Discover« Splann ! » en studio« Bayer connaissait le risque de corrosion des implants Essure », Juliette Cabaço Roger sur Canal B
« Bayer connaissait le risque de corrosion des implants Essure », Juliette Cabaço Roger sur Canal B

« Bayer connaissait le risque de corrosion des implants Essure », Juliette Cabaço Roger sur Canal B

Update: 2024-08-24
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Juliette Cabaço Roger a été interrogée par Lucie Louâpre pour l’émission L’Arène, sur Canal B, le 25 octobre 2022. Elle y a présenté les résultats de l’enquête sur les implants contraceptifs Essure, qu’elle cosigne pour « Splann ! » avec Faustine Sternberg.


Ayant l’apparence de minuscules ressorts métalliques, les implants Essure ont été introduits dans les trompes de Fallope de près de 200 000 femmes, entre 2012 et 2017, rien qu’en France. Ce dispositif médical dont la pose ne nécessite pas d’anesthésie générale était présenté comme l’avenir de la contraception définitive. Il a d’abord été commercialisé par la société américaine Conceptus, avant d’être racheté par le géant allemand Bayer, en 2013. Les gynécologues français l’ont largement recommandé.


Partout dans le monde, des patientes ont rapidement déclaré de graves effets indésirables, certains invalidants. Entre janvier 2008 et mai 2013, Conceptus a reçu en moyenne 15 réclamations par jour. En France, environ 30 000 femmes ont subi une ablation des trompes voire de l’utérus, seul moyen de retirer l’implant. Certaines se regroupent dans des associations telles que Alerte contraception et Victimes DMI.


« Le témoignage qui revient le plus souvent c’est qu’on ne les croit pas, observe Juliette Cabaço Roger. On les prend pour “des folles”. Elles rapportent un sentiment d’errance médicale. »


Les implants ont été placés sous surveillance renforcée par l’Agence nationale de la sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) en 2015. Deux ans plus tard, un expert mandaté écrit dans son rapport que « l’assemblage des matériaux est un cas typique de corrosion galvanique » engendrant des « produits de corrosion » qui vont provoquer des « réactions inflammatoires hétérogènes ». Un rapport resté confidentiel jusqu’à sa révélation par « Splann ! ».


« On y découvre ce que Bayer et Conceptus savaient ou soupçonnaient depuis le début, souligne notre journaliste. Cette corrosion étaient évoquée dans leurs études internes. Ce document est le premier à faire le lien avec les symptômes des patientes. »


Quelques mois plus tard, la National Standards Authority of Ireland a suspendu provisoirement le marquage européen CE. Sans attendre une décision définitive, Bayer a retiré les Essure du marché en avançant « des raisons commerciales ».


« Le rapport de l’ANSM a pu peser dans cette décision, estime Juliette Cabaço Roger. La justification officielle de l’industriel ressemble à une stratégie de communication pour ne pas admettre que son produit était défectueux. »


Les procédures s’accumulent contre la multinationale, qui a versé 1,6 milliard de dollars à des plaignantes pour clore leur plainte. En France, les autorités sanitaires tardent à lancer une étude nationale dont les résultats pourraient permettre la reconnaissance du calvaire subi par les victimes. Celle-ci pouvant s’étendre sur quinze ans.


« Splann ! » a reçu le prix L’Alerte à la une, remis par la Maison des lanceurs d’alerte, en décembre 2023.


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