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Minuit dans le siècle
Author: Ugo Palheta
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© 2022 Spectre
Description
Chaque mois, Ugo Palheta décortique le fascisme, non par fascination morbide pour les pires tendances de notre monde, mais pour regarder en face le danger, sans jamais séparer cette exploration de la lutte pour un autre monde.
Dans "Minuit dans le siècle", on parle donc des origines du fascisme et de ses transformations, des rapports entre fascisme et police, entre fascisme et racisme ou entre fascisme et colonialisme, de la culture fasciste et des États fascistes, de la manière dont les fascistes investissent aujourd’hui le terrain de l’écologie. On explorera aussi des insurrections antifascistes du passé, des luttes qui sont menées ici et maintenant, des stratégies qui ont été et sont mises en œuvre par les mouvements antifascistes, des succès comme des échecs.
"Minuit dans le siècle" est un podcast produit pour Spectre.
Dans "Minuit dans le siècle", on parle donc des origines du fascisme et de ses transformations, des rapports entre fascisme et police, entre fascisme et racisme ou entre fascisme et colonialisme, de la culture fasciste et des États fascistes, de la manière dont les fascistes investissent aujourd’hui le terrain de l’écologie. On explorera aussi des insurrections antifascistes du passé, des luttes qui sont menées ici et maintenant, des stratégies qui ont été et sont mises en œuvre par les mouvements antifascistes, des succès comme des échecs.
"Minuit dans le siècle" est un podcast produit pour Spectre.
35 Episodes
Reverse
Trump est revenu au pouvoir. Celui qui avait déjà occupé la fonction présidentielle de l'hyper-puissance états-unienne entre 2016 et 2020, et qui - entre beaucoup d'autres choses - avait alors voulu interdire l'immigration issue de pays musulmans ou tirer sur les manifestations antiracistes contre les crimes policiers. Celui qui a cherché à faire annuler sa défaite électorale de 2020, par diverses manoeuvres illégales et en fomentant une émeute. Celui qui, lors de sa campagne particulièrement extrémiste de 2024, a prétendu que l'immigration "empoisonnait le sang de la nation américaine", ou que les immigrés haïtiens mangeaient les animaux domestiques des bons Américains à Springfield. Comment expliquer ce succès ? Qui a voté pour Trump et pourquoi ? Qu'y a-t-il de commun avec sa précédente victoire de 2016 et qu'est-ce qui a changé entretemps ? Comment inscrire Trump et le trumpisme dans l'histoire des États-Unis, aussi bien celle de l'extrémisation du Parti Républicain lors des 15 dernières années que la longue trajectoire du suprémacisme blanc ? Comment caractériser le trumpisme : fascisme ou non ? Qu'attendre de cette nouvelle expérience de pouvoir et quelles résistances pourront ou sauront émerger ? C'est l'ensemble de ces questions, et quelques autres, que nous abordons dans ce nouvel épisode avec l'historienne Sylvie Laurent, spécialiste des États-Unis et de la question raciale. Elle est l'autrice de nombreux ouvrages, en particulier récemment : "Pauvre petit blanc. Le mythe de la dépossession raciale" (Éd. de la Maison des sciences de l'homme, 2020), et "Capital et race. Histoire d'une hydre moderne" (Éd. du Seuil, 2024). Enregistrement : Thomas Guiffard-Colombeau.
Avec l'historien Fabrice Riceputi, spécialiste de la guerre d'Algérie et auteur d'un livre récent sur le sujet (publié aux éditions du Passager clandestin), on fait le point dans ce nouvel épisode sur la question de la torture en Algérie et de la participation de Jean-Marie Le Pen à la grande répression d'Alger en 1957. Cela nous permet de revenir sur la question des rapports entre colonialisme et fascisme. Dans le contexte français, si le projet colonial fut porté tout aussi bien par la "gauche" républicaine que par la droite, la renaissance de l'extrême droite après la Seconde Guerre mondiale doit beaucoup aux guerres coloniales (en Indochine et en Algérie). Non seulement de nombreux militants néofascistes s'y engagèrent, y faisant leurs premières armes au sens littéral du terme, mais cela permit également à ces courants compromis dans la collaboration avec l'occupant nazi d'apparaître à nouveau publiquement autour d'une cause considérée alors comme juste par de larges pans de la population : la défense de l'Empire. Cela les amena en outre à substituer progressivement le nouvel ennemi - le mouvement indépendantiste algérien, et à travers lui les populations arabes - au groupe qui avait constitué si longtemps la cible par excellence des extrêmes droites européennes : les juifs. Si Jean-Marie Le Pen joua un rôle absolument mineur dans la guerre d'Algérie, il est au cœur de cette histoire parce qu'il est le dirigeant politique qui, dans le champ politique français postérieur à la guerre, va donner à nouveau une expression politique spécifique, systématique et assumée à un racisme - anti-Arabes mais aussi négrophobe, et un peu plus tard islamophobe - consubstantiel à la domination coloniale et structurel dans la société française. Comprendre et combattre l'extrême droite suppose ainsi nécessairement de prendre au sérieux et d'affronter le colonialisme.
On a longtemps présumé, notamment à gauche, que le vote pour le FN/RN ne constituait qu'un vote par dépit, faute de mieux. Dès lors que l'électorat de l'extrême droite s'est solidifié, jusqu'à devenir le plus stable dans l'ensemble du champ politique, il paraît difficile de maintenir cette hypothèse d'un vote par défaut. Si ces électeurs·rices n'adhèrent sans doute pas à un programme, souvent méconnu, ils se reconnaissent dans un certain imaginaire qui imprègne ce programme mais surtout les discours et les postures des porte-parole du FN/RN. D'après le philosophe Michel Feher, que l'on reçoit dans ce nouvel épisode de Minuit dans le siècle pour son dernier ouvrage ("Producteurs et parasites", éd. La Découverte), cet imaginaire doit être désigné par le concept de "producérisme" : une vision morale du monde (et de ses divisions) dans laquelle s'opposent non pas des exploiteurs et des exploités, non pas des possédants et des dépossédés, mais des producteurs méritants et des parasites nuisibles. En précisant d'emblée qu'il s'agit dans le cas des extrêmes droites d'un producérisme racialisé, puisque les parasites sont considérés comme tels car on leur attribue une essence malfaisante liée à leur statut irréductible d'étranger (à la nation française, à la civilisation européenne, à la culture occidentale, etc.). Ainsi l'extrême droite parvient-elle, selon l'auteur, à se rendre désirable en promettant d'améliorer la vie des producteurs (blancs) sans rien changer de fondamental dans l'organisation sociale et économique, par la simple soustraction des parasites d'en haut (financiers, technocrates, intellectuels, etc.) et des parasites d'en bas (immigrés, minorités, musulmans, etc.).
Dans cet épisode avec Félicien Faury, on continue la discussion autour de son ouvrage qui vient de paraître aux éditions du Seuil : "Des électeurs ordinaires. Enquête sur la normalisation de l'extrême droite". Livre important, indispensable même, dans lequel l'auteur rend compte d'une enquête sur l'électorat du FN/RN dans le Sud-Est de la France, et où il nous invite à prendre au sérieux la dimension raciale et raciste du vote pour l'extrême droite. Une dimension esquivée dans des médias dominants qui œuvrent de plus en plus à la légitimation du FN/RN et à la banalisation de son discours, mais aussi par certaines recherches sociologiques, pour lesquelles le racisme ne serait qu'un aspect superficiel du vote pour l'extrême droite et de sa dynamique politique, masquant des enjeux de classe. Dans cette seconde partie de notre entretien, Félicien Faury revient sur le sens du vote pour le FN/RN en montrant qu'il est à la fois un vote de protestation et de conviction mais qui n'est pas sans objet puisqu'il cible prioritairement les minorités altérisées et stigmatisées (migrant-es extra-européen-nes, musulman-es, etc.). Il revient sur la manière dont l'islamophobie fonctionne au quotidien et alimente le vote à l'extrême droite. Nous évoquons aussi le rapport que ces électeurs et électrices du FN/RN entretiennent aux classes dominantes. Et pour conclure cet entretien nous revenons sur le thème des "fâchés pas fachos" qui est souvent revenu dans les débats à gauche ces dernières années lorsqu'est abordée la question de la lutte contre l'extrême droite, et Félicien Faury nous donne quelques pistes, justement, sur cette lutte. À l'enregistrement : Thomas Guiffard-Colombeau
Dans cet épisode en deux parties, on discute avec Félicien Faury de son ouvrage qui vient de paraître aux éditions du Seuil : "Des électeurs ordinaires. Enquête sur la normalisation de l'extrême droite". Livre important, indispensable même, dans lequel l'auteur rend compte d'une enquête sur l'électorat du FN/RN dans le Sud-Est de la France, et où il nous invite à prendre au sérieux la dimension raciale et raciste du vote pour l'extrême droite. Une dimension esquivée dans des médias dominants qui oeuvrent de plus en plus à la légitimation du FN/RN et à la banalisation de son discours, mais aussi par certaines recherches sociologiques, pour lesquelles le racisme ne serait qu'un aspect superficiel du vote pour l'extrême droite et de sa dynamique politique, masquant des enjeux de classe. Dans cette 1re partie, Félicien Faury montre au contraire qu'il faut penser ensemble les frontières de classe et les frontières raciales, autrement dit saisir la position spécifique des électeurs·rices du FN/RN dans un espace social racialisé, pour comprendre le sens et la force du vote d'extrême droite dans certaines fractions de classe et certains territoires.
À l'enregistrement : Thomas Guiffard-Colombeau
On commémore cette année au Portugal le 50e anniversaire de la Révolution des oeillets, qui mit fin le 25 avril 1974 à la plus vieille dictature fasciste du monde, issue d'un coup d'État militaire accompli en 1926. On est revenu dans un 1er épisode sur ce coup, mais aussi sur l'affirmation du pouvoir de Salazar, la mise en place de l'Estado novo (État nouveau), le rôle de l'armée mais aussi de la violence - puisque ce régime repose sur l'écrasement total de la gauche et de toute opposition sociale et démocratique. Dans ce 2e épisode, on aborde d'autres piliers du régime, en particulier l'Église catholique, le patronat et le système colonial. On discute également des transformations de la société portugaise au cours des années 1950 et surtout 1960, et enfin des guerres coloniales qui vont entraîner la dictature vers une crise militaire et politique qui l'amènera à sa chute.
Ainsi le soulèvement militaire lancé par des jeunes officiers intermédiaires réunis dans le cadre du Mouvement des Forces armées (MFA) fait tomber en quelques heures le régime comme un château de cartes. Pour cela, je reçois à nouveau l'historien Victor Pereira, auteur de nombreux travaux sur la dictature salazariste, sur la politique d'émigration et les exilés portugais, et plus récemment d'un livre - intitulé "C'est le peuple qui commande" (aux éditions du Détour) - sur cette révolution qui permit d'en finir avec un régime particulièrement autoritaire et réactionnaire.
On commémore cette année au Portugal le 50e anniversaire de la Révolution des oeillets, qui mit fin le 25 avril 1974 à la plus vieille dictature fasciste du monde, issue d'un coup d'État militaire accompli en 1926. Avant d'en venir au soulèvement militaire qui fit tomber en quelques heures le régime comme un château de cartes, je voudrais dans cet épisode exposer précisément ce qu'était cette dictature, le contexte dans lequel elle a été fondée, les forces qui ont été à l'origine du coup d'État de 1926, leurs objectifs, mais surtout comment a pu perdurer aussi longtemps ce régime qui inspira en son temps une bonne partie de l'extrême droite française et fut une référence pour Pétain et sa "révolution nationale". Pour cela, je reçois l'historien Victor Pereira, auteur de nombreux travaux sur la dictature du "docteur" Antonio de Oliveira Salazar, et plus récemment d'un livre - intitulé "C'est le peuple qui commande" (aux éditions du Détour) - sur cette révolution qui permit d'en finir avec un régime particulièrement autoritaire et réactionnaire.
L'antifascisme a déjà une longue histoire, qui correspond à celle du fascisme puisque celui-ci suscita d'emblée une riposte de la part des gauches, du mouvement ouvrier et de tou·tes celles et ceux attaché·es aux idées d'égalité et de justice sociale. Avec l'installation des extrêmes droites dans les champs politiques des sociétés capitalistes actuelles, partout dans le monde, il est nécessaire de revisiter l'histoire riche de l'antifascisme. C'est à cette démarche que nous nous consacrons dans cet entretien - enregistré durant l'été 2023 - avec deux frères, Alain et Philippe Cyroulnik, tous deux militants de longue date de la gauche communiste et révolutionnaire (d'abord à l'Union des étudiants communistes puis à la Jeunesse communiste révolutionnaire, ensuite au sein de la Ligue communiste, refondée plus tard sous le nom de Ligue communiste révolutionnaire, et aujourd'hui du Nouveau parti anticapitaliste). On revient avec eux sur leur entrée dans le militantisme, la place du combat contre le fascisme dans leur engagement révolutionnaire et ce que signifiait concrètement lutter contre l'extrême droite avant, pendant et après mai-juin 1968. On s'arrête notamment sur l'attaque par la Ligue communiste du meeting fasciste d'Ordre nouveau le 21 juin 1973, qui pose notamment la question de l'usage de la violence dans la lutte antifasciste. On conclut en s'interrogeant sur les défis présents, alors que l'extrême droite ne se réduit plus à des organisations violentes mais groupusculaires, car elle dispose d'une large base de soutien électoral, qui lui permet d'envisager la conquête du pouvoir politique en France - comme elle l'a fait dans d'autres pays.
Dans ce nouvel épisode de "Minuit dans le siècle", on s'arrête sur l'un des représentants les plus influents des extrêmes droites contemporaines, en Europe et au-delà : Viktor Orbán. Modèle de Marine Le Pen en France, en raison notamment de ses politiques xénophobes et de sa longévité au pouvoir, il entretient de bonnes relations avec Vladimir Poutine mais aussi Narendra Modi, Recep Erdoğan, Benjamin Netanyahou, ou encore Donald Trump. Si les choix politiques d'Orbán s'ancrent dans l'histoire de la Hongrie, elles ne reflètent en rien un simple particularisme hongrois. Il se pourrait même d'ailleurs que sa trajectoire, exprimant une synthèse entre le néolibéralisme d'origine thatchérienne (qui fut son inspiration initiale) et le nationalisme réactionnaire (pour lequel il a opté ensuite), ait anticipé des transformations qui sont à l'oeuvre dans les droites de nombreux pays, y compris en France. Pour parler de tout cela, je reçois la journaliste Amélie Poinssot, autrice du livre "Dans la tête de Viktor Orbán", aux éditions Actes Sud.
Dans ce nouvel épisode, on poursuit avec Pierre Stambul - militant de l'Union juive française pour la paix - notre questionnement sur le projet sioniste, la colonisation de la Palestine et l'extrême droite israélienne, dans le contexte de la guerre génocidaire menée, en ce moment même, par le pouvoir israélien contre les Palestinien·nes de Gaza. Après être revenu sur le mouvement sioniste et sur l'histoire de l'extrême droite en son sein, une histoire plus ancienne que la création de l'État d'Israël et du nettoyage ethnique de 1948, qui a vu des centaines de milliers de Palestinien·nes être expulsé·es de leurs terres, on évoque dans cet épisode la domination politique de cette extrême droite en Israël ainsi que les différentes branches - notamment orthodoxe et laïque - en son sein, qui peuvent se différencier sur des sujets internes à la société israélienne mais qui toutes aspirent à construire un "Grand Israël" et, pour cela, à se débarrasser des Palestinien·nes. On aborde également la question de l'instrumentalisation du génocide des Juifs d'Europe à des fins de légitimation de l'État d'Israël, de sa politique de colonisation et de sa guerre actuelle contre Gaza. On termine sur la question de la répression des mouvements de solidarité avec la Palestine et du rôle que joue cette répression dans le processus de fascisation à l'oeuvre en France, tout en posant la question de la lutte contre l'antisémitisme.
Dans ce nouvel épisode, on aborde avec Pierre Stambul - militant de l'Union juive française pour la paix - la question du projet sioniste et de la colonisation de la Palestine, sans laquelle on ne saurait comprendre ni l'extrême droite israélienne (actuellement au pouvoir dans le pays) ni la guerre (de nature potentiellement génocidaire) menée, en ce moment même, par le pouvoir israélien contre les Palestinien·nes de Gaza. Cette extrême droite et la radicalisation raciste de la politique en Israël, allant jusqu'à la déshumanisation de Palestinien·nes présenté·es par de hauts personnages de l'État comme des "animaux humains", ne viennent pas de nulle part. Il ne s'agit en rien d'une simple réaction aux attaques du Hamas : des organisations fascistes se développent depuis longtemps dans le cadre du sionisme, et elles s'inscrivent en pleine continuité avec 75 ans de colonisation de la Palestine tout en se proposant d'aller toujours plus loin, avec des méthodes toujours plus criminelles. Cette extrême droite a une longue histoire, plus ancienne encore que la création de l'État d'Israël et du nettoyage ethnique de 1948, qui a vu des centaines de milliers de Palestinien·nes être expulsé·es de leurs terres. Avant d'en venir au tableau précis de la politique israélienne actuelle, il nous faut donc revenir aux origines du sionisme, faire comprendre quel est son projet fondamental (et fondamentalement colonial), ainsi que les différents courants en son sein.
Que sait-on du Front national, devenu récemment Rassemblement national, en tant qu'organisation ? Comment fonctionne le parti dirigé longtemps par Jean-Marie Le Pen puis, depuis 2011 par sa fille, Marine Le Pen ? Comment devient-on un dirigeant de l'une des principales organisations d'extrême droite européennes ? En obtenant de plus en plus d'élus (locaux, nationaux ou européens), le FN/RN est-il devenu un parti comme les autres ? Qui y domine : les élu-es ou les membres de l'appareil ? Qu'est-ce que l'on observe lorsque l'on s'éloigne de la façade communicationnelle ou électorale ? C'est à ce type de questions que nous cherchons à répondre dans cet épisode avec la chercheuse en science politique Safia Dahani, qui a menée une longue enquête de terrain sur le FN/RN dans le cadre de sa thèse. Elle y propose notamment la notion de "parti patrimonial", mais développe aussi des réflexions passionnantes sur les modes de sélection des dirigeant-es, les rapports entre les élu-es et l'appareil, la manière dont l'organisation se perpétue dans et malgré les crises de direction, les formes et les raisons de l'engagement et du désengagement militant, le rôle joué par la médiatisation, le type de domination exercée par les dirigeants (en particulier Jean-Marie Le Pen puis Marine Le Pen), ou encore la formation des militants et des cadres, etc.
Dans ce double épisode de rentrée, on revient sur ce qui s’est joué il y a exactement 50 ans au Chili : un coup d’État militaire mené contre le président élu Salvador Allende, qui mit fin à l'expérience de l'Unité populaire. L'installation de la dictature anéantit l’espoir pour des millions de Chilien-nes, appartenant notamment à la classe ouvrière et à la paysannerie, d’une sortie de la misère pour beaucoup mais plus profondément d’une société socialiste et démocratique mettant fin à l’exploitation et à toute forme d’oppression. Pour cela, j'ai rencontré Franck Gaudichaud, spécialiste des luttes sociales et politiques en Amérique latine, auteur de plusieurs livres sur le Chili et en particulier sur la séquence allant de l'élection d'Allende, en septembre 1970, au coup d'Etat militaire du 11 septembre 1973, ces "mille jours qui bouleversèrent le monde" pour reprendre le titre de l'un de ses ouvrages. Dans ce 2nd volet, on revient particulièrement sur la manière dont s'est déroulé concrètement le coup d'État et l'installation d'une dictature militaire sous la férule du général Pinochet, une dictature féroce à l'égard des militant-es de gauche et qui engagea le pays dans une contre-révolution néolibérale extrêmement brutale, une "thérapie de choc" qui a marqué très durablement le Chili.
Dans ce double épisode de rentrée, on revient sur ce qui s’est joué il y a exactement 50 ans au Chili : un coup d’État militaire mené contre le président élu Salvador Allende, qui mit fin à l'expérience de l'Unité populaire. L'installation de la dictature anéantit l’espoir pour des millions de Chilien-nes, appartenant notamment à la classe ouvrière et à la paysannerie, d’une sortie de la misère pour beaucoup mais plus profondément d’une société socialiste et démocratique mettant fin à l’exploitation et à toute forme d’oppression. Pour cela, j'ai rencontré Franck Gaudichaud, spécialiste des luttes sociales et politiques en Amérique latine, auteur de plusieurs livres sur le Chili et en particulier sur la séquence allant de l'élection d'Allende, en septembre 1970, au coup d'Etat militaire du 11 septembre 1973, ces "mille jours qui bouleversèrent le monde" pour reprendre le titre de l'un de ses ouvrages. Dans ce 1er volet, on revient tout d'abord sur l'expérience de la gauche au pouvoir et la grande peur que celle-ci engendra du côté des classes dominantes, malgré le légalisme d'Allende et le caractère graduel des réformes. Dès la victoire de celui-ci, les forces de l'oligarchie, appuyées par les Etats-Unis, prirent ainsi des initiatives pour l'empêcher d'accéder au pouvoir puis l'empêcher de gouverner. Après le sabotage économique et le blocage institutionnel, qui n'empêchèrent pas l'Unité populaire de progresser électoralement, c'est vers l'option d'un coup d'État qu'ils se tournent en 1973.
Il faut évidemment refuser le discours dominant selon lequel les classes populaires seraient passées à l'extrême droite. Tenu aussi bien par des néolibéraux que par des idéologues ou des politiciens proches du FN/RN, ce discours valide les prétentions de ce parti : être devenu le parti du peuple, des ouvriers, des gens "modestes", de la classe travailleuse. Du côté du pouvoir néolibéral et de ses porte-voix, il s'agit - dans un mépris de classe évident - de renvoyer les classes populaires à une forme d'incompétence culturelle et de déviance politique : le peuple serait prompt à succomber comme un seul homme à l'autoritarisme et au racisme (alors même que c'est un gouvernement néolibéral qui mène actuellement des politiques autoritaires, anti-migrant·es et islamophobes). Pour autant, on ne devrait pas faire l'autruche en prétendant que les classes populaires seraient allergiques à l'extrême droite : il y a des franges de ces classes et des territoires populaires dans lesquels on vote assez largement - ce qui ne veut pas dire unanimement - pour le FN/RN. Il n'y a pourtant pas grand-chose de "social" dans le programme du FN/RN, et encore moins de propositions qui amélioreraient nettement les conditions de vie des classes populaires. Il importe donc d'interroger les logiques sociales qui conduisent malgré tout à voter à l'extrême droite. C'est de ces logiques dont on discute dans cet épisode avec le sociologue Benoît Coquard, spécialiste des classes populaires rurales et auteur d'un livre marquant il y a quelques années, "Ceux qui restent" (éditions La Découverte), où il relate une enquête par immersion et de long terme dans ce qu'il nomme les campagnes en déclin. Ayant rencontré en chemin la question de la politisation et du vote, sa recherche permet de comprendre comment, dans des territoires ruraux désindustrialisés, la politisation se construit en grande partie dans le cadre des "bandes de potes", c'est-à-dire dans les formes de solidarité qui naissent et s'entretiennent en bonne partie pour résister à la précarisation, à la montée des concurrences et des incertitudes, ou encore dans les processus de construction des masculinités ou de marginalisation des femmes (sur le marché du travail ou dans les sociabilités). C'est tout cela, sur fond de légitimation du racisme et de stigmatisation des "assistés" dans l'espace public, qui conduit concrètement à rendre l'extrême droite quasi-hégémonique dans certains territoires populaires, à amener certain·es à penser que voter pour le FN/RN c'est se ranger du côté des "gens biens".
Narendra Modi et les ultranationalistes hindous sont au pouvoir depuis 2014, et ils aspirent à s'y maintenir en gagnant les prochaines élections législatives qui auront lieu en 2024. Mais cette mouvance n'est pas réductible à Modi et à son parti le BJP : celui-ci est l'incarnation sur le terrain politico-électoral d'une organisation : le RSS, l'Organisation des Volontaires nationaux. Créé dès les années 1920 sur le modèle notamment des fascismes européens, ce mouvement de masse est largement implanté dans la société indienne et extrêmement ramifié, puisqu'il a engendré au cours du 20e siècle un vaste réseau d’organisations satellites (réseau que l’on nomme le « Sangh Parivar ») : des organisations culturelles et religieuses comme le VHP (qui signifie en français le Conseil hindou mondial), des organisations de jeunes, de femmes, syndicales, d’éducation populaire, des think tanks, des coopératives, des médias, mais aussi des milices et le BJP qui en constitue une sorte de front politique et de vitrine électorale. C'est sur ce mouvement, son histoire et son idéologie, ses objectifs et son mode de fonctionnement, que nous revenons dans cet épisode avec le chercheur Christophe Jaffrelot, l'un des plus grands spécialistes au niveau mondial de l'extrême droite indienne et auteur de nombreux livres sur cette question, en particulier "L’Inde de Modi. National-populisme et démocratique ethnique" (publié en 2019 aux éditions Fayard).
Nouvel épisode de "Minuit dans le siècle", court et sans invité, pour aborder un point qui a beaucoup agité les médias ces dernières semaines : les agissements de la mouvance dite "ultra-droite". Attaque contre le maire de Saint-Brévin, défilé dans Paris le 6 mai, colloque de l'Action française, hommage à Dominique Venner organisé par l'Institut Iliade, marche aux flambeaux à Annecy, etc., les militants néofascistes, royalistes et ultra-réactionnaires sont à l'offensive. J'essaie dans cet épisode d'expliquer pourquoi cette catégorie d'ultra-droite est une mauvaise piste, en montrant qu'il s'agit plutôt de la frange extraparlementaire et militante d'une extrême droite qui a aussi une branche institutionnelle (le RN), avec laquelle elle partage une vision du monde. Je tente également de donner quelques éléments de compréhension concernant les fonctions de l'extrême droite extraparlementaire, et d'avancer enfin des pistes sur la riposte en abordant la question qui fâche : faut-il soutenir des dissolutions et des interdictions ?
Le Front national devenu récemment Rassemblement national (FN/RN) a indéniablement conquis une frange de l'électorat populaire au cours des quatre dernières décennies. Pour autant, défend-il un programme favorable aux intérêts matériels des classes populaires ? Pas le moins du monde, comme on le montre dans cet épisode avec l'économiste Denis Durand. Après avoir promu des politiques violemment néolibérales pendant les deux premières décennies de son histoire, il défend depuis - avec des évolutions selon l'actualité - une variété particulière de néolibéralisme : hostile au droit de grève et aux syndicats, à la cotisation sociale (donc à la protection sociale) et aux fonctionnaires (donc aux services publics). Plus fondamentalement, le FN/RN se situe dans la continuité de toutes les idéologies d'extrême droite : en défense des hiérarchies supposées naturelles (dont la domination du patron sur les travailleur·ses) et de la liberté des capitalistes d'exploiter sans entraves (sous le faux nez de la "libre entreprise"), contre la fiscalité progressive et l'imposition forte des bénéfices des entreprises, etc. Et contrairement à une idée reçue le FN/RN ne défend nullement la retraite à 60 ans pour tou·tes à taux plein. Loin de là d'ailleurs puisqu'au vu de ses propositions, certain·es devraient attendre 67 ans pour toucher une retraite pleine. S'il prétend ainsi soutenir la mobilisation actuelle qui s'oppose à la contre-réforme des retraites, espérant profiter de l'hostilité à Macron pour se poser en alternative crédible et populaire, il n'a cessé de s'opposer au mouvement réel, notamment en dénonçant la grève reconductible et en défendant les innombrables violences policières contre les manifestant·es.
90 ans après l'arrivée de Hitler au pouvoir, le 30 janvier 1933, ce nouvel épisode de "Minuit dans le siècle" revient sur un moment historique un peu oublié mais qui contribua à électriser contre lui les forces nationalistes allemandes (dont les nazis constituaient la frange la plus extrême) : l'instauration de la République en novembre 1918, l'émergence de conseils d'ouvriers et de soldats partout dans le pays, et la possibilité réelle d'une révolution communiste. Avec l'historien Jean-Numa Ducange, autour de son livre récent "La République ensanglantée" (paru aux éditions Armand Colin), on discute également du cas autrichien, qui vit le parti socialiste le plus puissant au monde conquérir la capitale, Vienne, et la gouverner pendant plus d'une quinzaine d'années, puis être vaincu militairement par ce qu'on nomma l'austrofascisme. On essaie ainsi de comprendre comment les mouvements ouvriers les mieux organisés et les plus imposants au monde ont pu être défaits - sans combattre véritablement dans le cas allemand - par différentes variétés du fascisme, en rappelant l'origine et l'ampleur des sectarismes croisés entre socialistes et communistes qui les empêchèrent de bâtir un front uni face au danger mortel qu'ils affrontaient. Cet épisode permet ainsi d'aborder certains des débats stratégiques centraux pour l'antifascisme d'hier, mais aussi d'aujourd'hui.
Le meurtre récent en plein Paris de trois membres de la communauté kurde, ainsi que la grande manifestation en l’honneur de Fidan Doğan, Sakine Cansız et Leyla Söylemez, trois militantes du mouvement kurde assassinées il y a dix ans à Paris également, réclamant qu’enfin justice soit faite, est venue rappeler la brutalité de la persécution que subissent les populations kurdes en Turquie, de la part du régime de Recep Tayyip Erdoğan, mais aussi des mouvements d’extrême droite. Avec Emre Öngün, militant franco-turc et docteur en science politique, nous revenons dans ce nouvel épisode sur les trajectoires du fascisme en Turquie. Celui-ci est principalement incarné, depuis près d’un demi-siècle, par une organisation : le MHP (parfois connu à travers son symbole, le « loup gris »). Mais il trouve ses racines intellectuelles chez Nihâl Atsiz, un écrivain qui fut proche du nazisme et qui élabora les principaux fondements idéologiques du fascisme turc. Le MHP est depuis 2015 un allié d'Erdoğan, qui se trouve lui-même engagé depuis une dizaine d'années dans un processus de fascisation marqué par une répression féroce des mouvements kurdes, l'enfermement de milliers de militant·es (notamment du HDP), la suppression de nombreux médias indépendants du pouvoir, le licenciement de centaines de milliers d'employé·es de la fonction publique n'ayant rien à voir avec la tentative de coup d'État, et plus profondément la concentration des pouvoirs dans les mains du chef, la soumission de la justice, etc. Ainsi se nouent au sein du pouvoir turc une droite conservatrice en voie de fascisation et une extrême droite fasciste ancrée dans l'histoire du pays.
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