Un monde de tech

<p>Comment et pourquoi le progrès et l'innovation technologique modifient-ils notre quotidien ? Dominique Desaunay met l’accent sur les initiatives locales, donne la parole à ceux qui imaginent notre avenir, et propose une immersion au cœur même de la civilisation «numérique» mondiale.</p>

YouTube fête ses 20 ans et revendique la place de premier média audiovisuel du monde

Né, selon la légende, lors d’un dîner entre amis il y a 20 ans, le site YouTube est devenu une plateforme de diffusion vidéo incontournable au quotidien, visitée par des internautes de tout âge. Le site, à l’occasion de ses 20 ans, annonce que la plateforme est sur le point de dépasser les chaînes de télévision câblées en termes d’audience payante. Selon Google, propriétaire de YouTube, les internautes du monde entier regardent quotidiennement, en souscrivant à un abonnement payant, plus d’un milliard d’heures de contenus vidéos issus de sa plateforme, sur leur téléviseur connecté. YouTube, racheté par le géant d’internet en 2006 pour 1,65 milliard de dollars, est désormais considéré par les analystes financiers comme un excellent investissement. En revanche, la plateforme de diffusion vidéo en ligne est considérée aujourd’hui comme une menace pour les activités commerciales des mastodontes des chaines câblées aux États-Unis comme Disney, ABC ou encore CBS. Pourtant, le pari était risqué à l’époque de sa création, qui était basée sur une idée simple, celle de proposer aux internautes désargentés, sans studios et moyens de production, d’échanger en ligne leurs vidéos.Historiquement, le premier clip qui a été posté sur YouTube est celui d’une visite au zoo de San Diego aux États-Unis, qui a été publié en 2005 par l’un des trois fondateurs du site, Jawed Karim. Le jeune informaticien, face caméra, est en admiration devant des éléphants qui ont « vraiment… vraiment des trompes très, très longues ». Ce reportage minimaliste à l’image pixelisée et au commentaire succinct n’avait réellement pas de quoi prétendre à l’Oscar du meilleur documentaire du monde. Mais le clip de 19 secondes est à l’origine du phénomène mondial du partage de vidéos en ligne que représente aujourd'hui YouTube.Les créateurs de contenus du monde entier sont sur YouTubeEn deux décennies, le site est devenu un espace unique pour les créateurs de contenus du monde entier et un véritable paradis pour les influenceurs et les agences de publicités. Fiction, documentaire, musique, les contenus proposés sur la plateforme sont extrêmement variés. Un support numérique de masse sur lequel la question de la modération des contenus reste un problème, avec des vidéos qui sont contrôlées a posteriori et bien trop souvent après leur diffusion.Parmi les clips les plus vues de tous les temps, nous trouvons la comptine pour enfant Baby Shark sur la chaîne des Pinkfong Kids’ Song, comptabilisant plus de 15 milliards de vues sur la plateforme à ce jour. Le clip se retrouve très largement en tête du classement des vidéos les plus consultées sur YouTube et même de l’histoire de tous les réseaux sociaux spécialisés dans la diffusion vidéo.YouTube face à la concurrenceLa concurrence est rude dans le secteur du streaming en ligne, notamment avec l’arrivée de TikTok en 2016 qui a poussé YouTube à innover sans cesse. La plateforme de Google se lance alors dans les shorts, un format de vidéos courtes inspiré du réseau social chinois qui a rencontré un succès immédiat. Parallèlement, YouTube investit dans le streaming en direct pour concurrencer le réseau des gamers Twitch et les chaînes de télés câblées. L’actuel patron de YouTube, Neal Mohan, ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Il annonce en 2025 recourir aux technologies de l’intelligence artificielle pour personnaliser les recommandations de visionnage de la plateforme auprès des internautes et pour détecter les contenus inappropriés.Malgré la concurrence, YouTube entend ainsi rester le champion de la diffusion vidéo en ligne avec son audience intergénérationnelle. Une plateforme numérique incontournable que fréquentent assidument, autant les Baby Sharks du Web que les vieux requins de l’internet. Doo doo doo doo doo doo !À lire aussiDeux mois d’Internet sans crainte, placé sous le signe de l’IA

02-14
03:38

Deux mois d’Internet sans crainte, placé sous le signe de l’IA

Depuis plus de 20 ans, la France, l’Europe et désormais le monde entier se mobilisent aux côtés des enfants et de leurs parents, enseignants et éducateurs, en faveur d’un Web plus responsable. Le coup d'envoi de la Journée mondiale pour un Internet plus sûr a eu lieu ce mardi 11 février. Mais l’événement, qui est placé cette année sous le signe de l’IA, se prolongera tout au long des mois de février et de mars. De l’IA, encore de l’IA, toujours de l’IA est le thème central de la 22ᵉ campagne mondiale de sensibilisation des jeunes confrontés aux dangers et aux bienfaits de numérique. L’événement a été labellisé dans ce sens par le Sommet pour l'action sur l'IA de Paris et par le Conseil de l’Europe. L’objectif cette année est de multiplier des actions en ligne et des ateliers de sensibilisation dans plus de 200 pays du monde sur l’utilisation de ces programmes qui ont été adoptés massivement par les jeunes internautes.L’éducation à la citoyenneté numérique à l’ère de l’IACyberharcèlement, arnaques en ligne et hypertrucages de vidéos pédopornographiques, les adolescents sont les premières victimes de ces programmes d'IA qui pullulent sur leurs réseaux sociaux. Et le déferlement de vidéos d'agressions sexuelles d'enfants générées par intelligence artificielle, tant en Europe que dans le monde, atteint des proportions considérables. Les textes législatifs dans la plupart des pays occidentaux interdisant la génération de ces images et leur partage en ligne s’accumulent. Mais rien n’y fait !Mettre en place une éducation à la citoyenneté numérique, à l’ère des programmes IA, devient indispensable, estime Axelle Desaint, directrice d’Internet Sans Crainte : « En fait, ce qui est très important aujourd'hui est de ne pas considérer que l'IA serait un nouveau socle technologique. Il s'agit d’une véritable révolution comme l’a été le Web, il y a 30 ans. L’IA impacte profondément tous les sujets d'éducation au numérique. Utiliser les images génératives, c'est nourrir les programmes de l’intelligence artificielle de ces données. Par ailleurs, ces IA, qui permettent de transformer pas mal de contenus de ce qui nous est donné à voir en ligne, nécessitent aussi d'aiguiser son esprit critique autrement.  Aujourd'hui, plus de 95 % des images sur les réseaux sociaux sont des hypertrucages pornographiques et les jeunes sont les premières victimes de ce phénomène. Par ailleurs, l'accélération du cyberharcèlement à l’aide de ces programmes peut avoir des effets extrêmement délétères. Le public jeunesse est donc un public à part, il faut le prendre en compte dans le développement de l'IA, que ce soit sur la protection de leurs données, mais aussi sur la préservation de leur santé mentale. » L’UE peaufine sa solution technique du contrôle de l’âgeL’association Internet Sans Crainte propose des kits à télécharger aux enseignants, aux parents et à leurs enfants pendant ces deux mois que couvre la campagne de sensibilisation aux dangers de l’IA. Le kit pour les scolaires du primaire, par exemple, est axé sur « ce que je vois en ligne, ce que je fais en ligne et ce que je partage en ligne », tandis que celui des lycéens porte sur le thème : « être en ligne, bien-être en ligne et savoir-être en ligne ».Par ailleurs, la Commission européenne rappelle qu’elle travaille à l’élaboration d’une solution technique du contrôle de l’âge. Ces applications pour consulter, sur les plateformes sociales, des contenus normalement réservés aux adultes, qu’ils soient générés ou non par IA, seront disponibles à l’ensemble des pays de l’UE, d’ici à la fin de 2026.À lire aussiSommet de l'IA: «Les cartes sont rebattues sur la place de la France dans le domaine»

02-13
03:19

Notre-Dame virtuelle, une cathédrale numérique unique au monde

Avec les derniers développements des technologies de virtualisation 3D, il devient possible de créer un monde entièrement virtuel, mais qui serait aussi fidèle que l’original. Ces outils de simulation du réel ont permis aux chercheurs du CNRS de documenter le chantier de restauration de Notre Dame de Paris. Un projet de science participative qui a permis de faciliter et d'enrichir les échanges interdisciplinaires avec les différents corps de métier qui intervenaient dans la cathédrale. Gargouilles, charpentes, murs, vitraux, cloches ou encore orfèvrerie... Dès le lendemain de l’incendie qui a frappé la cathédrale Notre-Dame de Paris, de nombreux scientifiques ont mis en commun leurs compétences au service de l’édifice endommagé et au service des équipes chargées du chantier de sa restauration. Des centaines de chercheurs et artisans ont pu s'immerger dans un double virtuel à taille réelle de Notre Dame installé dans les locaux de la Cité de l'architecture et du patrimoine de Paris.La cathédrale virtuelle est devenue au fil de ses développements un véritable patrimoine numérique. Une cathédrale de la connaissance qu’il faut préserver pour les générations futures, précise Livio De Luca directeur de recherche au CNRS et responsable du groupe de travail « Données numériques » du Chantier scientifique Notre-Dame.Un projet de double numérique qui a été développé en collaboration avec le laboratoire modèles et simulations pour l’architecture et le patrimoine (MAP) : « Ce système que nous avons mis en place a permis d'intégrer plusieurs états temporels de la cathédrale. Tout d'abord, il y a eu l'urgence de cartographier les vestiges qui étaient tombés au sol. Et pour cela, nous avons mis au point des dispositifs de numérisation quadridimensionnel avec, par exemple, le recours aux archives photos afin de comparer l'état de la cathédrale avant et après incendie. Ce projet a abouti en quelque sorte à la construction d’une cathédrale de la connaissance qui fait désormais partie de notre patrimoine. Aujourd'hui, se pose la question de comment mettre à disposition ces objets numériques qui sont une extension des objets matériels et de les transformer en véritable bien commun pour les générations futures. »Percer les mystères de la construction de Notre-DameLes chercheurs ont étudié, par exemple, le type de sylviculture appliqué aux forêts du Moyen-Âge qui avait permis aux bâtisseurs de Notre-Dame de prélever le bois pour la charpente du monument. Des informations essentielles pour les artisans qui ont mené une restauration à l’identique.Outre le bois, huit autres axes de recherches ont été lancés dès 2019. En tout, près de 200 chercheurs du CNRS se sont intéressés à la pierre, aux vitraux ou encore à l'acoustique de Notre Dame. Notamment, en simulant la présence de musiciens et de chanteurs sous la forme d’avatars numériques afin de retrouver l’acoustique originelle de la cathédrale.Remettre à la bonne place chaque vestige détruit par l’incendieCe jumeau numérique a permis aux scientifiques et aux artisans chargés de la restauration de confirmer les hypothèses de localisation de chaque pièce, de chaque débris numérisé, en les manipulant virtuellement dans cet espace 3 D. Alors que le chantier de restauration de Notre-Dame est désormais terminé, les recherches scientifiques, elles, continueront dans les laboratoires à travers une plateforme 3D qui répertorie l'ensemble des données récoltées. La cathédrale numérique a permis aussi d’organiser des installations en réalité virtuelle pour que le grand public, à l’aide de casques immersifs, puisse à son tour découvrir les secrets de cet édifice légendaire.

12-06
03:35

D’ici à cinq ans, l’IA réduira fortement les revenus des créateurs humains

Une étude de la Confédération internationale des sociétés d’auteurs et compositeurs révèle des prévisions alarmantes sur les conséquences du déploiement des programmes IA dites génératives dans les secteurs de l’audiovisuel et de la création artistique. La perte des revenus des créateurs de contenus, tous secteurs confondus, se chiffre à près de 22 milliards d’euros d’ici à cinq ans et menace de transformer radicalement le paysage culturel et de l’audiovisuel dans le monde. Les bénéfices des principales entreprises de la big tech qui ont développé l’IA dite générative connaîtront une croissance spectaculaire au cours des cinq prochaines années. En revanche, les créateurs de contenus, eux, risquent de perdre une large part de leurs revenus actuels. En cause, un effet de substitution des œuvres générées par des humains qui sont ainsi victimes de la reproduction non autorisée de leurs créations par les IA. La Confédération internationale des sociétés d’auteurs et compositeurs tire à ce propos le signal d’alarme.Son nouveau rapport rappelle l’urgence d’imposer aux grands groupes technologiques une régulation de l’IA au niveau mondial, explique Constance Herreman Follain, directrice des affaires publiques et juridiques de la Cisac : « Cette étude démontre que les revenus des créateurs à l’horizon 2028, baisseront de 24 % dans le secteur musical et de 21 % dans celui de l’audiovisuel. Les services en ligne de l’IA utilisent des œuvres protégées sans autorisation et sans rémunérer les auteurs qui sont pourtant à l’origine des œuvres. Par ailleurs, les programmes génératifs produisent des contenus qui viennent concurrencer les créations des auteurs qu’ils ont pillés. À long terme, cela engendrera un effet de substitution. Un phénomène que la Cisac dénonce constamment auprès des législateurs dans les pays du monde entier. Actuellement, il y a d'importantes négociations au niveau européen sur la mise en œuvre de l'acte sur l'intelligence artificielle que le monde entier regarde attentivement. Il est donc capital que l'Union européenne reste leader dans la protection des droits des créateurs humains. »Avec l’IA, les professionnels du doublage des films disparaîtrontL’étude alerte sur la disparition probable des métiers de traducteurs et d’adaptateurs qui travaillent dans le doublage et le sous-titrage des films avec l’effondrement de leurs revenus qui est estimé dans le rapport à 56%. Les scénaristes et les réalisateurs pourraient subir le même sort, quand les commandes passées par les groupes audiovisuels, seront amputées de 15% à 20% dans les prochaines années. Avec la généralisation des contenus générés par IA, les artistes humains risquent ainsi de se voir marginalisé au profit d’une domination des productions automatisées. Le grand public sera le premier à pâtir de cette disparition de la diversité culturelle, n’ayant bientôt plus d’autres choix que d’accéder à des contenus formatés et standardisés. Des œuvres artificielles par IA uniformisées, qui seront, sans surprise, voire sans saveur, est-on en droit de redouter.

12-05
03:07

L’expression «brain rot», élue mot de l’année par Oxford

L’Oxford University Press, qui édite un dictionnaire de référence de la langue anglaise utilisé dans l’ensemble du monde anglo-saxon, a désigné le terme « brain rot » comme étant le mot de l'année 2024. L'expression qui se traduit par « pourriture cérébrale » en français, qualifie les conséquences négatives sur la santé mentale des internautes d’une consommation à outrance des contenus de faible qualité sur les réseaux sociaux. Selon l'Oxford University Press, l’expression « brain rot » se définit comme la détérioration supposée de l'état mental ou intellectuel d'une personne qui abuse de contenus en ligne peu stimulants. Le terme ne recouvre évidemment pas une pathologie spécifique qui serait reconnue par les instances médicales. En revanche, l'utilisation massive de cette expression par les internautes eux-mêmes, dans leurs messages en ligne, invite à la réflexion.Entre 2023 et 2024, la fréquence d'utilisation du terme a augmenté de 230 % par rapport à l’année précédente, détaille dans une publication vidéo les réseaux sociaux de l'Université d'Oxford : « La pourriture cérébrale est définie comme la détérioration supposée de l’état mental ou intellectuel d’une personne, en particulier quand il s’agit de la surconsommation d’objets matériels. Mais aujourd’hui, le contenu en ligne peut être considéré comme quelque chose qui est susceptible d’entraîner une telle détérioration. Les experts d’Oxford University Press ont remarqué que cette pourriture mentale a pris une importance considérable cette année. Notamment quand le terme est utilisé pour exprimer des préoccupations concernant l’impact de la consultation excessive de contenus en ligne de mauvaise qualité, en particulier par les jeunes sur les médias sociaux. »Une expression qui ne date pas d'hierLa première utilisation du terme « brain rot » remonte à une époque où internet n’existait pas encore. En 1854, le philosophe américain Henry David Thoreau est le premier à employer l'expression pour critiquer la tendance de ses contemporains à dévaloriser les idées complexes au profit des idées simples. « Alors que l'Angleterre s'efforce de guérir la pourriture de la pomme de terre, personne ne s'efforcera-t-il de guérir la pourriture cérébrale », écrivait-il à l’époque. En 2024, l’expression s'est étendue à la sphère du numérique, notamment pour qualifier l’effet délétère qu’exerceraient les réseaux sociaux sur la santé mentale de la jeune génération.Un pourrissement mental révélateur des préoccupations actuellesL’université ajoute que le terme « brain rot » est utilisé à la fois pour désigner la cause et l’effet de ce pourrissement mental. Le professeur et psychologue Andrew Przybylski d’Oxford s’étonne, par ailleurs, que l’expression ait été adoptée massivement par les générations Z et Alpha. Selon l’expert, il s’agirait « d’un symptôme de l'époque dans laquelle nous vivons », mettant en évidence « une relation directe entre des taux plus élevés d’anxiété et de dépression et le temps passé en ligne sur les réseaux sociaux ». Une analyse qu’il convient peut-être de nuancer.Le terme de « pourriture cérébrale » est souvent employé par des jeunes internautes, qui sont effectivement les premiers consommateurs et prescripteurs des contenus de piètre qualité sur les réseaux sociaux. Mais ils l’utilisent aussi pour commenter, sur un ton argotique, une vidéo en ligne, que ce soit en bien ou en mal, quand elle ne correspond pas, a priori, à leur attente.

12-04
03:18

Arrestation du pirate informatique russe Matveev à Kaliningrad

L’un des pirates les plus recherchés au monde vient d’être appréhendé par les autorités russes. L’individu âgé de 32 ans a été arrêté à Kaliningrad, un territoire de la Fédération de Russie qui est situé entre la Pologne et la Lituanie. Selon les autorités moscovites, ce pirate informatique est soupçonné d'avoir orchestré des attaques contre des banques, des hôpitaux et des réseaux énergétiques, principalement aux États-Unis. Il opérait dans l’ombre sous différents pseudonymes comme « Boriscelcin », « ShadowHacker » ou encore celui de « Wazawaka ». Il proposait à la vente des outils logiciels de piraterie informatique. Ses noms de scène en ligne étaient souvent cités par les collectifs de cybercriminels spécialisés dans les rançongiciels, qui ont sollicité à maintes reprises ses compétences afin de perpétrer leurs chantages en ligne. Des cyberattaques qui ont, par ailleurs, rapporté plusieurs millions de dollars aux organisations mafieuses.Une arrestation qui soulève quelques interrogationsLe fait que les autorités russes décident de l’appréhender et de le juger sur leur territoire soulève des questions. S’agit-il d’une réelle intention du Kremlin de coopérer avec les instances occidentales en lutte contre une cybercriminalité qui se mondialise ? Ou bien ce pirate informatique est-il aussi à l’origine d’attaques qui auraient été menées contre des entreprises et des institutions sur le territoire de la Fédération de Russie ? Impossible pour l’instant de le déterminer, nous explique Damien Bancal, expert en cybersécurité et fondateur du site Zataz qui suivait à la trace ce cybercriminel au parcours atypique, depuis quelque temps déjà : « Il est l’instigateur de plusieurs groupes de pirates informatiques, dont l'un des plus connus est LockBit. Pour l’appréhender, les autorités russes n'avaient qu'à lire l'information diffusée par le FBI quand les États-Unis ont proposé 10 millions de dollars de récompenses pour sa capture. Un mot de la personnalité du pirate qui a eu une fâcheuse tendance à faire le fanfaron sur des sites et des forums cybercriminels. Par exemple, quand le FBI a publié sa photo dans son avis de recherche, il a édité des t-shirts avec son effigie. "Je vous les vends. Je n'ai peur de rien. Ils n'arriveront jamais à venir me chercher", se vantait alors le pirate sur les réseaux sociaux. Que risque-t-il ? Si c'est comme les autres pirates liés au groupe de hackers REvil, qui viennent d'être jugés il y a quelques jours à Moscou, les peines de prison prononcées à leur encontre n'ont pas excédé six ans. Toutefois, le roi du rançongiciel deviendra peut-être une monnaie d'échange à un moment où l'Occident, la Russie et l'Ukraine vont commencer à réfléchir à la paix. La Russie peut s'en servir de monnaie d'échange afin d'amoindrir les dommages de guerre qu'elle a provoqués. L’autre possibilité serait éventuellement de récupérer des informations intéressantes en possession du pirate pour que Moscou continue à mener sa guerre hybride contre l’Occident. »Aucun traité d’extradition entre la Russie et les États-UnisEt autant dire que la chance que Matveev puisse répondre de ses actes devant une cour américaine est plutôt faible, voire inexistante. Si la Russie a souvent été accusée par l'UE d'abriter des pirates agissant pour des motifs politiques ou économiques au nom du Kremlin, cette fois son cas serait un peu différent. Le cybercriminel, agissant sans doute aux yeux des autorités de façon un peu trop indépendante, a probablement convaincu Moscou de le mettre à l’ombre, à défaut de pouvoir contrôler ses actions malveillantes.À lire aussiLe cyber, une «arme d’emploi» pour la Russie

12-03
03:21

En Suède, l'agence de Sécurité sociale utilise un algorithme discriminatoire, alertent des ONG

En Suède, l’agence de Sécurité sociale est pointée du doigt par Amnesty International. L’ONG critique le système de cette agence qui utiliserait des algorithmes discriminatoires.  De notre correspondante à Stockholm,L’agence suédoise de Sécurité sociale utilise une intelligence artificielle (IA) dont le but est de repérer les fraudes aux prestations sociales. Il y a deux types de vérifications qui sont faites : la première, c’est une enquête standard réalisée par des travailleurs sociaux. Dans ce cas, on laisse le bénéfice du doute à la personne, qui a peut-être commis une simple erreur dans ses déclarations. La seconde vérification, c’est le département « contrôle » qui s’en charge et là, ils traitent les cas où il y a suspicion d’intention criminelle. Et c’est cette notion de contrôle avec présomption « d’intention criminelle » qui pose problème, car certaines personnes sont automatiquement classées dans cette deuxième catégorie par une intelligence artificielle et l’algorithme leur attribue un score de risque élevé. D’emblée, ils sont considérés comme des « présumés tricheurs ».Une intelligence artificielle discriminatoireL’organisation à but non lucratif Lighthouse Reports et le journal suédois Svenska Dagbladet ont enquêté pour comprendre comment l'IA attribue ces « scores ». Dans leur enquête, on découvre que certains groupes sont signalés de manière disproportionnée. Dans le groupe des personnes automatiquement pointées du doigt par l’algorithme, on retrouve les personnes nées à l’étranger ou dont les parents sont nés à l’étranger, mais aussi les femmes et les personnes à faible revenu ou n’ayant pas de diplôme universitaire. Ces personnes-là, en général déjà marginalisées au sein de la société, obtiennent un score de risque élevé et sont donc scrutées de manière disproportionnée par les contrôleurs des fraudes au sein de l’agence d’aide sociale.Un pouvoir de contrôle disproportionnéEt ces contrôleurs ont un pouvoir énorme. Ils peuvent fouiller vos réseaux sociaux, obtenir des données auprès de votre banque ou des écoles et même interroger vos voisins. Pour ceux qui ont déjà vu la série, on se croirait un peu dans un épisode de Black Mirror.Des pratiques qui vont à l’encontre de la réglementation de l’Union européenne sur l’intelligence artificielle, une nouvelle réglementation de l’UE entrée en vigueur en août dernier et qui vise à garantir une IA respectueuse des droits fondamentaux, notamment l’égalité. Elle interdit donc formellement les systèmes spécifiques qui seraient considérés comme des outils de notation sociale. Pour Amnesty, le risque avec ce système, c’est d’aggraver des inégalités et des discriminations préexistantes, sans compter que ces méthodes sont déshumanisantes et basées sur des préjugés.À noter que la Suède est loin d’être la seule à être pointée du doigt. Le 13 novembre dernier, c’est l’agence danoise de protection sociale qui a été accusée de créer une surveillance de masse pernicieuse avec cet outil et, en octobre, Amnesty International appelait les autorités françaises, cette fois-ci, à cesser immédiatement d’utiliser un algorithme discriminatoire qui attribue une notation des risques dont se sert la Caisse nationale d’allocations familiales (CNAF) pour détecter les trop-perçus et les erreurs dans le versement des allocations. Le risque est de reproduire le scandale qui avait eu lieu en 2021 aux Pays-Bas : à ce moment-là, 26 000 parents avaient été accusés à tort de fraude fiscale par un algorithme qui utilisait un profilage ethnique.Un porte-parole de l’agence de Sécurité sociale suédoise a indiqué que « le système fonctionne en totale conformité avec la loi suédoise. »À lire aussiLes algorithmes de notation s’installent en Europe

12-02
03:33

Les moins de 16 ans interdits de réseaux sociaux en Australie

Le Premier ministre australien Anthony Albanese avait annoncé qu’un projet de loi visant à fixer un âge minimal pour se connecter sur les réseaux sociaux était en préparation. C'est désormais chose faite, les moins de 16 ans ne pourront plus accéder à leurs plateformes sociales préférées. La mesure a suscité de nombreuses critiques en ligne de la part des experts en cybersécurité qui estiment que les technologies pour contrôler l'âge des internautes sont inefficaces. Dans son projet de loi, le Premier ministre australien avait choisi de confier aux plateformes sociales la responsabilité de s'assurer que leurs utilisateurs ont l'âge requis. « La responsabilité n'incombera pas aux parents ou aux jeunes. Il n'y aura pas de sanctions pour les utilisateurs », a martelé le chef du gouvernement au Parlement australien auprès des députés en insistant sur les effets délétères que produisent les médias sociaux sur la santé mentale des jeunes internautes.Avec son adoption par les députés ce mercredi, l'interdiction des réseaux sociaux aux adolescents australiens de moins de 16 ans devient l'une des mesures de protection les plus contraignantes au monde. Elle rend illégale l’utilisation par les mineurs de X, de TikTok, Facebook, Instagram et même de YouTube dont l’espace en ligne réservé à l’éducation scolaire est aussi concerné par cette législation.Et les amendes en cas de non-respect peuvent aller jusqu’à 31 millions d’euros. Pour estimer l’âge d’un utilisateur, les plateformes sont désormais autorisées à procéder à un scan du visage ou de la voix d’un internaute. Un procédé technique qui est facilement contournable et fait encore beaucoup trop d’erreurs, estiment toutefois les experts en cybersécurité. À ces problèmes technologiques, s’ajoute celui de priver la jeune génération de plateformes sur lesquelles ils s'informent.Les conséquences seront délétères, regrettent une centaine d’universitaires qui fustigent en ligne la décision du gouvernement l’exhortant plutôt à privilégier l’éducation des jeunes internautes aux médias numériques.Des lois similaires sont en cours de préparation dans le mondeAu Royaume-Uni, par exemple, le projet de loi qui consiste à imposer aux constructeurs de téléphone portable d’intégrer des dispositifs de protection pour les mineurs avant leur mise en vente, est toujours en discussion, mais devrait bientôt aboutir. Depuis des mois, tant en Europe, qu’aux États-Unis, les pressions s'intensifient contre les grandes plateformes numériques afin de les contraindre à mettre en place des mécanismes pour protéger la santé mentale des adolescents.  Et pour l’instant, c'est la Chine, qui restreint le plus sévèrement l'accès aux médias sociaux des mineurs, en exigeant une identification des internautes à travers le scan d’un document d'identité officiel. Par ailleurs, les moins de 14 ans ne peuvent pas passer plus de 40 minutes par jour sur Douyin, la version chinoise de TikTok. Et le temps de jeu en ligne des enfants et adolescents est fortement limité Toutefois, les menaces de procès contre les médias sociaux fonctionnent. Les régulateurs européens du numérique et les ONG ont ainsi obtenu du chinois TikTok de faire le ménage dans ses filtres de trucages photos et vidéos.Le réseau social, annonce ce mercredi que les « filtres beauté » ajoutant sur ses selfies un maquillage virtuel, parfois surréaliste, déformant les traits du visage ou les yeux des internautes ne seront plus accessibles aux mineurs, d’ici à la fin d’année.

11-27
03:16

Les zones d’ombre de l’AI Act européen

La Commission européenne doit clarifier les interdictions liées au déploiement des programmes de l’intelligence artificielle dans les pays de l’UE. Le texte réglementaire présente de nombreuses zones d'ombres, selon les participants de la consultation publique en ligne lancée depuis le 13 novembre par la Commission. L’UE prévoit donc de publier ses lignes directrices dès février 2025, afin de rendre les dispositions de la loi européenne plus lisibles. Les menaces qualifiées dans le texte européen de « minimales » et « limitées » concernent les systèmes IA utilisés dans les jeux vidéo ou les filtres anti-spam gérés par IA permettant de lutter contre les arnaques en ligne, par exemple. Viennent ensuite les programmes qui offrent la possibilité de générer ou manipuler des images, du son ou des vidéos, notamment des hyper trucages de désinformations sur les réseaux sociaux.Le « risque élevé » s’adresse aux dispositifs employés dans les secteurs de la santé, de l'éducation, du recrutement, de la gestion d'infrastructures critiques, du maintien de l'ordre ou encore de la justice. Et en tête de liste, nous trouvons les risques inacceptables qui portent atteinte la dignité humaine, la démocratie ou l'État de droit. Les systèmes d'identification biométrique associés à la reconnaissance faciale dans des zones accessibles au public sont, par exemple, formellement interdits dans le nouveau règlement.L’IA Act, un règlement jugé trop complexeIndustriels de la tech, décideurs politiques, représentants de la société civile ou encore les jeunes pousses ont jusqu’au 11 décembre pour donner leur avis lors de la consultation publique en ligne organisé par la Commission. Elle permettra aux parties prenantes de spécifier des exemples de systèmes qui devraient, ou pas, être interdits dans l’UE. L’instance européenne promet à son issue de publier des lignes directrices le 2 février 2025. Cette consultation aiderait « les autorités nationales compétentes ainsi que les fournisseurs et les concepteurs de programmes » à mettre en place le nouveau règlement.Et c’est là, où le bât blesse ! Le texte de l’UE empile les contradictions et « des exceptions problématiques » nuisibles au nouveau règlement, remarque Jean-Gabriel Ganascia, expert en éthique numérique, professeur à la faculté des sciences de la Sorbonne et à l'Institut Universitaire de France : « C'est une loi d'une telle complexité que nul n'est capable de la comprendre. Elle se fonde sur la gestion du risque et c'est un premier problème, car le risque, c'est l'anticipation des dangers. Or les développements futurs des programmes de l'intelligence artificielle sont en grande partie imprédictibles. Si nous prenons, par exemple, les risques faibles liés à l’IA, c'est-à-dire le déploiement des programmes qui ne sont soumis à aucune interdiction, nous trouvons les filtres à spam. Il est impossible de savoir sur quels critères techniques, ces filtres anti-arnaques fonctionnent. Leur utilisation obligatoire est pourtant une forme de censure qui est imposée aux internautes européens. Et là, il est regrettable que ces algorithmes soient exclus des obligations de transparence qui ont été définies dans le cadre général de la nouvelle loi de l’UE sur l’IA. Cette législation est donc extrêmement difficile à mettre en œuvre et je ne suis pas certain qu'on y parviendra dans les années qui viennent. »Les enjeux de la régulation des IA débattus à Sophia AntipolisLes dilemmes éthiques posés par l'IA seront au cœur des débats de la nouvelle édition du SophI.A Summit ce mercredi. Organisée par la technopole européenne Sophia Antipolis située sur la Côte d'Azur en France, Jean-Gabriel Ganascia, reviendra sur les grands enjeux de la régulation et de l’éthique dans le développement des algorithmes. Par ailleurs, rappelons que l'Union européenne est franchement à la traîne dans ses investissements sur l’IA. La plupart des firmes de la Big Tech, mais aussi de nombreuses jeunes pousses dans l’UE, appellent le Vieux Continent à se ressaisir, s’il veut rivaliser avec les entreprises chinoises ou les géants de la Silicon Valley. 

11-26
03:14

Le DMA en Europe plonge un peu plus Google dans la tourmente

Avis de tempête pour Google. Aux États-Unis, le département de la Justice vient de demander pas moins que le démantèlement de la société, en exigeant la vente de son navigateur Chrome. Sur le Vieux Continent, les entreprises Qwant et Ecosia affrontent déjà frontalement le moteur de recherche américain, en l’accusant de ne pas respecter le règlement européen du DMA sur les marchés numériques de l'UE. Et c’est maintenant au tour du moteur de recherche DuckDuckGo de porter le fer contre Google. Conçu dès l’origine pour protéger la confidentialité des données de ses utilisateurs, le moteur de recherche américain DuckDuckGo exhorte la Commission européenne à ouvrir de nouvelles enquêtes sur la firme de Mountain View. L’objectif de sa démarche est d’obtenir la garantie du respect des règles strictes de la loi européenne sur les marchés numériques qui est plus connue sous le sigle DMA. Ce règlement, qui est entré en vigueur dans l’UE le 6 mars dernier, a imposé aux grandes plateformes du numérique d’effectuer des modifications dans le fonctionnement de leurs services en ligne. Dès son lancement, le DMA a ouvert un front de discorde entre l'UE et les multinationales de la « big tech ». Apple est « très préoccupé » par l'instauration de ces nouvelles règles qui interdisent, par exemple, de croiser les données collectées des internautes, pour effectuer, sans leur consentement, un ciblage publicitaire. Même inquiétude chez Google ainsi que Meta, ou encore Amazon, et pour les mêmes raisons.La loi européenne interdit également à Google la mise en avant, dans les résultats de son moteur de recherche, de ses propres produits et services en ligne vendus en ligne. L’objectif du DMA est clair, c’est une loi anti-monopole exigeant des grandes plateformes numériques de faire de la place à la concurrence afin que les jeunes pousses développent des services numériques innovants.Google domine le marché européen du numériqueDuckDuckGo, explique sur son blog, que la justice américaine a déjà mis en évidence que Google dominait totalement le marché européen du numérique. 70 % des requêtes enregistrées par la plateforme Google proviennent des terminaux, services en ligne et applications sur lesquels le moteur de recherche de la firme américaine est configuré par défaut. Par ailleurs, l’entreprise refuse de partager les données anonymisées de ses utilisateurs avec les moteurs de recherche concurrents. Pourtant, cette obligation figure bel et bien dans les articles du Digital Markets Act. Le texte vise très précisément Google pour que l'entreprise fournisse à ses concurrents des informations techniques « sur les nombres de clics, de recherches, de vues et des requêtes effectuées par audio » effectués par les internautes.Google adhère de manière sélective au DMAC’est la raison pour laquelle DuckDuckGo interpelle la Commission européenne qui pour l’instant n’a pas encore répondu. Rappelons toutefois qu'Apple, Meta, TikTok, Amazon et évidemment Google sont tenus de se conformer au DMA, sous peine de sanctions financières qui peuvent atteindre jusqu’à 10 % de leur chiffre d'affaires mondial. Des amendes qui représenteraient globalement, à l’encontre de ces multinationales, des dizaines de milliards d’euros. À la condition que les lois européennes sur la régulation du numérique soient strictement appliquées, mais ça ! C’est une autre histoire.

11-22
03:06

Constat désastreux de la cybersécurité dans les collectivités françaises

Le dernier baromètre OpinionWay pour l’organisme Cybermalveillance.gouv.fr révèle l’état calamiteux des systèmes de cybersécurité dans les administrations locales françaises. Sur les 1 700 élus et agents territoriaux interrogés dans les collectivités de moins de 25 000 habitants, 45 % d’entre eux reconnaissent avoir été victimes d’attaques informatiques. En revanche, plus de la moitié d’entre eux estiment avoir mis en place une protection informatique satisfaisante. À l’occasion de sa participation au Salon des maires et des collectivités locales, le site Cybermalveillance.gouv.fr a dévoilé sa troisième étude sur la maturité des collectivités en matière de cybersécurité. Et le moins que l’on puisse dire, c'est que le bilan 2024 n’est pas très brillant. L’organisme du gouvernement français souligne une prise en compte des menaces de piratage insuffisante et constate que la fracture numérique dans le domaine cybersécurité s’accentue entre les petites communes et celles de plus de 1 000 habitants.L’étude révèle aussi un paradoxe singulier, 53 % des administrations locales affirment disposer d’une protection numérique satisfaisante et d’une perception accrue des dangers des attaques informatiques par rapport à 2023. Mais la plupart d’entre elles ne savent pas si elles ont été victimes, ou non, d’un piratage ou d’un vol de données.Par ailleurs, sept des collectivités sur dix qui ont été interrogées fonctionnent avec un budget informatique annuel inférieur à 5 000 euros. Plus inquiétant encore, les trois quarts consacrent moins de 2 000 euros à leur sécurité numérique, nous explique Laurent Verdier, directeur du pôle sensibilisation chez Cybermalveillance.gouv.fr :  « À notre niveau, nous percevons que les attaques s'amplifient à l'encontre des collectivités. Et ce qui est intéressant dans cette étude, c'est le fait qu'une collectivité sur 10 déclare avoir déjà été victime d'une cyberattaque au cours de l'année écoulée. Ce qui nous intéresse, c'est aussi de connaître les raisons pour lesquelles ces collectivités ont du mal à s'approprier, à s'équiper, à se sécuriser. Le frein principal est un manque de connaissance. Le 2ᵉ frein mentionné concerne le manque de budget. On note que 77 % des collectivités indiquent dépenser moins de 2 000 € pour leur cybersécurité. Et ça, c'est effectivement troublant, sachant que ce chiffre augmente à 87 % pour ces petites communes de moins de 1 000 habitants. »L'hameçonnage, l'arme fatale des pirates contre les petites communesDu côté des pirates, la technique de l'hameçonnage reste la principale menace rencontrée par les collectivités et les administrations territoriales. Faux courriels, messages empoisonnés par des virus informatiques et usurpation d’identité figurent toujours parmi les armes préférées des attaquants. Ces techniques de piratages fonctionnent très bien contre des petites mairies par exemple, qui se retrouvent souvent avec un réseau internet coupé et dans l’impossibilité de remplir leur mission locale de service public pendant plusieurs jours.Dans un quart des cas relatés dans le rapport de Cybermalveillance.gouv.fr, les données des administrés ont été dérobées ou bien détruites avec cette méthode. Par ailleurs, les agents et les élus dans les petites communes ne savent pas toujours comment réagir en cas d'attaque informatique. Ils ne se sentent pas non plus capables de juger si les offres proposées par les prestataires de solutions de cybersécurité sont vraiment adaptées à leurs besoins, indique le nouveau baromètre de la malveillance numérique en France.À lire aussi«Nous avons hacké les hackers»: démantèlement du groupe cybercriminel «le plus nuisible» au monde

11-21
03:27

La Russie soupçonnée d'avoir saboté des câbles sous-marins en mer Baltique

Le ministre allemand de la Défense et le ministre suédois de la Défense civile, ont estimé ce mardi qu'un « sabotage » était certainement à l'origine des dégâts constatés sur deux câbles de télécommunication passant en mer Baltique. Dans une déclaration commune, ils ont évoqué la « guerre hybride » et la menace russe. Et se disent « profondément préoccupés » de la destruction de ces autoroutes de l’information reliant la Finlande et l'Allemagne d'une part, la Suède et la Lituanie d'autre part. Nous pensons à tort que nos mobiles, ordinateurs et autres machines informatiques connectées sont reliés les uns aux autres en passant par des connexions satellitaires, par des ondes hertziennes, ou encore par du Wifi. Mais qu’elles soient du domaine grand public ou pour assurer les activités de n’importe quelle entreprise dans le monde, la quasi-totalité de nos communications électroniques, y compris nos échanges vocaux par mobiles, dépendent à 99 % des câbles sous-marins.Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les destructions imputables à Moscou contre les câbles sous-marins se sont multipliées. La thèse d’un nouveau « sabotage » perpétré par la Russie serait plus que probable, selon le ministre allemand de la Défense.Ces destructions coïncident avec l'exercice Freezing Winds-2024 de l'Otan, qui a commencé dans le golfe de Finlande et sur le terrain d'entraînement de Dragsvík, dans le sud de la Finlande. Mais la thèse d'une action de représailles après l'autorisation de l’emploi de missiles de longue portée par l’Ukraine est aussi envisageable. Dans les deux cas, Moscou est soupçonnée d'avoir saboté ces câbles sous-marins, estime Serge Besanger Professeur à l’École supérieure de commerce extérieur de Paris et de Lyon :« Le problème qui s'est passé ces derniers jours avec les attaques des câbles sous-marins dans la Baltique, est que la Marine suédoise n'était pas dans sa zone économique exclusive et c'est bien dans la Zone économique européenne (ZEE) que les Russes sont partis chercher ces câbles. Malheureusement, il n'y avait pas, non plus, de patrouilleurs finlandais au moment des faits. En conséquence, deux câbles de communications ont été sectionnés. À la suite de ces sabotages, les experts en cybersécurité ont pu constater une baisse du trafic internet d'environ 40 % en Lituanie, par exemple. Heureusement, d'autres câbles optiques dans la région, ont servi à re-router le trafic des données. Mais notons au passage que 40 % de trafic en moins est quand même assez révélateur du pouvoir de nuisance de ces destructions ! Par ailleurs, les systèmes de surveillance maritimes sont parvenus à géolocaliser les bateaux russes ou chinois qui étaient dans la région au moment des faits, permettant ainsi de pointer, à priori, le coupable. Ces actions de sabotage sont sans doute une réponse « calibrée » entre guillemets, à l’autorisation qui a été donnée aux Ukrainiens d’utiliser des missiles à longue portée pour étendre leurs capacités de contre-offensives. La réparation des câbles ne sera pas un problème, c'est l'affaire de 6 à 10 jours maximum. »Plusieurs incidents du même type ces derniers moisEt à chaque fois, les autorités des pays nordiques constatent que des « bateaux de pêche » entre guillemets ou des bâtiments chinois affrétés par les russes, sillonnaient dans la zone maritime dans laquelle se situaient les câbles. Normalement, afin de dissuader ces bateaux d’agir, des patrouilleurs et des frégates sont envoyés sur place. Mais les flottes, qui sont principalement françaises et celles moins importantes des autres pays européens, sont actuellement en sous nombre.Par ailleurs, les réductions de budgets décidés par l’Europe, il y a plus de 15 ans, n’ont pas permis de maintenir leur pleine possibilité d’intervention. Des financements européens pour en construire de nouveaux ont bien été votés récemment, mais ces bâtiments ne seront opérationnels qu’en 2026 ou 2027.

11-20
03:05

Dans le collimateur de l'Europe, Google met fin aux publicités politiques

Les publicités à caractère politique ne s’afficheront plus sur Google et YouTube en Europe à partir de 2025. Alphabet, la maison mère du moteur de recherche, réagit ainsi à un nouveau règlement de l’Union européenne qui introduit des « incertitudes juridiques » pour les plateformes et les annonceurs, selon l’entreprise américaine. La mesure annoncée par Google de bouter hors d’Union européenne (UE) toutes les publicités à caractère politique de ses pages web ne doit rien au hasard. Le Parlement européen et les États membres de l'UE s’étaient mis d'accord en mars dernier sur un texte législatif commun destiné à encadrer les publicités à caractère politique à l'horizon 2025. L’objectif de cette nouvelle réglementation est de protéger davantage les campagnes électorales dans l'Union européenne des ingérences étrangères. Google veut prendre ainsi les devants sur la nouvelle régulation prescrite par Bruxelles aux plateformes en ligne, dont les systèmes économiques reposent principalement sur les recettes publicitaires.Le ciblage publicitaire à caractère politique dans le collimateur de l’UENormalement, dans tous les pays de l’Union, le ciblage publicitaire à caractère politique n’est possible qu’avec le consentement explicite des individus. Mais cette autorisation préalable qui est le fondement même du Règlement général sur la protection des données, est largement contournée par l'emploi des algorithmes de recommandation mis en place par les grandes plateformes sociales. Ces robots numériques, terriblement efficaces, orchestrent la façon dont les publications apparaissent sur le fil d’actualité des utilisateurs et amplifient de facto les messages publicitaires classiques et ceux évidemment à caractère politique.L’an prochain et dès l’automne, les publicités contenant des informations sensibles, telles que l'origine ethnique, les convictions religieuses ou l'orientation sexuelle d’un candidat ou d’un électeur, seront rigoureusement interdites. Le profilage à partir de données personnelles des internautes pour le compte de candidats ou de partis politiques sera également proscrit, indique le texte adopté par l’UE.Google stoppe par anticipation les pubs politique en EuropeAlors que la nouvelle réglementation européenne n'entrera en vigueur que le 10 octobre 2025. Le géant américain justifie sa position par la complexité du nouveau cadre réglementaire dénommé le « TTPA », pour Transparence et ciblage des publicités politiques. Ce texte de Bruxelles définit la publicité politique de manière si large qu'il devient, selon la firme américaine, difficile d'identifier de façon fiable tous les contenus qui seraient concernés par la loi, précise Google sur son blog officiel. C’est la raison pour laquelle, les publicités politiques disparaîtront non seulement des résultats de son moteur de recherche, mais aussi dans les vidéos apparaissant sur YouTube.Par ailleurs, la règlementation de l’UE impose aux géants du web comme Google, Facebook, TikTok ou encore X de signaler ces publicités politiques auprès de leurs utilisateurs pour une meilleure transparence. Pour l’instant, seule la firme de Mountain View a pris les devants. Meta n’a pas encore réagi, TikTok fait cavalier seul et le réseau social d’Elon Musk nous a déjà prouvé qu’il ne respectait aucune législation régulant les pubs à caractère politique.À lire aussiL'Indonésie bloque la vente de smartphones Google Pixel pour forcer l'investissement local

11-19
03:28

Au Royaume-Uni, le recours à l'intelligence artificielle se développe dans le monde médical

Que diriez-vous si votre médecin demandait à une intelligence artificielle de vous diagnostiquer ? Et plus largement, a-t-on encore besoin de médecins quand on a une IA disponible ? Question provocante, mais la science aujourd’hui pourrait bien rejoindre la fiction. De notre correspondant à Aberdeen,Au Royaume-Uni, l’utilisation d’intelligences artificielles se développe dans le monde médical — en France, le Sénat a diligenté un rapport sur la question. Ainsi, 20 % des médecins britanniques, hommes comme femmes, utilisent une intelligence artificielle dans leur travail. C’est ce qui ressort d’une étude réalisée auprès de 1 000 médecins dans tout le royaume, publiée dans le magazine médical spécialisé BMJ. La plupart de ces praticiens utilisent ChatGPT, Gemini de Google ou Bing de Microsoft.Les IA leur servent principalement à générer de la documentation, comme des résumés du dossier de santé du patient ou en prenant en note ce qui se dit lors du rendez-vous médical, ce qui doit permettre au médecin de se concentrer sur la personne qu’il a en face de lui et de ne pas avoir le nez collé sur son ordinateur pour taper ses notes. L’IA permet aussi de compiler des documents à destination de l’administration médicale et du patient après la visite, rendant le charabia médical plus compréhensible, ce qui, à nouveau, dégagerait du temps au médecin pour se concentrer sur sa pratique : soigner. À lire aussiUne IA générative écoutera vos conversations chez le médecinL’intelligence artificielle utilisée pour générer du contenuCes IA génératives, comme on les dénomme, ne font pas qu’analyser les contenus, elles en génèrent. Avant elles, il en existait déjà de nombreuses spécialisées dans une pratique médicale, comme les IA qui servent à détecter les anomalies dans le corps humain lors de radio, de scanner ou lors des mammographies de dépistage de cancer du sein par exemple. Et qui, dans ce cas, permettent d’avoir une détection de cancer un peu plus efficace, 12 % de plus qu’avec un œil humain, suivant une étude réalisée en Écosse, à Aberdeen. L’IA est une solution quand on a des cartons de documents administratifs à étudier et à produire. Et c’est le cas des médecins. Mais cette étude montre aussi que, plus étonnamment, un quart des médecins généralistes qui utilisent une IA le font pour savoir si elle a un diagnostic différent du leur et pour suggérer des traitements.Le problème, c’est que parfois, la reformulation par l’IA, on le voit avec ChatGPT ou Gemini, est enrichie d’éléments sortis de nulle part, plausibles, mais un peu exagérés. Pire, ces IA peuvent même parfois faire des contresens.Dans un système de santé, en Grande-Bretagne mais aussi en France, où les patients peuvent consulter plusieurs médecins, leur historique médical synthétisé, recréé et reformulé par IA peut avoir des conséquences importantes et dangereuses. Lors de procédures en urgence, ces exagérations pourraient générer de vrais risques.Pour l’instant, comme on le fait avec un texte écrit ou réécrit par ChatGPT, il faut encore un œil humain pour vérifier et corriger les reformulations malheureuses et les enrichissements inattendus par l’IA. Donc les meilleurs résultats restent quand la machine travaille et l’humain finalise.À écouter dans Priorité santéSanté et intelligence artificielle

11-15
03:25

Une exposition virtuelle, «Trois murs», reconstitue la vielle ville de Mossoul en Irak

Au siège de l’Unesco à Paris s’est tenue la toute première exposition virtuelle de l’IPM, l’« Isis prisons museum », autrement dit le musée des prisons de l’État islamique en Irak et en Syrie, sur la vieille ville de Mossoul en Irak.  Construire cette exposition a nécessité plusieurs années de travail de documentation et de collecte de preuves sur les exactions et les destructions menées par les jihadistes de Daech quand ils ont pris le contrôle de la ville de Mossoul en 2014. Cette occupation de l’État islamique et le conflit qui en a résulté ont entraîné la destruction de nombreux sites emblématiques. L’exposition reconstitue donc avec l’aide d’images 3D l’architecture de Mossoul en mettant l’accent sur trois bâtiments clés de la vieille ville. On peut voir en immersion la mosquée al-Nouri, la maison Meydan et l’église syriaque, trois monuments qui témoignent de la diversité ethnique et religieuse de Mossoul et qui ont été transformés en prisons par l’organisation État islamique.Ce travail de longue haleine a commencé en 2017 quand les jihadistes ont été expulsés progressivement du pays. Younes Qays est responsable de l’IPM pour l’Irak, il coordonne sur place le travail de documentation en images et de collecte d’informations sur ce qui s’est passé dans ces prisons. « Ça a été un travail très difficile et c’était très compliqué aussi pour les habitants d’évoquer cette période marquée par les horreurs de l’État islamique, relate-t-il. C’est une période en fait qu’ils veulent oublier, mais il était important aussi pour eux de témoigner. Le but, c’est raconter vraiment l’histoire de ce pays pour qu’elle ne se répète pas. »Documenter les destructionsL’objectif de cette exposition, c’est aussi de ne pas oublier les événements à Mossoul. Une visite en 3D permet de voir les bâtiments avant et après le passage des jihadistes. Et ce travail de mémoire a été possible grâce à la technologie et l’engagement de bénévoles comme Zaïn Hajahjah, l’architecte irakienne qui a développé les animations 3D pour reconstituer les bâtiments. Elle explique le processus de reconstitution d’une maison familiale traditionnelle transformée en prison : « On a procédé en trois phases. D’abord, en prenant des photographies 3D des bâtiments et des prises de vues aériennes. Ensuite, en exploitant des documents trouvés sur place. Et tout ceci combiné aux nombreux témoignages de prisonniers, de survivants, nous a permis de reconstituer virtuellement le bâtiment tel qu’il était avant l’arrivée des jihadistes et tel qu’il est aujourd’hui. »Outre les bâtiments, le sort des milliers d’habitants de Mossoul qui ont disparu est aussi au cœur du travail des équipes de l’IPM, qui ont effectué un travail d’enquête minutieux avec l’aide de témoignages qu’ils ont pu recueillir des anciens prisonniers de l’État islamique. En se rendant sur les sites transformés en prison par les jihadistes, les membres de l’IPM ont aussi relevé plusieurs inscriptions sur les murs qui les ont aidés à en savoir plus sur les milliers de personnes disparues. Le but est de rassembler le maximum de preuves et de témoignages sur les violations des droits humains pour qu’elles puissent être utilisées, un jour, devant les tribunaux.L’exposition Trois Murs est accessible en ligne sur le site de l’Isis Prisons Museum.À lire aussi«Notre-Dame à l’heure de Mossoul»: après le groupe État islamique, reconstruction et renaissance? À lire aussiNEWSLETTER RFI CULTURE : Ne manquez pas les meilleurs reportages et idées d’une actualité culturelle internationale qui n’oublie pas l’Afrique.

11-14
03:49

Présidentielle américaine: les jeunes sur TikTok ont l’intention de contrebalancer le vote de leurs aînés

De plus en plus de jeunes américains se filment sur TikTok, indiquant qu’ils votent à l’inverse de leurs parents ou de leur conjoint afin de contrer leur opinion. Cette nouvelle tendance, intitulée « cancel out » (« annuler », en français), se généralise sur tous les réseaux sociaux. Elle révèle l’étendue d’un clivage électoral générationnel qui règne désormais dans la plupart des familles américaines. De nombreux jeunes électeurs sur la plateforme sociale TikTok publient des vidéos sur leur intention de vote.Tous expliquent vouloir « annuler » le bulletin de leurs proches, de leurs amis, voire celui de leurs grands-parents, annonce, par exemple, cette jeune internaute : « Je suis désolée pour tous ceux qui doivent annuler les votes de leurs grands-parents toujours en vie. Moi, je n’ai pas la même préoccupation, car ils sont tous décédés et je m’en fiche si mon vote ne leur plaît pas et qu’ils viennent me hanter. Et comme 75 % de mes ancêtres sont des immigrés, je me demande pourquoi vous voteriez pour celui qui nous a toujours détestés. »Des vidéos reprenant le concept populaire des édits Des clips d’à peine vingt secondes qui sont, pour la plupart, réalisés sur un mode humoristique.L’autre particularité de ces vidéos est qu’elles sont noyées dans des musiques de fond, principalement issues de la K-pop ou des reprises électro de la bannière étoilée, l’hymne national américain.Généralement, un simple texte explicatif accompagne ces vidéos. C’est le cas de ce clip qui a cumulé plus de 9 millions de vues depuis sa création dans lequel on aperçoit un homme suivi et filmé par sa fille en train de marcher vers le bureau de vote. « Juste un père et sa fille allant annuler le vote de l’un et de l’autre » indique, en filigrane, le texte du message.Une Amérique divisée, mais capable de cohabiterLes opinions politiques opposées peuvent coexister, démontre un de ces clips dans lequel un jeune couple s’amuse de leur opposition politique. Dans une interview accordée à la chaîne NBC News, la jeune femme de 19 ans du couple explique avoir mis en scène cette vidéo pour passer un message de tolérance. Deux personnes peuvent vivre sous le même toit, malgré leurs opinions politiques opposées : « la plupart des jeunes femmes de la génération Y ou Z expriment ainsi leur volonté de “voter différemment”, d’un partenaire ou d’un père. Et je pense que cette tendance peut avoir un impact significatif sur les discussions entre les jeunes femmes et leurs conjoints. Avec leurs parents aussi, car les jeunes semblent être le groupe démographique clé dans cette élection selon eux. Mais encore une fois, il s’agit d’un clip anecdotique. Et il est difficile de savoir ce qui se passe réellement au moment du vote, vous savez. »Les jeunes électeurs soutiennent la démocrate Kamala HarrisUn récent sondage indique que six électeurs sur dix de la génération Z, c’est-à-dire, les personnes nées à la fin des années 1990, voteraient pour la candidate démocrate.Toutefois, cette guerre de Sécession électorale qui fait rage aux États-Unis dans les familles ne va pas cesser, ça, c’est sûr.Les discussions en ligne s’enveniment en ce jour d’élection de la présidentielle américaine. Les internautes, démocrates ou trumpistes s’estimant plus nombreux que l’autre camp, imaginent qu’ils vont donner la pâtée à leur adversaire.Une envolée des messages vindicatifs sur les réseaux sociaux, qui corrobore une récente étude de l’université de l’Illinois. Elle révèle que près de 30 % des Américains, quel que soit leur âge, entretiennent une relation compliquée, pour ne pas dire conflictuelle, avec un proche ayant des opinions politiques opposées.À lire aussi[En direct] États-Unis: Kamala Harris ou Donald Trump, qui sera le 47e président?

11-05
03:24

En Espagne, à la suite des inondations meurtrières, les fausses informations ajoutent du chaos

Suite à la catastrophe naturelle qui s’est abattue en Espagne le mardi 29 octobre 2024, et qui a provoqué plus de 200 morts et des dizaines de disparus, il n’y a pas eu uniquement un déluge d’eau, mais aussi un torrent d’informations équivoques, fausses, exagérées et de fausses alertes sur les réseaux sociaux, ajoutant du chaos au chaos. De notre correspondant à Madrid,Dès le mercredi 30 octobre au matin, lorsque chacun pouvait constater le désastre, les dizaines de morts et de disparus, les édifices détruits, les voitures emportées dans les flots comme des rondins de bois, les polémiques sur les réseaux sociaux enflaient.Le premier à signaler le terrible danger des informations sur ces réseaux sociaux, c’est José Miguel Basset, le chef provincial des pompiers. « La grande quantité de fake news, dit-il, provoque des problèmes d’ordre public et interrompt le travail des dispositifs de secours. » Pléthore de fausses informations ont circulé, par exemple, qu’une commune entière allait être évacuée, ou que dans des villes comme Sedavi ou Alfafar, il y avait des avenues d’eau provoquant de nouvelles victimes, ou encore que le numéro d’urgence, le 112, avait cessé de fonctionner.À lire aussiNon, un mystérieux bateau n’a pas provoqué les inondations en EspagneDes barrages en amont de Valence auraient cédé, une fake news dangereuseL’extrême droite, notamment, et d’innombrables internautes qui se laissent séduire avec facilité par les théories du complot, ont colporté une fausse information extrêmement dangereuse : des barrages en amont de Valence auraient cédé.Tout a commencé par une fausse alerte par WhatsApp, relayée ensuite par plusieurs réseaux sociaux, selon laquelle plusieurs barrages, comme ceux de Manises et de Benagéber, auraient cédé et qu’un autre tsunami d’eau allait se déverser sur Valence et ses environs.Mais cela ne s’est arrêté là, car plusieurs membres de Vox, le parti d’extrême droite espagnol, ont alimenté l’idée totalement folle que les inondations et les crues étaient dues au fait que le gouvernement espagnol avait sciemment ouvert les portes d’un grand barrage. Le chef de file de Vox, Santiago Abascal, a accusé les socialistes au pouvoir d’en avoir fini avec les retenues d’eau dans le pays, origine de la tragédie.Toutefois, dans un incroyable élan de solidarité, des milliers de volontaires ont aidé la population locale à déblayer les rues et les garages. Mais dans certains cas, des volontaires ont été stoppés, car ils saturaient les accès pour les équipes de secours.À lire aussi Inondations en Espagne : la solidarité s’organise pour approvisionner et nettoyerLa colère parmi les sinistrésLes victimes de la catastrophe ont manifesté leur colère à Paiporta, l’épicentre de la catastrophe, contre le roi Felipe VI et la reine Letizia. La foule les a insultés aux cris d’« assassins » et a lancé sur eux de la boue. Le couple royal s'en est sorti indemne, mais il a préféré interrompre son programme de visites dans d’autres zones sinistrées, par prudence.À écouter François Gemmene : « La population doit identifier qui est responsable de la catastrophe »

11-04
02:25

Les algorithmes de X, réseau social détenu par Elon Musk, favorisent les contenus pro-Donald Trump

Elon Musk, le patron du réseau social X (ex-Twitter), a confirmé qu'il détournait à son avantage l'algorithme de sa plateforme pour mettre en avant ses propres tweets et ceux du candidat Donald Trump. Mais une enquête menée par le Wall Street Journal vient de démontrer que le système de recommandation de X favorisait aussi les messages de tous les internautes pro-Trump, au détriment des publications pro-Harris. Les journalistes du Wall Street Journal ont cherché à décrypter les comportements des algorithmes du réseau social X, pour déterminer notamment si le dispositif de recommandation de l'onglet intitulé « Pour vous » affichait plutôt des messages favorables à Kamala Harris ou à Donald Trump. Concrètement, les équipes du quotidien new-yorkais ont créé 14 nouveaux comptes qui ciblaient particulièrement les États considérés comme déterminant lors du scrutin de l'élection présidentielle américaine.Ces comptes étaient programmés pour se montrer actifs sur la plateforme X plusieurs fois par jour et pendant une semaine. Les messages publiés couvraient divers sujets s'intéressant à la culture, la science, à la course à pied, ou encore à des recettes de cuisine. Mais aucun des thèmes abordés sur ses comptes n'indiquait un quelconque intérêt pour les élections américaines.Les résultats troublants de l'étude du Wall Street JournalPremier constat : la majorité des publications recommandées par les algorithmes de X étaient à caractère politique et souvent en rapport avec les élections. Le média américain remarque toutefois que des messages favorables à Kamala Harris sont arrivés en tête des consultations, mais uniquement sur un seul de ces comptes.En revanche, 10 sur les 14 affichaient des contenus dans l'onglet « Pour vous » en faveur du candidat républicain. Par ailleurs, les messages pro-Trump apparaissaient deux fois plus fréquemment que les publications pro-Harris, indique le Wall Street Journal. Elon Musk est le seul responsable de cette manipulation algorithmique à grande échelle, estime David Chavalarias chercheur au CNRS et directeur de l'Institut des systèmes complexes de Paris :« Ce qui s'affiche dans l'onglet ''Pour vous'' est entièrement piloté par le dispositif de recommandation du réseau X, l'ex-Twitter. Et ce n'est qu'une toute petite partie évidemment de ce qui est géré par les algorithmes de la plateforme sociale. Les messages des personnes que vous suivez sont mélangés à d'autres types de contenus sur le réseau social selon des critères définis par les algorithmes. Leur premier objectif est de vous faire rester le plus longtemps possible sur le réseau. Mais ils sont aussi capables d'influencer vos décisions, vos jugements, vos opinons politiques.Ce biais informationnel, qui est particulièrement fort sur la plateforme X, est au service des opinions politiques d'Elon Musk, qui sont très clairement d'extrême droite et pro-Trump. A priori, cette manipulation algorithmique a un impact très important, à la fois sur les messages que les internautes consultent, mais aussi sur l'opinion qu'ils se forment. La plateforme X oriente certains types de contenus, quitte à censurer des messages nuisant à l'idéologie d'Elon Musk, qui préfère amplifier les informations et les infox qui seraient favorables à son candidat préféré. »Les réseaux sociaux, passage obligé pour les candidats en campagneC'est le cas de Kamala Harris qui a investi massivement TikTok, pour délivrer ses consignes de vote auprès de ses millions d'abonnés qui la soutiennent.Toutefois, les républicains, fervents défenseurs de l'interdiction de l'application aux États-Unis, ont préféré bouder la plateforme chinoise au profit de X.Les deux candidats se retrouvent sur les plateformes sociales de Meta. La firme a décidé récemment de mettre fin aux restrictions imposées à Donald Trump sur Facebook et Instagram, afin que le peuple américain puisse, selon l'entreprise, « entendre les candidats à la présidence sur la même base ». Mais depuis l'attaque du Capitole en janvier 2021, coordonnée par les émeutiers en grande partie sur Facebook, Meta prévient avoir renforcé tous ses systèmes de modération.

11-01
03:25

Au sein de l'Union européenne, 27 nuances législatives encadrent les casinos en ligne

Autoriser les casinos en ligne en France pourrait rapporter près d'un milliard d'euros à l'État. Mais cet amendement introduit au projet de loi de finances 2025 a été finalement retiré par le ministre du Budget, Laurent Saint-Martin. Il a depuis lancé une concertation avec des acteurs du secteur et les associations qui considèrent que les jeux d’argent de type casinos en ligne nuisent au portefeuille et à la santé mentale des internautes. Le gouvernement français a fait machine arrière, lundi 28 octobre, sur légalisation des casinos en ligne dans l'Hexagone. Son amendement introduit au projet de loi de finances 2025 prévoyait de les autoriser par ordonnance.La mesure avait immédiatement suscité de nombreuses réactions contradictoires, aussi bien de la part des gérants de casinos dits « physiques » que de la part des collectivités territoriales qui hébergent ces établissements. Les associations comme la Fédération Addiction dénonçaient le caractère addictif de ces jeux en ligne.Les membres de l'Association française des jeux en ligne exigeaient de mettre en place au préalable un dispositif de régulation pour les quatre millions de joueurs exposés aux risques d'un marché illégal. « J'ai entendu les craintes du secteur », annonçait le ministre du Budget, Laurent Saint-Martin, qui a décidé de lancer une concertation sur le sujet réunissant toutes les parties prenantes. La première réunion devrait normalement se tenir « dès la semaine prochaine », indique le ministre.La France, seul pays de l'UE avec Chypre à interdire les casinos en ligneMais force est de constater que les pays de l'Union européenne affichent plutôt 27 nuances de législation nationale autorisant la mise en œuvre et la gestion des casinos en ligne. Si leur exploitation et leur création sont pour l'instant prohibées en France, ce n'est pas le cas des jeux en ligne liés au poker, aux paris sportifs et aux paris hippiques.En revanche, ces casinos en ligne sont parfaitement légaux en Belgique, mais soumis à certaines conditions. Les opérateurs doivent obtenir une licence délivrée par la Commission des jeux de hasard belge et respecter son cahier des charges. Autre exemple : le Royaume-Uni les autorise en suivant un cadre juridique qui date un peu, celui de la Loi sur les jeux de hasard de 2005. La UK Gambling Commission est chargée d'octroyer des licences et d'assurer le respect des régulations exigées par la législation britannique.Un secteur dérogatoire au droit commun de l'Union européenneL'affaire des jeux d'argent en ligne se complique sérieusement quand un casino internet doté d'une licence d'exploitation obtenue dans un pays de l'UE est accessible depuis un autre État européen. Dans ce cas, la règle est simple : les joueurs doivent scrupuleusement respecter les lois en vigueur dans leur pays de résidence. Les jeux d'argent en ligne constituent, à ce titre, l'un des rares secteurs dérogatoires au droit commun de l'Union européenne.Cette absence d'harmonisation des textes législatifs entre les États membres est devenue problématique, notamment quand elle pousse les joueurs vers les plateformes illégales. La France est devenue ainsi le premier marché européen des casinos internet frauduleux. Un marché noir des jeux d'argent en ligne florissant, qui est estimé actuellement à près de 2 milliards d'euros.

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Une application de suivi sportif affiche les trajets du président Macron

Strava est une application pour mobile qui permet d’enregistrer et de géolocaliser ses activités sportives pour les partager en ligne. Elle est utilisée par de nombreux amateurs de course à pied, mais aussi par les agents du groupe de sécurité de la présidence de la République. Les parcours du footing des gardes du corps d’Emmanuel Macron ont permis de suivre ses déplacements, en révélant les lieux de séjour présidentiels plusieurs jours avant ses visites officielles. Les géants des réseaux sociaux ont depuis longtemps décidé de recueillir en temps réel un relevé de nos activités physiques quotidiennes ou de repérer – honte à nous – leur absence totale. Partager ses exploits sportifs en ligne est devenu ainsi une pratique courante pour de nombreux internautes. Mais pas seulement ! Plusieurs présidents américains, ou encore le président russe Vladimir Poutine, ont déjà utilisé ces dispositifs pour afficher aux yeux du monde leur excellente forme… olympique.Toutefois, cette infinité d'applications développées pour mobiles, montres et autres bracelets connectés ne se contente pas d'enregistrer l'évolution des performances quotidiennes de leurs abonnés. Elles localisent instantanément, en se servant du système GPS des appareils, les lieux préférés, mais aussi les parcours santé occasionnels choisis par les sportifs amateurs.C'est le cas de l'application Strava. Créée aux États-Unis en 2009, elle est couramment employée par les agents du groupe de sécurité de la présidence de la République. Les journalistes du quotidien Le Monde ont pu ainsi retracer plus de 100 déplacements présidentiels entre 2016 et 2024, incluant certains voyages de François Hollande. Plus inquiétant encore, l'enquête a permis d'identifier à dix reprises les hôtels dans lesquels séjournait Emmanuel Macron, simplement en analysant les points de départ et d'arrivée des footings de ses agents.La « visualisation en direct » des abonnésLa carte numérique en ligne Global Heat Map de Strava, offre une « visualisation en direct » de ses abonnés dans toutes les régions du monde. Cette fonctionnalité posant un problème évident de sécurité a été révélé dès 2018. L'application affichait sur son site web l'emplacement de sites militaires, notamment en Afghanistan, en Irak et en Syrie, ainsi que l'affichage des parcours de jogging préférés des soldats américains et français autour de leur base. Dépités, les concepteurs de Strava avaient alors conseillé aux militaires en mission de désactiver la fonction « partage de lieux » sur leurs appareils, mais cette consigne de prudence est rarement respectée.Des selfies dévoilant l'intimité des utilisateursPar ailleurs, cette application peut dévoiler l'adresse de ses utilisateurs qui exposent leur vie privée avec une avalanche de selfies. La plupart des abonnés à Strava publie des tonnes de photos avec des membres de leur famille ou leurs amis pendant ou après une séance de sport. Pire, certains d'entre eux indiquent dans leurs messages leur vrai nom au lieu d'employer un pseudonyme, permettant ainsi d'identifier leur position.C'était déjà le cas des agents du groupe de sécurité de la présidence de la République posant avec Emmanuel Macron au fort de Bréançon durant ses dernières vacances. Cette affaire de cybersécurité démontre, une fois de plus, la banalisation de nos mauvais usages du numérique au quotidien. Une uniformisation des pratiques en ligne de nos parcours santé, qui se propage aujourd'hui jusqu'au plus haut niveau de l'État.À lire aussiEn Allemagne, tout un quartier chauffé par une pompe à chaleur fonctionnant à l'eau de mer

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