DiscoverIci l'EuropeAurore Lalucq : «La responsabilité de la gauche, c'est donner de la stabilité au pays»
Aurore Lalucq : «La responsabilité de la gauche, c'est donner de la stabilité au pays»

Aurore Lalucq : «La responsabilité de la gauche, c'est donner de la stabilité au pays»

Update: 2024-12-06
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Cette semaine, nous recevons Aurore Lalucq, députée européenne de l’Alliance des socialistes et démocrates et présidente de la Commission des Affaires économiques et monétaires au Parlement européen. Elle revient sur la motion de censure qui a fait tomber le gouvernement en France et sur la manière dont Bruxelles perçoit cette crise politique.

En France, l’Assemblée nationale a voté cette semaine une motion de censure contre le gouvernement de Michel Barnier. Cette instabilité politique préoccupe nos voisins européens. «Il y a une grande inquiétude parce que nous connaissons le rôle de la France dans la construction européenne et son importance d'un point de vue économique», explique Aurore Lalucq.

La députée européenne justifie le vote de la motion de censure par son camp : «Il est très compliqué, quand on est un social-démocrate, de soutenir un gouvernement qui ne va pas chercher que du soutien du côté de l'extrême droite», note-t-elle. «Le responsable de cette situation, c'est Emmanuel Macron car il a dissous l'Assemblée nationale», ajoute Aurore Lalucq. Dans une tribune écrite avec le député européen Raphaël Glucksmann, elle appelle à présent toutes les forces opposées au Rassemblement national à travailler ensemble pour trouver un accord de non censure et à mettre en place un gouvernement provisoire. «Les Français ont fait un effort et se sont mobilisés pour faire barrage au Rassemblement national, nous, les politiques, devons être à la hauteur», rappelle la députée. «Il y a cependant une réalité arithmétique qui fait que la gauche n'est pas majoritaire. Je le regrette, mais c'est ainsi. Notre responsabilité, c'est donner de la stabilité au pays», affirme-t-elle.

En pleine crise politique, la France est également secouée par un mouvement social, marqué cette semaine par une grève nationale des enseignants. «Dans les pays de l'OCDE, nous faisons partie des pays qui payent le moins dans le domaine de l'éducation nationale. Nous sommes dans un pays où il y a très peu de dialogue social. Investir dans l’éducation, c'est une question sociale mais c’est aussi une question économique d'investissement dans l'avenir du pays», ajoute-t-elle.

Alors que les agences de notation pourraient dégrader la note de la France, détentrice d’un déficit budgétaire record de 6,1%, la présidente de la Commission des Affaires économiques et monétaire estime qu’«elles n’ont pas à définir quelle doit être la politique économique et publique du pays». Si elle reconnaît la nécessité d’adopter «une trajectoire crédible» en termes d’économies, elle explique que «la capacité de la France à emprunter reste toujours forte

Aurore Lalucq s'inquiète également de «la vague idéologique d'extrême droite» en Europe face à la droitisation de ses gouvernements : «La social-démocratie doit se renouveler, être forte et avoir un discours clair. Elle doit protéger les Européens sur la question du pouvoir d'achat ou de la réindustrialisation». 

Au sujet de l’accord de libre-échange entre l’Union et les pays du Mercosur, que la France refuse de signer, Aurore Lalucq dit ne pas souhaiter «l'approfondissement de la mondialisation». «À la base, je n'ai rien contre les accords de commerce international», dit-elle. «Cependant, je pense que l'urgence aujourd'hui, c'est de réindustrialiser le pays». Alors qu’elle demande à la France de ne pas signer cet accord qui va, selon elle, engendrer des problématiques d'un point de vue environnemental et social, elle doute de la capacité d’Emmanuel Macron à parvenir à le bloquer : «La parole de la France est très dégradée au niveau européen», juge-t-elle.

En Géorgie, des manifestations ont lieu chaque jour depuis que le gouvernement du parti Rêve géorgien a suspendu le processus d'adhésion à l'Union européenne jusqu'en 2028. La députée européenne regrette : «Non nous n’avons pas été assez engagés à l’Est. Nous devons être plus présents. Pour moi, l’avenir de la Géorgie est en Europe».

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RFI