DiscoverQuestions d'environnementEn France, timide retour des oiseaux après interdiction d’un insecticide
En France, timide retour des oiseaux après interdiction d’un insecticide

En France, timide retour des oiseaux après interdiction d’un insecticide

Update: 2025-11-25
Share

Description

Le changement climatique, la destruction des habitats, les pollutions mais aussi les pesticides mettent la biodiversité à rude épreuve. Dans ce contexte, l'interdiction d'un seul insecticide peut déjà avoir des résultats positifs et pas seulement sur les insectes eux-mêmes mais aussi sur leurs prédateurs. En France il y a ainsi une bonne nouvelle : les chercheurs ont constaté que depuis l'interdiction de l'un de ces pesticides, les populations de certains oiseaux vont mieux.

L'imidaclopride est un puissant insecticide de la famille des néonicotinoïdes. Il s’agit d’une molécule qui s'attaquent au système nerveux central des insectes. On l’appelle « tueur d'abeilles », l'imidaclopride a également des conséquences néfastes pour les oiseaux. « Il y a d’abord l’effet direct : l'oiseau va se nourrir de graines qui sont enrobées de cet insecticide et qui auront un effet toxique sur les oiseaux, soit un effet sublétal, qui perturbera par exemple la migration, soit un effet létal qui entraine la mort de l’oiseau suit à l’ingestion de ces molécules », explique l'agro-écologue Thomas Perrot, l’auteur principal de l'étude publiée sur le site de la revue Environmental Pollution. La deuxième conséquence de l’Imidaclopride sur les populations d’oiseau « est la déplétion des ressources. Les oiseaux vont se trouver dans des milieux où il n'y a plus d'insectes ou plus suffisamment pour qu'ils puissent se nourrir ou pour qu'ils puissent nourrir leur descendance ».

L'imidaclopride a été interdit dans l'Union européenne en 2018

L’imidaclopride est interdite dans l'Union européenne depuis 2018. Thomas Perrot et ses collègues à la Fondation pour la recherche sur la biodiversité ont donc comparé les populations d'oiseaux sur les parcelles contaminées par cet insecticide avant et après cette interdiction. Résultat : les espèces comme la fauvette à tête noire, le merle ou encore le pinson des arbres sont de retour. En 2022, donc quatre ans après l'interdiction, leurs populations étaient en hausse de 2 à 3%. C'est une excellente nouvelle, mais la reprise reste encore faible. Probablement parce que « les néonicotinoïdes sont persistants dans le sol et que les insectes sont donc toujours en contact avec ces pesticides », avance l’agro-écologue Thomas Perrot. « Et la deuxième explication c'est qu'il faut un certain temps pour que les populations d’oiseaux se reproduisent et réatteignent leur niveau d'origine ».

Le rétablissement total des populations d’oiseaux prend du temps

Peu de recherches ont été pour l’instant dédiées au temps de rétablissement des populations d’oiseaux après l’interdiction d’insecticides. « À l’exception du DDT », souligne Thomas Perrot, un puissant insecticide, utilisé massivement pendant la seconde guerre mondiale et ensuite dans l'agriculture mais aussi pour lutter contre les insectes transmetteurs de maladies comme le paludisme. Le DDT a été interdit dans les années 1970 pour ses effets néfastes sur l'environnement et la santé humaine. « Et à l'époque, les études avaient montré qu'il fallait entre dix et 20 ans avant un rétablissement total des populations d'oiseaux ».

Il est d'ailleurs fort probable que la même dynamique opère chez d'autres animaux insectivores, comme les chauves-souris ou encore les hérissons. Mais là encore, les études scientifiques doivent en apporter les preuves.

L’agriculture a un rôle dans la préservation de la biodiversité

L’étude de Thomas Perrot et ses collègues en France « confirme que les néonicotinoïdes ont un impact sur la biodiversité là où on ne s'y attend pas : sur les oiseaux. Alors qu’initialement ce sont des molécules faites pour supprimer les insectes. Cela montre que les interdictions d’insecticides ont des bénéfices pour la biodiversité et que l'agriculture a un rôle à jouer pour la conserver ». Et Thomas Perrot de conclure : « si on veut à la fois maintenir la biodiversité et la production agricole, il faut développer de nouveaux systèmes agraires qui se basent sur d'autres principes que l'agro-chimie ».

Comments 
In Channel
loading
00:00
00:00
x

0.5x

0.8x

1.0x

1.25x

1.5x

2.0x

3.0x

Sleep Timer

Off

End of Episode

5 Minutes

10 Minutes

15 Minutes

30 Minutes

45 Minutes

60 Minutes

120 Minutes

En France, timide retour des oiseaux après interdiction d’un insecticide

En France, timide retour des oiseaux après interdiction d’un insecticide

RFI