Rendre la mort plus douce, plus jolie, plus présentable, la domestiquer, l’arranger, la trafiquer un peu pour la montrer sous son meilleur jour, c’est ce que font les thanatopracteurs.Issu du grec " thanatos ", mort, et " praxis ", manipulation ou pratique, ce mot apparu en 1975 évoque une réalité bien ancienne : l'embaumement. En effet, la thanatopraxie remonte à l’Égypte ancienne où les corps des pharaons étaient embaumés afin de préserver leur intégrité pour l’éternité. À cette époque, prêtres, éviscérateurs, laveurs d’entrailles, et rouleurs de bandes se succédaient selon un procédé précis et minutieux qui durait 70 jours. La thanatopraxie a depuis évolué notamment avec la découverte du formol. On n'est pourtant pas ici dans un traitement " magique " proche de la momification, puisque le procédé consiste à appliquer un traitement chimique, puis cosmétique au défunt.

 Chaque jour, les thanatopracteurs pratiquent les soins de conservation sur les corps inanimés afin de les rendre fidèles à ce qu'ils étaient. En France, ces soins sont réclamés dans environ 35 % des décès. Malgré tout, la thanatopraxie garde quelque chose de mystérieux.

Peut-être parce que les thanatopracteurs exercent seuls, enfermés avec le corps. Peut-être parce qu'ils franchissent chaque jour la limite entre le monde des vivants et le monde des morts, et qu'ils se font passeurs d'un au-delà. Peut-être parce que leurs soins donnent malgré tout un effet saisissant d'immortalité et que grâce à eux la mort semble plus douce. Patricia est thanatopractrice depuis 15 ans et elle m’a confiée dans ce nouvel épisode son amoir du métier et elle m’a guidée de sa voix douce et claire dans ce royaume des morts qui l’espace de quelques heures retrouve l'éclat des vivants.

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