce billet publié sur le blog de Zenbaia, et dont vous trouverez un extrait ci-dessous, je vous explique pourquoi il faut aller vite sans se presser. Et pour faire bonne mesure, et en vérifier les progrès, j’ai demandé à NoteBookLM de vous lire ce billet en intégral dans le podcast du jour. Les lecteurs nous pardonneront l’immodestie totale de ce podcast, qui n’est pas de notre fait mais de NoteBookLM. On verra que là non plus, la révolution n’est pas pour aujourd’hui (voir les explications en fin de billets). IA et Marketing B2B : Festina Lente ! IA et B2B marketing, hâtons-nous lentement ! — image réalisée avec Midjourney Comment voyez-vous l’évolution de l’IA dans le domaine du marketing numérique en B2B et comment cela a-t-il influencé vos stratégies chez Visionary Marketing ? J’ai commencé ma carrière dans l’IA et, après un hiver nucléaire de plusieurs décennies, je suis à nouveau dans le domaine des Big Data et de l’IA depuis 12 ans. Je travaille dans le domaine du numérique depuis toujours et j’ai vu passer beaucoup de changements fondamentaux dans ce secteur. Mais celui-ci est sans doute le plus radical. IA et marketing B2B : la fameuse question de la « révolution » Toutefois, il est encore difficile de prédire qu’il s’agit d’une « révolution ». Il est trop tôt pour le dire. Certes, certains secteurs sont déjà impactés, notamment chez les freelances, et aussi dans le domaine du développement. On observe ainsi aux États-Unis une baisse drastique des embauches et des salaires dans ce domaine. Toutefois, il est encore trop tôt pour s’affoler. Pour les stratégies B2B qui ont été, ces dernières années — pour ma part, même ces trente dernières années —, très largement basées sur les contenus, la situation évolue énormément. L’idée assez ancienne, qui a fonctionné pendant des années et qui voulait qu’en publiant des articles régulièrement et en référençant des contenus de qualité, on récupère des leads, est remise en question par le déclin du référencement et l’arrivée de la recherche par IA, la baisse drastique du nombre de clics (jusque — 60 % pour certains blogs), l’érosion des visites et les changements d’habitude des utilisateurs. Un sage du Marketing B2B sait se hâter lenetement — image réalisée avec Midjourney (qui a bien du mal avec les cadrans solaires) Ceci nous oblige à renforcer quelques points stratégiques. D’une part, l’influence directe en changeant nos modes de création de contenu. D’autre part, renforcer encore plus le marketing du bouche-à-oreille. C’est pour cela que notre dernier livre y consacre une partie complète. Et pour ces secteurs du B2B qui se situent dans la vente complexe, redécouvrir les méthodes ABM en les adaptant. Je renvoie à mes nombreux articles de Visionary Marketing sur ces sujets. Dans tous les cas, c’est la direction dans laquelle nous travaillons en ce moment. Pour nous, pour nos clients et dans le cadre de nos interventions en formation. Le B2B aura toujours besoin d’éclairages et de conseil L’IA (générative) ne sonne pas pour moi le glas du contenu, le B2B aura toujours besoin d’éclairages et de conseils. Maiis elle nous oblige à revoir nos stratégies différemment. Car la « vieille » logique de l’inbound marketing est morte. Il faut travailler différemment aujourd’hui, ou plus exactement, il faut travailler comme nous aurions dû toujours le faire. En panachant les techniques online et offline et en nous concentrant sur nos clients, leurs douleurs et leurs besoins. Et non la seule technique digitale qui n’est pas une fin en soi. […] lire la suite et l’intégralité de l’article sur le blog IA 4 Business de Zenbaia Vous pouvez aussi entendre un podcast synthétique (toujours avec les mêmes injonctions à la prudence et au recul) réalisé avec la dernière version de NoteBookLM de Google, qui s’est enfin mis à parler les langues. Par contre, NoteBookLM réalise toujours les podcasts de la même manière, très stéréotypée, malgré mes instructions de retenue et sobriété. Les voix sont aussi toujours les mêmes. À noter aussi que sa prononciation du latin est perfectible. Quant à la pommade permanente des commentateurs à mon égard, elle m’a fait éclater de rire. C’est très drôle, mais à consommer avec modération. Écouter le podcast de NoteBookLM en format brutDownload The post IA et Marketing B2B, hâtons-nous lentement ! appeared first on Marketing and Innovation.
Qu’est-ce qui fait qu’une musique de pub est véritablement bonne ? Dans un monde où les formats publicitaires évoluent constamment et où l’intelligence artificielle commence à s’immiscer dans la création musicale, nous avons souhaité explorer ces transformations avec un professionnel aguerri du secteur. Frédéric Schumann, compositeur et arrangeur diplômé des conservatoires de Metz et Strasbourg, s’est spécialisé depuis plus de vingt ans dans la composition de musiques de pub pour la télévision, les documentaires et les téléfilms. Formé au jazz et polyinstrumentiste accompli, il a su adapter son savoir-faire académique aux contraintes spécifiques du marketing sonore. Cette interview nous permet de décrypter les enjeux actuels des musiques de pub, entre créativité artistique, contraintes commerciales et défis technologiques. Comment concevoir une bonne musique de pub à l’ère de l’IA ? Comment concevoir une bonne musique de pub ? Frédéric Schumann nous dit tout dans cette interview. Pour l’allusion aux fraises (recomposées avec Midjourney), allez voir les vidéos ci-dessous Comment votre parcours vous a-t-il mené de la formation classique vers la musique publicitaire ? Frédéric Schumann : En 2004, il y a un peu plus de 20 ans, un ami bruxellois m’a parlé d’un proche qui réalisait un court métrage de fin d’études pour une école de cinéma bruxelloise qui s’appelle La Cambre, et il cherchait une musique originale pour son film. Je n’avais aucune expérience dans ce domaine à l’époque, mais j’ai accepté, à la fois pour le défi de la nouveauté et pour rendre service à l’ami d’un ami. Il a fallu que je pense la musique autrement, en m’immergeant dans l’histoire du film pour comprendre l’atmosphère voulue par le réalisateur et surtout pour comprendre la psychologie des personnages afin de les traduire au mieux en musique. Frédéric Schumann à la baguette à Budapest en 2023 — photo fredericschumann.com Moi qui avais plutôt l’habitude de m’inspirer de textes pour écrire des chansons, j’ai découvert que les images, le rythme d’un montage, et la place accordée à la musique à l’image me plaisaient beaucoup. J’ai alors tout fait pour revivre cette expérience. Le hasard des rencontres m’a emmené vers la musique de pub plutôt que vers la musique de fictions, mais actuellement, j’essaie justement de renverser cette tendance. Publicité pour les aidants (Frédéric Schumann) Pour être complet et transparent sur cette question, le début des années 2000 était une période de grande instabilité du marché du disque et il était vraiment très compliqué de sortir un disque de chansons à cette époque. Le virage vers la musique à l’image est donc arrivé au bon moment. Comment s’opère la transition entre formation académique et contraintes du marketing sonore ? F.S. : J’ai toujours vu les connaissances théoriques acquises au conservatoire comme un atout et non comme une contrainte. Je pense que cela me permet de travailler plus vite qu’un autodidacte. Et la rapidité est un réel argument car dans la musique de pub, il est courant de se retrouver avec des délais de création extrêmement courts ! La création musicale se trouve vraiment en bout de chaîne dans la production d’un contenu publicitaire, je récupère donc le retard accumulé à toutes les étapes précédentes et j’ai parfois une journée (voire une nuit) pour composer la musique ! Concernant les autres contraintes spécifiques au marketing sonore auxquelles il faut s’adapter, je dirais qu’il faut être fin psychologue avec ses interlocuteurs, être capable de rentrer dans leur tête pour comprendre ce qu’ils attendent. Il faut en fait être en mesure de traduire des mots en musique. J’aime faire parler mon interlocuteur le plus possible de la musique qu’il imagine, afin de capter chaque adjectif qui peut donner des indications sur la musique attendue. Publicité Mövenîck Corporate (Frédéric Schumann) En quoi votre formation jazz influence-t-elle votre approche de la composition publicitaire ? F.S. : Il est vrai que le jazz tient une place importante dans ma vie, j’en écoute beaucoup. Il influence donc, si ce n’est qu’inconsciemment, ma manière d’écrire la musique. Personnellement, je trouve que la richesse des harmonies propres au jazz permet justement d’offrir une palette d’émotions et d’atmosphères très étendue, ce qui aide à viser au plus juste par rapport à la demande du client. Comment abordez-vous la contrainte des 30 secondes en publicité ? F.S. : La contrainte temporelle est difficile à gérer les premiers temps, car il faut tout dire en si peu de temps ! Mais la forme a toujours été un élément de langage important dans la composition et les compositeurs ont toujours dû s’adapter. On peut citer les suites de danses à la période baroque, la forme sonate à la période classique, les symphonies en 4 mouvements bien réglementés, le format 3 minutes pour une chanson, etc. Il faut donc réussir à condenser en quelques secondes une intro, un thème, un petit développement et une coda pour finir, en intégrant souvent dans ce même laps de temps un logo sonore. Une autre difficulté de ce format est que chaque seconde compte pour l’annonceur car elle représente pour lui un gros budget, et il arrive parfois que le client décide de supprimer une seconde ou deux d’un film. On me demande alors, souvent à la dernière minute, d’adapter la musique au nouveau montage et il est souvent difficile de faire entendre au client que je ne peux pas supprimer 2 secondes de musique comme ça en deux coups de clic ! La musique doit rester carrée, respectant les pulsations et la mesure ! Cela m’amène donc souvent à revoir une bonne partie de la composition. Quelle est votre méthode de travail ? Partez-vous du brief ou des images ? F.S. : Les conditions dans lesquelles je travaille dépendent plus du projet en lui-même que de ma méthode de travail. Parfois, je n’ai aucune image pour composer avec juste un brief, parfois on me fournit un storyboard, parfois une animatique. Il faut donc s’adapter aux différents cas de figure mais il est certain que les conditions optimales sont celles où je possède déjà le montage vidéo final ! Y a-t-il des règles d’or en matière de musique publicitaire ? F.S. : La règle d’or dans la musique de pub est je crois la même que dans une chanson. Il doit y avoir un thème court, simple, marquant et facilement identifiable. Autre règle d’or, la première seconde doit déjà être impactante afin de capter instantanément l’oreille de l’auditeur. Une erreur typique à éviter est d’écrire une musique trop bavarde quand le spot publicitaire l’est déjà verbalement. Il faut savoir laisser la place à la voix, comme dans une chanson finalement. Comment gérez-vous l’équilibre entre créativité artistique et contraintes commerciales ? F.S. : Le maître mot dans la musique de pub est le mot compromis ! Les premiers temps, il a fallu accepter l’idée qu’il était possible qu’une musique plaise au client sans qu’elle me plaise à moi-même ! Il est très courant qu’on me demande de modifier des choses dans ma première version envoyée, et parfois cela est vraiment dur de se séparer d’un beau contrechant ou d’une belle doublure à un instrument ou d’un autre élément qui vous plaisait bien dans le morceau. Mais l’objectif est l’efficacité du message publicitaire et la satisfaction du client ! Quelles sont les principales différences entre publicité, documentaires et téléfilms ? F.S. : Comme je le disais précédemment, les contraintes temporelles dans la musique de pub imposent des délais de rendu souvent très courts. Pour les films documentaires, j’ai plus de temps pour composer, mais d’un autre côté j’ai aussi plus de musique à écrire ! Cela représente entre 15 et 20 minutes dans un documentaire contre seulement quelques secondes pour une publicité. Sinon j’ai la chance de travailler avec des producteurs qui m’accordent une grande confiance en me laissant quasiment carte blanche pour la musique de leurs films. Bien sûr on discute en amont de l’atmosphère recherchée, de la psychologie des différents personnages et intervenants mais je reste souvent assez libre. Enfin, concernant le générique de début d’un documentaire, on retrouve un peu cette idée, comme dans la pub, que les quelques premiers instants doivent être impactants pour capter le téléspectateur sur la chaîne. Comment le digital et les réseaux sociaux impactent-ils votre métier ? F.S. : L’arrivée du numérique dans les années 2000 m’a avant tout permis de pouvoir créer mon propre home-studio à domicile, ce qui me rend totalement indépendant. Concernant l’évolution du monde digital avec les réseaux sociaux et la mobilité des utilisateurs, il a amplifié la demande en contenus publicitaires. On peut donc considérer que le virage digital pris par le marketing a été une opportunité pour les compositeurs de musique de pub. Cela a été frappant durant le Covid, période pendant laquelle j’ai eu de nombreuses commandes car les contenus publicitaires étaient abondants. Observez-vous des tendances musicales particulières en publicité ? F.S. : Comme dans tous les domaines, il y a des modes « musicales » et cela amène parfois à des demandes un peu particulières de la part de clients, qui me demandent par exemple de composer dans le même « esprit » qu’un morceau très à la mode. Bien sûr, il y a un gros risque de plagiat et je dois donc jongler entre réussir à garder l’esprit, l’énergie du morceau de départ sans toutefois que cela tourne au plagiat. Cet exercice est particulièrement difficile car le client attend vraiment quelque chose de très précis, c’est-à-dire ressentir la même émotion qu’avec le morceau de référence. Comment voyez-vous évoluer le rôle de la musique avec TikTok et les formats courts ? F.S. : Encore une fois, plus la quantité de plateformes sera importante, plus la demande en musique sera grande. Quant au rôle de la musique, je pense q
L’intelligence artificielle et les développeurs sont-ils des partenaires naturels ou l’IA représente-t-elle au contraire une menace existentielle pour l’avenir des programmeurs ? Alors que les modèles d’intelligence artificielle gagnent en sophistication, de nombreuses interrogations émergent concernant l’évolution du métier de développeur. L’IA va-t-elle effectivement remplacer intégralement les programmeurs, comme le prédisent Eric Schmidt et Dario Amodei ? Les développeurs juniors font-ils face à une extinction programmée, ainsi que l’avance Steve Yegge dans son article désormais référence ? Ou assistons-nous plutôt à l’émergence d’une nouvelle ère où la technologie amplifie la créativité humaine au lieu de s’y substituer ? J’ai interrogé Nathaniel Okenwa, Évangéliste Développeur chez Twilio, afin d’explorer ces questions fondamentales. Sa conclusion est claire : le développement logiciel conservera indubitablement sa dimension humaine, en dépit des transformations majeures à venir. L’enregistrement vidéo intégral de cet entretien figure en fin d’article. Développeurs et IA : quel avenir pour les programmeurs ? Riche d’une expérience concrète de dix ans en programmation et sur l’engagement des communautés développeurs, Nathaniel Okenwa apporte à cette discussion son expertise technique approfondie doublée d’une vision stratégique éclairée sur l’évolution du paysage du développement logiciel. L’évangélisation technologique : faire l’interface « Mes parents étaient très fiers lorsque j’ai obtenu ce poste d’évangéliste développeur », explique Okenwa. « Ma fonction consiste à échanger avec les programmeurs, qu’il s’agisse d’interactions virtuelles ou de rencontres physiques, en abordant les outils et technologies qu’ils utilisent. Cette mission implique une présence constante au sein de la communauté, tout en distillant la vision et les solutions Twilio. » IA et programmeurs : alliance stratégique ou concurrence déloyale ? — image antimuseum.com Pour donner un peu de contexte, « Twilio est une plateforme d’engagement client et figure parmi les acteurs majeurs accompagnant les entreprises dans leurs stratégies de support client, leurs outils de communication et leurs architectures API. » Le défi des développeurs juniors La question centrale qui préoccupe le secteur de la Tech concerne l’avenir des développeurs juniors. L’article provocateur de Steve Yegge « The Death of the Junior Developer » a suscité des débats intenses, suggérant que l’IA ne rendra pas les développeurs inexpérimentés plus compétents, mais qu’elle permettra aux programmeurs chevronnés d’éliminer définitivement le recours aux profils juniors. Cette perspective représente un défi considérable pour les programmeurs émergents. Nathaniel propose une analyse plus nuancée qui transcende cette dichotomie simpliste. Une entreprise ne recrute jamais de développeurs juniors uniquement pour leurs compétences déjà acquises. Elle investit dans leur potentiel d’évolution future. Les développeurs juniors restent indispensables si nous souhaitons former les développeurs seniors, les responsables techniques et les architectes de demain. Cette analyse me semble particulièrement pertinente. La programmation dépasse largement la maîtrise de la syntaxe et des algorithmes ; elle implique le développement d’instincts de résolution de problèmes, la compréhension des contextes métier et la capacité à traduire les besoins humains en solutions technologiques. « Si l’objectif consiste à former la prochaine génération de créateurs technologiques, les développeurs juniors ne disparaîtront pas à long terme. Nous risquons de temporairement sous-estimer leur importance, mais ils retrouveront assurément leur place par la suite. » La prédiction d’Eric Schmidt : six mois avant de disparaître ? L’urgence de ces questionnements s’est intensifiée suite aux déclarations d’Eric Schmidt, ancien PDG d’Alphabet, concernant le calendrier de remplacement des développeurs. Son assertion selon laquelle les développeurs seraient réduits à corriger les productions de l’IA dans un délai de six mois, puis potentiellement éliminés dans l’année, a provoqué une inquiétude considérable au sein de la communauté des programmeurs. Nathaniel admet une part de vérité dans les prédictions de Schmidt tout en plaidant pour une compréhension plus fine du rôle des développeurs. « Ces affirmations sont pour partie fondées, mais la situation est bien plus complexe. L’IA est la manifestation, selon moi, d’une nouvelle révolution industrielle. Dans ce contexte, elle ciblera les tâches répétitives très simples en vue de leur automatisation par la technologie. » IA et développeurs : la programmation transcende l’écriture de code pour résoudre les enjeux métier — image d’un responsable bancaire dans une institution financière majeure antimuseum.com Cette analogie avec la révolution industrielle s’avère particulièrement appropriée. De même que la mécanisation n’a pas éliminé le travail humain mais l’a transformé, l’IA semble destinée à remodeler plutôt qu’à remplacer les fonctions de programmation. « L’IA va effectivement prendre en charge certains aspects de la programmation en les rendant si peu coûteux en termes d’effort qu’ils ne justifieront plus une intervention humaine. Cependant, les développeurs ne font pas que résoudre de manière répétitive des problèmes syntaxiques mineurs. Ce sont des innovateurs qui conçoivent diverses approches pour transformer un problème concret en composants technologiques. » IA et développeurs : l’échelle d’abstraction L’aspect le plus convaincant de la vision de Nathaniel réside dans son approche de l’abstraction comme clé de compréhension de la transformation du travail de développement par l’IA. Plutôt que de remplacer les développeurs, l’IA représente un nouvel échelon sur cette échelle d’abstraction que les programmeurs gravissent depuis des décennies. Actuellement, mes compétences de programmation me permettent de concevoir un site web et de le servir à des millions d’utilisateurs sur Internet. Il y a trente ou quarante ans, j’aurais eu besoin d’un bouquet de compétences diverses pour accomplir cette tâche. Des compétences hardware pointues et de l’expertise réseau de haut niveau. Tous ces éléments ont aujourd’hui été rendus abstraits, me permettant de me concentrer sur l’optimisation des performances et de la rapidité du site web. Cette perspective historique éclaire un schéma que les personnes qui ont peur de l’IA ont tendance à négliger. Chaque génération de développeurs s’est appuyée sur des fondations progressivement plus sophistiquées, leur permettant d’aborder des problèmes plus complexes sans s’enliser dans les détails « d’implémentation » dans les couches basses. L’IA, l’imprimerie et les développeurs : une analogie éclairante de Nathaniel Okenwa de Twilio — image générée avec Midjourney L’analogie de l’imprimerie est encore plus parlante : « Avant l’imprimerie, il fallait mobiliser de nombreuses personnes pour recopier manuellement un ouvrage afin d’en produire 100 exemplaires. L’avènement de l’imprimerie a considérablement réduit l’effort et les compétences nécessaires pour accomplir cette tâche. Néanmoins, il demeurait indispensable de disposer d’une ou plusieurs personnes capables de faire tourner cette imprimerie. » La réalité du terrain : tous les métiers n’évoluent pas de la même manière Cette progression vers des niveaux d’abstraction supérieurs soulève néanmoins des questions délicates concernant l’inclusivité et les capacités individuelles. Tous les développeurs ne possèdent pas l’agilité intellectuelle nécessaire pour gravir continuellement cette échelle d’abstraction, et il convient de reconnaître cette réalité. Nathaniel aborde cette préoccupation avec un optimisme mesuré tout en conservant une approche réaliste. « Il existera toujours des personnes qui préféreront conserver leurs méthodes de travail. Cependant, la technologie rendant accessible une diversité croissante de possibilités, les attentes des utilisateurs, des clients et du grand public, en matière de performances, seront de plus en plus grandes ». Les forces du marché qui alimentent cette évolution demeurent implacables. L’IA permettant des expériences de qualité supérieure à grande échelle, les attentes clientèle s’élèvent en conséquence, créant une pression sur l’ensemble des fournisseurs technologiques pour évoluer ou risquer la marginalisation. « Les professionnels qui ne répondront pas à ces standards d’expérience élevés ne parviendront plus à fournir la valeur attendue par leurs clients et employeurs. S’ils ne parviennent pas à maintenir ce niveau d’exigence croissant, particulièrement alors que l’IA permet aux acteurs de développer de nouvelles approches, ils seront inévitablement distancés. » Le paradoxe de la transformation numérique Cette situation soulève un paradoxe intéressant concernant la transformation numérique, que j’ai observé tout au long de ma carrière dans le conseil technologique. Il y a trente ans, nous prédisions que les industries traditionnelles telles que la banque seraient « disruptées » par des concurrents purement numériques (pure players). Pourtant, les banques établies ont majoritairement survécu, s’adaptant progressivement tout en préservant leurs positions de marché. Nathaniel propose une perspective éclairante sur cette contradiction apparente : « Cette évolution n’a pas éliminé les banques, mais j’affirmerais que même si elles ont peut-être pris du temps pour s’adapter, aujourd’hui, notre mode d’interaction avec nos banques diffère complètement de celui de notre jeunesse. Des jeunes de 18 ans ignorent totalement ce qu’est un carnet de chèques, par exemple. » La transformation s’est effectuée, mais de manière plus graduelle et moins spectaculaire que ce qui était prédit. Ce schéma suggère que l’impact de l’IA sur le développement pourrait suivre une
Les commentaires sur l’impact environnemental de l’IA oscillent souvent entre catastrophisme et technosolutionnisme. Mais où se situe la vérité ? Le 24 juillet 2025, jour symbolique du dépassement de la Terre, nous avons interrogé Yves Grandmontagne, fondateur et rédacteur en chef de DCMAG (Data Center Magazine), sur l’IA et son impact environnemental. Cette transcription commentée est une simplification d’une discussion particulièrement longue, circonstancié e et nuancée. Nous encourageons donc vivement nos lecteurs à écouter le podcast intégral afin de saisir toutes les subtilités de nos échanges et à considérer cet article juste comme un point de départ pour approfondir ce sujet. A la recherche de l’impact environnemental de l’IA Quel est le véritable impact environnemental de l’IA ? Un employé surveille les unités de refroidissement du data center d’Orange à Val de Rueil — Photo antimuseum.com Ce billet est la synthèse d’un échange particulièrement riche qui a duré près d’une heure. La complexité du sujet nous a contraints à explorer de nombreuses facettes techniques, économiques et environnementales, rendant impossible un traitement exhaustif. Fort de son expertise approfondie du secteur des data centers et de l’intelligence artificielle, Yves Grandmontagne nous offre ici un éclairage factuel et mesuré sur un débat souvent polarisé entre catastrophisme et techno-optimisme démesuré. Pour balayer ce sujet, nous avons choisi de passer en revue des citations récentes, positives ou négatives et de les vérifier avec l’expert. Son analyse permet de dépasser les raccourcis simplistes pour comprendre les véritables enjeux de cette révolution technologique. [Addendum du 08/09/25] Suite à une remarque fort pertinente de notre ami et confrère Frédéric Canevet, nous avons réalisé des recherches complémentaires quant à la consommation des LLMs lors de la phase d’entraînement. Il est vrai que ce point revient souvent dans les critiques des IA génératives. On y lit par exemple, dans ce billet de la revue de l’institut de Polytechnique de Paris, que « l’équipe estime que l’empreinte carbone de l’entrainement total pour une tâche donnée de BERT, un modèle de langage développé par Google, équivaut environ à celle d’un vol transatlantique ». Ce travail étant très ancien (2019) et BERT n’étant plus qu’un vieux souvenir dans nos mémoires, nous nous sommes livrés à un exercice supplémentaire, avec Yves Grandmontagne, de recensement de données plus récentes pour plusieurs modèles, sans pour autant viser à l’exhaustivité. En résumé de nos recherches, dont vous trouverez tous les détails en fin de billet (tableau et sources), l’impact environnemental des entraînements, dans l’état actuel des choses, est sans commune mesure avec l’impact de l’usage des utilisateurs, ce qui renforce la remarque d’Yves sur le fait que les utilisateurs sont les premiers responsables, par leurs comportements ou leur modération, de cet impact. Impact environnemental de l’IA : entre réalité et exagération Pour les lecteurs pressés ou tout simplement à la recherche d’un résumé … Consommation électrique nuancée* – L’IA représentera 20-30% de la consommation des data centers (pas un doublement), et seulement 2-4% de la consommation électrique mondiale Efficacité énergétique remarquable – Sur la dernière décennie : nombre de data centers x2, surface x4, mais consommation énergétique +6% seulement Problème de comparaisons trompeuses – Comparer une requête ChatGPT à Google est méthodologiquement incorrect (technologies et services différents) Consommation d’eau géographiquement variable – Problème majeur aux États-Unis, mais l’Europe utilise depuis longtemps des systèmes en circuit fermé plus sobres Évolutions technologiques prometteuses – Nouvelles technologies (refroidissement liquide direct, immersion) réduisent drastiquement la consommation d’eau et d’énergie L’IA comme solution potentielle – Peut optimiser la gestion du mix énergétique et du transport d’électricité, principal goulet d’étranglement actuel Mise en perspective sectorielle – L’impact des data centers reste marginal comparé à l’industrie chimique (32% de la consommation énergétique française) ou l’agriculture *Les chiffres fournis sont ceux d’Yves Grandmontagne de Data Center Magazine Conclusion de l’expert : Impact « réel mais largement surestimé », nécessité de contextualiser et d’éviter les débats polarisés. Voici donc les citations sur l’impact environnemental de l’IA que nous avons voulu vérifier en décryptant avec Yves. Entre alarmisme et réalité : décryptage des prévisions catastrophistes Prédition d’explosion de consommation électrique La première affirmation que j’ai soumise à Yves Grandmontagne concernait les prévisions de Synth Media selon lesquelles « l’essor de l’IA pourrait doubler la consommation électrique des data centers d’ici 2026 ». Sa réponse nuance immédiatement cette perspective alarmiste : « Il est exact que l’IA déploie ses infrastructures à un rythme particulièrement soutenu et qu’elle occupe une place croissante dans les data centers. À ce titre, elle va effectivement augmenter significativement leur consommation énergétique. Cette consommation va-t-elle pour autant doubler ? Je ne le pense pas. L’IA devrait représenter entre 20 et 30 % de la consommation globale des data centers dans le monde ». Une armoire de data center — photo antimuseum.com L’IA devrait représenter entre 20 et 30 % de la consommation globale des data centers dans le monde Cette première mise au point révèle une constante dans l’analyse d’Yves Grandmontagne : la nécessité de contextualiser les chiffres. L’expert souligne que cette augmentation s’inscrit dans une progression mécanique liée à nos usages croissants du numérique. « Ce qui génère cette augmentation de consommation, ce sont nos usages quotidiens, qu’ils soient professionnels ou personnels » , rappelle-t-il, pointant notre responsabilité collective dans cette évolution. Un sujet que nous avons déjà traité par le passé avec un focus plus large sur le numérique. L’aspect le plus remarquable de son analyse réside dans la mise en perspective de l’efficacité énergétique. Contrairement aux idées reçues, les data centers ne suivent pas une courbe de consommation proportionnelle à l’augmentation des données. Cette efficacité croissante constitue un élément souvent négligé dans les débats publics sur l’impact environnemental de l’IA. La pollution carbone de ChatGPT : des chiffres à contextualiser Concernant les 10 113 tonnes équivalent CO2 attribuées à l’utilisation de ChatGPT en janvier 2023 (Basta Media – Data for Good, l’IA a le potentiel de détruire la planète), Yves Grandmontagne adopte une approche pragmatique : « Je ne peux confirmer l’exactitude de ce montant. Atteindre une telle précision avec 10 113 tonnes représente un défi méthodologique considérable, d’autant que les infrastructures d’IA sont des systèmes distribués ». Nous avons demandé à Yves Grandmontagne, rédacteur en chef de DCMAG (Data Center Magazine) de nous éclairer sur l’impact environnemental de l’IA — Il nous a fourni faits et chiffres, que nous vous proposons dans l’infographie attachée à ce billet Cette remarque soulève un point méthodologique crucial : la difficulté de mesurer précisément l’empreinte carbone d’infrastructures distribuées. L’expert reconnaît néanmoins la réalité de cette pollution tout en la relativisant : « Ces 10 113 tonnes de CO2 représentent néanmoins des volumes significativement inférieurs à ceux de nombreuses autres industries ». Cette contextualisation n’est pas une minimisation, mais une invitation à la proportionnalité. Yves Grandmontagne rappelle un principe fondamental souvent oublié : « Dès que nous utilisons nos smartphones, nous devenons producteurs de CO2 ». Cette remarque souligne l’incohérence de certaines critiques qui isolent l’IA de notre consommation numérique globale. La comparaison Google versus ChatGPT : un piège méthodologique Attention aux raccourcis entre pollution et numérique, ils sont nombreux, et bien confortables quand il s’agit de cacher la pollution industrielle dans son ensemble – image produite avec Midjjourney L’affirmation du MIT selon laquelle « une requête ChatGPT consomme dix fois plus d’électricité qu’une recherche Google  [p 9] » illustre parfaitement les dangers des comparaisons simplistes, selon Yves Grandmontagne. Son analyse est particulièrement éclairante : « Cette comparaison n’est pas valable. Je considère que nous commettons une erreur méthodologique en avançant ce type de chiffre, car nous comparons deux technologies fondamentalement différentes. Google est un moteur de recherche qui propose des résultats que l’utilisateur doit ensuite exploiter pour trouver les informations recherchées. ChatGPT, en revanche, fournit des informations directement structurées ». « Plus on utilise l’informatique, et plus on utilise l’IA, plus on consomme ». De la responsabilité des utilisateurs — images antimuseum.com data center Orange de Val de Rueil Cette analyse révèle la sophistication nécessaire pour évaluer l’impact environnemental de l’IA. En effet, une requête ChatGPT peut remplacer plusieurs recherches Google suivies de consultations de sites web. Cela rend la comparaison directe caduque. Cette distinction deviendra sans doute obsolète avec l’arrivée de Google AI Overviews, qui intégrera des fonctionnalités similaires à celles de ChatGPT. La question de l’eau : mythes et réalités géographiques Les nouvelles techniques de refroidissement des data centers se font en circuit fermé. Image antimuseum.com data center d’Orange à Val de Rueil Des disparités géographiques majeures L’un des aspects les plus révélateurs de l’interview concerne la consommation d’eau des data centers. Yves Grandmontagne établit une distinction fondamentale entre les pratiques américaines et eur
Les neurosciences, au-delà de l’effet de mode et de la fausse idée de manipulation qui leur est associée, peuvent jouer un rôle dans la relation et l’expérience client. À l’heure où l’intelligence artificielle domine les conversations marketing, Frédéric Canevet, Product Manager Software B2B chez Eloquant et fondateur de Conseilsmarketing.fr, nous rappelle l’importance de comprendre le facteur humain dans les interactions commerciales, au moment même où la folie de l’automatisation à tout crin s’empare du monde des affaires. Lors du salon All4Customers 2025, notre confrère a animé une conférence remarquée sur l’application des neurosciences dans la relation client. Une approche qui, loin d’être une nouvelle panacée, révèle des vérités fondamentales sur l’art de communiquer efficacement avec ses prospects et clients. Entre science du cerveau et bon sens commercial, les neurosciences offrent des ouvertures aux entreprises qui souhaitent marquer leur relation client de leur empreinte humaine. Neurosciences et relation client : mieux comprendre les consommateurs pour mieux les servir. Neurosciences et relation client : Image sur les différentes fonctions du cerveau — Source Researchgate Swapan Banerjee https://www.researchgate.net/profile/Swapan-Banerjee-3 — à noter que cette image est une simplification approximative. Des mappings plus scientifiques, mais moins lisibles, sont disponibles en ligne Ta conférence “neurosciences dans la relation client” au salon All4Customer a été particulièrement remarquée Frédéric Canevet. Cette thématique me tenait à cœur. L’intelligence artificielle dominait les débats – 80% des conférences du salon All4Customer 2025 y étaient consacrées. Nous nous sommes dit que l’IA automatise certes les processus, mais que les clients font toujours face à des problématiques éminemment humaines. Lors d’un achat, ils rencontrent des risques et des freins que les neurosciences permettent de traiter en agissant sur leurs « micro-pensées » plutôt que le seul déclaratif. L’achat d’une Mercedes illustre parfaitement ce principe : le client n’acquiert pas seulement un véhicule pour son esthétique, mais pour le statut social associé à la marque. Les neurosciences aident à comprendre les mécanismes mentaux et à inciter au passage à l’action, créant ainsi une différenciation concurrentielle. Les neurosciences visent-elles à manipuler les clients ? F.C. Absolument pas. Les neurosciences étudient le fonctionnement cérébral – elles constituent en quelque sorte la grammaire du cerveau. Malgré nos spécificités individuelles et nos parcours différents, les mêmes zones cérébrales s’activent pour le plaisir, la colère ou la joie, phénomènes parfaitement mesurables. « Les neurosciences regroupent toutes les sciences nécessaires à l’étude de l’anatomie et du fonctionnement du système nerveux. Le système nerveuxregroupe différents organes dont le cerveau, la moelle épinière, les nerfs, les organes des sens et le système nerveux autonome qui contrôle l’homéostasie. » Elles peuvent jouer un rôle dans la relation et l’expérience client nous explique Frédéric Canevet dans cette interview — définition de l’académie européenne des neurosciences — image réalisée avec Midjourney L’objectif consiste à actionner ces leviers cérébraux pour transmettre le bon message à la bonne personne, en évitant l’écueil majeur de se concentrer sur soi — son offre, son entreprise … — plutôt que son interlocuteur. Homo Spaiens aussi était champion de la relation client J’ai co-animé cette conférence avec Marc Van Rymenant, auteur de “Homo sapiens, 300 000 ans d’expérience client”, et deux autres intervenants de Keyyo et du Groupe France Mutuelle. Notre approche partait du constat que le cerveau humain a peu évolué depuis des millénaires. Nous pouvons donc nous appuyer sur des mécanismes établis pour fluidifier la relation client et les échanges. Le cœur de mon propos était l’adaptation du discours au client. Face à un interlocuteur, en relation client, nous appliquons souvent des scripts standardisés : “Bonjour, comment allez-vous, reformulation, etc.” Or, la réalité mentale du client est bien différente. Ses questions-types sont du style : “Je veux acheter un produit. Serai-je rassuré ? Est-ce le bon choix ? Ne vais-je pas me tromper ?” Les neurosciences peuvent aider à améliorer l’expérience client en connaissant mieux les réactions intimes des clients pour mieux les servir (sans les manipuler). Frédérric Canevet pense que c’est une manière de remettre de l’humain dans nos relations commerciales à l’ère du tout-automatisé — image réalisée avec Midjourney. Nous décomposons ce parcours client en micro-pensées distinctes. Marc donnait l’exemple des pompes à chaleur. Un client pose une question simple : “Je veux acheter une pompe à chaleur, mais expliquez-moi clairement ce que c’est.” Si la réponse est trop technique et trop complexe (exemple, “Une pompe à chaleur permet un échange air froid/air chaud, il existe des systèmes air/air, air/eau, etc.”), celle-ci génèrerait de la confusion et du doute. Face au doute, le client risque de reporter son achat ou se tourne vers un interlocuteur plus rassurant. Neurosciences et relation client : du bon sens marketing ? F.C. Exactement, mais leur mise en œuvre est plus complexe qu’il paraît. Pour l’exemple des pompes à chaleur, le technicien reçoit une formation produit détaillée. Face au client, il tente de transmettre ses connaissances techniques en pensant que la complexité valorise son expertise. Il eût fallu, au contraire, renverser la logique et partir du point de vue du client. Marc applique une méthode en trois étapes. D’abord interroger les commerciaux : “Qu’est-ce qu’une pompe à chaleur ?” Ils répondent par des caractéristiques techniques. Poser la question différemment : “Oui, mais qu’est-ce que c’est vraiment ?” Il répète la question puis conclut : “C’est pourtant simple ! Une pompe à chaleur fonctionne comme la respiration : vous inspirez l’air froid dehors et expirez l’air chaud.” Le même principe s’applique au dimensionnement de la pompe à chaleur. Les clients ne comprennent souvent pas ce terme technique ni son intérêt. Après réflexion collective, l’équipe trouve l’analogie : Le dimensionnement d’une pompe à chaleur, c’est comme une paire de chaussures. Si vous prenez du 42 alors que vous chaussez du 39, vos pieds vont naviguer dans vos chaussures. Si au contraire vous prenez du 36, vous serez à l’étroit et aurez mal aux pieds. Ce type de métaphore projette des images mentales immédiatement compréhensibles. Le client se sent écouté, sa compréhension s’améliore et il prend confiance. Ce simple travail de reformulation a produit 13 % de ventes supplémentaires de pompes à chaleur dans l’entreprise concernée. Ceci montre la force de l’art de la métaphore ? F.C. Effectivement, il s’agit principalement de bon sens. France Mutuelle illustrait parfaitement cette approche en expliquant la gestion des émotions dans la relation client. Véronique Lupo insistait sur l’évitement de “l’appel de trop”. Cet “appel de trop” survient après avoir traité une série d’appels difficiles avec des clients mécontents. Le conseiller suivant pâtit de cette situation : sa concentration se partage entre le nouvel appel et le conflit précédent. Son “bonjour” manque alors d’authenticité. France Mutuelle a instauré un “temps de décompression” permettant au conseiller de se ressaisir après un moment difficile. Cette pause de 30 secondes à 2 minutes lui redonne l’envie de répondre au téléphone. Ce temps représente seulement 30 minutes hebdomadaires par conseiller, mais transforme la qualité relationnelle. L’entreprise bannit également les scripts rigides. L’objectif vise à ce que le client termine l’échange par : “Merci de m’avoir aidé”, même s’il était contrarié initialement. Trois moments clés structurent l’interaction : le bonjour, l’écoute et la reformulation, mais l’adaptabilité prime sur la procédure. L’approche se concentre sur les collaborateurs moins performants plutôt que sur les meilleurs, qui maîtrisent déjà l’orientation client. Les neurosciences ciblent les profils trop cartésiens ou techniques pour développer leur dimension émotionnelle. C’est sur ces collaborateurs que la performance progresse le plus. Pourquoi ces termes pseudoscientifiques pour qualifier du marketing classique ? F.C. Pour deux raisons. D’abord, répondre à une attente du marché de la relation client. Actuellement, dans la relation client et le marketing, ignorer l’IA conduit au rejet : « J’ai déjà ce qu’il faut. » Les concepts classiques d’omnicanal ou de GRC n’accrochent plus : « Je connais déjà. » En revanche, « intelligence artificielle » ou « neurosciences » génèrent l’intérêt. Le positionnement impose de s’adapter aux attentes du marché tout en conservant ses valeurs fondamentales. Ensuite, faire face à l’évolution des exigences des clients. Chaque année, les marques progressent et renforcent leur formation. Le niveau d’exigence client augmente parallèlement, créant une standardisation que j’appelle la « commodité ». Pour se différencier, particulièrement face à l’IA qui standardise les réponses, il faut apporter ce supplément émotionnel que les approches traditionnelles ne permettent pas d’atteindre. Les neurosciences apportent ce storytelling, cette orientation client et cette personnalisation qui créent la valeur ajoutée perçue. Bruno Guitard l’illustrait hier lors de sa conférence sur le service client 5 étoiles : lorsqu’un conseiller annonce « Je vous envoie le document », il ne doit pas se contenter d’un lien PDF dans le chat. Il télécharge le document, l’envoie, vérifie la réception : « Tout se passe bien ? Avez-vous des questions ? » Entre « Voilà le lien, débrouillez-vous » et cette approche attentionnée, l’impact n’est pas du tout le même. Le marketing a-t-il besoin de renouveler constamment sa terminologie ?
En matière de formation des entrepreneurs, la France peut mieux faire. L’entrepreneuriat français traverse une période paradoxale. Jamais les créations d’entreprises n’ont été aussi nombreuses, pourtant leur pérennité ne cesse de décliner. Selon mon invité, cette équation troublante trouve ses racines dans notre approche de l’accompagnement entrepreneurial, trop souvent centrée sur les aspects techniques au détriment de la préparation humaine. Xavier Delaunay, président et cofondateur de la FNPAE (Fondation Nouvelle des Praticiens en Andragogie de Développement et d’Intelligence Entrepreneuriale), nous éclaire sur cette problématique à travers le prisme de l’andragogie – l’éducation des adultes – appliquée à l’entrepreneuriat. Enjeux de la formation des adultes entrepreneurs En matière de formation des entrepreneur, tout devrait commencer par une fable, celle du loup et du chien — illustration par Grandville cc Wikipedia Commons. Qu’est-ce que l’andragogie et pourquoi l’appliquer à l’entrepreneuriat ? L’andragogie, c’est l’éducation des adultes, tout simplement. La formation des adultes entrepreneurs,c’est la formation à un métier qui n’existe pas. En effet, c’est un métier polysémique, c’est-à-dire qu’entreprendre peut se réaliser de plein de manières. On peut entreprendre dans un contexte associatif, on peut entreprendre de construire sa maison, on peut entreprendre de faire un voyage. Entreprendre relève d’une réalité humaine qui est anthropologique. Entreprendre c’est notre capacité unique de nous projeter, de comprendre ce qu’il faut faire pour atteindre une destination, un objectif donné, et enfin prendre le risque de le faire, et tout cela demande de la formation des entrepreneurs qui soit adaptée — image réalisée avec Midjourney C’est notre capacité unique de nous projeter, de comprendre ce qu’il faut faire pour atteindre une destination, un objectif donné, et enfin prendre le risque de le faire. Ce n’est pas forcément un métier. Cela peut le devenir, mais c’est avant tout une dynamique humaine. ANDRAGOGIE nom féminin (du grec anêr, andros, homme, et pédagogie)Science et pratique de l’éducation des adultes.Larousse Comment les institutions perçoivent-elles l’entrepreneuriat aujourd’hui ? Le financement du bilan de compétences entrepreneuriales par le CPF est en sursis. La représentation juridique des autorités est de faire une équivalence entre entrepreneuriat et création d’un SIRET. Mais il y a plein de gens qui sont entrepreneurs en portage salarial, qui sont minoritaires, qui sont associés d’une entreprise, etc. et qui n’ont pas forcément créé leur SIRET. Et il y a plein de gens qui ont des SIRET avec aucun chiffre d’affaires ou très peu, avec plein de dettes, avec plein de souffrances personnelles et sociales. Le SIRET n’est pas en soi l’indication d’une dynamique entrepreneuriale. Pourquoi tant d’entrepreneurs se lancent-ils pour de mauvaises raisons ? Il faut revenir aux sources de la création d’entreprise en France. On ne crée pas une entreprise parce qu’on a vu une mine d’or et qu’on a envie de l’exploiter. À 85 %, la création d’entreprise vient d’un problème lié au salariat. « Je suis déçu par mon chef, je suis viré par mon chef, mon chef m’a viré parce qu’il était obligé de le faire… ». C’est parce qu’ils ont eu un accident de salariat que beaucoup veulent devenir entrepreneurs. Et comme il y a un marché pour ce type de personnes – le marché du rêve, de l’autonomie, parfois de la richesse, du sens dans son travail –, il y a précipitation vers la création d’entreprise. Ce que l’auto-entrepreneuriat a facilité. Trop souvent les entrepreneurs se lancent dans la création d’entreprise par dépit nous dit Xavier Delaunay — image réalisée avec Midjourney Parfois, c’est une très bonne chose. Et à d’autres moments c’est particulièrement pervers parce qu’on pousse les gens à se lancer de la falaise en disant : « Regardez, c’est facile, c’est gratuit, c’est pour tous », en oubliant que quand on se jette de la falaise, avoir un deltaplane sur soi, ce n’est pas bête, et savoir s’en servir, c’est encore mieux. Et s’être entraîné un tant soit peu avec quelqu’un d’autre, c’est idéal. Formation des entrepreneurs : le coaching et ses dérives Le coaching correspond à ces modèles de business où on vient vendre un outil à des personnes qui n’ont pas la compréhension de ce que c’est qu’un business. Vous êtes cadre, vous avez été licencié, vous n’avez pas été bien managé, vous avez été en burn-out, en épuisement, vous n’en pouviez plus d’être entre le marteau et l’enclume… Et vous vous dites : « Puisqu’on n’a pas pris soin de moi, puisque je ne pouvais pas prendre soin de mes équipes, je vais quitter l’entreprise et je vais me mettre à être le sauveur ou l’aidant des salariés qui sont en difficulté ». Et je me fais financer une formation payée par le CPF. Mais ce n’est pas parce que j’ai une formation que je peux devenir coach. Être compétent dans un métier ne suffit pas pour devenir entrepreneur. Je peux être un excellent poissonnier et arriver au tribunal de commerce pour liquidation judiciaire. C’est deux choses différentes. Les coachs ne se rendent pas forcément compte de la réalité du marché. D’abord, il y a très peu de gens qui acceptent de payer 150 euros de l’heure, voire parfois 250 pour une séance de coaching. Aujourd’hui, seules les grandes entreprises qui sont prêtes à payer ces prix-là. Un particulier ne paie pas ça. La formation des entrepreneurs n’est pas un domaine simple, car il n’y a pas de métier d’entrepreneur mais des dizaines de types d’entrepreneurs différents — image réalisée avec Midjourney Dans l’immense majorité, les coachs ont été obligés de reprendre des activités de conseil, de formation [NDLR « 89% des coachs exercent même une autre activité en proposant du bilan de compétences, de la formation ou du conseil… » ce qui est un signe que cela ne suffit pas pour vivre]. En règle générale, en France, l’accompagnant dans la sphère professionnelle est souvent plus précarisé que l’accompagné. Que révèlent les rapports officiels sur l’écosystème entrepreneurial français ? En décembre 2012, la Cour des comptes et l’Assemblée nationale ont analysé l’écosystème de la création d’entreprises en France, constatant que celle-ci augmente d’une part, et d’autre part, la pérennité et la durabilité des entreprises diminuent, et que le nombre de créations d’emplois additionnels à celui du créateur diminue. Le constat a été fait qu’on met beaucoup d’argent pour aider les gens sur le plan technique, comptable, juridique, fiscal, bancaire, technologique. Mais on ne met pas assez d’argent pour aider la personne à grandir dans sa culture, dans sa posture et dans l’alignement de ses motivations. Pour utiliser une métaphore bien connue, on donne du poisson mais on n’apprend pas à pêcher. Quelles solutions préconise la FNPAE pour la formation des entrepreneurs ? Ce qui avait été recommandé par la Cour des comptes, c’était de dire : premièrement, il faut qu’il y ait un référentiel métier pour l’accompagnement. Et deuxièmement, il faut qu’il y ait un tiers de confiance qui aide dans l’orientation. Pas un euro d’argent public ne doit être mis sur la tête d’une personne sans que l’on ait validé sa capacité à le faire fructifier. C’est du bon sens paysan. Un des deux éléments sur lesquels nous travaillons, c’est de former les accompagnants sur les dimensions réflexives, les dimensions transformatives de la personne qui veut entreprendre. Le deuxième point, c’est de faire émerger un métier d’orientation entrepreneuriale, c’est-à-dire un sas de décompression et de réflexion, de mise en lucidité, où on élève le niveau de lucidité et de conscience des personnes, de manière qu’elles sachent faire des choix et s’engager de manière libre. Ainsi il faut inciter l’entrepreneur à choisir un modèle d’entrepreneuriat parmi plus de 20 modèles possibles, en connaissance de cause et le comprendre. Et si ça ne marche pas, il pourra en tirer une expérience, grandir, être en apprentissage. Quelles sont les compétences fondamentales de l’entrepreneur ? Nous travaillons sur un référentiel qui est celui de Loué et Laviolette [et en intégralité en fin de ce billet], des universitaires qui ont travaillé dans les années 2010. Ce référentiel a identifié trois types de savoir-être et cinq types de savoir-faire. Dans les savoir-être, il y a la gestion de soi, l’intuition et la vision, puis le leadership, la capacité à entraîner les autres. Dans les savoir-faire, il y a le business : comprendre et maîtriser les outils du business. Il y a la vente au sens large: commercial, communication, promotion. Il y a la gestion du chiffre d’affaires et la gestion de l’entreprise en elle-même. Et puis, il y a le pilotage des ressources humaines, qu’elles soient internes ou externes. Ces cinq familles de savoir-être, avec tout un tas de sous-thèmes, peuvent être évaluées et peuvent donner lieu à un programme de développement des compétences. Quelles sont les compétences propres à mon modèle entrepreneurial ? Qu’est-ce que j’ai en magasin ? Qu’est-ce que je peux développer ? Et si je ne peux pas le développer, il va falloir que je trouve les compétences à l’extérieur. C’est parce que j’ai mobilisé les compétences que j’obtiens de l’efficacité. C’est parce que j’ai de l’efficacité que j’obtiens de la rentabilité. Et c’est parce que j’ai de la rentabilité que je suis pérenne. Quel conseil donneriez-vous aux futurs entrepreneurs ? Je dirais qu’il y a deux fables à lire. Il y a la fable du Lièvre et de la tortue. Le premier conseil, c’est de se poser, d’accepter d’être un peu confronté, d’être « chatouillé, d’être gratouillé » par quelqu’un qui est légitime pour le faire. C’est-à-dire quelqu’un qui a vécu ce que c’est que l’entrepreneuriat, qui n’en parle pas de l’extérieur, et qui, si possible, a quelques compétences pour l’art e
Christopher Hill propose une alternative convaincante au surtourisme avec son entreprise de tourisme responsable, Hands-Up Holidays. Son approche démontre que les agences de voyage peuvent agir positivement plutôt qu’exploiter des lieux, des ressources et des personnes. De plus, son modèle de voyage solidaire remet en question l’idée selon laquelle luxe et responsabilité sociale ne peuvent coexister. Voici la transcription de notre interview, en anglais, que vous retrouverez intégralement à la fin de nore podcast. Le tourisme responsable avec Hands-Up Holidays Le volontourisme est un mot-valise combinant « volontaire » et « tourisme » — Photo du blog Hands Up sur l’inspiration écoluxe du Jour de la Terre (Mexique – conservation des tortues en Basse-Californie par Christopher Hill) Ce qui rend la philosophie de Hands Up Holidays particulièrement intéressante, c’est son engagement envers une gestion maîtrisée. Celle-ci privilégie la qualité des expériences plutôt qu’une recherche effrénée de croissance. Au lieu de poursuivre une expansion rapide qui pourrait compromettre sa mission, Christopher Hill contrôle lui-même chaque interaction client. Il démontre ainsi que des pratiques commerciales durables peuvent produire des résultats significatifs tant pour les voyageurs que pour les habitants des lieux visités. Opérant dans plus de 30 pays, le cas Hands Up Holidays nous éclaire sur la façon dont hébergement de luxe et travail bénévole peuvent fonctionner ensemble. Voici le compte-rendu de notre entretien avec Christopher Hill, interrogé depuis Auckland en Nouvelle-Zélande. Quel type de travail vos clients effectuent-ils lors de leurs voyages solidaires ? Nous proposons une grande variété de projets. Nos initiatives les plus populaires sont les projets liés à la construction et au bâtiment. Celles-ci peuvent aller de mini projets très concrets comme la construction ou l’installation de poêles écologiques dans les foyers villageois, jusqu’à des projets plus importants comme aider à construire des maisons ou rénover des salles de classe. Au-delà de ce premier type de projets, nous nous concentrons fortement sur les initiatives de conservation de la faune. Les familles peuvent prendre soin des éléphants par exemple ou participer à des programmes de protection des tortues marines. Le troisième domaine majeur concerne le soutien éducatif, notamment pour servir de partenaires de lecture dans les écoles locales. Chaque projet est soigneusement sélectionné pour garantir un impact significatif tout en étant adapté aux familles participantes. Nayara Tented Camp – Des tentes sur pilotis, très espacées, avec des arbres et des palmiers entre les constructions. Des milliers d’arbres et d’arbustes indigènes ont été plantés. Ceci a permis de reboiser et réparer les dommages causés par les éleveurs de bétail. Des mesures de conservation de l’énergie et de l’eau sont aussi mises en place. La majorité de l’équipe vient de la ville locale, et des services de transport et de santé gratuits sont fournis. Qu’est-ce qui a déclenché votre passage de la finance londonienne au volontourisme ? Ce fut un changement assez radical, sous forme d’une révélation. Mon chemin de Damas a eu lieu en Afrique du Sud. Cela s’est passé environ six ans après le début de ma carrière dans le secteur financier londonien. Lors de ce voyage, en dehors des traditionnels safaris et séjours en «lodges», j’ai participé à la construction d’un habitat familial dans un « township ». Cette expérience a été véritablement transformatrice de deux façons fondamentales. Premièrement, elle m’a permis d’interagir authentiquement avec les habitants, d’avoir un véritable aperçu de leur vie et de partager des histoires avec eux. C’est quelque chose qui manquait à mes voyages précédents même si j’ai eu la chance d’avoir beaucoup voyagé. Deuxièmement, j’ai éprouvé le plaisir d’aider et de changer concrètement la vie de cette famille. Nous leur fournissions ainsi un vrai foyer. Cela m’a fait prendre conscience que je pouvais mettre mes compétences commerciales au service de quelque chose de plus significatif et épanouissant. Cela a servi de catalyseur à la création de Hands Up Holidays trois ans plus tard. Comment visiter les townships sans risque alors que l’on conseille de les éviter ? Il est légitime d’être prudent. J’ai eu la chance d’être accompagné par mon ancien colocataire londonien, qui avait déménagé en Afrique du Sud. Il y était devenu guide touristique professionnel, et avait développé un réseau de personnes de confiance. C’est lui qui m’a emmené dans les townships, et je ne recommanderais certainement pas de s’y rendre seul. Il est probable qu’il ne se passe rien de grave, mais il faut rester prudent. Je dois aussi ajouter qu’il y a une tendance préoccupante du tourisme de township à dégénérer en voyeurisme. Je m’oppose à cela catégoriquement. Il existe toutefois des visites éthiques de townships qui se concentrent sur les projets positifs dans ces communautés et offrent de véritables opportunités d’interaction avec les populations. Comment réconcilier la contradiction apparente entre luxe et travail bénévole ? Le luxe et le bénévolat ne semblent pas naturellement compatibles au premier abord. Au-delà, la composante luxe permet la participation de personnes qui veulent avoir une action positive sans sacrifier leur confort. Ce n’est certainement pas fait pour tout le monde, c’est un modèle de « bénévolat philanthropique ». Le bénéfice principal vient des fonds que nos clients apportent aux projets. Proposer des hébergements de luxe et du confort permet à ces fonds d’être investis dans des projets à impact. C’est la mission de notre organisation. À l’inverse, de nombreuses organisations très sérieuses aident leurs clients à contribuer au bien-être des populations dans des conditions de séjour plus rustiques. Chacun peut y trouver son bonheur. Comment évitez-vous que le volontourisme ne devienne du voyeurisme ? Nous utilisons deux approches principales. Premièrement, je m’assure personnellement du bénéfice de chaque projet. Je peux ainsi attester de leur vraie valeur aux bénéficiaires, qu’il s’agisse de populations d’humains ou animales. Deuxièmement, je reviens sur mon point précédent sur les différentes façons d’avoir un impact. Les participants peuvent donner de leur temps, en semaines ou en mois, sur un projet. Elles peuvent aussi proposer d’offrir leurs compétences, par exemple des médecins ou des kinésithérapeutes. La troisième façon est par le financement, c’est là notre domaine d’excellence. Nous permettons à nos invités de découvrir les projets et d’interagir significativement avec les populations. Mais le principal bénéfice est le financement qu’ils apportent pour construire des maisons, fabriquer des poêles, ou créer des installations accessibles, en fonction des besoins spécifiques. Comment convaincre les familles de choisir le tourisme responsable ? C’est principalement la responsabilité des parents plutôt que la mienne. Personne ne prend part à nos voyages en étant surpris de découvrir qu’ils vont rénover une école. Cette composante bénévole est notre point de différenciation fondamental. C’est exactement parce c’est cette composante qu’ils recherchent que les clients nous choisissent. Nous comptons sur le fait que les parents aient cette discussion avec leurs enfants bien avant de réserver. Quelles sont les motivations de votre clientèle pour choisir le tourisme responsable ? Les motivations de nos clients sont très différentes de celles des clients des agences de voyages traditionnelles. Quand j’ai créé Hands Up Holidays, j’avais en tête que les clients seraient des gens comme moi. De jeunes professionnels aisés, mais manquant de temps, désirant passer de bonnes vacances tout en faisant quelque chose de positif. Mais dès le début, nous avons reçu des réservations de familles, ce qui n’était absolument pas sur mon radar quand je développais le concept. Quand j’ai demandé à ces familles leurs motivations, elles disaient des choses du style : « Nos enfants viennent de milieux privilégiés, et nous voulons qu’ils apprécient à sa juste valeur la chance qui leur a été donnée ». Ou encore « Nous recherchons une expérience familiale pour renforcer significativement notre cohésion ». Beaucoup expriment aussi qu’ils veulent donner une impulsion pour que leurs enfants fassent partie de la prochaine génération d’acteurs du changement. En définitive, il y a un aspect fort axé sur la mission dans la réflexion de nos clients familles en amont de leurs choix. Vos clients sont-ils plus jeunes ou plus âgés que vous ne l’attendiez ? Ils sont plus âgés que je ne l’anticipais. Quand j’ai écrit le premier business plan et la brochure, je ciblais de jeunes professionnels âgés d’environ 25 à 35 ans. Bien que nous attirions des clients dans cette classe d’âge, j’ai été véritablement surpris par le nombre de familles qui réservent en passant par nous. Ces clients sont des chefs de famille qui se situent classiquement dans la trentaine et la quarantaine. Comment le voyage solidaire s’attaque-t-il au surtourisme ? Nous adoptons une approche holistique pour tous nos voyages, avec la durabilité intégrée à tous les niveaux. Bien que nos voyages soient des expériences de luxe, nous priorisons les propriétés qui démontrent des principes de luxe durable dans leur conception et leurs opérations. Nous recommandons des restaurants proposant des plats biologiques d’origine locale chaque fois que possible, nous nous engageons à recourir uniquement à des guides locaux, et choisissons des options de transport écologiques là où elles sont disponibles. Cette approche aide à combattre le surtourisme. Nous encourageons aussi les voyages vers des destinations plus sûres, mais moins courues – des endroits comme la Géorgie dans le Caucase, le Belize, ou Roatan au Honduras, que nous lançons dans le
Les chatbots dopés à l’intelligence artificielle générative bouleversent nos sociétés à une vitesse vertigineuse, et cela nous amène à nous poser la question fondamentale de savoir où va l’IA. Pour y répondre, on peut s’en remettre aux nombreux auteurs d’essais sur le sujet ou, au contraire, se tourner vers un homme de lettres qui manipule la métaphore pour nous amener à réfléchir et, comme il le dit lui-même, nous alerter au travers de cette réflexion. C’est pourquoi j’ai interviewé Gauthier Dambreville, auteur de VarIAtions aux éditions L’Harmattan. Une interview d’autant plus intéressante du fait du passé de Gauthier, comme DSI d’une grande banque qui a automatisé tous les processus, au point de se dire aujourd’hui « qu’on peut faire partir tous les employés en même temps et les banques continueront de tourner toutes seules ». L’IA, cette Formule 1 conduite en hors piste par un amateur sans permis L’IA est une Formule 1 conduite en hors piste par un amateur sans permis nous explique Gauthier Dambreville, qui insiste sur l’absence de « mode d’emploi » Gauthier est ingénieur de formation et ancien directeur informatique dans le secteur bancaire. Il observe les évolutions de l’IA depuis plus de 40 ans. Auteur du livre « VarIAtions : IA, le puzzle de notre futur s’assemble » publié aux éditions L’Harmattan, il nous livre dans cette interview sa vision experte d’un avenir où les pièces d’un immense puzzle technologique et sociétal s’assemblent sous nos yeux, sans que nous en maîtrisions vraiment le résultat final. En fin de compte, je trouve l’approche métaphorique du livre de Gauthier, bien plus puissante que l’analyse clinique et fatalement brumeuse de ce puzzle, dont personne ne maîtrise toutes les pièces, même pas les meilleurs experts des réseaux de neurones. IA : une formule 1 en hors piste conduite par un pilote amateur qui n’a pas le permis – image produite avec l’aide de Midjourney TLDR : l‘essentiel en 3 points Métaphore centrale : L’IA générative est comme une Formule 1  conduite par un amateur sans permis en hors piste. C’est puissant, ça va vite, mais les embardées sont possibles. Façon « puzzle » : Gauthier Dambreville voit l’IA comme un puzzle qui s’assemble, où chacun apporte sa pièce… mais personne n’a la vue d’ensemble. Paradoxe de la perfection : Notre obsession sociétale de la perfection prépare notre propre remplacement par des machines « parfaites ». On veut des machines qui copient les humains et le paradoxe est justement que ce sont les humains qui finissent par copier les machines. En définitive : Où va l’IA ? Personne ne le sait vraiment, même les experts. La vraie question devient : où voulons-nous aller ? Il faut réfléchir à ce qu’on veut préserver d’humain. Le livre utilise la science-fiction pour explorer ces enjeux via des nouvelles métaphoriques plutôt que par un énième essai technique et réussit à nous interroger en profondeur sur la portée de l’IA Quelle est votre vision de l’état actuel de l’IA générative ? « On a lancé Internet, on a lancé les réseaux sociaux, sans aucun mode d’emploi. On voit ce que cela donne aujourd’hui. Avec l’IA, c’est la même chose. C’est comme si on mettait à disposition une Formule 1 à des gens qui n’ont pas le permis de conduire. Donner une formule 1 à quelqu’un qui ne sait pas conduire, ça me paraît assez grave, surtout si c’est en dehors d’un circuit ». Cette métaphore de la Formule 1 illustre parfaitement l’un des défis majeurs de notre époque technologique. Gauthier Dambreville met le doigt sur un paradoxe fondamental : nous disposons d’outils d’une puissance extraordinaire, mais nous les déployons sans formation préalable ni garde-fous. L’histoire se répète avec chaque révolution technologique, mais l’IA générative amplifie cette problématique à un niveau inédit. Expliquez-nous votre rapport à l’IA « Je m’intéresse à l’intelligence artificielle depuis maintenant plus de 40 ans. J’ai fait toute ma carrière dans le domaine bancaire, où j’étais directeur informatique. Mon rôle, en fait, c’était d’automatiser les tâches qui, pour la plupart, à l’époque, étaient manuelles. Aujourd’hui, toutes les banques sont automatisées, c’est-à-dire qu’on peut faire partir tous les employés en même temps et les banques continueront de tourner toutes seules. » Cette expérience dans l’automatisation bancaire donne à Gauthier Dambreville une perspective unique sur les transformations en cours. Il a vécu de l’intérieur la première vague d’automatisation et peut donc anticiper les bouleversements que l’IA générative va provoquer dans tous les secteurs. Son témoignage révèle une réalité que beaucoup préfèrent ignorer : l’automatisation complète d’un secteur entier est non seulement possible, mais déjà réalisée. Qu’est-ce qui vous inquiète le plus dans le développement actuel de l’IA ? « Le développement de l’IA est fascinant, parce qu’elle avance toujours plus vite que ce qu’on prévoit. Et on se demande jusqu’où elle peut aller. Par ailleurs, il provoque aussi une certaine inquiétude. Ça n’a rien à voir avec le mythe de Frankenstein, où la créature se retourne contre son créateur. Ce n’est pas du tout cela. Ce qui fait peur, ce sont plutôt tous les changements sociétaux que l’IA peut occasionner parmi nous ». De la déshumanisation du travail Nos véritables patrons, ce sont aujourd’hui les algorithmes. En Bourse, ils ont complètement supplanté les traders et ils édictent la stratégie dans les conseils d’administration. Moi aussi, je ne suis qu’un exécutant. VarIAtions – Gauthier Dambreville, p. 38-39 Gauthier évacue intelligemment les craintes fantasmatiques pour se concentrer sur les vrais enjeux. Il ne s’agit pas de robots tueurs, mais bien de transformations sociétales profondes dont nous peinons à mesurer l’ampleur. Cette approche pragmatique tranche avec les discours apocalyptiques ou, au contraire, béatement optimistes qui dominent souvent le débat public. Un bébé qui apprend ? « Je me suis intéressé à l’IA depuis mes études et j’en ai suivi les évolutions quasi quotidiennement. Dans les années 2010, le deep learning est né, et il a engendré à terme l’IA générative. Le deep learning s’est développé surtout avec la puissance des machines qu’on n’avait pas avant. Et en fait, qu’est-ce que c’est que l’IA générative qui s’appuie sur le Deep Learning ? C’est comme un bébé. Il apprend tous les jours, jusqu’au jour où le bébé arrive, à un moment donné, à vous dépasser ». L’analogie du bébé qui grandit et finit par dépasser ses parents est particulièrement frappante. Elle illustre le caractère exponentiel du développement de l’IA, mais aussi son aspect imprévisible. Où va l’IA ? La réponse n’est pas aussi simple qu’elle en a l’air. [NDLR Si je mets un point d’interrogation sur ce sous-titre c’est que les IA génératives n’apprennent pas de nous, comme cela a été démontré par Flint. Toutefois, on peut nuancer cela en ajoutant que sur Claude, la notion de « projet » permet de garder en mémoire les travaux précédents ce qui revient en quelque sorte à instaurer une mémoire temporaire, sans pour autant produire d’entraînement. Et d’autre part en ajoutant que cela pourrait tout à fait changer dans le futur à condition de changer l’architecture de ces outils, ce qui sera sans doute le cas dans les années/décennies qui viennent].  Des nouvelles de science-fiction pour mieux comprendre l’IA « L’objectif de ce livre, c’est quand même de faire prendre la mesure de ce qui se passe aujourd’hui, très modestement, parce que je crois que personne n’a idée aujourd’hui de ce qui va se passer exactement. C’est comme un puzzle qui s’assemble, c’est ce que j’ai voulu montrer dans mon livre. Et chacun apporte une petite pièce du puzzle. Toujours pour de bonnes raisons, a priori, pour résoudre un problème donné, mais on ne sait pas ce que ça va donner en fin de compte ». Cette métaphore du puzzle traverse tout l’entretien et constitue le fil rouge de sa réflexion. C’est aussi le sous-titre du livre. Gauthier Dambreville nous invite à prendre du recul, comme devant un tableau impressionniste, pour saisir l’ensemble qui se dessine. Son approche littéraire lui permet d’explorer des scénarios que l’essai classique ne pourrait aborder avec la même liberté créative. Certains de ses scénarios m’ont interpellé par leur pertinence et leur mise en situation. Des frontières entre IA et humain en train de s’estomper « Je pense que ces frontières deviennent de plus en plus poreuses. D’une part, parce qu’il n’existe pas aujourd’hui d’intelligence artificielle qui soit omnisciente, mais dans un domaine donné, une IA arrive très vite à surpasser l’homme, après beaucoup d’entraînement. Et puis, deuxièmement, c’est sur les sentiments. On arrive très bien à faire simuler des sentiments à une IA. D’ailleurs, les humains aussi savent simuler la colère, l’empathie, la politesse. Cela ne veut pas dire qu’ils éprouvent de la colère ou de l’empathie. Une IA saurait très bien le faire également ». Cette analyse dépasse le simple anthropomorphisme pour toucher à une question philosophique fondamentale : qu’est-ce qui distingue vraiment l’émotion authentique de sa simulation parfaite ? Dambreville nous confronte à nos propres incohérences : nous acceptons la simulation émotionnelle chez les humains (le jeu des acteurs par exemple), alors pourquoi la refuserions-nous chez les machines ? Le rôle de la perfection dans l’adoption de l’IA Pour Gauthier Dambreville, nos sociétés sont obsédées par l’idée de la perfection. Mais selon lui, c’est un piège redoutable. « Je crois que le souci de perfection qui anime nos sociétés est un de ses problèmes majeurs. Aujourd’hui, nous n’avons plus droit à l’erreur. Il y a, pour un mot déplacé, pour un mauvais geste, une mauvaise action, aussitôt, des levées de boucliers, des collectifs qui se forment, des pétitions qui se signent. Cela signifie que l’erreur individuelle
L’univers de l’influence marketing continue d’évoluer, transformant les habitudes des consommateurs et redéfinissant les stratégies des marques. En 2025, comme chaque année, l’étude influence de Reech nous offre un éclairage précieux sur ces mutations. Cette neuvième édition se distingue cependant des précédentes par un focus inédit sur les consommateurs, après avoir scruté les créateurs de contenu puis les annonceurs. Claire Decommer, directrice adjointe chez Reech et responsable du développement de Reech Influence Cloud, décrypte pour nous ces évolutions. Elle nous livre ici les enseignements majeurs de l’étude Reech sur l’influence en France en 2025 avec près de 1000 Français interrogés sur leurs usages et leurs perceptions. Etude Reech 2025 : influence et consommateurs Nous le sentons tous, ne serait-ce qu’intuitivement, le paysage des médias sociaux évolue beaucoup en ce moment. A fortiori, le marketing sur les médias sociaux se doit de suivre ces évolutions. Tous les ans, mon cours sur le marketing de contenu, les médias sociaux et le marketing du bouche à oreille est ainsi réévalué pour refléter ces évolutions fondamentales du paysage social. L’étude Reech fait partie de ces incontournables qui me permettent de conserver la fraîcheur des enseignements à dispenser sur ce sujet complexe. Nous avons senti les changements s’accélérer ces dernières années et cette étude 2025 est particulièrement utile afin de s’informer correctement et de prendre les bonnes décisions. Facebook est-il définitivement mort comme on l’entend dire au café du commerce ? Les influenceurs sont-ils tous basés à Dubai à lancer des opérations de dropshipping discutables et dans le monde où l’IA a envahi la création de contenus, quelle est encore la place de l’influence, et surtout la micro-influence, humaine ? Autant de questions que nous avons documentées avec l’aide de Claire Decommer lors de cette interview réalisée il y a quelques semaines. En voici la transcription, le 619e podcast de notre série, que vous pouvez retrouver sur toutes les bonnes plateformes, y compris notre chaîne YouTube. Quelle est la spécificité de cette étude Reech 2025 sur l’influence ? Claire Decommer. Cette année marque un tournant dans notre approche. Comme vous l’avez souligné, cela fait neuf ans que nous menons cette étude. Pendant plusieurs années, nous avions surtout interrogé les créateurs de contenu, puis nous sommes passés côté annonceur pour comprendre pourquoi ils activaient le levier de l’influence marketing et faisaient appel aux créateurs de contenu. Nous nous sommes dit qu’il était important de mettre la focale aussi sur les consommateurs qui étaient, mine de rien, les premiers utilisateurs de ces outils. Pouvez-vous détailler la méthodologie de cette enquête ? CD. Nous sommes passés par l’institut de sondage Norstat, pour réaliser cette étude, qui a été menée entre décembre 2024 et janvier 2025. Nous avons interrogé 1000 répondants français représentatifs de la population de plus de 18 ans. L’échantillon se compose de 51% de femmes, 49% d’hommes, d’une population d’âge moyenne de 39 ans et d’une répartition plutôt égale entre les différentes catégories socio-professionnelles. Facebook domine encore, alors que beaucoup le pensaient dépassé CD. En effet, cela peut paraître contre-intuitif. Nous sommes souvent victimes d’un biais dans nos perceptions. Facebook est bel et bien en première position et consolide même sa place de premier (77%), puisque quand nous avions posé la même question il y a deux ans aux consommateurs que nous avions déjà interrogés, il était à 75%. Il faut noter que dans Facebook, nous intégrons aussi l’application Messenger, l’application de messagerie de Facebook. En plus du poids de la messagerie il y a sans doute un effet d’habitude d’aller au moins une fois de temps en temps sur Facebook, en plus des autres plateformes. Tous les ans on s’attend à ce que les consommateurs se détournent de Facebook mais on est surpris de voir que la vieille plateforme de Zuckerbeg conserve de son influence et de son attraction Que font concrètement les marques sur Facebook aujourd’hui ? CD. Principalement de la publicité. Ce qui est intéressant, c’est de mettre en regard là où sont les consommateurs, les annonceurs et les créateurs de contenus. Quand nous réalisons ce comparatif, nous voyons qu’il y a plus de trois quarts des Français qui sont sur Facebook, 71% des créateurs qui y sont aussi, mais les annonceurs ne sont qu’un petit tiers, 29%, à utiliser Facebook comme relais de leurs activités d’influence marketing. Ils le font principalement via de la publicité. Nous savons que Facebook est un très bon levier pour faire du contenu sponsorisé, principalement utilisé en relais payé des activations qui vont mener sur Instagram. Quelle est donc la plateforme de référence pour les créateurs ? CD. C’est indéniablement Instagram. Pour les créateurs, ils sont 98% dans l’étude que nous avons menée l’année dernière à indiquer être sur Instagram, réseau principal et réseau secondaire confondus. Si nous nous concentrons sur ceux qui ont répondu utiliser Instagram comme réseau principal, nous sommes encore à 91%. Instagram est vraiment le réseau de l’influence qui écrase tous les autres. Où en est Threads après le transfert des comptes Instagram C’est assez timide. Threads, l’alternative à X qui avait été lancée par Instagram, représente seulement 5% de notre échantillon. Nous notons tout de même que la moyenne d’âge des utilisateurs de Threads, un peu moins de 38 ans, est assez proche de celle de X. Threads a sûrement réussi à conquérir quelques utilisateurs de X, mais cela n’arrive pas très haut pour cette première entrée dans le classement. X (ex-Twitter) enregistre une chute spectaculaire ? CD. X, sans très grande surprise, est le réseau qui enregistre la plus grosse perte d’utilisateurs par rapport à notre étude de 2023. Avec 6 points de perte, nous étions à 27% en 2023, nous tombons à 21%. X décroche, ce n’est pas une très grosse surprise. Si les créateurs de contenu sont tous sur Instagram, les utilisateurs ont des usages plus variés Pinterest et LinkedIn progressent – quelles opportunités pour les marques ? CD. Pinterest est un réseau hyper intéressant et peut-être le réseau le plus proche de l’acte d’achat. Quand on fait un tableau d’inspiration pour sa nouvelle cuisine, un mariage à venir ou autre, on est vraiment un consommateur proche de l’acte d’achat. C’est intéressant de voir que cela progresse, il y a de vrais potentiels sur Pinterest. Si nous regardons les gagnants de ce classement, c’est LinkedIn qui enregistre la plus forte progression, avec plus de 7 points par rapport à il y a deux ans, et donc près d’un quart des Français, 24%, qui y vont au moins une fois par semaine. Il y a un vrai intérêt sur les sujets B2B. Le temps passé sur les réseaux sociaux semble se stabiliser… CD. Les comportements ont l’air d’évoluer avec une baisse des très gros consommateurs, moins 3 points pour les utilisateurs de plus de 3 heures par jour, au profit d’utilisateurs plus modérés, plus 4 points pour ceux qui consomment entre 30 minutes à 1 heure par jour. Il y a peut-être une petite modération du temps d’usage quotidien, ce qui amène à une baisse du temps moyen d’à peu près 10 minutes en moins par rapport à 2023. Nous sommes aujourd’hui en moyenne sur 1h08 d’utilisation des réseaux par jour. Sans grande surprise, c’est très différent en fonction des tranches d’âge. Les 18-34 ans ont un taux médian d’utilisation de près de 2 heures par jour. L’étude Reech 2025 (les consommateurs français et l’influence) offre des analyses très fines des temps d’utilisation et des habitudes de chacune des typologies d’utilisateurs par secteur L’évolution des usages par génération Comment se répartissent les usages selon les tranches d’âge ? CD. La génération des moins de 35 ans est à fond (80%) sur Instagram. En deuxième position, nous retrouvons YouTube, dont l’usage est assez élevé aussi dans cette catégorie d’utilisateurs (72%). Instagram, YouTube, et peut-être TikTok, sont les réseaux les plus intergénérationnels, puisque ce sont aussi des réseaux qui réalisent de bons scores chez les 35 ans et plus. Que regardent les utilisateurs sur YouTube ? CD. Ils suivent des créateurs qui, aujourd’hui, ont repris des codes finalement presque proches des productions télé avec des émissions qui sortent à heure et jour précis et que beaucoup attendent avec impatience. YouTube aujourd’hui est passé devant la télé en termes de téléspectateurs. Nous sommes sur un transfert des usages. Quand on regardait la télé il y a 25 ans, aujourd’hui, on regarde YouTube. TikTok domine-t-il chez les plus jeunes ? CD. Chez les moins de 24 ans, c’est TikTok et Snapchat qui sont en tête. Nous avons cependant des interrogations sur le futur du réseau au vu de la situation géopolitique actuelle. Il y a eu des petits soubresauts avec un court ban aux États-Unis il y a quelques semaines. Des interrogations, certes, mais pour l’instant, c’est le statu quo. Créateurs de contenu : notoriété et diversification Les consommateurs connaissent-ils le terme « créateur de contenu » ? CD. Nous avons 58% des répondants qui déclarent connaître la notion de créateur de contenu. Quand nous regardons les résultats par tranche d’âge, c’est un chiffre qui est bien plus élevé chez les 18-34 ans, où ils sont 71% à connaître ce terme. « créateur de contenus », un terme connu mais flou. Quelle est la limite avec la TV réalité et les « célébrités » ? Ce qui est intéressant par rapport à notre édition de 2023, c’est que les personnes qui ont répondu ne pas être sûres de savoir ce qu’étaient les créateurs de contenu ont augmenté. Ils étaient seulement 2% en 2023, ils sont 10% cette année. Cette hausse s’est faite au détriment de ceux qui ont répondu très bien savoir. Nous l
La logistique est un des piliers fondamentaux, sinon le plus important du e-commerce qui représente désormais 11 % de la totalité du commerce de détail. À l’issue des Trophées du e-commerce organisés par Colissimo en juin 2025, j’ai eu le plaisir de m’entretenir avec Jean-Yves Gras, directeur général du leader de la logistique e-commerce. Dans cette interview, il nous livre sa vision sur trois décennies d’évolution, les défis actuels et les innovations à venir dans un secteur qui ne cesse de se réinventer. La logistique, élément clé de la réussite en e-commerce Logistique e-commerce : le transport décarbonaté passe par les vélos cargo en ville — image Colissimo La 3e innovation la plus importante pour les Français L’histoire commence en 1994 avec une commande historique : un CD de Sting, Ten Summoner’s Tales acheté aux États-Unis par un certain M. Brandenburger avec sa carte Visa sur le site NetMarket depuis le domicile de l’acheteur, à Philadelphie, nous explique le New York Times de l’époque. « Une première transaction sur Internet telle que nous la connaissons aujourd’hui », explique Jean-Yves Gras. Depuis, l’ampleur des changements a été immense : « Depuis 30 ans, Colissimo accompagne l’e-commerce et les transformations du e-commerce en France. C’est une véritable révolution des habitudes de consommation et qui a transformé notre société ». Le e-commerce est plébiscité comme une des innovations ayant eu le plus d’impact sur leur vie quotidienne par les Français. Nous reviendrons sur cette étude Opinionway ultérieurement Les chiffres confirment l’importance de cette transformation. Une étude menée par Opinionway pour La Poste en novembre 2024 révèle que : « 95 % des consommateurs commandent en ligne et 70 % le font au moins une fois par mois. L’adoption du e-commerce est donc universelle et cette mode d’achat est devenue un réflexe pour beaucoup ». Des répercussions au-delà des habitudes d’achat Cette démocratisation du commerce en ligne a eu des répercussions bien au-delà des simples habitudes d’achat. Comme le souligne le dirigeant de Colissimo : « Cela a permis de donner accès à de multiples produits en tout lieu. Cela a permis d’habiter où on voulait, tout en ayant une meilleure qualité de vie ». Je peux d’ailleurs en témoigner. Il n’est pas rare de m’apercevoir que je suis livré de commandes urgentes en un temps record au milieu des Pyrénées, parfois encore plus vite que quand je suis à Paris. Les trois piliers de l’innovation en e-commerce Jean-Yves Gras identifie trois innovations clés qui ont permis l’essor du commerce électronique. D’abord, le développement du paiement sécurisé: « Au début, la confiance n’était pas au rendez-vous. Puis sont arrivés PayPal, Apple Pay, les cartes bleues, les sécurisations. Cela a rassuré le consommateur et le verrou psychologique est tombé » ; Ensuite, l’émergence de plateformes comme Shopify qui ont démocratisé la création de boutiques en ligne : « Cela a permis à des millions de PME d’ouvrir un site Internet et de commercialiser leurs produits très rapidement » ; Enfin, l’avènement du smartphone, « qui a révolutionné notre vie, puisque vous pouvez effectuer des achats de e-commerce depuis n’importe quel endroit ». Cette trilogie technologique — sécurisation, plateformisation, mobilité — constitue effectivement le socle sur lequel s’est construite l’économie numérique. Logistique e-commerce : en dehors des vélos cargo il y a également des camions car le transport ferroviaire n’est hélas pas adapté en France — image Colissimo Entre abus et éthique : le paradoxe du e-commerce L’évolution actuelle du secteur révèle des tendances apparemment contradictoires. D’un côté, l’émergence de l’ultra fast fashion avec des acteurs comme Shein ou Temu, de l’autre, le développement d’initiatives vertueuses dans l’économie sociale et solidaire. Jean-Yves Gras adopte une approche pragmatique face à ces paradoxes : « Je ne pense pas qu’il y ait de rupture [avec l’essor de l’ESS en e-commerce]. En tout cas, je ne la vois pas. Le e-commerce, en fait, est le reflet de la société et des paradoxes qui la traversent ». Il illustre cette coexistence par des exemples concrets : « En même temps, nous avons droit à l’ultra fast fashion et ses excès et à des entreprises très vertueuses que nous avons voulu mettre en avant, comme Cocorico, qui produisent en France ». Cette vision équilibrée de l’écosystème e-commerce est particulièrement pertinente. Elle reconnaît que la logistique e-commerce doit s’adapter à tous les modèles économiques, des plus controversés aux plus vertueux, tout en accompagnant les transformations du marché. Colissimo et l’adaptation permanente Avec 500 millions de colis livrés en 2024 et un chiffre d’affaires de 2,6 à 2,7 milliards d’euros, Colissimo illustre parfaitement la croissance du secteur. « Le marché, et Colissimo également, a doublé en 10 ans », précise Jean-Yves Gras. Cette croissance s’est accompagnée d’innovations constantes. Dès 1998, Colissimo lançait le suivi de colis : « Le fait d’avoir une notification pour dire où en est le colis est devenu une norme actuellement, mais c’était une innovation à l’époque ». L’entreprise du groupe La Poste a ensuite développé les livraisons en point relais en 2010, puis plus récemment, en 2022, la livraison rapide J+1 : « Nous livrons presque la moitié de nos colis en 24 heures dans le cadre d’une offre 24-48 heures ». Cette capacité d’adaptation constante se reflète dans les performances : avec 45-46 % de parts de marché en B2C, Colissimo s’impose comme le leader français de la logistique e-commerce. Logistique e-commerce et IA L’avenir de la logistique e-commerce sera basé sur l’intelligence artificielle et la gestion des données. Jean-Yves Gras détaille cela ainsi : « Grâce à l’IA, que nous utilisons assez massivement, nous voulons être capables de prévoir beaucoup mieux le créneau de livraison et d’être capables, dans quelques semaines, quelques mois, de dire : nous vous livrons dans un créneau d’une heure ». Cette approche technique combine plusieurs méthodologies : « Ce qui est intéressant, c’est la combinaison, grâce à l’IA, de plusieurs méthodologies statistiques, avec des données linéaires ou non linéaires. Cela permet de combiner plusieurs modèles et de les adapter de manière très fluide ». L’objectif est ambitieux : atteindre une fiabilité de 95 % sur des créneaux d’une heure, révolutionnant ainsi l’expérience client. Logistique e-commerce et engagement environnemental L’un des aspects les plus intéressants de cet échange concerne l’impact environnemental de la logistique e-commerce. Contrairement aux idées reçues, Jean-Yves Gras nous révèle que « la livraison à domicile est plus respectueuse de l’environnement que la livraison hors domicile ».  « Nous sommes en quelque sorte le transport en commun des colis. Si cinq clients qui habitent la même rue achètent en ligne, un seul véhicule arrivera pour les livrer ». À l’inverse, « il suffit qu’un consommateur prenne sa voiture pour aller chercher son colis au point relais » pour que ce qui était vertueux ne le soit plus. « En moyenne, nous savons que ce consommateur conduit sur 2,8 km et que ce trajet a été réalisé spécialement pour cela ». Ce fait a été démontré par une étude indépendante de l’université de Lyon et elle bouscule nos a priori sur l’écoresponsabilité dans la logistique e-commerce, selon le DG de Colissimo. Si nous n’avons pu trouver la source de cette étude, précisons cependant que l’ADEME vous permet de calculer l’impact environnemental de vos livraisons. En route vers la neutralité carbone Colissimo s’est fixé un objectif ambitieux : atteindre la neutralité carbone d’ici 2040. Les résultats sont déjà tangibles : « Nous avons l’empreinte carbone par colis la plus basse du marché, avec 281 grammes. Nous avons réduit nos émissions de CO2 en 10 ans, de 53 % en émissions de CO2 par colis ». Les innovations déployées sont multiples : optimisation du remplissage des camions avec la technique du « vrac rangé » permettant « 30 % de camions en moins », déploiement de vélos-cargo dans 22 métropoles françaises, et des projets novateurs comme « une liaison par la Seine avec une barge électrique » entre Gennevilliers et Boulogne-Billancourt dès 2026. Logistique e-commerce prédictive et personnalisée En résumé, le DG de Colissimo dessine l’avenir de la logistique e-commerce autour de trois axes majeurs : La précision temporelle grâce à l’IA ; La décarbonation massive des opérations ; La personnalisation des services. Jean-Yves Gras et son équipe travaillent notamment sur un « jumeau numérique de tous nos réseaux qui nous permet d’effectuer des simulations sur la base de l’historique », ouvrant ainsi la voie à une logistique prédictive d’une précision inégalée. La logistique e-commerce est en transformation permanente et est une des conditions sine qua non de la réussite en e-commerce. Comme le souligne le DG de Colissimo, « une bonne partie des sites Internet des années 2000 avait échoué du fait de solutions logistiques inadaptées. Nous avons énormément progressé en capacitaire, renforcé notre capacité de suivi, l’interactivité avec les clients et la possibilité de reprogrammer la livraison ». Ce sont ces innovations dans la logistique e-commerce qui lui ont permis d’occuper sa place actuelle. Par ailleurs, cette interview démontre également qu’innovation technologique et responsabilité environnementale ne s’opposent plus, mais se complètent. En route pour la quatrième décennie de la logistique e-commerce Alors que l’e-commerce s’apprête à entamer sa quatrième décennie, les défis sont immenses : concilier rapidité et respect de l’environnement, personnalisation et massification, innovation et accessibilité. L’écosystème français de la logistique e-commerce et son leader issu du service public, semble bien armé pou
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