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Reportage France

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Author: RFI

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Du lundi au vendredi, un reportage pour mieux connaître la société française et comprendre ses débats.

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Il n'y a pas de vie sans déplacement. Qu'appelle-t-on migration ? Pourquoi les déplacements d'individus sur de longues distances sont appelés migrations ? Volontairement ou non, pourquoi les groupes humains ou les individus quittent-ils leur pays ? Ce sujet vaste et complexe est exploré dans une exposition inédite au musée de l’Homme à Paris : Migrations, une odyssée humaine.  Pour aller plus loin : Migrations une odyssée humaineRetrouvez tous nos articles, reportages et émissions sur les thématiques liées aux migrations internationales, à l’immigration et aux réfugiés dans le monde. Découvrez également le site spécialisé InfoMigrants.
La protection de l'enfance est en crise. À titre d'exemple, 3.300 enfants en danger - car maltraités par leurs parents, par exemple - attendent d'être placés faute de moyens ou de structures adaptées à leur accueil. Autre difficulté, ce que l'on appelle les sorties sèches, des sorties sans accompagnement de l'Aide sociale à l'enfance. Si une loi votée en 2022 promettait un suivi jusqu’à 21 ans, ce type de prise en charge reste rare. Dans les faits, beaucoup de jeunes sortent de l'ASE à 18 ans et se retrouvent livrés à eux-mêmes et démunis. La Maison Claire Morandat, dispositif de l’association SOS Villages d’enfants, située à Valenciennes, propose un accompagnement pouvant durer de quelques mois jusqu'à trois ans, pour les jeunes de plus de 18 ans. Avec de la crise politique actuelle, beaucoup de textes sont interrompus, dont la réforme de l'aide sociale à l'enfance. En France, près de 2,5% des mineurs français – soit 381 000 enfants – parce qu'ils sont en danger font aujourd’hui l’objet d’une mesure d'aide sociale à l'enfance. Pour aller plus loin : La maison Claire Morandat à Valenciennes
Ils se comptent sur les doigts d’une main en Europe : le premier bateau fluvial français propulsé à hydrogène a été inauguré le 3 décembre dernier sur la Seine. Baptisée Zulu 06, la barge, qui va naviguer dans Paris et ses alentours, est opérée par l’armateur Sogestran et a bénéficié d’un soutien financier européen. C’est la troisième unité de ce type en Europe, et elle doit encore relever de nombreux défis, dont celui de l’autonomie.  À lire aussiDécarbonation du transport maritime: le port d'Anvers inaugure le premier remorqueur à hydrogène
En France, l’hiver social s’annonce rude. Alors que le pays est plongé dans l’incertitude politique et que les finances publiques sont dans le rouge, l’état de l’économie inquiète fortement. L’automne a été marqué par une vague de plans sociaux et de défaillances d’entreprises. Si les fermetures annoncées par les grands groupes comme Michelin, Auchan ou ArcelorMittal ont attiré l’attention, les petites entreprises ne sont pas épargnées par la crise, au contraire. De notre envoyé spécial à Marseille,Fin novembre, François Asselin, le président de la Confédération des petites et moyennes entreprises, tire la sonnette d’alarme. Il dénonce le « plus grand plan social » en cours dans les petites entreprises. À Marseille, dans le Sud de la France, Pascale Clergue connait bien ce problème : « Quand on est debout sur un chantier, cela veut dire qu’on est debout avec son entreprise et donc cela veut dire qu’on n’est pas mort... », déclare cette cheffe d'entreprise, qui nous reçoit sur l'un des chantiers qu'elle pilote, celui du futur collège jésuite Loyola, situé dans un quartier en pleine mutation de la ville. En mars 2023, son entreprise d’ingénierie dans le BTP a été placée en redressement judiciaire alors qu’elle était en cessation de paiement. « Cessation de paiement, c’est quand vous arrivez au début du mois et que vous ne pouvez plus payer les salaires de vos employés, explique Pascale Clergue. Moi, j’en avais 11, donc c’était très compliqué. »Pour sauver l’entreprise, ébranlée par les crises à répétition, il a fallu licencier tout le monde. « Les raisons sont multiples. Bien évidemment, il y a eu le Covid-19. Pendant deux mois, les chantiers se sont arrêtés, ma trésorerie est devenue catastrophique, se désole-t-elle. Après le Covid-19, nous, on a eu la chance d’avoir beaucoup de travail en 2021, donc on a embauché. Seulement, on était trop juste et quand, en 2022, l’immobilier a commencé à chuter, les taux d’intérêt [ont augmenté], les permis ne sortaient pas, etc. on a plongé. On n’avait pas assez de ressources pour pouvoir maintenir les salariés dans l’entreprise. »À écouter dans 8 milliards de voisinsLes métiers du bâtiment et travaux publics ont de l’avenir« On a des plans sociaux qui sont monumentaux »Anne Jegat est cheffe d’entreprise et juge au tribunal de commerce de Salon-de-Provence. Elle est donc aux premières loges de la crise en cours. « Le tribunal de commerce, c’est un tribunal pour les patrons, géré par les patrons, bénévolement. On juge, mais on conseille énormément. »Elle explique que les plans sociaux touchent moins les TPE et PME que des entreprises de plus grosse importance : « Cela s’appelle encore des PME, mais ce sont des grosses PME. On a des plans sociaux qui sont monumentaux, dont on n’avait pas l’habitude, des entreprises qui faisaient vivre beaucoup de gens et qui s’effondrent. »Désormais seule et lourdement endettée, Pascale Clergue regarde avec inquiétude les remous actuels, mais elle veut croire qu’elle est désormais mieux préparée à affronter la tempête. « Cette traversée pendant deux ans, c’est ce qui m’a le plus appris en tant que cheffe d’entreprise, assure-t-elle. Alors, je ne dis pas qu'il faut que tous les chefs d’entreprise déposent le bilan et remontent une boîte. Mais je crois que Steve Jobs disait : "Pour être un excellent chef d’entreprise, il faut couler trois fois son entreprise." »À lire aussiDéficit, croissance, inflation: les priorités pour le prochain gouvernement français
Énorme succès populaire dans la capitale, les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 ont été suivis, selon le Comité international olympique, par près de cinq milliards de personnes dans le monde. Le milieu sportif français espérait tirer bénéfice de la réussite des Jeux, tant sur les politiques sportives publiques que sur la mise en lumière de certaines disciplines. Or, quatre mois après la cérémonie de clôture des Jeux olympiques, l'heure est plutôt au désenchantement. Que l'ambiance de fête semble loin : feux d'artifice éteints, vasque démontée, symboles olympiques et paralympiques décrochés et sourires envolés. Baisses annoncées de budget des acteurs publics, incapacité matérielle des clubs à accueillir de nouveau licenciés, l'après-Jeux, censé ouvrir des perspectives, ne laisse qu'un goût amer dans la bouche de Philippe Bana, le président de la Fédération française de handball. « Le post-olympique devait être, non pas enchanté, il ne faut pas rêver, mais on en attendait trois millions de pratiquants, une sécurisation et surtout une conscience que le sport, c'est un des rares trucs de la société française qui peut fabriquer de l'éducation, de la société, rassembler les gens, déplore Philippe Bana. Et tu ne parles pas de ça derrière. Il faut vraiment que les gens prennent conscience que ce truc peut aider la France à ne pas sombrer. » Pas coulé, mais déjà bien touché : le dispositif de deux heures de sport supplémentaires au collège testé dans le contexte des JO pour lutter contre la sédentarité des ados ne s'appliquera plus qu'aux zones d'éducation prioritaire. Un mauvais signal pour la championne olympique de sabre Manon Apithy-Brunet : « Le sport, c'est bien pour la santé mentale, mais aussi pour la santé physique, rappelle la championne. Donc, me dire qu'on supprime au fur et à mesure ça... On a déjà des problèmes avec les écrans, donc si on n'ouvre pas le côté sportif aux jeunes, qu'est-ce qu'on va devenir plus tard ? Je pensais que ces Jeux olympiques montreraient des belles valeurs et finalement, on les a montrées, mais on ne s'accroche pas forcément. Donc, ça me rend un peu triste. » À lire aussiLa ferveur des Jeux olympiques et paralympiques dope l'envie de faire du sport en FranceLe budget des sponsors en forte baissePour les médaillés, récolter les fruits de la gloire ne sera pas simple. Paris 2024 a asséché les budgets des sponsors, devenus plus sélectifs. Si Léon Marchand, Teddy Riner ou les frères Lebrun n'ont pas grand-chose à craindre, Nicolas Gestin, qui a décroché l'or en canoë, appréhende la période : « Pour un sport un peu mineur comme le canoë, c'est toujours particulier pour retrouver des entreprises prêtes à continuer l'aventure avec moi et aussi profiter quand même un peu de la médaille, qui m'offre quelques opportunités pour trouver une plus grande assise financière. Parce qu'en plus de ça, mes saisons vont me coûter, entre guillemets, plus cher parce que j'ai tout intérêt à me faire accompagner plus que je ne l'étais avant. Donc voilà, il y a du boulot et c'est un peu le nerf de la guerre de ces prochains mois. »À lire aussiCanoë slalom: Nicolas Gestin, le constructeurEt la situation risque d'être encore plus délicate pour les parasportifs. Le nageur Alex Portal redoute l'opportunisme et le manque de suivi des partenaires. « Certains ont voulu dire, on veut soutenir des sportifs paras, et ceux qui se désengagent après les Jeux, ça montre une facette qui est un peu malsaine, je trouve, déplore le sportif. Finalement, c'était pour quoi ? Est-ce que c'était vraiment humain derrière tout ça ? Donc, voilà, on est contents de ceux qui continuent à pousser dans cette direction-là, parce que dans le para, il n'y a pas forcément d'argent, mais en tout cas, c'est en faisant ces efforts-là que, peut-être un jour, on aura la reconnaissance, comme aux Jeux olympiques. »  Si l'aspect le plus durable des Jeux reste pour l'heure la construction ou la rénovation d'infrastructures, le mouvement sportif attend désormais bien plus, à commencer par une vraie loi « héritage » pour honorer toutes les promesses d'un bel été.À lire aussiAu ministère des Sports, faire vivre "l'héritage" olympique de l'été 2024 avec des crédits en moins
Cette tendance fait suite à l’attaque terroriste du Hamas le 7 octobre 2023 contre Israël et à la guerre qu'Israël mène depuis à Gaza. Un sentiment d’insécurité a conduit des familles juives à délaisser l’école publique pour rejoindre l’enseignement confessionnel.Ces établissements  ont accueilli l’année dernière 11% de plus d'élèves qu''il y a 10 ans. Une croissance qui est pour certains, liée à l’augmentation des actes antisémites en France. À lire aussiHausse des actes antisémites en France: «Vivre en paix est une résistance»À lire aussiExplosion des actes antisémites en France : un phénomène loin d'être nouveau
À Avignon, le procès des viols de Mazan touche à sa fin. C’est la dernière semaine des plaidoiries devant la Cour criminelle du Vaucluse. Le jury rendra son verdict la semaine prochaine. Dominique Pélicot est jugé pour avoir drogué, violé et fait violer sa désormais ex-épouse pendant 10 ans. Commencé il y a près de quatre mois, ce procès a marqué la ville et dans les rues d’Avignon, les collages de collectifs féministes se multiplient. À lire aussiProcès des viols de Mazan: la peine maximale de 20 ans de prison requise contre Dominique Pelicot
La cathédrale Notre-Dame de Paris s’apprête à rouvrir ses portes, cinq ans après l’incendie d’avril 2019. La cérémonie officielle a lieu ce samedi 8 décembre, en présence du président Emmanuel Macron et d’autres chefs d’État étrangers. Le public pourra redécouvrir l’édifice à partir de dimanche, même si des images de l’intérieur ont déjà été dévoilées. On y découvre une cathédrale plus lumineuse et presque chaleureuse. Ce que les visiteurs ne verront pas en revanche, c’est le nouveau système anti-incendie localisé dans la charpente C’est au nord de Paris, à 70 kilomètres de la cathédrale Notre-Dame de Paris, que nous avons rendez-vous. Benjamin Truchot, responsable de l’unité « Dispersion, incendie, expérimentation et modélisation » de l’Ineris, nous accueille dans son bureau. Sur l’écran de son ordinateur, une reproduction en trois dimensions de la nef de Notre-Dame. « Ça, c’est le résultat d’une simulation numérique de propagation de l’incendie dans la nef de Notre-Dame, explique l’ingénieur. Et ce que vous voyez en orange et noir, c’est le feu et la propagation de l’incendie. »Il suffit en effet d’un clic pour démarrer l’animation et observer la propagation du feu version numérique. « L’objectif, c’est de voir à quelle vitesse le feu se propage, à quelle vitesse il atteint la partie haute, comment il interagit avec la ventilation et ça, ensuite, ça nous permet d’imaginer les mesures de sécurité qui vont permettre de juguler la propagation du feu et après de les tester », déroule Benjamin Truchot.Test grandeur natureC’est l’étape suivante : tester en grandeur nature les résultats de la simulation. Pour cela, Benjamin Truchot nous emmène dans un immense hangar, « une chambre d’expérimentation, là où l’on réalise toutes les expérimentations incendies. »Ici a été reproduite à l’identique la charpente de Notre-Dame, dans une version plus petite, qui n’a pas servi bien longtemps, et pour cause : « On a reproduit sur cette charpente un départ identique à un feu qui pourrait se déclencher sur la charpente réelle. »L’expérimentation a eu lieu il y a quelques semaines. Elle a démontré que le feu se propage comme l’avait anticipé la simulation sur ordinateur. Jusqu’à s’éteindre brutalement. Jean-Pierre Bertrand, technicien à l’Ineris, a supervisé le test : « On a démontré qu’après un départ de feu assez massif, le brouillard d’eau arrivait à éteindre le début d’incendie sur la charpente ». Les millions de micro-gouttelettes envoyées par le brouillard d’eau permettent en effet de réduire la température ambiante et d'étouffer les flammes en chassant l’oxygène. Résultat, « c’est le système du brouillard d’eau qui est installé aujourd’hui dans la charpente de la cathédrale », explique Benjamin Truchot.Le moderne au service de l’histoireLe choix du brouillard d’eau pour lutter contre un éventuel nouvel incendie est la conclusion de plusieurs mois de travail et d’un défi : celui d’adapter les dernières technologies numériques aux besoins d’une architecture historique, souligne Benjamin Truchot. « C’est l’intérêt de la modernité et des progrès de la science. C’est la modernité au service de la reconstruction d’un bâtiment historique. » Jean-Pierre Bertrand voit, lui, un autre intérêt à ces semaines d’expérimentation. Celui de faire connaître sa profession. « Les gens comprennent bien l’utilité de mon métier. Ils comprennent que l’on essaye de renforcer la sécurité pour que rien ne se reproduise à l’identique dans le futur. »Benjamin Truchot se montre, lui, plus modeste. « Il y a une petite touche de notre patte à Notre-Dame, oui. » Mais si un nouvel incendie était circonscrit plus rapidement, devrions-nous estimer que c’est aussi grâce à l’Ineris ? « En partie grâce à nous, oui. » L’ingénieur fait toutefois une promesse : cette option n’arrivera pas. À écouter aussiNotre-Dame de Paris : des cendres à la résurrection
Dans deux jours, la cathédrale Notre-Dame rouvrira ses portes. Que serait une cathédrale sans ses cloches ? Celles qui ont été endommagées par l'incendie ont été restaurées et repatinées par les artisans de la célèbre fonderie Cornille Havard, en Normandie. Pour accueillir ces cloches dans la cathédrale, la structure de bois qui les portait a dû être en partie reconstruite, car elle avait brûlé. À la demande de l’archevêque de Paris, Mgr Laurent Ulrich, les 21 cloches de Notre-Dame sonneront à la volée ce samedi 7 décembre à 18h30. Une cloche est une pièce de fonderie, un instrument de musique et un objet symbolique, dont la fabrication mobilise plusieurs corps de métier. À écouter aussiSécuriser Notre-Dame de Paris: les défis et les secrets du métier d’échafaudeur [1/9]
Faut-il mettre un terme aux partenariats avec certaines universités israéliennes ? C'est en tout cas ce que réclament les étudiants de plusieurs facultés françaises (comme cela s'est fait dans deux établissements belge et italien). Pour faire pression sur la direction d'un campus de l'Université Panthéon-Sorbonne, voilà plus d'un mois qu'une partie des étudiants bloquent l'accès à leurs salles de cours. C'est un blocage discret. Les étudiants continuent d'entrer dans leur bâtiment, rue de Tolbiac, dans le 13ᵉ arrondissement de Paris, mais les ascenseurs et escaliers permettant d'accéder aux salles de cours sont condamnés. Ilyes a un keffieh accroché au pantalon. Il fait partie des bloqueurs, qui réclament la fin des partenariats avec deux universités israéliennes. « En fait, l'arrêt de ces partenariats impacterait juste le transfert de connaissances qui sont mis en place entre l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et l'université hébraïque de Jérusalem, ainsi que l'université de Tel-Aviv, la deuxième université avec laquelle on a un partenariat. Mais l'arrêt de ces partenariats n'impacterait aucunement les élèves israéliens qui sont déjà présents dans la fac. » Après plusieurs semaines de mobilisation, une délégation d'étudiants bloqueurs a été reçue par la direction. Aywan en faisait partie. « Au sujet des partenariats avec l'université, ils nous ont dit que pour eux, c'était inconcevable de les arrêter. »L'autre principale revendication : c'est la fin des partenariats avec des entreprises françaises impliquées dans la vente de matériel militaire. « Des entreprises comme Thalès et Safran, qui ont des liens avec la fac parce qu'ils financent des masters et du coup, nous, on leur demandait d'arrêter ça, explique Aywan. En fait, on ne voulait pas qu'ils envoient des étudiants en alternance ou que des entreprises d'armement qui littéralement livrent des armes à Israël qui permettent ce génocide soient acceptées dans notre fac, on trouvait ça inconcevable. Et c'est vrai que pour le coup, sur ce sujet-là, même eux, on les a vraiment sentis débordés. »Les étudiants mobilisés victimes de la violence de l'extrême droitePlusieurs étudiants mobilisés ont été victimes de violences. « Quand on est arrivé, il y avait la Cocarde, qui est un syndicat d'extrême droite. Il n'était pas simplement venu tracter. Il y avait aussi un service d'ordre avec eux qui était venu avec des parapluies, avec des gants coqués et du coup, il y a eu des heurts, s'indigne Julie, une étudiante mobilisée. On a eu un camarade qui a eu une double luxation de l'épaule, on a eu un autre camarade qui a eu un coquard et une petite entorse au poignet. »Des voix se sont élevées dans une tribune contre le blocage. L'une des autrices explique cette initiative, après avoir parlé au téléphone avec la direction du campus. « Je suis élue étudiante donc c'est pour ça que j'étais assez contactée par les étudiants qui demandaient la reprise des cours. Parce qu'il y a de plus en plus d'étudiants qui sont en décrochage scolaire, en difficulté, indique-t-elle. On a voulu rédiger une tribune pour exprimer le fait que nous souhaitions rétablir l'échange et conserver nos partenariats. Parce que pour nous, il nous semble essentiel d'échanger avec tout le monde et avec tous les étudiants du monde, qu'ils soient Palestiniens, Israéliens, Français. »Depuis une semaine, le syndicat étudiant l'UNEF confirme des blocages répétés sur plusieurs campus parisiens, portés par les mêmes revendications.À lire aussi«Critiquer la politique du gouvernement israélien est aujourd’hui qualifié d’antisémitisme»
Le loup pourrait bientôt être moins protégé dans l’Union européenne, la Convention de Berne se penche, en cette semaine de début décembre, sur son statut. Il pourrait ainsi passer d’espèce « strictement protégée » à « protégée », car il représenterait un « réel danger » selon Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, contredite par des centaines d'ONG. Certains éleveurs, eux, essayent de vivre en harmonie avec les prédateurs. De notre envoyé spécial à Chemillé-en-Anjou, Dans la ferme des Blottières, à Chemillé-en-Anjou, dans le Maine-et-Loire, au nord-ouest de la France, Benoît Huntzinger met à l’ordre du jour une pratique ancestrale pour protéger son troupeau de brebis. Dans cette région où le loup revient petit à petit, c’est une ânesse qui protège ses 160 brebis, Castafiore, un baudet du Poitou. « Elle vit avec les brebis toute l’année dehors, observe le fermier. On l’a eue très très jeune, ce qui fait qu’il y a eu une sorte d’imprégnation. On nous dit qu’un âne ne doit jamais être seul, etc. En fait, elle, si, elle peut, parce qu’elle n’est pas toute seule, elle est en compagnie de ses copines ! » Certains pourront s’étonner qu’une ânesse, plutôt qu’un chien de berger, défende le troupeau. Pourtant, les explications sont très simples : « Ce qu’il faut savoir, c’est qu’un cheval, un âne, un équidé, ils ont horreur des canidés — les chiens, les renards, les loups. Alors un cheval, quand il voit un danger, sa solution à lui, c’est la fuite. Un âne, c’est territorial. Quand il y a un danger, il va d’abord commencer par défendre son territoire, explique Benoît Huntzinger. Castafiore, son territoire, elle le partage avec nos brebis. Et nous, on l’a vu faire. Je peux vous dire que c’est efficace. »Résultat, l’ânesse a la confiance des brebis : « C’est [Castafiore] la gardienne et les brebis le savent. Et quand il y a un danger, toutes les brebis se regroupent et se mettent derrière Castafiore par rapport au danger. Donc, elle va aller voir ce que c’est et elle va, s’il le faut, faire le nécessaire. Alors, on va dire : le jour où il y aura un loup, votre ânesse, elle ne fera pas long feu. Je ne sais pas si vous avez déjà vu un âne s’occuper d’un sanglier ou autre chose comme ça, ça peut être très très très violent ! »À lire aussiLe loup, le meilleur ennemi de l’hommeUne prédation qui a diminué de 90 %Et les résultats sont là. Depuis son arrivée, la prédation a diminué de 90 %. « Moi, aujourd’hui, je suis un éleveur serein. J’ai un niveau de prédation tout à fait acceptable, témoigne le fermier. Il y a d’autres aspects qui sont très importants pour moi. L’avantage qu’a notre ânesse Castafiore, c’est qu’elle mange la même chose que les animaux qu’elle protège et ça, c’est extraordinaire. L’autre aspect, contrairement aux chiens de protection, il n’y a pas de risque pour les promeneurs et les cyclistes de se faire attaquer par notre ânesse. On a rarement vu un baudet du Poitou courir après un cycliste. Nous, ça nous permet d’avoir une cohabitation sereine entre les différents utilisateurs de la campagne et de notre espace sur la ferme. »Mais Benoît Huntzinger le concède volontiers, il n’a rien inventé. Cette méthode a simplement été oubliée : « Il y a un siècle, quand le loup était encore plus massivement présent qu’aujourd’hui, il y avait un dicton breton qui disait : “Là où il y a des moutons, il faut qu’il y ait un âne.” En fait, c’est une technique qui est ancienne, qu’on essaie juste, nous, de remettre au goût du jour, peut-être de façon un peu modernisée. Et encore, c’est un euphémisme. » Avec l’appui de scientifiques du CNRS qui, grâce à cet éleveur, peuvent mettre à jour leurs données, pour réhabiliter plus largement cette technique à une époque où la protection du loup pourrait être revue à la baisse par l’Union européenne.À écouter dans 8 milliards de voisins Mygales, loups, crocodiles... ces animaux sauvages, nos voisins
En France, c'est la semaine de tous les dangers pour le gouvernement de Michel Barnier, il pourrait tomber dès cette semaine si un 49.3 est dégainé ce lundi 2 décembre à l’occasion du vote du budget de la Sécurité sociale et qu’une motion de censure est ensuite votée. Dans ce climat d’instabilité politique, certains parient qu’Emmanuel Macron finira par déclencher de nouvelles élections dès l’été prochain et les partis politiques se préparent. Le parti d'extrême droite, le Rassemblement national (RN), organise depuis plusieurs semaines des formations en ligne pour ses nouveaux adhérents. Il est 11h30 et rue Michel Ange, au siège du Rassemblement national, dans une petite pièce, Edwige Diaz, vice-présidente du parti, est assise devant un ordinateur, entourée de caméras et de projecteurs. Une centaine de nouveaux adhérents du RN sont connectés au live YouTube. Au programme, pendant quarante-cinq minutes, une présentation du RN. « Nous sommes le premier parti de France », rappelle la vice-présidente, suivi d'un question-réponses : « La première question qui me parvient : comment fait-on pour distribuer les tracts sur les marchés ? »Parmi les participants au live, un chargé de sécurité, une retraitée, une secrétaire médicale ou encore une cheffe de rayon. « J'ai appris plein de choses. Déjà, comment se rendre sur les sites et les différentes formations du Rassemblement national », témoigne cette participante.Certains adhérents ne cachent pas leur désir d’avoir un jour des responsabilités au sein du parti d'extrême droite, comme le confie une autre adhérente : « Je me suis proposée pour rejoindre une liste Rassemblement national. Je vais continuer effectivement à suivre les différentes formations et j'espère un jour pouvoir intégrer le parti par des élections. »Détecter des profils intéressantsÀ travers ces formations, le Rassemblement national cherche à stimuler ses militants et à détecter des profils intéressants. « Il y a des formations pour les nouveaux adhérents programmatiques, des formations sur le media training, ça fait entre cinq et dix formations par mois, liste Edwige Diaz. C'est un vivier de cadres de demain, de candidats de demain et d'élus de demain. »Il faut dire que lors des législatives de juin dernier, certains candidats s’étaient fait remarquer, notamment pour leur cruel manque de maîtrise des dossiers. Mais ces problèmes n’ont rien à voir avec ces nouvelles formations, défend Edwige Diaz : « Nous n'avons pas mis en place ce dispositif pour éviter quelques accidents qui sont très minoritaires. Nos candidats seront formés, mais en temps voulu, quand ils seront pré-investis. »À lire aussiLégislatives en France: pourquoi le RN peine à faire de ses militants des candidats crédiblesLa démarche du RN est pragmatique, analyse de son côté Benjamin Morel. Pour le politologue, le parti à la flamme et a encore plus intérêt que d’autres à s’intéresser à la question, notamment au vu du profil sociologique des militants : « Si vous n'avez pas des cadres qui sont formés, structurés, vous donnez une mauvaise image de vous au niveau local, explique le politologue. Ça permet également de les sélectionner. Les adhérents du Rassemblement national viennent souvent plutôt des classes populaires. Les formations qui pourraient approcher le métier politique sont souvent moins présentes que, par exemple, des structures comme La République en marche où là, on a été chercher des cadres, des CSP+. »Le Rassemblement national affirme être en ordre de marche. Mais au-delà des postures, une réalité : une nouvelle dissolution de l’Assemblée pourrait intervenir dès l’été prochain, dans sept mois seulement.À lire aussiFrance: Michel Barnier fait deux pas vers l'extrême droite pour tenter d'éviter la censure
Du Mali à la France, il est resté le gardien des moutons et des chèvres. Rencontre avec Yaya Touré, le berger du parc des Chanteraines à Villeneuve-la-Garenne. Nous sommes en Seine-Saint-Denis, près de Paris, dans un îlot de verdure au milieu des barres d'immeubles.
Pas facile de se partager la route, notamment entre les conducteurs de voitures qui ont l'impression d'être les seuls à respecter le code de la route et les cyclistes ou les piétons qui se sentent bien fragiles. Car en cas d'accident, ce sont eux les plus vulnérables. Un cycliste de 27 ans est mort le 15 octobre à Paris, écrasé par un SUV dont le chauffeur a été mis en examen pour meurtre. Paul Varry militait dans l'association Tous en selle. Ce drame illustre les tensions entre automobilistes et cyclistes. Paris réfléchit à l'interdiction des SUV, une consultation est en cours.  À lire aussiMobilités en ville: «Il y a beaucoup à faire en matière d'éducation et d'urbanisme»
À Avignon se tient depuis plus de trois mois le procès de Dominique Pelicot et de ses co-accusés jugés pour avoir violé Gisèle Pélicot, alors qu’elle était droguée par son mari. Un procès « hors norme » au retentissement international où la presse étrangère est très présente. Et pour cause, l’enjeu sociétal de ce procès dépasse les frontières françaises, d’après les journalistes étrangères sur place. À lire aussiProcès des viols de Mazan: la peine maximale de 20 ans de prison requise contre Dominique Pelicot
Des mamans africaines et leurs bébés aux Restos du Cœur. Environ 10 % des bénéficiaires des Restos du Cœur sont des bébés et 128 000 enfants de moins de 3 ans ont passé les portes des Restos en 2023-2024. Devant une hausse préoccupante des demandes, les Restos du Cœur élargissent leur accompagnement des familles précaires, notamment des plus petits, et lancent leur 40ème campagne nationale. L'association Resto Bébé du cœur située au centre de Paris, à deux pas de l'église saint Roch, est unique en son genre, car elle reçoit les bénéficiaires – essentiellement des mamans étrangères sans ressources – sur inscription, toute l'année. Avec une permanence le mardi et le jeudi. La structure compte 120 familles inscrites et reçoit environ 35 mamans par semaine.  ► Opération Restos Bébés du CoeurÀ écouter aussiFrance : les pouvoirs publics ont-ils abandonné les classes populaires ?
Arrivées en France pour fuir la guerre en Ukraine, ce sont majoritairement des mères de familles, des personnes âgées ou à la santé vulnérable. Depuis mars 2022, l’Union européenne leur accorde le statut de protection temporaire, une autorisation de séjour provisoire avec laquelle les ressortissants ukrainiens peuvent travailler. Mais dans certains cas, l’insertion professionnelle, nécessaire à leur émancipation et à leur survie, est difficile.  De notre envoyée spéciale à Metz, en Moselle, à l’est de la France,Chaque jeudi après-midi, dans le petit local du Centre ukrainien de Metz, Olga vient prendre quelques leçons de français, mais elle ne reste jamais très longtemps. Elle est arrivée de Kharkiv en mars 2022 avec son fils de 10 ans, qui a ramené dans ses valises le traumatisme de la guerre. « Son niveau est excellent, mais il ne parle pas, il ne mange pas, il ne reste pas déjeuner à la cantine et je dois chaque jour aller quatre fois à l’école, témoigne Olga. Parfois, il a une crise de panique quand il y a beaucoup de gens. Sa jambe est paralysée. Je pense que ce n’est pas psychologique, c’est psychiatrique... »Olga vit avec son fils, sa seule famille, dans un foyer. Pharmacienne en Ukraine, elle rêve d’un appartement à eux pour se reconstruire en toute intimité. Mais pour ça, il faut un emploi. « Je devrais faire une formation de trois ans pour valider que je suis pharmacienne. Maintenant, c’est impossible, regrette-t-elle. Je travaille comme femme de ménage. Avant de déjeuner, je fais un nettoyage. Après, je prends mon fils. Après déjeuner, je retourne à l’école et après, je fais encore un ménage. Tous ces obstacles, c’est dur. Parfois, je n’y arrive pas. »À lire aussiUn rapport du HCR sur les réfugiés ukrainiens en France pointe l’intérêt d'un hébergement citoyen accompagné« Mon diplôme, mon expérience maintenant, c’est rien. »À côté d’elle, Valentina est arrivée en France avec ses quatre enfants sous le bras et ne trouve pas de travail. C’est la gorge nouée qu’elle raconte sa nouvelle vie. « Je travaillais comme infirmière ou assistante médicale. J’adore mon métier. Malheureusement, ce n’est pas possible d’avoir un équivalent ici. Parce que mon diplôme, mon expérience maintenant, ça ne marche pas. C’est rien. »Sa seule solution, repasser les concours du médical. Mais pour ça, il faut obtenir un certificat de langue française et donc suivre des cours. Difficile à caser quand on est seule. « Quatre enfants, c’est beaucoup de travail. À la maison, je suis très occupée avec les enfants. Il y a toujours quelqu’un de malade. »Comme de nombreuses familles, Valentina devra quitter le logement social qu’elle occupe à la fin de la trêve hivernale, en mars 2026, date à laquelle la protection temporaire des Ukrainiens en Europe prend officiellement fin.À écouter dans L'invité international«Nous ne démantèlerons pas les outils de solidarité pour l’accueil des Ukrainiens», assure Joseph Zimet
C’est le procès dont on parle le plus en ce moment en France : celui des viols de Mazan. Cinquante hommes jugés à Avignon et accusés d’avoir violé Gisèle Pelicot, droguée à son insu par son ex-mari avec des anxiolytiques pendant 10 ans. Droguer une personne sans qu’elle ne s’en rende compte, à des fins délictuels, c’est ce que l’on appelle la soumission chimique. Une pratique loin d’être nouvelle, mais davantage médiatisée à l’occasion du procès Mazan. Pourtant, elle reste largement méconnue des professionnels de santé. Alors pour les aider à repérer et accompagner les victimes, des formations leur sont proposées, comme à l’Assemblée nationale. Ils sont médecins, sage-femmes, urgentistes et, pour beaucoup, toujours en études. Ils arrivent avec leurs interrogations. « Si on a une suspicion de soumission chimique, ne vaut-il pas mieux faire des prélèvements sanguins et urinaires dès les urgences ? », s’interroge une participante. Pour lui répondre, une médecin-légiste, spécialisée dans la prise en charge des victimes de soumission chimique : « Il faudrait former des professionnels, des infirmiers dans votre service qui soient en mesure de s’assurer que ce qui a été prélevé, a été prélevé correctement, dans les bons tubes. » Au dernier rang, Flavie griffonne quelques notes sur son carnet. En septième année de médecine générale à Paris, en France, elle n’a jamais étudié la soumission chimique : « On nous parle beaucoup des violences conjugales, des cycles de violence, mais c’est vrai que la soumission chimique, on n'en a pas entendu parler dans le cadre de nos études », observe l’étudiante.La soumission chimique est un impensé des manuels scolaires. Si bien que Margaux, étudiante sage-femme, l’assure : elle aurait bien du mal à déceler les symptômes d’une victime et à la prendre en charge : « Je n’en suis clairement pas capable et c’est pour cela aussi que j’ai choisi de venir, pour me former à cela, car je n’étais pas du tout à l’aise avec la question. C’est essentiel pour notre formation et pour que l’on puisse voir des femmes dans n’importe quel cabinet, dans n’importe quel service et pouvoir les aider. »  « Il faut en parler et vulgariser »Aider, conseiller la victime, l’orienter vers le meilleur interlocuteur, c’est l’objectif de cette formation. L’intérêt est aussi d’éviter les errances médicales identifiées au procès Mazan. Gisèle Pelicot avait alerté ses médecins, évoquant des douleurs gynécologiques, des pertes de mémoire, mais aucun n’avait établi de lien avec la soumission chimique. Pour la gynécologue Ghada Hatem, fondatrice de la Maison des femmes, ce sont donc de nouveaux réflexes qu’il faut acquérir : « Quand une personne va voir le médecin et lui dit : "Je me sens bizarre, je m’endors facilement", au lieu de dire : "Elle est folle", il faudrait tout de suite penser à des substances qu’elle prend malgré elle. Il faut toujours interroger le patient qui, peut-être, vit des choses dont il ne va pas vous parler spontanément. Mais si vous posez la question, il va vous les dire. »L’autre question posée par le procès Mazan est de savoir comment l’ex-mari de Gisèle Pelicot s’est procuré autant d’anxiolytiques, sans que cela alerte son pharmacien. Pour Ghada Hatem, il faut engager une réflexion autour du médicament : « Vous pouvez aller avec une ordonnance dans quatre pharmacies ou bien chez trois médecins différents en disant : "J'ai du mal à dormir". Chaque médecin, en toute bonne foi, va vous prescrire une, deux ou trois boîtes d’un médicament. Donc, il faut réduire les stocks. Et malheureusement, aujourd’hui, on ne contrôle pas trop ce que les gens achètent. C’est pour ça qu’il faut en parler, et vulgariser. »Après une journée d’écoute attentive, Flavie confirme l’intérêt de cette formation : « C'est intéressant de savoir comment cela fonctionne et comment les patientes sont prises en charge. Ça devient plus concret. » L’étudiante promet de partager ce qu’elle a appris avec d’autres étudiants.À lire aussiAffaire Mazan: Gisèle Pelicot fustige une société «machiste» qui doit «changer de regard sur le viol»
C’est une statue qui fait polémique. À Toul, dans la région Grand Est, une sculpture du Général Marcel Bigeard a été érigée le mois dernier. Célébré comme héros de la résistance et de la guerre d'Indochine, le militaire cache aussi un passé de tortionnaire au temps de l’occupation française de l’Algérie. Un visage terrifiant que n'ont pas oublié les Algériens victimes de ses méthodes et leurs descendants, dont certains résidents aujourd'hui, à Toul, à deux pas de la statue récemment sortie de terre. De notre envoyée spéciale à Toul,
L’hiver en France s’annonce difficile sur le plan social. D’après les services de l’État, plus de 50 000 entreprises seraient en difficulté en France. Le ministre de l’Industrie dit s’attendre à des milliers de suppressions d’emplois dans les mois à venir. La CGT avance même le chiffre de 150 000 emplois menacés. Début novembre, Auchan et Michelin ont donné le « là » avec des plans sociaux qui laissent plusieurs milliers de salariés sur le carreau. Le spécialiste du pneu va fermer deux usines à l’ouest de la France, à Vannes et Cholet. Cholet où les salariés tentent de faire face. Devant l’usine, les salariés en colère ont amassé un gigantesque tas de pneu surplombé d’une potence, où se balance au bout d’une corde un mannequin vêtu du bleu de travail des ouvriers d’ici. « Michelin assassin » est tagué avec rage à côté du pendu.À l’arrière, les grilles sont fermées, protégées de part et d’autre par les salariés. Bastien You, ouvrier et militant CGT, explique que le camion qui devait livrer les matières premières à l’usine est empêché de rentrer : « On est quelques-uns à être en grève ou en absence indemnisée. C'est protéiforme, cela ne rentre pas das des cases. Mais ce qui est sûr, c'est que depuis deux semaines, il y a 150, 200 travailleurs qui se relaient pour tenir le piquet, le jour et la nuit. Là, on a des camarades qui sont venus pour empêcher le camion de rentrer. Parce que, même s'ils se disaient qu'aujourd'hui, ils n'avaient pas les moyens de faire grève, ils n'ont aucune envie que les camions repartent, car c'est leur seul moyen de pression face à Michelin. »Un sentiment d'abandon Dans la foule des ouvriers, Mohamed, 36 ans chez Michelin : « C'est un dégout total parce qu'en 36 ans, on pensait connaître la boîte, mais on s'aperçoit qu'ils n'ont aucun respect pour l'humain, ils nous ont pressé comme des citrons. J'étais en équipe, donc on est complètement usés : des problèmes de tendinite aux épaules, aux genoux, et puis maintenant qu'on est détruits, ils nous balancent vulgairement quoi ! »Xavier Cailloux, délégué syndical CFDT, est résigné. Pour lui, l’avenir du site est scellé, la production ne reprendra après 2026 : « C'est donner un faux espoir aux salariés et les salariés n'ont pas besoin d'avoir de faux espoirs. Il faut avoir une certitude. Une certitude de partir avec un chèque décent, une certitude d'avoir une formation à la hauteur de ce qu'ils ont besoin pour pouvoir se reconvertir, C'est quand même une population – comme beaucoup d'usines françaises – assez vieillissante. Donc, on ne se reconvertit pas comme cela, il faut se donner les moyens. Il n'est pas question que 20 %, 25 % des gens qui sont là, moi y compris, après tout ce qu'on a donné, finissions notre carrière au chômage, comme des malpropres. »« Préparé depuis très longtemps »L’usine de Cholet a 60 ans, les locaux sont vétustes, et malgré plus de 3 milliards d’euros de bénéfices en 2023, Michelin n’a pas investi dans le site, déplore Richard Grangien, délégué syndical CGT : « Nous avons des bâtiments qui sont vétustes, l'atelier des cuissons qui s'écroule même, c'est un atelier qui est sur deux étages. C'est bourré d'amiante, le sol s'écroule. Donc, oui, il n'y a pas eu d'investissement du tout, cela est sûr. C'est préparé depuis très longtemps, cela ne vient pas du marché chinois qui se réveille ou quoi que ce soit ! »Après quelques heures, le camion finit par rebrousser chemin sous les applaudissements des ouvriers, les huissiers mandatés par la direction ont acté le blocage. Une joie de courte durée, car beaucoup s’inquiètent pour l’avenir.À lire aussiFrance: indignation des salariés après la suppression de plus de 3600 postes à Michelin et Auchan
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