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Survivre et prospérer dans un monde incertain
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Survivre et prospérer dans un monde incertain

Author: Philippe Silberzahn

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Podcasts de Philippe Silberzahn sur l‘entrepreneuriat, l‘innovation et la transformation dans un monde incertain. Décryptage de l‘actualité, analyse de cas réels, opinions. 1 nouvel épisode (au moins) par semaine tiré de son blog.
197 Episodes
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Le décrochage économique de l’Europe, et surtout de la France, par rapport aux autres grands acteurs que sont les États-Unis et la Chine, entre autres, est désormais avéré. Il s’observe quels que soient les indicateurs quantitatifs (croissance, productivité) et qualitatifs (retard voire absence pure et simple dans tous les nouveaux secteurs technologiques tels que IA ou biotech). Le plus inquiétant n’est pas le décrochage en lui-même – rater des trains, cela arrive. Le plus inquiétant est l’absence de réaction, voire tout simplement d’intérêt pour cette question pourtant vitale. Cette absence d’intérêt est particulièrement étonnante de la part des grandes écoles, et notamment des écoles de management, qui devraient être au premier rang de la mobilisation.
Comment un collectif peut-il fonctionner alors que nous avons chacun des fins radicalement différentes? La question est aussi ancienne que l’humanité. Pendant très longtemps, la réponse a été de deux ordres: soit par la force, en soumettant le groupe à un chef puissant, soit par l’idée, en unifiant le groupe autour d’une finalité commune (religieuse, philosophique ou politique). En 1648, après trente ans de guerres de religions, le traité de Westphalie apporte une réponse radicalement différente: unifier l’Europe en renonçant à l’impératif de finalité commune. Cette réponse, révolutionnaire, résonne encore aujourd’hui, bien au-delà du seul domaine politique.
Le déclin de la France ne fait plus guère débat aujourd’hui. Il se manifeste par quantité de chiffres économiques et sociaux. De puissance moyenne, nous devenons peu à peu une puissance impuissante, rongée par des problèmes économiques, financiers et sociaux qui nous semblent insolubles. Le monde se construit sans nous, une réalité difficilement acceptable pour un peuple qui a longtemps prétendu le guider par sa flamme. Pour comprendre la logique de ce déclin, il est intéressant de relire l’historien Arnold Toynbee, spécialiste de l’histoire des civilisations. Pour lui, le déterminant de l’ascension et du déclin d’une civilisation est sa capacité créative. C’est une perspective fascinante.
Une nouvelle fois le monde a été complètement surpris par un tournant brutal du cours des choses. Le régime politique Syrien de Bachar el-Assad, en place depuis plus de cinquante ans, s’est effondré comme un château de cartes. Il en va des régimes comme des organisations: La solidité apparente masque une grande fragilité. La croyance en la continuité est illusoire. Les dirigeants s’enferment dans une bulle déconnectée de la réalité qui finit un jour par les rattraper. Si la France n’est pas la Syrie, on ne peut néanmoins s’empêcher de noter des similarités fort inquiétantes. La France est-elle menacée d’un tel effondrement?  
Après les 76 jours sans gouvernement du printemps dernier, c’est reparti pour une crise politique. Elle va avoir un impact négatif très important sur l’économie, et celui-ci est déjà visible. Une classe politique totalement décrédibilisée s’écharpe sur le pont du Titanic alors que le monde est en flammes. Or cette classe ne survit que parce que, malgré son incompétence, son immoralité et son irresponsabilité, nous continuons à la révérer. Nous ne payons pas tant le prix de son incurie que celui d’avoir trop longtemps accepté la supériorité morale du politique comme évidente. Il est temps de la contester.
Quelques mois après l’incroyable fête des jeux olympiques, la restauration de Notre Dame est une nouvelle réussite, un peu plus de cinq ans seulement après le terrible incendie qui l’avait ravagée en avril 2019. Si cet exploit met en lumière une forme de génie français dont nous pouvons être légitimement fiers, il illustre également un aspect beaucoup plus sombre de notre société: il a célébré la restauration du passé, et il n’a été possible qu’en contournant les règles de droit commun. Autrement dit, en France, l’excellence et l’innovation deviennent l’exception, et non plus la règle.
Le développement fulgurant de l’IA continue de susciter de nombreuses craintes qui sont autant d’appels à sa réglementation. Comme le montre celle de l’Union Européenne, cette réglementation se fait le plus souvent sur la base d’une crainte exagérée des risques. Ce faisant, elle met en danger l’innovation, entravant gravement le développement économique et social du continent. Si la nécessité de réglementer ne fait pas débat, cela doit néanmoins se faire de façon intelligente. On peut pour cela s’appuyer sur cinq principes simples.
L’incertitude, ce n’est pas rassurant. Mais la meilleure manière de se rassurer et de pouvoir agir, ce n’est pas de rechercher des certitudes. C’est une quête sans espoir, et surtout dangereuse. Mais alors comment éviter la paralysie? En avançant à partir de croyances, de façon prudente. C’est la grande leçon, très pratique, du philosophe Ludwig Wittgenstein qui en cela met une grande baffe à Descartes.
Nous vivons dans un monde de surprises, provoquant des événements inattendus, aux conséquences parfois très importantes. Mais ce qui frappe avec chacun de ces événements, c’est que tout le monde n’est pas surpris par eux. Autrement dit, ce qui nous surprend dépend de qui nous sommes. La surprise est un phénomène largement auto-infligé, produit d’un aveuglement. Celui-ci résulte de croyances aveuglantes, des certitudes renfoncées par des mécanismes sociaux, une bulle d’illusion dans laquelle nous nous enfermons avec ceux qui croient les mêmes choses que nous. Un exemple tout à fait typique de cet aveuglement est celui de la seconde victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle américaine.
En management comme dans beaucoup d’autres domaines, l’enfer est pavé de bonnes intentions. La bienveillance, devenue un impératif dans de nombreuses organisations, est de celles-ci. Sous couvert d’indulgence, elle interdit la critique et invisibilise les individus. Elle est une forme de violence qui corrode le collectif.
La saga du Doliprane défraie la chronique au point qu’on a l’impression que la survie de la France est en jeu. Les politiques rivalisent de déclarations solennelles sur la souveraineté, l’indépendance et la réindustrialisation de notre pays. Que cette souveraineté repose sur la maîtrise de la fabrication d’un médicament vieux de plus d’un siècle, vendu quelques euros, et dont le principe actif restera de toutes façons importé de Chine, ne manque cependant pas d’interpeller. Avons-nous perdu la tête? Et si, derrière le bruit et la fureur, cette affaire ne révélait pas finalement une illusion française tragique sur les sources de la puissance et de l’indépendance?
La France a peur. Peur de l'avenir, peur des technologies, peur de son ombre. Nous sommes devenus des pétochards. Nous ne voyons que le côté négatif des nouvelles technologies. Parlez biotech, on vous répond "Frankenstein". Parlez robots, on vous répond chômage. L'IA n'échappe pas à la règle: Skynet n'est jamais loin dans la discussion. Si nous ne changeons pas rapidement de posture, nous passerons à côté d'une des plus grandes révolutions industrielles, et les conséquences seront catastrophiques.
Nous adorons détester Elon Musk. Nous le détestons encore plus depuis qu’il a pris fait et cause pour Donald Trump dans l’élection présidentielle. Mais cette détestation constitue un moyen bien pratique pour nous aveugler sur un fait peu agréable: Avec SpaceX, Musk construit l’avenir de l’espace tandis que l’Europe s’assoupit.
Pour comprendre le monde et lui donner un sens, nous en développons un modèle. Celui-ci focalise notre attention sur ce qui compte. Il nous fournit une théorie explicative créant des catégories qui nous permettent d’agir. Mais nous répugnons à le changer lorsqu’il ne fonctionne pas ou que le monde change, parce qu’il définit aussi notre identité. Lorsque sa capacité explicative est en question, nous nous enfermons dans une bulle déconnectée de la réalité. Dans le domaine politique, ce phénomène est illustré par deux personnalités à l’opposé du spectre politique: Judith Butler et Charlie Wilson.
Toutes les organisations rencontrent des difficultés de recrutement et de rétention de collaborateurs. Pour résoudre cette difficulté, elles ont compris qu’il fallait s’adapter à leurs demandes, même si celles-ci sont parfois étranges. Mais s’adapter jusqu’où? Faut-il tout passer aux jeunes recrues? Rien n’est moins sûr, car c’est l’existence même du collectif qui est en jeu.
Notre discours est saturé d’assertions que l’on présente comme des évidences jusqu’à ce qu’on les examine de plus près et que l’évidence disparaisse. L’une d’entre elles, c’est presque devenu un mème du discours public convenu, est que « nous laissons un monde en piteux état à nos enfants. » Décryptage.
Electrochoc. Cri d'alarme. Danger existentiel. Le moins que l'on puisse dire est que le rapport sur la compétitivité de l'Europe remis le 9 septembre par Mario Draghi, ancien directeur de la BCE, à la présidente de la commission européenne, a fait parler de lui. Le rapport marque une salutaire prise de conscience sur le déclin de l'Europe, dont il identifie bien les symptômes. Il en va autrement des remèdes proposés, qui restent convenus - un plan, un emprunt et une politique industrielle. C'est donc une occasion ratée, ou presque.
La façon dont nous regardons le monde – via nos croyances – détermine les questions que nous posons, et les questions que nous posons ouvrent des perspectives ou, au contraire, en ferment, sur les grands sujets. Et sur nombre de ces sujets, nous nous trompons de question. Nous voulons lutter contre la pauvreté alors qu’il faut comprendre pourquoi il y a de la richesse, lutter contre le crime au lieu de comprendre pourquoi certains résistent à sa tentation, ou lutter contre les fake news au lieu de nous demander pourquoi certains les ignorent. L’épistémologie sociale – c’est-à-dire l’étude de phénomènes tels que la connaissance, la croyance et la compréhension dans la société – a donc besoin d’une inversion explicative: si nous voulons comprendre le monde et aborder les grands sujet de notre temps avec succès, il faut poser les bonnes questions.
La résolution de problème est un paradigme universel et pourtant très dangereux. Nous croyons en effet que le monde est rempli de problèmes, et que nous pouvons les résoudre, pour peu qu’on s’y mette vraiment. C’est pourtant faux. Beaucoup de problèmes sont résolus de façon indirecte, grâce à une solution qui n’avait pas été imaginée par ceux qui y étaient confrontés. Il est donc important de laisser se développer l’innovation gratuite, c’est-à-dire des solutions sans problème, même si cela semble aberrant.
La plupart des philosophies de transformation, qu’elles soient politiques ou organisationnelles, opposent un présent insatisfaisant à un futur idéal à atteindre, faisant de cet idéal un guide et une source de motivation. Lorsque cet objectif est particulièrement ambitieux, il se transforme en utopie. Cependant, ces philosophies peinent souvent à indiquer un chemin clair pour passer du présent à cet idéal. En s’inspirant de la pensée apocalyptique, certains utopistes soutiennent que seule une crise peut permettre ce passage, allant jusqu’à la souhaiter activement. Cette approche, bien que séduisante pour ses promesses de changement radical, comporte des dangers significatifs.
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