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Description
Episodes
Reverse
Pièce maîtresse de Strindberg, cette « tragédie naturaliste » au ton gai et subversif, est l’une des plus belles traductions de Boris Vian. Dans le huis clos d’une cuisine, la nuit de la Saint-Jean, quand retentissent au dehors des pas de danse et brûlent des feux de joie, Julie, fille d’un comte suédois, et Jean, son valet, se livrent un corps à corps des plus inattendus. Les désirs s’affolent. Qui prendra l’ascendant sur l’autre, le forcera à perdre son sang-froid ? Entre rêve d’ascension sociale et désir de fuite, attisé par une haine viscérale des hommes chez Julie, ce jeu dangereux scellera une destinée au « dénouement cruel et biologique » dira Vian, où « survit le mieux adapté », mais exultante de liberté.
Dans L'Inattendu Liane pleure son amant disparu. Dans sa chambre à côté du Fleuve, elle danse et ne veut pas croire à sa disparition. Elle conjure son amour absent, entend parfois sa voix. Elle chasse la solitude en buvant de la gnôle, avec des flacons bleu de Prusse ou rouge Saturne, où puiser des souvenirs et lire l'avenir. Une pièce-maîtresse de Fabrice Melquiot où réalisme du désespoir amoureux et magie d’une langue inventive et poétique, s’apprivoisent.
Aphrodisia : rêve contemporain d'une union perdue à retrouver. Mythes et allégories antiques y rencontrent une forêt de symboles de la modernité : cravates, colocs et open spaces. L'ère du tout-fonctionnel. Refusant de se dissoudre dans un monde du travail qui écrase l'individu, les personnages de Christophe Pellet s'absorbent dans une quête de lumière des origines, là où subsiste une réelle présence de l'être et du désir – à l'écart de la froideur des connexions virtuelles. Une élégie amoureuse dotée d’un souffle de renaissance, à soi et au monde.
4.48 Psychose est une pièce empreinte de poésie convulsive et de désespoir clinique ; une femme sans identité, déjà morte au monde, internée dans un hôpital psychiatrique où elle assiste à la destruction progressive de ses facultés, y adresse sa prière – à ceux qui la lisent, à ceux qui la verront disparaître : à 4 heures 48, l’heure où la mort interviendra. Tel un sténogramme testamentaire, ce monologue oscille entre dépression psychotique et lumineux élan de vie. Par Sarah Kane, une autrice majeure du new british theater.
Quand à 22 ans, Georg Büchner écrit La Mort de Danton, il perçoit l’évènement total qu’est la Révolution, dépassant le pur champ politique pour emporter tout l’espace social. Philosophe, il comprend le fondement profond de la mort de Danton : sa vie, ses mœurs et son individualisme libéral. Médecin, il décèle toutes les passions des individus et de l’époque : l’ambition, la vanité, l’ivresse et la violence du pouvoir, le désespoir affolé des condamnés, les ressentiments du peuple. Poète, il capte dans son alambic toutes les langues de la Révolution : ses traits d’esprit, épigrammes, chansons et grands discours. Une œuvre aux voix et résonances plurielles, d’une modernité radicale, à l’avant-garde des esthétiques du fragment et de la littérature dite postmoderne.
Écrits pour la parole est une constellation de récits de femmes noires françaises, des récits intimes & politiques. Des récits libérateurs face à la violence systémique, instituée, reçue en plein corps, objet de représentations et de fantasmes dès l’enfance. Face aux mécanismes de domination à l’œuvre dans la vie quotidienne, la sphère professionnelle, ou dans la rue. Face à l’invisibilisation dans les récits nationaux et les pages blanches de l’Histoire. Des voix pour apprendre à se connaître, accéder à une conscience de soi et reprendre en charge ses récits. Des voix de femmes puissantes, en quête de justice, d’égalité, d’amour. Qui prennent en main leur destin, s’élèvent contre la binarité des récits et des représentations. Un corpus fondateur, si important qu’il a donné son nom à une nouvelle collection à L’Arche : « Des écrits pour la parole », qui arpente des oralités contemporaines percutantes et musicales, en dehors des assignations formelles et plus profondes.
Léonora Miano a reçu le Prix Seligmann (prix consacré à la lutte contre le racisme, l’injustice, l’intolérance) pour ce texte en 2012.
Gaspard, inspiré de la légende allemande de Kaspar Hauser, l’enfant trouvé qui ne savait pas « parler », c’est l’histoire du langage et de l’être. « Je suis ma pensée. » Une humanité pleine, rétive à toute coercition, des objets et accessoires qui l’entourent, des voix off qui inculquent des mots et lui dictent des comportements, les sangles de la société. C’est l’histoire d’un apprentissage et du sujet autonome qui se construit, de la langue qui balbutie, fait vaciller la logique formelle pour mieux reconstruire le monde sensible. Gaspard bat en brèche les logiciens, Platon et sa chaise, les philosophes allemands et leur da-sein. Une pensée jaillissante, loufoque et inventive. Un être qui parle, qui est bien là.
Hélène de Troie, Marilyn Monroe… ces icônes légendaires à l’identité usurpée, de Troie à Hollywood. Et si Hélène n’avait jamais été à Troie mais un nuage avait pris sa place ? Et si cette guerre menée au nom de la beauté n’était qu’une vaste supercherie, l’histoire d’un leurre sublime, d’une fascination destructrice ? La version d’Anne Carson inspirée d’Hélène d’Euripide repose sur cette hypothèse et s’empare du mythe de manière vertigineuse. Hélène de Troie est aussi Marilyn Monroe, née Norma Jeane Baker et mariée à Arthur, roi de Sparte et de New York – deux icônes séparées par des milliers d’années mais unies par un seul et même destin, rivalisant de séduction et de ruses pour échapper à la violence des hommes et à un ordre du monde impitoyable, des remparts de Troie à Sunset Boulevard.
Un hommage à la parole et aux mémoires en littérature. Gratte-ciel est un récit choral, sur la décennie noire en Algérie, porté par une jeunesse sous les balles. À partir du « plan Obus », un projet d’urbanisme fantasmé par Le Corbusier à Alger dès 1931, se déploie une traversée à plusieurs voix de l’histoire de l’Algérie contemporaine. Sonia Chiambretto se saisit d’une mémoire non transmise, et traduit la violence et la beauté avec laquelle toutes ces histoires lui ont été racontées. Elle fait entrer en friction des strates de mémoires et des éléments d’architecture, fait résonner des matériaux réels et fictionnels, archives d’Histoire et récits familiaux, entre courses-poursuites et guerres de libération. Une mémoire à livre ouvert.
Cette comédie familiale aux accents si réalistes vous emmènera dans les contrées les plus loufoques de la jalousie et de la manipulation dans la relation parents-enfant. Avec l’arrivée de leur fille Frida, un jeune couple part à la dérive et se focalise sur l’enfant de manière obsessionnelle. Besoin de contrôle, désir d’amour exclusif, angoisse, culpabilisation et chantage affectif, tous les coups sont permis pour (se) prouver que l’on est le parent le plus essentiel. Proche de la composition musicale, la pièce s’illustre par son rythme effréné et ses infinis jeux de variations-répétitions, où se nichent tension familiale et délire individuel. Jubilatoire !
Ce texte de la virtuose Jelinek, prix Nobel de Littérature, est un flux de langue. Une overdose de paroles, pensées, slogans publicitaires et interviews de journaux. Des flux d’images, qui collent à la rétine. Figure majeure du répertoire occidental, la Nora de Jelinek est une femme moderne, vivant dans les années 1920, qui décide de quitter son domicile bourgeois pour aller travailler à l’usine – et vivre une autre forme d’aliénation. Cette Nora libérée du foyer conjugal et des tâches domestiques, claque la porte à Ibsen et aux héritages.
Après Nora dénonce les conditions de travail des ouvrières à l’usine, et l’exploitation au sein des sociétés de consommation dédiées au seul profit et à l’apparence. L’image à tout prix !