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Cogitons sciences
Author: Cogitons sciences
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© Techniques de l'Ingénieur
Description
Cogitons sciences : le podcast de Techniques de l'Ingénieur qui décrypte les enjeux des sciences.
Au fil de mini-séries thématiques, le podcast Cogitons Sciences s’engage dans une réflexion critique sur l’avenir des sciences. Tous les premiers lundis du mois, les journalistes de Techniques de l'Ingénieur interrogent des spécialistes qui apportent leur expertise sur les enjeux futurs des sciences, dans des épisodes d’une quarantaine de minutes. Les énergies de demain, l’éthique des sciences, les métiers émergents... C’est aujourd’hui que tout se joue !
Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Au fil de mini-séries thématiques, le podcast Cogitons Sciences s’engage dans une réflexion critique sur l’avenir des sciences. Tous les premiers lundis du mois, les journalistes de Techniques de l'Ingénieur interrogent des spécialistes qui apportent leur expertise sur les enjeux futurs des sciences, dans des épisodes d’une quarantaine de minutes. Les énergies de demain, l’éthique des sciences, les métiers émergents... C’est aujourd’hui que tout se joue !
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25 Episodes
Reverse
De plus en plus d’entreprises et de chercheurs sont en quête de solutions non ou moins impactantes que les polymères pétrosourcés. Et ce, en essayant d’atteindre les mêmes performances. Nos invités Charlène Béal-Fernandes, responsable communication et Lyes Chiheb, responsable développement durable chez Lactips, une entreprise qui produit des polymères naturels, témoignent.La caséine, un nouveau matériau bien connu [01:02 - 08:25]Réaliser des matériaux à base de caséine, la protéine de lait, n’est pas nouveau. La société Lactips utilise cette protéine pour la conception de ses polymères naturels, en s’appuyant sur les travaux réalisés par Frédéric Prochazka, enseignant chercheur au laboratoire Ingénierie des matériaux polymères de l’Université Jean Monnet à Saint-Etienne. Une protéine bien connue de l’industrie qui trouve aujourd’hui son intérêt dans la production de plastique. « C’est un changement de paradigme, le basculement vers des matières plus vertueuses, qui nous fait revenir à cette matière laissée dans un tiroir pendant des années » commente Lyes Chiheb responsable développement durable chez Lactips.Pour le comestible et les pièces outdoor [08:26 - 14:04]Aujourd’hui Lactips produit ce granulé thermoplastique, hydrosoluble et biodégradable pour concevoir différents produits tels que « des films pour une utilisation de courte durée, des étiquettes hydrosolubles pour le marché du réemploi, le revêtement des packaging alimentaires qui est aujourd’hui en plastique, mais également des produits pour des applications outdoor, comme les petites pièces en plastiques utilisées par les agriculteurs et qui ne sont pas systématiquement récupérées en fin de saison » illustre Charlène Béal-Fernandes, responsable communication chez Lactips.Peu de modifications pour les industriels [14:05 - 21:15]Le matériau est vendu sous la forme de granulé et ne nécessite pas de grosses transformations de la ligne de production, ni de nouvel investissement dans les machines. « Notre matière ne va pas se transformer à des températures similaires des conventionnelles, nous sommes à des températures beaucoup plus basses, ajoute Lyes Chiheb. Ce qui est positif d’un point de vue environnemental. » Le matériau est quant à lui plus cher que le plastique conventionnel, comme les autres matières biosourcées. « Aujourd’hui, nous avons un producteur de matière première français, qui se fournit avec des ingrédients français... ce qui est également un avantage pour les industriels dans un contexte géopolitique compliqué » ajoute-t-il. Sans oublier la réglementation qui pousse vers la fin des plastiques jetables. Références citées :- Frédéric Prochazka, co-fondateur et directeur scientifique de Lactips- Alexis von Tschammer, directeur général de Lactips- PHA ou polyhydroxyalcanoate- Le blend : un mélange de bioplastiques- Le produit CareTips®️ de Lactips- PE : polyéthylène, PP : polypropylène- PPWR : Proposal Packaging and Packaging Waste regulation- Le test CEPI de recyclabilité du papier. PTS Papiertechnische Stiftung Recherche et développement en matière de fibres- PLA : Polylactic Acid, matériau thermoplastique issu de sources biodégradables, qui n'est pas "home compost"Ressources pour aller plus loin :Expérimentation sur la biodégradation des emballages certifiés compostables en site de compostageChaire CopackMicrobial decomposition of biodegradable plastics on the deep-sea floor
Difficile de se passer de plastique ? Pour le deuxième épisode de cette mini-série sur le plastique, nos invités Maïwenn Bégoc, consultante au cabinet de conseil Consultantseas spécialisé dans la prévention à la pollution plastique et Loïc Hénaff, PDG du groupe agroalimentaire Hénaff reviennent sur les aspects et les enjeux du travail mené ensemble sur l'utilisation du plastique et comment le réduire.Embarquer tout le monde dans le changement [03:13 - 09:03]Que l’on soit une TPE/PME, traquer les plastiques de son entreprise est possible. Mais dans cette transition vers des solutions moins impactantes, il est important d’embarquer tous les acteurs de la chaîne de valeur - clients, sous-traitants, etc. - mais également les employés qui devront mettre en œuvre les nouvelles solutions. « Nous faisons travailler ensemble les entreprises, des scientifiques, des ONG, des fournisseurs, des fabricants, les acteurs de la fin de vie, etc. » affirme Maïwenn Bégoc, consultante au cabinet de conseil Consultantseas spécialisé dans la prévention à la pollution plastique.Sur la chaîne de production et en interne [09:08 - 18:50]Car les plastiques, que l’on imagine avant tout sur les chaînes de production, sont également présents en interne : « nous utilisons peu de plastiques en production, mais beaucoup dans l’entreprise pour des raisons sanitaires, de protection, de solidité, de tenue de palette... » précise Loïc Hénaff, PDG du groupe agroalimentaire Hénaff. Pour parvenir à identifier l’ensemble des plastiques utilisés par l’entreprise, un diagnostic est réalisé sur les emballages mis sur le marché, les emballages secondaires et tertiaires, mais également ceux d’approvisionnement, de laboratoire, etc. « Ensuite, on vient prioriser et hiérarchiser les enjeux et les plastiques à traiter » ajoute Maïwenn Bégoc.Intégrer l’ensemble du cycle de vie [18:56 - 21:13]Lorsqu’un choix s’arrête sur une solution, il est important de vérifier la bonne gestion de sa fin de vie. « Quand nous avons basculé nos barquettes en RPET en partie recyclé et recyclable, nous étions persuadés qu’elles pourraient aller dans les sacs jaunes du tri, mais les centres de tri autour de chez nous les refusaient au début, explique Loïc Hénaff. Petit à petit, ils les ont acceptées. Et maintenant notre fournisseur est en train de participer à la création d’un centre de réutilisation de ces barquettes. »Et l’emballage consigné ? [21:17 - 30:10]Une autre solution pour les emballages à usage unique de l’agroalimentaire sont les barquettes en inox consignées, comme le propose la marque Berny. « L’emballage standard est une question clé pour le secteur agroalimentaire et facilitera le réemploi, ajoute Maïwenn Bégoc. Mais pour le moment, le potentiel sur ces produits reste faible. C’est pour cela qu’on encourage à considérer le réemploi sur tous les plastiques, notamment là où l’entreprise peut avoir la main, c’est-à-dire en interne. »Références citées :- Consultantseas- Hénaff- La société Berny- Surfrider - Tara Océan- Fondation Ellen MacArthur- Les Parcs Nationaux- Règles 5R / 3R : "Refuse, reduce, reuse, recycle, rot"- La boucle de réemploi, notamment de Citeo et la notion de transfert d'impact- Les études de l'AdemeRessources pour aller plus loin :- BeMed : analyse de terrain- "La stratégie du Y" par Alan FustecHébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Pour faire face à la pollution plastique, des solutions alternatives sont mises en avant. Recyclés, biosourcés, biodégradables ou encore compostables... ces différents états sont-ils une bonne idée ? Voici les réponses de Raphaël Guastavi, directeur adjoint de la direction économie circulaire à l’Ademe, et le témoignage de Thomas Huriez, fondateur de 1083.L’industrie, addicte au plastique [01:17 - 04:06]Pour ses différentes caractéristiques, le plastique a largement été utilisé par l’industrie même lorsque ce n’était pas nécessaire. « On est passé à 15 millions de tonnes de plastiques produits dans les années 1960 à plus de 300 millions de tonnes aujourd’hui. En France, c’est 5 millions de tonnes de plastique produits pour 1,3 millions de tonnes » explique Raphaël Guastavi.Des solutions alternatives... plastiques [04:14 - 16:21]Recyclé, biosourcé, biodégradable ou encore compostable... « la meilleure solution alternative, c’est de réduire le plastique » insiste Raphaël Guastavi. Mais utiliser du plastique recyclé à la place d’une résine vierge est plutôt une bonne idée pour l’expert, notamment pour la réduction de son impact environnemental. Les matériaux biosourcés également, toujours en substitution de matière vierge « et en en utilisant des résidus de culture » précise-t-il. Pour le compostable, la solution doit être limitée à des cas très spécifiques.L’exemple du jean en plastique recyclé et recyclable [16:32 - 22:49]1083 conçoit un jean en polyester recyclé et qui est recyclable grâce à sa composition monomatière. En cherchant à développer ce jean, en s’intéressant aux potentiels fournisseurs , « on s’aperçoit que beaucoup de boutons sont en polyester recyclé, que le fil à coudre est très majoritairement en polyester et les étiquettes aussi peuvent l’être, explique Thomas Huriez. Il existait tout ce dont on avait besoin. Pour le moment, la boucle d’économie fermée n’est pas encore mise en route puisque les jeans vendus - consignés à 20 € pour favoriser le retour - ne sont pas, ou très peu, été retournés. Dès que la quantité de jean consignée reçu en retour client sera suffisante, et bien on va les effilocher pour les refondre et les mélanger dans la même filature et en faire un neuf » précise Thomas Huriez.Une compétition sur les matières [22:53 - 25:34]« Aujourd’hui, les résines de matières vierges sont abondantes et peu chères, ce qui rend la compétition difficile avec les matières recyclées plus cher » explique Raphaël Guastavi. « C’est vrai que sur une matière première très mûre à recycler comme les bouteilles plastique, il y a une forte tension car c’est très demandé commercialement, ajoute Thomas Huriez. Toutes les marques de boisson veulent montrer à leur client qu’elles font leur part de réchauffement climatique et que leurs bouteilles sont recyclées. » De ce fait, la demande est supérieure à l’offre, ce qui crée des tensions sur les matières premières.Références citées :- L'ademe- 1083- Le filateur espagnol Antex et le projet Seaqual- La gamme Infini de 1083Ressources pour aller plus loin :- Bilan sur 10 ans de recyclage, mars 2024, Ademe- Transition 2050, Ademe- Les feuilletons : "empreinte matière, empreinte carbone de la France", mars 2024, Ademe- La Permaindustrie, éditions Eyrolles Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Pour comprendre les tenants et aboutissants du règlement européen sur l’intelligence artificielle, nous avons interrogé Jean-Gabriel Ganascia, informaticien et philosophe spécialisé dans l'intelligence artificielle et l’éthique à Sorbonne Université. Il est également membre du comité d’éthique du CNRS. Il nous partage également les bonnes questions à se poser avant de développer l’IA.C’est quoi l’IA Act ? [01:32 - 16:54]Le règlement européen IA Act, a pour objectif “de nous prémunir contre les dangers liés à l’intelligence artificielle” explique Jean-Gabriel Ganascia. Et ce, en introduisant la notion de risque qui est “l’éventualité d’un danger” ajoute-t-il. Ces risques sont catégorisés : inadmissibles (techniques subliminales, notation, biométrie en temps réel), élevés, modérés et faibles (filtres à spam, jeux vidéos).Pour l’instant il y avait peu de réglementation propre à chaque pays, et encore moins en France. Raison pour laquelle ce règlement est devenu important. Du côté des Etats-Unis et de la Chine, l’encadrement est très différent. Aux Etats-Unis, depuis juillet 2023, une réglementation enjoint les entreprises à développer l’IA pour le bien commun. En Chine, “le principe éthique sur lequel se reposent les réflexions c’est qu’il faut d’abord assurer la sécurité et la cohésion” précise l’expert.Des entreprises inquiètes [17:04 - 21:14]De nombreuses entreprises s’inquiètent de la complexité des règlements, avec des règles générales et contraignantes, ou encore des exceptions aux règles. En d’autres termes, “il faut des services juridiques compétents qui maîtrisent parfaitement cette réglementation pour guider [...] et pour des petites sociétés, c’est extrêmement difficile” regrette Jean-Gabriel Ganascia. Le règlement a d’ailleurs tardivement inclut l’IA générative, et en urgence, notamment avec l’arrivée de ChatGPT sur le marché.Intégrer l’éthique dans le développement [21:18 - 31:46]Faut-il se poser des questions sur l’éthique avant de se lancer dans le développement de l’IA ? Pour notre expert, les questions doivent se poser après la maîtrise des techniques d’IA mais avant la mise en œuvre des projets qui l’utilisent. “Sur chaque projet, il faut se demander quelles sont les conséquences et les dérives d’utilisation du système” précise le président du COMETS, en suivant une méthodologie précise en quatre points : réunir un comité d’éthique, se demander quelles sont les contraintes qu’on va s’imposer pour éviter les mauvaises utilisations, faire certifier par un organisme indépendant et garder une supervision. Et si vous ne savez pas comment faire pour mettre tout cela en place, il existe des formations !Références citées :Digital Service ActAI ActGrands modèles de Langage (ou Large Language Models, LLM)James Vicary (techniques subliminales)ChatGPTModèles de fondationRGPDTatouage, filigrane ou watermarkingX (ancien Twitter)InstagramRessources pour aller plus loin :Servitudes virtuelles, de Jean-Gabriel GanasciaWeapons of mass destruction, de Cathy O’NeilChronique éthiqueIA ActCogitons Sciences est un podcast produit par Techniques de l’Ingénieur. Cet épisode a été réalisé par Séverine Fontaine, en collaboration avec Marie-Caroline Loriquet.
Gain de temps, précision de prévision, un usage réfléchi de l'intelligence artificielle rend différents services et satisfait des besoins métiers. Certaines conditions garantissent un usage raisonné, comme l'éthique, l'humilité, la protection des données, tout cela dans le respect d'une certaine frugalité. Outre ces axes réflexions, Pierre Monget directeur de programme chez Hub France IA et Paul Hérent, cofondateur de Raidium, livrent leurs conseils en matière de développement de solution d'IA.C’est quoi, une IA utile et raisonnée ? [01:17 - 03:57]L’utilité est “avant tout de satisfaire un besoin qui rend service à une population d’utilisateurs et de manière plus large à la société” définit Pierre Monget. L’usage réfléchi, c’est se poser des questions tout au long du cycle de vie d’un outil d’IA, en partant des besoins métiers à la réalisation, “en visant un usage non absurde”, ajoute-t-il. “Est-ce vraiment nécessaire d’avoir une solution d’IA pour telle finalité ? Cette finalité est-t-elle vraiment utile ? N’est-elle pas absurde ? Les moyens mis en œuvre pour l’atteindre sont-ils raisonnés ?”L’exemple d’un outil médical [04:12 - 12:29]Raidium développe à la fois un modèle de fondation (IA générative) et une interface utilisateur (un viewer), permettant au radiologue d’améliorer son travail. Le modèle a appris le corps humain de la tête aux pieds ainsi que les connaissances médicales associées : anatomie normale et pathologique. Cet outil qui pourrait permettre à la fois de réduire les erreurs médicales et de démocratiser l’expertise radiologique, sans remplacer le radiologue, évidemment !Prendre en compte tout le cycle de vie [12:39 - 16:02]Que ce soit dans le développement ou l’utilisation finale de l’outil d’intelligence artificielle, chacun a sa responsabilité. Au-delà de questionner son utilité, il est important de prendre en compte l’impact environnemental tout au long de son cycle de vie : de son entraînement à sa mise œuvre. De plus, il est important que le modèle d’IA respectent les principes éthiques, la réglementation, et la bonne utilisation des données. “Sur quelles données va-t-on entraîner les modèles d’IA ? Sont-elles sensibles ? Personnelles ? A-t-on vraiment le droit d’y accéder ?” énumère Pierre Monget.Des compromis nécessaires [16:15 - 27:37]Développer un outil d’intelligence artificielle utile et raisonné, c’est aussi faire des compromis. Par exemple, utiliser un modèle plus léger et donc moins impactant pour l’environnement au prix d’une précision moindre lorsque cette dernière n’est pas nécessaire. Remettre en question, côté utilisateur, son utilisation de ChatGPT pour créer de simples images, par exemple. Ou encore, suis-je autorisé à copier du code source de mon entreprise dans des outils d’IA générative pour le debugger ? Certains ingénieurs ont essayé, ils ont eu des problèmes...Références citées :- Raidium- Viewer, outil de radiologie- Speech to text- Geoffrey Hinton - Deep Learning- Centre d'imagerie du nord, Saint-Denis 93- Coroscanner (Tomodensitométrie)- Open AI ChatGPT 3, 4- Large language model- Stable diffusion et MidJourney- AI ActRessources pour aller plus loin :- MOOC de Stanford sur le deep learning- AI Revolution in Medicine : GPT-4 and beyond de Peter Lee, Carey Goldberg, Isaac Kohane- L'Innovation Jugaad - Redevenons Ingénieux ! de Navi Radjou, Jaideep Prabhu et Simone Ahuja Cogitons Sciences est un podcast produit par Techniques de l’Ingénieur. Cet épisode a été réalisé par Séverine Fontaine, en collaboration avec Marie-Caroline Loriquet.
L’intelligence artificielle est partout. Mais comment celle-ci peut-elle aider les ingénieurs et chercheurs dans leur métier ? Nous avons posé la question à nos invités Frédéric Pascal, Professeur des Universités (Université Paris-Saclay) et directeur de l’institut DATAIA, et Marie-Aude Aufaure, directrice de la société de conseil et de formation Datarvest. Voici leurs réponses. Evoluer aussi vite que l’IA [01:12 - 07:40]L’intelligence artificielle est « un ensemble de procédés complexes, logiques et automatisés, au travers d’algorithmes, qui permettent de réaliser des tâches pouvant être réalisées par des humains » définit Frédéric Pascal. Deux type d’IA se distinguent, faisant appel à des compétences différentes : la classique (à programmer) et la générative (dont les prompts doivent être définis précisément). Les outils d’intelligence artificielle évoluant vite, il faut régulièrement se mettre à jour.L’IA modifie la façon de travailler [07:46 - 13:12]L’IA générative offre de nombreuses possibilités, notamment de s’affranchir des tâches chronophages. « Il faut déterminer ce qu’on a intérêt à laisser à l’IA et ce qui est vraiment cœur de métier, à conserver” affirme Marie-Aude Aufaure. Une fois les tâches sélectionnées, il est important de se former afin de maîtriser le langage de l’IA - comme les prompts de l’IA générative - afin de l’utiliser le plus précisément possible.Se différencier [13:18 - 21:38]L’intelligence artificielle peut faire monter tout utilisateur en compétence, notamment dans la qualité des données récoltées ou encore dans les tâches fastidieuses, telles que la recherche d’information, de code, la traduction ou encore la synthèse, afin de se libérer du temps. Toutefois, pour tirer leur épingle du jeu, les chercheurs et ingénieurs vont devoir utiliser les bénéfices de l’intelligence artificielle de concert avec leur propre intelligence. Mais également de prendre en considération les enjeux éthiques et environnementaux.L’IA n’est pas une option ! [21:44 - 26:24]Difficile aujourd’hui de se passer de l’IA sans se faire dépasser. Pour Marie-Aude Aufaure, il est nécessaire d’identifier les tâches qui ont intérêt à être automatisées, et ne pas se focaliser uniquement sur l’IA générative. « Sur un processus ou un problème défini, il faut combiner l’IA générative et classique, afin d’avoir par exemple un processus un peu plus frugal », affirme-t-elle. Un autre point important est de maîtriser les risques en protection de données, de cyberattaques ou encore d’évolution d’emploi.Références citées :ChatGPT d'OpenAI, Olympiades de Mathématiques, Google Bard, AI Act, SNCF, SPOC, MOOCRessources pour aller plus loin :- Artificial Intelligence : a modern approach de Stuart Russell et Peter Norvig- L’IA éducative : l’intelligence artificielle dans l’enseignement supérieur de Frédérique Guénot- Le temps des algorithmes de Serge Abiteboul et Gilles Dowek- Quand la machine apprend de Yann Le Cun Cogitons Sciences est un podcast produit par Techniques de l’Ingénieur. Cet épisode a été réalisé par Séverine Fontaine, en collaboration avec Marie-Caroline Loriquet. Le générique a été réalisé par Pierre Ginon.
Grégory Richa, directeur associé de la société de conseil OPEO détaille ce qu’est l’économie circulaire et Agnès Crépet, responsable de la longévité des logiciels chez Fairphone et porte-parole France, nous explique la circularité de son smartphone modulaire.
Qu’est-ce que l’économie circulaire ? [1:00 - 15:18]Modèle économique le plus répandu, l’économie linéaire est basée sur une boucle d’extraction et un produit-déchet. L’économie circulaire vise à réduire la consommation de ressources (matière, eau, énergie), et se base sur trois grandes boucles de circularité : réduction, réparabilité et récupération. Le recyclage est un dernier recours. Fairphone est un exemple de circularité avec son smartphone modulaire et démontable. “Pour la fin de vie", il n'y a pas "que le recyclage mais également la réutilisation de certaines pièces” détaille Agnès Crépet. Ces smartphones intègrent en effet des métaux issus de recyclage.
L’économie circulaire permet aux entreprises qui l'intègrent qui se distinguer. Les grandes changent leurs modes de consommation et les petites peuvent émerger rapidement. Restant compétitives sur les ressources, elles sont aussi plus résilientes et moins soumises aux variations des coûts de matières premières. Leur empreinte CO² est réduite grâce aux produits remanufacturés moins énergivores. La circularité favorise la création d’emplois locaux via une matière en circuit local.
Concevoir un produit circulaire [15:27 - 28:24]Les industries ont tendance à toujours fabriquer une nouvelle version d’un produit, entraînant souvent l'ajout de technologies, de fonctionnalités. Des produits toujours plus grands ou plus connectés, sont aussi fermés. Dans les smartphones par exemple, la batterie, l'écran sont collés et ne peuvent pas être remplacés lorsqu'ils ne fonctionnent plus. L'appareil entier n'est plus utilisable et doit être remplacé par un neuf ! Choisir des produits ouverts permet de pérenniser leur usage. Voilà un défi passionnant pour les ingénieurs !
Passer à l’économie circulaire [28:29 - 42:56]Intégrer la circularité ne doit pas attendre, recommande Grégory Richa : “quand on est un industriel dans un monde linéaire, on est voué à ne plus pouvoir opérer dans les 5 ans”. Revenir à des chaînes de valeurs locales, autonomes et résilientes est nécessaire. Les réglementations venir vont probablement aller dans ce sens. Un produit circulaire peut être réutilisé, un atout pour un industriel. Déjà existant, il est disponible plus rapidement qu'un neuf et vraisemblablement à un prix équivalent. De plus, l'industrie circulaire est attractive pour les employés et les clients, “on a envie de s’engager” affirme Grégory Richa.Références citées :- Haulotte, Valrhona, SEB, Décathlon, Renault Trucks, réseau ENVIE, Murfy, Saint-Gobain Glass, Tesla, Volvo, Backmarket.- Fairphone, Google Ara et Nokia 3310.- Et aussi iPhone, SpaceX, Vinted, FoxconnRessources pour aller plus loin :Les livres :- Ecologie du smartphone de Laurence Allard, Alexandre Monin et Nicolas Nova- L’âge des low tech de Philippe Bihouix- La guerre des métaux rares et L’enfer du numérique de Guillaume Pitron- La machine est ton seigneur et ton maître de Jenny Chan et Yang Lizhi- Pivoter vers une industrie circulaire de Grégory Richa et Emmanuelle Ledoux- La théorie du donut de Kate Raworth- 20 000 ans ou la grande histoire de la nature de Stéphane Durand- Les limites à la croissance de Dennis Meadows, Donella Meadows et Jorgen Randers- L’événement anthropocène de Jean-Baptiste Fressoz et Christophe Bonneuil
Le podcast :- Circular4good, un podcast de Grégory Richa et Aurélien Gohier
Le site web :- Association SystExt avec l'ingénieure géologue minier Aurore StéphantCogitons Sciences est un podcast produit par Techniques de l’Ingénieur. Cet épisode a été réalisé par Séverine Fontaine, en collaboration avec Marie-Caroline Loriquet. Le générique a été réalisé par Pierre Ginon et le visuel du podcast a été créé par Camille Van Belle.
Stéphane Le Pochat, directeur R&D du cabinet de conseil EVEA, s'entretient avec nous sur l’écoconception et sur l’analyse de cycle de vie (ACV). Cette approche offre une photographie environnementale globale d'un produit ou d'un service, afin d'améliorer les impacts liés à chaque étape de sa vie. L’écoconception et l’analyse de cycle de vie [00:58 - 5:04] L’écoconception d'un produit ou d'un service prend en compte la dimension environnementale de sa fabrication et de son industrialisation afin de réduire son empreinte carbone. Pour cela, l'ACV est un outil privilégié. Cette technique de modélisation intègre en effet la totalité des impacts environnementaux d’un produit, de sa création à sa fin de vie. Elle permet d’améliorer chacune des étapes, par exemple sa fabrication. Des indicateurs environnementaux interviennent, mais aussi la santé humaine ou les ressources.
Les différents types d'ACV [05:11 - 7:25]L'attributionnelle est l'ACV la plus courante, et porte sur le produit. La conséquentielle analyse les conséquences d’une décision sur l’ensemble de l’économie, comme les scénarios énergétiques à l'horizon 2050, par exemple. L'organisationnelle repose sur la production d’une entreprise en intégrant les gammes de produits. “L'analyse de cycle de vie sociale évalue les impacts sociaux et sociétaux d’un produit sur le marché. Elle plaît à l’industrie car elle s’intègre bien dans sa politique RSE”, complète notre invité.
Une photographie environnementale [07:28 - 10:53]Outil d’aide à la décision, l'AVC permet d’obtenir une photographie environnementale détaillée d’un produit. Celle-ci permet d’identifier les facteurs et les origines des impacts environnementaux. “On peut penser des pistes d’amélioration”, poursuit notre invité.
Promue par des directives [10:52 - 13:29]Les premières ACV remontent aux années 1990, poussées par des directives françaises et européennes d’écoconception. Vers 2007, un processus d’affichage environnemental a émergé, embarquant tous les secteurs industriels dans le calcul d’empreinte. Dans des projets de recherche ANR par exemple, “il est obligatoire de réaliser une ACV pour les évaluer” ajoute notre invité.
Quelques faiblesses [13:32 - 24:58]Crayon, satellite ou modèle économique, tout est modélisable en théorie. Stéphane Le Pochat tempère : “la modélisation repose sur l’acquisition de données” souvent confidentielles ou coûteuses à obtenir. “Une ACV de qualité peut s’élever à une dizaine de milliers d’euros", détaille-t-il. Cela peut paraître élevé, mais en comparaison plus faible qu'un budget communication.
Pour Stéphane Le Pochat, l’analyse de cycle de vie est fiable s’il s’agit de comparer deux produits dans le cadre d’une prise de décision pour la reconception. Elle l'est moins pour déterminer les vrais impacts environnementaux, car “ce n’est pas l’objectif de l’ACV” précise l’expert. “Elle traite d’impacts environnementaux potentiels. Ce sont des indicateurs, qui ne reflètent pas la réalité.” La recherche avance pour rendre toujours plus robustes les méthodes de calcul. Deux axes sont en cours d'étude : le temps et l’espace dans le calcul d’impacts environnementaux. Le niveau de pollution par exemple, se considère à tel moment et dans tel milieu.L’ACV est largement utilisée dans les industries, en interne dans de petites équipes, ou confiée à des cabinets de conseil.Références citées :- Le bilan carbone Scope 3- Philips et Peugeot Citroën, précurseurs de l'ACV Ressources pour aller plus loin :- "Il y aura l’âge des choses légères", sous la direction de Thierry Kazazian- "Small is beautiful", d’Ernst Friedrich Schumacher- "Cradle to cradle" (“du berceau au berceau”) de Michael Braungart et William McDonoughCogitons Sciences est un podcast produit par Techniques de l’Ingénieur. Cet épisode a été réalisé par Séverine Fontaine, en collaboration avec Marie-Caroline Loriquet. Le générique a été réalisé par Pierre Ginon et le visuel du podcast a été créé par Camille Van Belle.
Pour répondre aux enjeux climatiques, les industries doivent devenir sobres. Mais qu’est-ce que cela signifie exactement ? Nous avons posé la question à nos invités Sarah Thiriot, sociologue à l’Ademe et Sam Allier, chargé de projet au Shift Project. Voici leurs réponses. Qu’est-ce que la sobriété ? [1:45 - 8:43]La sobriété, selon l’Ademe, est une approche qui consiste à se questionner sur ses besoins et à les satisfaire en limitant leur impact sur leur environnement. Cette sobriété engendre ainsi un changement de mode de production et de consommation. Du côté des industries, la “sobriété énergétique” consiste à rendre plus efficiente la production, en clair, moins énergivore. Mais pour Sarah Thiriot, l’efficience à elle seule ne suffira pas à faire face aux défis environnementaux. “La sobriété énergétique permet en partie de respecter les accords sur la décarbonation mais également de faire face à des contraintes physiques d’approvisionnement” explique Sam Allier.
La neutralité carbone [8:51 - 14:36]Plusieurs chemins peuvent mener à la neutralité carbone. L’Ademe en propose quatre, construits sur les scénarios du GIEC et adaptés à la France. Ces quatre scénarios enclenchent plus ou moins les leviers de sobriété, d’efficacité et de décarbonation. Avec ces scénarios, “nous montrons que différents champs des possibles sont atteignables à long terme pour atteindre la neutralité carbone en 2050 (...) en offrant des visions contrastées sur le contexte économique, le déploiement dans les territoires ainsi que sur les modes de gouvernance” explique Sarah Thiriot.
Décarboner l’industrie française sans la saborder [14:39 - 22:33]Le Shift Project part du constat que “l’industrie représente 20 % des émissions de gaz à effet de serre, dont 75 % par l’industrie lourde” déclare Sam Allier. Pour la décarboner, “un levier est de continuer d’améliorer les procédés" et un autre "de développer les ruptures technologiques". “La sobriété ne va pas s’appliquer de la même façon à tous les secteurs” affirme Sarah Thiriot. Des activités trop polluantes devront cesser, d’autres devront s'adapter et des infrastructures transformées. Et de nouveaux secteurs naîtront.
Et l’ingénieur ? [22:42 - 26:08]L’ingénieur peut être acteur de la transformation des secteurs industriels. Il peut faire preuve de sobriété en refusant de travailler pour certains secteurs, propose Sam Allier. Ses compétences pourraient orienter le système vers une direction compatible aux enjeux écologiques. “C’est la désertion que l’on commence à observer et qui constitue un nouveau rapport de force avec les industriels qui n’ont pas de plan ambitieux pour la planète” indique l’expert. Dans des secteurs passion mais polluants, les ingénieurs peuvent se questionner sur la réorientation des activités ou en travaillant sur les ruptures technologiques.
Quid du progrès technique ? [26:15 - 29:25]La sobriété signerait-elle le glas du progrès technique ? Sarah Thiriot observe cet “imaginaire un peu apocalyptique” derrière cette thèse. Il ne s’agit pas de bannir le progrès technique ou l’innovation, poursuit-elle. Les développements techniques seront d’une nature différente, en fonction des choix industriels, économiques mais également de société. "Moins mais mieux", conclue-t-elle.Ressources pour aller plus loin :Le sixième rapport du GIEC, publié en novembre 2022Le Rapport Transition(s) 2050 : Quatre scénarios pour atteindre la neutralité carbone en 2050Le rapport du Shift Project : Décarboner l’industrie sans la saborderLe sociologue Antoine Bouzin : “Crise écologique : ces élèves ingénieurs qui veulent transformer leur métier”AgroParisTech : quand de futurs ingénieurs racontent leur “conversion écologique” Cogitons Sciences est un podcast produit par Techniques de l’Ingénieur. Cet épisode a été réalisé par Séverine Fontaine, en collaboration avec Marie-Caroline Loriquet. Le générique a été réalisé par Pierre Ginon et le visuel du podcast a été créé par Camille Van Belle.
Qu’entend-on par fatigue lorsqu’il s’agit d’un matériau ? Comment explique-t-on ce processus ? Quels secteurs sont particulièrement concernés ? Notre invitée Isabel Huther, Responsable Projets Fatigue au Cetim, le Centre technique des industries mécaniques, nous apporte son éclairage sur cette étape de la vie des matériaux. Chargements et rupture [1:06 – 6:11]Notre invitée explique que la fatigue est un processus d’endommagement des matériaux sous des sollicitations cycliques. Leurs niveaux varient au fil du temps, ainsi que leur amplitude.Sous ces chargements cycliques et appliqués à la même zone, le matériau s’endommage dans cette zone. Une fissure s’amorce et se propage jusqu’à la rupture brutale de la pièce.Une pièce cassée présente un plan de rupture, aussi appelé faciès de rupture. Cette pièce sollicitée en fatigue présente deux zones distinctes. Isabel Huther nous fait part des différences entre les plans de rupture, selon que le matériau dont la pièce est constituée.Les plans de rupture en fatigue sont toujours perpendiculaires au chargement. Donc sur une pièce cassée en service et qui a subi des sollicitations en fatigue, le plan de fissuration indique quel chargement a induit la rupture.Conception des pièces et durées de vie prédéfinies [6:11 – 12:17]Les ruptures en fatigue interviennent souvent dans des zones de concentration de contraintes. Isabel Huther nous éclaire sur ces zones, caractérisées par des discontinuités géométriques, comme des angles droits, par exemple. Elle recommande de les éviter au moment du dimensionnement ou de la conception de pièce.Tous les matériaux métalliques ou composites peuvent se fissurer sous des chargements cycliques. En fatigue, les matériaux se distinguent par leur qualité. Le moins le matériau a de défauts, meilleure est sa tenue en fatigue. Il risque donc moins la fissuration.Notre invitée évoque les secteurs concernés par les phénomènes de fatigue. Les pièces et structures sont conçues au plus juste, entraînant le risque de problèmes de fissuration par fatigue. Par exemple, le poids des avions est diminué pour qu’ils consomment moins.Les pièces sont dimensionnées vis-à-vis de leur tenue à la fatigue pour s’assurer qu’elles ne cassent pas avant les durées de vie prédéfinies.
Réduire le processus de fatigue ? [12:34 – 19:10]La détermination de la résistance à la fatigue est expérimentale. Les données disponibles sont issues d’essais de fatigue réalisés sur des éprouvettes, fabriquées dans les matériaux caractérisés. A partir des valeurs relevées lors des essais, on peut estimer, pour une durée de vie donnée, la résistance en fatigue recherchée.Pour minimiser les risques de fissuration par fatigue, il est nécessaire de connaître les performances du matériau en fatigue dans l’environnement d’utilisation. Il faut aussi connaître le type de chargement, ainsi que les niveaux de chargement.Ressources pour aller plus loin : Sur le site Techniques de l’Ingénieur. Les articles de ressources documentaires :
- généralités sur la fatigue,
- calcul des pièces,
- réalisation des essais de fatigue.
- Le webinar gratuit Découverte de la fatigue des matériaux avec Robin Hauteville.Les recueils Cetim performance, « collection fatigue » :
- Les généralités en fatigue,
- Influence des paramètres en fatigue,
- calcul des pièces,
- Analyse des résultats d’essais de fatigue,
- Recueil sur la tenue en fatigue des assemblages soudés.
L'ouvrage La fatigue des matériaux et des structures 1 : Introduction, endurance, amorçage et propagation des fissures, fatigue oligocyclique et gigacyclique sous la direction de Claude Bathias et André Pineau, éditions Hermès Lavoisier. Cogitons Sciences est un podcast produit par Techniques de l’Ingénieur. Cet épisode a été réalisé par Marie-Caroline Loriquet, en collaboration avec Intissar El Hajj Mohamed. Le générique a été réalisé par Pierre Ginon et le visuel du podcast a été créé par Camille Van Belle.
Comment faire un choix de matériau pertinent et selon quels critères ? Pour quelle application ? Sur quelle méthode de sélection peut-on s’appuyer ? Ces questions ont été posées à Bruno Chenal, président de la SF2M, la Société Française de Métallurgie et de Matériaux. La carte d'identité du matériau [6:00 - 16:07]
Le nombre de matériaux augmente et leur choix est de plus en plus complexe. « De nouveaux matériaux permettent un nouvel usage et améliorent les performances d’un produit. L’aluminium et ses alliages, liés à l’histoire de l’aéronautique, ont permis des avions plus rapides, de plus grande capacité, plus légers. » Le choix d’un matériau pour une application donnée se base sur ses propriétés, son procédé d’élaboration et de fabrication, et son design. « C’est ce que définit le cahier de charges. » Bruno Chenal distingue « les propriétés intrinsèques, qui définissent la carte d’identité du matériau », d'un côté et de l’autre, « ses propriétés extrinsèques qui interviennent lors de sa sélection finale : son prix, son impact environnemental, sa disponibilité, l’aspect santé-sécurité. » Évolutions du cadre de vélo [16:20 – 20:26] Ce passionné de cyclisme illustre son propos avec un cadre de vélo. « Les propriétés attendues sont la rigidité, l’élasticité, le dynamisme, le poids, la durabilité, mais aussi le prix et le fait de pouvoir le fabriquer en série ». Les cadres de vélo ont longtemps été en acier. Ils ont été allégés, grâce aux alliages d’acier, et à des tubes amincis. L’aluminium est trois fois plus léger que l’acier, plus cher et moins résistant. Le diamètre des tubes a été augmenté pour les renforcer. Les composites à fibres de carbone offrent des cadres plus légers. Plus cher, le titane allie une faible densité aux caractéristiques élevées de l’acier. Enfin, les composites permettent des formes d’ailes d’avion, pour un aérodynamisme amélioré. Différents compromis conduisent à différents choix.Sélectionner... [20:35 – 24:07]
Bruno Chenal propose de s’appuyer sur « une méthode rationnelle de choix qui permet de faire le choix optimal d’un matériau », mise au point par le professeur Michael Ashby. Dans les diagrammes d’Ashby, une propriété donnée est représentée et les matériaux sont positionnés, chacun dans des domaines. Elle permet de restreindre les choix des matériaux, pour arriver à une seule solution.
...Et fabriquer ! [24:16 – 30:38]
Reste la question de la fabrication du matériau et du produit. « La fabrication additive donne accès à des géométries impossibles à produire par usinage. Le fait de pouvoir produire ces pièces en une seule fois avec un seul matériau ouvre de nouvelles perspectives. De nouveaux matériaux, mieux adaptés, peuvent être développés. ». Bruno Chenal recommande l’approche la plus ouverte possible. Un choix est un compromis. Références citées : Laboratoires Bell Labs
Les professeurs Michael Ashby, de l’Université de Cambridge, et Yves Bréchet, de l’Université de Grenoble
Les diagrammes d’AshbyLogiciel Granta Design d’Ansys
« Une industrie accro aux minerais de conflit », épisode #2 podcast Cogitons Sciences sur les matériaux Ressources pour aller plus loin :
- Livres de Michael Ashby :
« Choix des matériaux en conception mécanique », Dunot, 2012
« Matériaux et environnement : choix écoresponsable en conception », Dunot
- De Michael Ashby et Yves Bréchet :
« Sélection des matériaux et procédés de mise en œuvre », 2001.
- Choix et usage des matériaux, article de ressources documentaires de Techniques de l’Ingénieur corédigé par Yves Bréchet, Michael Ashby, Michel Dupeux et François Loucher.
Cogitons Sciences est un podcast produit par Techniques de l’Ingénieur. Cet épisode a été réalisé par Marie-Caroline Loriquet, en collaboration avec Intissar El Hajj Mohamed. Le générique a été réalisé par Pierre Ginon et le visuel du podcast a été créé par Camille Van Belle.
Qu’appelle-t-on “minerais de conflits” ? Pourquoi leur extraction et leur utilisation sont-elles problématiques ? Pourrait-on un jour réglementer ce commerce ? Réponses avec notre invitée Marianna Reyne, juriste en droit de l’environnement industriel.Les 3TG [1:30 – 7:07]“L’expression “minerais de conflit” vient du fait que l’exploitation de ces minerais participe à alimenter des conflits armés dans plusieurs régions du monde”, explique Marianna Reyne. Parmi la soixantaine de métaux entrant dans la composition des équipements électroniques, quatre de ces métaux sont issus de minerais de conflit : “le tantale, issu de la colombite-tantalite (le coltan), l’étain provient de la cassitérite, le tungstène dont l’origine est la wolframite, et l’or”. Ces métaux sont désignés par un sigle : “3TG” (tin, tantalum. tungsten et gold, en anglais). Ils viennent principalement de pays détenant “des ressources minières très importantes” : République Démocratique Congo, Rwanda, Burundi, Ouganda, Colombie, Birmanie et Afghanistan. “Qu’il s’agisse d’opérations minières artisanales non réglementées ou d’activités industrielles, l’exploitation de ces minerais est illégale et entraîne de nombreuses dégradations sur l’environnement et des violations des droits humains”, souligne Marianna Reyne. Des conséquences humaines et environnementales alarmantes [7:51 – 17:48]Il est estimé que l’extraction illégale de la cassitérite, du coltan et de l’or a provoqué en RDC l’enlèvement de la couverture végétale de la forêt ainsi qu’une très importante pollution. Citons par exemple la dégradation des zones situées le long des rivières, dont résultent des problèmes d’érosion, un envasement de l’eau et un dépôt de résidus contaminants (dont mercure et cyanure) déversés dans les rivières. Les conséquences humaines sont bien connues : “la violence et l’insécurité, qui caractérisent l’Est de la RDC, perdurent du fait de la compétition pour ce contrôle du commerce des minerais entre groupes rebelles, milices locales et forces armées des États voisins. Le contrôle illégal par les groupes armés et l’inaction étatique provoquent une situation humanitaire désastreuse dans la région : affrontements, violations des droits de l’Homme, travail forcé (y compris des enfants), violences sexuelles, attaques contre les civils… En 2014, l’Unicef avait évalué à 40 000 le nombre d’enfants qui travaillaient dans les mines du Sud de la RDC”, précise Marianna Reyne.Et la RSE dans tout ça ? [18:11 – 21:59]Selon Marianna Reyne, les entreprises s’appuient sur un guide publié par l’OCDE en 2011 : considéré comme le standard de référence en matière de responsabilité sociétale des entreprises, ce guide est consacré au devoir de diligence pour les chaînes d’approvisionnement responsable en minerais provenant de zones de conflit. “On a aussi vu apparaître un certain nombre d’initiatives et de programmes venant de l’industrie, du téléphone ou de l’étain par exemple, et ces initiatives ont plus ou moins bien fonctionné.”Des tensions au cœur de l’actualité [22:48 – 32:31]“S’agissant de la crise du Covid-19, analyse Marianna Reyne, les politiques publiques qui ont été adoptées de par le monde ont provoqué d’énormes problèmes liés aux arrêts de production, à la fois du fait des confinements des populations et de cette instabilité généralisée qui a été créée. Ce que l’on observe, ce sont des crises de production et de logistiques majeures qui ont généré elles-même des pénuries en cascade”. Exemple le plus emblématique : la pénurie des semi-conducteurs électroniques. Références citées :Guide OCDE iTSCi Cet article d’Amnesty International Ressources pour aller plus loin :Virunga Cobalt BluesFairphone Cogitons Sciences est un podcast produit par Techniques de l’Ingénieur. Cet épisode a été réalisé par Intissar El Hajj Mohamed, en collaboration avec Marie-Caroline Loriquet. Le générique a été réalisé par Pierre Ginon et le visuel du podcast a été créé par Camille Van Belle.
Comment passer des directions assistées pour automobiles aux voiliers de haute technologie ? Est-il possible pour un ingénieur de faire son métier de sa passion ? Comment une page blanche devient un bateau capable de faire le tour du Monde ? Qu’est-ce qu’un ingénieur d’études peut apporter à des skippers ? Pour nous répondre, nous recevons Clément Thivin, ingénieur d’études « mécanique et systèmes » au bureau d’études de MerConcept, l’écurie de course au large créée par le navigateur François Gabart en 2006.De l’intérêt à la passion [1 :30 - 7:51]Lors du cursus d’ingénieur de Clément Thivin à l’INSA de Lyon, ses professeurs l’encouragent à suivre leur ancien élève, François Gabart, qui participe au Vendée Globe Challenge, fin 2012. Dans les médias, Clément Thivin découvre le projet de « construction d’un trimaran de course pour battre le record du tour du monde à la voile en solitaire » par MerConcept. Ce sera sur ce projet qu'il travaillera durant son stage en 2014.C’est en poste chez JTEKT Technology que Clément Thivin comprend qu'il est passionné par la voile et que c’est là qu'il veut travailler. Ses candidatures ne sont pas retenues. Puis, en intégrant les Chantiers de l’Atlantique, il s’approche de l’océan et acquiert de l’expérience dans le secteur naval. Ensuite, « dans un média spécialisé, j’ai vu une offre de MerConcept ». Elle correspond bien à son profil. Il postule. Il est recruté.Concevoir un bateau compétitif [8 :09 - 17 :10]C'est donc en 2019 que Clément Thivin revient chez MerConcept. Il travaillera d'abord sur l’Imoca 11th Hour Racing. Il explique la différence de design entre cet Imoca, dessiné pour un équipage, et « l’Imoca Apivia, skippé par Charlie Dalin ».
L’acquisition du vocabulaire nautique est comparée par Clément Thivin à l’arrivée « dans un nouveau pays ». « L’ingénieur d’études doit produire des pièces, des systèmes » pour le bateau. Clément Thivin illustre sa charge de travail : « En août 2019, le bateau était une page blanche. À l’été 2021, il a navigué. En novembre, il a traversé l’Atlantique ». Ces bateaux sont conçus pour « participer à des courses et si possible les gagner ». Il faut à l’ingénieur d’études « un bon niveau de confiance et de doute » pour « prendre les décisions vitales pour la performance du bateau ».À l’écoute des skippers [17 :30 - 28 :33]« On fait un bateau pour que les skippers puissent l’exploiter au maximum pendant les courses. Ils doivent être très impliqués dans le design du bateau et la philosophie des systèmes », explique Clément Thivin. Le « retour est immédiat pendant toutes les phases de conception ». « Capables de passer trois mois en mer tous seuls sur leur bateau, ils ont des choses à raconter. », ajoute Clément Thivin. « Les courses de bateaux rythment nos journées. La cartographie est le seul accès à la performance. Les pointages permettent de connaître les positions des bateaux ».Références citées :MerConceptThe OceanRace est la course à laquelle va participer l’Imoca 11hHour RacingLes Chantiers de l’Atlantique à Saint-NazaireJTEKT TechnologyL’INSA de LyonL’Université d’Aalto à Helsinki, en FinlandeRessources pour aller plus loin :Le média spécialisé dans la voile de compétition Tip & Shaftle festival de films documentaires Sailorz Le livre « La longue route », de Bernard Moitessier« Maiden », le documentaire sur la skippeuse britannique Tracy EdwardsLe Off Shore film festival, consacré à l’aventure en merCogitons Sciences est un podcast produit par Techniques de l’Ingénieur. Cet épisode a été réalisé par Marie-Caroline Loriquet, en collaboration avec Intissar El Hajj Mohamed. Le générique a été réalisé par Pierre Ginon et le visuel du podcast a été créé par Camille Van Belle.
Gauthier Ryckeboer et Romain André sont respectivement ingénieur électronique et chef de projet produits électroniques au département conception d'accessoires jeux vidéo chez Nacon. Multi-casquettes [2:18 - 30:12]“Au quotidien, mon métier se résume à plusieurs casquettes, détaille Gauthier Ryckeboer. Une première casquette laboratoire qui représente les validations, les tests et les caractérisations des différents accessoires des jeux vidéo. Une deuxième casquette, cette fois ingénierie, qui est plus liée à la spécification en vue du développement de l’accessoire, et c’est là où j’assiste mon collègue Romain, ces missions étant liées au user interface, à l’électronique et à l’électrique. Une troisième casquette autour de l’amélioration continue du produit, en fonction des retours clients, et nous sommes toujours à l’affût de nouvelles technologies et de nouveaux composants”. Romain André participe à la supervision du développement du produit “en allant de l’idée de départ et jusqu’à la sortie de l’usine et l’arrivée en magasin” : “cela consiste à définir complètement le produit, d’un point de vue technique, avec les membres du laboratoire, dont Gauthier, superviser le développement tout au long de la chaîne de production, participer à l’élaboration du packaging et travailler avec les équipes marketing pour présenter le produit aux clients”. Une flexibilité professionnelle accrue [30:25 - 49:57]Depuis leurs débuts dans le milieu du jeu vidéo, les deux ingénieurs profitent d’une plus grande flexibilité au travail. Pour Gauthier Ryckeboer : “chez Nacon, lorsque nous avons une idée ou un projet, que ce soit sur le développement d’accessoires ou sur autre chose, il nous est possible de le remonter très facilement car la hiérarchie est très accessible, et cela jusqu’au PDG (Alain Falk, NDLR), et il nous est aussi possible d’échanger avec beaucoup de corps de métiers, qu’il s’agisse de nos collègues de la comptabilité ou de l’informatique, de nos partenaires industriels qui se trouvent en Chine par exemple, de nos partenaires technologiques éparpillés à travers le monde, ou encore les collègues chefs de projet comme Romain ou encore les collègues designers industriels… Aujourd’hui, j’ai pu développer un côté pluridisciplinaire, très agréable car challengeant intellectuellement”. Cette flexibilité pousse Romain André à poursuivre sa carrière dans le secteur du jeu vidéo : “la flexibilité, c’est la possibilité d’entreprendre et de voir le concept, imaginé avec les collègues, prendre forme et prendre vie. C’est une des choses qui rend le secteur au global ainsi que l’innovation très intéressants, car ce n’est pas un secteur qui reste fixe. Si par exemple on voit aujourd’hui comment a évolué une manette, à quoi elle ressemblait et ce qu’il y avait dedans il y a 10 ans, ce n’est plus la même chose aujourd’hui, ça a complètement changé ! Et on peut en dire tout autant pour l’évolution des jeux vidéo, des supports de jeux, mais aussi des casques audio. Et au niveau industriel, cette flexibilité m’a permis de rencontrer des personnes qui maîtrisent des technologies qu’autrement, si j’étais resté dans le secteur automobile, je n’aurais pas forcément pu découvrir à moins de changer de périmètre ou de site… Alors qu’aujourd’hui, je travaille sur des catégories de produits qui sont totalement différentes les unes des autres, tout en restant au même endroit”. Références citées :Nacon ThrustmasterValeo Ressources pour aller plus loin :“Power on: The Story of Xbox”“High Score : L’Âge d’or du gaming”“Les consoles de jeux vidéo”Les livres sur l’histoire du jeu vidéo, aux éditions Omaké“Joypads ! Le design des manettes”“Le rendez-vous tech” et “Le rendez-vous jeux”“Tech café”Cogitons Sciences est un podcast produit par Techniques de l’Ingénieur. Cet épisode a été réalisé par Intissar El Hajj Mohamed, en collaboration avec Marie-Caroline Loriquet. Le générique a été créé par Pierre Ginon ; le visuel, par Camille Van Belle.
Depuis janvier 2019, Alexandre Tisserant est PDG de Kinéis. La constellation de 25 nanosatellites de Kinéis devrait fournir des services de connectivité destinés à l’internet des objets (IoT). Dans la continuité du projet Argos, ses applications vont – entre autres – du suivi de la biodiversité marine et terrestre, au suivi de l’activité volcanique, en passant par le suivi des convois de denrées sensibles.En 2002, Alexandre Tisserant obtient un diplôme d’ingénieur spécialisé en computer science, de l’Ecole polytechnique. Il y ajoute en 2004 un deuxième master, délivré par Telecom ParisTech, et cette fois tourné vers le management, la stratégie commerciale et le développement de logiciel. Ni ses études, ni une carrière dans la finance au sein de l’Etat ne présageaient pour cet ingénieur une direction toute autre lorsqu’il rejoint CLS Group en 2017 : embrasser le domaine spatial. Un univers qui, pourtant, l’avait toujours fasciné… Une passion avant tout [1:00 – 11:18]“Je ne pense pas que ça me prédestinait à y travailler, mais le spatial est un domaine qui me fascinait depuis très longtemps, nous confie Alexandre Tisserant. Adolescent, en lisant les magazines de vulgarisation scientifique, j’étais toujours très intéressé par les dossiers qui avaient trait à l’espace. Et quand ensuite j’ai eu des cours de mécanique spatiale, comprendre comment les astres tournent les uns autour des autres m’a captivé. À un moment, j’envisageais même de m’orienter vers l’astrophysique ; chose que je n’ai pas poursuivie, car je n’étais pas sûr que le domaine de la recherche me conviendrait. Comme par ailleurs j’aimais beaucoup l’informatique, je me suis spécialisé là-dedans.” Dans l’espace infini, de la rigueur [11:19 – 23:46]En 2017, alors que la famille part s’installer à Toulouse, où l’épouse d’Alexandre Tisserant va enseigner l’histoire à l’université, l’ingénieur cherche des opportunités de travail dans la ville rose. “De fil en aiguille”, il est alors recruté par CLS Group pour diriger le projet Kinéis, devenu par la suite une entreprise spin-off. Dans ce milieu qu’il découvre, comme nous l’explique Alexandre Tisserant, une spécificité se démarque : “Quand on envoie un objet dans l’espace, on n’y a plus accès, plus jamais, et on est donc obligé de réaliser une batterie de tests et de validations, à la fois électroniques, informatiques, mécaniques, thermiques, au sol. En plus, envoyer et développer le satellite coûte cher !” Et on n’a donc pas vraiment droit à l’erreur. D’où cette rigueur accrue. Qui peut même contraster avec le monde de l’informatique : “De là découle la méthode de l’ingénierie spatiale, qui est très différente de l’informatique, où on écrit du code, on compile, on exécute, on teste, et si ça ne marche pas, on refait”.
Le liant : la curiosité… Et une quête de sens [23:47 – 32:58]“Ce qui m’a guidé tout au long de ma carrière, c’est la curiosité, une envie de comprendre comment les choses fonctionnent, et pouvoir les refaire moi-même”, décrète le PDG de Kinéis. Il continue : “C’est d’ailleurs comme ça que je me suis retrouvé à travailler pour le budget de l’Etat pendant quelques années, car c’était une mécanique financière que je ne comprenais pas au début, alors que c’est au cœur des ‘machines’ de l’Etat !” Son conseil aux étudiants ingénieurs ? “Savoir pourquoi vous faites ce que vous faites, et vous demander ce que ça produit pour la société en général !” Références citées :Argos (continué par Kinéis) CLS GroupRessources pour aller plus loin :“Merci de changer de métier”, un livre de Celia Izoard“Voyage en misarchie”, un livre d’Emmanuel Dockès“Les couilles sur la table”, un podcast de Victoire Tuaillon “Silicon Valley”, une série télévisée américaine Cogitons Sciences est produit par Techniques de l’Ingénieur. L'épisode a été réalisé par Intissar El Hajj Mohamed, en collaboration avec Marie-Caroline Loriquet. Le générique a été réalisé par Pierre Ginon. Le visuel a été créé par Camille Van Belle.
Qu’est-ce qui pousse les ingénieurs français à partir ? Pourquoi choisissent-ils travailler à l’étranger ? Et est-ce qu’ils envisagent de revenir un jour ?Réponses avec Lucile Zenou, ingénieure biomédicale résidant au Canada depuis 2014 et présidente de l'association Francogénie, et Marion, ingénieure en Espagne où elle travaille depuis 16 ans.Entre le groupe français et la filiale catalane, des cultures de travail différentes [1:31 - 6:23]Pour s’installer en Espagne, deux possibilités se présentaient à Marion : signer un contrat local ou opter pour l’expatriation. Marion a choisi la première option, idéale pour les salariés qui souhaitent s’établir dans un pays étranger. Et bien que l’ingénieure n’ait pas changé d’entreprise, cette mutation lui fait découvrir une culture de travail bien différente. “Oui, j’avais les codes de l’entreprise, j’avais la culture de l’entreprise… mais cette petite structure était beaucoup plus rapide, beaucoup plus agile, nous pouvions créer nos postes, nous étions beaucoup plus autonomes, et nous avions beaucoup plus d’informations de toute la structure puisque nous travaillons moins en silo, détaille Marion. C’était une expérience très différente de ce que j’avais vécu à Paris.”Pour les employeurs québécois, la priorité est aux compétences [6:25 - 13:51]Après un premier court séjour au Canada, Lucile Zenou y est repartie en 2014, cette fois-ci à la recherche d’un travail. Et bien qu’elle n’ait pas fait d’école d’ingénieur, Lucile Zenou occupe aujourd’hui des fonctions d’ingénieur, dans le secteur du biomédical, sans pour autant avoir le statut ou le titre d’ingénieure. En effet, elle a repris ses études au Canada et a obtenu un master en génie biomédical. “J’ai quitté la France car j’avais beaucoup de mal à y trouver un emploi, nous explique-t-elle. Mon domaine (chimie des matériaux, nanomatériaux et nanotechnologies, NDLR) était trop spécialisé et je n’avais pas les diplômes des écoles d’ingénieurs. Mais une fois au Québec, on ne me demandait pas forcément mes diplômes, on ne me demandait pas de quelle école je venais. C’était vraiment par rapport à mes compétences.” Un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée [13:53 - 28:15]Lucile Zenou et Marion s’accordent sur un point : elles parviennent mieux à concilier vie professionnelle et vie privée. Que ce soit grâce aux différents accommodements mis en place par l'État, au Québec, ou grâce aux multiples évolutions positives qui se sont opérées très vite en Espagne au fil des années. D’autres points peuvent sembler un peu moins attractifs, comme l’expliquent nos deux interlocutrices ; mais si à première vue ils peuvent paraître comme des défauts, ils sont assez complexes pour être “contrebalancés” par des avantages indissociables.Revenir en France n’est pas à l’ordre du jour [28:16 - 38:25]Ni Marion ni Lucile Zenou ne se voient revenir de sitôt en France ! Pour Lucile Zenou : “La seule chose qui pourrait me pousser à rentrer en France serait ma famille, et la possibilité d’être auprès de ma famille. Surtout dans les circonstances actuelles (la pandémie de Covid-19, NDLR), c’est vraiment une préoccupation quand on est loin.” Quant à Marion : “Comme Lucile, ce n’est pas dans mes plans. Car d’abord j’aurai du mal à quitter cette qualité de vie. Ensuite, professionnellement, je me suis établie ici et j’aurai du mal à me réadapter en France. Cette zone grise, cette flexibilité qu’on a en Espagne, j’aurai du mal à la perdre.”
Références citées :Enquête IESFAu Québec, l'accommodement raisonnable
Ressources pour aller plus loin :L’immigration au Canada (site gouvernemental)FrancogénieLe livre “Ainsi parlent les français”Le film “L’Auberge espagnole” Le film “Ocho apellidos vascos” Cogitons Sciences est produit par Techniques de l’Ingénieur. L'épisode a été réalisé par Intissar El Hajj Mohamed, avec Alexandra Vépierre. Le générique a été créé par Pierre Ginon ; le visuel, par Camille Van Belle.
Où travaillent les ingénieurs aujourd’hui ? Quels métiers évoluent ou disparaissent ? Comment le numérique et la transition énergétique impactent-ils le métier ?Pour répondre à ces questions, nous recevons Marc Rumeau et Christine Quinola. Marc Rumeau est président d’IESF (Ingénieurs et Scientifiques de France), une association fondée en 1848 qui représente 175 des associations d’alumnis d’écoles d’ingénieurs en France. Il est ingénieur et a fait toute sa carrière dans des entreprises dans le domaine des automatismes, de l’électronique puis de la sécurité électronique et incendie. Christine Quinola est secrétaire générale d’IESF. Elle a été ingénieure dans la pétrochimie et aujourd’hui, elle a fondé Calliroxe, son entreprise de formations en gestion de projet.Panorama des ingénieurs en France [1:36 – 15:36]Pour dresser un panorama de la profession, IESF réalise chaque année une enquête nationale via son Comité Observatoire des ingénieurs, pour laquelle elle interroge environ 55 000 ingénieurs. L’enquête 2021 a révélé que les ingénieurs se trouvaient dans tous les secteurs et pas uniquement l’industrie, et que la part de femmes continuait à stagner à 24%. Géographiquement parlant, les ingénieurs français sont à 85% sur le territoire français, mais beaucoup travaillent sur des projets à l’internationalAfin d’évoluer dans sa carrière, Christine Quinola souligne la nécessité du réseau, favorisée par des associations comme IESF. Cette fédération encourage la force d’entraide entre les alumnis et accompagner les personnes qui veulent progresser dans leur métier. Nos invités revendiquent l’importance de la curiosité dans ce métier, qui permet de se former tout le long de sa carrière.L’évolution des métiers d’ingénieur [15.37 – 34:38]Plus qu’une disparition de métiers, Marc Rumeau parle de leur évolution et de la nécessité d’un accompagnement dans ces bouleversements. Parmi les domaines émergeants, l’hydrogène, mais aussi la data. Christine Quinola temporise et rappelle le besoin de traiter les données de manière intelligente, faisant émerger de nouvelles compétences, comme celui de data scientist. La transition numérique bouleverse les métiers, comme la transition énergétique. Pour le président d’IESF, il s’agit surtout de trouver des solutions pour le développement durable. Christine Quinola souhaite aussi mettre en avant le mix énergétique comme un secteur qui va fortement recruter. Initialement réfractaire à travailler dans le domaine du pétrole, elle reconnait finalement que ses valeurs écologiques personnelles lui ont permis de changer les choses dans ce milieu, notamment en s’assurant que les normes étaient respectées. Nos deux invités comptent sur les ingénieurs, scientifiques, doctorants français pour participer à la création d’un monde plus durable, mais ils regrettent que leurs compétences ne soient pas suffisamment exploitées.Par ailleurs, d’autres spécialisations ne sont pas assez présentes en France. C’est le cas des experts techniques, tout domaine confondu, et des spécialistes en jumeau numérique. Marc Rumeau regrette notamment la pénurie de professeurs et déplore la gestion de la formation continue.Références citées :- + d’1,2 million d’ingénieurs et scientifiques en France dont environ 920 000 d’ingénieurs encore en exercice- Certificat EUR ING- La Conférence des grandes écoles- Enquête IESF- Emmanuelle Charpentier : Prix Nobel de Chimie 2020- Guillaume Rozier : ingénieur à l’origine de CovidTrackerRessources pour aller plus loin :- Livre Blanc IESF « Face aux défis du XXI siècle les Propositions et Recommandations des Ingénieurs et Scientifiques de France » - Film Le Mans 66 réalisé par James Mangold- Série Le Bureau des légendesCogitons Sciences est un podcast produit par Techniques de l’Ingénieur. Cet épisode a été réalisé par Alexandra Vépierre, en collaboration avec Intissar El Hajj Mohamed. Le générique a été réalisé par Pierre Ginon et le visuel du podcast a été créé par Camille Van Belle.
Quelles sont les compétences sociales et sociétales demandées aux ingénieurs? Comment y former les futurs ingénieurs ? Et quelles sont les attentes de la
nouvelle génération d’ingénieurs ?
Pour répondre à ces questions, nous recevons Laure Bertrand. Laure Bertrand est enseignante/chercheuse et directrice soft skills, développement durable et carrière au Pôle Léonard de Vinci. Ce pôle réunit une école de commerce (EMLV), une école du digital (IIM) et surtout l’école d’ingénieurs (ESILV).
L’évolution de la société influe sur les attentes en termes de compétences [1:19] – [16:55]
Les soft skills et le développement durable font depuis quelques années partie de la formation de l’école d’ingénieurs ESILV. Selon Laure Bertrand, c’est une nécessité d’inculquer le plus tôt possible aux jeunes diplômés ces compétences sociales, humaines et relationnelles, et de modifier les cursus pour répondre aux enjeux de l’urgence climatique. La demande émane à la fois des entreprises, des étudiants, de la société civile et des écoles. Les recruteurs notamment sont en demande des soft skills car les compétences scientifiques ne suffisent plus. Afin de préparer leurs programmes sur 5 ans, les écoles doivent être constamment en éveil et avoir un regard prospectif sur l’évolution du marché du travail et des attentes de la société. Laure Bertrand constate d’ailleurs une évolution notable du côté des étudiants et étudiantes, qui souhaitent un management plus horizontal en entreprise, et qui cherchent à avoir un impact positif sur la société grâce à leur travail.
Les soft skills dans le travail des ingénieurs [16.55] – [27:38]
Laure Bertrand divise les soft skills en 2 sous-parties : les compétences intrapersonnelles (l’esprit critique, l’intelligence émotionnelle, la créativité etc.) et interpersonnelles (l’empathie, la capacité d’écoute, la coopération, l’intelligence
collective etc.). « La bonne nouvelle c’est qu’on peut se former aux soft skills », ajoute-t-elle. Elle prend alors l’exemple de l’empathie et donne des méthodes pour la travailler.
Différentes soft skills sont utiles aux ingénieurs : le développement de l’intelligence émotionnelle, la créativité, la flexibilité et l’agilité, la coopération. Dans l’école où elle travaille, les étudiants et étudiantes ont aussi des cours pour trouver leur style de leadership afin d’embarquer une équipe, avoir de l’impact sur les autres, même sans autorité hiérarchique.
Acquérir les compétences personnelles [27:38 – [42:08]
Même sans passer par une école, plusieurs méthodes existent pour progresser et améliorer ses compétences. Première étape : faire un état de lieux pour comprendre les soft skills qui existent et faire le point sur ses atouts et ses points faibles. Ensuite, il est possible de faire des formations sur les sujets qui nous intéressent ou de suivre des Moocs. Selon Laure Bertrand, les compétences soft permettent d’acquérir des aptitudes indispensables pour évoluer dans le monde professionnel, et notamment dans le contexte de la transition écologique. Parmi les compétences utiles, elle cite le développement de la pensée systémique, la capacité à coopérer dans un cadre interdisciplinaire, l’intelligence collective, la capacité au plaidoyer, le développement de l’esprit critique, la capacité à gérer et impulser le changement etc.
Elle rappelle d’ailleurs qu’agir pour la transition écologique ne se fait pas uniquement pas convictions. Certains peuvent s’y engager par pragmatisme car le monde évolue et les entreprises sont de plus en plus soumises à des restrictions et des cadres particuliers. D’où l’importance de développer ses compétences personnelles sur le sujet.
Références citées :
CGE : conférence des grandes écoles
Le manifeste des étudiants pour un réveil écologique
C3D : Le collège des directeurs du développement durable
The Shift project
Youmatter
Greta Thunberg
VIA survey
Cartes de forces éditées par Positran
Questionnaire MBTI
DISC
Process communication
Performance
Ressources pour aller plus loin :
Rapports de The Shift project
La conférence des grandes écoles
Le manuel de la grande transition
La Contagion émotionnelle de Christophe Haag
Cogitons Sciences est un podcast produit par Techniques de l’Ingénieur. Cet épisode a été réalisé par Alexandra Vépierre, en collaboration avec Intissar El Hajj Mohamed. Le générique a été réalisé par Pierre Ginon et le visuel du podcast a été créé par Camille Van Belle.
Les solutions numériques pour faciliter l’écoconduite existent, et WeNow en fait partie. Comment fonctionne une telle solution, d’un genre nouveau en France ? Est-elle adaptée à tout type de véhicule ? Quelles réductions de l’empreinte carbone présage-t-elle ? Quelles sont les bonnes pratiques à adopter en tant qu’automobiliste ?
Pour répondre à ces questions, et bien d’autres encore, Techniques de l’Ingénieur reçoit Fabien Carimalo, cofondateur de WeNow.
Vers un changement des habitudes [0:00 - 7:50]
Le but derrière WeNow n’est pas de décarboner les émissions carbone sur les routes, mais de changer le comportement des conducteurs en les incitant à opter pour l’écoconduite. Grâce à un boîtier connecté, les émissions du véhicule sont mesurées et ensuite transmises à l’application WeNow qui va afficher ces chiffres à l’intention du conducteur et lui recommander la démarche à suivre (un « coaching ») pour réduire, « de 10 à 15% », sa consommation énergétique. Fabien Carimalo évoque ce rapport, publié en juin par le Haut Conseil du Climat et qui rappelle que le transport est le secteur ayant le plus d’impact CO2 en France : « Le secteur des transports en France est le premier contributeur aux émissions de gaz à effet de serre territoriales avec une part de 31 % en 2019, soit 136 Mt éqCO2 ». Précisons toutefois que la solution WeNow est pour l’instant réservée aux flottes de véhicules des entreprises.
Un environnement de données compréhensible [7:50 - 26:20]
Un système de points auquel s'ajoutent des challenges mis en place par WeNow « de manière systématique ou pas », qui pourraient aboutir à des récompenses (selon le souhait de l’entreprise cliente), fait partie de l’environnement de l’application. « Un gestionnaire de flotte ou un manager va avoir accès à une série de données, mais nous sommes conscients du fait que trop de données tue la donnée », prévient Fabien Carimalo. « L’enjeu pour nous n’est pas de mettre à disposition des mégaoctets et des gigaoctets de données auprès d’une personne qui n’aura pas le temps de les utiliser, mais de mettre en place un système qui est simple, centré sur l’essentiel et facilement compréhensible ».
Une centaine de sociétés clientes [26:20 - 45:40]
« Nous avons choisi de partir sur les véhicules de sociétés car c’est déjà l’environnement le plus sensibilisé à la réduction de l’empreinte carbone », explique Fabien Carimalo. Avant de poursuivre : « Il y a des obligations pour les entreprises, même dès leur création, notamment sur la nécessité de réaliser un bilan carbone. Aujourd’hui, cela s’est largement généralisé en France, avec la loi d’orientation des mobilités qui impose aux entreprises d’une certaine taille d’inclure dans leur flotte une part plus ou moins significative de véhicules électrifiés. Il y a donc un enjeu de contrainte du côté du secteur privé, mais aussi un enjeu stratégique et marketing pour les grands groupes qui doivent montrer l’exemple surtout qu’ils ont les moyens d’engager la transition ».
Sobriété énergétique tout en gaming [45:40 - 51:22]
Pourquoi adopter l’engagement par le jeu ? Réponse de Fabien Carimalo : « L’écologie punitive, pour nous, n’a aucun avenir. Il faut donner aussi un sens positif à l’action communautaire, collective, à l’encouragement, et au fun. Ce sont des leviers énergétiques qui font partie de notre société et de notre culture. L’apprentissage par le jeu est quelque chose qui est presque naturel. Il est beaucoup plus puissant d’apprendre sur le climat et d’aller vers la sobriété énergétique, tout en s’amusant. Cela donne envie d’y revenir. D’où notre conviction : si nous voulons avoir de l’impact et fédérer à grande échelle, le jeu est un levier puissant qui fait partie du quotidien des jeunes générations. »
Références citées :
Les rapports du Haut Conseil du Climat
La loi d’orientation des mobilités
Pour aller plus loin :
Les rapports de l’Ademe
WeNow
Quelle est la différence entre biocarburants avancés et biocarburants conventionnels ? Quelles technologies permettent de produire des biocarburants avancés ? Quels sont les freins et les leviers pour leur déploiement en France ?
Pour répondre à ces questions, Techniques de l’Ingénieur reçoit Jean-Christophe Viguié, responsable des programmes “biocarburants” à l’IFP Énergies Nouvelles (IFPEN). L’IFPEN a mené plusieurs projets en partenariat avec des industriels et des laboratoires de recherche pour développer des technologies de production de biocarburants avancés.
Les biocarburants avancés, quésaco ? [1:10 - 3:02]
Les biocarburants avancés sont « définis par une liste de ressources dans la directive européenne RED II [Directive des Energies Renouvelables, NDLR] », explique Jean-Christophe Viguié. « Ce sont des ressources qui n’entrent pas en compétition directe avec un usage alimentaire ». Ils sont ainsi différents des biocarburants « produits à partir de ressources qui entrent en concurrence avec un usage alimentaire ».
Comment produire les biocarburants avancés ? [3:02 - 7:02]
« On peut distinguer deux grands types de technologies ». Une première catégorie est celle des technologies thermochimiques, où « la biomasse est d’abord déconstruite en la gazéifiant à très haute température », avant de réaliser une synthèse Fischer-Tropsch. « La deuxième grande voie est une voie biochimique » qui commence également par une déconstruction de la biomasse mais se termine par une fermentation grâce à des biocatalyseurs afin d’obtenir de l’éthanol. L’IFPEN a notamment co-développé deux technologies de production de biocarburants avancés : Futurol et BioTfuel.
Du développement à la commercialisation [7:02 - 12:07]
Pour développer ces technologies, « il faut mettre en place de nombreuses compétences, en chimie, en génie chimique, en hydraulique, en hydrodynamique, en biotechnologie, en économie ou en analyse environnementale ». Ensuite, il faut s’assurer de maîtriser le risque technologique. Le procédé est assez long : il a ainsi fallu 10 ans pour compléter le projet Futurol (de 2018 à 2019) et 11 ans pour BioTfuel (de 2010 à 2021 ; en cours de validation).
Des freins et des leviers [12:07 - 16:56]
Pour Jean-Christophe Viguié, la France a l’avantage de disposer de très larges ressources agricoles et forestières, sans oublier que le pays a fourni « d’importants efforts de recherche et d’innovation avec le soutien de l’Etat ». Un point bloquant réside dans la réglementation en vigueur sur les émissions des véhicules : celle-ci « se focalise sur les émissions de CO2 au pot d’échappement, ce qui est un biais dans la réglementation car ce CO2, quand il provient des biocarburants, est compté comme un CO2 qui proviendrait des carburants fossiles ».
Pour bien décarboner nos transports [16:56 - 29:47]
Selon l’IFPEN, les filières avancées permettraient de réduire les émissions de gaz à effet de serre par un facteur de 10, par rapport à la référence fossile. « Un véhicule qui roule aujourd’hui avec du biocarburant synthétique présente un bilan plus favorable qu’un véhicule électrique ». Et de conclure : « Les biocarburants et les biocarburants avancés en particulier sont une très bonne solution pour décarboner nos transports. Ils doivent donc être mis en œuvre aux côtés de l’électrification, de l’hybridation, et c’est probablement en combinant toutes ces solutions que nous pourrons atteindre un objectif ambitieux de décarbonation des transports. »
Ressources citées :
Directive européenne RED II
Les chiffres de la Direction générale de l’énergie et du climat (DGEC)
Références pour aller plus loin :
Le site de l’IFPEN
La plateforme européenne Etip bioenergy
Cogitons Sciences est un podcast produit par Techniques de l’Ingénieur. Cet épisode a été réalisé par Intissar El Hajj Mohamed, en collaboration avec Alexandra Vépierre. Le générique a été réalisé par Pierre Ginon et le visuel du podcast a été créé par Camille Van Belle.
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