Ciné-dimanche : Retour de la nuit Nanarland 2025
Description
Il y a des nuits qu’on attend comme un enfant attend Noël. Des nuits où l’on se sent prêt à tout encaisser, tout endurer, tant que l’on sait qu’au bout, il y aura l’éclat d’un rire, l’étincelle d’un souvenir collectif, et parfois même une larme — mais de celles qui roulent quand on rit trop fort. La Nuit Nanarland, c’est ça : une célébration joyeuse du cinéma improbable, du plaisir coupable transformé en fête sacrée. Et comme chaque année, nous, les deux Branques, on a plongé tête la première dans ce chaudron d’images et de sons où l’excès est roi, et la logique une notion parfaitement facultative.
Enfin… pas tout à fait « les deux » Branques, puisque Corbooo n’était pas de la partie. Qu’il se rassure, on a pris soin de lui garder une place dans nos cœurs et nos vannes, mais pour ce hors-série, j’ai eu le plaisir d’animer aux côtés de Sixtiz et Dany. Une table un peu différente, mais toujours le même esprit : raconter la Nuit Nanarland comme si vous y étiez, avec beaucoup d’enthousiasme, un peu de mauvaise foi, et une tendresse inavouable pour ces films impossibles.
Au programme, quatre monuments du nanar à l’état pur.
On démarre avec Fight of Fury (2020), réalisé par Shuny Bee. Quand un maître d’arts martiaux mégalo décide de mettre en scène sa vision du monde — et surtout de lui-même. Résultat : des coups de poings raides, des dialogues encore plus raides, et une ambition coincée dans un budget microscopique. C’est à la fois fascinant, déroutant… et étrangement attachant.
On enchaîne avec Voyage of the Rock Aliens (1984) de James Fargo, une comédie musicale de science-fiction qui ressemble à un karaoké intergalactique coincé entre un clip de MTV et un épisode des Power Rangers. Pia Zadora pousse la chansonnette, les extraterrestres se baladent en collants flashy, et la bande-son se grave dans la mémoire aussi sûrement qu’une chanson d’été insupportable. On ne sait plus si on doit danser, rire ou pleurer, alors on fait tout à la fois.
Troisième étape : Les Fantastiques Supermen (1974), le film taïwanais signé Lin Chen Wong. Ici un festival de cascades absurdes, de costumes moulants et de gags slapstick à n’en plus finir. Nos héros bondissent dans tous les sens avec une conviction désarmante, dans une ambiance qui oscille entre cirque, cartoon et sentaï.
Et pour finir, l’apothéose : Crocodile Fury (1988), œuvre hybride de Godfrey Ho. Vampires chinois, crocodiles en plastique, zombies surgissant sans prévenir… tout est là, dans un montage où la cohérence est sacrifiée avec une allégresse rare. C’est confus, c’est laid, mais c’est surtout jubilatoire quand on le partage à plusieurs.
Au fond, cette nuit n’était pas seulement une succession de films : c’était une expérience collective, un moment suspendu où le cinéma redevient un rituel partagé. Et si vous n’y étiez pas, on est là pour vous en faire revivre chaque éclat, chaque rire et chaque soupir incrédule.