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Survivre et prospérer dans un monde incertain
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Survivre et prospérer dans un monde incertain

Author: Philippe Silberzahn

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Podcasts de Philippe Silberzahn sur l‘entrepreneuriat, l‘innovation et la transformation dans un monde incertain. Décryptage de l‘actualité, analyse de cas réels, opinions. 1 nouvel épisode (au moins) par semaine tiré de son blog.
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Il est fréquent en stratégie de distinguer ce que fait une organisation (ses produits et services), considéré comme la partie noble, de comment elle le fait (son organisation, ses processus, ses ressources, etc), considéré comme subalterne. Cette distinction et sa hiérarchie induite sont sources de nombreux problèmes. En particulier dans une entreprise en difficulté, il est crucial de diagnostiquer et de résoudre les problèmes organisationnels internes avant de s’intéresser aux produits. Une stratégie efficace doit commencer par une remise en ordre de l’organisation et la mise en place des bonnes personnes aux postes clés.
Nous vivons dans un monde artificiel, façonné par l’homme. La plupart de ce que nous consommons, animal ou végétal, est le produit de modifications génétiques que nous avons faites au cours des derniers milliers d’années. La création d’objets artificiels tangibles ou intangibles est l’expression de qui nous sommes en tant qu’espèce. L’artificiel, c’est notre nature.
Connaître notre nature profonde pour révéler ce qu’elle a d’authentique est une quête aussi ancienne que l’humanité et le sujet est inépuisable. En ce domaine, on tombe rapidement dans le travers du narcissisme – « Découvrez vos pouvoirs cachés ! », « Révélez l’extraordinaire en vous ! » ou, de nos jours, « Révélez le leader en vous ». Ici, le message implicite, et souvent explicite, est « vous êtes formidable et vous ne le savez pas. » Mais est-ce si sûr? Et si le faire croire était finalement contre-productif? Car l’idée apparemment paradoxale est que c’est précisément parce que nous ne sommes pas formidables que nous pouvons faire des choses formidables.
Beaucoup d’innovateurs ont réussi alors qu’il n’y avait a priori aucune demande pour leur produit. Ils ont dû créer leur marché. Comment ont-ils fait? En inventant un modèle d’affaire original. C’est la leçon de l’histoire édifiante d’Haloid, pionnière de la photocopie dans les années 50 et l’inconnue la plus célèbre de l’histoire de l’innovation.
On pense souvent que l’innovation de rupture réussit parce qu’elle est plus performante que les solutions actuelles, qu’elle traduit une forme de supériorité technologique. Il n’en est rien. De façon sans-doute paradoxale, elle réussit souvent alors qu’elle est inférieure en termes de performances. Mais il y a un « mais »!
Le développement important de l'intelligence artificielle n'en finit pas d'alimenter les craintes. Le plus étonnant est que ces craintes ne sont pas seulement celles de la population, mais elles sont parfois aussi celles des innovateurs eux-mêmes. Ainsi Mustafa Suleyman, un des pionniers du champ, a-t-il récemment averti: "l'IA est fondamentalement un outil de remplacement du travail humain". Faut-il s'en inquiéter? Non.
Une des grandes leçons de la théorie des organisations, qui a presque valeur de théorème, est qu’une entreprise ne doit avoir qu’un seul modèle d’affaires. Si elle en mélange plusieurs, ils se perturbent les uns les autres. Un bon exemple est celui de la SNCF.
Il existe une théorie très affirmée en stratégie appelée Avantage au premier entrant. Elle stipule que le premier à investir un nouveau marché est capable d’établir une barrière à l’entrée qui lui assure une position difficilement contestable par les entrants ultérieurs. Si elle paraît évidente, cette théorie est pourtant très souvent contredite dans les faits. Un très bon exemple est celui de la visioconférence.
Beaucoup de ceux qui sont consternés par les événements sur le campus de Science-Po se rassurent en pensant que les activistes ne sont qu’une minorité, qu’ils ne sont pas représentatifs des étudiants et qu’on peut donc négliger leur action. C’est une erreur profonde. Le changement social est toujours le fait d’une minorité décidée. On ignore cette réalité à ses dépens.
Le mythe de la fondation est l’un des super modèles mentaux qui structurent notre pensée. On part d’une page blanche et tout est possible, en particulier d’abandonner le passé. Ce modèle est pourtant dangereux, car on ne part jamais d’une page blanche. Toute transformation est socialement négociée sans quoi elle se bloque ou dégénère en massacre.
Les organisations sont fragilisées par l’incertitude d’un monde qui change profondément malgré parfois une identité forte, une flamme intérieure héritée de leur histoire, qui devrait leur fournir un ancrage. La raison est que cette flamme, si elle est souvent largement ressentie, n’est que rarement formulée explicitement et encore moins assumée. Elle n’est donc pas entretenue. Cet entretien revêt pourtant une importance stratégique.
Plus le monde est incertain, plus il est nécessaire de s’appuyer sur son identité. Cette identité, et au-delà la singularité que nous développons, représente notre seul véritable point d’ancrage. Le risque, toutefois, est que cette singularité soit cultivée pour elle-même, et non en vue d’une fin qui est l’engagement et le développement personnel; qu’elle devienne, en somme, une prison. Ce risque est illustré par la comparaison des deux versions du dessin animé Mulan produit par les studios Disney.
L’optimisation est l’un des objectifs essentiels du management. Elle consiste à faire toujours plus à partir de toujours moins. Elle est l’un des facteurs de l’incroyable performance de l’économie mondiale depuis deux-cents ans. Elle explique par exemple que le prix d’un frigo ait diminué de 98% en euros constants depuis un siècle. Mais elle est parfois menée de façon naïve, c’est-à-dire sans tenir compte de l’incertitude, et cette naïveté est source d’une grande fragilité.
Le monde change et les ruptures se succèdent. Une technologie remplace l’autre, et ce remplacement bouleverse toutes les structures en place. Mais il n’est pas juste structurel. Une rupture, c’est un monde qui disparaît, avec tout ce qu’il avait de connu, pour laisser place à un monde nouveau largement inconnu, qui fait souvent peur. Il n’est pas étonnant que face à cela, on ait envie de se réfugier dans la nostalgie, qui exprime le désir de retourner dans le passé, celui qu’on connaissait et auquel on était habitué. Si elle est normale, cette nostalgie n’est cependant pas bonne conseillère. C’est ce qu’illustre la réaction à la mise hors-service du paquebot France en 1974.
Lorsqu’émerge une nouvelle technologie, nous pensons toujours qu’elle va tout transformer brutalement. Or si l’histoire de l’innovation montre une chose, c’est qu’elle met généralement très longtemps à avoir un impact. Un exemple emblématique est celui du tracteur il y a un siècle.
Près de trente ans après les travaux pionniers du chercheur Clayton Christensen, l’innovation de rupture continue de représenter un défi majeur pour les organisations. Comment ne pas rater une rupture? Comment au contraire en tirer parti? Derrière ces questions se pose celle de l’impact et du passage à l’échelle, tant il est vrai que si tout le monde expérimente ici ou là avec des ruptures, bien peu sont capables d’aller au-delà. Pour éviter les écueils, il faut d’abord bien en comprendre la nature.
Lorsque les choses vont mal pour nous et que l’incertitude est partout, nous sommes sur la défensive. La tentation est de nous protéger. Pour cela, nous nous faisons discrets, nous minimisons notre singularité, et nous nous conformons aux modèles dominants qui, eux, semblent réussir. Et si face à l’adversité, il fallait au contraire affirmer sa singularité pour se rétablir? C’est ce que suggère un épisode peu connu du redressement d’Apple en 1997.
Nous sommes capables de mobiliser des ressources insoupçonnées pour survivre aux situations extrêmes. Dans ces situations, nous sommes pleinement nous-mêmes. Et si nous n’attendions pas ces situations pour mobiliser ces ressources au quotidien?
En incertitude, il faut un ancrage. Cet ancrage peut-il être celui d’une certitude intérieure ? Cela semble la logique même, mais c’est une illusion. Aussi étrange que cela puisse paraître, la solution à l’incertitude n’est pas de rechercher la certitude; elle consiste plutôt à tirer parti de cette dernière.
Plus le monde est incertain, plus nous sommes inquiets, et plus nous renforçons nos efforts de prédiction. C’est un paradoxe et il est sans issue. La clé en incertitude n’est pas la prédiction, elle est dangereuse, mais le contrôle. Cette posture générale implique sept idées très concrètes pour agir et se donner la possibilité de créer quelque chose de nouveau qui nous est propre.
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