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Rex Quondam Rexque Futurus
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Rex Quondam Rexque Futurus

Auteur: Sursus

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Description

Depuis plus de mille ans, le personnage d’Arthur fascine. Il est l’objet d’un imposant corpus d’oeuvres, unifié seulement par leur cadre : la cour légendaire du roi Arthur. Dans cette émission, Lays et Antoine se penchent sur la littérature arthurienne.
47 Episodes
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Adaptation du classique Sir Gawain and the Green Knight, discuté dans le dernier épisode, The Green Knight (2021) …
Classique indétrônable de la littérature anglaise, Sir Gawain and the Green Knight a été le fruit d’innombrables éditions et commentaires, qui n’épuisent pas le charme de cette œuvre singulière…
Avec ces deux « Morts d'Arthur », la tradition anglaise adapte La Mort le Roi Artu à sa sauce, déjà en la séparant du Lancelot-Graal mais aussi en réintégrant des éléments de la tradition historique…
Un saut dans le temps pour introduire la tradition anglaise, notamment les chroniques, en prose ou en vers, qui reprennent la tradition historique de Geoffrey de Monmouth...
Dans un royaume où les filles ne peuvent plus hériter, un couple décide d’élever leur fille comme un garçon. Leur enfant, Silence (nommé car il doit garder le silence...
"Les Merveilles de Rigomer" est un roman en vers du milieu du XIIIe siècle, dans lequel Lancelot va se confronter aux aventures mystérieuses d'une étrange région d'Irlande...
"Le Chevalier aux Deux Épées" et "Hunbaut" sont deux romans très différents, mais qui voient tous deux Gauvain partager la vedette avec le héros titulaire, offrant ainsi une perspective plutôt critique sur le neveu d'Arthur...
Fin juillet 2021 devait voir arriver dans les salles obscures Kaamelott – Premier Volet… Et cette fois, ça a marché. Arthur a disparu depuis dix ans, ayant laissé la Bretagne dans les mains tyranniques de Lancelot, qui se repose sur une armée de mercenaire saxons pour mater une résistance hétéroclite et collecter des impôts toujours plus exorbitants. Si certains chevaliers veulent continuer la lutte, d’autres se sont plutôt mis au jardinage. Mais voilà que des bruits commencent à circuler: l’ancien roi de Bretagne serait sur le chemin du retour…
Fin novembre 2020 devait voir arriver dans les salles obscures Kaamelott, premier volet... Et l'histoire se répétant, le début de la conclusion cinématographique de la saga télévisée d'Alexandre Astier s'est vu à nouveau repoussée, cette fois à une date encore inconnue au cours de l'année 2021. En attendant, Lays et Antoine, après avoir abordé avec Justine Breton et Florian Besson les quatre première saisons de Kaamelott cet été, s'attaquent cette fois aux saisons finales de la série. Les livres V et VI, qui se caractérisent par un nombre plus restreint d'épisodes plus long, ont marqué un tournant franc pour Kaamelott, développant d'une part les thématiques plus sombres déjà introduites dans les livres III et IV, tout en explorant en profondeur le passé et l'intériorité de ses personnages. Le livre V marque un nadir pour la la Table Ronde, qui se voit écartelée par l'émergence de clans autonomes, et surtout par la mise en retrait progressif d'Arthur, qui renonce d'abord à Excalibur, puis au trône, avant de s'en aller dans une quête vaine de sa descendance, qui s'achève pour lui dans le désespoir. Le livre VI, dans cette même lignée, n'offre pas de futur à Kaamelott, mais revient aux origines, de la jeunesse d'Arthur à Rome à son arrivée en Bretagne et à la fondation de Kaamelott, explorant à la fois les raisons de son échec, mais aussi les qualités qui ont fait de lui un chef. Kaamelott se conclut sur un Arthur à son plus faible, alors que Lancelot et ses hommes ont pris le pouvoir en Bretagne et brûlent la Table Ronde...
Fin juillet devait voir arriver dans les salles obscures Kaamelott, premier volet, début d'une conclusion cinématographique longtemps attendue par les fans de la série. Pandémie et confinement ont repoussé l'échéance à fin novembre, mais qu'importe! Lays et Antoine ont décidé de consacrer leurs émissions estivales à revisiter les 6 saisons (ou plutôt les VI livres...) de Kaamelott, histoire que vous soyez fins prêt·e·s à retrouver l'univers de ce qui est sans doute l’œuvre Arthurienne francophone la plus influente de ces quarante dernières années. Pour aborder les quatre premiers livres de la série, ils sont rejoint par deux invités de choc: Justine Breton (#HS2, #HS3) et Florian Besson, tous deux chercheurs et co-directeurs de l'ouvrage Kaamelott, un livre d'histoire. Ensemble, elle et ils dissèquent la genèse de la série, son succès et les ressorts qui animent son interprétation très particulière de la matière de Bretagne...
Antoine et Lays se sont surtout concentrés sur les oeuvres françaises, mais la légende arthurienne a très vite été traduite dans d'autres langues, et dans cet épisode, enregistré à distance de par les circonstances, on discute un peu plus des productions d'Outre-Rhin. Après quelques mots sur Hartmann von Aue, qui avec ses Erec et Iwein fut le premier à y adapter les oeuvres de Chrétien de Troyes (RQRF #5-7) avant même le Parzival de Wolfram von Eschenbach (RQRF #20), ils discutent de Wigalois ou le Chevalier à la Roue de Wirnt de Grafenberg, une oeuvre qui commence très proche du Bel Inconnu de Renaud de Beaujeu (RQRF #23), car Wigalois naît de l'union de Gauvain avec une fée. Le gros morceau de cet épisode sera cependant le Lanzelet de Ulrich von Zatzikhoven, datant du début du treizième siècle, particulièrement intéressant car il nous présente un portrait de Lancelot très différent de celui de Chrétien de Troyes (RQRF #6). Par exemple, il se marie quatre fois (!) sans que sa femme précédente soit ensuite divorcée ou même mentionnée, jusqu'à ce qu'il finisse avec la belle Iblis. D'ailleurs, Guenièvre est bien enlevée dans ce roman, une tradition qu'on trouvait déjà dans d'anciennes vies de saints, mais Lanzelet n'est pas dans une relation amoureuse avec elle, et ne participe pas tant à sa rescousse. Par ailleurs, on y retrouve déjà le début du Lancelot en Prose (RQRF #15) qui n'était pas chez Chrétien : le royaume du père de Lanzelet est ravagé par une révolte de ses barons, et l'enfant est recueilli par une fée sous-marine. Tout cela laisse penser qu'on a là une trace de la tradition originelle de l'histoire de Lancelot, qui a pu influencer aussi bien les cycles en prose qu'Ulrich, mais que Chrétien aurait laissé de côté pour raconter son histoire d'amour courtois. Comme le souligne Danielle Buschinger, on remarque cependant que ce roman tient tout du "patchwork", une "recréation" post-classique, qui enchaîne des motifs connus sans toujours leur donner le poids requis : un test de vertu grâce à un manteau qui change de forme (comme dans le Lai du Mantel, #RQRF 25) ; une femme changée en dragon et qui doit être libérée par un baiser (comme dans le Bel Inconnu) … Dans ces péripéties colorées, Lanzelet "ne traverse jamais de crise", les épreuves l'effleurent sans le bousculer. Mais le merveilleux allemand y prend aussi une saveur différente, le roman invoque la magie avec un peu moins de timidité : Arthur ira ainsi demander son aide à l'enchanteur Malduc pour récupérer Guenièvre, et quand en échange il aura fait Erec et Gauvain (ou Walwein) prisonniers, on s'aidera d'Esealt le Long, un géant qui grandit d'un empan tous les mois, pour assaillir le château du sorcier. Loin du cœur contrarié du Lancelot français, l'adultère par excellence, déchiré par son amour pour sa reine, ce Lanzelet nous montre cependant une autre tradition, une variation intéressante, aidé en ça par un vrai goût pour la féerie.
Suivant Chrétien de Troyes, les romans arthuriens du XIIIe siècle ont souvent soit Gauvain pour héros — comme dans La Mule sans frein ou Le Chevalier à l'Épée (RQRF #19) — soit lui font partager la vedette avec un autre chevalier, privilégié par le romancier —comme dans Méraugis de Portlesguez (RQRF #26). Dans cet épisode, Antoine et Lays en examinent deux. Dans le court roman de Gliglois, on voit une dame très belle, logiquement nommée, Beauté, repousser l'amour de Gauvain, comme celui de Gliglois, jeune chevalier de son équipage qui est aussi tombé amoureux d'elle. Elle semble le honnir et le tourmenter, mais c'est en fait une épreuve pour tester son amour… À la fin, Gauvain bénira tout de même leur union. Dans L'Âtre Périlleux, par contre, Gauvain est pleinement le héros, et s'il n'a pas lui-même d'intrigue amoureuse dans cette histoire, il réunit à la fin la plupart des chevaliers qu'il croise à la dame de leur désirs (en forçant même l'un d'entre eux à lui rester fidèle). Tout commence quand Escanor de la Montagne le déshonore en enlevant une dame qui s'était mise au service de la cour d'Arthur. Il le pourchasse, mais croise des dames qui se lamentent autour d'un écuyer, les yeux crevés, qui affirme avoir vu Gauvain être démembré. En réalité c'est seulement un chevalier qui portait des armes similaires aux siennes, tué et dépecé par l'Orgueilleux Faé et Gomeret le Desréé (déréglé ou démesuré), jaloux que les dames qu'ils convoitent leur préfèrent Gauvain et Perceval. Cependant, à cause de cela, il semble que Gauvain perde son nom, et ne se nommera plus que Le Chevalier Sans Nom, jusqu'à ce qu'il ait percé à jour ce qui s'est produit… En chemin, il libère une dame prisonnière d'une tombe dans un cimetière maudit (ledit Âtre Périlleux) et dont un démon abuse chaque nuit. On y apprend que la mère de Gauvain, une fée, avait prophétisé qu'Escanor était le seul chevalier qu'elle n'était pas sûre que Gauvain puisse vaincre. Signe de sa puissance, suivant le moment de la journée, la force d'Escanor se démultiplie, un trait généralement attribué à Gauvain lui-même. Dans cette quête pour rencontrer celui qui pourrait mettre fin à ses jours et récupérer son nom en prouvant qu'il est bien vivant, Gauvain devra aussi défaire le sadique roi de la Rouge Cité, croisera des noms familiers comme Espinogrès ou Raguidel de l'Angarde, aidera Cadret dont la bien-aimée a été promise à un autre contre son gré… Privé de son nom, Gauvain est ici pleinement "l'idole inconnue" (pour reprendre le titre du livre de Stoyan Atanassov) : tout le monde l'invoque et connaît ses exploits, mais on ne le reconnaît pas.
Pour la reprise de 2020, Lays et Antoine examinent deux romans isolés du XIIIe siècle qui, en marge de la tradition des grands cycles en prose de Robert de Boron (RQRF #9-10), de la Vulgate (RQRF #15-18), du Tristan en Prose (RQRF #24) ou de la post-Vulgate (RQRF #27-28) se concentrent, comme le faisait Chrétien de Troyes, sur l'aventure d'un chevalier, dans une forme versifiée. Dans le Roman de Fergus, aussi appelé Le Chevalier à l'Escu, Fergus est peut-être inspiré d'un personnage historique mais son histoire reprend surtout celle du Perceval de Chrétien (RQRF #7). Occupé à travailler la terre, Fergus voit passer un cortège de chevaliers du Roi Arthur qui revient de la chasse. Il veut immédiatement les rejoindre et abandonne sa charrue sur place. Alors que son père, un vilain, un roturier, voudrait le battre car il abandonne ses devoirs, sa mère, de plus noble extraction, soutient son ambition. On déterre une armure complètement rouillée d'un coffre, et le voilà parti à l'aventure… Comme Perceval, Keu le met à l'épreuve, en rigolant, de vaincre un ennemi redouté d'Arthur, ici le Chevalier Noir. Une fois adoubé, il rencontre en chemin Galienne, la nièce du châtelain de Liddel, mais ne peut lui retourner son amour, avant d'avoir achevé sa quête. Il vainc le Chevalier Noir sans problèmes, mais quand il revient, Galienne a disparu… Après un an d'errance, il apprend que pour la retrouver il ferait mieux d'obtenir d'abord un écu projetant une lumière merveilleuse, gardé à Dunnottar par une vieille géante monstrueuse armée d'une faux, et par un dragon. Il apprend ensuite que Galienne est la nouvelle reine de Lothian mais qu'elle est assiégée à Roxburgh. Elle avait demandé de l'aide à la cour d'Arthur mais tous ses chevaliers étaient loin, cherchant Fergus. Fergus parviendra à vaincre les assaillants mais il disparaît ensuite, et Arthur devra organiser un tournoi pour qu'il refasse surface et puisse épouser Galienne, devanant roi de Lothian. Le Roman du Roi Yder (Romanz du reis Yder) place sur le devant de la scène un très vieux personnage mais qui avait souvent un rôle très secondaire. Il apparaît ainsi sur l’archivolte de la Porta della Pescheria de la Cathédrale de Modène (~1120-1140) comme "Isdernus". Yder était déjà mentionné par Cullwch ac Olwen (RQRF #2), peut-être notre trace la plus archaïque de récits arthuriens gallois, même s'il ne jouait pas de grand rôle dans l'histoire. Il faisait aussi une apparition chez Geoffrey de Monmouth (RQRF #3) et Wace (RQRF #4), dans le Lai du Court Mantel (RQRF #25), et, au début d'Erec et Enide de Chrétien de Troyes (RQRF #5), c'est lui qui outrageait Guenièvre quand son nain fouettait une de ses suivantes. Une histoire qui lui est régulièrement associée, et c'est le cas dans ce roman aussi, est d'avoir vaincu un ours en combat, ainsi dans la Folie Tristan de Berne (RQRF #13) ou dans La Vengeance Raguidel, où il venait aider Gauvain en battant l'ours du cruel Guingasoin. (RQRF #26) Environ mille vers manquent au début du seul manuscrit connu, mais on peut assez facilement reconstituer le début de l'histoire. Yder ne connaît pas son père, qui avait seulement laissé à sa mère la moitié d'un anneau. À 17 ans il part à sa recherche. En chemin il tombe amoureux de la reine Guenloïe, qui ne veut apparemment pas s'engager dans une relation sans connaître son ascendance ou avant qu'il ait fait ses preuves. Yder sauve le Roi Arthur d'une mauvaise passe, mais celui-ci oublie de le remercier et manque à sa parole. Yder, déçu, va donc aider un des vassaux qu'Arthur assiège. Devant ses prouesses, Arthur finit par l'inviter à contre-coeur à la cour. Quand un ours fait irruption dans les appartements de Guenièvre, Yder arrive à le repousser, suscitant encore plus d'admiration, mais aussi une profonde jalousie de la part d'Arthur, qui commence à croire que Guenièvre l'aime. Au cours de ses aventures, Yder retrouve son père Nuc, "duc d'Allemagne". Le portrait d'Arthur, déjà négatif, devient franchement maléfique quand, pour se débarrasser d'Yder, il l'emmène dans une expédition pour combattre des géants, où il espère qu'il mourra, et où Keu (qui avait déjà tenté de le tuer) finit par l'empoisonner. Heureusement, Yder survit, revient épouser Guenloïe, et est couronné roi par Arthur, qui ne le perçoit peut-être plus comme une menace maintenant qu'il est marié. On reconnaît les motifs typiques de l'aventure chevaleresque immortalisés par chrétien et qu'on a déjà retrouvés dans Le Bel Inconnu (RQRF #23) par exemple : un héros part de chez lui, tombe amoureux d'une châtelaine mais ne peut s'adonner à son amour qu'une fois ses preuves faites, il combat géants et bêtes, sa victoire finale est scellée par un mariage et un couronnement… D'autres parallèles prêtent plus à rire : dans les deux romans on voit quelqu'un se battre avec des volailles en broche ! Sans forcément être parodiques (même s'ils sont parfois décrits comme tels) le burlesque des aventures de Fergus ou la malfaisance presque comique d'Arthur dans ces deux textes poussent en effet assez loin la tendance humoristique du roman de chevalerie.
Si une partie du cycle de la Post-Vulgate nous est parvenue en ancien français sous la forme de la Suite du Roman de Merlin (RQRF #27), sa Queste del Saint Graal et sa Mort Artu ne nous sont connues dans cette langue que par quelques fragments présents dans le Tristan en Prose (RQRF #24). Mais la conclusion du cycle nous est tout de même parvenue dans une intégralité relative par l'entremise d'autres langues romanes, à travers la Demanda do Sancto Graal portugaise et la Demanda del Sancto Grial castillane.
Tout indique qu'entre 1235 et 1240 le Lancelot-Graal (RQRF #15-#18)a subi un remaniement où l'on a tenté d'en harmoniser le ton et le sujet, qui a résulté en un nouveau cycle arthurien que nous connaissons de nos jours sous le nom de Post-Vulgate, attribué à un pseudo-Robert de Boron. Pour lui servir de pièce centrale fut composée une nouvelle suite du Merlin en prose, généralement appelée la Suite du Roman de Merlin, suite romanesque ou suite-Huth (d'après le nom du possesseur de l'un de ses manuscrits) pour la distinguer de la Suite-Vulgate du Merlin (RQRF #18) – préexistante, mais identifiée plus tard. De l'aveu même du narrateur, ce récit du début du règne d'Arthur cherche en fait à remplacer le Lancelot propre (RQRF #15), qui était trop long, et recentre donc le cycle sur Arthur, dont les exploits héroïques que relataient la Suite-Vulgate sont remplacés par un récit bien plus sombre et sceptique vis-à-vis de la chevalerie. La haine de Morgane n’y concerne plus seulement les amants Lancelot ou Tristan mais vise bien son frère le roi, qu’elle veut détrôner et tuer. L'inceste d'Arthur avec une autre de ses sœurs, engendrant ainsi Mordred, futur destructeur du royaume, souligne la fatalité, les rouages inévitables du destin. On ne prend même plus le temps de douter ou de s'émerveiller des prophéties qui parsèment le monde, et Merlin lui-même ne recule pas devant sa fin sordide... La Post-Vulgate ne nous est pas parvenue sous une forme complète continue ou entièrement cohérente. L’Estoire del Saint Graal (RQRF #18) et le Merlin en Prose (RQRF #10), repris avec quelques altérations du Lancelot-Graal, forment avec la Suite du Roman de Merlin les deux premières parties de ce que le pseudo-Robert, revendique comme une trilogie. De son dernier volet, il nous est resté des versions particulières de la Quête du Graal et de la fin du royaume arthurien dans des versions portugaise et castillane, ainsi que quelques fragments du Tristan en Prose, comme nous le verrons dans le prochain épisode. Peu après la première publication du manuscrit Huth de la Suite, on y avait vu des correspondances avec ces versions ibériques, mais c'est bien à Fanni Bogdanow qu'il est revenu d'avoir plus récemment articulé une reconstitution de ce cycle, qu'elle baptise aussi le Roman du Graal. Là où les parties disparates du Lancelot-Graal ne parvenaient jamais à s’accorder sur leur tonalité, ici, tout a été mis au diapason crépusculaire de la Mort Artu...
Dans cet épisode spécial de Rex Quondam Rexque Futurus, Lays et Antoine – avec l'aide bienvenue de Yann – accueillent Dame Leslie et Sir Blackwood, qui animent le podcast anglophone Arthurian Mythia, consacré aux incarnations de la Matière de Bretagne dans la culture populaire moderne et contemporaine. En anglais, donc, ils discutent notamment du rôle de la France dans les récits arthuriens, de quelques unes de leurs adaptations les plus récentes, ainsi que de leurs chevaliers de la Table Ronde favoris... In this special episode of Rex Quondam Rexque Futurus, Lays and Antoine – with Yann's help – host Dame Leslie and Sir Blackwood, from the English-speaking podcast Arthurian Mythia, a show focusing on the more modern side of the Matter of Britain. In English, they chat about, among other things, the role of France in the arthurian mythos, some of its most recent adaptions, and their favourite knights of the Round Table...
Les manuscrits de Méraugis de Portlesguez nous disent qu'il est l’œuvre d'un certain Raoul de Houdenc, qui est probablement aussi le Raoul qui signe La Vengeance Raguidel. Méraugis de Portlesguez convoite l'amour de Lidoine pour ses vertus, et non pour sa beauté, contrairement à Gorvain de Cadruz qui veut l'affronter pour cela. Lidoine est sous le charme de Méraugis mais le début de leur relation est repoussé à un an plus tard, durant lequel Lidoine veut voir Méraugis faire ses preuves au cours d'aventures. Et justement, on réalise que, Gauvain n'est toujours par revenu de la quête de "l'Épée aux Estranges Ranges" annoncée dans le Conte du Graal (RQRF #7). On ne le sait pas mais Gauvain est en fait prisonnier d'une île où il doit combattre et tuer – ou être tué – par tous les chevaliers de passage. Méraugis part pour "l'esplumoir Merlin" où il espère retrouver sa trace, mais son aventure et celle de Lidoine croisera aussi à nouveau la route de Gorvain… Dans La Vengeance Raguidel, le cadavre du chevalier Raguidel arrive de nuit à la cour d'Arthur par un bateau se mouvant tout seul, comme dans la Première Continuation (RQRF #8). Une lettre indique qu'il ne pourra être vengé que par celui qui parvient à enlever le tronçon de lance fiché dans sa poitrine – et qui se révèle être Gauvain - aidé de celui qui arrive à lui enlever ses cinq anneaux – c'est-à-dire Yder, mais qui disparaît avant que Gauvain le sache. Oubliant la lance, Gauvain se bat d'abord contre un Chevalier Noir, avec qui il se réconcilie. Il est ensuite reçu incognito par une dame dont il a déçu l'amour jadis, et qui veut désormais le tuer avec une sorte de guillotine, comme dans le Perlesvaus (RQRF #11). Pour l'attirer dans son piège avant qu'il n'arrive par hasard, elle avait enlevé et torturé son frère Gaheriet. Après cela, Gauvain s'amourache de la belle Ydain, qui le déçoit par son infidélité, avec des scènes et une morale misogyne qui rappellent Le Chevalier à l'épée (RQRF #19). Gauvain retrouve enfin le bateau merveilleux, qui l'amène en Écosse. Là, il croise de nouveau Yder, avec lequel il espère pouvoir venger Raguidel, en vainquant le terrible Guingasouin, ses armes enchantées et son ours apprivoisé… En plus de placer Gauvain dans un rôle de premier plan, comme La Mule sans frein ou Le Chevalier à l'épée (RQRF #19), ces deux romans du début du XIIIe siècle se rejoignent dans une référence appuyée à Chrétien de Troyes et ses continuateurs, un sérieux goût pour l'ironie et l'humour et une recombinaison inventive de motifs connus de la littérature arthurienne.
A la suite de Marie de France (RQRF #14), d'autre poètes se sont attaqué au genre du lai breton. Ces courts textes en vers, racontant des aventures souvent merveilleuses qui auraient fait l'objet de lais lyriques composés par les anciens Bretons, entretiennent souvent une relation vague au reste de la matière de Bretagne. Ainsi, les lais anonymes de Guingamor, Graalent et Mélion reprennent des noms ou motifs déjà présents chez Marie de France, dans des lais tels que Guigemar, Lanval ou Bisclavret, en ôtant ou ajoutant à loisir des personnages comme Arthur, Guenièvre et Lancelot. Le Lai du Cor attribué à un certain Robert Biket, ainsi que le Lai du Court Mantel anonyme, témoignent eux d'un motif récurrent des légendes arthuriennes: l'arrivée à la cour d'un objet fantastique qui peut révéler l'infidélité des dames présentes, un sujet que l'on peut imaginer épineux dans un univers ou les triangles amoureux entre roi, reine et chevalier sont monnaie courante. L'importance de l'amour courtois est d'ailleurs le sujet du Lai du Trot, qui en fait d'aventure relate une brève allégorie qui semble tout droit sortie du Perlesvaus (RQRF #11). Quand au Lai de Tyolet, il combine l'histoire de l'arrivée à la cour d'Arthur du fils d'une veuve dame très semblable à Perceval (RQRF #7) avec une chasse au cerf blanc proche de celle de la deuxième continuation du Conte du Graal (RQRF #8)...
La légende de Tristan et Iseult (abordée dans RQRF #13) était déjà connectée au reste de l'univers arthurien, mais de façon assez superficielle. Dans les années 1230, quelques fans de Tristan en ont eu marre qu'il fasse bande à part et composèrent le long cycle de Tristan en Prose où il rejoint vraiment la Table Ronde. On pourrait presque parler de Tristan-Graal, car Tristan participe aussi à la Quête du Graal, suivant la Queste du Lancelot-Graal (RQRF #16), et s'illustre le reste du temps dans des tournois, duels et course-poursuites entre chevaliers qui auraient parfaitement leur place dans le Lancelot Propre (RQRF #15). Très populaire, le Tristan en prose a été consigné dans plus de 80 manuscrits qui présentent un tel nombre de variantes et de divergences que l’œuvre donne parfois l'impression d'un Livre Dont Vous Êtes Le Héros. Au point qu'il fallut 34 ans pour que Renée Curtis (1963-1985) puis une équipe dirigée par Philippe Ménard (1987-1997) démêlent cette pelote d'intrigues et que soit complétée l'édition en 12 volumes de sa version la plus courante. La légende des amoureux maudits n'est pas seulement prolongée, puisqu'on note aussi quelques innovations. Parmi celles-ci, un long prologue sur les ancêtres de Tristan ou le fait que d'autres chevaliers deviennent amoureux d'Iseult – comme le beau-frère de Tristan, Kahédin, qui mourra de son amour insatisfait, ou Palamèdes, le preux Sarrasin et rival de Tristan. Ils passent beaucoup de temps à se lamenter auprès de fontaines dans la forêt, donnant lieu à plusieurs des poèmes chantés qui parsèment la prose. On perd aussi toute sympathie pour le roi Marc, devenu ici un félon meurtrier, dont les crimes sont rarement punis, et dont les victoires participent à une vision cynique et désabusée du monde de la chevalerie. Quelque peu sous-estimé par la critique moderne – quand elle n'a pas simplement été découragée par la complexité de la tradition manuscrite – ce roman a pourtant eu une grande influence. Il partage des épisodes avec la Post-Vulgate, un remaniement du Lancelot-Graal, même si le lien entre les deux reste discuté aujourd'hui. Il sera aussi beaucoup repris en italien (Tavola Ritonda, Tristano Riccardiano, Tristano Panciatichiano...) avant de former la base des chapitres sur Tristan de la très influente Morte Darthur (~1469) de Thomas Malory, et d'être régulièrement réimprimé aux XVe et XVIe siècles. Alors qu'une nouvelle traduction est en cours de publication, c'est l'occasion de le redécouvrir dans le – prévisiblement – plus long épisode de Rex Quondam Rexque Futurus...
Le nouveau film Hellboy ! Le musical coréen (d'origine Saint-Galloise) Xcalibur ! Une nouvelle traduction du Tristan en Prose ! L'éternellement attendu Cursed de Frank Miller ! Dans cet épisode spécial on discute de toute cette actualité plus ou moins arthurienne, avec comme plat de résistance Les Chevaliers de la Table Ronde (1866-1872) une opérette du compositeur Hervé, récemment mise en scène à l'Opéra de Lausanne.
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