DETTE AFRICAINE ENVERS L’OCCIDENT : Faut-il la rembourser ?
Description
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M. Jacky Moiffo et Dr. Yves Ekoué AMAÏZO
TITRE : FAUT-IL REMBOURSER LA DETTE AFRICAINE ENVERS L’OCCIDENT ?
Journaliste : M. Jacky Moiffo (JM),
Journaliste et documentariste JMTVplus.com, Paris en France.
Invité et Interview : Dr. Yves Ekoué AMAÏZO, (<acronym title="Yves Ekoué Amaïzo">YEA</acronym>),
Directeur général, Afrocentricity Think Tank, Vienne en Autriche
Emission du Jeudi 18 avril 2024 par Zoom et studio Paris
Diffusion : Samedi 27 avril 2024
Source de l’analyse : Rappel de l’article d’Anna Cabana, Journal en ligne la Plasturgie, 7 avril 2024.
Cabana, A. (2024). « Dette en Afrique : Voici le classement des pays les plus endettés auprès de la France ». In www.laplasturgie.fr. 8 avril 2024. Accédé le 15 avril 2024. Voir https://www.laplasturgie.fr/dette-en-afrique-voici-le-classement-des-pays-les-plus-endettes-aupres-de-la-france/
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<iframe title="DETTE AFRICAINE ENVERS L'OCCIDENT: FAUT IL REMBOURSER ? 2ème Partie" src="https://player.vimeo.com/video/939690322?dnt=1&app_id=122963" width="500" height="281" frameborder="0" allow="autoplay; fullscreen; picture-in-picture; clipboard-write"></iframe>
Source : https://www.jmtvplus.com/dette-africaine-envers-loccident-faut-il-rembourser-1ere-2eme-partie-58221
Contact : contact@jmtvplus.com et info@afrocentricity.info
Site du Journaliste : www.jmtvplus.com
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JM. Dr. Amaïzo. Merci d’avoir accepté notre invitation. Pouvez-vous nous définir votre compréhension de la notion de « dette » ?
<acronym title="Yves Ekoué Amaïzo">YEA</acronym>. La dette est une obligation financière qui pèse sur une personne physique ou morale. Il s’agit d’une somme d’argent due par un débiteur à un créancier. Elle est généralement née d’un contrat pour lequel le débiteur a reçu au préalable une contrepartie. C’est un acte créateur de droit.
Mais attention, quand on dépense plus que ce que l’on a et surtout quand la contrepartie de l’endettement ne génère pas de retour sur l’investissement effectué, il y a mal-gouvernance. La dette devient une conséquence de cette mauvaise gestion. Si l’opération se répète, cette dette devient structurelle et permanente. L’application des taux d’intérêts fait que le principal de la dette, créateur de droit pour le créancier, prend la forme d’un remboursement étalé dans le temps, le fameux service de la dette. Le cumul du principal et du service de la dette conduit souvent à une dette souveraine non soutenable. Le droit créé au profit du créancier a pour effet de générer une dépendance, qui met en cause l’indépendance et la souveraineté d’un Etat.
Alors s’il faut rembourser des dettes qui n’ont pas de contreparties pour les populations et sont les produits de la corruption et des corrupteurs, il est possible de parler de dette illégale, et d’envisager de ne pas payer cette dette inique.
JM. Dr. Amaïzo, vous avez une idée de la dette des Africains, notamment l’Afrique subsaharienne ? Vous comprenez pourquoi elle est si élevée ?
<acronym title="Yves Ekoué Amaïzo">YEA</acronym>. En 2022 et selon les statistiques de la <acronym title="Banque internationale pour la reconstruction et le développement">Banque mondiale</acronym>[1], avec une population de 1,196 milliards habitants et un revenu global de 1.957 milliards de $EU, l’Afrique subsaharienne cumulait une dette totale de 833 milliards de $EU. Autrement dit, 43 % des revenus de l’Afrique subsaharienne devraient être transférés pour solder la dette subsaharienne « immédiatement ». Or, ce n’est pas ce qui se passe. Il y a un service de la dette, soit 4 % des revenus de cette région servent à rembourser partiellement la dette.
Aujourd’hui, avec une dette totale de l’Afrique subsaharienne de 833 milliards de $EU, il importe de noter la répartition : 38 % de dettes multilatérales, 20 % de dettes bilatérales et 42 % de dettes privées.
Dans la part de la dette bilatérale, la part de la France est de 2 %, la Chine représente 11 %, et l’Inde, 1 %, et 6 % constituent les autres bilatéraux. Dans la part de la créance privée, on trouve 14 % de la dette commerciale, essentiellement les banques commerciales, et 28 % les détenteurs d’actifs financiers.
La différence entre le service de la dette et la valeur représentant la dette globale servent principalement à neutraliser la marge économique, la capacité d’influence et donc le pouvoir décisionnel des dirigeants africains. On assiste en fait à un véritable contrôle, une véritable dépendance envers les créanciers. Ces derniers ne se gênent d’ailleurs pas à rappeler que ce sont ces créances qui justifient leurs ingérences permanentes dans les affaires africaines, même quand le dossier africain ne les concerne pas. La dette demeure élevée parce que les taux d’intérêts appliqués et les projets choisis ne permettent pas de générer des recettes pour rembourser. Mais la corruption par des corrupteurs explique aussi le niveau élevé de la dette africaine. Il y a comme une « forme d’arrangements » entre le créancier et l’endettement pour que cette dette ne s’éteigne jamais.
Or pour que cela fonctionne, il faut avoir en Afrique des dirigeants qui acceptent de se ranger du côté des créanciers. Soit, ils le font par incompétence ou ignorance, soit pour des raisons alimentaires ou encore de conservation du pouvoir en Afrique. Ils sont considérés comme des traitres à l’Afrique et travaillent en fait pour des intérêts étrangers et contre le Peuple africain.
JM. N’y a-t-il pas une forme d’injustice même dans les statistiques que vous citez, notamment lorsqu’elle proviennent des institutions de Bretton-Woods ?
<acronym title="Yves Ekoué Amaïzo">YEA</acronym>. Je voudrais d’abord rappeler que dans la présentation des statistiques sur la dette par les institutions de Bretton-Woods, les pays occidentaux les plus endettés sont souvent omises pour éviter les comparaisons directes avec les pays africains. Lors de surendettement, cela évite de faire des comparaisons entre les mesures radicales prises contre les pays africains et celles, souples, prises en faveur des pays riches occidentaux, notamment ceux du G7.
Mais encore plus injuste lorsque l’on se réfère au risque pays, c’est que le taux d’intérêt appliqué aux Etats africains suite aux « notes » des agences de notation, conduit inéluctablement à ne pas pouvoir accéder au marché international des capitaux, ou de n’y accéder que sur la base de taux d’intérêts excessivement élevés. Il faut savoir que si le dirigeant du pays africain est un « ami » des Occidentaux, publics comme privés, la note affectée à son pays est moins sévère, parfois ne reflète pas la réalité de l’endettement réel.
Les pays du G7, ayant un niveau de surendettement bien supérieur à celui d’Etats africains, bénéficient de taux d’intérêts extrêmement avantageux. Cette politique du « double standard » génère une grande inégalité entre les taux d’intérêts servis aux pays riches