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Travelling ‐ RTS Première

Author: RTS - Radio Télévision Suisse

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Un déplacement de caméra pour tout connaître de l'histoire du cinéma! Fichiers disponibles durant 30 jours après diffusion. - Pour un usage privé exclusivement.
468 Episodes
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Sʹil est un film emblématique du 7e art, cʹest celui-ci ! Shining, de Stanley Kubrick sorti en 1980. Particulier, il inscrit lʹhorreur au rang dʹart. Cʹest un film qui fait trembler des générations de spectateurs et de spectatrices et craindre à jamais les séjours en montagne. Shining, cʹest tout simplement culte ! Le film éclaire non seulement lʹœuvre du romancier Stephen King…oui on dit Steven King et pas Stephen King… et ajoute un chef-dʹœuvre de plus au réalisateur Stanley Kubrick, tout en propulsant Jack Nicholson dans le royaume des superstars. Son cri à glacer le sang, une hache à la main, Hereʹs Johnny, est un des moments les plus mémorables de lʹhistoire du cinéma. A lʹécran, on vous lʹa dit, Jack Nicholson, mais aussi Shelley Duvall et Danny Lloyd pour incarner les personnages de ce thriller pour le moins malaisant dans cet hôtel accroché aux nuages, qui sʹappelle lʹOverlook. Comme à son habitude, Stanley Kubrick travaille sur des thèmes qui lui sont chers : lʹenfermement, la folie, la désintégration de la famille. A travers de nombreuses métaphores stylistiques, il sʹempare dʹun récit de fantômes et livre, grâce à lʹadaptation de la romancière Diane Johnson, un récit si touffu quʹil alimente tous les fantasmes possibles. Quant à lʹauteur du roman, Stephen King, il nʹest pas très content de voir ce quʹa fait Kubrick de son histoire. Mais on vous racontera tout ça. Quand le film sort, il est plutôt mal reçu par le public qui le boude, mais cʹest pour mieux sʹinscrire dans la légende du cinéma. Shining est aujourdʹhui considéré comme un classique que toutes et tous devraient avoir vu. REFERENCES Making The Shining, documentaire de Vivian Kubrick http://www.dailymotion.com/video/x5cohe_making-the-shining-part-1_webcam http://www.dailymotion.com/video/x5cp0w_making-the-shining-part-2_webcam SAADA Nicolas, Stanley Kubrick, The Shining, une histoire de famille : entretien avec Diane Johnson, scénariste, Cahiers du cinéma no 534 CIMENT Michel, Kubrick, Calmann-Lévy, Paris, 2004 KING Stephen, Sur lʹécriture, Mémoires dʹun métier GIULIANI Pierre, Stanley Kubrick, Rivages/Cinéma, 1990 FORESTIER, François, LʹOdyssée Kubrick, in Le Nouveau Cinéma N1, Octobre 1999 CIMENT, Michel, Kubrick, Calmann-Lévy, 1980 KAGAN, Norman, Le Cinéma selon Stanley Kubrick, Ramsay Poche Cinéma, 1987 LORRAIN François-Guillaume, Le Seigneur du château, in Le Point, 10 septembre 1999 MOLINA FOIX Vincente, Entretien avec Stanley Kubrick, Cahiers du Cinéma, janvier 1981, no 319 Stephen King's Honest Opinion About "The Shining" Film | Letterman, 18.08.1980 https://www.youtube.com/watch?v=U8wxjIecmD4
Will Hunting, Good Will Hunting en anglais, est un film américain de Gus Van Sant sorti en 1997. Lʹhistoire dʹun jeune balayeur qui travaille au MIT et qui sʹappelle Will Hunting. Orphelin, agressif, passant ses soirées à boire des bières et à assister à des matchs de baseball avec ses copains, il se révèle être en fait un surdoué, un véritable génie des mathématiques. Quand son talent est découvert, cʹest aussi le moment où il se fait arrêter pour voies de fait sur un policier. Il obtient sa libération à deux conditions : il devra suivre des cours particuliers avec le professeur de mathématiques qui se porte garant et suivre une psychothérapie. Cʹest en travaillant avec un psy issu des mêmes quartiers populaires que lui, que le jeune homme va trouver sa voie, sa vie et développer une formidable amitié pour son psy. Véritable film de rédemption, un voyage intérieur au cœur des mathématique, de la marginalité, de la construction de soi, de la raison et de la déraison, ce parcours initiatique met en scène Matt Damon et Ben Affleck qui en ont écrit le scénario. Une sorte de pari réussi sur lʹavenir pour les deux acteurs qui se sont dit un jour que sʹils voulaient des rôles intéressants, ils devaient les écrire eux-mêmes. Le scénario intéresse pas mal de maisons de productions, mais il faut du temps pour quʹil atterrisse entre les mains du réalisateur de My Private Idaho, Gus Van Sant, qui sʹentoure dʹun casting grandiose, Stellan Skarsgård, Minnie Driver et Robin Williams, pour mener le projet à bien. Film mélodramatique complètement assumé, le film est plus intéressant quʹil nʹy paraît. Gus Van Sant vient du cinéma indépendant. Il glisse à travers ses cadrages le portrait des gens en marge, des laissés pour compte, et propose un film qui a de véritables qualités de cœur. Et le public ne sʹy trompe pas. A sa sortie, Will Hunting plait beaucoup. Il est nommé 9 fois aux Oscars en 1998 et remporte celui du meilleur scénario pour Ben Affleck et Matt Damon et celui du meilleur acteur dans un second rôle pour Robin Williams. Il fait des deux jeunes acteurs, les nouvelles coqueluches dʹHollywood. Plongeons dans cette histoire de génie rebelle à la gueule dʹange, véritable conte de fée cinématographique, en un peu plus subtil. REFERENCES Gun Van Sant, RTS 23.10.2017 https://www.rts.ch/info/culture/cinema/9022288-gus-van-sant-certaines-des-oeuvres-exposees-viennent-de-mon-salon.html Filmmaker Gus Van Sant and composer Danny Elfman talk of their collaborations https://youtube.com/watch?v=_UE8tZilSIA Jérôme Cottanceau, Les maths font leur cinéma : de Will Hunting à Imitation Game, Dunod, 2021 Stéphane Bouquet et Jean-Marc Lalanne, Gus Van Sant, Cahiers du cinéma, 2009
Impitoyable, Unforgiven en anglais, un film de Clint Eastwood sorti en 1992 est un western crépusculaire et violent. Lʹhistoire dʹun ancien tueur, retraité, veuf et père de famille, sans le sou, qui sʹassocie à un jeune cow-boy inexpérimenté et complètement miro et à son ancien comparse, esclave affranchi, pour aller toucher une prime de 1000 dollars en vengeant une prostituée défigurée par un client humilié. La recherche du criminel, la figure du shérif, également tueur pas si repenti, les questions des droits de prostituées, des femmes en général dans le Far-West, les droits des anciens esclaves, la loi par les armes, et la légende de lʹOuest qui se construit, tout cela dresse un portrait violent et sans concession dʹune époque, celle des années 1880, quand la conquête est terminée et que les colons, installés, sʹéchinent à créer la société de demain. Clint Eastwood, cowboy décati, partage lʹaffiche avec Gene Hackman, Morgan Freeman, Richard Harris, Jaimz Woolvett, Francis Fisher et Saul Rubinek. Le casting est brillant, la direction dʹacteur également. Clint Eastwood revient au genre de prédilection qui lʹa fait connaître. Il est à la fois devant et derrière la caméra, réalisateur et producteur, sʹentourant dʹune équipe de fidèles pour mener à bien ce projet qui marque les esprits, en renouvelant littéralement un genre quʹon disait moribond, voire carrément décédé, le western. Le film enthousiasme le public et la critique, par le jeu des comédiennes et des comédiens, par la beauté de la photographie, par ce côté sombre et désabusé, par cette narration différente du mythe de lʹOuest. Il rapporte 160 millions de dollars. Il en a coûté 14,4 millions. Et il remporte 4 Oscars dont celui du meilleur film et meilleur réalisateur pour Clint Eastwood en 1993. Ne tardons plus, le Kid de Schofield apprenti tueur est venu chercher William Munny pour emporter une prime aussi sanglante que vengeresse. Lʹargent est tentant et ramène Munny au cœur de la violence. REFERENCES LʹOscar du meilleur film https://www.youtube.com/watch?v=JEsc6GGrRFw Clint Eastwood dans Spécial Cinéma https://www.youtube.com/watch?v=u3fMxuOOS5w Unforgiven, un Turning Point sur CBS News https://www.youtube.com/watch?v=NLPNb8tGaXM Behind The Scene https://www.youtube.com/watch?v=qAQytZbV5bA Impitoyable, un film de Clint Eastwood, Livret de production du film, Warner Bros.
Cʹest un film humaniste, interrogeant la place et la pertinence des médias face à la terrifiante complexité du réel, le voyeurisme de télévision, et la répression policière. Un film en marge qui parle dʹêtres en bordure, des freaks comme les appelle le cinéaste. Dans Un après-midi de Chien, Dog Day Afternoon, sorti en 1976, le réalisateur américain réussit le pari dʹun huis-clos haletant en partant dʹun fait divers réel qui a eu lieu à Brooklyn en août 1972. Le scénario est écrit au cordeau par Frank Pierson. Un homosexuel, amoureux, pour payer la transformation de son mari en femme, ne va rien trouver de mieux que de braquer une banque avec lʹaide dʹun complice tout aussi branquignole que lui. Une idée folle évidemment, et qui tourne court. Le récit échappe très vite au film de braquage. Les voyous multiplient les imprudences, les poisses, la banque est rapidement encerclée par la police et par les médias. Les cambrioleurs, coincés, se transforment en preneurs dʹotage et se joue alors une histoire presque surréaliste où la foule prend parti pour les braqueurs. Le drame devient une tragicomédie, où tout est pathétique. La situation de Sonny, joué avec maestria par Al Pacino, sa femme, transsexuelle, sa mère, le drame joué devant les caméras, et puis John Cazale, qui lʹaccompagne, loser également, font de ce film un spectacle étonnant, un classique du cinéma. Aujourdʹhui dans Travelling, nous allons plonger dans lʹunivers de ce cinéaste réaliste, issu de la télévision, fort dʹune filmographie de 43 longs-métrages dont les plus connus sont sans doute 12 hommes en colère et Serpico. Sidney Lumet est donc au cœur de lʹémission du jour, avec ce film incroyable quʹil faut avoir vu une fois dans sa vie. Ne tardons pas…direction Brooklyn, un après-midi de canicule, quelques instants avant la fermeture dʹune banque, au moment où tout va déraper. REFERENCES Lumet on Lumet https://www.youtube.com/watch?v=LxCIHvuC83c Behind the scene Dog Day https://www.youtube.com/watch?v=70fEgg9E9Y0 Jim Whaley Interviews Sidney Lumet About "Dog Day Afternoon" For Cinema Showcase - 1975 https://www.youtube.com/watch?v=d4rYdKTgCnw lʹhistoire derrière lʹhistoire https://ew.com/article/2014/07/31/the-dog-documentary-dog-day-afternoon/ Un documentaire sur le braqueur John Wojtowicz : The Dog (also known as Storyville: The Great Sex Addict Heist), Allison Berg
Vous prendrez un bout dʹaile ? ou un bout de cuisse ? A moins que vous ne préfériez les deux, brillamment servis par Louis de Funès et Coluche. Aujourdʹhui dans Travelling, nous évoquons lʹAile ou la Cuisse, un film de Claude Zidi sorti en 1976, un des plus gros succès en France de cette année-là. Coluche y est brillant dans son deuxième rôle au cinéma, face à un Louis De Funès au jeu plus modéré. Et pour cause, lʹacteur est affaibli par un double infarctus. Les assurances imposent des conditions drastiques pour que le Fufu national, lʹacteur préféré des Françaises et des Français, puisse tourner. Une ambulance et un médecin sont à lʹaffut de la moindre défaillance cardiaque de lʹacteur et le réalisateur Claude Zidi ne sera payé par la production quʹà la condition quʹil ne tue pas, littéralement, son acteur à la tâche. Mais tout se passe à merveille. Tout le monde sʹentend bien. Le film relatant les aventures truculentes de Charles Duchemin, de son fils, de leur guide culinaire face au pape de la malbouffe, Jacques Tricatel, fait un carton à sa sortie. Cʹest bien simple, on se marre. Les acteurs, les actrices, sont excellents, Louis de Funès, son éternelle épouse de cinéma, Claude Gensac, Coluche et Julien Guiomar qui joue Jacques Tricatel. Le méchant de lʹhistoire qui devient célèbre, à tel point que Tricatel devient un terme référence de la malbouffe. Mais je mʹarrête ici…lʹheure nʹest plus au blabala, mais au miam miam…laissons les protagonistes de lʹhistoire manger un morceau pendant que nous nous régalons de leurs aventures. REFERENCES Interview de Louis de Funès pour lʹAile ou la Cuisse http://www.youtube.com/watch?v=LZkSDn61T08 interview de Christian Fechner dans le DVD de " LʹAile ou la cuisse " (Studio Canal, 2002) Stéphane BONNOTTE, Louis de Funès ; Jusquʹau bout du rire, Michel Lafont, 2002 Bertrand DICALE, Louis de Funès de A à Z, Tana Editions, 2012 Vincent CHAPEAU, Claude Zidi, en toute discrétion, Hors Collection, 2019
Salò ou les 120 Journées de Sodome (Salò o le centoventi giornate di Sodoma), le dernier film de Pier Paolo Pasolini sort en 1975, juste après lʹassassinat du réalisateur. Ce film scandaleux est lʹadaptation libre des écrits du Marquis de Sade transposés dans lʹItalie fasciste, filmé avec un réalisme cru, presque outrancier. Cʹest un film qui dénonce le pouvoir avec une violence quasi insoutenable. On y parle de lʹobsession du pouvoir, et de ses corolaires : la manipulation, la torture mentale et physique, lʹasservissement total des autres jusquʹà leur enlever toute humanité. Maintenant vous pouvez légitimement vous demander pourquoi on parle de ce film : Parce quʹil est indispensable à la connaissance du cinéma mondial, adulé par de très nombreux réalisateurs et réalisatrices. Parce que cʹest lʹœuvre testament de Pier Paolo Pasolini, assassiné avant dʹavoir complètement fini le montage. Parce que cʹest un film qui parle de pouvoir, de prise de pouvoir et lʹon sait que quand le pouvoir est absolu, toutes les dérives sont possibles. Pasolini y critique les horreurs de la société bourgeoise, dénonce la sexualité vue comme une marchandise, sʹélève contre le capitalisme et notre asservissement. Cʹest une œuvre critique dʹune force exceptionnelle. Le film, construit comme lʹœuvre de Sade, prend le nom des cercles infernaux et nous entraîne dans une descente vertigineuse de la perversité humaine. Salò ou les 120 journées de Sodome entre dans lʹhistoire du cinéma comme lʹun des films les plus violents jamais réalisé. Aujourdʹhui dans Travelling, nous vous emmenons à la découverte de ce film. Nous nʹirons pas dans les détails du tournage, car il était en grande partie secret, mais nous évoquerons le cinéaste, Pasolini, sa vie, son œuvre, et nous parlerons du scandale, des scandales, suscités par Salò. REFERENCES Conflit entre cinéphiles et autorités zurichoises autour de "Salo ou les 120 journées de Sodome" de Pasolini du 13.02.2007 https://www.rts.ch/play/tv/19h30/video/conflit-entre-cinephiles-et-autorites-zurichoises-autour-de-salo-ou-les-120-journees-de-sodome-de-pasolini?urn=urn:rts:video:1590190 Hervé Joubert-Laurencin, Salò ou les 120 journées de Sodome de Pier Paolo Pasolini, Les Editions de la Transparence, Cinéphilie, 2012 Alain Bergala analyse Salò https://www.youtube.com/watch?v=XBKIhXSCUNY Pasolini, lʹanticonformiste https://www.youtube.com/watch?v=tCio7gU-aic François Chalais, sa critique https://www.youtube.com/watch?v=Rbt423oC88s
Cʹest un film de genre. Enfin de plusieurs genres mêlés, imbriqués, intriqués. Six en tout nous dit le réalisateur Quentin Tarantino, QT pour les intimes, qui nous propose en 2003 et 2004 deux films, Kill Bill Volume 1 et Kill Bill Volume 2. Un dytique racontant la revanche dʹune blonde incarnée par Uma Thurman créditée comme co-scénariste. Une mariée qui était en jaune et qui va dézinguer ses anciens copains, toutes et tous des tueurs et des tueuses à gage, redoutables, et surtout leur chef, son ancien amant, le père de lʹenfant quʹelle porte : Bill. Car lʹorganisation, le Détachement International des Vipères Assassines, dont la mariée faisait partie, ne peut pas laisser une de ses membres prendre la tangente. Laissée pour morte le jour de son mariage, elle sombre dans le coma et en sort 4 ans plus tard bien déterminée à éliminer tout le monde. Véritable Revenge Movie, film de vengeance, une catégorie de films bien particulière des rape and revenge, Kill Bill se veut être un tour de force esthétique, superposant les narrations, les styles, en différents chapitres en une véritable déclaration dʹamour du réalisateur aux films qui ont baigné son enfance et son adolescence. Kill Bill est un patchwork de références aux films de Kung Fu chinois, aux films hong-kongais dʹarts martiaux, aux chanbara japonais, les films de sabre, aux westerns spaghetti, aux mangas, aux polars, à Hitchcock, et un hommage à tous les acteurs que Quentin Tarantino a aimé à lʹécran et quʹil invite dans son film : David Carradine Sonny Chiba, et Gordon Liu en tête. Kill Bill sort en deux volumes, lʹun en 2003, lʹautre en 2004. La critique nʹest pas tendre, parle de compilation énervée des fixettes de cinéaste junk-food gavé depuis des lustres de tous les produits possibles et imaginables de la sous-culture planétaire. Mais Kill Bill trouve son public et petit à petit devient iconique et sʹinscrit dans la filmographie dʹun réalisateur au style très particulier. Cʹest parti : Il ne nous reste plus quʹà nous rendre à El Paso, Texas, dans une chapelle où la robe de la mariée va passer de blanc à rouge. REFERENCES Kill Bill, livret dʹaccompagnement du film, volume 1 et volume 2, 2003 The Making of Kill Bill, vol. 1 https://www.youtube.com/watch?v=Wpgqiwy1ndQ Kill Bill Vol 1 Behind the Scene https://www.youtube.com/watch?v=Cq9AWXsaI5Y Kill Bill Vol.2. Making-of https://www.youtube.com/watch?v=BxdJ3VnZyxY
"Marche à l'ombre" est le premier film réalisé par un jeune comédien de café-théâtre, issu de lʹéquipe du Splendid, plus connu pour son rôle de Jean-Claude Dusse, looser se prenant vent sur vent en draguant les filles. Et pourtant Michel Blanc est beaucoup plus profond que Jean-Claude Dusse. Il a des choses à dire et sa comédie douce-amère sortie en 1984 rencontre un très grand succès. Ses répliques font mouche. Marche à lʹombre,  est, depuis, devenu un classique du cinéma français, un road-movie au ralenti entre métro, sorties de cinéma, salle de danse, et immeuble délabré rempli dʹAfricains. Suivant deux artistes marginaux, des bourlingueurs qui font de la musique ici et là, le film aborde des thèmes centraux comme la débrouille, lʹamitié, les voyages, et dresse une peinture sociale sans concession des laissés pour compte des années 80. Marche à lʹombre, cʹest le conseil populaire de tous les marginaux qui sʹefforcent de ne pas se faire remarquer. Michel Blanc est Denis, un hypocondriaque aussi agaçant quʹattachant. Gérard Lanvin est François, musicien, beau gosse, qui traine de galères en galères. Les deux vivent une bohème un peu dèche, montent à Paris pour tenter de réussir. Mais voilà, tout ne se passe pas vraiment comme prévu. Ils se retrouvent dans un squat. Et les emmerdes sʹaccumulent. Sauf la rencontre amoureuse de François avec Mathilde. Pour parler du film, nous avons beaucoup dʹarchives, des interviews, des extraits. Nous avons les confessions de Michel Blanc dans ce livre dʹAlexandre Raveleau, intitulé : Sur un malentendu. Dès lors, ne tardons plus. Allons faire la manche pour nous payer un sandwich et chambre dʹhôtel tout en effectuant un plongeons dans la misère urbaine des années 80. REFERENCES Tournage du film Marche à lʹombre https://www.youtube.com/watch?v=iEk9uBNR8ek Michel Blanc, journal intime, Café Picouly, 15.01.2010 https://www.youtube.com/watch?v=buaD0V1cJkY Jean-Michel Frodon, L'âge moderne du cinéma français, Flammarion, 1995, p. 465 RAVELEAU, Alexandre, Michel Blanc, Sur un malentendu, Editions Hors Collection, 2017 Le making-of du film : toute la lumière sur Marche à lʹombre. Michel Blanc, la revanche dʹun timide, Hep Taxi https://www.youtube.com/watch?v=0UlcFgHXCMY
Les 400 coups, de François Truffaut, sort en 1959. 400 coups, ou peut-être un seul, porté par cet auteur, alors jeune critique des cahiers du cinéma qui, dʹune plume acide, assassine régulièrement les réalisations de ses contemporains. Mais François Truffaut, en se lançant dans cette aventure cinématographique, va révolutionner les codes du 7e art par sa modernité, son réalisme et par la douceur du ton. Nous en sommes en 1959 avec Charles De Gaulle au pouvoir, avec une jeunesse qui frémit, avec les reconstructions de lʹaprès-guerre, avec des envies dʹen découdre avec lʹestablishment. Le cinéma de papa, on nʹen veut plus. Et voici François Truffaut avec ses comédiens à Cannes pour présenter son premier long métrage. Lui à qui lʹentrée même du festival avait été refusée lʹannée précédente à cause de ses critiques. Mais le film est aimé, apprécié, tant par le public que par la critique. Et voici François Truffaut, le critique de cinéma, qui devient François Truffaut, le réalisateur et le porte-drapeau dʹune Nouvelle Vague cinématographique. REFERENCES Antoine de Baecque, Serge Toubiana, François Truffaut, Folio, Gallimard, Paris, 1996 Truffaut sur la Nouvelle vague http://www.youtube.com/watch?v=5lER-MpHgjY Truffaut en 1981 http://www.youtube.com/watch?v=0KTRtyx0nLs&feature=related François Truffaut, les 400 coups, 1975, archives RTS https://www.youtube.com/watch?v=MDWNKfyO89M Les Bouts dʹessais des 400 coups http://www.youtube.com/watch?v=JL7-Sk0DGIk François Truffaut tout simplement à Cannes au micro de François Chalais, Extrait de " Reflets de Cannes et Cinépanorama https://www.youtube.com/watch?v=aFO30LSKF38
La Leçon de piano, The Piano, un film de Jane Campion sorti en 1993, est une histoire romantique, mais dure, qui se passe au 19e siècle, entre une femme exilée en Nouvelle Zélande, son nouveau mari et son amant. Ada, mère dʹune petite fille, est muette et exprime toutes ses émotions à travers son instrument. Sauf que son piano est abandonné sur la plage par son nouveau mari, récupéré par le voisin, qui lui propose un étrange marché : récupérer petit à petit son piano, touche par touche, en se soumettant à un jeu sensuel. Le piano devient ainsi lʹenjeu dʹune conquête érotique entre cet homme simple et cette femme sophistiquée. Pari gagné car Ada sʹouvre petit à petit à la sexualité et à lʹamour. Dans cette fable victorienne, Jane Campion laisse la part belle à une sensualité tout en suggestion, le corps parcouru de frissons quand les doigts effleurent les touches dʹivoire. Holly Hunter promène son visage lunaire et expressif, interprétant elle-même les morceaux au piano. Anna Paquin est la petite fille, Harvey Keitel, Baines, le voisin, et Sam Neill, Stewart, le mari. Le film écrit par une femme, réalisé par une femme, reçoit la Palme dʹor à Cannes en 1993, et trois oscars : Meilleure actrice pour Holly Hunter, Meilleur second rôle féminin pour Anna Paquin et Meilleur scénario original pour Jane Campion. Le tout est assez rare pour être signalé : Jane Campion a été la première femme à recevoir une Palme dʹor. Ne tardons plus, Ada et Flora viennent de débarquer sur une plage de néo-zélandaise. Des Maoris les attendent pour porter tous leurs biens jusquʹà leur nouvelle maison. Sauf le piano qui deviendra lʹenjeu du film. REFERENCES La Leçon de piano, Livret dʹaccompagnement du film, Notes de production, 1993 Michel Ciment, Jane Campion par Jane Campion, Cahiers du cinéma, Making of du film, Miro Bilbrough, Part 1, 1993 https://www.youtube.com/watch?v=DopuUIYBX-g Making of du film, Miro Bilbrough, Part 2, 1993 https://www.youtube.com/watch?v=2Vdv_Efu49I Archives INA : Bouillon de culture 23.04.1993 https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/i14013645/jane-campion-sur-son-film-la-lecon-de-piano
Cette nuit jʹai rêvé que je retournais à Manderley. Cette phrase en voix off ouvre la première œuvre américaine dʹAlfred Hitchcock. Ce film, cʹest Rebecca, sorti en 1940, lʹadaptation de Daphné du Maurier. Le roman, énorme succès de librairie, sort en 1938. Tout de suite, cette histoire qui raconte lʹemprise dʹune morte, Rebecca, sur son entourage et sur son mari, fascine. Car celui-ci, veuf peu éploré, se remarie un an après sa mort. Mais la nouvelle épouse, en tous points différentes, a fort à faire pour effacer le souvenir de la défunte dans la demeure sinistre de Manderley, dans la tête du mari et surtout dans le cœur de la gouvernante, Madame Sanders, une horrible bonne femme qui adulait Rebecca. Alors que la guerre débute en Europe, Alfred Hitchcock et sa famille arrivent à Hollywood, dans le sérail du très puissant producteur David O Selznick. David O Selznick est en train de terminer la superproduction dʹAutant en Emporte le vent et cherche à réitérer le même succès, du moins le même engouement avec un nouveau film. Cʹest pourquoi il va chercher pour lʹadaptation dʹun roman anglais un réalisateur anglais talentueux. Mais la manière de travailler dʹHitchcock et celle de Selznick sont aux antipodes. Les relations entre les deux hommes ne seront pas tout repos. Et puis, la guerre inquiète beaucoup Hitchcock à qui lʹon reproche dʹavoir quitté lʹAngleterre. Mais le film se fait quand même avec Joan Fontaine et Laurence Olivier et plait beaucoup au public. Il gagne lʹOscar du meilleur film en 1940 qui va dans la poche, non pas de Hitchcock mais de Selznick. Pour vous raconter tout ça, nous avons à disposition les merveilleux entretiens entre Alfred Hitchcock et François Truffaut, nous avons le livre référence de Donald Spoto, la Face cachée dʹun génie, et plein dʹautres choses. Dès lors plongeons dans lʹunivers de Rebecca, un classique de lʹhistoire du cinéma. REFERENCES En 1962, Alfred Hitchcock accorde un long entretien à François Truffaut. En 1999, cette conversation est diffusée en 25 épisodes sur France Culture. Dans ce neuvième entretien, on verra ce que les films d'Hitchcock empruntent aux contes de fées. https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-nuits-de-france-culture/hitchcock-truffaut-9-25-9347365 Donald SPOTO, La face cachée dʹun génie : la vraie vie dʹAlfred Hitchcock, Albin Michel Joan Fontaine on Alfred Hitchcock, Audio Interview https://www.youtube.com/watch?v=vcTgOJnWWqA
Rain Man, de Barry Levinson, sort en 1988. Cʹest le premier film hollywoodien à parler dʹautisme, et même dʹune forme particulière dʹautisme, celle du syndrome du savant. En effet, le personnage principal du film, Raymond Babbitt, joué par Dustin Hoffman, est atteint de ce trouble particulier qui combine de sévères difficultés sociales à des capacités intellectuelles hors norme, et à une mémoire exceptionnelle. Racontant la rencontre de deux mondes, de deux frères dont le plus jeune, Charlie Babbitt, Tom Cruise, ignorait lʹexistence du premier, le film est un road-movie existentialiste. Barry Levinson jette sur les routes américaines deux frères que tout oppose et qui vont devoir apprendre à se connaître. Et ce nʹest pas simple. Confronté à lʹautisme de son frère, Tom Cruise voit toutes ses convictions et idées sʹeffriter les unes après les autres. Car la communication avec Raymond est toujours compliquée. Celui-ci a besoin de rites immuables et nʹarrive pas à créer un contact visuel avec les autres. Pour travailler son personnage, Dustin Hoffman a côtoyé des personnes souffrant du trouble du spectre de lʹautisme. Comédien engagé, il a su faire de Raymond un personnage auquel on croit, salué par toutes les associations de parents dʹenfants atteints par ces syndromes. Sa performance est également unanimement saluée par la critique et couronnée par lʹoscar du meilleur acteur en 1989. Rain Man dʹailleurs reçoit 4 Oscars, dont celui de meilleur réalisateur et de meilleur scénario, ainsi que des Golden Globes et lʹOurs dʹOr de Berlin. Il faut dire quʹen ce sujet troublant des troubles du spectre de lʹautisme, Barry Levinson fait fort. Tout fonctionne dans ce film où le réalisateur réussi à se concentrer sur les personnages, avec un vrai propos qui va toucher le public. REFERENCES Dustin Hoffman for "Rain Man" 1988 - Bobbie Wygant Archive https://www.youtube.com/watch?v=nzuK22BydDI Barry Levinson sur Rain Man https://www.youtube.com/watch?v=B8lzINEoUP0 Barry Levinson sur Rain Man https://www.youtube.com/watch?v=2lKwT7lE9T4 Starfix, No 70, - 3/1989, A Propos de Rain Man, Orage sur un tournage.
Aujourdʹhui en écoutant Travelling, cʹest certain, vous allez chanter et danser, vous ne pourrez pas vous en empêcher. Car cʹest Abba que nous vous proposons : leur vie, leur œuvre, leurs chansons, et un film : Mamma Mia ! de Phyllida Lloyd sorti en 2008. Film à succès au box-office, boudé néanmoins par la critique, récoltant plus de 615 millions de dollars à travers le monde, cette comédie musicale romantique est un véritable phénomène de société. Cʹest bien simple, une fois quʹon y a goûté, on y revient, et on le regarde en famille, entre amis et amies, et on se le repasse quand on a un petit coup de mou. Des plus vieux au plus jeunes, le rythme, les chorégraphies, et la musique dʹAbba emportent joyeusement tout le monde. Et ce nʹest pas grave si cʹest kitch ou si lʹintrigue est vraiment téléphonée. Porté par Meryl Streep principalement, une actrice qui a toujours su chanter et danser, lʹhistoire reprend la trame de la comédie musicale de Catherine Johnson, mise en scène au théâtre par Phyllida Lloyd. Tout se passe sur une île grecque idyllique, où vivent Donna Sheridan et sa fille Sophie. Cette dernière va se marier et a secrètement invité trois hommes dont elle soupçonne que lʹun dʹeux est son père. Imbroglio, révélation de secrets, histoires dʹamour à tiroir, amitié, décor de rêve, et chansons dʹAbba, tout est réuni pour que ça cartonne. Le casting est royal : Meryl Streep on vous lʹa dit, Amanda Seyfried, Pierce Brosnan, Colin Firth, Stellan Skarsgård et jʹen passe. Il y a même Benny Andersson et Björn Ulvaeus, les deux messieurs dʹAbba, qui font une apparition. Mais je ne vais pas vous faire languir plus longtemps. Nous avons pour parler de Mamma Mia ! des documentaires, des archives, des interviews, des extraits et bien entendu la musique, celle dʹAbba, chantée par le groupe, mais également la musique du film chantée par les actrices et les acteurs. Préparez-vous : Donna vient de se rendre compte que ses trois anciens amants sont cachés dans lʹétable qui jouxte son hôtel. Mamma Mia ! Les retrouvailles et les explications qui vont avec vont être au cœur du film. REFERENCES ABBA, les coulisses derrière la légende https://www.rts.ch/play/tv/doc-a-la-une/video/abba-les-coulisses-derriere-la-legende?urn=urn:rts:video:14881268 Behind the Scenes https://www.youtube.com/watch?v=F3qnTPlDgsE BBC 1: Mamma Mia Interview with Pierce Brosnan & Amanda Seyfried (2008) https://www.youtube.com/watch?v=3t-RnqGXDrM Le casting sʹexerce au chant https://www.youtube.com/watch?v=6bE-FazgJk8 Bjorn Ulvaeus of ABBA - Interview about Mamma Mia! Here We Go Again https://www.youtube.com/watch?v=kjN3OMG0AU4
Cʹest un film qui célèbre lʹappréciation du présent, qui sʹamuse et nous amuse, qui montre que dʹoser est une vertu cardinale, que dʹaider ses amis en est une autre, et quʹil nʹy a aucun mal à profiter, de temps en temps, dʹun jour de congé car la vie est courte. Et ça, Ferris Bueller lʹa bien compris, lui qui sʹoffre une folle journée dans le film de John Hughes sorti en 1986. La Folle Journée de Ferris Bueller (Ferris Bueller's Day Off) est une comédie américain absolument culte, citée, depuis sa sortie, dans des dizaines de films, évoquée dans des séries télé, dans des comics, et jʹen passe. Le film est inscrit au national film Registry pour son intérêt culturel. Mais que raconte donc ce film pour quʹil soit si populaire ? Simplement lʹhistoire dʹun adolescent charmeur, cancre invétéré, qui décide de prendre une journée de congé embarquant dans une virée à Chicago son amoureuse et son meilleur ami. Il se fait passer pour malade et fâche au passage sa sœur ainsi que le directeur de lʹécole bien déterminé à prouver que Ferris Bueller a séché les cours. Le synopsis est tout simple. Mais la fraîcheur des propos, lʹesprit de liberté qui souffle sur le film, lʹélan, la drôlerie, le charme indéniable de Ferris Bueller qui brise le 4e mur et sʹadresse directement au spectateur, lui donnent toutes ses couleurs. Cʹest un Teenmovie avec un propos social, plus profond quʹil nʹy paraît et surtout sans jugement moral. Matthew Broderick est parfait, charmant, espiègle, Alan Ruck incarne parfaitement lʹhypocondriaque mal dans sa peau. Mia Sara, Jeffrey Jones, et Jennifer Grey complètent la distribution. Ne tardons pas. Ferris, emmailloté dans son lit, joue la comédie à ses parents qui lʹembrassent en lui souhaitant un prompt rétablissement. Dès quʹils seront partis au travail, la folle journée commencera. REFERENCES The Lost Tape Ferris Bueller's Day Off (1986) The Lost Tapes, Behind the scenes (2) Le making of Ferris Bueller's Day Off The Making Of John Hughes/Matthew Broderick/Jennifer Grey- Interview (Ferris Bueller) 1986 [RITY Archive]
L'Homme qui tua Liberty Valance, The Man Who Shot Liberty Valance, de John Ford sort en 1962. Ce film est presque un testament, lʹantithèse des westerns auxquels il nous avait habitués, tourné en noir et blanc, en studio. Il est dʹun classicisme absolu, et détonne par rapport à son époque, les années 60 et leur renouveau esthétique. Lʹhistoire est simple, voir simpliste. Un sénateur et sa femme, les Stoddard, arrivent à la gare de Shinbone. Ils sont venus assister à lʹenterrement dʹun vieil ami, Tom Doniphon. Ransom Stoddard, pressé par les journalistes, se décide à leur raconter lʹhistoire de cet homme, de leur jeunesse, du bandit Liberty Valance, du duel qui les opposa et de ses idéaux ; la lutte contre lʹinjustice, la défense des opprimé, lʹexaltation du courage. Ford suit le récit de son intrigue, tranquillement, opposant le bien et le mal. Un homme a tué Liberty Valance. Mais qui est cet homme ? Ransom Stoddard ou Tom Doniphon ? Quelle est la vérité et quelle est la légende ? Rien nʹest jamais comme on le pense. " On est dans l'Ouest, ici. Quand la légende dépasse la réalité, alors on publie la légende. " affirmera un journaliste à la mort de Liberty Valance. Pour incarner ses personnage, John Ford convoque ses amis, John Wayne et James Stewart face à Lee Marvin. Vera Miles complète la distribution. Du grand art. Maîtrisé de bout en bout par un réalisateur qui parvient à prouver quʹil existe et quʹil peut offre au monde du cinéma une nostalgie de vieil homme. Avec ce film, disparaît toute une époque, celle du mythe de lʹOuest en tant quʹidéal du cinéma américain. Disparaît également John Ford, dont cʹest lʹavant-dernier western. Le film est très mal accueilli à sa sortie. La critique le traite de désuet, avant que lʹhistoire du cinéma ne sʹen empare et quʹil devienne un classique à voir une fois dans sa vie. REFERENCES Autour de John Ford Jean-Baptiste Thoret, 2017 TCM CINEMA James Stewart sur le tournage de Liberty Valance John Ford, le cinéma dans la peau, documentaire, 1994 LEUTRAT, Jean-Louis, Lʹhomme qui tua Liberty Valance, John Ford, étude critique, collection Synopsis, Editions Nathan, 1995 Directed by John Ford/Peter Bogdanovich/Film USA 2006 VOST (108 min)
Itinéraire dʹun enfant gâté est une comédie sociale et introspective de Claude Lelouch sortie en 1988. A lʹécran Jean-Paul Belmondo, 55 ans, qui joue enfin le rôle dʹun homme de son âge. Le voilà confronté à Richard Anconina, 35 ans. Je mʹexplique. Itinéraire dʹun enfant gâté, cʹest lʹhistoire de Sam Lion, un enfant de la balle, devenu riche, qui, à la cinquantaine, lassé de sa vie, fait semblant de disparaitre, jusquʹà ce quʹil tombe sur un homme de 20 ans de moins, près à entrer dans ses chaussures. Véritable pygmalion dans le film, Bebel modèle Anconina pour lui faire prendre un rôle quʹil refuse désormais dʹassumer. Film tournant, film étape du mi-temps de la vie pour Claude Lelouch, qui sort un peu ébranlé du tournage de Attention bandits. Le cinéaste a besoin de prendre du recul. Il sʹest lassé du cinéma. Mais cʹest sans compter sur la vision dʹun Jean-Paul Belmondo, lassé lui aussi de cinéma, et qui sʹéclate sur les planches en jouant Kean, la pièce de Dumas, adaptée par Sartre. Au Théâtre Marigny, Bebel est de retour sur scène 28 ans après ses débuts. Lelouch est conquis. Il remise son projet dʹannée sabbatique et se lance dans un film qui interroge les envies, les désirs, les manquements du quinquagénaire quʹil est et quʹest son personnage principal. Lʹhistoire dʹune vie, mouvementée, haletante, où lʹâme voyageuse rencontre lʹamour, la famille, le destin et permet le passage de témoin. Cʹest du Lelouch, virtuose. Le cinéaste est toujours habile à saisir les hommes au vol, leurs passions et leurs désarrois. Itinéraire dʹun enfant gâté marche fort au cinéma. Jean-Paul Belmondo, également producteur, remporte le César du meilleur acteur 1989 pour son rôle. REFERENCES Le tournage du film, Antenne 2 https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/cab88022043/belmondo-lelouch-et-scenes-tournage-film-itineraire-d-un-enfant-gate Pierre Tchernia https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/i15335123/claude-lelouch-sur-son-film-itineraire-d-un-enfant-gate le César de Belmondo https://vimeo.com/77784576
Lʹhomme de Rio sort en 1964. Cʹest une comédie dʹaventure à la française, emblématique dʹun genre nouveau inventé par le réalisateur Philippe de Broca, avec, dans le rôle-titre, son comédien fétiche : Jean-Paul Belmondo. Proche par le ton et lʹesprit des aventures de Tintin, préfigurant certaines prouesses de James bond, le film est une sorte de super-bande dessinée, bondissante et mouvementée, menée sur un rythme ultra rapide et bourré dʹhumour. Jean-Paul Belmondo y est cabotin à souhait, sautant et virevoltant, effectuant lui-même toutes ses cascades. Ajoutez-y une des premières apparitions de Françoise Dorléac à lʹécran, mutine, et cabocharde, et vous obtenez un extraordinaire succès public qui rendra ses acteurs et son réalisateur mondialement célèbres. Sans leur faire prendre la grosse tête rassurez-vous. Mais Philippe de Broca vous expliquera tout ça en fin dʹémission. Lʹhomme de Rio cʹest la quintessence du film dʹaventure comique qui préfigure Indiana Jones. Tourné en décors naturels, avec des comédiens heureux dʹêtre là, un scénario épique, bourré de rebondissements, le film passe les modes et les époques, devient culte. Aujourdʹhui, plus que jamais, cette comédie sans prétention, réchauffe les cœurs, met du mouvement sur les écrans, invente et bouscule les codes. On ne pouvait pas passer à côté. On vous raconte dès lors les péripéties de Jean-Paul Belmondo, de Philippe de Broca, de Françoise Dorléac. Ils sont tous morts à présent, mais leur cinéma est éternel. Il est temps de commencer. Lʹaventure nʹattend que nous et Adrien Dufourquet qui arrive à Paris en permission. REFERENCES Rose avec des étoiles vertes interview de Philippe de Broca un casting de Belmondo Françoise Dorléac à Cannes en 1966
Des petits monstres verts et teigneux sʹattaquent à une ville un soir de Noël. Ce sont des Gremlins, rencontrés au coin du film de Joe Dante sorti en 1984. Gremlins, cʹest lʹhistoire dʹun père inventeur, dʹune veillée de Noël, dʹun petit animal domestique pas tout à fait comme les autres, un Mogwaï quʹil ne faut surtout pas exposer à la lumière, à lʹeau et, règle à ne bafouer sous aucun prétexte, nourrir après minuit. Car le Mogwaï a la capacité de se multiplier et de se transformer en une horrible créature malfaisante et meurtrière : un Gremlin. Ce film est une comédie dʹhorreur. Il est à la fois hilarant et terrifiant. Drôles les moments où le mythe américain de Noël, de la famille, sont égratigné. Effrayants tous les morts et la méchanceté venimeuse des fameux Gremlins. Le film réunit à la fois le drame, les larmes, le rire et le suspens. Cʹest du grand art. Il est écrit par Chris Columbus, qui a aussi écrit les Goonies, produit par Steven Spielberg et réalisé par Joe Dante. Cette fine équipe produit ainsi un des plus grands succès des années 80 et permet à lʹhorreur de rencontrer le rire. Le film se veut familial. Aux Etats-Unis, il sort avec la recommandation dʹun accompagnement parental. En Europe, il est conseillé aux plus de 13 ans. Nʹayant pas 13 ans à lʹépoque, je lʹai quand même vu au cinéma et jʹen ai été traumatisée, à regarder tous les soirs sous mon lit si un Gremlin ne sʹy cachait pas. Mais je pense que nous avons été nombreux dans ce cas-là. Car cʹest aussi ça la force du cinéma, la force des histoires, surtout celle que produit ce trio. Gremlins, cʹest le triomphe de lʹimagination et de lʹanimation, un contre-ET en quelque sorte qui va enrichir le bestiaire des animaux fantastiques du 7e art. REFERENCES Gremlins : Behind the scene Cinémathèque française et Arte Cinéma Joe Dante par Joe Dante : une leçon de cinéma Le making-of de Gremlins
Rediffusion du 11 octobre en hommage à Alain Delon. La genèse de Borsalino appartient totalement à Alain Delon. Oui, oui, cʹest lʹacteur qui va tout chapeauter. Cʹest même lui qui va produire le film, être de toutes les étapes, en assurer le suivi. Vous verrez comment. Pendant lʹété 1968, Jacques Deray tourne La Piscine dans une villa de Ramatuelle. Cʹest sur la Côte dʹAzur, dans le golfe de Saint-Tropez. Il y a Romy Scheider, Jane Birkin et Alain Delon. Après chaque journée de travail, une fois lʹéquipe partie, Jacques Deray aime à se retrouver avec Alain Delon. Il apprécie énormément ce comédien. Et un soir, sous les étoiles, Delon lui parle dʹun livre quʹil vient de lire. Cʹest un ouvrage dʹEugène Saccomano, un journaliste de la région et qui a pour titre : Bandits à Marseille. Cʹest un livre qui relate lʹhistoire du banditisme dans la cité phocéenne. Un chapitre particulièrement retient lʹattention de Delon, celui sur Carbone et Spirito, deux bandits qui règnent maîtres absolus sur la pègre marseillaise dans les années 30. Alain Delon sʹy voit déjà. Lui, en brigand des années 30 et comme comparse Jean-Paul Belmondo avec qui il nʹa jamais tourné. Spirito et Carbone sont des voyous plutôt pittoresques et spectaculaires, sʹintéressant à la drogue, aux filles... il y a là du bon matériel cinématographique. Jʹen serai le producteur et tu seras le réalisateur, dit encore Delon à ce moment-là. Et il demandera à Jean-Paul Belmondo dʹêtre lʹautre acteur principal du film. POUR LE NET Une archive RTS de 1981 : Le réalisateur français Jacques Deray se confie sur le plateau de Spécial cinéma à propos de sa carrière, de ses relations avec Alain Delon sur les plateaux de tournage et de sa prédilection pour les films policiers. "Les Mystères Delon" de Bernard Violet (Flammarion, 2000) Alain Delon, Jean-Paul Belmondo: destins croisés, par Philippe Duran, Carnot Cinéma, 2004 De très bonnes interviews et critiques par Philippe Lombard le tournage de Borsalino à Marseille
Cʹest un jeu qui se joue en salle, avec des billes, des queues, des tapis verts. Un jeu à lʹiconographie patente, imprimée sur nos rétines depuis lʹavènement du film de Martin Scorcese, La couleur de lʹargent, The Color of Money, sorti en 1986. Un film événement qui lance, en Europe et dans le monde, la mode du billard américain, voyant ouvrir dans son sillage de nombreux clubs et de nombreuses salles. Mais ça, cʹest de lʹhistoire sociale. Quant à lʹhistoire du film, Martin Scorcese reprend, sous un autre angle, le personnage de Paul Newman, Fast Eddie, héros de lʹArnaqueur de 1961 de Robert Rossen. 25 ans plus tard, cʹest la suite de la vie de Fast Eddie Felson qui intéresse Scorcese. Le réalisateur joue sur les relations dʹun arnaqueur déclinant qui devient mentor dʹun jeune prometteur joué par Tom Cruise. Cʹest un film sur un rapport de force, puis sur un passage de témoin, qui nʹest pas la suite littérale de lʹArnaqueur. Il y a de lʹamour, il y a de la haine, il y a du jeu, il y a de lʹarnaque. Paul Newman, 60 ans, fait un come-back spectaculaire face à Tom Cruise auréolé du succès de Tom Gun. Il y gagne même lʹoscar du meilleur acteur. Un troisième personnage, Mary Elizabeth Mastrantonio, donne un contrepoint salutaire, une distance à ce duo dʹhommes pris dans leurs jeux de la vie et du hasard. Martin Scorcese filme au plus près des tables de billard, au plus près des bouteilles de bourbon. Les images sont presque tactiles. La couleur de lʹargent est maîtrisé de bout en bout par Scorcese, qui est comme un joueur de billard devant ses billes. Le film est un succès au box-office et permet au réalisateur de se lancer à corps perdu dans le projet de sa vie : La dernière tentation du Christ. REFERENCES Martin Scorsese interviewé pour la Couleur de lʹArgent Antenne 2, téléjournal 1987 Michael HENRY WILSON, Scorcese par Scorcese, Cahiers du Cinéma, 2005 RICHARD SCHICKEL, Conversations avec Martin Scorcese, Sonatine, 2011 Entretien avec Martin Scorcese à propos de la couleur de lʹargent, propos recueillis à New York par Michael Henry Wilson le 28 octobre 1985 pendant la préparation du film. Paru dans Positif de mars 1987.
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