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À vos arts, prêts... Partez ! - Radio Campus Paris

À vos arts, prêts... Partez ! - Radio Campus Paris

Author: À vos arts, prêts... Partez !

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Description

À l’occasion des Jeux de Paris 2024, et dans le cadre de l’Olympiade culturelle, les élèves de l’École du Louvre vous proposent un podcast quotidien durant 100 jours pour découvrir des sites, des œuvres, des artistes qui mêlent art, sport et olympisme.
Un projet original, un exercice pédagogique inédit, une performance pour 100 jeunes historiens et historiennes de l’art en herbe, étudiants et étudiantes de l’École du Louvre, devenus apprentis-reporters pour partager chaque jour, en 3 minutes chrono, leurs découvertes et leur passion !
À écouter tous les jours à 18h55 à partir du 18 avril 2024 et en rediffusion le lendemain à 11h55, sur Radio Campus Paris et sur les plateformes de streaming.
Avec le soutien du Ministère de la Culture et du Comité national olympique et sportif français. Toutes les informations sur ecoledulouvre.fr.
46 Episodes
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Je m’appelle Céline, je suis là aujourd’hui pour vous parler de sculpture, de muscle et d’Amérique. Laissez-moi un instant vous raconter l’histoire d’une statue en bronze, réalisée par l’artiste Auguste Rodin, en 1901. Cette statue représente un homme, nu, la musculature très développée. Il est assis sur une pierre, le regard perdu. Vous voyez le Penseur de Rodin ? Relevez-lui légèrement la tête et laissez son bras quitter son menton pour se poser sur sa cuisse et vous trouverez : l’Athlète américain. Cet athlète, c’est le gymnaste Samuel Stockton White. En 1901, alors que Auguste Rodin est un artiste reconnu, et très respecté à l’international, White frappe à la porte de son atelier. L’homme est né en Pennsylvanie et se forme à Princeton et à Cambridge.   En arrivant chez Rodin, il avait gagné, deux ans auparavant, le prix de « l’homme le plus fort et ayant le corps le mieux développé du Royaume-Uni ». Ce modèle vivant plaît beaucoup à Rodin quand il le voit. L’athlète à la musculature rigoureuse se met alors à poser pour le sculpteur. Celui-ci le laisse libre de marcher dans son atelier. Rodin l’observe et il l’invite à prendre la position de son choix. White s’installe immédiatement comme le Penseur. Rodin lui interdit tout de suite. Alors le gymnaste se met dans une position plus détendue, les mains sur les cuisses, le dos courbés, la tête légèrement dans le vide. La manière de travailler de Rodin donne finalement toute la singularité à cette œuvre. A partir de boules d’argile, l’artiste façonne de ses mains la statue, petit à petit, créant les volumes des muscles et du corps de l’athlète.   Ce corps devait plaire à Rodin. Il faut savoir qu’il était passionné par l’art de l’antiquité. L’artiste collectionnait de nombreuses statues grecques et romaines. Il devait voir dans le corps puissant de Samuel White l’image vivante de l’athlète antique. Les premiers champions d’athlétisme remontent à 776 avant notre ère lors des premiers Jeux Olympiques à Athènes. À l’époque comme aujourd’hui, les épreuves impliquent la course, le saut, le lancer ou encore la marche, voilà de quoi former un corps aux muscles saillants !  Personnellement en regardant cette œuvre, j’y vois certes un homme au corps puissant mais c’est plutôt une impression de mélancolie ou de tristesse qui s’en dégage. Mais voilà le génie de Rodin ; à travers un modèle antique et massif, c’est finalement quelque chose d’intérieur, de subtil, de méditatif qui transcende l’œuvre.   L’Athlète américain, Auguste Rodin, 1901, bronze, fonte au sable, H. : 40 cm ; L. : 26 cm ; P. : 23 cm, Paris, Musée Rodin.  Texte et voix : Céline Frachebourg Enregistrement : Colin Gruel Montage : Jean Foucaud-Jarno Musique & web : Philipp Fischer Coordination : Julia Martin & Grégoire Verprat
Bonjour, je m’appelle Lijuat, et je vais vous parler de canotage, de rameurs et d’impressionnisme. Il était une fois un tableau intitulé Périssoires peint en 1878 par Gustave Caillebotte. Ce tableau nous raconte l’histoire de deux rameurs, de dos, qui pagaient tranquillement sur une rivière, sans doute en été. Le feuillage dense des arbres inclinés dissimule le ciel tandis que l’eau reflète la lumière. Intégrez ce tableau de format portrait à bord d’une autre périssoire, ressentez la brise qui frôle vos joues et appréciez le doux clapotis de la rivière.   Le terme “périssoire” vous est peut-être inconnu. Forgé à partir du verbe “périr”, ce mot désigne un canot singulier, long, étroit, qui peut facilement chavirer. Voyez maintenant ces canotiers vêtus d’un costume de marins et accompagnés de pagaies que Gustave Caillebotte représente abondamment vers 1870. Imaginez alors un curieux équilibre entre l’exaltation de l’effort physique des rameurs et la finesse des périssoires semblant glisser sur l’eau avec grâce et précision.   Grâce au traitement impressionniste de la scène, Caillebotte traduit son instantanéité : il parvient à vous plonger en immersion dans le tableau et explore la réflexion de la lumière sur l’eau. Au premier plan, les reflets se traduisent par des coups de pinceaux blancs et gris sur l’eau d’un camaïeu vert.  Je peux aussi vous parler du japonisme : c’est l’influence de la civilisation et de l’art japonais sur les artistes occidentaux, entre 1860 et 1890, grâce à des accords commerciaux qui voient l'Europe inondée d'estampes japonaises. Notre tableau fait partie d’un ensemble de trois panneaux verticaux, rappelant les ukiyo-e, estampes japonaises à trois feuilles. Nous retrouvons aussi l’influence du japonisme dans le traitement des arbres inclinés au-dessus des canotiers, apportant une certaine planéité à l'œuvre tandis que le cadrage audacieux coupe le canot au premier plan et le fait ainsi sortir de la composition.   Le format vertical accompagne effectivement le mouvement des périssoires, imitant la rapidité et la précision de ce sport en vogue depuis 1870 ! Mariant dandysme et effort physique, le canotage est une respiration hebdomadaire pour le citadin aisé qui veut compenser ce que la ville peut avoir de débilitant. Avec sa double pagaie, cette pratique sportive qui n’existe plus n’est pas sans rappeler le canoë-kayak, loisir très répandu que l’on retrouve aux épreuves sportives de sprint et de slalom aux Jeux Olympiques !  Le plus précieux à mon sens est l’impression d’entrer dans la scène et de l’expérimenter via les sens, de sentir le vent caresser les feuillages et d’entendre le clapotis de la rivière.  Périssoires, Gustave Caillebotte, 1878, Huile sur toile, 115,5 x 108,5 cm, musée des Beaux-Arts de Rennes. Texte et voix : Lijuat Barbe-Rousseau-Descloux Enregistrement : Kélian Jeannez Montage : Jean Foucaud-Jarno Musique & web : Philipp Fischer Coordination : Julia Martin & Grégoire Verprat
Je m’appelle Karima et je vais vous parler de geste tennistique, d’espace et de couleur. Vous êtes dans les gradins d’un court de tennis et vous assistez à un match : c’est le point de vue adopté par le peintre et graveur Charles Lapicque dans sa toile intitulée Le Tennis, peinte en 1965. Vous voyez deux grandes figures : celle de gauche sert en pleine extension et l’autre vient d’effectuer un revers. Deux figures plus petites en bas de la composition donnent l’impression de s’échauffer. Chaque joueur a une balle devant lui. L’un joue en coup droit et l’autre en revers. Au milieu se trouve un joueur au filet. Les spectateurs sont autour du terrain dans les gradins.   Charles Lapicque joue au tennis régulièrement et a eu la volonté de créer une série sur le thème du tennis. Dans cette toile, il cherche à représenter les différents coups de ce sport.  Ainsi vous pouvez imaginer les personnages réaliser les plus beaux gestes du tennis qui sont accentués par le dédoublement des figures.   L’espace est compartimenté, ce qui donne une impression de foisonnement et chaque personnage occupe une place particulière dans la composition. Tous les protagonistes sont là : joueurs, spectateurs et arbitres. Plongez dans l’ambiance de cette partie de tennis et entendez l’arbitre dire “faute”.   La couleur est au service du mouvement. La palette utilisée par l’artiste est variée. Couleurs chaudes et couleurs froides s’opposent. Ainsi les couleurs accentuent cette gestuelle. La combinaison des couleurs et leur utilisation donne le sentiment d’une composition musicale comme un chef d’orchestre qui donne le ton avec ses mouvements amples. La couleur orange peut nous faire penser à la terre battue.   Le tennis étant un de mes sports préférés, cette toile me touche particulièrement. J’adore les couleurs utilisées et ce dynamisme qui se dégage. Je m’y croirai presque. L’écrin choisi pour l’épreuve de tennis est Roland-Garros. Qui succèdera à Belinda Bencic et Alexander Zverev ? Réponse le jour des finales aux Jeux Olympiques !   Le Tennis, Charles Lapicque, 1965, huile sur toile, 90 x 117 cm, Troyes, Musée d’Art moderne.   Texte et voix : Karima Arhab Enregistrement : Hugo Passard Montage : Jean Foucaud-Jarno Musique & web : Philipp Fischer Coordination : Julia Martin & Grégoire Verprat
Bonjour, je m’appelle Alexia et aujourd’hui je vais vous parler d’Encyclopédie, d’élégance, et d’escrime. L’œuvre que j’ai choisi pour vous parler de ces termes est une page de cinq estampes, donc cinq images obtenues à partir d’une gravure qui représentent un homme en culotte courte qui porte un gilet, un manteau et qui tient d’une main son chapeau – un tricorne, et de l’autre son épée – une rapière. Ces cinq images sont les cinq étapes successives d’un salut d’escrime. Elles sont accompagnées d’un texte extrêmement précis qui vous explique comment passer votre pied droit derrière votre pied gauche, à quel moment retirer votre chapeau et quelle distance maintenir avec votre adversaire.   Cette page d’estampe est tirée du dictionnaire raisonné des sciences des arts et des métiers de Denis Diderot et Jean Le Rond d’Alembert, produit à la fin du XVIIIe siècle, c’est le symbole des Lumières - une compilation absolument titanesque des savoirs de l’époque mis à la portée de tous. Alors, à la portée de tous, c’est rapidement dit, puisque la première édition coûtait 980 livres, l’équivalent aujourd’hui d’à peu près 11 000 euros. Le savoir coûtait cher, et surtout l’imprimerie, puisqu’au XVIIIe siècle on utilisait encore la presse typographique mise au point par Johannes Gutenberg.  Chaque lettre est un module, une sorte de petit tampon que l’on place les uns à côté des autres pour former les mots et ainsi constituer sa page. On les encrait puis on pressait une feuille dessus, c’est un processus qui demande énormément de temps et de force physique.   Mais revenons au sujet de ces estampes : l’escrime ou l'art de toucher son adversaire avec une lame. C’est au XVIe siècle qu’avec les progrès de l’artillerie, l’art de la guerre change, et que l’escrime, telle qu’on la connaît, commence à se développer dans le milieu de la cour. L’escrime fait partie des disciplines Olympiques depuis les premiers Jeux modernes en 1896. Mais saviez-vous que ce n’est qu’en 1914 que la fédération internationale réussit à mettre en place des règles qui soient acceptées par tous les participants ? D’ailleurs, les Français ont boycotté les épreuves d’escrime au JO de 1912 parce qu’ils n’étaient pas d’accord avec le règlement mis en place.  Si j’ai choisi de vous présenter cette œuvre, c’est parce que les estampes montrent tout de suite que l’escrime est une discipline historique. Elle est régie par des codes hérités d’un idéal de vertus et de valeurs qu’on associe au chevalier et qui peuvent nous sembler un peu obsolètes aujourd’hui. Surtout que les femmes ont toujours eu une place dans l’escrime et ce depuis l’Antiquité avec les gladiatrices ou encore au XVIIe siècle avec des figures comme Mademoiselle de Maupin qui était actrice et duelliste.   Planche de l'Escrime, L'Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers sous la direction de Diderot et d'Alembert, tome 4, 1762, Médiathèque du patrimoine et de la photographie à Charenton-le-Pont  Texte et voix : Alexia Barras Enregistrement : Philipp Fischer Montage : Jean Foucaud-Jarno Musique & web : Philipp Fischer Coordination : Julia Martin & Grégoire Verprat
Je m’appelle Emilie, et je vais vous parler de Sumô, de rituels et de produits dérivés. Au Japon, au XVIIIe siècle, dans un sanctuaire shinto, deux lutteurs de Sumô s’apprêtent à combattre. Vêtus de leur cache-sexe traditionnel, ils se dirigent vers le dohyo, zone de combat circulaire délimitée par des cylindres en paille de riz.   A vos marques, prêts… Ah non, attendez ! Vous grillez des étapes.   Ce sport puise son origine dans un rituel shinto. On se bat pour attirer les faveurs des dieux sur les récoltes. Pour cela, les lutteurs jettent des poignées de sel dans la salle afin de la purifier puis tapent des pieds pour éloigner les mauvais esprits. Maintenant, le combat peut commencer.   Le but ? Projeter l’adversaire hors de l’arène ou le faire tomber sur le dos en moins de deux minutes. Les lutteurs s’enlacent, s’entrechoquent. La tension monte, le public retient sa respiration.   C’est ce moment que choisit de capturer l’artiste, un graveur. Il isole les lutteurs sur un fond neutre, concentrant notre attention sur le rapport de force entre leurs deux corps. Deux masses que la page de format nishike-e soit environ une feuille A4 peine à contenir. Les traits d’encre sont vifs, sinueux, montrant une musculature décuplée par l’effort.   Depuis quand existe-t-il des combats de Sumô ? Sous leur forme rituelle, ils trouvent leurs origines avant le VIIIe siècle. Mais c’est environ mille ans plus tard, au XVIIIe siècle qu’ils prennent la forme que nous connaissons aujourd’hui. Les lutteurs deviennent des sportifs professionnels, sponsorisés par des daymos, des chefs locaux. Ils combattent lors de tournois selon leur classement : dans la matinée pour les moins forts et en fin de journée pour les prétendants au titre de meilleur lutteur.  Le spectacle est extrêmement populaire. Le public, exclusivement masculin, se déplace en masse pour soutenir son lutteur préféré et déguster du saké.  Ce que je trouve passionnant avec cette gravure, c’est la raison même de son existence ! Au XVIIIe siècle, l’engouement pour les combats de Sumô est tel que les graveurs spécialisés dans les affiches de théâtre se mettent à produire des portraits de lutteurs célèbres. Ces productions bon marché, nommées sumotori, se vendent en souvenir d’affrontements mémorables ou pour soutenir un athlète particulièrement apprécié. Ce sont un peu les ancêtres des cartes panini !  Lutteurs de Sumô : le lutteur Jinmaku Shimanosuku et le lutteur Kashiwado Kan'dayû, Katsukawa Shun'ei, Japon, XVIIIe siècle, estampe ukiyo-e au formatnishike-e (soit 38 x 24 cm), conservée au Musée Guimet à Paris.  Texte et voix : Emilie Jacquot Enregistrement : Margot Page Montage : Jean Foucaud-Jarno Musique & web : Philipp Fischer Coordination : Julia Martin & Grégoire Verprat
Je m’appelle Lison, et je vais vous parler de tapisserie, de loisir aristocratique et de tir à l’arc. C’est une tapisserie de trois mètres sur cinq, faite d’après une œuvre du peintre flamand David Teniers. Cette tapisserie créée au début du XVIIIe siècle représente un groupe de cinq hommes s'entraînant au tir à l’arc dans la clairière d’une forêt. Au premier plan, les arbres et la végétation encadrent la scène, quatre oiseaux aux plumages colorés, rouges et bleus, semblent s’être posés pour observer les tireurs. L’un des cinq hommes, bande son arc pour tirer sous le regard attentif de ses camarades. Toute à gauche de la composition, on aperçoit la cible en forme de croix, placée contre un rocher. Deux flèches seulement sont parvenues à l’atteindre. À l’arrière-plan, un sentier les ramène vers un château, et plus loin encore se devine les maisonnettes d’un village.   Avant de faire une tapisserie, on fait une ébauche en peinture qu’on appelle carton de tapisserie. C’est une peinture de la même échelle que sera la tapisserie et qui sert de modèle aux lissiers. Ces cartons de tapisserie sont souvent commandés à de grands artistes comme David Teniers le Jeune, un peintre du XVIIe siècle. Il était à l’époque particulièrement connu pour ses œuvres illustrant la vie contemporaine et notamment celle sur le tir à l’arc.   Si à l’origine, le tir est nécessaire à la chasse et à la guerre, dès le Moyen Âge il devient un véritable divertissement pratiqué par la noblesse. C’est ce que représente ici Teniers, un loisir qui réunit ces cinq hommes. La noblesse fait rarement la guerre, alors symboliquement elle continue de chasser des animaux.   Je trouve cette tapisserie saisissante, ses dimensions et sa perspective nous aident à rentrer dans l’œuvre comme si on assistait à la scène. Elle retrace aussi un moment de détente durant lequel se regroupe des associés, des amis pour s’amuser et s’entraîner.   Le tir à l'arc, tissage de laine et de soie, début du XVIIIe siècle, Flandres, d’après le carton de David Teniers, peint au XVIIe siècle, plus de 2m90 de hauteur pour 5m de large, conservé au Musée des Beaux-Arts d’Angers.   Texte et voix : Lison Blazy Enregistrement : Sibylle Buloup Montage : Jean Foucaud-Jarno Musique & web : Philipp Fischer Coordination : Julia Martin & Grégoire Verprat
Bonjour, je m’appelle Justine et je vais vous parler de taille fine, de baleine et d’élégance. L’objet que je vais vous décrire est un corset de sport qui date de la fin du XIXème siècle, plus précisément de 1875. Il est mannequiné, c’est-à-dire qu’il est fièrement présenté sur un buste, ou c’est plutôt le corset qui maintient à la taille ce mannequin de toile. Ce corset, aux larges bretelles, est lui-même en toile de coton bleue glacée lui conférant un aspect brillant. Pour plus de détails, un busc frontal, c’est-à-dire une lame de métal, de bois ou d’ivoire laisse apparaître 6 fanons de baleines effectuant le tour de taille. Dans le dos, un laçage permet sa fermeture.  Si je vous plonge dans le monde de la couture avec ce vocabulaire, c’est avant tout pour vous permettre de bien visualiser et comprendre le fonctionnement complexe de ce corset. C’est une réelle mécanique du dessous ! Il structure le corps et le façonne.  Mais comment ? Grâce à ce que j’ai nommé tout à l’heure baleine et busc, ce sont les artifices qui confèrent à cette silhouette une taille si fine ! Mais alors, pourquoi dit-on des baleines ? Ce terme provient originellement de véritables fanons, c’est-à-dire ce qui se trouve dans la mâchoire des baleines. Ces sortes de grandes tiges rigides étaient prélevées et assuraient cette rigidité au corset. C’est pour cela que nous appelons aujourd’hui les baleines des soutien-gorge comme telles.   Et le sport dans tout cela ? Pourquoi autant se contraindre alors que la pratique du sport nécessite une liberté de mouvement ?   Au XIXe siècle et durant la IIIe République en France, on resserre, on étrangle, on déforme le corps naturel. Cette silhouette, donc artificielle, est le témoin de l’élégance féminine. C’est le garant de la bonne conduite, de la bonne éducation. Toutefois, diverses opinions émergent à son égard. C’est en effet la période où l’activité physique de plein air est de plus en plus recommandée. Mais ce diktat de la taille fine reste assurément implanté car l’élégance prime sur la performance physique. Les femmes pratiquent le sport certes, mais toujours avec ces artifices.   Ce qui me plaît particulièrement dans ce corset est assurément qu’il incarne une vision de l’élégance et de la bonne éducation jusque dans le sport. Cette pièce permet de comprendre l’évolution du vêtement sportif, de la contrainte du corps à la commodité des tenues actuelles qui encouragent la performance. Et vous, seriez-vous capable de pratiquer un sport en corset ?  Corset de sport, Anonyme, vers 1875, coton, toile, laine et métal, Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris.   Texte et voix : Justine Tazé Enregistrement : Colin Gruel Montage : Jean Foucaud-Jarno Musique & web : Philipp Fischer Coordination : Julia Martin & Grégoire Verprat
Bonjour, je m’appelle Keridwen. Je vais vous parler de tennis, d’architecture et de terre battue. Suivez-moi et installons-nous dans nos sièges, dans les gradins du court Philippe Chatrier du stade Roland-Garros à Paris. Le match va bientôt commencer. Qui va remporter la victoire ? Est-ce que vous entendez la balle rebondir, les cris d’effort poussés par les champions et le bruit que font leurs baskets quand elles dérapent sur la terre battue ? Mais peut-être que certains d’entre vous souhaiteraient en savoir plus sur la naissance de Roland-Garros et sur la construction de son court mythique.   L’histoire commence en 1927, avec ceux qui sont surnommés les Mousquetaires : Henri Cochet, Jean Borotra, Jacques Brugnon et René Lacoste. Ils ont gagné la finale de la Coupe Davis face aux Américains. C’est au tour de Paris d’organiser la prochaine Coupe Davis mais, il faut construire un stade qui puisse rivaliser avec le Germantown Cricket Club de Philadelphie et en seulement neuf mois. Emile Lesieur, président du Stade Français et Pierre Gillou, capitaine de l’équipe de France de la Coupe Davis se mettent à la recherche d’un terrain. Le 8 décembre 1927, ils signent la concession du stade Jean-Bouin qui se trouve Porte d’Arcueil dans le 16e arrondissement de Paris.   Comment nommer le nouveau stade ? Lesieur soumet le nom de son ami défunt Roland-Garros qui n’était pas du tout tennisman mais un pionnier de l’avion, héros de la Grande Guerre, mort au combat. Le stade est inauguré le 18 mai 1928.  Revenons à notre court Philippe-Chatrier. C’est Louis-Faure Dujarric qui est chargé de sa construction. Il est surnommé « Le Central » car il est alors le plus grand court en terre battue du stade pouvant accueillir 10 000 spectateurs. Dans les années 2000, notre court connaît de nombreux changements, d’abord le nom que nous utilisons actuellement, Philippe-Chatrier, qui est celui d’un ancien joueur de tennis français et ancien président de la Fédération internationale de tennis. Pour que le court retrouve sa splendeur d’origine, il est rénové à près de 80% en 2018. Et la grande nouveauté de 2020, c’est le toit rétractable dont la forme rappelle symboliquement le biplan de l’aviateur Roland-Garros.   Aujourd’hui, le stade Roland-Garros comprend 18 courts au total. Le plus grand reste le court Philippe Chatrier qui a une capacité de 14 962 places, suivi du court Suzanne-Lenglen qui peut accueillir 10 056 personnes.    Chaque année, comme beaucoup d’entre vous, je regarde les matchs depuis mon canapé mais j’espère un jour pouvoir m’asseoir dans ce stade mythique. Qui seront les grands vainqueurs des JO de tennis ? Rendez-vous à partir du 27 juillet 2024 pour le découvrir !  Court Philippe Chatrier, Stade Roland-Garros, Louis-Faure Dujarric, Paris, 1928.   Texte et voix : Keridwen Lambert Enregistrement : Sibylle Buloup Montage : Jean Foucaud-Jarno Musique & web : Philipp Fischer Coordination : Julia Martin & Grégoire Verprat
Je m’appelle Carla et je vais vous parler de football, de couleur et de mouvement. Imaginez quatre toiles de format réduit intitulées Les footballeurs peints par de Staël en 1952. Des blocs épais de peinture rouge, bleu et blanche s’agencent sur un fond noir. Nous ne pouvons voir ni profondeur ni détails dans ces œuvres, seulement des aplats de couleurs vives qui traduisent une agitation, un mouvement. Petit à petit, on reconnaît des silhouettes qui s’agitent devant un ciel nocturne, un cercle blanc, qu’on peut d’abord confondre avec la lune, se transforme en ballon. Ce sont des footballeurs en plein match nocturne et les couleurs sont celles des maillots de l’équipe de France.   Ces toiles représentent donc un match de football qui a bel et bien eu lieu, le match amical du 26 mars 1952 qui opposait la France à la Suède. Pour la première fois en France, un match se joue de nuit, éclairé par les projecteurs. L’équipe des bleus est alors en pleine reconstruction après la guerre. Plusieurs joueurs très talentueux rejoignent l’équipe comme Just Fontaine, Raymond Kopa ou Roger Piantoni, ils sont connus sous le nom de “génération dorée”.   Le peintre Nicolas de Staël qui est venu assister au match avec sa femme, est peu sensible à toute cette agitation sportive, il n’est pas un grand fan de foot et il est là par hasard. Mais à sa grande surprise, à la fin du match, il sort du stade complètement bouleversé.   Vous vous demandez pourquoi ? De Staël admire l’énergie des joueurs et le mouvement de leur corps. L’éclairage artificiel contribue sûrement à accentuer les couleurs. De retour chez lui, il passe la nuit dans son atelier à peindre et ne s’arrête pas pendant un mois.   Il n’a peint que l’essentiel, pour laisser place à l’action du match. Les corps musclés sont réduits à des formes géométriques de couleurs franches. En effet, de Staël est connu pour être un grand coloriste. Ces coups de pinceaux sont vigoureux et la matière picturale est épaisse. Par son style, il arrive à nous faire ressentir toute l’émotion du match.   Face à ces œuvres, je me sens emportée par l’euphorie du match et par cette tension qui monte : qui va gagner ?   Les Footballeurs, Nicolas de Staël, 1952, huiles sur toile, formats multiples ; 14 x 22 cm : 19 x 27 cm : 22 x 27 cm : 16 x 22 cm, Dijon, Musée des Beaux-Arts.   Texte et voix : Carle Reboud Enregistrement : Sibylle Buloup Montage : Jean Foucaud-Jarno Musique & web : Philipp Fischer Coordination : Julia Martin & Grégoire Verprat
Bonjour, je m’appelle Lyse. Si je vous dis céramique, athlétisme, noir... Il s’agit d’une amphore d’une cinquantaine de centimètres de hauteur dont il manque le col et le pied, qui a été produite à Athènes vers 500 avant notre ère. Elle est ornée de chaque côté d’un tableau où les figures vernies d’un noir brillant se détachent sur le fond orangé de l’argile. La première face donne à voir Athéna en arme faisant une grande enjambée vers la gauche. On appelle ce type d’Athéna « Promachos », ce qui signifie « celle qui combat en avant », une Athéna guerrière en somme.  Chez les Grecs, Athéna est en effet la déesse de la sagesse et de la guerre stratégique. Elle est encadrée par deux colonnettes surmontées d’un coq. Celle de gauche présente une inscription en grec ancien qui signifie « le prix des jeux d’Athènes », ce qui nous indique que ce vase est la récompense d’une compétition mais laquelle ? Trois athlètes en course ornent la seconde face. Ils se dirigent tous vers la droite, le sens de la victoire. Pourtant, un seul sera vainqueur.   Le véritable vainqueur qui est représenté en tête tout à droite, se retourne vers ses concurrents afin de s’assurer qu’ils ne le rattrapent pas. Après l’avoir emportée, il a vu sa tête ceinte d’une couronne végétale et a reçu cette amphore remplie d’huile d’olive. Ce vase nous place un peu comme les spectateurs d’une course se déroulant dans un stade de 180 à 200 m, espérant que l’athlète de notre cité arrive en tête.  La course de vitesse est la plus ancienne épreuve des Jeux Olympiques, qui comme leur nom l’indique, avaient lieu à Olympie, en l’honneur de Zeus. Cette épreuve d’athlétisme était soit une discipline indépendante, soit elle faisait partie du pentathlon comme c’est encore le cas aujourd’hui.  Mais ici il s’agit d’une amphore panathénaïque, c’est-à-dire en lien avec les Panathénées, fêtes en l’honneur d’Athéna durant lesquelles étaient organisés des jeux qui se tenaient chaque année à Athènes. Pour chaque épreuve, une amphore panathénaïque était remise au vainqueur : elles figurent toujours d’un côté la discipline dans laquelle l’athlète s’est illustré et de l’autre Athéna Promachos. Car en Grèce ancienne, les jeux sportifs avaient une dimension sacrée : ils se déroulaient dans les sanctuaires et faisaient souvent l’objet d’une trêve dite sacrée. C'était notamment le cas des JO au cours desquels les hostilités entre cités étaient suspendues pour deux mois.   Vous pouvez remarquer que les personnages sont en noir ici et non en rouge, alors que la technique de la céramique à figures rouges avait déjà été inventée à l’époque où cette amphore a été produite : c’est pour maintenir la tradition des premières amphores panathénaïques antérieures à l’invention des figures rouges !  Si j’ai une affection particulière pour les céramiques grecques antiques, c’est parce qu’elles nous racontent les mythes si chers aux Grecs anciens en les liant parfois, comme ici, à des activités plus concrètes de leur vie, par un matériau simple mais nécessitant une grande habileté technique.  Amphore, attribuée au peintre de Cléophradès, produite à Athènes vers 500 avant. J.-C., conservée au Musée du Louvre.   Texte et voix : Lyse Debard Enregistrement : Colin Gruel Montage : Jean Foucaud-Jarno Musique & web : Philipp Fischer Coordination : Julia Martin & Grégoire Verprat
Bonjour, je m’appelle Oksanna, et je vais vous parler de surf, de culture et de nature. L’œuvre que je vais vous décrire est une planche de surf, créée par David Charbonnel et Frédérique Seyral en 2018. Il s'agit d'une vraie planche entièrement jaune, recouverte de feuilles d'or. Elle est peinte à l'encre de Chine sur toute sa longueur, avec des dessins qui forment des volutes, et qui représentent faune, flore et architecture typiques du Bassin aquitain.  Fermez les yeux et imaginez un bateau voguant sur un fond d’or côtoyant oiseaux, pins parasol et cabanes en bois sur pilotis, appelées cabanes tchanquées.   Une planche de surf peut-elle être considérée comme une œuvre d’art ? Absolument ! Issue de la collaboration d’un shaper, c'est-à-dire un artisan qui fabrique des planches de surf, et d'une artiste plasticienne, cette planche n'est pas exactement comme les autres : elle n'a pas l'aspect utilitaire propre aux planches des sportifs. En outre, celle-ci a été créée dans un but artistique, pour le musée d'Aquitaine de Bordeaux, la planche n’a jamais servi et ne servira pas à la glisse.  Mais alors, pourquoi réaliser une planche de surf qui ne répond pas à sa fonction première ? Ce sont les origines et le développement du surf, qui vont nous aider à le comprendre ! Le surf, c'est un sport très ancien, dont les origines remontent à environ 3 000 ans. S'il est oublié au XIXe siècle, il reprend l’importance qu’on lui connaît au début du XXe siècle à Hawaï, puis aux États-Unis. Le surf devient alors une véritable contre-culture qui prône la liberté, le non-conformisme. C'est aujourd’hui un phénomène mondial, très populaire sur les plages de la Métropole et d'Outre-mer depuis les années soixante, et notamment sur la côte basque.   Il finit même par entrer dans l'histoire en 2020, en accédant enfin aux JO ! Mais ce n'est pas qu'une simple pratique sportive : c'est une vraie culture, une pratique intégrée à la vie locale, à son environnement, à son identité, comme c'est le cas sur tout le bassin du Sud-Ouest sur la côte Atlantique. Tous ces éléments sont condensés dans cette œuvre, avec ses dessins d'oiseaux, de pins ou de cabanes tchanquées – c'est comme un dialogue entre la nature et la culture du surf. La planche, initialement objet de sport, devient ici une véritable œuvre d’art renversant à la fois les codes du sport mais aussi ceux de l’art et de la peinture. On peut donc dire que cette planche est vraiment plus qu’un simple objet destiné au surf : c’est un témoignage d’un mode de vie qui allie performance et esthétique  Ce que j'aime dans cette œuvre, c'est qu'elle me rappelle tous mes souvenirs d'enfance : la chaleur sur ma peau à la plage, les rayons éblouissants du soleil, l'odeur des pins, le clapotis des vagues sans même avoir à monter dessus, cette planche me renvoie à tout cet imaginaire qui me fait voyager et me sentir libre.  Planche de surf, David Charbonnel et Frédérique Seyral, résine teintée, encre de Chine, feuille d’or, 2018, objet art musée d’Aquitaine, Bordeaux.   Texte et voix : Oksanna Beslay-Nardi Enregistrement : Margot Page Montage : Jean Foucaud-Jarno Musique & web : Philipp Fischer Coordination : Julia Martin & Grégoire Verprat
Bonjour, je m’appelle Maureen et je vais vous parler de stade, de ville et de béton.  Le monument que je vais vous présenter est le stade Jean Bouin, réalisé en 2013 par Rudy Ricciotti. Ce bâtiment du XVIe arrondissement de Paris est recouvert d’un voile de béton qualifié de « peau de félin ». Imaginez le pelage d’un guépard ! Ici, il se déploie sous la forme d’une résille avec les tâches du félin qui deviennent des trous de verre qui laissent passer la lumière mais pas le bruit. La forme de la couverture est ondulante, comme un mouvement de foule dans une ola, signe d’enthousiasme de la part des supporters. Ce lieu est synonyme de cris, de passion. La couverture permet à la clameur de raisonner parmi les supporters tout en restant confiné à l’intérieur pour la tranquillité des riverains.   Le stade Jean Bouin a pour objectif d’être à la hauteur du championnat du Top 14, le championnat national français de rugby à XV. Il a été construit dans le but de permettre aux spectateurs d’être le plus proche du terrain mais également de devenir un lieu de vie avec de nombreux espaces de commerce à proximité. Le complexe a été conçu comme « un stade les pieds dans la ville », il possède deux parvis, ce qui en fait un lieu de vie, de partage, de passion à travers les supporters et les riverains.   Revenons à la couverture en « peau de félin », nous retrouvons la même technique de résille au Mucem, un musée à Marseille, réalisé également en 2013. Ces deux réalisations, dû à Rudy Ricciotti, sont possibles grâce à l’emploi du béton fibré ultra-performant. Il est capable de résister à une compression six à huit fois supérieure à celle d’un béton classique, il peut s’adapter à toutes les formes. Il a une empreinte écologique plus faible selon l’architecte. Pour mettre en place cette technique, les ingénieurs ont réfléchi à un moyen de développer des formes géométriques qui permettent au bâtiment de résister à tous les temps, en maintenant une légèreté visuelle, novatrice et aérienne. Pour le stade, ils ont créé un système à trois appuis permettant de suivre les mouvements de courbure de la toiture. Cette marqueterie de béton accompagnée de verre révèle un jeu d’ombres et de lumières ouvert vers la ville. La résille contraste avec le massif Parc des Princes accolé. Ce stade de football, achevé en 1972, utilise aussi les qualités du béton armé avec des contreforts puissants et peu d’ouvertures à l’inverse du lieu qui nous intéresse aujourd’hui. Ils sont tous les deux séparés seulement par une rue et offrent un bel aperçu de l’histoire de l’architecture sportive en France.   Ce qui me touche particulièrement dans ce bâtiment, c’est l’effet de légèreté de la résille de béton mais surtout c’est la symbolique du lieu ! Je vous ai parlé d’un stade, pour moi c’est l’endroit par excellence pour vivre le sport. Pendant les Jeux Olympiques de Paris 2024, ce sera dans ces enceintes que les supporters pourront partager leur passion, soutenir les athlètes, vivre les jeux !   Stade Jean Bouin, Rudy Ricciotti, 2013, Béton fibré ultra-performant, Paris, XVIe arrondissement.   Texte et voix : Maureen Grioche Enregistrement : Margot Page Montage : Jean Foucaud-Jarno Musique & web : Philipp Fischer Coordination : Julia Martin & Grégoire Verprat
Bonjour à tous, je m’appelle Anne-Laure, et je vais vous parler de tir à l’arc, de dessin et de mouvement. Copie d’après le sculpteur, peintre et architecte italien de la Renaissance Michel-Ange, Les tireurs d’arc est une esquisse à la plume, à l’encre brune sur papier crème, qui représente trois figures masculines en pleine action. Leurs corps musculeux sont étirés dans des positions dynamiques, qui laissent deviner qu’ils sont en train de tirer à l’arc.  Je dis « laisse deviner » car aucun arc n’est dessiné, ce qui est un peu mystérieux ; cela peut être parce que le but du dessin était de représenter les mouvements du corps pendant les différentes étapes de l’action, ou bien, l’œuvre étant une esquisse, elle n’a pas été achevée.  Les deux hommes du centre du dessin, tous deux de profil, prennent appui sur leur jambe tendue dans un geste similaire d’élan, les bras étirés par leur arc fictif. Celui en bas à droite, représenté de face jusqu’aux genoux dans un mouvement de torsion, semble relâcher les deux doigts qui maintenaient la corde.  Le tir à l’arc est une pratique qui précède de beaucoup la Renaissance, période dans laquelle s’inscrit l’auteur. En effet, les premières preuves de l’utilisation d’arc remontent à la Préhistoire, environ 20 000 ans avant notre ère. Cependant le tir à l’arc n’a été reconnu comme une discipline olympique à part entière qu’au XXe siècle. A l’instar de ce que représente ce dessin, les premières épreuves de tir à l’arc étaient principalement réservées aux hommes.  Par ce dessin, l’artiste représente l’effort comme découpé en plusieurs instants, à la manière d’un dessin animé. L’emploi de proportions idéalisées est caractéristique de l’art de la Renaissance. Cela n’est pas sans nous rappeler un célèbre dessin du XVe siècle réalisé par Léonard de Vinci, l’Homme de Vitruve, qui incarne l'harmonie parfaite entre l'individu et l'univers.  Ce qui me marque dans cette œuvre est la souplesse du trait avec laquelle sont représentés les gestes, donnant à voir un instant d’effort dynamique figé sur le papier, comme une très courte séquence de film qui passe en boucle. On pourrait presque voir les personnages s’animer.  Les tireurs d’arc, copie d’après Michel-Ange, dessin à la plume, XIVe-XVe siècle, 16,5 cm sur 23,1, Montpellier, Musée Fabre  Texte et voix : Anne-Laure Raffin Enregistrement : Margot Page Montage : Jean Foucaud-Jarno Musique & web : Philipp Fischer Coordination : Julia Martin & Grégoire Verprat
Bonjour, je m’appelle Alix. Aujourd'hui, je vais vous parler de tennis, d’aristocratie anglaise et de mode. Dans les années 1880, dans son œuvre Le Lawn Tennis, Roger-Joseph Jourdain représente une femme assise sur un tabouret en bois, avec une raquette sur ses genoux, se reposant après une partie de lawn tennis. Elle porte une robe blanche à col en dentelle, un tablier à pois rouge avec une poche avant pour y ranger les balles, un chapeau rond et des chaussures à lacets.   Au-dessus de cette femme se trouve une banderole dans laquelle vous pouvez lire “lawn tennis”, vous retrouvez tous les éléments liés à la pratique de ce sport, balles, raquettes, filet, dans le cadre décoratif qui entoure la composition. Le lawn tennis veut dire “tennis sur gazon”, dérivé du jeu de paume pour en faire un sport en extérieur. Ancêtre du tennis moderne, ce sport élitiste se développe dans la sphère bourgeoise anglaise.   Pas de représentation des mouvements du corps ni de la course effrénée de la balle jaune au-dessus du filet. L’attention porte sur la tenue vestimentaire de la femme. Pourquoi porter une robe longue quand on peut porter une jupe-short et un débardeur ? En réalité, les joueurs amateurs portent leurs vêtements de ville. Grand rendez-vous mondain, l’élégance sur les courts reste la priorité, le coton blanc est à l’honneur. Les femmes viennent habillées comme si elles allaient à une garden party.   Les tenues des femmes sont particulièrement contraignantes et limitent leurs mouvements, notamment par le port du corset, pièce indispensable dans une garde-robe féminine. Pour le sport, les femmes portent un corset-ruban, composé de baleines métalliques verticales, recouvertes de tissu et reliées entre elles par des rubans de coton. Jusqu’en 1910, les corsets sont obligatoires et lors des tournois, les baleines en métal du corset cisaillent le buste des joueuses jusqu'au sang. Par comparaison, la tenue masculine est plus confortable, mais peu adaptée : les hommes se contentent d'enlever leur veston et de retrousser leurs manches.  Cette œuvre est pour moi un témoignage précieux de l'évolution des choix vestimentaires dans le monde du tennis. Aujourd'hui, alors que sa professionnalisation est admise, le choix des tenues de certaines joueuses reste fortement critiqué. Je pense à celle de Serena Williams à Roland-Garros en 2018 : une combinaison conçue pour stimuler la circulation sanguine après sa grossesse, décriée pour son absence de jupe et sa couleur noire. Finalement, le tennis est autant une histoire de balle et de filet que de mode.   Le Lawn Tennis, Roger-Joseph Jourdain, années 1880, huile sur toile, Paris, Musée des Arts Décoratifs.   Texte et voix : Alix Mielle Enregistrement : Margot Page Montage : Jean Foucaud-Jarno Musique & web : Philipp Fischer Coordination : Julia Martin & Grégoire Verprat
Je m’appelle Rachel et je vais vous parler aujourd’hui de judo, de légèreté et d’équilibre. La sculpture qui se trouve devant vous, se nomme Le judo, et a été réalisée par l’artiste français Maurice Guillaume en 2001. En bronze, de couleur rouille, elle représente le combat de deux judokas. Sur un pied, l’un soulève l’autre dans un mouvement presque chorégraphique voulant le mettre au sol, c’est l’instant avant la chute qui est capturée.  Leurs membres rugueux facilement lisibles semblent être des branches, et leur corps comme déconstruits et noués, finissent par se confondre, créant ainsi presque un tronc d’arbre. Particulièrement géométrique, la forme globale de l’œuvre ressemble alors à celle d’une équerre. C’est l’instabilité dans un équilibre parfait qui est ici représentée.  Malgré la voltige précédant la chute d’un des deux sportifs, pouvant faire ressentir une sensation de brutalité dans l’acte effectué, la légèreté demeure, comme si la pensée psychique du judoka était retranscrite.   « Voie de la souplesse » est ce que signifie le mot judo en japonais. Créé en 1882 par Jigorō Kanō et s’inspirant du ju-jitsu à vocation guerrière, le judo est un art martial à pédagogie physique, mentale et morale, et au raisonnement particulièrement poétique.  La légende veut qu’en hiver, le maître remarqua que les branches des cerisiers se cassaient sous le poids de la neige alors que les roseaux se pliaient simplement pour s’en débarrasser. L’art du judo consiste donc à amener avec souplesse son adversaire au sol comme le fait le roseau avec la neige.  Particulièrement influencé par l’art abstrait et le sport, Maurice Guillaume, ancien étudiant à l’école des beaux-arts à Paris transforme ces deux judokas en végétaux, nous rappelant alors l’origine lyrique de cette discipline qui a fait sa première apparition aux Jeux Olympiques à Tokyo en 1964. Aujourd’hui, la France est le deuxième pays médaillé dans ce sport après le Japon.   Avec ses quatre dimensions, la sculpture occupe l’espace et donne, selon l’artiste, le sentiment d’éternité. Dans son immobilité, elle doit donner l’illusion du mouvement. Comme emprisonnée dans la lave, l’instant est ici suspendu et une sensation de flottement envahit l’espace. La chute du judoka survenant bientôt, nous, spectateurs, ressentons toutes les émotions comme si nous assistions au combat. Pensez-vous qu’il va réussir à s’en sortir ? Et qui donc va gagner ?   J’aime cette œuvre car elle invite le spectateur dans son univers mouvementé. Je l’aperçois comme une danse contemporaine où la grâce des figures se mêle à la puissance et à la force qui émanent de l’œuvre. Elle est une valse de personnages associant une approche plastique occidentale à un art martial asiatique.   Le judo, Maurice Guillaume, 2001, bronze, 44 cm de hauteur, Nice, Musée national du Sport.   Texte et voix : Rachel Morin Enregistrement : Colin Gruel Montage : Jean Foucaud-Jarno Musique & web : Philipp Fischer Coordination : Julia Martin & Grégoire Verprat
Bonjour, je m’appelle Raphaëlle. Peut-être que comme moi, vous n’avez pas de gros bras, mais je suis certaine que vous apprécierez l’œuvre dont je vais vous parler aujourd’hui mêlant cirque, haltérophilie et peinture naïve. Il s’agit d’une huile sur toile du peintre français Camille Bombois, datée vers 1930. Elle représente une scène de spectacle forain en extérieur, où une foule est amassée. Celle-ci regarde un athlète à la musculature exacerbée, en train de soulever de sa main droite seulement un haltère composé de deux sphères noires colossales. Elles sont si énormes qu’elles semblent plus grosses que le buste de l’athlète lui-même.  Comment cet homme arrive-t-il à soulever une telle masse d’une seule main ? Ici, l’athlète est en pleine exhibition de force et cherche à distraire la foule. Ce qui surprend tout de suite, c’est l’absence totale d’effort et de souffrance chez notre athlète. On dirait même qu’il s’amuse de nous, en prenant un petit air désinvolte. Aucune contraction musculaire, une posture improbable, une taille de l’haltère démesurée : absolument rien de réaliste ici.   Pourtant, une scène de ce genre, Camille Bombois en a souvent vu. Avant d’être peintre, notre artiste a longtemps travaillé comme forain dans un cirque et s’inspire de sa propre vie pour peindre ses œuvres, avec un goût tout particulier pour la monumentalité des personnages et les couleurs vives. Avec les peintres naïfs, pas besoin de représenter une réalité parfaite ni de respecter la perspective, les couleurs d’origine et les proportions !   Mais ne vous y trompez pas ! L’haltérophilie est un sport bien difficile et très technique aussi pratiqué loin du monde du cirque. Présent dès l’Antiquité, il intègre les Jeux Olympiques modernes dès leur première organisation en 1896 à Athènes. C’est certainement une des épreuves les plus impressionnantes.   Amusez-vous à comparer ce tableau avec une photographie d’un ou d’une haltérophile en pleine compétition et vous serez saisi par la force et l'entraînement nécessaires pour arriver à un tel exploit, contrairement à ce que notre œuvre voudrait nous faire croire.   A titre personnel, je préfère tout de même la version naïve qui me semble beaucoup moins fatigante et plus amusante à regarder.   Athlète forain, Camille Bombois, huile sur toile, 1m30 x 89 cm, vers 1930, Senlis, Musée d’art et d’archéologie.   Texte et voix : Raphaëlle Billerot-Mauduit Enregistrement : Margot Page Montage : Jean Foucaud-Jarno Musique & web : Philipp Fischer Coordination : Julia Martin & Grégoire Verprat
Bonjour à tous, je m'appelle Cyndy, et je vais vous parler de piscine, d’Art déco et d’architecture. La piscine Nakache doit sa création à l’architecte Jean Montariol et à l’ingénieur Charles Baruteaud. Cette piscine, véritable chef-d’œuvre architectural, inscrite au titre des Monuments historiques, a une histoire fascinante.   Elle se niche sur l’île du Ramier en bord de Garonne à Toulouse. Érigée dans les années 1930, elle incarne le style Art déco qui connaît son apogée dans les années vingt. L'Art déco, c'est, après l’exubérance ornementale de l’Art nouveau, le retour à une esthétique plus classique, élégante, sobre. L'association de la simplicité géométrique des lignes et des surfaces à la richesse des couleurs et des matériaux, en fait un style à la fois moderne et populaire.  Imaginez, deux piscines extérieures, l’une dédiée aux compétitions et l’autre aux loisirs s’étirant sur 150 m de long, agrémentées d’une île et de cascades pour un air de vacances. Il y a également une piscine intérieure avec des gradins pour 800 spectateurs. Cette piscine est un témoignage des politiques socialistes du début du XXe siècle, portées par des idées progressistes et la vision d’un avenir meilleur pour tous. Le Parc municipal des Sports toulousain, où se trouve la piscine, a, en effet, été conçu comme un lieu de loisirs et d’agrément de cinquante hectares, à proximité des quartiers populaires, c’est un véritable palais d’éducation physique, d’hygiène et de sport accessible à tous.   Jean Montariol, l'architecte, a introduit à Toulouse une modernité architecturale lumineuse et fonctionnelle, tout en préservant les traditions de la région. Par exemple, les colonnes de marbre rouge, autrefois visibles à l'intérieur, incarnent le style Art déco mais également l’architecture antique de l’ancienne cité romaine. Cette piscine par son nom, rend hommage à Alfred Nakache, champion toulousain de natation mondialement reconnu qui a survécu à la déportation à Auschwitz. Ayant eu la chance de la visiter, ce qui m’a le plus marqué, c’est l’atmosphère et la possibilité d’imaginer la restauration de ce décor exceptionnel, alors n’hésitez pas à la découvrir par vous-même.   Piscine Municipale Alfred Nakache, Jean Montariol (architecte) & Charles Baruteaud (ingénieur), Toulouse, 1931.   Texte et voix : Cyndy Marie-Joseph Enregistrement : Sibylle Buloup Montage : Jean Foucaud-Jarno Musique & web : Philipp Fischer Coordination : Julia Martin & Grégoire Verprat
Je m’appelle Suzanne, aujourd’hui je vais vous parler de boxeur, d’idéal et de plâtre.   L’œuvre que je vais vous présenter est une statue illustrant un athlète. C’est une œuvre monumentale, plus grande que nature, de deux mètres quarante de haut, qui représente un pugiliste, un boxeur. Il est debout, nu. Je vous laisse imaginer ses deux jambes bien ancrées dans le sol, son buste particulièrement travaillé, avec ses pectoraux et sa poitrine dont le volume se dessine grâce à l’éclairage. Ses bras, aux muscles saillants, sont le long du corps et accompagnent le mouvement de sa tête, qui est légèrement penchée vers la gauche.  Le modèle de cette œuvre est d’ailleurs bien connu ! Il s’agit du boxeur français Georges Carpentier, un ami de l’artiste.  Mais pourquoi cette œuvre associe-t-elle sport et art ? Car celle-ci fut présentée au concours de sculpture des Jeux Olympiques en 1924 et lui a valu la première place au concours d'art lors du tournoi olympique d'athlétisme d'Amsterdam en août 1928. Les Jeux Olympiques ont accueilli des épreuves artistiques jusqu’en 1948.  D’ailleurs, le Pugiliste devait faire partie d'un ensemble de quatre sculptures sur la boxe : un Boxeur tombé, un Boxeur mettant ses bandelettes et un Combat. Les deux dernières œuvres ne furent pas réalisées.  Une autre version du Pugiliste fut aussi faite, en bronze de dimension réduite, et il est intéressant de voir les similarités et différences entre les deux œuvres. L’œuvre en plâtre fut présentée au Salon de 1920, mais la statue choqua à cause de sa nudité que l’artiste promis de couvrir, pour le format réduit. Promesse qui ne sera finalement pas tenue.   Personnellement, j’ai été marquée par l’effet sculptural et froid du plâtre qui rend avec justesse une anatomie idéale du corps humain et qui rappelle les sculptures antiques. En parlant du modèle, Landowski dit d’ailleurs : « Carpentier a posé ce matin. C’est vraiment une magnifique machine humaine. J’ai encore des erreurs d’aplomb. La beauté des antiques réside dans les aplombs juste ».  Pugiliste, Paul Landowski, 1920, plâtre, deux mètres quarante, Musée Paul Landowski à Boulogne Billancourt  Texte et voix : Suzanne Gilles Enregistrement : Suzanne Saint-Cast Montage : Jean Foucaud-Jarno Musique & web : Philipp Fischer Coordination : Julia Martin & Grégoire Verprat
Bonjour, je m’appelle Naïma, et je vais vous parler de photos, de mouvement et de lancer de disque. Je me trouve ici devant une planche d’Étienne-Jules Marey, comprenant deux séries en noir et blanc de seize petites photographies, disposées dans la hauteur, en frise. On y voit un lanceur de disque quasi nu, en pleine action dont le mouvement est décomposé sur ces trente-deux clichés. Il tourne sur lui-même en tenant fermement le disque dans sa main droite. En équilibre sur une jambe, le bras droit tendu, il lâche le disque qui disparaît du cadrage de la dernière photo de la série.   Bien avant l’invention des GIF, ces images numériques animées, qu’on retrouve sur les réseaux sociaux, Étienne-Jules Marey invente un procédé à partir d’un fusil photographique qui lui permet de décomposer le mouvement en plusieurs photographies.   Il s’agit d’un appareil muni d’une crosse, semblable à celle d’un fusil traditionnel, qui lui permet de prendre plusieurs photographies. C’est l’invention de la chronophotographie. Ce qui en fait aussi l’un des pionniers du cinéma. Les frères Lumière doivent partager le mérite !  Mais si Marey est aujourd’hui surtout connu pour ses photographies, c’est avant tout un médecin et chercheur, passionné par l’étude du mouvement animal et humain. Il incorpore la photographie à son travail scientifique afin d’enregistrer ce que l’œil ne voit pas. À la même époque aux États-Unis, Eadweard Muybridge décompose lui aussi le mouvement de chevaux au galop grâce à des procédés similaires.   Les compétitions sportives de l’Exposition Universelle de 1900 lui offrent un vaste champ d’expérimentation. Il y observe des athlètes en situation dynamique pour étudier les caractéristiques physiologiques de leur performance. En 1900, l’année où Marey réalise cette épreuve, le contexte des Jeux Olympiques est un peu différent. Les concours sportifs de l'Exposition Universelle qui a lieu cette année-là à Paris, font office de Jeux Olympiques.   Bien qu’elles participent avant tout d’une ambition scientifique, ces séquences photographiques sont pour moi porteuse d’une force poétique, qui me touche particulièrement. En arrêtant le temps et le mouvement, Marey nous donne à voir l’invisible. Malgré elles, ces images célèbrent la beauté éphémère du geste humain dans une esthétique qui transcende leur intention scientifique initiale.   Le Lancement du disque, Étienne-Jules Marey, 1900, quatre chronophotographies sur pellicules souples, 35 par 5,6 centimètres par bande, Paris, École Nationale Supérieure des Beaux-Arts.  Texte et voix : Naïma Lozano Enregistrement : Colin Gruel Montage : Jean Foucaud-Jarno Musique & web : Philipp Fischer Coordination : Julia Martin & Grégoire Verprat
Bonjour, je m’appelle Aure et aujourd’hui, je vais vous parler d’éventail, de sport et de robe. L’objet que je vais vous présenter est un éventail publicitaire produit par le Bon Marché en 1910. Vous tenez donc un éventail à la main. Quand vous l’ouvrez, ses neuf palmettes se déploient et montrent un décor imprimé bicolore blanc et rouge. Ce sont des femmes qui font du cricket, du golf, de l’équitation ou encore du patin à glace.   L’éventail est un accessoire de mode qui arrive en Europe au XVe siècle par le commerce avec l’Orient. C’est au XVIIIe siècle qu’il est le plus utilisé et le plus élégant, il peut être en ivoire, en écaille couvert de plumes, de dentelles ou de papier peint à la main. Au XIXe siècle, les décors peints à la main sont remplacés par des décors imprimés plus rapides à fabriquer et moins coûteux. On produit alors beaucoup d’éventails commémoratifs et publicitaires comme ici.   En bas de chaque palmette, on retrouve la même inscription qui dit : “Au Bon Marché, A. Boucicaut Paris”. Le Bon Marché, c’est un grand magasin fondé en 1838. Il est rapidement racheté par Aristide et Marguerite Boucicaut, qui en font un grand magasin moderne. Émile Zola s’en inspire pour inventer le grand magasin, le Bonheur des Dames, dans son roman de 1883.   Les femmes sur l’éventail montrent la clientèle aisée du Bon Marché. En effet, les sports qu’elles pratiquent sont en 1910 réservés à une élite. On peut prendre l’exemple de la voiture, au centre de votre éventail, une palmette montre une femme conduisant une automobile. Au début du XXe siècle, la voiture est un produit de luxe et avant 1914, les femmes qui conduisent représentent moins d’1% des titulaires du permis de conduire en France. Elles sont donc vraiment marginales et celles qui conduisent sont des grandes bourgeoises et des aristocrates comme Camille du Gast ou la duchesse d’Uzès.   Comme le sport se développe, il faut de nouveaux vêtements plus adaptés, regardez les femmes sur l’éventail, elles portent toutes des jupes qui arrivent à mi-mollet, c’est très court pour l’époque. On mettait d’habitude des robes qui arrivaient jusqu’au sol. Ces jupes plus courtes sont donc beaucoup plus confortables pour courir après une balle de tennis ou faire de grandes enjambées en patin à glace.   J’adore cet éventail, le dessin est très délicat et vraiment très joli. Comme chaque dessin est dans un cadre, on dirait un peu des cases dans une BD. On peut imaginer une histoire derrière chaque image, par exemple : où va la femme qui conduit ou comment s’appelle le chien de celle qui est à la chasse ?  Éventail plié, Au Bon Marché, vers 1910, Impression en couleurs, papier cartonné, carton, fer. Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris.   Texte et voix : Aure Lapierre-Renard Enregistrement : Sibylle Buloup Montage : Jean Foucaud-Jarno Musique & web : Philipp Fischer Coordination : Julia Martin & Grégoire Verprat
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