La plupart des cinéastes laissent les choix des objectifs et des lumières et autres équipements de prise de vues à leur directeur de la photographie, en leur confiant ainsi le style et l'aspect visuel du film. Ce n'est pas le cas de Kubrick qui travaille toujours avec des artistes et des techniciens de renom, mais qui se tient prêt en permanence à utiliser les innovations techniques et les procédés qui l'aideront à trouver la solution parfaite. Tout au long de sa carrière, il achète, modifie et teste des équipements de prise de vues très divers. En quoi cette passion de Kubrick pour les techniques de prise de vues influence-t-elle effectivement ses images ?
Dans L'Image-temps, Gilles Deleuze voyait en Stanley Kubrick, à l'instar d'Alain Resnais, un cinéaste "de l'identité du monde et du cerveau". En partant de Shining, nous questionnerons et prolongerons ce rapprochement en avançant trois autres noms de cinéastes explorateurs d'états limites du monde et de la conscience : David Lynch, Michael Haneke et Gus Van Sant.
Dès le début de son œuvre, Kubrick s'est démarqué des styles hollywoodiens dominants, privilégiant la recherche de la singularité et de la nouveauté. C'est ainsi qu'il élabore son odyssée de l'espace, destinée à révolutionner la science-fiction. Nourri de plusieurs films des années 1950, qu'il améliore techniquement, 2001 puise dans les registres des cinémas expérimental et scientifique, comme dans la musique classique, avec l'idée, a priori paradoxale, d'un grand spectacle sidérant en Cinerama.
Un fil rouge relie les films de Kubrick qui sont autant d'avertissements en forme de fables : le rapport au cœur de chaque homme et dans la société entre une volonté de contrôle, l'affirmation de la raison et l'irruption de la passion, de la violence et du refoulé.
Rencontre avec Ken Adam, Marisa Berenson, Michel Ciment, Nigel Galt, Jan Harlan, Christiane Kubrick, Tim Heptner, animée par Serge Toubiana.