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Survivre et prospérer dans un monde incertain
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Survivre et prospérer dans un monde incertain

Author: Philippe Silberzahn

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Podcasts de Philippe Silberzahn sur l‘entrepreneuriat, l‘innovation et la transformation dans un monde incertain. Décryptage de l‘actualité, analyse de cas réels, opinions. 1 nouvel épisode (au moins) par semaine tiré de son blog.
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L’incertitude, ce n’est pas rassurant. Mais la meilleure manière de se rassurer et de pouvoir agir, ce n’est pas de rechercher des certitudes. C’est une quête sans espoir, et surtout dangereuse. Mais alors comment éviter la paralysie? En avançant à partir de croyances, de façon prudente. C’est la grande leçon, très pratique, du philosophe Ludwig Wittgenstein qui en cela met une grande baffe à Descartes.
Nous vivons dans un monde de surprises, provoquant des événements inattendus, aux conséquences parfois très importantes. Mais ce qui frappe avec chacun de ces événements, c’est que tout le monde n’est pas surpris par eux. Autrement dit, ce qui nous surprend dépend de qui nous sommes. La surprise est un phénomène largement auto-infligé, produit d’un aveuglement. Celui-ci résulte de croyances aveuglantes, des certitudes renfoncées par des mécanismes sociaux, une bulle d’illusion dans laquelle nous nous enfermons avec ceux qui croient les mêmes choses que nous. Un exemple tout à fait typique de cet aveuglement est celui de la seconde victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle américaine.
En management comme dans beaucoup d’autres domaines, l’enfer est pavé de bonnes intentions. La bienveillance, devenue un impératif dans de nombreuses organisations, est de celles-ci. Sous couvert d’indulgence, elle interdit la critique et invisibilise les individus. Elle est une forme de violence qui corrode le collectif.
La saga du Doliprane défraie la chronique au point qu’on a l’impression que la survie de la France est en jeu. Les politiques rivalisent de déclarations solennelles sur la souveraineté, l’indépendance et la réindustrialisation de notre pays. Que cette souveraineté repose sur la maîtrise de la fabrication d’un médicament vieux de plus d’un siècle, vendu quelques euros, et dont le principe actif restera de toutes façons importé de Chine, ne manque cependant pas d’interpeller. Avons-nous perdu la tête? Et si, derrière le bruit et la fureur, cette affaire ne révélait pas finalement une illusion française tragique sur les sources de la puissance et de l’indépendance?
La France a peur. Peur de l'avenir, peur des technologies, peur de son ombre. Nous sommes devenus des pétochards. Nous ne voyons que le côté négatif des nouvelles technologies. Parlez biotech, on vous répond "Frankenstein". Parlez robots, on vous répond chômage. L'IA n'échappe pas à la règle: Skynet n'est jamais loin dans la discussion. Si nous ne changeons pas rapidement de posture, nous passerons à côté d'une des plus grandes révolutions industrielles, et les conséquences seront catastrophiques.
Nous adorons détester Elon Musk. Nous le détestons encore plus depuis qu’il a pris fait et cause pour Donald Trump dans l’élection présidentielle. Mais cette détestation constitue un moyen bien pratique pour nous aveugler sur un fait peu agréable: Avec SpaceX, Musk construit l’avenir de l’espace tandis que l’Europe s’assoupit.
Pour comprendre le monde et lui donner un sens, nous en développons un modèle. Celui-ci focalise notre attention sur ce qui compte. Il nous fournit une théorie explicative créant des catégories qui nous permettent d’agir. Mais nous répugnons à le changer lorsqu’il ne fonctionne pas ou que le monde change, parce qu’il définit aussi notre identité. Lorsque sa capacité explicative est en question, nous nous enfermons dans une bulle déconnectée de la réalité. Dans le domaine politique, ce phénomène est illustré par deux personnalités à l’opposé du spectre politique: Judith Butler et Charlie Wilson.
Toutes les organisations rencontrent des difficultés de recrutement et de rétention de collaborateurs. Pour résoudre cette difficulté, elles ont compris qu’il fallait s’adapter à leurs demandes, même si celles-ci sont parfois étranges. Mais s’adapter jusqu’où? Faut-il tout passer aux jeunes recrues? Rien n’est moins sûr, car c’est l’existence même du collectif qui est en jeu.
Notre discours est saturé d’assertions que l’on présente comme des évidences jusqu’à ce qu’on les examine de plus près et que l’évidence disparaisse. L’une d’entre elles, c’est presque devenu un mème du discours public convenu, est que « nous laissons un monde en piteux état à nos enfants. » Décryptage.
Electrochoc. Cri d'alarme. Danger existentiel. Le moins que l'on puisse dire est que le rapport sur la compétitivité de l'Europe remis le 9 septembre par Mario Draghi, ancien directeur de la BCE, à la présidente de la commission européenne, a fait parler de lui. Le rapport marque une salutaire prise de conscience sur le déclin de l'Europe, dont il identifie bien les symptômes. Il en va autrement des remèdes proposés, qui restent convenus - un plan, un emprunt et une politique industrielle. C'est donc une occasion ratée, ou presque.
La façon dont nous regardons le monde – via nos croyances – détermine les questions que nous posons, et les questions que nous posons ouvrent des perspectives ou, au contraire, en ferment, sur les grands sujets. Et sur nombre de ces sujets, nous nous trompons de question. Nous voulons lutter contre la pauvreté alors qu’il faut comprendre pourquoi il y a de la richesse, lutter contre le crime au lieu de comprendre pourquoi certains résistent à sa tentation, ou lutter contre les fake news au lieu de nous demander pourquoi certains les ignorent. L’épistémologie sociale – c’est-à-dire l’étude de phénomènes tels que la connaissance, la croyance et la compréhension dans la société – a donc besoin d’une inversion explicative: si nous voulons comprendre le monde et aborder les grands sujet de notre temps avec succès, il faut poser les bonnes questions.
La résolution de problème est un paradigme universel et pourtant très dangereux. Nous croyons en effet que le monde est rempli de problèmes, et que nous pouvons les résoudre, pour peu qu’on s’y mette vraiment. C’est pourtant faux. Beaucoup de problèmes sont résolus de façon indirecte, grâce à une solution qui n’avait pas été imaginée par ceux qui y étaient confrontés. Il est donc important de laisser se développer l’innovation gratuite, c’est-à-dire des solutions sans problème, même si cela semble aberrant.
La plupart des philosophies de transformation, qu’elles soient politiques ou organisationnelles, opposent un présent insatisfaisant à un futur idéal à atteindre, faisant de cet idéal un guide et une source de motivation. Lorsque cet objectif est particulièrement ambitieux, il se transforme en utopie. Cependant, ces philosophies peinent souvent à indiquer un chemin clair pour passer du présent à cet idéal. En s’inspirant de la pensée apocalyptique, certains utopistes soutiennent que seule une crise peut permettre ce passage, allant jusqu’à la souhaiter activement. Cette approche, bien que séduisante pour ses promesses de changement radical, comporte des dangers significatifs.
Comment unifier ou réunifier un peuple en des temps de fragmentation et de divisions profondes? La question est brûlante mais elle n’est pas nouvelle. Le concile de Nicée, organisé par l’Empereur Constantin en 325 pour résoudre les querelles religieuses du monde Chrétien, se la posait déjà. La réponse apportée résonne encore aujourd’hui.
La classe politique française est en faillite intellectuelle et morale, incapable de résoudre les problèmes du pays. La société civile, en particulier les entreprises, doit prendre les choses en main pour naviguer dans cette crise. Pour cela, elle doit abandonner certaines croyances sur la primauté et l’efficacité de l’initiative politique pour jouer un rôle plus actif et pragmatique dans la transformation du pays.
Il est fréquent en stratégie de distinguer ce que fait une organisation (ses produits et services), considéré comme la partie noble, de comment elle le fait (son organisation, ses processus, ses ressources, etc), considéré comme subalterne. Cette distinction et sa hiérarchie induite sont sources de nombreux problèmes. En particulier dans une entreprise en difficulté, il est crucial de diagnostiquer et de résoudre les problèmes organisationnels internes avant de s’intéresser aux produits. Une stratégie efficace doit commencer par une remise en ordre de l’organisation et la mise en place des bonnes personnes aux postes clés.
Nous vivons dans un monde artificiel, façonné par l’homme. La plupart de ce que nous consommons, animal ou végétal, est le produit de modifications génétiques que nous avons faites au cours des derniers milliers d’années. La création d’objets artificiels tangibles ou intangibles est l’expression de qui nous sommes en tant qu’espèce. L’artificiel, c’est notre nature.
Connaître notre nature profonde pour révéler ce qu’elle a d’authentique est une quête aussi ancienne que l’humanité et le sujet est inépuisable. En ce domaine, on tombe rapidement dans le travers du narcissisme – « Découvrez vos pouvoirs cachés ! », « Révélez l’extraordinaire en vous ! » ou, de nos jours, « Révélez le leader en vous ». Ici, le message implicite, et souvent explicite, est « vous êtes formidable et vous ne le savez pas. » Mais est-ce si sûr? Et si le faire croire était finalement contre-productif? Car l’idée apparemment paradoxale est que c’est précisément parce que nous ne sommes pas formidables que nous pouvons faire des choses formidables.
Beaucoup d’innovateurs ont réussi alors qu’il n’y avait a priori aucune demande pour leur produit. Ils ont dû créer leur marché. Comment ont-ils fait? En inventant un modèle d’affaire original. C’est la leçon de l’histoire édifiante d’Haloid, pionnière de la photocopie dans les années 50 et l’inconnue la plus célèbre de l’histoire de l’innovation.
On pense souvent que l’innovation de rupture réussit parce qu’elle est plus performante que les solutions actuelles, qu’elle traduit une forme de supériorité technologique. Il n’en est rien. De façon sans-doute paradoxale, elle réussit souvent alors qu’elle est inférieure en termes de performances. Mais il y a un « mais »!
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