DécouvrirC'est à Dire
C'est à Dire

C'est à Dire

Auteur: L'ARCHE

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Description

« C’est à Dire » fait résonner des voix du catalogue mythique de L’Arche. Portés par des interprètes d’exception, qui révèlent leurs émotions les plus intimes et leurs souvenirs d’artistes encore vibrants, ces épisodes racontent leur désir de théâtre, toujours présent, leur lien charnel, vital à ces textes. Des instants d’éternité. Pour sortir le théâtre de ses modalités d’écoute et ses lieux dédiés, le rendre plus accessible, et emporter ces paroles incarnées et inspirantes partout avec vous, L’Arche vous glisse ces fictions à l’oreille.
16 Episodes
Reverse
Une mère et sa fille habitent ensemble dans un appartement, où l’ombre d’un père absent n’est jamais loin. L’amant de la mère leur rend souvent visite. Un jour, le frère apprend ce que sa sœur a subi dans le huis clos familial. Cette pièce raconte les difficultés à vivre d’une adolescente après une agression sexuelle. Le silence déploie peu à peu ses révélations, comme autant de tentatives pour dire l’indicible, raconter le poids du passé et celui d’une enfance perdue.
Un triangle amoureux, où temps et espace se désagrègent. Comme surgi du passé, l’Homme rentre chez lui après une longue absence. Il se retrouve dans un nouvel appartement, où la Femme a déménagé. Le Jeune Homme les interrompt, en rentrant chez lui. Dans cet appartement au quatorzième étage, le vent souffle et la fenêtre tombe lentement dans le vide. Poème sur l’amour et la solitude, mais aussi sur le temps et le mystère de l’existence, Vent fort nous amène à des présences au-delà du réel. « Je n’avais jamais écrit comme ça. Je dirais que c’est un rêve que j’ai mis sur le papier, avec une dimension cauchemardesque. » (Jon Fosse, Écrire, c’est écouter : entretiens avec Gabriel Dufay, 2023, L’Arche)
Vivre avec ses morts. Un jour d’automne, Asle range la remise à bateaux et part en barque sur le fjord, là où la mer est la plus profonde. « Je ne serai pas long ». Sa femme l’attend toute la nuit. L’attente d’une nuit devient celle de toute une vie, à la fenêtre. « Je sentais que l’obscurité était mon visage » dit-elle, nimbée d’un halo d’espoir. Une parole pour conjurer l'absence, trouée de silences, au bord de l’indicible, qui fait advenir une présence, en clair-obscur.
« J’ai le sentiment, quand j’écris, d’avoir un lieu secret, caché au fond de moi. J’écris depuis ce lieu caché. » Ces entretiens réalisés par Gabriel Dufay entre 2012 et 2023 sont émaillés de textes inédits lus par Pascal Greggory : Quand un ange passe par la scène, la pièce miniature Vivre dans le secret, ainsi que le poème extrait du recueil Chien et ange, « qui écrit, est-ce moi / ou est-ce quelque chose qui écrit en moi » qui entrelacent le moi, la fiction et l’écriture. Un recueil pour saisir la beauté, simple et existentielle, de l’écriture de Jon Fosse, ses influences créatives, et écouter les forces de l’esprit.
Un thriller amoureux à la Jon Fosse… Elle et Lui s’installent dans une vieille maison délabrée sur la lande, à l’écart du monde. Peu à peu son désir d’exclusivité à Lui devient étouffant. Cette solitude au suspense grandissant prend des allures de huis-clos hitchcockien quand arrive un voisin gênant, qui rôde autour de chez eux. « Quelqu’un va venir », prophétie ou délire obsessionnel ? Quel est ce monde, paré de silence et de présences fantomatiques ?
Pièce maîtresse de Strindberg, cette « tragédie naturaliste » au ton gai et subversif, est l’une des plus belles traductions de Boris Vian. Dans le huis clos d’une cuisine, la nuit de la Saint-Jean, quand retentissent au dehors des pas de danse et brûlent des feux de joie, Julie, fille d’un comte suédois, et Jean, son valet, se livrent un corps à corps des plus inattendus. Les désirs s’affolent. Qui prendra l’ascendant sur l’autre, le forcera à perdre son sang-froid ? Entre rêve d’ascension sociale et désir de fuite, attisé par une haine viscérale des hommes chez Julie, ce jeu dangereux scellera une destinée au « dénouement cruel et biologique » dira Vian, où « survit le mieux adapté », mais exultante de liberté.
Dans L'Inattendu Liane pleure son amant disparu. Dans sa chambre à côté du Fleuve, elle danse et ne veut pas croire à sa disparition. Elle conjure son amour absent, entend parfois sa voix. Elle chasse la solitude en buvant de la gnôle, avec des flacons bleu de Prusse ou rouge Saturne, où puiser des souvenirs et lire l'avenir. Une pièce-maîtresse de Fabrice Melquiot où réalisme du désespoir amoureux et magie d’une langue inventive et poétique, s’apprivoisent.
Aphrodisia : rêve contemporain d'une union perdue à retrouver. Mythes et allégories antiques y rencontrent une forêt de symboles de la modernité : cravates, colocs et open spaces. L'ère du tout-fonctionnel. Refusant de se dissoudre dans un monde du travail qui écrase l'individu, les personnages de Christophe Pellet s'absorbent dans une quête de lumière des origines, là où subsiste une réelle présence de l'être et du désir – à l'écart de la froideur des connexions virtuelles. Une élégie amoureuse dotée d’un souffle de renaissance, à soi et au monde.
4.48 Psychose est une pièce empreinte de poésie convulsive et de désespoir clinique ; une femme sans identité, déjà morte au monde, internée dans un hôpital psychiatrique où elle assiste à la destruction progressive de ses facultés, y adresse sa prière – à ceux qui la lisent, à ceux qui la verront disparaître : à 4 heures 48, l’heure où la mort interviendra. Tel un sténogramme testamentaire, ce monologue oscille entre dépression psychotique et lumineux élan de vie. Par Sarah Kane, une autrice majeure du new british theater.
Quand à 22 ans, Georg Büchner écrit La Mort de Danton, il perçoit l’évènement total qu’est la Révolution, dépassant le pur champ politique pour emporter tout l’espace social. Philosophe, il comprend le fondement profond de la mort de Danton : sa vie, ses mœurs et son individualisme libéral. Médecin, il décèle toutes les passions des individus et de l’époque : l’ambition, la vanité, l’ivresse et la violence du pouvoir, le désespoir affolé des condamnés, les ressentiments du peuple. Poète, il capte dans son alambic toutes les langues de la Révolution : ses traits d’esprit, épigrammes, chansons et grands discours. Une œuvre aux voix et résonances plurielles, d’une modernité radicale, à l’avant-garde des esthétiques du fragment et de la littérature dite postmoderne.
Écrits pour la parole est une constellation de récits de femmes noires françaises, des récits intimes & politiques. Des récits libérateurs face à la violence systémique, instituée, reçue en plein corps, objet de représentations et de fantasmes dès l’enfance. Face aux mécanismes de domination à l’œuvre dans la vie quotidienne, la sphère professionnelle, ou dans la rue. Face à l’invisibilisation dans les récits nationaux et les pages blanches de l’Histoire. Des voix pour apprendre à se connaître, accéder à une conscience de soi et reprendre en charge ses récits. Des voix de femmes puissantes, en quête de justice, d’égalité, d’amour. Qui prennent en main leur destin, s’élèvent contre la binarité des récits et des représentations. Un corpus fondateur, si important qu’il a donné son nom à une nouvelle collection à L’Arche : « Des écrits pour la parole », qui arpente des oralités contemporaines percutantes et musicales, en dehors des assignations formelles et plus profondes. Léonora Miano a reçu le Prix Seligmann (prix consacré à la lutte contre le racisme, l’injustice, l’intolérance) pour ce texte en 2012.
Gaspard, inspiré de la légende allemande de Kaspar Hauser, l’enfant trouvé qui ne savait pas « parler », c’est l’histoire du langage et de l’être. « Je suis ma pensée. » Une humanité pleine, rétive à toute coercition, des objets et accessoires qui l’entourent, des voix off qui inculquent des mots et lui dictent des comportements, les sangles de la société. C’est l’histoire d’un apprentissage et du sujet autonome qui se construit, de la langue qui balbutie, fait vaciller la logique formelle pour mieux reconstruire le monde sensible. Gaspard bat en brèche les logiciens, Platon et sa chaise, les philosophes allemands et leur da-sein. Une pensée jaillissante, loufoque et inventive. Un être qui parle, qui est bien là.
Hélène de Troie, Marilyn Monroe… ces icônes légendaires à l’identité usurpée, de Troie à Hollywood. Et si Hélène n’avait jamais été à Troie mais un nuage avait pris sa place ? Et si cette guerre menée au nom de la beauté n’était qu’une vaste supercherie, l’histoire d’un leurre sublime, d’une fascination destructrice ? La version d’Anne Carson inspirée d’Hélène d’Euripide repose sur cette hypothèse et s’empare du mythe de manière vertigineuse. Hélène de Troie est aussi Marilyn Monroe, née Norma Jeane Baker et mariée à Arthur, roi de Sparte et de New York – deux icônes séparées par des milliers d’années mais unies par un seul et même destin, rivalisant de séduction et de ruses pour échapper à la violence des hommes et à un ordre du monde impitoyable, des remparts de Troie à Sunset Boulevard.
Un hommage à la parole et aux mémoires en littérature. Gratte-ciel est un récit choral, sur la décennie noire en Algérie, porté par une jeunesse sous les balles. À partir du « plan Obus », un projet d’urbanisme fantasmé par Le Corbusier à Alger dès 1931, se déploie une traversée à plusieurs voix de l’histoire de l’Algérie contemporaine. Sonia Chiambretto se saisit d’une mémoire non transmise, et traduit la violence et la beauté avec laquelle toutes ces histoires lui ont été racontées. Elle fait entrer en friction des strates de mémoires et des éléments d’architecture, fait résonner des matériaux réels et fictionnels, archives d’Histoire et récits familiaux, entre courses-poursuites et guerres de libération. Une mémoire à livre ouvert.
Cette comédie familiale aux accents si réalistes vous emmènera dans les contrées les plus loufoques de la jalousie et de la manipulation dans la relation parents-enfant. Avec l’arrivée de leur fille Frida, un jeune couple part à la dérive et se focalise sur l’enfant de manière obsessionnelle. Besoin de contrôle, désir d’amour exclusif, angoisse, culpabilisation et chantage affectif, tous les coups sont permis pour (se) prouver que l’on est le parent le plus essentiel. Proche de la composition musicale, la pièce s’illustre par son rythme effréné et ses infinis jeux de variations-répétitions, où se nichent tension familiale et délire individuel. Jubilatoire !
Ce texte de la virtuose Jelinek, prix Nobel de Littérature, est un flux de langue. Une overdose de paroles, pensées, slogans publicitaires et interviews de journaux. Des flux d’images, qui collent à la rétine. Figure majeure du répertoire occidental, la Nora de Jelinek est une femme moderne, vivant dans les années 1920, qui décide de quitter son domicile bourgeois pour aller travailler à l’usine – et vivre une autre forme d’aliénation. Cette Nora libérée du foyer conjugal et des tâches domestiques, claque la porte à Ibsen et aux héritages. Après Nora dénonce les conditions de travail des ouvrières à l’usine, et l’exploitation au sein des sociétés de consommation dédiées au seul profit et à l’apparence. L’image à tout prix !