Andry Rajoelina, président malgache sortant : "L'opposition veut confisquer la présidentielle"
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À un mois de l’élection présidentielle prévue le 16 novembre prochain, le président malgache sortant et candidat à sa propre succession, Andry Rajoelina, a accordé un entretien exclusif à France 24 et RFI, depuis Antananarivo. Il revient sur les tensions qui secouent la grande île de l'océan Indien depuis plusieurs semaines, à la veille du scrutin.
Le président malgache sortant Andry Rajoelina, qui est candidat à sa propre succession, affirme que ses rivaux cherchent à "empêcher" la tenue du scrutin présidentiel à Madagascar, prévu le 16 novembre prochain "car ils savent pertinemment que je serai élu", affirme-t-il sur France 24 et RFI.
Alors que les tensions ne cessent de croître avec des manifestations quasi quotidiennes de l'opposition sur l'île, Andry Rajoelina nie vouloir empêcher ces manifestations, affirmant que ses rivaux ne souhaitent pas d’élection, mais plutôt une transition.
Concernant sa double nationalité malgache et française qui, selon l’opposition, le disqualifie de la présidentielle du 16 novembre, Andry Rajoelina estime sur France 24 et RFI que le "débat est clos" et que la Haute cour Constitutionnelle a jugé en ce sens.
Le mois dernier, dix candidats de l'opposition avaient dénoncé "un coup d'Etat institutionnel" orchestré par le pouvoir, la Haute cour constitutionnelle ayant rejeté trois recours réclamant l'invalidation de la candidature de Rajoelina "pour défaut de nationalité malgache". Fin juin, des informations de presse avaient en effet révélé qu'il avait été naturalisé français en 2014.
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Sur nos antennes, le président sortant confirme avoir bien demandé la nationalité française en 2014, afin d’en faire profiter à ses enfants, mais réfute toute tentative de cacher sa nationalité française. "Je n’ai rien caché", clame-t-il, accusant l’opposition d’utiliser cet argument pour des raisons politiques.
Quant aux accusations du président démissionnaire du Sénat, selon qui Andry Rajoelina l’a menacé de quitter son poste, il répond : "Ce ne sont pas nos méthodes". Selon lui, c’est le résultat de tensions au sein de son parti, qu’il décrit comme une "guerre fratricide".
Enfin, pour la première fois, Andry Rajoelina revient sur les révélations de plusieurs médias européens, selon qui il a eu recours hors de tout cadre légal à des moyens d’écoute contre ses opposants. "Tout ce que nous faisons, c'est dans un cadre légal", répond-il, insistant sur la nécessité pour son pays, comme d’autres, de se doter de moyens sophistiqués, afin de se protéger des dangers intérieurs et extérieurs. "Nous n’écoutons pas nos opposants", martèle-t-il.
Le président sortant défend son bilan, soulignant que la croissance économique dans son pays était supérieure à la moyenne africaine, tout en reconnaissant les lacunes dans la lutte contre la pauvreté et la fourniture d’eau et d’électricité.