#14 – Tetrapharmakon (quadruple remède)
Description
Après les épisodes 13 et 14 sur la gestion de la douleur et les sédations, voici quelques pages de philosophie commentées par votre serviteur, dans le but de préciser ce que l'on entend par "conscience", "douleur" et "sédation". Et puis aussi ce que l'on entend par "intention" dans des expressions telles que "intention sédative" ou "intention létale" dans l'usage des morphiniques par exemple, qui renvoie à la distinction entre euthanasie et SPCD.
Évoqués dans cet épisode :
Étude portant sur les demandes d’aides actives à mourir auprès des professionnels de santé :
https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1636652222000836
Sur la définition de la mort dans le code de santé publique :
Et un commentaire de cette définition touchant à la mort encéphalique :
Maximes capitales, Épicure, IV
Martine Lombard, L’Ultime Demande
Situations, I, « Sur une idée fondamentale de Husserl, l’intentionnalité", Jean-Paul Sartre
Nouveaux Essais sur l'entendement humain, Leibniz, préface
Intention, E. Anscombe
Cours de Linguistique générale, Ferdinand de Saussure, Payot
Code de santé publique, art. L. 1110-5
"Toute personne a le droit de recevoir des soins visant à soulager sa douleur. Celle-ci doit être en toute circonstance prévenue, évaluée, prise en compte et traitée. Les professionnels de santé mettent en oeuvre tous les moyens à leur disposition pour assurer à chacun une vie digne jusqu'à la mort."
Code de santé publique, article 4127-38 :
« Le médecin doit accompagner le mourant jusqu'à ses derniers moments, assurer par des soins et mesures appropriés la qualité d'une vie qui prend fin, sauvegarder la dignité du malade et réconforter son entourage. Il n'a pas le droit de provoquer délibérément la mort. »
Code pénal article 221-1 :
Le fait de donner volontairement la mort à autrui constitue un meurtre. Il est puni de trente ans de réclusion criminelle.
Code pénal article 221-5 :
L'empoisonnement est puni de trente ans de réclusion criminelle.
Régis Aubry, « item 141 : Soins Palliatifs », Douleurs, soins palliatifs, deuils, éthique, 3e édition, ed. Elsevier, p. 217
« Il est recommandé, pendant toute la durée de la sédation, de maintenir une attention constante à la proportionnalité du traitement et à l’effet sédatif visé. […] Dans le cadre d’une sédation pour détresse en phase palliative ou terminale, les doses utilisées sont titrées et adaptées à l’intention, qui est de permettre à la personne de ne plus ressentir ou éprouver ce qui lui apparaît insupportable. […] En revanche, si le produit sédatif est utilisé pour mettre un terme à la vie d’une personne […], il s’agit d’une euthanasie. Le médecin ne procède pas du tout de même, et le médicament sédatif est souvent employé à dose crescendo jusqu’au décès. Le risque de confusion serait grand si, derrière un même mot, on plaçait des réalités aussi différentes. L’euthanasie relève d’une démarche différente de la sédation sur le plan médical. « Cette distinction entre la sédation continue et l’euthanasie est essentielle, mais il ne faut pas laisser à penser pour autant qu’elle est toujours évidente en pratique. »
Douleurs, soins palliatifs, deuils, éthique, 3e édition, ed. Elsevier, p. 115 et 127 (item 135) :
« La dépression respiratoire [en cas d’usage de la morphine] n’est pas à craindre avec le schéma thérapeutique proposé (augmentation progressive des doses). » ; « Pour la morphine, il faut savoir faire une titration, connaître les durées maximales de prescription, connaître les modalités de surveillance et connaître les principaux effets secondaires pour pouvoir les prévenir et les traiter. […] Au concours, la prescription d’une posologie de morphine disproportionnée (surdosage) peut être éliminatoire. »
« l’heure n'est plus aux discussions byzantines sur l’intention exacte du médecin dans l’utilisation de produits qui peuvent contribuer à accélérer la survenue de la mort. »